APOLOGIZE
[SEPT 2023]
Je ne cessais de soupirer depuis ce matin. C’est à croire que je tentais de vider la totalité de l’air de mes poumons histoire de crever et d’être enfin tranquille en enfer – mon royaume, comme le dirait si bien Sloane. Rha ! Il fallait décidément que j’arrête de songer à Sloane. Elle n’était plus là, elle m’avait abandonné pour aller vivre sa vie dans le monde des sorciers – ou des moldus j’en sais fichtrement rien – fin de l’histoire. Oui, je devais cesser de songer à Sloane, cela me rendait triste, et à cran.
Donc, je ne cessais de soupirer dans l’espoir vain que j’allais m’asphyxier et pouvoir vivre ma vie dans les enfers en tant que tortionnaire – car oui, j’en avais des idées pour faire chier mon monde. Pourquoi soupirais-je ? Ha ! Rien de plus simple : je m’étais mise dans la merde comme j’avais l’habitude de faire, avec une nana que je considérais un peu comme une amie. Je ne savais pas trop si c’était réciproque, mais je m’en fichais un peu. Le fait qu’elle ait accepté mon invitation voudrait dire qu’elle tient quand même un peu à moi, enfin j’imagine, donc bon.
Mais quel était le problème ? J’avais trouvé intelligent d’aller vendre des soutiens gorges de Savannah à la soirée des serpentards – et pas à des gamins de 13 ans quand même il ne fallait pas exagéré Isidore. Ce n’était donc, pas très intelligent, bien que très amusant sur le moment. Et Savannah avait piqué une colère. A dire vrai je n’aurais pas imaginé qu’elle l’aurait si mal prit, après tout, ce n’était qu’une plaisanterie rien de bien méchant qui se réparait bien rapidement. Car ouais, du coup, j’avais réparé ma bêtise, et le soir même alors que les serpentards dormaient à point fermés, je me suis introduite dans leur chambre pour leur voler le soutien gorge que je leur avais vendu. Histoire de ne pas à avoir à les rembourser, m’voyez.
Du coup, outre ma surprise, j’étais aussi un peu blessée par l’attitude de Savannah, qui devait elle-même être blessée par mon attitude. J’étais contrariée aussi, et je me sentais un peu coupable. J’ai voulu me venger des multiples menaces dont m’avait affublé Edward, Cruz et Savannah pour me forcer à venir à la soirée, et visiblement, cela se retourner contre moi. Il allait falloir que je prenne sur moi et que je me montre diplomatique pour éviter d’attiser l’embrouille qui s’était installée entre Caldwell et moi-même, car si je m’écoutais je l’aurais déjà engueulé en retournant la situation pour lui mettre sous le nez sa menace à deux balles. Bref.
J’avais attendu, pris mon mal en patience, non sans avoir prévenu Caldwell que j’allais l’inviter à pré-au-lard pour qu’on discute. Je voulais qu’on se prenne une après-midi, et la jeune femme était en 5ème année, il devait bien n’y avoir que le samedi où l’on pourrait être tranquille sans se presser. Ha ! Elle était bien jeune dis donc, j’avais tendance à oublier ce détail. J’étais encore bien puérile dans ma tête, et je ne savais pas trop si j’avais envie de maturer. Je me disais que j’avais le temps, de toute façon, mon futur métier était encore loin de ma portée.
Ce samedi matin donc, j’avais fait comme à mon habitude : je me suis levée tôt, j’avais fais quelques exercices matinaux. Je déposais mon invitation près de l’oreiller d’une Savannah encore endormie et ensuite je disparus de la circulation pour bosser les cours de métamorphoses et potions. Car ouais, je me mettais à devenir une bonne et assidue élève, ce qui devait passablement choquer Burgess. Quant à ce vieux crouton de Maxwell, je prenais un peu d’avance histoire de prévenir une éventuelle crise cardiaque qui mettrait fin prématurément à ces cours et donc à obliger l’école à chercher un nouveau professeur et le temps de trouver il se passerait bien une à deux semaines voir même plus où nous n’aurions pas cours de métamorphoses.
Bref.
Le rendez-vous était donc fixé à 15h devant le salon de thé de Madame Pieddodu à pré-au-lard.
Nous étions en plein mi-septembre. Il ne faisait pas froid, mais il ne faisait pas chaud non plus. Pourtant, c’est bel et bien en short en jean et débardeur que je débarquais à pré-au-lard. Il faut dire que j’étais loin d’être d’une nature frileuse, ce qui avait tendance à désespérer la plupart des personnes qui m’entouraient, mais qui pouvait s’avérer profiteur pour certains cherchant de la chaleur – puisque du coup, mon corps était souvent chaud. Attention, ces phrases n’avaient aucunes connotations sexuelles. Mes cheveux quant à eux étaient ramené en un chignon serré et un peu bâclé – il faut dire que je n’étais pas spécialement doué pour me coiffer, et je m’en contre-fichais. J’avais apporté avec moi un sac en bandoulière. A l’intérieur il y avait notamment de l’argent, ainsi que d’autres choses qu’on parlera plus tard si le sujet si prête.
Accoudée contre le mur, je me fumais une clope en regardant dans le vide, jusqu’à ce que j’aperçoive au loin mon rendez-vous de cet après-midi.
« Yo ma beauté ! » lançais-je dans sa direction après avoir écrasé ma cigarette.
Je me doutais qu’elle n’allait pas m’accueillir à bras ouvert, c’est pourquoi je ne perdis pas mon temps, et je sortis rapidement de mon sac une boite en plastique, fermé à l’aide de bandes en tissus bleu gravé des lettres « Les douceurs d’Hamilton » couleur or. La boite contenait un assortiment de macarons : il y en avait à la framboise, au citron, au chocolat, à la pistache, à la vanille, et même au piment.
« Tiens cadeau, » lui dis-je donc en lui tendant la boite. « Viens on va s’poser sur la terrasse. J’ai entendu dire que leur thé était délicieux. Ils font des gâteaux pour aller avec. »
J’avais fais exprès de ne pas m’éterniser sur la boite de macarons. Je n’avais pas vraiment envie qu’elle pose des questions, non pas que je cache le fait que je ne les avais pas acheté mais que cela me venait de ma mère qui les avait fait elles-mêmes, simplement je n’aimais pas tellement parler confiserie, et encore moins parler de ma mère. Je n’étais pas très sucreries, en fait. C’est limite si je détestais cela.
Et ma mère adoptive était gérante d’une boutique de pâtisserie. Logique.
« Tu veux qu’on commence par les insultes donc ? »
CODAGE PAR AMIANTE