S'il y avait bien une chose que Perrin détestait des rentrées scolaires – en dehors du léger petit tout à fait minuscule et rikiki détail qu'il devait retourner dans cet immonde château de pierres tous les premiers septembre – c'était les courses pour la rentrée. Le chemin de traverse était un endroit qu'il détestait, presque autant de Poudlard lui-même. Il y avait tant de gens, tant de bruit, beaucoup de pierre, de béton, de métal et de roches. Trop d'immeubles aux goûts du gryffondor qui aimait les grands étendus d'herbes de la nature irlandaise ou les magnifiques forêts et montagnes de l'Écosse. En d'autres mots, tout ce qui était bien loin de la civilisation. Les foules le mettaient grandement mal à l'aise. Ça le rendait très nerveux, sur le qui vive. Il n'aimait pas du tout ces sensations. Sa petite sœur se moquait de lui, elle lui disait qu'il était sauvage ce à quoi, à chaque fois qu'il recevait ce commentaire, Perrin répondait en rugissant comme un lion. Le résultat était inlassablement le même; Muìrenn éclatait de rire rapidement suivit par son frère qui se joignait à elle dans un fou rire dont ils étaient les seuls à en connaître le secret.

Le matin même, la famille O'Riordàn s'était préparé à se rendre sur le chemin de Traverse pour faire les achats scolaire des jumeaux. Bien évidemment, Perrin avait trouvé toutes les raisons du monde pour traîner et retarder leur départ ce qui expliquait qu'il était passé onze heures lorsqu'ils arrivèrent enfin dans ce lieu qu'ils ne fréquentaient qu'une fois par année - une fois de trop selon le rouquin. Leur premier arrêt fut chez Fleury & Bott pour récupérer leurs nouveaux manuels scolaires. Dès qu'il vu l'immense file à l'extérieur du libraire, Perrin se senti mal. Il n'avait aucune envie d'y entrer. ABSOLUMENT aucune envie de mettre les pieds dans cette boutique plus que bonde. « J'ai besoin de nouvelles plumes. ». annonça-t-il au reste de la famille avant de s'adresser directement à Sinéad. « Tu me prends des copies des bouqins ? » Sa soeur hocha la tête avant de lui demander de lui attraper un nouvel encrier et des plumes aussi. Armé de son excuse pour s'éclipser, le jeune homme se faufila à l'intérieur de la boutique face à la boutique. Dès que la porte se referma sur lui, il se sentit nettement mieux. Il y avait quelques personnes à l'intérieur, mais sans être trop nombreux. Perrin parcouru les rayons laissant parcourir ses doigts sur les objets. Il lisait les étiquettes indiquant le prix et la provenance face à chaque produit. Par moment, il grognait de désapprobation avant de laisser son attention se focuser sur autre chose. À d'autre occasion, on pouvait le voir hocher la tête de manière approbatrice, prendre un produit qu'il observait avec attention. Parchemins, encrier, carnet, plus... Il y avait tout le nécessaire pour l'étudiant dans cette boutique, mais peu qui atteignait les standards assez élevés du jeune Travellers.

« Hey t'endors pas devant les plumes, il y a d'autres gens qui attendent pour faire leur choix. » La voix le fit sursauter alors qu'il était planté devant les étagères où trônait de magnifiques plumes colorés. Le rouquin se retourne pour regarder le nouveau venu. Ses cheveux bruns soigneusement coiffés et un petit sourire sournois sur les lèvres, il avait un petit quelque chose qui lui rappela étrangement Phen. Cette constatation lui fit un drôle d'effet. Pas négatif, mais pas positif pour autant. Juste une désagréable sensation de vide qui, couplé au fait que le garçon le fixait avec cet air malicieux sur le visage, ne lui fut pas agréable. Perrin eu l'impression de le connaître sans arriver à identifier de qui il s'agissait. Était-ce un camarade de classe ? Un étudiant d'une autre année ? L'avait-il croisé à la ferme ou à Poudlard ? Impossible de se souvenir. Il se contenta donc de le fixer comme un abruti alors que le garçon lui posait une question. « Tu as passé de bonnes vacances ? » Ah ! Maintenant c'était certain qu'il était sensé le connaître, mais malgré ses efforts, Perrin n'arrivait pas à mettre le doigt sur l'identité de son interlocuteur. Tant pis, il ferait comme si de rien n'était en espérant que l'autre garçon ne se rende pas compte de son manquement. « Beaucoup trop courtes comme vacances. Je serais pas rentré à Poudlard avant... Et bien jamais je crois... » Perrin haussa les épaules en signe de résignation. Il n'avait pas trop le choix. Même s'il avait supplié sa mère de le garder au camp, elle refusait d'entendre. Son grand-père lui avait expliqué qu'il n'avait pas le choix de terminer ses études sans quoi, il n'aurait pas son diplôme et ne pourrait plus faire de magie. Le rouquin avait presque été tenté de dire qu'il s'en fichait, qu'après l'horrible année scolaire qu'il venait de passer, il n'avait aucun envie de remettre les pieds à Poudlard. Il s'était retenu à la dernière minute se souvenant du plan qu'il avait fait avec son feux meilleur ami ; obtenir les aspics puis parcourir le monde en tant que magizoologues à soigner les créatures magiques dans le besoin et protéger celles en danger de disparition. Il s'était donc résigné à retourner au collège déterminé à réaliser le rêve qu'il partageait avec Phen. Si son meilleur ami ne pouvait pas le mettre en action, il se devait de le faire pour eux deux. De plus, il avait son petit projet personnel de devenir animagus qu'il avait décidé de reprendre...

« Dit moi pas qu't'as l'intention d'acheter ça ? » Perrin désigna les plumes du doigts tout en parlant. « Tu savais que les oiseaux sur lesquels sont prélevés ses plumes sont gardé en captivité. On les élève dans le seul but de fournir des accessoires de calligraphie jolis pour les sorciers. T'imagine passer ta vie dans une cage à te faire arracher l'intégrité de ta queue pour que des gens puissent écrire ? Bonjour la cruauté animal ! » Seulement aborder le sujet rendait Perrin à cran. Il était dégoutté par ce que pouvait faire subir les hommes à des créatures vivantes pour le simple plaisir d'écrire avec une « jolie plume ». Encore là, c'était une question de point de vu parce qu'à ses yeux à lui, la plume n'avait rien de jolie. Lorsqu'il les regardait, il ne pouvait s'empêcher de penser à la douleur et l'injustice dans lesquelles vivaient ses oiseaux. « Il y a des plumes provenant d'oiseaux en élevage libre par là-bas.... », ajouta-t-il cherchant à induire son interlocuteur dont l'identité lui échappait toujours, vers un choix plus éthique.

En entrant chez Scribus, la papeterie du Chemin de Traverse, je ne m’attendais à rien d’autre qu’à éviter l’horrible foule qui se massait devant chez le libraire. J’avais affaire à la librairie dans espoir de trouver un bouquin qui parlerait d’animagi, mais ce n’était pas une urgence. Je pourrais y aller plus tard en début de soirée. Notre tradition familiale impliquait de manger tous ensemble dans un petit pub peu fréquenté, mais qui servait de la nourriture vegan à tomber. Ma famille avait toujours respecté mes choix alimentaires et encouragé à les faire malgré que eux, ils ne les partageaient pas nécessairement. J’étais donc entré dans la boutique un peu au hasard. Son apparence calme m’avait attiré comme une boussole trouve le nord. Quelques minutes d’errance entre les rayons avant de me planter devant un présentoir qui, par son contenu, me fit grincer des dents. À peine quelque secondes qu’une voix venant me demander de me déplacer vint me distraire. Je me retournai pour découvrir un garçon qui me demanda comment c’était passé mes vacances. Le connaissais-je ? Il me disait vaguement quelque chose, mais sans plus. Je pris tout de même la peine de lui répondre assez poliment avant d’orienter la conversation vers les plumes colorées qui, malgré leur beauté saisissante, étaient un véritable paradoxe puisqu’elles étaient le pur produit de l’exploitation animalière. Dans leur beauté, elles étaient tout simplement horripilantes ! Je lui désignai les plumes demandant s’il avait l’intention d’en acheter une. Dans un tel cas, je me faisais un devoir de l’informer qu’il s’apprêtait à faire une grave erreur et d’encourage un commerce à bannir ! Comme la majorité des personnes n’y connaissaient rien à ces pratiques désastreuses qui entraînaient de la cruauté animale, je pris la peine de bien lui expliquer la situation. Même que je lui signifiai qu’il y avait un choix beaucoup plus juste en faire en lui désignant les plumes issues d’oiseaux sauvages. Autrement dit, des plumes qui tombaient naturellement des animaux et non pas de celles qu’on leur arrachait. La réaction du garçon dont le nom m’échappait toujours me stupéfia. Il se mit à rire. Mais pourquoi est-ce qu’il riait ? Ça l’amusait les pauvres animaux malmenés ? J’allais lui répliquer sèchement qu’il n’y avait rien de drôle, mais il me devança : « Oui, je sais. » Quoi ?! Il sait ?! Dans ce cas, pourquoi voulait-il avoir accès aux plumes ? Il avait quand même l’intention de les acheter même en connaissance de cause ? « Pourquoi tu… », commençais-je. Je me tus lorsqu’il se penchant en avant pour attraper les plumes qu’il se mit à ébouriffer violemment. J’écarquillai les yeux de surprise, sous le choc. « Mais… », balbutiais-je d’une petite voix. Il ne sembla pas m’entendre. « En fait, je ne venais pas pour les acheter, je voulais faire en sorte que tout ceux qui le feront se rendent compte de la cause qu'ils soutiennent en le faisant. » Il posa un petit bout de parchemin sur lequel on pouvait lire : « Il n'y a rien de BEAU dans la CRUAUTE ANIMAL » devant les plumes maintenant abimées. Alors qu’il observe son œuvre d’un œil critique, je n’arrive pas à détacher mon regard de sur ce garçon. Il vient clairement de me clouer le bec - sans vouloir faire de mauvais jeu de mots - ce qui est très surprenant sachant que j’ai pour réputation d’être un véritable moulin à paroles.

Lorsqu’il s’éloigne, je reprends un peu contenance. Mon regard passe du garçon aux plumes, puis de retour vers le garçon qui se trouve présentement devant les plumes d’élevage libre ; le choix le plus juste. Nerveux, je jette un coup d’œil au marchand qui est occupé avec d’autres clients. Super, il n’a rien vu. Faudrait qu’on dégage d’ici avant d’avoir des ennuis. Surtout moi puisque je me trouve directement devant la scène de crime. Rapidement, je me déplace vers le garçon dont l’identité vient de me revenir. Il s’agit d’un serpentard de mon niveau. Il a un prénom commençant par un J. Un truc comme Justin ou Julien. Merde, je ne me souviens pas ! Mais son nom de famille par contre, lui il me revient bien en tête ; Wolfsbane. Difficile à oublier quand tu portes le nom d’une plante avec de grandes propriétés magiques. Peu importe, j’attrape le serpentard par le bras l’entraînant de force dehors. Une fois dans la rue, je me plante devant lui. Il est temps de discuter ! « Mais pourquoi t’as fait ça ? » ,demandais-je les sourcils froncés. Je comprenais ses motivations, mais quand même, c’était un peu extrême. Non ? « Je comprends que tu voulais bien agir, mais de là à détruire ces plumes ! Maintenant, ils vont devoir en prendre de nouvelles sur ces pauvres oiseaux pour remplacer celles qui ont été brisées par ta faute. Ils sont invendables dans cet état et le marchand va vouloir en ouvrir en bon état à ses clients. » Je devais bien admettre qu’il avait eu des couilles de faire ça. En fait, son action était plutôt cool et très surprenante. Je ne m’étais pas attendu à ça de sa part. Il y avait une part de moi qui aurait aimé avoir cette idée et une autre qui me disait que c’était mal. « Franchement, Justin, y avait une autre manière de forcer les gens à réfléchir à l’impact qu’à leurs choix. » Cette fois, mes paroles sonnaient un peu plus comme un sermon. Qui aurait cru que je réprimanderais quelqu’un qui venait de faire un geste pour défendre l’environnement ? Sans doute pas moi !

C'était qui ce gars? J'en avais pas la moindre idée. Je devais quand même admettre qu'il avait de l'audace celui là. Il venait tout juste de réalisé un acte de pure vandalisme. Comment peut-on agir de la sorte sans ce soucier du mal qu'on peut faire? Peut-être que le commerçant et sa famille n'ont pas beaucoup d'argent. Détruire gratuitement leur moyen de subsistance n'est peut-être pas la meilleure manière de faire entendre sa voix. D'autant plus qu'il m'a entraîné dans son délire par le simple fait d'agir à mes côtés. Au départ, stupéfait, j'étais resté planté juste devant l'étagère comme sonné. Lentement, la raison à repris possession de mon esprit me poussant à bouger de là avant d'avoir des ennuis. Je l'attrapai par le bras le traînant dehors à ma suite n'hésitant pas un instant à lui faire la remontance. En ce moment, je devais bien faire honneur à ce stupide insigne que j'avais reçu pas la poste quelques jours plus tôt avec ma lettre de Poudlard. J'étais, de loin, le pire étudiant pour suivre les règles, mais en situations particulières comme à ce moment, je n'avais visiblement pas de difficulté à m'y plier. Le vandalisme était l'une de celle que je respectais. « Pour être honnête, il y a dix minutes j'aurais été entièrement d'accord avec toi. Mais tu t'imagines pas comme ça fait du bien ! » Ça fait du bien?! Il est dérangé celui là! Détruire les biens des autres n'a rien de « bien ». C'est un total irrespect! Pas le temps de protester qu'il enchaîne : « Avec un peu de chance des gens liront ce message avant que les vendeurs ne l'enlèvent. Et puis tous les gens qui voudront en acheter aujourd'hui seront obligés d'acheter des plumes issues de l'élevage libre. Donc au fond...ça ne m'a pas l'air si mal comme action, tu crois pas ? » Ce que j'en crois? Je vais le lui dire moi ce que je pense. Pas question de passer par dix chemins pour lui faire comprendre que peu importe les bonnes intentions derrière son geste, il reste mal. « Non, je crois pas. » ,commençais-je d'une voix où mon accent irlandais très, mais vraiment très prononcé prenait le dessus en même temps que le découragement. « De quel droit te donnes-tu la permission d'abîmer le bien de quelqu'un d'autre? Qui te dit que, ce marchant, n'a pas de la difficulté à payer ses comptes ou envoyer ses enfants à l'école voir même leur mettre de la nourriture sur la table? Ce n'est pas seulement une question du fait qu'il va les remplacer ou pas ces plumes, ce n'était pas à toi ! » Simples questions rhétoriques, je ne m'attendais pas à de réponses de sa part. « Aussi nobles soient tes intentions, et ne te berne pas, j'adhère parfaitement à ta cause, mais ce n'était pas la manière d'agir. » Je le fixai un moment attendant une réponse de sa part. Évidemment, elle ne tarda pas à venir et les mots qu'il choisit me firent presque grincer des dents.

« En fait...c'est la première fois que je fais un truc pareil ! Tu devrais essayer, c'est vraiment dingue. Pour la première fois dans ma vie, je me sens en partie libéré de la colère que j'ai envers les gens qui ne respectent pas la nature. Je suis sûr qu'il ne va pas falloir 10 minutes avant que quelqu'un d'autre agisse comme un abruti. Mais, j'ai la sensation qu'en restant avec toi j'ai plus de chance de prolonger ce petit moment de bien être total. » QUOI?!? Essayer?! Pas question que je fasse un truc dans le genre. C'était trop... Trop quoi en fait? Trop audacieux? Trop irréfléchis? J'étais connu pour être audacieux et irréfléchis, mais sur un autre niveau. Un niveau qui n'avait rien à voir avec ça! Je m'étais toujours conduit de manière assez respectueuse dans mes actions quand il s'agissait de défendre l'environnement. Peut-être que je m'étais mal pris depuis le début? Après tout, je ne voyais que peu de changement en des années, c'était peut-être moi le soucis. Sauf que... Quand même! De là à détruire des plumes dans une boutique y avait une limite. Non?! Le sourire franc du garçon avait un petit quelque chose qui me faisait hésiter. « Non merci, je ne compte pas essayer. » Manquerais plus que j'ai un dossier criminel. Ma mère ferait une crise cardiaque après ce qu'il s'était passé en cours de potions l'année dernière avec le professeur Burgess. Elle m'avait dit de me tenir tranquille et j'essayais - bien que ce ne soit pas facile - de suivre ses directives. Niveau environnement, ça avait plutôt bien marché. Par contre pour ne pas attirer l'attention sur moi, disons que j'avais fait mieux. Les souvenirs des doloris et des coups de fouet en étaient les marques... Je l'observai une demi-minute les sourcils froncés. Tient et si on s'alliait pour se faire entendre. Je pourrais, peut-être, tempérer un peu cet excès de zèle qui l'habitait. En échange, peut-être que j'arriverais à me faire entendre pour une fois. Tasha était une bonne partenaire dans le domaine, mais ma meilleure amie n'avait pas cette étincelle de détermination que je voyais briller dans les yeux du garçon. « Par contre... », commençais-je prudemment. « Je peux te montrer comment moi, je me fais entendre. On pourrait envisager un alliance comme nous avons le même but. », dis-je en lui souriant à mon tour. Ça promettait d'être intéressant tout ça. D'autant plus que ce Justin, je ne le connaissais pas. Enfin, je crois qu'il partageait quelques classes avec moi, mais je ne pourrais pas en être moins certain. Je peux être tellement tête en l'air quand je m'y mets!

J’avais fait une proposition à Justin. Si le garçon me semblait être une tête brûlée encore pire que Sinéad et moi, c’est qu’il était un sacré cas ! Il avait – à ce qu’il prétendait – agit avec impulsivité. Je n’étais pas vraiment le genre de personne très réfléchit qui agissait toujours de manière posée et logique, mais au moins je faisais de mon mieux pour ne pas nuire à qui que ce soit. Il avait détruit des plumes certes, ce n’était pas bien grave sauf que ces dernières, elles ne lui appartenaient pas. La cause qu’il défendait était noble, je ne pouvais pas en dire autrement, juste qu’il ne choisissait pas la bonne manière pour la défendre. À moins que ce ne soit moi qui m’y prenait avec trop de souplesse ? Je n’étais pas connu pour être quelqu’un de très agressif. J’étais plutôt doux et pacifique ce qui me fit douter pendant un instant si ces traits de mon caractère étaient la raison de mon manque d’efficacité. Peut-être que c’est moi qui devait apprendre sur Justin la bonne manière de faire. Ah non ! Je n’arrivais pas à me faire à l’idée que je puisse devenir si… Haineux ! Il devait bien y avoir un juste milieu entre lui et moi. En travaillant ensemble, nous arriverions peut-être à obtenir un certain équilibre. Je l’espérais sincèrement parce que, en toute honnêteté, ça faisait du bien de voir quelqu’un aussi dévoué que moi. Pour une fois que je n’étais pas celui qui entraînait quelqu’un à agir afin de protéger notre belle planète.

« Je suis partant ! Mais j'ai quelque chose à régler juste avant...tu veux bien m'attendre ici ? », me répond le garçon suite à ma proposition de lui montrer comment moi je fais pour inciter les gens à avoir des pensées environnementales. Il a quelque chose à régler ? Mais quoi donc ? La question n’eue pas le loisir de franchir mes lèvres qu’il était déjà disparu à l’intérieur de la boutique. Il allait y faire quoi ? Curieux, je me redressai sur la pointe des pieds pour bien voir à l’intérieur par la vitrine. Je le vis attraper ce qu’il restait des plumes qu’il avait abîmé avant de passer à la caisse. Il donna de l’argent au commerçant puis, les plumes toujours en main, se retourna vers la sortie. Ayant peur d’être pris en flagrant délit d’espionnage, je me retournai observant les passants dans la rue comme s’ils étaient particulièrement intéressants. Je ne pouvais m’empêcher de sourire en pensant à ce que Justin venait de faire. Finalement, peut-être que j’avais plus d’impact sur les gens que ce que je croyais. Si j’avais réussi à le faire réparer son erreur, peut-être que je réussirais à inciter les novices à agir selon mes convictions. Ce serait tellement génial si tout le monde se souciait de l’environnement comme je le faisais. Le brun finit par ressortir de la boutique interrompant le cours de mes pensées. Je le regardai mettre les plumes à la poubelle le sourire toujours accroché aux lèvres. J’aimais comment il s’était rattrapé. Peut-être qu’il était plus intéressant que j’avais pu le croire au tout début. « Ça y est je suis prêt. Tu as toute mon attention, par quoi on commence pour être un défenseur de l'environnement modèle ? » Son commentaire sur un « défenseur de l’environnement modèle » me fit rigoler. Je doutais que ce ne soit réellement le cas. Je n’étais pas exactement un modèle dans le domaine, mais disons que j’encaisserais le rôle pour aujourd’hui. « Allez vient, on va commencer par quelque chose de tout simple. », dis-je toujours souriant. Je glissai une de mes mains dans l’une des siennes pour le traîner à ma suite dans la foule de gens. Manquerait plus que je ne le perde de vue !

Main dans la main, nous traversâmes une bonne partie de la rue principale tout à fait bondée. Je m’arrêtai devant la boutique du fabriquant de baguettes magiques, un certain Ollivanders. J’ignorais si la boutique appartenait toujours à cette famille, mais l’enseigne indiquait toujours ce nom donc j’assumai que c’était le cas. Maintenant que nous étions un peu à l’abri de la foule, je lâchai la main de mon nouvel ami avant de lui faire face. La porte de la boutique s’ouvrit afin de laisser sortir une dame et ses deux enfants. Elle avait de nombreux paquets enveloppés dans du papier brun sous le bras. La gamine qui l’accompagnait devait être âgé d’environ onze ans, elle portait une boite de forme allongée elle aussi enveloppée dans du papier. Je regardai la petite famille s’éloigner avant de m’adresser à Justin. « Tu t’es sans doute déjà aperçu que sur le chemin de traverse, les commençants ont pour habitude d’envelopper les achats des gens dans du papier et y ajouter une corde afin de faciliter les déplacements. À mon avis, il s’agit d’une pratique qui pourrait facilement être remplacé par un simple sac en tissus. En plus d’être réutilisable, il permet d’économiser des arbres et d’éviter des déchets. Par contre, il faudra convaincre les commençants qu’il s’agit d’une bonne solution à adopter. Il faudra leur faire voir que c’est aussi bien pour leur boutique qui fera des économies que pour l’environnement. On peut leur proposer également de penser à acquérir des sacs réutilisables à l’effigie de leur boutique ce qui leur fera également de la publicité. Dans un premier temps, ils peuvent en offrir une certaine quantité à leurs clients, le temps que l’idée fasse son chemin dans l’esprit des sorciers, puis ils pourront compter sur leur client pour apporter leur sac comme moi je le fais depuis des années. » Je fis une pause pour extirper un sac en tissus tout froissé de mes poches. Il avait l’air en piteux état et était très usé, mais il était toujours utilisable. « Tu vois, j’utilise ce dernier aussi bien pour mettre du matériel que j’acquéris que pour y glisser un sandwich ou des noix afin de combler mes fringales. En plus d’être beaucoup plus pratique que le papier qui se déchire ou se détrempe, il évite les déchets. » Je fis un sourire au jeune homme espérant qu’il ne dise pas que mon idée était nulle. Je ne savais pas pourquoi, mais son opinion m’importait… « On a qu’à commencer ici tu en dis quoi ? », avais-je dit en désignant la boutique de baguettes du doigt.