Il avait su où trouver Megan. Il se doutait qu’elle serait ici et elle ne savait plus quoi penser de sa… gentillesse ? Toute l’année, Andrea l’avait aidée à combattre ses crises de paniques, son stress par autre chose que son traitement du matin. Des potions, il lui faisait des potions qui lui faisaient un bien fou. Mais voilà, ce jour-là, une potion lui fit plus de mal que de bien… L’expliquer, elle ne pouvait pas le faire. Elle pensait que c’était une simple erreur, que ça aurait pu arriver à n’importe qui mais la visite de Matrim l’avait beaucoup perturbée. Après lui avoir fait part de son alitement, que cela concernait, en partie, Andrea, le Poufsouffle lui avait vivement recommandé de le fuir et de ne pas lui faire confiance. Que si elle était là, c’était parce qu’il l’avait voulu et qu’elle ne devait plus ingurgiter ses potions. Elle était sceptique mais dire que cela ne la tracassa pas serait un mensonge. Alors elle avait mis une distance, juste à titre de précaution, ne sachant pas trop quoi penser d’Andrea, de ses potions et de… ce qu’elle était pour lui. Un simple cobaye ? Cette idée la blessait réellement. Mais elle y croyait malheureusement de plus en plus.

Depuis plusieurs jours, depuis qu’elle avait rejoint la ferme, Andrea était déjà passé la voir. Il avait dû remarquer que son angoisse était toujours présente et il… voulait l’aider ? Ou continuer ses expériences sur elle ? Elle ne savait pas mais ce qui était certain était qu’elle n’avait pas la force de le confronter à sa méfiance, à ses interrogations. Alors elle embarquait ses potions, lui disant qu’elle les prendrait, les entassant tout bonnement dans un de ses sacs, bien précieusement, dans son dortoir. Cependant, elle était toujours aussi stressée et apeurée, ce qui avait dû éveiller la curiosité de l’aiglon.
Ce jour-là, Megan était tranquillement en train de choisir un livre à la petite bibliothèque de la ferme, voulant être un peu loin de tout pour aujourd’hui… Elle se sentait un peu à fleur de peau, ce matin. Ses mains tremblaient mais il fallait le temps que le traitement fonctionne. Elle venait tout juste de passer à l’infirmerie, dans une vingtaine de minutes ce serait sûrement fini… elle l’espérait. Elle sursauta lorsqu’elle se retourna et remarquant Andrea a quelques pas de lui, la fixant. Il regardait ses mains et elle les cacha immédiatement dans les poches de sa jupe, lui lançant : « Qu’est-ce que tu fais là Andrea ? » Mais elle avait bien remarqué qu’il tenait une potion de sa main. Sa potion ? Et elle se sentit stressée de devoir encore la prendre, lui faisant croire qu’elle l’avalait, et de trouver une excuse pour le fuir, une fois de plus. Elle n’aimait pas ça mais elle était trop lâche pour lui parler. La fuite, c’était son option favorite. Regardez avec Allen… quelle honte ! Reposant son regard sur lui après avoir fixé sa main quelques secondes, elle prit le ton le plus sûr qu’elle pouvait (et croyez-moi, ce n’était pas fameux…) et lui dire, sa voix tremblante la trahissant : « Ca va aujourd’hui, je… n’ai pas besoin de… de ton aide. Merci. » Et histoire qu’il ne puisse pas lire dans ses yeux son mensonge, elle se retourna immédiatement, faisant mine de rechercher un livre dans l’étagère, bien qu’elle se sente terriblement mal d’être si lâche et de ne pas savoir quoi penser. Bon ? Mauvais ? Matrim lui avait-il menti ? Ou pas ? Elle ne savait plus, alors le mieux était de ne pas se confronter au problème, n’est-ce pas ?

AVENGEDINCHAINS

J'étais un peu frustré d'avoir été mis à l'écart par Mère, comme ça. J'avais réussi à échapper tant aux Mangemorts aux Aurors et une fois dans la nature, j'avais transplané de manière tout à fait illégale jusqu'au Manoir familial. Je n'ai eu droit qu'à un bref résumé de la situation pour me faire à l'idée des événements qui s'étaient passés hors de ce dôme sous lequel nous étions coupés du monde. Le regard de Mère me fit comprendre qu'elle ne connaissait pas forcément la fin de cette partie d'échecs, que les Forces devaient s'égaler encore, et qu'elle hésitait. La connaissant, elle n'avait pas sauté le pas dans l'une ou l'autre direction, ça aurait été dommage de se positionner dans un camp ou l'autre sans connaître l'issue du combat ... Les Sevenoaks étaient toujours du bon côté. Si les Mangemorts prenaient véritablement le contrôle du Ministère et s'imposaient par la force, nulle doute que notre famille de sang-pur serait bien vue par idéologie. Et si les Aurors arrêtaient les pièces maîtresses qui conduisaient le jeu des Mages Noirs, on ne pourrait rien nous reprocher.
J'étais resté cinq jours au Manoir. J'avais retrouvé ma vie d'antan, à ignorer mon idiot de paternel, à compléter mes avancées dans mes livres en reluire de cuir de dragon. J'étais à court de certains ingrédients et le laboratoire étant ma pièce préférée de toute la demeure, je m'y étais enfermé pour avancer dans mes recherches. Il ne me restait plus que quelques ajustements pour réussir à terminer une potion de mon invention, et j'étais simplement absorbé par mon travail. Le cinquième soir, quand je suis monté me changer pour le souper, mes valises étaient prêtes, et un Auror, ami de la famille, m'attendait dans le Hall d'Entrée. J'ai mangé en silence, ne comprenant pas ce choix de me renvoyer avec les mêmes élèves geignards et inintéressants. J'avais quand même mérité plus que cela ? Je me devais d'être présent pour Mère, de la soutenir dans ses plans de carrière, dans les choix qu'elle définissait pour toute la famille. Mais je me tus. Elle avait ses raisons, aussi frustrantes soient-elles.

Mon arrivée à la Ferme fut assez remarquée. Je sentais de nombreux regards se poser sur moi, et je devinais qu'ils devaient se demander ce que je faisais là. Fils de sang-pur. Mère au Ministère. Je devrais être assez protégé chez moi. Je devrais laisser les gens qui ont besoin de se reconstruire loin de tout ça, se reconstruire. Je les avais seulement ignoré. Je m'étais seulement renseigné sur les lieux, la sécurité, les sortilèges utilisés pour se protéger. C'était déjà plus instructif que ce que je pensais. Ensuite, les psychomages étaient pas mal débordés, mais vu que je m'intéresse vraiment au métier, il m'arrivait de me joindre à eux à leur repas pour discuter du cerveau humains, des réactions et comportements humains et des différents traitements utilisés pour calmer l'un ou l'autre. Je m'intéressais réellement aux gens, même si je devais avouer que mes pulsions pouvaient légèrement être tordues. Tant que je me rendais compte, je ne devenais pas dingue.
Mes pas me guidaient à travers la Ferme incartable, et il me vint que je n'avais pas encore découvert la bibliothèque. On la disait pas très grande et pas très intéressante. Les sujets restaient soporifiques, mais je dénichai un petit journal des expériences d'un Alchimiste peu réputé et cela réussit à me divertir. Je me plongeai un petit moment dans les théories folles de cet inventeur exclus, réfléchissant moi-même aux potions, magies et sortilèges que je voulais confectionner et qui me trottaient dans la tête maintenant depuis de nombreux mois. En relevant la tête, une tête blonde m'arracha un mince sourire alors que je l'observais dans ses mouvements. Elle semblait choisir un livre, mais ses doigts étaient tremblants. Elle semblait nerveuse, même s'il n'y avait pas de quoi l'être. Sans m'en rendre compte, pensif, un sourcil s'arqua et je faisais des liens. Je quittai mon poste pour me rapprocher de la petite blonde. Ce n'était pas normal. Je ne ratais pas mon Philtre de Paix, mais quand j'y portais quelques améliorations. Quand elle me vit, elle sursauta, affolée. Je pouvais sentir son cœur s’accélérer. « Qu’est-ce que tu fais là Andrea ? » Il y avait anguille sous roche. Megan ne m'avait jamais regardé comme si elle avait vu le diable dans mes yeux, même après ce regrettable incident. Je ne devais pas l'effrayer, je devais simplement la remettre en confiance. Je pris alors une voix douce en haussant les épaules sans brusquerie. Dans ma main droite, je tenais le livre que je lisais quelques minutes auparavant. Ma main gauche s'était glissée dans le fond de la poche de ma robe de sorcier pour en ressortir deux fioles. L'une était d'un blanc sans impureté, l'autre semblait être de l'or liquide. Je m'efforçai de ranger la deuxième pour ne pas être forcé de m'expliquer, et lui répondit tranquillement, d'un air détaché. « Je me disais que cette bibliothèque n'était pas très intéressante. Je me documente pour mes recherches, mais ce n'est pas très fructueux. » Délicieuse enfant. Mes yeux se posèrent dans les siens. Je ne cherchais pas à la charmer, mais simplement à déceler les émotions qu'elle ne savait cacher aux yeux du monde, ce qui serait une potion puissante pour contrer le Veritaserum et la Légilimencie pour des sorciers peu expérimentés. Je tentais de m'instruire à l'Occlumencie depuis des mois, mais il était difficile d'évaluer ses avancées quand personne n'essayait de pénétrer dans son esprit. J'étais patient et mon Château semblait bien tenir dans ma tête. J'avais hâte de rencontrer un jour un professeur qui pourrait m'aider dans l'acquisition de ce don. En attendant, il fallait s'entraîner seul, avancer seul. Comme habituellement, je lui tendis la fiole qui lui permettait de se calmer les nerfs, mais elle eut une réaction des plus surprenantes. « Ça va aujourd’hui, je… n’ai pas besoin de… de ton aide. Merci. » Il était évident qu'elle me cachait quelque chose, mais j'étais plutôt bon en devinettes et en déduction de causes à effets. Je suivis son mouvement pour regarder les livres que la jeune fille observait dans l'étagère. « Tu aurais découvert un traitement plus efficace pour diminuer ton stress, peut-être ? » Ce n'était pas des plus passionnants, mais je pris le temps de m'y intéresser. L'un d'eux avec une couverture verte en écailles attira mon attention, et je me vidai les mains dans mes poches pour saisir l'ouvrage ancien avec un peu trop d'engouement, mais réel intérêt.

Megan était prise dans ses recherches d’un bon bouquin, elle ne s’attendait pas à ce qu’on l’observe, et elle ne put s’empêcher de sursauter lorsqu’elle se retourna et remarqua la présence d’Andrea. Ca la paniquait un peu, parce qu’elle savait qu’elle pouvait difficilement cacher son malaise. Ses yeux s’étaient dirigés malgré elle vers la fiole du garçon, la fiole qu’il tenait dans ses mains et qui lui fit avaler avec difficulté sa salive, encore plus gênée. Elle repensait aux mots de Matrim, à sa mésaventure à l’infirmerie… Pouvait-elle réellement lui faire confiance ou… n’était-elle qu’un cobaye, comme lui avait suggéré le Poufsouffle ? « Je me disais que cette bibliothèque n'était pas très intéressante. Je me documente pour mes recherches, mais ce n'est pas très fructueux. » Pour ses recherches… Elle ne releva pas mais son regard la mettait mal à l’aise parce qu’elle savait qu’il pouvait malheureusement lire comme dans un livre ouvert en elle, c’était bien ça son défaut. Mauvaise menteuse, elle ne savait pas jouer la comédie et manquait clairement de confiance en elle. Andrea lui tendit la fiole et elle secoua la tête de gauche à droite, doucement, fuyant son regard tout en lui disant avec une petite voix qu’elle n’en avait pas besoin aujourd’hui. Ce qui était totalement faux, ses mains en témoignaient et elle était plutôt nerveuse. Ses mains toujours cachées dans les poches de sa jupe, elle fit juste part de son refus au garçon, n’osant toujours pas le regarder. Elle se retourna de nouveau vers les libres, pensant marquer la fin de cet échange mais il fallait bien plus d’un refus à Andrea pour lâcher l’affaire. Il se posta à côté d’elle, observant les livres. Sa présence stressait Megan… c’était étrange, avant l’incident, elle n’avait jamais été aussi angoissée de cette fameuse présence mais elle restait méfiante… perdue, pour être plus précise. « Tu aurais découvert un traitement plus efficace pour diminuer ton stress, peut-être ? » Non, loin de là, mais répondre par la négative ne serait pas cohérent alors elle tenta le mensonge, même si cela lui arrachait la bouche de le faire. Elle n’avait juste pas le courage de dire ce qui clochait, fuir était tellement plus facile. « Oui…. Oui j’ai trouvé une solution. » Dit-elle en se forçant à lui faire croire qu’elle était – un peu – sûre d’elle. Elle aurait aimé feuilleter les bouquins présents sous son nez mais retirer les mains de ses poches seraient une erreur, et elle ne savait plus trop comment faire. Il fallait qu’elle se fasse violence pour lui faire croire que tout allait bien et qu’elle n’avait pas besoin de sa potion. Aujourd’hui. Prenant son courage à deux mains, elle se tourna vers lui et lui dis avec un sourire forcé qu’elle tentait de rendre le plus sincère possible… Croyez-moi, ce n’était pas une réussite mais c’était bien essayé ! « Ca va, vraiment. Je… je la prendrai demain, ok ? Pour aujourd’hui ça ira. » Elle força son sourire en se demandant si cela lui conviendrait, faisant tout ce qu’elle pouvait pour maintenir le contact visuel sans montrer qu’elle mentait. Ca marcherait, n’est-ce pas ? N’est-ce pas…

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Je ne prenais généralement pas un non pour réponse, surtout quand je savais exercer un certain pouvoir sur ces gens. Mère me reprochait souvent d'être impatient. Elle me disait qu'il fallait le comprendre, l'accepter, et trouver les arguments pour que les gens changent d'avis par eux-mêmes. On ne forçait pas les gens, on leur soufflait l'idée. Parce qu'il n'était question que d'ego humain, et de vouloir obtenir ce que l'on souhaite. Mais Mère a raison, je ne suis pas patient. Surtout quand une gamine un peu timide et en contrôle me contredit, me repousse, et me fuit.
Son regard fuyant me tique, son incapacité à dire ce qu'elle pense sur le moment m'exaspère. Mais je me languis de ses réponses davantage que de ma lecture du moment. Cet alchimiste reclu n'énonce que des théories qu'il n'a jamais su mettre en pratique. Certaines sont folles, d'autres intéressantes, mais aussi peu de matière concrète me désole. Une vie à travailler pour rien, un tas de poussière n'ayant pas réussi à faire progresser son domaine. Ses travaux n'ont influencé personne, et une fillette de quinze ans m'intéresse davantage que cet ouvrage ennuyant. Je le glisse tout de même dans ma poche au moment de lui parler, et je suis focalisé entièrement sur elle, ainsi que sur les signes. Elle est agitée, parcourue de tremblements, le regard fuyant, et je pourrais jurer que sa température corporelle a également augmenté. J'essuie le premier refus sans broncher, mon sourire ne s'est pas effacé de mon visage. Bizarrement, dans l'étrangeté de cette situation, je me sens bien, à traquer la jeune fille. La mettre mal à l'aise n'est pas mon objectif en soi. Mon objectif est qu'elle continue à prendre mes potions. Qu'elle aille bien. Et qu'en échange, elle accepte de tester l'une ou l'autre potion, en tout état de cause. Le seul incident qui était survenu était un accident, et Merlin savait lui-même que je ne l'avais pas fait exprès. La blesser, ce n'était pas mon but. Lui faire du mal non plus. À quoi me servirait-elle, si elle n'était plus de ce monde ?

« Oui…. Oui j’ai trouvé une solution. » Nouveau haussement de sourcils. Je regarde ses poches, imperturbable, puis relève les yeux en un sourire un peu forcé. Elle ne le voit pas, évidemment, alors je ne cille pas. Je me montre patient, même si je me contiens pour ne pas la brusquer. Elle finit par se tourner vers moi, toujours agitée et de balbutier quelques paroles faiblardes sonnant beaucoup trop faux. « Ça va, vraiment. Je… je la prendrai demain, ok ? Pour aujourd’hui ça ira. » Elle espérait peut-être que j'abandonne à ces vaines tentatives d'éloignement, mais je n'étais vraiment pas dupe. D'une voix douce et enchanteresse, je réplique sans attendre, pressé d'entendre toute l'histoire. « Bien que je suis curieux de savoir jusqu'où tu peux déblatérer ces sornettes à propos de ton nouveau traitement miracle, les nombreux tics nerveux qui animent ton visage te trahissent et me contrarient fortement. Raconte-moi plutôt la vérité, nous gagnerons du temps. » L'ouvrage que je tenais dans les mains m'intéressait, mais la version de la serdaigle m'intéressait davantage. Qu'est-ce qui lui avait fait repenser à son jugement ? Qu'est-ce qui s'était passé pour que l'influence qu'il exerçait sur elle cesse tout simplement de faire effet ? Qu'est-ce qui venait déconstruire tout ce qu'il avait construit ? À moins qu'elle ne se révélait être plus intéressante que prévu ...

Megan n’aimait pas trop le regard qu’Andrea posait sur elle. Elle était devenue méfiante et elle en culpabilisait presque. Elle avait toujours eu confiance en le garçon jusqu’à ce qu’elle se retrouve à l’infirmerie. Elle croyait en l’erreur mais les recommandations de Matrim lui revenaient toujours en tête et elle s’en sentait plus que perdue. Alors évidemment, elle stressait encore plus, nerveuse et à fleur de peau. La situation n’aidait pas, elle était toujours sous le choc de la révolte et de l’année précédente, et même si les potions de l’aiglon avaient tendance à l’apaiser, elle ne les prenait plus et le lui cachait. Ce dont elle avait horreur de faire…

Megan fuyait le regard insistant du jeune homme. Il voyait que quelque chose clochait et cela ne faisait qu’intensifier son tremblement qu’elle tenta de cacher en enfouissant ses mains dans les poches de sa poche. Elle le savait qu’Andrea voyait clair dans son jeu, il était intelligent, malin et très observateur. Et elle, elle était faible et fragile… manipulable comme jamais et elle pourrait en pleurer tant elle se sentait idiote ! Elle ne voulait plus tester ses potions, elle ne voulait plus être son… cobaye ? Et elle se sentait mal. A pleins de niveaux différents elle était mal à l’aise et impuissante face à lui. Quelle poisse !
Elle lui mentit en disant qu’elle avait trouvé une solution. Solution qui n’existait pas. Elle était une terrible menteuse. Elle ne savait pas jouer la comédie et cela se lisait malheureusement sur son visage. Megan fit en sorte de prendre un peu d’assurance pour lui dire qu’elle prendrait sa potion le lendemain, qu’elle n’en avait pas besoin aujourd’hui. Elle se doutait, au fond d’elle, que ce mensonge ne passerait pas mais elle devait tenter. Il restait impassible, presque rassurant et doux, ce qui la perturbait d’autant plus, la stressant, espérant qu’il tournerait les talons et n’insisterait pas. « Bien que je suis curieux de savoir jusqu'où tu peux déblatérer ces sornettes à propos de ton nouveau traitement miracle, les nombreux tics nerveux qui animent ton visage te trahissent et me contrarient fortement. Raconte-moi plutôt la vérité, nous gagnerons du temps. » L’aiglonne s’en doutait, qu’il ne la croirait pas, mais l’entendre le lui dire, en la regardant droit dans les yeux, la paniqua un peu plus. Pourquoi se sentait-elle autant oppressée ? Elle ne savait pas en réalité. Le garçon ne lui avait jamais voulu de mal. Enfin, elle le croyait. Mais là son cerveau entrechoquait plusieurs réflexions et le manque de contrôle la mettait dans un état indéfinissable. Elle ne pouvait pas avouer ce que Matrim lui avait dit mais elle avait besoin de dire tout du moins quelques trucs qu’elle avait sur le cœur. Elle sortit alors ses mains tremblantes de ses poches, posant ses yeux dessus comme pour espérer que ça les calmerait. Rien à faire, elles tremblaient toujours. Relevant un regard timide vers Andrea, et tentant de ne pas faillir et se montrer vulnérable, elle commença à lui dire : « Je… Je ne prends plus tes potions Andrea. Depuis que… que l’une d’entre elle m’a fait me réveiller à l’infirmerie, je suis… méfiante. » Elle posa un regard déterminé sur lui et de façon plus sûre que jamais, elle lui demanda : « Etait-ce une erreur ? Etait-ce une potion dangereuse ou était-ce juste une malheureuse erreur ? » Cette question avait la forme d’un reproche et elle ne savait pas d’où elle tirait ce courage pour l’affronter. Elle repensait aux mots de Matrim et elle se rendait compte qu’elle avait besoin de réponses. De vraies réponses. Ne le lâchant pas des yeux, elle ajouta : « Je n’veux plus risquer ma santé avec tes potions, je n’suis pas ton… ton cobaye, Andrea. » Et aussi étrange que cela puisse paraître, comme si elle culpabilisait de lui dire de telles choses – alors que lui devait s’en fiche ! - , elle sentit des larmes lui monter qu’elle tenta de ravaler aussi rapidement qu’elle venait. Il l’avait tellement aidé qu’elle se sentait tout de même mal de le remettre autant en question… Espérons seulement que les mises en gardes de Matrim n’étaient pas une simple rancœur envers l’aiglon.

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« Je… Je ne prends plus tes potions Andrea. Depuis que… que l’une d’entre elle m’a fait me réveiller à l’infirmerie, je suis… méfiante. » Je restai impassible. Mes émotions ne me trahissaient pas, en général. Mais il n'y avait rien à trahir, étant donné que je m'étais préparé à cette réponse. Tous ses symptômes me poussaient dans ce sens, et me voilà même presque soulagé de savoir que je maîtrisais encore l'art subtil et délicat des potions. Mes sourcils se défroncèrent, ce qui adoucit mon visage. Je m'étais peut-être montré sévère face à l'aiglonne. C'est vrai que je l'avais réprimandée comme une enfant, mais que pouvais-je faire quand elle me regardait comme si elle avait fait une grosse bêtise qu'elle voulait taire ? La laisser me mener en bateau dans un mensonge moyen, c'était vraiment me prendre pour un idiot. Et à ce que je sache, je n'avais pas la tête de l'emploi. « Etait-ce une erreur ? Etait-ce une potion dangereuse ou était-ce juste une malheureuse erreur ? » Je la laissais s'exprimer. Elle en avait besoin. Elle avait besoin de vider son sac. Et j'avais besoin qu'elle parle pour savoir d'où elle tenait cette idée que je puisse mettre la vie de quelqu'un en danger directement. Je ne m'impliquerais pas volontairement dans un suicide médiatique qui pourrait anéantir ma carrière d'alchimiste. Je ne ferais pas l'erreur de regretter de faire des erreurs, et de ne pas poursuivre ma voie dans ce dans quoi j'ai toujours voulu faire carrière. À la hauteur d'un Nicolas Flamel, d'un Albus Dumbledore. Pourquoi n'y aurait-il pas un Andrea Sevenoaks qui pourrait se rajouter à cette liste de grands alchimistes, porteurs de découvertes magiques à la limite du scientisme ? « Je n’veux plus risquer ma santé avec tes potions, je n’suis pas ton… ton cobaye, Andrea. » Ses mots étaient forts, c'est qu'elle osait, l'aiglonne. Mais elle avait raison de vouloir continuer à vivre. C'était tout le bien que je lui souhaitais, du moins.

Je l'observai un instant sans rien dire. Je ne savais pas si elle allait fondre en larmes, mais elle semblait bien partie pour le faire. Je n'aime pas les pleurs. Je n'aime pas les caprices. Je n'aime pas les émotions qu'on laisse déborder. Les rires bruyants, les cris de surprise, les sanglots instoppables. Je me sentais tellement loin de tout ça que ça ne m'atteignait pas, mais le supporter était une épreuve. « J'apprécie ta sincérité, Megan. » Ma voix était on-ne-peut plus douce, mon visage on-ne-peut plus accueillant. Je n'avais pas bougé pour ne pas la froisser. Je ne semblais pas abasourdi, ni rancunier de ces accusations mensongères. Je restais calme et avenant, parce que je savais que ça la perturberait davantage que si je lui remettrais davantage de pression. Elle semblait déjà à quelques secondes d'exploser ... « Je suis navré d'avoir fait une erreur, ce jour-là, mais je suis davantage navré que tu penses que je te veuille du mal. » Je ne souriais pas comme je lui souriais habituellement, mais je ne la jaugeais pas du regard non plus. Mes yeux étaient emplis d'une fausse tristesse, mêlée à celle de l'incompréhension. Voulais-je qu'elle se sente mal, qu'elle se remette en question, qu'elle remette nos rencontres et conversations en question ? Oui. Megan était une alliée dans mon quotidien. Un cobaye ? Oui, peut-être, mais ce n'était pas à prendre mal, je portais plus d'affection à mon crapaud de compagnie qu'à la moitié des élèves présents dans cette école, et mon crapaud me servait plus à mes expériences qu'à me porter compagnie. « C'est ton choix, Megan, d'accepter ou non mon aide. Je ne suis pas là pour te forcer à avaler ce que je t'apporte. » Je ressors la fiole de ma poche où je l'avais glissée et lui tends à nouveau. Signe que je ne lui en voulais pas. C'était à elle, à présent, de choisir si elle voulait me faire confiance, ou non. À ces risques et périls.

C’était étrange. Andrea lui faisait peur autant qu’elle pouvait assurer avoir confiance en lui. C’était plutôt malsain, n’est-ce pas ? Elle ne savait plus trop. Elle pensait beaucoup à ce que Matrim lui avait dit et il ne lui fallait pas grand-chose pour se poser des tonnes et des tonnes de questions. Il ne réagissait pas face à ce qu’elle lui disait. Elle lui avoua qu’elle ne prenait plus ses potions depuis que l’une d’entre elles l’avait menée jusqu’à l’infirmerie, qu’elle se méfiait, mais il ne bougea pas, ne dit rien, et même son visage ne montra aucune émotion. C’était d’autant plus stressant pour Megan… Son visage d’adoucit mais l’aiglonne se sentait encore crispée, ne sachant pas tellement comment se dépatouiller de cette situation. Elle prit alors son courage à deux mains et rompit le silence, lui demandant si c’était vraiment une erreur ou si cette potion était dangereuse de base. Elle se devait de savoir… Mais lui dirait-il la vérité ? Là encore, il ne dit rien, et le mélange d’angoisse et d’agacement se faisait au creux du ventre de la jeune fille. C’était totalement injuste qu’il ne lui apporte aucune réponse alors qu’elle lui avait confié une partie de sa santé, et en l’occurrence, une grosse confiance ! Elle finit par lui dire qu’elle ne voulait plus risquer sa santé, déjà fragile, avec ses potions, ne voulant pas être son cobaye. Ses mots étaient forts et elle s’en sentait vraiment mal mais elle avait besoin de vider son sac. L’énervement, le stress, la tristesse de cette dernière année et le fait qu’elle se sente à fleur de peau lui dirent monter les larmes et elle en était incroyablement gênée, tentant de les dissimuler. Il ne disait toujours rien et c’était ce qui était le pire pour elle. « J'apprécie ta sincérité, Megan. » Il lui parlait comme s’il était l’adulte et elle l’enfant… c’était incroyablement rabaissant et, autant que ça lui déplaisait, elle ne dit rien, baissant les yeux pour ravaler ses quelques larmes, passant une main vive sur son visage. « Je suis navré d'avoir fait une erreur, ce jour-là, mais je suis davantage navré que tu penses que je te veuille du mal. » Megan releva alors des yeux timides vers Andrea. Etait-il sincère ? Les yeux légèrement embués, elle fronça quelque peu les sourcils tout en l’observant avec attention. Elle était un peu perdue, elle ne savait plus qu’en penser. De ce qu’il faisait, de ce qu’il disait… il la mettait dans un bien sale état et elle se sentait réellement mal à l’aise. Megan passait d’un de ses yeux à l’autre, cherchant une once de confiance, quelque chose à laquelle elle pouvait se raccrocher. « C'est ton choix, Megan, d'accepter ou non mon aide. Je ne suis pas là pour te forcer à avaler ce que je t'apporte. » Il ressortit la fiole qu’il lui avait précédemment montrée et le regard de Megan s’abandonna sur cette dernière. Il lui tendit et elle hésita un instant, passant d’Andrea à la potion. Que devait-elle faire ? Continuer de lui faire confiance ou s’abstenir ? La naïveté de la jeune fille la pousserait à lui donner une seconde chance, sans nul doute. Le naturel revenait toujours au galop. Cependant, elle ne voulait pas se faire avoir… encore… même si c’était toujours malgré elle. Après quelques secondes de réflexion, elle attrapa la fiole d’un geste doux, la regardant sous tous les angles en ajoutant : « Si je me retrouve encore à l’infirmerie, je saurais définitivement ce que je dois penser de toi… » Ses yeux se relevèrent vers le garçon alors qu’elle luttait pour se donner une contenance. Elle savait que si elle acceptait, c’était bien parce qu’il l’aidait tout de même énormément et que douter n’était pas si aisé chez elle. Megan fit une petite moue en ajoutant, cette question la tracassant d’autant plus depuis ce qui lui était arrivé : « Andrea… Pour… pourquoi tu m’aides ? Pourquoi tu m’aides à essayer de contrôler mon stress ? Je ne te suis pas d’une grande aide sur tes autres potions alors… pourquoi ? » Après tout, c’était une question importante. Certes, elle l’aidait en ingérant d’autres potions pour qu’il les peaufine, dès lors que ce n’était pas dangereux, mais tout de même. Y avait-il un autre but à tout ça ? Un but moins… sympathique ? Elle était en droit de se poser la question, surtout aujourd’hui où elle lui donnait une seconde chance !

AVENGEDINCHAINS

« Si je me retrouve encore à l’infirmerie, je saurais définitivement ce que je dois penser de toi… » Ma main se resserre sur la fiole alors que Megan l'attrape doucement. Je sonde son regard et la force à tenir son regard. Je n'aime pas ces dernières paroles. Je n'aime pas sa façon de me remercier pour les services que je lui ai rendu. Je n'aimais déjà pas sa façon de me prendre pour quelqu'un que je n'étais pas. Alors sèchement, je fais glisser la fiole entre ses doigts. J'ai décidé qu'elle ne l'aurait plus. Elle vient tout juste de perdre le remède à ses pensées embrumées. « L'infirmerie, tu dis. » Je me montre pensif, mais en réalité, je viens de comprendre ce qu'il s'est passé. Je suis en colère. Pas contre Megan, mais contre le sournois qui tente de se mêler à ma vie, et de déguiser des facteurs du hasard en actes abominables. S'il a tenté quoique ça soit pour retourner le cerveau de la jeune fille, cela a effectivement bien fonctionné. Mais s'il veut jouer avec des intermédiaires, j'allais lui envoyer une belle bombe qui lui exploserait au visage. Je sens mes poings se serrer de fureur et ma mâchoire se bloquer. Je reste immobile, même si des images naissent dans ma tête. Mes doigts débouchonnent automatiquement la fiole, et portent celle-ci à mes lèvres. Je vide la fiole et me sens plus apaisé. Je ne veux pas perdre le contrôle devant des témoins naïfs, avec la langue trop longue. J'aime beaucoup Megan, mais je ne lui ferais pas confiance pour une noise si je devais lui confier un secret. Elle est, je crois, du genre à le répéter à ses amies, qui le répéteront ensuite à leurs propres proches, jusqu'à ce que ça fasse le tour du Château. Et tout le monde sait que je n'aime pas quand des nouvelles sur moi font le tour du Château, surtout en mal. « Dans ce cas, tu devras peut-être y retourner plus souvent, pour qu'ils te trouvent un remède miracle. Je ne rends pas service aux personnes qui n'attendent qu'à se délecter de mes erreurs. » Est-ce que je veux la faire craquer ? Oui, mais je veux surtout la rendre malléable. À présent que j'ai compris que Matrim était celui qui lui avait insufflé ces idées dans le crâne, il me fallait juste trouver un moyen créatif de lui rendre la pareille, sans que l'aiglonne ne se rende compte de quoique ce soit. Voilà qui germerait dans un coin de ma tête en temps voulus.

« Andrea… Pour… pourquoi tu m’aides ? Pourquoi tu m’aides à essayer de contrôler mon stress ? Je ne te suis pas d’une grande aide sur tes autres potions alors… pourquoi ? » Sa petite moue pleurnicheuse n'avait pas le don de m'adoucir, mais je ne me résonnais pas à être méchant gratuitement. Du tac au tac, je ramasse le livre récemment découvert et glisse la fiole vide dans la première poche accessible et réponds d'une voix maussade. « Aidais. Désolé de ne pas coller à l'image que tu t'es fait de moi. La vraie question, c'est Pourquoi pas ? » Et si elle inversait la question, peut-être qu'elle allait se rendre compte que j'avais les compétences, les connaissances, et l'amour des potions. Alors ça devient un peu plus logique en voyant une petite fille blonde un peu naïve qui va se faire bouffer par la vie si elle ne s'affirme pas un peu, avec son stress systématique et ses tremblements incontrôlables. Elle a des symptômes évidents qui m'épuisent l'attention, et j'ai le pouvoir de changer les choses. Évidemment, en lui rendant ce service, elle me retourne la pareille en acceptant de boire l'une ou l'autre potion, à titre de recherche. C'est malheureux, si elle a fini à l'infirmerie parce que l'un des ingrédients de la première potion a réagi avec la poudre de pimentine contenue dans la seconde potion ... J'ai corrigé et stabilisé les deux potions depuis, mais Megan fut un dommage collatéral dont la vie n'était pas en danger. « Bon, j'ai d'autres choses à faire, à présent. » Et sans demander mon reste, je m'éloigne sans un regard en arrière vers la sortie. Le parc et son air frais me fera du bien, pour feuilleter cet exemplaire plutôt excentrique et amusant. La vie continuait.

Megan avait sûrement pris un peu trop de confiance… Ou tout du moins une confiance qu’elle n’assumait pas du tout et faire une pseudo morale à Andrea était loin d’être une bonne idée. Elle le sentit lorsque le garçon resserra sa main sur la fiole qu’il lui tendait, ne lui permettant pas de la prendre. Bon… Euh là elle était carrément gênée. Pire que ça, elle se sentait incroyablement mal et ressentait une grande culpabilité. Elle ne savait plus tellement quoi penser. Matrim avait-il eu raison de lui dire de se méfier ? Andrea avait-il été sincère en lui disant qu’il ne voulait pas jouer sur sa santé ? Aaaah c’était horrible pour elle, elle se sentait perdue et avait l’impression qu’elle pourrait fondre en larmes en moins de deux secondes. Honteuse envers les deux frères… génial comme résultat ! « L'infirmerie, tu dis. » Oh mon Dieu, c’était une catastrophe ! Elle baissa les yeux, totalement mal à l’aise, inspirant et expirant fort pour ne pas laisser ses émotions la submerger. Surprise, Megan entendit qu’Andrea déboucha une fiole… la fameuse fiole. Elle leva un œil timide et intrigué vers lui, le regardant la vider d’une traite. Que… que faisait-il au juste ? Depuis quand Andrea avait besoin d’une potion pour ne plus stresser, angoisser ? Qu’avait-elle dit pour qu’il pense devoir la prendre ? Elle était perdue, et totalement décontenancée. Elle le fixait sans même s’en rendre compte, fronçant légèrement les sourcils alors que des tas de questions s’entrechoquaient dans sa tête. « Dans ce cas, tu devras peut-être y retourner plus souvent, pour qu'ils te trouvent un remède miracle. Je ne rends pas service aux personnes qui n'attendent qu'à se délecter de mes erreurs. » C’était une véritable douche froide pour Megan. Ca faisait même extrêmement de mal à la jeune fille… Enfin, elle se doutait bien qu’il s’en moquait et heureusement ! Elle ne voulait pas plus passer pour une chose fragile qu’elle l’était déjà, mais c’était un fait, ses mots la blessaient. Simplement parce qu’elle avait ce rapport difficile avec l’infirmerie. Qu’elle était obligée d’y passer tous les jours, déjà, à cause de sa maladie. Heureusement encore, il ne savait rien concernant cette fameuse maladie, et elle ne comptait pas le lui dire, mais il était vrai qu’elle avait toujours été contente de trouver ses potions pour contenir un tant soit peu son stress et ses angoisses à répétition. Là, il lui tournait le dos et elle savait qu’elle n’en était pas innocente. Autre chose qui la blessait était qu’elle se rendait compte qu’après toutes ces années, il ne la connaissait pas. « Se délecter de mes erreurs. » Vraiment ? Comme si c’était le cas de Megan ! Le problème était que là, son erreur lui avait coûté un moment de plus à l’infirmerie et elle n’en avait pas besoin ! Mais voilà, elle était trop lâche pour le lui dire. Elle avait peur et pourtant cette remarque l’agaçait. Elle maintint son regard quelques secondes avant de détourner les yeux, aussi frustrée que honteuse, ne répondant rien alors qu’il jouait les moralisateurs. Pourtant, elle l’aimait bien Andrea… mais comme dit plus tôt, elle était désorientée. Ce qu’il disait, ce que Matrim disait… La vérité n’était plus claire à ses yeux !

« Aidais. Désolé de ne pas coller à l'image que tu t'es fait de moi. La vraie question, c'est Pourquoi pas ? » Effectivement, aidais… Oh non elle s’était tiré une balle dans le pied toute seule. Elle ne savait plus tellement ce qu’elle devait penser de lui mais l’avait-elle vraiment vexé ? Etait-elle en capacité de le vexer ? Elle en doutait mais elle s’en sentait tout de même terriblement mal. Pourquoi pas ? Confusion ultime ! Et là elle n’avait qu’une envie : fuir ! Alors qu’elle entrouvrait la bouche pour lui répondre quelque chose, de sûrement maladroit, mais de quoi se défendre un peu… ou s’excuser (idiote !), Andrea la coupa. « Bon, j'ai d'autres choses à faire, à présent. » Ah… ben oui, évidemment… Elle referma la bouche sans réussir à ajouter quelque chose, le laissant partir sans qu’un seul mot ne sorte. C’était fou comme en l’espace de quelques minutes, il l’avait vidé de tout courage, de tout espoir et de toute envie de faire quelque chose de sa journée. Elle se retourna alors pour faire face à l’étagère qu’elle observait juste avant, tentant de se reconcentrer pour trouver le livre recherché, laissant couler des larmes honteuses sur ses joues, plus désorientée, sur ce sujet, que jamais.

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