Entre James et Aurore, tout a toujours été évident. Ils étaient destinés, aussi fou et insensé cela puisse-t-il paraître. Lui jure même que lorsqu’il l’a vue la première fois, ses joues rosies par la timidité et la gêne, ses yeux océans pénétrants cachés en partie derrière ses cheveux de jais, il aurait juré l’avoir toujours connue, l’avoir toujours aimée.
Leurs vies se sont mêlées, à l’instar de leurs cœurs, et tous deux sont sortis diplômés de l’école avec d’excellents résultats ; Aurore plus que James. Elle a rapidement été engagée comme Médicomage à Sainte-Mangouste, et lui, qui a transmis à sa fille l’amour du Quidditch, au département des jeux et sports magiques.

Aurore a un jour avoué à Pandora qu’elle et James avaient évoqué sa venue au monde alors qu’elle n’était qu’en quatrième année et lui en sixième. Elle jure également que les deux années qu’elle a passé sans son compagnon à Poudlard ont été les pires de sa vie et qu’elle avait même maudit ses parents de ne pas l’avoir conçue plus tôt. James quant à lui aurait aimé avoir plus de descendants à qui vouer son existence… Lorsqu’on lui apprend que sa femme ne pourra plus enfanter, après la naissance de Pandora, son monde s’écroule. Il reporte tout son amour sur sa femme et sa fille unique. Loin d’être une princesse, Pandora est élevée avec des valeurs familiales fortes, et au sein d’un cocon de passion illimité. Elle aime ses parents plus que tout, et elle aimerait un jour aimer si fort qu’ils s’aiment et qu’ils l’aiment.


Pandora c’est l’énergie, c’est la passion à l’état pur. Elle ne s’arrête jamais, et parfois, même ses parents ont du mal à la suivre. Elle a hérité de son père ses prunelles insondables et ce caractère si pétillant et indomptable. De sa mère, douceur incarnée, elle a la crinière sombre et le teint de porcelaine, et cette loyauté infaillible qui forge la famille Gray toute entière. D’eux deux réunis, la justice, la compassion et cette façon si particulière de toujours voir le meilleur de ce monde et de prendre les choses avec optimisme. D’aller au bout de tout ce qu’elle entreprend. Parce qu’enfant déjà, jamais elle n’abandonnait. Des erreurs, elle en a fait des tas, et son entourage a cessé de compter le nombre de pétrins dans lesquels elle avait réussi à se fourrer bien avant son dixième anniversaire…

Elle a toujours été aventureuse, et curieuse de ce que la vie avait à lui offrir. Pandora elle a grandit loin des turbulences de la ville, du brouhaha des cités qui ne dorment jamais et des odeurs de goudrons ou de pétrole qui imbibent l’air. Ses parents avaient toujours rêvé d’une maison à la campagne, et elle est née là-bas, non sans difficultés, prématurée et arrachant presque à sa mère son dernier souffle de vie. Conduit avec elle en clinique immédiatement, elle ne se souvient pas de ses premiers jours d’existence. Mais papa oui, et lorsqu’il raconte les murs immaculés, le parfum insupportable de désinfectant et l’inquiétude qu’il avait de les perdre toutes les deux, Pandora sent combien c’était dur, combien il a du souffrir. Et parfois même, elle s’en veut d’avoir causé tant de dégâts… d’avoir faire tellement mal à sa mère qu’elle demeurera seule à jamais.

Mais lorsqu’ils étaient rentrés tous les trois, sains et saufs, la vie avait reprit son cours. La fillette avait adoré chaque instant à courir les champs après les papillons, à grimper aux arbres pour essayer voir les écureuils, à patauger dans les étangs pour attraper les grenouilles. Elle aimait la nature et le grand air, les histoires du soir, qui contaient mille et uns mondes fantastiques, des pays aux montagnes cracheuses de feu et aux arbres si gros que deux hommes ne parvenaient même pas à en faire le tour leurs bras tendus. Des mondes féériques aux yeux de l’enfant qu’elle était alors, pétillants de curiosité, et grands ouverts, pour ne jamais rater les merveilles tout autour.
Les Gray avaient préféré faire l’école à leur fille directement à la maison, et à partir de la nature environnante. Elle avait ainsi acquis des connaissances dans de nombreux domaines, parfois simplement en tombant dans un fossé ou en regardant les feuilles tomber en automne et être remplacées par de nouvelle au printemps. Chacun de ses parents lui avaient parlé de son métier. Maman était passionnée par l’Histoire de la Magie, elle qui venait du monde Moldu. Et papa adorait se métamorphoser pour mieux raconter les histoires, ou bien emmener Pandora aux matchs de Quidditch pour qu’elle s’imprègne de l’ambiance.

Et puis un jour, à neuf ans elle s’était retrouvée à trois mètres du sol, sans l’aide d’un arbre ou de son père. Elle n’était restée qu’un instant, mais cela avait suffit à chambouler la vie de toute la famille. Elle n’avait manifesté sa magie que peu de fois par la suite, mais cela avait suffit à ce qu’elle reçoive sa lettre pour Poudlard quelques mois après son onzième anniversaire ; cette année, après l’été, elle quittait sa campagne adorée et ses parents pour rejoindre l’une des plus grandes écoles de magie du monde. Et elle était aussi excitée que terrifiée.

Lorsqu’il avait fallut quitter les siens pour de bon, Pandora avait perdu son sourire. Elle serrait la cage d’Elios avec désespoir, se raccrochant à lui. « Tu seras mon soleil, avait-elle dit lorsque papa lui avait donné, la semaine précédente. » Son premier ami.
Par la suite, elle s’en est fait d’autres, des qui lui ressemblaient, des qui étaient son opposé. Mais elle est toujours demeurée fidèle.
Pandora c’est une élève impliquée et curieuse, mais trop dissipée, parfois trop passionnée… elle va trop loin, trop au fond des choses, et parfois, ça lui explose à la figure. Catastrophique en potions, elle n’a jamais été si soulagée que lorsqu’elle a pu abandonner cette matière après ses BUSEs. Aujourd’hui encore, elle se méfie des fioles étranges, et se tient loin des scientifiques fous. Elle préfère de loin les matières qui se rapprochent de sa passion pour la nature, les histoires extraordinaires et les essais loufoques. Comme son père, elle aime se transformer et voler des heures sur un balai, et comme sa mère, l’Histoire la fait s’évader.

Cependant, depuis que l’école est retournée aux mains de Menesis Blackman, plus rien n’est comme avant. Si Elios livre encore le courrier, Pandora ne reçoit plus rien qui ne mentionne sa mère. Elle craint pour sa vie, et lorsqu’elle voit comment sont traités les Nés-Moldus, l’inquiétude l’étreint. Elle ne sait pas comment réagir face à cette folie… c’est sa dernière année à l’école de magie, mais à bien des égards, elle a l’impression de revenir des décennies en arrière, au commencement. Elle qui connait l’Histoire par cœur craint de voir le monde tomber dans de nouvelles ténèbres. Mais elle n’abandonnera pas. Elle ne laissera rien passer. Et même si ce type au regard sombre refuse qu’elle soit égale aux autres et que les autres lui soient égaux, elle ne se sentira jamais rien d’autre qu’une sorcière parmi des milliers d’autres. Libre, vivante et prête à tout.

La famille pour elle, c’est juste deux personnes, deux âmes et leurs souvenirs, leur passé, leurs aventures, leur amour sans failles, sans limites, éternel.
Parce qu’avant d’arriver à Pandora, il y a d’autres histoires, d’autres vérités qu’il revient de conter.

D’abord, Aurore Stewart. Elle est née là, sur cette île humide qu’est l’Angleterre, bercée par le ronronnement de trois mers et un océan. Fille de Moldus. Et à l’époque, le tabou était encore vivace. Mais quand la dernière née de la famille elle a révélé ses pouvoirs de sorcière et reçu sa lettre pour Poudlard, la surprise et l’étonnement s’apparentaient plutôt à de la fierté et du bonheur. Elle est partie le cœur lourd, mais plein de rêves, quittant les siens pour la première fois. Ses parents, ses trois frères. Et lorsqu’on a posé le Choixpeau sur sa tête le premier jour, ce sourire qu’elle partage aujourd’hui avec sa fille unique a illuminé son visage d’enfant. Elle était une Poufsouffle. Elle a rejoint leur table, des cris l’acclamant. Et à quelques pas, assit parmi les fiers Gryffons, il la regardait. Son regard s’est noyé dans le sien, et elle a sut, dès cet instant, qu’ils seraient liés pour la vie.

Lui venait d’ailleurs, de l’autre côté d’un monde. Né sur le sol Américain, il n’avait cependant jamais pu en explorer les contrées. Élevé par sa mère jusqu’à l’âge de trois ans, la jeune sang-mêlé avait rejoint le sol irlandais et s’était remariée avec un sorcier travaillant au Ministère de la Magie, un Serdaigle, que James avait toujours considéré comme son père, et qui l’avait toujours traité comme son fils de sang. Il était entré à Poudlard deux ans avant Aurore, et le Lion l’avait embrasé.

Pandora connait mieux ses grands-parents maternels pour avoir passé tous ses étés chez eux, parmi les moldus, alors qu’elle n’était encore qu’une fillette innocente. Du côté de son père, c’est plus complexe, sa famille étant retourné vivre en Amérique peu après le mariage de James et Aurore. Elle ne les ainsi rencontrés que trois fois, dont une durant les vacances de Noël de l’hiver deux mille seize. Elle se souvient de la bonté presque effrayante de sa grand-mère, et des blagues de son grand-père. Elle se souvient aussi que le soir du réveillon, il lui avait soufflé combien elle était chanceuse, et combien elle lui rappelait ce fils qui n’était pourtant pas le sien, avec son regard insondable et sa passion dévorante pour la vie.

Elle avait entendu les histoires, fixé les étoiles dans les yeux de maman alors qu’elle racontait combien ce jour avait marqué sa vie. Pandora n’était pas sûre qu’il s’agisse plus de son arrivée à Poudlard alors qu’elle était fille de Moldus, que la rencontre avec son père. Elle lui avait dit avoir ressenti la paix ; cette impression d’être enfin à sa place.

Et Pandora avait rêvé elle aussi, attendu ce moment avec impatience, avec euphorie. Elle se demandait s’il était possible de ne correspondre à aucune maison, ou à plusieurs à la fois. Comment faisait le Choixpeau pour décider alors ? Et si il venait à disparaître, qui ferait la répartition ? Autant de questions qui lui trottaient dans la tête, alors qu’elle passait les portes de la Grand Salle avec les autres Premières années. Dans le train, elle avait rencontré ce garçon aux blagues idiotes qui trimbalait son rat sur l’épaule. Il lui avait proposé de venir dans sa cabine et elle avait accepté. Ils avaient discuté de leurs familles, et Pandora avait essayer de cacher combien ses parents lui manquaient déjà, alors qu’elle ne les avait quittés que depuis quelques heures… Elle s’impatientait de les retrouver à Noël, et cela avait bien fait rire son compagnon, qui lui semblait être aussi attaché à sa famille que la fillette détestait le ragoût de mouton.

Ils étaient finalement arrivés, et Pandora avait été embarqué dans le même bateau que son nouvel ami. Le lac était immense et tellement sombre que même elle, habituée à courir la nature et à nager en milieu naturel, avait eut des frissons à l’idée de ce qui pouvait se trouver en dessous de sa surface poisseuse. Elle s’était alors juré qu’un jour, elle irait voir par elle-même. L’autre rive en vue, elle avait senti son cœur cogner dans sa poitrine, si fort qu’elle avait craint qu’on ne l’entende. Mais personne n’avait rien dit, et tous s’étaient dirigés sagement et silencieusement vers leur destinée.

Tous les visages étaient concentrés sur eux ; les nouveaux arrivants, ils étaient la relève, ceux qu’on allait chouchouter et persécuter jusqu’à ce que d’autres arrivent l’année suivante. Les tables des quatre maisons étaient dressées, et tous élèves y étaient déjà installés. Cela semblait irréel à Pandora. Toutes ces lumières, cette chaleur, cette ambiance si pleine de vie. Elle sentit la hâte et l’impatience la gagner alors que son ami du train la rejoignait en grimaçant, critiquant la déco vintage et les anciens boutonneux qui les fixaient comme s'ils étaient les plats devant eux. La jeune fille l’ignora. Elle l’avait repéré, là juste devant. Il trônait sur un tabouret et semblait les fixer de ses yeux inexistants. La Directrice leur souhaita à tous la bienvenue et Pandora se mordit la lèvre pour contenir son hystérie. Elle serrait sa baguette dans la poche de son uniforme – qu’elle avait en horreur – et ne perdit pas un instant des yeux le Choixpeau, alors qu’un par un, ses compagnons étaient appelés à se soumettre à son jugement.
Puis vint enfin son tour. Et à l’instant où son nom résonna dans le silence presque effrayant de l’immense pièce, Pandora sentit une vague glaciale de panique la gagner. Elle demeura figée un instant sur place, et entendit qu’on l’appelait à nouveau. « Pandora Skylar Gray. » Cette fois, elle sursauta, et se précipita, manquant de tomber, vers le tabouret.

On déposa le Choixpeau sur sa tête, et elle leva les yeux vers lui. Elle aurait voulut lui poser tant de questions, comprendre comment il faisait pour entrer dans sa tête et savoir qui elle était sans même la connaître… Elle demeura muette cependant, attendant, les nerfs à vifs, que le verdict tombe.