Le joli rêve que j’avais fait cette nuit s’était malheureusement envolé à environ 3 heures du matin et, pour couronner le tout, j’avais peiné à me rendormir…. Je me retrouvais donc parfaitement réveillé, lavé et habillé un samedi à 6 heures du matin. Impossible pour moi de ne pas assimiler mon rêve à un super souvenir que j’avais du voyage surprise que nous avait fait mon père pour fêter le sixième anniversaire d’Allia. Il avait estimé que cette petite peste était assez grande pour s’intéresser à quelque chose et pour crapahuter assez longtemps sans se plaindre. Il n’avait pas tort puisqu’elle avait été la dernière à montrer des signes de fatigue après des jours et des jours de marche dans le parc de Dartmoor en Angleterre. Je me souvenais avoir entendu mon père parler d’un roman moldu se déroulant dans ce parc national et il avait attisé ma curiosité en nous disant que nous n’aimerions plus nous promener là si nous l’avions lu. Sauf que 7 ans après… je n’avais toujours pas pris la peine de lire son bouquin dont je ne me rappelai plus le nom ! Je me souvenais en revanche d’avoir pensé que j’avais mis les pieds dans l’endroit le plus calme de la terre.
Ce dont j’étais parfaitement certain, c’était que mes parents me manquaient cruellement et ce manque avait sûrement été à l’origine de ce rêve/souvenir… La situation à Poudlard était de plus en plus difficile et j’étais clairement fatigué de tout ça !

M’être réveillé aussi tôt un samedi matin avait un avantage : j’allais pouvoir commencer à bosser sans trop attendre et je n’avais pas la moindre crainte quant à ma capacité à trouver quelque chose à faire. J’attrapais mon sac ultra-lourd, contenant les six bouquins que j’avais fourré à l’intérieur la veille pour avoir de quoi lire et je pris la direction de la bibliothèque après avoir attendu qu’il soit 7 heures, traversant la salle commune complètement déserte.
Le souci était que j’avais un mal de tête infernal qui s’était pointé sans aucune raison… Aucun bruit trop important n’avait été à signaler puisque je n’avais traîné que dans le dortoir silencieux jusqu’à en sortir…. Pourquoi souffrir d’un mal de tête si ma maladie n’en était pas la cause ? Je n’avais évidemment aucune réponse et je me décidais à faire un petit détour par l’infirmerie, histoire de me permettre de passer une bonne journée… l’image de ma dernière visite à l’infirmerie s’imposa à moi d’emblée et me fit sourire, me ramenant à une jolie blonde qui avait occupé le lit voisin au mien… Megan. Je ne savais pas trop pourquoi je pensais à elle mais c’était un fait. Je ne voulais pas associer l’infirmerie à la jeune fille, mais d’un autre côté, sa pensée m’éloignait clairement de mes préoccupations négatives ce qui était une bonne chose !

En traînant les pieds jusqu’à la bibliothèque à cause de mon sac qui pesait lourd sur mon épaule, je ne remarquais pas l’entrée du Balcon du Monde et je stoppais net en en prenant conscience, quelques mètres après avoir dépassé la porte. Je connaissais l’endroit pour m’y être rendu aux entraînements de Quidditch et l’idée s’imposa à moi naturellement. Je fis volte-face, me dirigeant d’un pas décidé vers la pièce en question me rappelant le rêve que j’avais fait et le souvenir des quelques jours à Dartmoor avec ma famille. Il me fallait un endroit calme et c’était celui-là qu’il me fallait. Je passais la porte en visualisant comme il le fallait le lieu que j’avais en tête et entrais sans savoir que quelqu’un était dans le même couloir que moi au même moment. C’était comme dans mon souvenir… aussi calme que je l’avais imaginé et le soleil levant aidait largement à s’y sentir bien. Il était question d’une étendue d’herbe immense verte à certains endroits et brûlée par le soleil à d’autres parmi laquelle s’élevaient des tas de rochers et pierres de toutes tailles. C’était sans fin et aucun bruit à l’horizon, pas une seule âme qui vive à signaler ! Finalement, adieu l’idée de la bibliothèque et celle de l’infirmerie ; j’allais m’auto-soigner tout seul en passant un maximum de temps ici !!

Je savais que j’allais regretter d’avoir quitté le lit si tôt mais le mal était fait. Impossible de dormir et le mal de tête me rendait dingue. Il fallait que je m’occupe, que je commence ma journée…que je bouge ! Un petit passage par l’infirmerie me semblait presque inévitable, mais j’étais carrément gavé de devoir aller réclamer une potion pour que mon état s’arrange. Sachant également que la potion allait me donner envie de dormir et mettre à mal les plans que j’avais privilégiés au sommeil : bosser ! Je n’avais clairement pas de solution à mon petit problème, mais une graine d’idée s’insinua quand même lorsque je passais non loin du Balcon du Monde, me rappelant les entraînements et matchs de Quidditch clandestins. Peut-être qu’il y avait moyen d’arranger mon problème sans la potion de l’infirmier ? Me remémorant mon rêve, je visualisais un endroit bien précis avant de pousser la porte de la pièce magique. Puisqu’il était tôt, Poudlard était désert et j’avais peu de chance de croiser quelqu’un…au pire, une équipe de Quidditch qui s’entraînait tôt et qui me chasserait ? Il n’y avait personne…rien excepté le paysage que j’avais imaginé et que j’avais espéré voir. Forcément, l’image de mon père et de ma mère me revint en tête et, en bon lunatique que j’avais décidé d’être aujourd’hui, je regrettais d’être venu ici. Je n’avais pas envie de me morfondre non plus. J’avançais de quelques pas, m’asseyant sur le premier rocher qui m’inspirait confiance et posais mon sac à côté de moi avant d’appuyer mes coudes sur mes genoux repliés, scrutant l’horizon. Il n’y avait rien de spécial à voir et c’était ce que j’aimais…je voyais des choses là où n’y en avait pas à voir et cela me permettait de réfléchir encore mieux. Je commençais alors à profiter du silence, décidé à rester là cinq voire dix minutes avant de rejoindre la bibliothèque…si on m’y laissait entrer aussi tôt. Il y avait quelques salles de classe vides, au pire.

Je m’attendais clairement à tout sauf à entendre une voix résonner derrière moi. Sans trop de surprise, je sursautais franchement, me retournant vers une jeune femme. Elle était brune, particulièrement jolie et j’avais l’impression de l’avoir déjà vue quelque part. Peut-être avait-elle eu un contact avec quelqu’un que je connaissais ? J’étais incapable de le dire, mais je n’eus même pas l’opportunité de me pencher sur la question puisqu’elle reprenait la parole. J’en profitais pour souffler, mon cœur reprenait un rythme normal après la crainte d’avoir été pris par un Mangemort matinal. A choisir entre une jolie brunette très loquace et un enfoiré au service de Blackman, le choix était vite fait. Les paroles de la jeune femme me firent sourire ; elle était consciente du fait qu’elle parlait beaucoup, mais cela ne me dérangeait pas le moins du monde. Je la laissais finalement me donner son identité, réalisant que je ne la connaissais effectivement que de vue, je n’avais jamais entendu parler d’une « Sibylle ».

Je m’étais redressé pour pouvoir me retourner vers elle, mais puisque le paysage s’étendait désormais derrière Sibylle (maintenant que la porte s’était refermée derrière elle), je me replaçais comme avant, les coudes appuyé sur les genoux, la tête relevée vers la jeune femme. Calmement et avec un petit sourire, je pris la parole pour lui dire : « J’ai failli faire une crise cardiaque ! » J’agitais la main droite un instant avant d’ajouter : « Ne t’excuse pas pour ça, l’adrénaline, ça réveille…entre autres…surtout quand il est aussi tôt ! » Une petite pointe d’humour. Puisqu’elle était bavarde, je ne voyais pas d’inconvénient à lui montrer que je parlais également sans trop de problèmes. Le soleil se levait toujours tranquillement dans mon décor imaginé et mon désir de ne rester là que quelques minutes s’éloignait progressivement. Je n’avais jamais eu en tête d’obtenir une charmante compagnie pour embellir le décor, mais j’avais visiblement une bonne étoile. « Tu ne me déranges pas…Sibylle. Je pensais sérieusement avoir le château pour moi tout seul ce matin, pas que je ne veuille pas le partager avec toi hein… » Je lui adressais un petit sourire, décidé à faire preuve de sympathie, la jeune femme me semblait cool, j’avais le sentiment qu’elle et moi allions nous entendre ! « Allen Rivers …. » Je me présentais à mon tour et levais une nouvelle fois la main pour lui désigner le paysage tout en disant : « …et son environnement naturel. » Espérons qu’elle comprenne un minimum le ton léger et l’humour. Je n’attendis pas avant de lui demander : « Tu ne me suivais pas, si ? » Si c’était le cas, elle avait du talent, je n’avais rien remarqué, rien entendu ni vu…

Tout le monde était d’accord pour dire que la vie à Poudlard n’avait rien d’une partie de plaisir. Certains parvenaient à se faire assez discrets pour passer entre les mailles du filet (c’était mon cas, pour le moment) tandis que d’autres subissaient les humeurs des Mangemorts employés par Blackman. Non content de vivre une cinquième année désastreuse, j’attendais avec impatience le moment où nous allions pouvoir sortir de là et reprendre une vie à peu près normale. Retourner chez moi (avec Allia sous le bras, s’entend) était ma priorité et je ne voyais qu’une seule solution : prendre son mal en patience. Et en parlant de mal, je m’étais réveillé ce matin là avec un super mal de tête (mon lot quotidien !) et j’avais été bien incapable de me rendormir, trop chamboulé par le rêve que j’avais fait … Il témoignait de cette envie : celle de partir, de voir autre chose et de ne plus penser à la condition de tous les élèves de Poudlard (plus terrible pour certains que d’autres). Le château ne ressemblait plus à une école, plus à celle que j’avais connu, mais rien ne nous disait qu’elle n’allait pas redevenir ce qu’elle avait été. J’avais de l’espoir et, je ne cessais d’y penser sur mon chemin vers l’infirmerie.

Poudlard avait son charme à une heure aussi matinale et cette réflexion ne faisait que me conforter dans mon idée de garder de l’espoir sur la suite des événements. C’est en chemin que je me ravisais et que je décidais d’occulter (sans certitude de succès) mes douleurs. Passer devant le balcon du monde fut pour moi une espèce de révélation et je pénétrais dans le lieu avec une idée bien précise de ce que je voulais y voir. Mon rêve y était pour quelque chose. Loin de moi l’idée de faire apparaître un terrain de Quidditch, comme cela nous arrivait souvent dans les matchs clandestins, j’avais plutôt envie du calme que je recherchais et de quelque chose qui me ferait oublier que j’étais à Poudlard…et que Poudlard était en très mauvaise posture avec la présence constante de Blackman.

Parfaitement à l’aise sur le rocher qui m’offrait une place parfaite, je n’avais ni vu ni entendu quelqu’un pénétrer dans la pièce à ma suite. Je mis ma crainte sur le compte de la peur de croiser un Mangemort qui, évidemment, aurait trouvé quelque chose à dire sur ma présence ici. Heureusement, il ne s’agissait que d’une jolie brune à qui je n’avais jamais adressé la parole. Elle me fit bien rapidement entendre qu’elle était abonnée aux entrées fracassantes qui faisaient leur petit effet. Avec un sourire, je lui demandais : « Ah, parce que ce n’est pas ta première fois ? » Première fois qu’elle faisait peur à quelqu’un de bon matin… ou peur à quelqu’un tout court. Je ne lui en voulais pas le moins du monde, elle n’avait l’air d’avoir que de bonnes intentions. Ses excuses me le firent comprendre. Et ses paroles suivantes me donnèrent le sourire et je répondis sans plus attendre : « Je suis réveillé depuis… 3 heures du matin, environ… J’ai capitulé vers 5h30 ; je ne sais pas si on peut appeler ça de l’insomnie… j’dirais plutôt ‘une nuit qui fait bien chier’ ! Et toi, qu’est-ce que tu fais là si tôt ? Dis moi que je ne suis pas le seul à avoir craint de me faire chopper par les Mangemorts…. » J’interrogeais la jeune femme du regard, désormais parfaitement détendu et persuadé qu’elle était cool. Je n’avais aucune idée de son âge, de son année, ni même de sa maison et pour l’heure, je n’avais pas spécialement besoin de toutes ces informations. Elle s’appelait Sibylle et elle avait l’air d’avoir de l’humour et des choses à dire, tout ce que j’aimais !

Ses paroles suivantes me firent d’ailleurs sourire de plus belle, quand elle me parla de mo environnement naturel que je lui avais présenté en même temps que moi. Mouais, rien de bien enthousiasmant vu comme ça… J’avais juste quelques souvenirs accrochés à ce genre d’endroit et il n’y avait rien de mieux pour me rappeler les moments en famille. Elle ne pouvait pas le soupçonner. Prenant un air incertain, mais parfaitement amusé, je lui fis remarquer la chose suivante : « Euh… je vais prendre comme un compliment ta remarque sur le côté « vide » de mon environnement. Environnement vert et vide pour un mec bleu et rempli…..enfin…. oh, oublie ce que je viens de dire ! » Je baissais la tête, les coudes toujours appuyés sur mes genoux repliés. Même si j’étais réveillé depuis un certain temps, il était toujours tôt… Je relevais la tête au bout d’un certain temps pour dire, suite aux paroles de la jeune femme : « Okay… je suis pris au piège. Mais je n’ai pas d’argent, au cas où ta curiosité s’intéressait à ce que je peux lui offrir. Juste l’environnement… » Je recommençais à sourire avant de lui jeter un coup d’œil, puis reprendre : « J’espère que tu n’es finalement pas trop déçue par ce que tu as découvert en me suivant. Je partagerai volontiers mon rocher avec toi, si tu le souhaites. En se serrant un peu, ça pourrait le faire… mais tu ne sais pas encore sur qui tu es tombée. » Je haussais les épaules, lui montrant une fois encore que je plaisantais avant de lui demander : « Tu veux rester ? Je pense qu’on ne risque pas d’avoir une ronde de surveillance des Mangemorts avant un certain temps… enfin, je l’espère ! » Je jetais enfin un petit coup d’œil vers « le parc » qui s’était matérialisé dans le balcon du monde. Je ne savais pas si cela plaisait à Sibylle, mais j’y étais bien et mon mal de tête était désormais devenu une préoccupation secondaire.