Qu’est-ce que je fous là ?
C’était la question que je me posais, en boucle dans ma tête alors que je me dirigeais vers l’endroit où se déroulera l’entrainement des serpentards. Je n’étais pas au mieux de ma forme pour faire un entrainement. Oh j’allais mieux qu’à l’entrainement dernier, mon corps m’avait clairement fait comprendre qu’il fallait que je prenne un peu plus soin de moi si je ne veux pas mourir bêtement. J’avais diminué la fréquence où je me faisais punir « délibérément » pour faire chier les mangemorts. Je mangeais un peu plus même si la nourriture ne faisait vraiment pas envie. Malgré tout cela ne m’empêchait pas de donner un peu aux plus jeunes, ce qui fait que je n’avais toujours pas une alimentation très saine – si de base on pouvait appeler un repas complet de ce qu’ils nous servaient comme « sain ».
La grande question est donc : pourquoi je vais à cet entrainement. J’étais un boulet, clairement. Je comprenais parfaitement que la majeure partie de l’équipe ne souhaite pas de ma présence pour s’éviter des problèmes avec les mangemorts. C’est limite si je n’avais pas de la sympathie pour Aniek et Hunter, alors qu’eux-mêmes ne ressentent rien que du mépris pour ma personne. Cela devait venir du caractère, j’imagine. Snow se la jouait capitaine cool qui s’en foutait d’avoir des nés moldus dans son équipe, mais je me demandais vraiment si dans le fond, il préférerait pas que je ne sois pas là.
J’aurais pu ne pas venir. A vrai dire, au départ j’avais l’intention de ne pas venir. Quitter l’équipe puisque dans les conditions actuelles, il serait préférable que je m’efface quelque peu. En plus, nous avions perdu toutes nos batailles, il ne servait plus à grand-chose de s’entrainer...
Cependant, c’était un peu comme... une normalité. J’avais tendance à oublier ce que c’était que avant. Cette normalité banale où nous avions tous nos petites habitudes. Moi je m’entrainais le matin en pompes, traction et footing avant d’aller me laver puis en cours. Quelques entrainements au Quidditch par-ci par-là. Des vacheries balancées à Aniek sur le chemin. « Yo t’es sûre de t’être lavée ce matin ? On dirait pas », « Avec un œil au beurre noir tu serais bien plus jolie », « J’dis pas que t’es moche, j’dis juste que je t’ai jamais vu près d’un miroir », etc. Ca me manquait un peu, ce temps où j’me foutais des conséquences et où je faisais ma chieuse. Snow en avait même pâtit quelque fois – après tout, s’il devait sortir avec Sloane, il avait intérêt à savoir subir et répliquer (enfin même si ce n’est pas dis qu’il sorte avec (ahem)).

Alors me voilà. Comme pour retrouver un semblant de normalité dans la merde où nous étions fourrés. Me voilà. A côté de Mael tandis que Flocon chéri faisait son p’tit monologue. Hm ? Ah bah oui « Flocon chéri », s’il sort avec Slo ça en fait un peu un frère quoi. Même s’il aurait certainement voulu éviter ce détail.

« ... Mais ça ne doit pas nous empêcher de nous entrainer malgré tout, de montrer aux autres qu'on est encore là. »

Je me penchais alors vers Sullivan, le plus naturellement du monde, pour répliquer en chuchotant :

« L’important c’est participer et bienvenu chez les bisounours. »

J’eus un petit sourire avant de redevenir sérieuse lorsque Snow expliqua l’exercice d’aujourd’hui. Dans le fond, je me moquais mais je comprenais aussi. Et cela ne me gênait pas tant que ça. On va perdre, mais pas sans leur avoir donner du fil à retordre. Je ne me moquais pas de Snow même si cela pouvait laisser suggérer. Disons plutôt qu’il fallait savoir s’amuser d’un rien, surtout dans notre situation.
Et puis le capitaine annonça le début de l’entrainement. D’humeur taquine – c’est bien ce qui me restait – je me tournais vers Mael pour lui foutre un poing dans le bide avant de me casser avec un magnifique tirage de langue sur mon balai. Je précise que ce n’était pas un poing très fort, juste de quoi le surprendre pour que je prenne les devants et que je commence à faire des tours de terrain. Simplement pour le faire chier, comme j’avais l’habitude de faire. Et puis bon, il est censé pouvoir encaisser ça avec ses hypothétiques abdominaux.

Je fis donc quelques tours de terrain, observant la disposition que les personnes prenaient. Aniek commença par un tir qui fut raté, et je me retins de justesse de lui passer une petite vanne en passant à côté d’elle. Scorpuis ne perdit pas un seul instant pour tenter un tir mais il fut lui aussi raté. On sentait que nous étions pas spécialement à fond dans l’entrainement...
J’aperçus le cognard qui venait vers moi. J’eus un petit sourire lorsque, repérant Mael, je décidais de le réveiller un bon coup avec un tir batard – du moins si j’y arrivais. Alors je fonçais de même vers le cognard pour que l’impact prenne plus d’ampleur, et je tapais dans le cognard.

En réalité, Maël se demandait bien ce qu’il foutait là. Tout ce qu’il savait c’est qu’ils avaient perdu leur dernier match. Non, attendez, une rectification : ils avaient perdu tous leurs matchs. Non mais sérieusement, il devait vraiment y avoir quelque chose qui cloche dans leur équipe pour ne pas être capable de gagner ne serait-ce qu’un seul petit match. Le pire, c’était sûrement qu’ils n’avaient pas mal joué. Enfin, lors du dernier match du moins. Oui parce que soyons honnêtes, Serpentard avaient très mal joués leur premier match de la saison, et qui sait peut-être qu’une sorte de malédiction s’était abattue sur eux ? Il préférait se dire ça. Parce que oui, ils avaient même plus bien joué le dernier match. Le seul point négatif était que l’attrapeur adverse avait été plus rapide qu’Hunter ce jour-là. C’était pas bien grave au fond vous allez me dire, ce n’est qu’un jeu, un sport un divertissement. Mais Maël ne le voyait pas comme ça. Il était un très mauvais perdant, il détestait perdre. S’il s’engageait dans quelque chose c’était pour gagner, être en haut de l’affiche. Et pas se retrouver dans les derniers. Alors oui, ils avaient perdu tous leurs matchs mais pourtant ils étaient tous là, au rendez-vous donné par leur capitaine d’équipe. Pour être tout à fait honnête avec vous, il avait même hésité avant de se rendre à cet entraînement. Mais pourtant il y était bien. Pourquoi ? Tout simplement parce que quand s’engage dans quelque chose, il le fait jusqu’au bout. Que ce soit gagnant ou perdant. Même si, gagnant était une idée bien plus agréable et plaisante.

Il était arrivé avec quelques minutes de retard. Pas bien grave au fond, c’est une habitude chez lui et si vous le connaissez bien vous n’êtes certainement pas étonnés de cette petite révélation. Il était le dernier à être arrivé, on dit le meilleur pour la fin n’est-ce pas ? Il se plaça à côté d’Ashley et d’ailleurs pour lui signaler sa présence il lui donna une petite tape à l’épaule. Snow commença alors son petit discours, oui effectivement cet entraînement ne servait à rien. Il n’écoutait qu’à moitié ce qu’il disait, son regard se posa sur Aniek, il n’avait parlé à personne de cette conversation qu’ils savaient eu il y a quelques semaines. Les paroles d’Ashley lui arrachèrent un sourire et il ne put s’empêcher de lâcher un petit rire. Il se pencha à son tour vers elle pour lui chuchoter « L’important c’est de gagner sinon à quoi ça sert de jouer ? » Il continua d’écouter les paroles de Snow, et il ne put s’empêcher de bailler, oui bon il était un peu beaucoup fatigué. Il s’était couché très tard et réveillé très tôt… Quelle vie fatigante il menait ce petit. « Et dire que je pourrais être en train de dormir là… » chuchota-t-il à nouveau à l’attention de Rosenbach Ne les laissez pas à côté ces deux-là, ils seront forcément dissipés. Le discours se termina enfin, tout ce qu’il en avait retenu : il fallait faire comme si c’était un vrai match. Bon… il pouvait faire ça. Alors qu’il s’apprêtait à s’envoler, Ashley encore et toujours lui donna un petit coup de poing dans le ventre. Outch. Même pas mal. Il grimaça et avant d’enfourcher son balai, il lui répondit avec un magnifique doigt d’honneur. Aaaahhh l’amour…

Après avoir fait quelques tours de terrain pour s’échauffer, il observa le jeu un petit moment. Scorpius rata son premier tir, Snow tenta une passe mais le souafle est intercepté. Maël observait, son esprit était là mais il pensait carrément à autre chose, ce qui lui valut d’ailleurs un cognard en plein dans l’épaule droite. Il lâcha toutes une liste de jurons à l’encontre d’Ashley. Bon, c’était aussi de sa faute à lui il n’avait qu’à être un peu plus attentif. Allez Maël réveille-toi.

Il attrapa le souafle pour tenter une passe.

4 – 6 : Passe réussie à son coéquipier le plus proche, au final ce coup à l’épaule ne lui porte pas tant préjudice que ça.
1 – 2 – 3 – 5 : Passe complètement ratée, satanée épaule… Merci beaucoup pour ce cognard Ashley.

« L’important c’est de gagner sinon à quoi ça sert de jouer ? » me sortit-il après avoir légèrement rit à ma phrase.
« A te faire parler et ça marche très bien ! » lui répondis-je alors.

Mael et moi, nous étions toujours dans un jeu de provocation et de défi. Nous ne pouvions rester l’un à côté de l’autre sans se lancer des piques et à parler de tout sauf du sujet principal qui nous amenait. A savoir : le discours de Snow. Au moins nous pouvions dire que nous ne nous ennuyons rarement.
Sullivan enchaina par la suite sur une remarque qui me fit doucement rire. Je riais en pensant que moi aussi, je pourrais - sauf que le problème c’était que je ne pouvais pas dormir. Je ne dormais que quelques heures sur un matelas pourrave dans un endroit humide et froid. Je pourrais dormir, s’il n’y avait pas ces mangemorts de merde, s’il n’y avait pas cette stupide nouvelle hiérarchie où les nés moldus doivent être des esclaves H24. Alors je riais, mais il y avait tout de même pas mal d’amertume dans mon rire.

« Marmotte... » lançais-je alors à Mael avec un sourire taquin, mettant de côté l’amertume de mon cœur.

Après tout, il ne le faisait pas exprès. Et puis, ce semblant de normalité n’était pas pour me déplaire.
Après le discours de Flocon, nous voilà donc sur nos balais à faire des tours de terrain et à tenter des tirs avec cognard et souaffle. Chose surprenante : j’arrivais à toucher Sullivan. A l’entrainement précédent, j’avais été plus que nul à rater tous mes tirs les uns après les autres, alors ma surprise fut plutôt grande. Cependant, il ne fallait pas que je me repose sur ce seul succès. Tout peut encore changer.
J’entendis Mael sortir une flopée de jurons à la suite, alors c’est avec un petit sourire narquois qu’en passant à côté de lui je lui sortis :

« C’était pour te réveiller, la marmotte ! »

Avant de m’enfuir sans demander mon reste. Après tout, je n’allais pas rester et attendre qu’il tente de se venger en me frappant – chose que je le sentais apte à faire. Je l’observais alors tenter une passe qui fut ratée, certainement fortement dut à mon cognard. Pauvre petit ex-bouclé (il s’est coupé les cheveux, je rappelle). Je n’étais absolument pas désolé.
C’est donc avec un petit amusement sur le visage que je fonçais sur le cognard pour le balancer sur Aniek.

J’avais donc continué sur ma lancée. Je ne pensais pas réussir deux fois de suite, alors je ne partais pas vraiment gagnante lorsque je frappais de nouveau le cognard. J’avais encore en tête le dernier entrainement où j’avais enchainé les mauvais coups les uns à la suite des autres. Cependant, étrangement je réussis mon coup. Je fus tellement surprise lorsque le cognard frappa Aniek que je ne réagis pas tout de suite à sa remarque.

« Euh tu veux passer un séjour au cachot p’t’être ? J’suis moins en forme que vous donc tu vas te calmer de suite Frowein, c’est un entrainement j’suis là pour vous cogner donc vas passer ta frustration ailleurs putain. »

Je n’ai pas du tout apprécié la manière dont elle m’avait parlé. Je la savais pro sang pur, alors j’avais quelque peu du mal à rester calme en sa présence sachant ma condition. De ce fait, qu’elle se permette se genre de remarque alors que c’était le but de l’exercice, alors que j’étais sous alimentée et maltraitée, je n’appréciais pas du tout. Je savais qu’elle n’allait pas fermer sa gueule, tout ce que j’espérais c’était qu’elle n’allait pas continuer sur sa lancée. J’avais une batte, alors j’étais potentiellement dangereuse pour sa belle gueule. Qu’elle continue à me chercher et elle allait vite me trouver.
Je tentais de me calmer tout en observant Scorpius réussir à toucher Snow. J’eus un petit sourire fier. Il n’était pas mauvais, il ne l’avait jamais été, alors qu’il réussisse son coup alors que l’entrainement avait mal commencé devait certainement le revigorer.
Je ne perdis pas mon temps de même pour aller foncer sur un cognard et ainsi viser Hunter, le seul à ne pas s’être pris de cognard.