"...Et pis, Papa, tu rentres quand, dis?"

Neville commençait sérieusement à ne plus sentir ses genoux à force d'être à quatre pattes devant la cheminée. Il soupira et adressa un sourire radieux à sa fille. Il pouvait apercevoir, derrière elle, sa grand-mère, Augusta, tricotant un énième pull pour la petite Alice.

"Vendredi soir, mon coeur, je te l'ai déjà dit. Encore deux dodos."

Alice soupira. C'était tellement touchant et mignon que Neville était très frustré de ne pas pouvoir la prendre dans ses bras.

"Allez je dois y aller, j'ai un rendez-vous. A plus tard ma chérie. Sois sage. Bonne soirée, Grand-Mère," ajouta-t-il à l'attention de la vieille femme qui lui rendit un signe de tête.

Neville s'extirpa à regret des flammes vertes et se redressa difficilement. Il était de nouveau entièrement dans son bureau, à Poudlard, et sa théière commençait à siffler rageusement. Il y jeta deux petits sachets d'un thé de son invention, referma la théière et se décida à commencer un peu de rangement dans ses nombreuses bibliothèques, en attendant l'arrivée d'Astride.

Il avait hâte d'avoir ce petit entretien avec la jeune fille. Il n'avait pas eu d'élèves comme elle depuis quelques années maintenant, et il était bien décidé à connaître ses intentions en termes d'orientation ; si Astride n'avait pas décidé de mener une carrière en rapport avec la botanique, c'était un énième talent qui fichait le camp. Neville espérait de tout coeur que son attention en cours était due à autre chose qu'à de simples principes de bonne élève. Il lui faudrait déployer tous les discours possible pour tenter d'influer sur ses décisions.

A force de réfléchir, il en vint à bousculer l'ordre alphabétique des ouvrages soigneusement alignés sur les étagères et fit tomber son vieux Rapeltout, récemment envoyé par sa femme par hibou, qui roula dans la pièce jusqu'à la porte.

Fichu Rapeltout! Neville le vit s'illuminer dans sa main. Ses sourcils se froncèrent. Il était pourtant certain de n'avoir rien oublié. exaspéré, il le posa sur son bureau et remit un peu d'ordre dans ses parchemins éparpillés autour de son sous-main. C'est alors qu'il entendit trois petits coups portés à sa porte. Il invita Astride à entrer et lui adressa un grand sourire.

« Bonjour professeur…. Vous vouliez me voir ? »

Elle se tenait bien droite, les mains dans le dos, trop raide pour quelqu'un à l'aise. Ce petit rendez-vous impromptu l'avait peut-être angoissée. Neville s'approcha d'elle en hochant la tête.

"Tout à fait, merci d'être venue, Astride! Je t'en prie, installe-toi confortablement, il faut que nous discutions."

Il referma la porte derrière elle, posa sa main sur son épaule pour l'accompagner jusqu'au fauteuil puis se dirigea vers sa théière.

"Désires-tu un peu de thé? Une concoction maison ; églantine, vanille, thé noir et lavande, tu m'en diras des nouvelles!"

Sans vraiment attendre sa réponse - il avait envie que quelqu'un d'autre que lui apprécie ce breuvage! - il lui servit une tasse et la lui apporta. Le professeur s'installa ensuite à son bureau, une fesse posée sur la table, dans une position relativement décontractée, histoire de mettre la jeune fille à l'aise.

"Si je t'ai demandé de venir me voir, c'est parce qu'il faut absolument que nous discutions de ton travail en botanique. Je voulais en discuter d'abord avec toi avant d'en référer au directeur de ta Maison, il me semble que comme ça nous pourrons mieux préparer la fin de l'année ensemble."

Il lui semblait tellement évident qu'il n'était là que pour la féliciter que le double sens de sa phrase lui échappa totalement. Neville attendit une réaction de la part de la jeune fille, un petit sourire sur les lèvres.

"Tout à fait, merci d'être venue, Astride! Je t'en prie, installe-toi confortablement, il faut que nous discutions."

Astride déglutit, s’apprêtant à fondre en larme, dès que son professeur commencerait l’énumération des nombreux reproches qu’il avait à lui faire. Cependant, elle se laissa faire, et se retrouva sans trop savoir comment, assise dans le confortable fauteuil devant le bureau du professeur Londubat. La jeune fille était encore de plus en plus paniquée, et les paroles du professeur ne la rassuraient absolument pas. D’un côté, il se montrait incroyablement gentil et souriant, mais il n’était pas réputé pour être quelqu’un de particulièrement sévère. Peut-être avait-il simplement prévu de lui dire sur le ton de la conversation qu’elle était renvoyée.
A choisir, elle préférait tout de même qu’il se mette en colère, lui balance tout ce qu’elle n’avait pas envie d’attendre. Astride se mettrait ensuite à pleurer, il la ferait sortir de son bureau, et elle irait soit chercher immédiatement une corde pour mettre fin à sa vie fichue, ou bien elle irait retrouver Hecate pour une seconde crise de larme totalement appropriée à la situation. Comment avait-elle pu être aussi stupide pour penser que ses récentes erreurs n’auraient aucun impact sur son cursus. Elle pouvait dire dès maintenant adieu, à son rêve de devenir médecin. Elle qui pensait encore, quelques jours auparavant demander à son professeur si elle ne pouvait pas venir l’aider aux serres. Ce genre de privilège devait forcément se mériter, il donnerait cette opportunité à quelqu’un qui le méritait et non pas à une cinquième année qui se pensait plus intelligente que tout le monde et devenait depuis quelques temps une petite délinquante.
Tout ce qu’elle pouvait espérer à présent, c’était que son professeur arrache vite le sparadrap. Astride était à présent convaincu du motif de sa convocation, elle n’avait plus besoin d’hésiter, alors elle ne pouvait que souhaiter que ce moment passerait vite. Cependant, son professeur ne semblait pas l’entendre de cette oreille.

"Désires-tu un peu de thé? Une concoction maison ; églantine, vanille, thé noir et lavande, tu m'en diras des nouvelles!"

Non, elle ne voulait pas un peu de thé, surtout si c’était pour le recracher sur son professeur au moment même où il se mettrait à lui hurler dessus. Elle venait il y a peu d’apprendre qu’elle avait gâché toute sa vie, alors que devait-être ce thé ? La dernière boisson du condamné. Mais le professeur Londubat ne lui laissa pas le temps de répondre, son enthousiasme contrastait étrangement avec la nature de la conversation qui allait suivre. Astride voulait en venir aux faits, et pas tourner autour du pot pendant un temps infini en parlant de thé à elle-ne-savait-quoi et de petits gâteaux qui pour une fois ne l’intéressaient pas. Sa gourmandise était pourtant légendaire, signe que ce n’était vraiment pas un bon jour. En temps normal, comme en période d’examens, elle parvenait à ingurgiter d’astronomiques quantités de nourritures, sous les yeux médusés de ses amis qui se demandaient comment elle faisait pour ne pas être obèse. Pour ça, elle avait vite trouvé une solution, ses périodes de boulimie inévitables s’ensuivaient en général de périodes de régimes, un rythme de vie, certes, pas idéal, mais à seize ans, elle pouvait totalement se permettre.
Astride se retrouva bien malgré elle avec une tasse dans la main, la jeune fille ne savait pas vraiment quoi en faire, commencer à le boire pour faire plaisir à son professeur. Celui-ci semblait tellement fier de sa composition, elle devait bien se lancer. Une seule gorgée lui apprit, qu’il était en effet excellent, ça n’avait rien d’étonnant, son professeur était un vrai connaisseur.

« Il… Il est vraiment très bon professeur… Enfin, votre thé je veux dire. »

Ce n’était pas dans ses habitudes d’être aussi mal à l’aise avec son professeur de botanique. C’était le seul enseignant avec lequel elle se permettait de parler un peu plus librement. Cette espèce de « complicité » était sûrement due au fait, qu’ils passaient un certain nombre d’heures ensemble. Astride était ravie d’avoir trouvé un professeur apte à comprendre sa passion et à lui permettre d’en apprendre toujours plus. Mais c’était très certainement du passé, elle l’avait déçue, il ne ferait plus d’effort pour lui permettre de faire ce qu’elle aimait, si la poufsouffle n’était pas capable de bien se comporter et d’avoir de bons résultats en guise de remerciement. Après tout, le professeur Londubat prenait sur son temps libre pour lui apporter un enseignement digne de ce nom, qui croyait-elle être pour penser que c’était un dû et non pas un service qu’il lui rendait ? Astride avait vraiment tout gâché.
Elle regarda d’un air inquiet son professeur s’assoir sur son bureau, là encore, il n’avait pas l’air sévère, mais la jeune fille ne savait pas du tout comment se comporter. Elle levait les yeux de temps à autre, le dévisageant comme si ce qu’il allait lui dire était affiché sur son front, elle les rebaissait presque aussitôt, cherchant à avoir le plus possible à avoir l’air penaude et non pas insolente. Astride avait certainement une toute nouvelle réputation de délinquante à cause des événements de cette année, elle ne voulait surtout pas donner à son professeur l’occasion de penser que les rumeurs avaient raison. Le professeur Londubat sembla finalement penser qu’il avait assez attendu et commença son discours, qui dans l’esprit d’Astride allait finir par un renvoi pur et simple.

"Si je t'ai demandé de venir me voir, c'est parce qu'il faut absolument que nous discutions de ton travail en botanique. Je voulais en discuter d'abord avec toi avant d'en référer au directeur de ta Maison, il me semble que comme ça nous pourrons mieux préparer la fin de l'année ensemble."

La poufsouffle sentit les larmes lui monter aux yeux sans qu’elle puisse ne serait-ce qu’envisager de les retenir. Préparer la fin de l’année ensemble ? Une fin d’année anticipée, donc… Astride avait beau s’être préparée à un renvoi, elle avait toujours l’espoir de s’être trompée. Elle aurait préféré passer la fin de sa scolarité en retenue plutôt que de devoir faire ses valises et s’en aller. Elle était une déception ambulante. Qu’allaient dire ses parents en la voyant revenir plus tôt que prévu ? Ils allaient être en colère, c’était évident. Elle n’avait pas terminé sa cinquième année, elle n’aurait donc pas le moindre diplôme en poche, comme si les quatre années précédentes passées dans l’école ne lui serviraient à rien. La jeune fille n’avait pas du tout envie de partir, mais est-ce que plaider sa cause lui servirait réellement à quelque chose ? Le professeur Londubat voulait en plus discuter avec son directeur de maison, les dés étaient jetés, ça serait de pire en pire, jusqu’à ce qu’elle se retrouve inévitablement devant le bureau de la directrice à attendre qu’elle examine son dossier scolaire et prononce à haute voix le mot « expulsion ». Astride passa tout de même sa main sur ses yeux, tâchant tant bien que mal de rester forte face aux reproches qui allaient suivre. Elles étaient complétement méritées, elle devait donc les affronter sans se comporter comme un bébé.

« Je suis désolée si je n’ai pas été à la hauteur dernièrement professeur. Je… Je ne voulais pas vous décevoir. Je me rattraperais, je travaillerais deux fois plus dur, je pourrais avoir des devoirs en plus. S’il-vous-plait n’allez pas voir mon directeur de maison… Je ne peux pas être renvoyée maintenant. Mes parents vont être vraiment déçus. Je regrette d’avoir fait des bêtises…. »

C’était tout ce qu’elle pouvait faire, supplier son professeur de lui donner une seconde chance. Il serait certainement trop déçu pour reprendre le même comportement qu’il avait d’habitude avec elle, mais au moins, elle aurait deux ans de plus pour lui prouver qu’elle était digne de confiance.

« Il… Il est vraiment très bon professeur… Enfin, votre thé je veux dire. »

Très fier, Neville bomba un peu le torse et son sourire s'agrandit. Mais une légère inquiétude le taraudait. Astride avait l'air... bouleversée. S'était-il passé quelque chose? Avait-elle des ennuis? Il était à mille lieues d'imaginer ce qui se passait dans l'esprit de la jeune fille, très loin de se douter que c'était justement ce rendez-vous qui la mettait mal à l'aise, et inconscient du drame auquel Astride semblait se préparer intérieurement. Il manqua de s'étouffer avec une gorgée de thé lorsqu'il l'entendit reprendre la parole ensuite.

« Je suis désolée si je n’ai pas été à la hauteur dernièrement professeur. Je… Je ne voulais pas vous décevoir. Je me rattraperais, je travaillerais deux fois plus dur, je pourrais avoir des devoirs en plus. S’il-vous-plait n’allez pas voir mon directeur de maison… Je ne peux pas être renvoyée maintenant. Mes parents vont être vraiment déçus. Je regrette d’avoir fait des bêtises…. »

Mais... Mais elle pleurait! Oh, Merlin. Neville ne s'était pas senti aussi stupide depuis des décennies. Il se frappa le front avec la paume de sa main et se précipita presque sur Astride, une main sur son épaule, prenant l'air rassurant et souriant qu'il affichait avec sa propre fille quand elle refusait de le laisser repartir à Poudlard.

"Renvoyée...? Mais voyons, Astride, il n'en est absolument pas question! Pas le moins du monde!"

D'un mouvement de baguette, il fit apparaître un mouchoir en dentelle qu'il tendit à la jeune Poufsouffle. Il n'avait absolument pas suivi les frasques d'Astride de ces dernières semaines, ignorant les quelques "bêtises" dont elle parlait, et n'en avait absolument rien à faire. Il n'en revenait pas d'avoir réussi à être suffisamment maladroit pour que son discours soit si peu clair. Il tapota un moment l'épaule d'Astride, continuant d'essayer de la rassurer.

"Tout au contraire! Si je t'ai demandé de venir, c'est pour te féliciter!"

Du chocolat. Dans un éclair de génie où la silhouette de son regretté professeur Lupin apparut quelques instants, Neville bondit sur ses jambes et alla s'emparer d'une boîte contenant une sélection des meilleurs chocolats de chez Honeydukes qui traînait dans un tiroir de son bureau - il faut bien se donner du courage lors des longues soirées à corriger des copies - et alla la tendre à Astride. Neville, l'homme qui souffrait le martyr quand il voyait une fille pleurer.

"Je t'en prie, calme-toi, prends un chocolat... Allez... Il n'est nullement question de te renvoyer, voyons, quelle idée! Je voulais te voir pour qu'on discute ensemble de ton orientation, au vu des résultats de plus en plus brillants que tu obtiens avec moi en Botanique... Je tenais à avoir cet entretien avec toi avant le traditionnel rendez-vous d'orientation de fin d'année que tu auras avec ton Directeur de Maison, pour qu'on puisse envisager ensemble ce qui te conviendrait le mieux."

Les sourcils dressés en une expression d'inquiétude sincère, il continua de tapoter l'épaule d'Astride, en espérant qu'elle se calme. Il la savait très sensible, grâce aux heures passées avec elle depuis sa première année dans les serres, et l'aimait beaucoup, aussi se sentait-il le plus parfait des idiots en réalisant la maladresse avec laquelle il s'était adressée à elle.

"Je suis désolé, je me suis sans doute mal exprimé..."

Neville poussa un long soupir de soulagement. Astride eut la délicatesse de se reprendre très vite et de redevenir la jeune fille joviale, sûre d'elle et souriante qu'elle était d'ordinaire. Lorsqu'elle plongea sans vergogne sa main dans la boîte de chocolats, Neville se redressa et retourna s'asseoir à son bureau, un sourire aux lèvres. Il espérait tout de même qu'Astride ne se torturait pas trop avec des soucis graves, et qu'elle en parlait avec des gens qui la conseillaient : il n'est jamais bon signe de péter les plombs au moindre sous-entendu mal interprété!

Nonchalamment, il s'empara d'une feuille de parchemin sur laquelle il avait noté les résultats de la jeune fille ainsi que les commentaires de ses collègues sur le travail d'Astride.

"Merci professeur. Je sais déjà à peu près ce que j’aimerais faire plus tard et je suppose que c’est un projet réalisable. Enfin, bien sûr j’aurais besoin de votre accord puisque ça a un rapport avec la botanique. C’est quelque chose qui m’intéresse, alors je n’aimerais pas faire une croix dessus, vous comprenez ?"

Neville hocha affirmativement la tête, les yeux clos dans un geste de compréhension parfaite, et lui adresse un grand sourire. Astride lui avait déjà vaguement parlé de son projet de carrière, mais il désirait profiter de cet entretien pour creuser le sujet avec elle et, peut-être, lui offrir l'opportunité de s'essayer à son rêve.

"Bien sûr. Mais quoi que ce soit, tu as déjà mon accord. J'ai noté ici que tu n'as obtenu que d'excellents résultats depuis ta seconde année - après une petite faiblesse en première année, mais ce n'était qu'un accident de parcours! - et cette année, tu n'as obtenu que la note Optimal. Et si ça n'avait tenu qu'à moi, j'aurais créé une note plus haute encore pour pouvoir vraiment apprécier ton travail."

Il n'était pas du genre de Neville d'encenser ses élèves, il préférait les encourager dans leurs faiblesses et calmer leur trop plein d'assurance. Mais avec Astride, comme avec quelques autres élèves qu'il avait eus depuis le début de sa carrière, c'était différent. Il ne voyait pas d'autre moyen d'encourager Astride que de lui faire réaliser à quel point elle était brillante en Botanique.

"Tes autres professeurs semblent d'accord pour dire que tu t'en sors relativement bien partout, y compris le professeur Kergoat qui souligne ton sérieux et tes excellents résultats en Potions. Or, il me semble que les Potions et la Botanique sont les deux matières qui peuvent le plus cerner ton projet, d'après ce que tu m'en as dit il y a quelques temps... Pourrais-tu me détailler ce que tu comptes faire après Poudlard?"

Il reposa la feuille sur son bureau et se tourna vers Astride, ses yeux bruns grand ouverts sur la jeune fille, un sourire encourageant fendant sa barbe de trois jours.

"Bien sûr. Mais quoi que ce soit, tu as déjà mon accord. J'ai noté ici que tu n'as obtenu que d'excellents résultats depuis ta seconde année - après une petite faiblesse en première année, mais ce n'était qu'un accident de parcours! - et cette année, tu n'as obtenu que la note Optimal. Et si ça n'avait tenu qu'à moi, j'aurais créé une note plus haute encore pour pouvoir vraiment apprécier ton travail."

Une faiblesse en première année ? Quelle faiblesse en première année ? Non ! Ce n’était pas possible, il devait faire une erreur, elle n’avait pas « faiblesse », en tout cas pas en botanique et si jamais elle buttait sur un point, elle s’empressait de dévaliser la bibliothèque en prenant tous les livres existant sur le sujet pour combler une lacune qu’elle pensait beaucoup plus grosse qu’elle ne l’était en réalité. Oui, mais en même temps, sa première année avait été celle des découvertes, elle avait eu ses examens brillamment, se plaçant même en tête des élèves de sa maison et juste derrière Bonnie si ses souvenirs étaient exacts, mais ça avait été assez dur dans un premier temps. Elle sortait de l’école moldue, ou plutôt de chez elle, et tout avait été modifié. La scolarisation à domicile n’avait pas été une des meilleures périodes de sa vie, elle se sentait aussi isolée que rejetée et ne souhaitait à personne de vivre cette expérience ou en tout cas, pas pour les mêmes raisons qu’elle. En entrant à Poudlard, elle avait eu l’occasion de changer, de tout refaire et elle s’était mis une pression monstrueuse qui n’était sans doute pas nécessaire puisqu’elle avait réussi à s’intégrer sans trop de problème et était loin d’être le souffre-douleur même si elle n’était pas non plus l’amie du peuple. Elle avait eu la chance de ne retrouver ici aucune trace de ce qu’elle avait pu vivre pendant ses rares années passées à l’école primaire ou au collège, mis à part l’uniforme qu’elle avait eu elle aussi à porter. Donc, il était fort possible qu’à un moment ou à un autre, elle ait obtenu une note un peu moins bonne qu’elle ne l’aurait dû en botanique. Ça avait été tout de suite la matière qui l’intéressait le plus, ça se rapprochait un peu plus de son univers à elle et c’était quelque chose dont elle pouvait parler plus librement à ses parents, puisque c’était quelque chose de matériel et non pas un truc bizarre sorti tout droit d’un bout de bois. Astride aurait dû être satisfaite d’elle-même de son parcours, mais seules les BUSEs lui diraient si elle avait vraiment été si douée que ça et elle avait hâte d’obtenir une réponse à cette question.

« Merci professeur. »

Astride lui adressa un grand sourire rassuré. Elle s’était tout de suite focalisé sur la mauvaise partie de la phrase de son professeur qui ne restait pourtant qu’une parenthèse dans une avalanche de compliments qu’elle ne méritait sûrement pas, ou du moins, pas cette année. Bien entendu, elle avait travaillé comme d’habitude, voire même plus quand elle s’était rendu compte qu’elle enchainait les bêtises et qu’il lui serait utile de mettre un terme dès maintenant à toutes ces âneries. Se plonger dans un bouquin était pour la poufsouffle un moyen comme un autre de se laver de ses pêchés et bien qu’elle reconnaisse qu’il n’y avait rien de plus stupide, elle s’en accommodait fort bien et tenait à garder toujours d’excellentes notes, comme si ça pouvait pardonner toutes ses erreurs extérieures à son cursus. En vérité, si on excluait toutes les péripéties de cette année, Astride devait bien reconnaitre qu’elle était fière d’elle et de savoir que son professeur avait conscience de ce qu’elle avait accomplie et de ce qu’elle pourrait sans doute faire en continuant sur cette voie la réjouissait. Elle avait un peu tendance à monter sur ses grands chevaux et à étaler son savoir parfois, mais au fond, ce n’était pas la confiance en elle qui l’étouffait et avoir un peu de soutien n’était vraiment pas de trop. Inventer une note plus haute rien que pour elle ? C’était sans doute un peu exagéré, d’autant plus que Bonnie avait toujours été meilleure qu’elle… Quoi que peut-être pas en botanique justement ? Enfin, elle n’en savait rien et s’en fichait un peu, elle savait simplement qu’elle prenait bien souvent la seconde place du classement général et que ce n’était pas étonnant si l’on considérait les capacités intellectuelles impressionnantes de son amie. Il lui était bien sûr arrivé d’être un peu jalouse, mais globalement, elle se contentait de boire les paroles de la vipère lorsque celle-ci lui fournissait une explication. Elle se savait bien en dessous de son amie et ne le regrettait pas spécialement, au moins, elle savait vers qui se tourner lorsqu’elle avait une question à poser.

"Tes autres professeurs semblent d'accord pour dire que tu t'en sors relativement bien partout, y compris le professeur Kergoat qui souligne ton sérieux et tes excellents résultats en Potions. Or, il me semble que les Potions et la Botanique sont les deux matières qui peuvent le plus cerner ton projet, d'après ce que tu m'en as dit il y a quelques temps... Pourrais-tu me détailler ce que tu comptes faire après Poudlard?"

Le professeur Kergoat ? Vraiment ? La dernière fois qu’elle avait été en cours avec lui, elle avait lamentablement échoué avec une potion que la plupart des élèves de la classe avaient bien réussi ce qui lui donnait l’impression de n’être vraiment qu’une parfaite andouille. Heureusement, Flynn avait quelque peu camouflé son absence de technique et de concentration en faisant exploser son chaudron et bien qu’elle ait éprouvé un peu de peine pour le jeune homme, il semblait plutôt ravi pour sa part et il l’avait réellement bien aidé sur ce coup-là… Encore. Astride s’était jurée de venir en aide au gryffondor, de lui faire apprécier le travail et de lui montrer que les livres ne mangeaient pas mais qu’au contraire il pourrait aimer les dévorer, mais il semblait qu’elle se retrouve dans une véritable impasse de ce côté-là. Il ne lui en voulait pas d’essayer, ou si c’était le cas, il ne le montrait pas, mais il fallait bien reconnaitre que niveau tentative d’enseignement elle n’arrivait à rien. Le jeune homme quant à lui avait déjà tenté par deux fois de la sortir d’un mauvais pas et se comportait comme un véritable ami, chose qu’elle était bien incapable de faire. C’était assez triste finalement. Qui croyait-elle être ? Un petit génie tout droit sorti de sa lampe pour réformer la vie de quelqu’un qui ne lui avait rien demandé ? Parce qu’après tout, Flynn semblait heureux tel qu’il était, à la limite, il aimait qu’elle lui raconte ce qu’elle avait lu au préalable, surtout si ça l’aidait à préparer une de ses bêtises, mais jamais elle ne parviendrait à lui mettre un livre dans les mains, ni à l’entrainer à un cours avec elle. En réalité, la poufsouffle le soupçonnait d’avoir assisté au cours de potions dans le seul but de pouvoir faire un peu n’importe quoi et s’amuser comme il le pouvait. Après tout, c’était une motivation comme une autre, et Astride se souvenait avoir imaginé bêtement que ses conseils avaient portés leurs fruits. En attendant, le professeur Londubat venait de lui poser la meilleure question qu’il aurait pu trouver. La cinquième année adorait raconter son projet de vie, elle l’avait en tête depuis si longtemps maintenant, qu’elle avait eu le temps d’en peaufiner les moindre détails jusqu’à s’approcher de ce qu’elle pensait être la perfection. Beaucoup de gens la regarderaient certainement d’un air sceptique, mais elle s’en fichait, c’était ce qu’elle voulait et pas autre chose et avec l’appui de son professeur, ça serait encore mieux.

« Eh bien en fait, je ne sais pas si c’est très simple à expliquer. Je voudrais travailler dans la médecine douce. En plus, ce genre de médecins existe aussi chez les moldus, même s’ils sont souvent considérés comme des charlatans, ça me permettrait au moins de pouvoir combiner mes deux univers. Je n’ai pas envie de faire un choix. Je suppose qu’en sortant de Poudlard, j’irais à l’université, je ferais des études de médecine, botanique et potions. A dire vrai, je ne sais pas si c’est possible de faire les trois en même temps mais je suis motivée, et je suis obligée d’étudier les trois si je veux que mon projet aboutisse… »

La jeune fille s’arrêta, légèrement essoufflée, elle n’avait pas vraiment pris la peine de respirer lorsqu’elle parlait et maintenant elle suffoquait légèrement. Elle était vraiment ravie de pouvoir parler de son avenir à quelqu’un qui était apte à la comprendre même si elle n’avait pas été fichue d’imaginer un seul instant que le professeur l’avait convoqué pour ce motif en particulier.

Neville s'empara d'un chocolat dans la boîte de chez Honeydukes restée ouverte, et but une gorgée de thé. Il n'était pas mécontent que l'ambiance se soit apaisée. Il avait en travers de la gorge les quelques larmes qu'Astride avait versées quelques minutes plus tôt, et s'en voulait encore d'avoir été si maladroit. Maintenant qu'il y repensait, il se souvenait d'une discussion entre deux de ses collègues dans la salle des professeurs concernant un changement de comportement extra-scolaire chez la Poufsouffle, mais il n'avait qu'à peine tendu l'oreille, trop préoccupé par une lettre de Hannah lui annonçant la visite de son beau-père lors de la première semaine des vacances. Il se promit d'essayer d'enquêter un peu sur les frasques d'Astride, sachant déjà que, la considérant comme l'une de ses élèves préférées, il ne lui en tiendrait pas rigueur, quoiqu'elle ait pu faire.

Il était beaucoup, beaucoup plus intéressé par le projet de carrière que s'était fixé Astride, car il était évident qu'elle suivait une voie qu'elle s'était elle-même tracée assez tôt dans sa scolarité. Neville espérait de tout coeur qu'en en apprenant plus, il pourrait l'aider comme il se doit. Laissant le chocolat fondre sur sa langue, il l'observa, de petites rides au coin de ses yeux brillant de curiosité, l'écoutant avec attention.

« Eh bien en fait, je ne sais pas si c’est très simple à expliquer. Je voudrais travailler dans la médecine douce. En plus, ce genre de médecins existe aussi chez les moldus, même s’ils sont souvent considérés comme des charlatans, ça me permettrait au moins de pouvoir combiner mes deux univers. Je n’ai pas envie de faire un choix. Je suppose qu’en sortant de Poudlard, j’irais à l’université, je ferais des études de médecine, botanique et potions. A dire vrai, je ne sais pas si c’est possible de faire les trois en même temps mais je suis motivée, et je suis obligée d’étudier les trois si je veux que mon projet aboutisse… »

Neville hocha lentement la tête, ses méninges se mettant à tourner à toute vitesse dans son esprit. Ainsi donc, Astride avait des parents Moldus. Cela expliquait certainement son travail acharné dans certaines matières et sa volonté de faire du mieux qu'elle pouvait, qualités intrinsèques à la maison Poufsouffle - Neville songea avec un petit sourire qu'il en savait quelque chose, sa propre femme étant le stéréotype même de l'élève de Poufsouffle. Bien évidemment, Neville n'en avait rien à faire des origines de ses élèves, mais comprit beaucoup de choses quant au projet de son élève favorite.

En outre, s'il touchait sa bille en Médicomagie, il devait avouer qu'il n'y connaissait rien en médecine moldue, mis à part que ces derniers savaient se servir des plantes pour se soigner et ce beaucoup mieux que la plupart des sorciers. Intrigué, Neville posa son menton sur son poing, les yeux dans le vague, et, il faut le dire, le coeur battant d'excitation.

Le projet que lui soumettait Astride était non seulement louable, novateur et altruiste, mais rentrait également parfaitement dans quelques unes de ses compétences à lui, et il ne pouvait s'empêcher de vouloir lui proposer d'aller plus loin.

Lorsqu'Astride eut terminé, il eut sans le vouloir l'air sérieux et réfléchi du professeur digne qui pèse le pour et le contre d'une idée un peu foireuse donnée par un élève. Il ne s'en rendit pas compte, car à l'intérieur, il était en train d'imaginer mille et une propositions à faire à Astride. Il lui était difficile de contenir son enthousiasme, aussi tenta-t-il de garder un peu de contenance en terminant sa tasse de thé.

"Sache pour commencer, Astride, que je te suis à cent pour cent sur ce projet. Tu as tout à fait les capacités nécessaires pour développer cette envie de médecine douce et pour y arriver après Poudlard. Sous réserve que tu continues à fournir un aussi bon travail en sixième et septième année, je suis même prêt à appuyer toutes tes candidatures, quelles qu'elles soient, une fois que tu auras envie de mettre un pied dans le monde de la recherche ou du travail."

Il appuya son discours d'un sourire sincère teinté d'un peu de tendresse. Sa seconde septième année à Poudlard - celle où les profs n'infligeaient pas le sortilège Doloris aux élèves qui arrivaient en retard - avait décidé de toute son orientation grâce au professeur Chourave qui l'avait pris sous son aile et lui avait ouvert des portes que même avec sa réputation gagnée lors de la guerre, il n'aurait pas pu ouvrir tout seul. Ca l'amusait d'être sur le point de faire la même chose avec Astride - peut-être bien la première fois depuis le début de sa carrière, maintenant qu'il y réfléchissait sérieusement.

"Je vais te proposer deux choses, à toi de me dire si tu acceptes ou non. La première est de prendre un cours particulier avec moi par semaine dès l'année prochaine. Tu t'occuperas avec moi de plantes un peu plus rares qui sont conservées dans la serre numéro 6, dont la plupart sont à manipuler avec précaution et entrent dans la composition de philtres de guérison puissants, exceptionnels et délicats. Je pense que ça pourra te servir, car certaines d'entre elles ne sont même pas abordées en septième année. Et puis ça me fera quelqu'un avec qui discuter! Qu'en dis-tu?"

Il attendit sa réponse avant d'enchaîner sur sa seconde proposition.

"Bien entendu, si tu acceptes, il te faudra évidemment fournir un travail supplémentaire en Botanique et en Potions ; c'est pour ton bien et tes connaissances, mais je risque de me montrer intransigeant, car travailler avec de telles plantes dans le but de soigner des gens requiert excellence et dépassement de soi..."

Neville espérait qu'Astride ne serait pas rebutée par cette possibilité, mais il se devait d'être clair avec elle. Ce n'était pas du jardinage du dimanche qu'il lui proposait, mais bel et bien un entraînement spécifique dans le but de la préparer au mieux à ses recherches futures.

Amusé, excité et se sentant investi d'une mission divine par les grands protecteurs de la Botanique, il observait les réactions d'Astride, un sourire aux lèvres, espérant qu'elle accepterait. Elle avait beaucoup de potentiel, hors de question de le gâcher.

"Sache pour commencer, Astride, que je te suis à cent pour cent sur ce projet. Tu as tout à fait les capacités nécessaires pour développer cette envie de médecine douce et pour y arriver après Poudlard. Sous réserve que tu continues à fournir un aussi bon travail en sixième et septième année, je suis même prêt à appuyer toutes tes candidatures, quelles qu'elles soient, une fois que tu auras envie de mettre un pied dans le monde de la recherche ou du travail."

La jeune fille faillit laisser échapper un sourire de soulagement, mais réussit tant bien que mal à le retenir. Elle avait déjà dû avoir l’air d’une parfaite idiote lorsqu’elle s’était presque mise à pleurer tellement la pression était importante. Elle s’était fait des idées bêtement, sans même chercher une solution plus évidente et plus proche de la réalité. Non, il avait fallu qu’elle imagine immédiatement un renvoi ferme et définitif, pile lorsqu’elle allait passer une des années les plus importantes pour elle. Enfin, à chaque fois qu’elle entamait une nouvelle année c’était la même rengaine, elle se disait que maintenant, ses années de petite fille innocente était derrière elle qu’elle rentrait dans l’âge adulte et qu’il lui fallait faire preuve de maturité et travailler encore plus sérieusement et régulièrement qu’elle l’avait fait jusqu’à maintenant ce qui était assez stupide puisque son rythme de travail était déjà largement assez impressionnant comme ça. En l’occurrence, elle flippait à chaque fois que son professeur ouvrait la bouche ou que son expression du visage changeait un petit peu, elle détestait être aussi émotive et autant sur ses gardes mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. Astride avait tout de suite pensé que son projet ne plaisait pas autant qu’elle aurait pu le penser et qu’il cherchait simplement le meilleur moyen pour le lui avouer. C’était complétement stupide, mais comment se raisonner alors qu’elle était simplement assise sur une chose, les pieds croisés, le dos bien droit à regarder un professeur qui paraissait étonnement sérieux et qui ne pipait mot depuis son enthousiasme monologue. Alors forcément, lorsqu’il décidé d’ouvrir la bouche, ce fut d’abord le soulagement qui submergea la jeune fille, son professeur de botanique semblait adorer son projet ou même plus que ça, il voulait l’encourager à poursuivre dans cette voie. C’était une petite victoire pour la jeune fille qui se sentait passer de la petite gamine timide, ambitieuse et sans capacité à quelqu’un de beaucoup plus important. Elle avait enfin quelqu’un vers qui se tourner, quelqu’un qui la comprendrait vraiment et appuierait ses démarches pour qu’elle puisse poursuivre son cursus tel qu’elle l’avait imaginé. Bien sûr, la poufsouffle avait ses amis aussi, mais c’était tellement différent. Personne n’avait envie de l’entendre parler continuellement de ce qu’elle allait faire plus tard et c’était plus que compréhensible, aussi s’abstenait-elle de faire preuve de trop d’enthousiasme lorsqu’on lui parlait de son futur. Elle était déjà beaucoup trop bavarde et le savait pertinemment.

"Je vais te proposer deux choses, à toi de me dire si tu acceptes ou non. La première est de prendre un cours particulier avec moi par semaine dès l'année prochaine. Tu t'occuperas avec moi de plantes un peu plus rares qui sont conservées dans la serre numéro 6, dont la plupart sont à manipuler avec précaution et entrent dans la composition de philtres de guérison puissants, exceptionnels et délicats. Je pense que ça pourra te servir, car certaines d'entre elles ne sont même pas abordées en septième année. Et puis ça me fera quelqu'un avec qui discuter! Qu'en dis-tu? Bien entendu, si tu acceptes, il te faudra évidemment fournir un travail supplémentaire en Botanique et en Potions ; c'est pour ton bien et tes connaissances, mais je risque de me montrer intransigeant, car travailler avec de telles plantes dans le but de soigner des gens requiert excellence et dépassement de soi..."

Lorsque le professeur reprit la parole quelques instants plus tard, son enthousiasme ne semblait pas avoir diminué, bien au contraire, il semblait même avoir retrouvé une deuxième jeunesse et les idées devaient fuser dans sa tête. Enfin, façon de parler, le professeur Londubat n’était pas bien vieux, mais il était assez amusant de le voir parler autant et s’investir de cette manière pour une simple élève qui risquait de l’oublier une fois sortie de Poudlard. C’était souvent comme ça lorsqu’on quittait une école, certes, elle y aurait passé sept ans de sa vie, mais bien sûr, elle devrait aller de l’avait, travailler pour réussir et ne pourrait sans doute pas rendre visite à ses professeurs tous les week-ends. Elle n’avait pas revu ses maitresses d’écoles de primaire, et se souvenait seulement de leur nom et encore c’était très vague dans sa tête puisqu’elle avait été scolarisée à domicile assez jeune. Seulement, la poufsouffle savait que s’il devait y avoir un seul professeur dont elle devrait se souvenir plus tard, ce serait bien le professeur Londubat. Il venait de lui ouvrir grand les portes menant à son rêve et ça n’avait pas de prix pour Astride. Elle avait presque envie de se lever pour lui sauter au cou. Bien sûr, ce serait déplacé et c’était un geste qu’elle ne se permettrait pas, mais son regard pétillant ne trompait pas. Elle était ravie, elle voulait courir vers sa meilleure amie à l’instant même où le professeur Londubat prendrait congé et tout lui raconter dans les détails. Enfin… Peut-être en omettant le fait qu’elle avait pleuré comme une madeleine alors qu’elle n’avait aucune raison de le faire. Hecate avait été témoin de son stress et aurait l’opportunité une fois de plus de lui sortir un « je te l’avais bien dit » retentissant, mais ça n’avait pas grande importance, elle était trop heureuse pour s’en soucier. Il fallait qu’elle modère le ton de sa voix, qu’elle reste calme, mais c’était trop lui demander. Son enthousiasme était tel qu’il lui semblait impossible à refreiner et lorsqu’elle ouvrit la bouche, son excitation était palpable.

« Ça serait vraiment génial ! Je… Merci, merci beaucoup. C’est une immense opportunité, je suis heureuse que vous me l’accordiez. Un cours particulier ! Wow. Ca me ferait vraiment très plaisir, et le travail supplémentaire ne me fait pas peur. Enfin, un peu plus en potions, mais ce n'est qu'un détail de toute façon, j'avais prévu de retravailler cette matière pour les BUSEs, il me faut un Optimal et je ne suis pas sûre d'avoir le niveau. La dernière fois... Enfin, ça n'a aucune importance. Bien sûr que j'accepte. »

N’importe quel élève censé aurait d’abord réalisé que la masse de travail en plus serait phénoménale et que les sorties entre amies ou autre petits plaisirs se feraient plus rares. Mais être dans une serre était justement son petit plaisir à elle et la poufsouffle savait déjà qu’elle ne regretterait absolument pas son choix, même si elle avait accepté la proposition sans réfléchir.