J'avais un peu la tête dans le coton depuis ce matin. Disons que le sommeil était pas de tout repos depuis quelques jours. J'avais du mal à dormir comme un loir, voir à m'endormir tout simplement. Lorsque, après bien des heures à écouter la respiration de mes colocataires je finissais par plonger dans le sommeil, ce n'était jamais pour bien longtemps. Au maximum trois heures avant que je ne me retourne sur le dos et que la douleur ne me réveille. Morgana avait bien réussi à les refermer, mais la zone restait toujours assez sensible. À moins que ce ne soit des douleurs psychologiques. Ça ne me me surprendrait pas. J'ai lu quelque part qu'après un traumatisme, le corps se protège inconsciemment contre tout autre traumatisme. C'est peut-être ce qui m'arrive avec mon dos. Sans doute qu'il craint la nouvelle morsure d'un fouet. En même temps, au moindre claquement du vent depuis quelques jours, je me tend comme la corde d'un arc, nerveux et prêt à bondir. Ce son, il me rappelle celui dans la Grande Salle lors de notre punition. Ce n'est pas de tout repos.

Assis à ma place habituelle près de la fenêtre, dans la fond de la bibliothèque, je m'endors à moitié sur mon devoir de défense contre les forces du mal. Ce n'est pas la matière que je préfère, bien qu'elle soit particulièrement intéressante en ce moment. Le professeur White n'est pas un modèle de chaleur, mais au moins, il connaît sa matière, la maîtrise et sait transmettre l'information. Je ne suis pas son plus grand fan, loin de là, sa méthode d'enseignement est bien. Pas de grands discours inutile, il va directement à l'essentiel sauf que pour faire un devoir d'une trentaine de centimètres de parchemins sur un sujet qu'on ne maîtrise pas avec à peine quatre heures de sommeil entrecoupées dans le corps, on repassera pour l'efficacité. Je ne parle même pas de la qualité médiocre du devoir que je vais rendre...

Je dodelinais de la tête. Mes yeux se fermaient d'eux-même. Je luttai comme je pouvais contre le sommeil qui s'emparait doucement de moi. À plusieurs reprise, je relevai la tête rapidement, clignant plusieurs fois les paupières pour en chasser l'incontrôlable envie de dormir. Rien à faire. Malgré mes efforts, il finit pas me vaincre. Je me suis dit que je pouvais poser la tête sur la table juste quelques secondes. Seulement quelques minutes, fermant les yeux. Une petite sieste de quinze minutes, ça ne ferait pas de mal à personne. Enfin, c'est ce que je croyais jusqu'à ce que je me redresse en entendant des pas venir vers moi. Il fait sombre dehors, le soleil à déjà commencé à descendre derrière les montagnes de l'autre côté du lac noir. Combien de temps ai-je dormi? Une question que je n'ai pas le temps de répondre avant qu'une jeune fille aux cheveux bleus ne se plante devant moi. Je la regarde, les yeux toujours plein de sommeil, la trace de mon livre encastré dans ma joue. D'une voie rauque, je lui demande : « Je peux t'aider? »

J'avais fini par m'endormir sur mon devoir. Quand on passe plusieurs nuits éveillé à chercher le sommeil en vain, ce sont des choses qui arrivent. Je m'étais réveillé en sursaut, sans doute des heures plus tard, pour constater que je n'avais absolument pas avancé dans mon travail et qu'il faisait déjà presque nuit. En plus de passer toutes les heures après le coucher du soleil à ne rien faire si ce n'est que chercher le sommeil, je me mettais maintenant à dormir en plein jour ? Rien n'allait plus ! J'allais sans doute devoir faire une petit détour chez ma marraine question de lui demander un petit quelque chose pour m'aider à dormir. Il n'était pas question que mon travail scolaire en pâtisse. Mon avenir n'allait pas être gâché par un homme comme Menesis Blackman. Il avait déjà gâché mon année scolaire, ma dernière, je n'allais pas le laisser s'infiltrer et réduire à néant mes chances de devenir médicomage ou tout autre métier qui me tenterait de faire. De belles réflexions qui furent interrompues pas l'arrivé d'une serpentarde. Une fille aux cheveux bleus ! C'était pour le moins original. On peut dire qu'elle savait se faire remarquée.

« Tu es bien Scorpius? », me demanda la fille aux cheveux bleus. Je la fixai quelques secondes, cherchant à la replacer dans mon esprit encore endormi. Elle était de serpentard, mais lui avais-je déjà parlé ou non ? Je ne le pensais pas. Pourtant, j'avais bien l'impression de la connaître, mais de où ? Là, c'était le néant ! En même temps, je ne devais que l'avoir croisé dans la salle commune. Être de la même maison laissait beaucoup de chance pour se croiser à plusieurs reprises laissant une impression de connaître quelqu'un sans réellement savoir quoi que ce soit sur elle ; à commencer par son nom. Elle, au moins, elle connaissait le mien. C'était un bon point en sa faveur. « Oui, c'est bien moi ! Je peux faire quelque chose pour toi ? » Elle me tendit tout simplement un bonnet au couleur de la maison des verts et argents que je reconnu comme étant celui que j'avais perdu il y a quelques jours. Comment était-il entré en sa possession ? La réponse vint plus vite que prévue : « On m'a donner ça par erreur et je pense que c'est à toi. » Je pris le bonnet, le retournant pour voir l'identification à l'intérieur. Un "SHM" était bien brodé sur la doublure confirmant l'appartenance de cette tuque à ma personne. Sauf que, pourquoi on le lui avait donné à elle ? « Merci ! Mais... euh... Pourquoi on te la donné à toi ? » Comprenez-vous, il n'y a pas de raison de se mélanger. Ce n'est pas comme si je n'avais pas pris la peine de l'identifier comme il se doit.

« Je crois pas qu'on se connaisse. Enfin, tu sembles savoir qui je suis, mais moi j'ignore ton prénom. Scorpius Malfoy, heureux de faire ta connaissance... », dis-je en lui tendant une main. Attendez, je pense que je sais qui elle est finalement. Comment on l'appelait déjà il y a quelques années ? Ah oui, c'est vrai... « Je sais qui tu es ! "La chouineuse" c'est ça ? Tu t'en es mieux sorti que moi avec le surnom pourri. J'ai eu droit au "fils de voldemort" et toute l'histoire abracadabrante qui vient avec.... » J'avais parlé d'une voix légère, un peu amusée. Avec le temps, j'avais su mettre toute cette histoire derrière moi, la trouvant amusante et ridicule. Je ne sais pas d'où elle était venue, mais c'était tellement tiré par les cheveux que je ne pouvais qu'en rire maintenant. Les enfants peuvent être tellement cruels sans même se rendre compte du mal qu'ils font. Durant des années, je détestais qu'on m'appelle ainsi. Ça me faisait mal, me faisait sentir comme un paria. J'avais bien changé durant toutes ces années.