Till’ it happens to you ; you don’t know, how it feels.
– Lady Gaga

La froideur du matin avait rapidement rosie ses joues, tandis qu’en grimpant rapidement les marches jusqu’à la volière, elle se frottait les mains pour lutter contre le changement de température. Le soleil pointait tout juste le bout de son nez, dans l’horizon lointain. Une présence encore bien moindre pour espérer que sa chaleur soit réconfortante. Ce matin-là, Niamh vint braver une des nombreuses nuits sans sommeil qu’elle devait encaisser depuis ce jour-là, au sein de la volière. Pourquoi ici, pourquoi aussi tôt ? Ses mains fébriles détenaient un maigre espoir. Un tout petit rien lui tenant pourtant à cœur. Elle s’arrêta quelques instants, observant la volière déjà bruyante… Elle n’osait pas. Elle était bien trop effrayée. Et si quelqu’un la voyait ? Et si son courrier était intercepté… ? Après tout, la jeune Poufsouffle n’avait aucune idée, de là où elle se trouvait, de savoir si les courriers étaient grandement surveillés ou non. En un instant, elle se dit qu’elle aurait mieux fait de poser la question à quelqu’un, avant…

Lâchant un énorme soupire, elle ravisa son idée. Elle avait bien vu ce que ça faisait que d’impliquer quelqu’un dans quoi que ce soit… Jamais elle ne pourrait assumer les conséquences et répercussions. Jamais elle ne pourrait se pardonner qu’une telle chose puisse arriver par sa faute. De bien trop nombreuses nuits blanches lui avait fait revoir sa façon d’appréhender le monde et son entourage. C’est en songeant à son entourage que Niamh prit la décision de tenter le tout pour le tout et d’écrire à sa grande sœur avec qui elle avait l’habitude de correspondre depuis qu’elle avait terminer ses études à Poudlard, l’année dernière. Son regard se baissa sur l’enveloppe au nom de Melinda. Son cœur se serra… Sa famille lui manquait. La chaleur de son edredon, les nombreux poils d’animaux sur la couverture du canapé… L’odeur si particulière des encens que sa grand-mère faisait brûler, celle du café tôt le matin lorsqu’elle se réveillait en même temps qu’elle. Le bruit de l’horloge du salon qui lui faisait tant peur la nuit lorsqu’elle était enfant… La petite lumière verte de l’écran d’ordinateur parce que son père oubliait toujours de l’éteindre. La truffe froide d’Argos sur sa joue lorsqu’il venait le temps de la dernière caresse de la journée… Sa gorge se noua à cette dernière pensée. Cette école était devenu l’enfer de sa vie où la solitude la creusait chaque jour un peu plus.
Bien décidée à tenter sa chance, le tout pour le tout, elle entra dans la volière un peu trop bruyamment, percutant un saut qui fit tomber un manche de bois qu’elle repoussa aussi tôt de son bras en râlant. Les heures de sommeil manquantes, la faim et l’irritation eurent vite fait d’elle une maladroite convertie. Ce qui bien sûr, ne plu pas aux habitants de la volière, tous excités par ce remue-ménage soudain. Elle vint attraper un hibou nommé Gudule pour l’emmener en dehors de la volière et lui accroché la fameuse lettre. Plus que quelques pas… Plus que quelques pas et elle aurait franchit le cap. Seulement, l’animal ne l’entendit pas de la même manière, sentant toute l’agitation intérieure dont elle faisait preuve, se mit à son tour à montrer les sentiments qui la traversait en s’agitant.

- H-hey, calme-toi…, tenta-t-elle en vain. Je veux juste accrocher ma lettre !

Les négociations ne suffirent pas pour autant puisque l’oiseau ne se calma pas du moindre. Niamh en vain à se demander si ces fichues bestioles n’avaient pas reçues l’ordre direct de ne rien avoir à faire avec les nés-moldus… Après tout, plus rien ne l’étonnait maintenant… Alors qu’elle se mit à soupire, résignée et prête à abandonner, quelque chose attira son attention. Plus précisément un bruit peu commun. Sursautant, Niamh se tourna aussi sec en direction de l’apparition et ne put constater avec un regard surprit qu’il s’agissait de Perrin. Bien qu’elle aurait très certainement dû se sentir coupable d’avoir été vue, ou de se demander pourquoi il était là aussi tôt lui aussi, les choses ne se passèrent pas exactement comme ça… A la place de cela, elle vit un rouquin effectuer une très étrange danse tout en se déplaçant en sa direction. Qu’avait-il en tête !? Quel était le bu-

Si le cerveau de Niamh fonctionnait toujours à plein régime, achalandé par un millier de questions à la fois, ce fut pour la première fois de son existence, un vide cérébral qui se présenta. Tout d’abord, ce fut deux mains, bien trop mal positionnées, qui virent entrechoquer son corps, lui arrachant un hoquet.

- Qu- !?

Elle n’eut pas le temps de lui exprimer sa rage puisque ce fut au tour de son front de venir se cogner contre le sien, lui arrachant une grimace. Génial, un mal de tête… C’était bien la dernière chose dont elle avait besoin aujourd’hui. Heureusement, elle savait que Phen l’attendrait dans la journée, après tout, c’était sa seule consolation du moment. Si elle avait su que sa seule consolation de la journée serait rousse… Peut-être que Niamh aurait choisit de s’assommer contre les murs des cachots pour dormir. Perrin tenta d’avancer, de reculer… Mais rien n’y fit, elle suivait tous ses mouvements. C’était une blague, c’est ça ? Une très mauvaise blague… Ou un avant goût du premier Avril. Pouvaient-ils se rendre compte de l’avance sur le calendrier et rectifier le tir… ? Non ? Bon… Il semblerait que le hibou se soit lui aussi invité dans la partie puisque ses serres s’étaient nichées dans leurs chevelures respectives. Il est vrai que les cheveux ébouriffés de Niamh pouvait se confondre avec de la paille sans entretien, mais quand même ! Elle ne comprit pas un mot de ses jurons, mais pour sûr elle y consentait.

- C’est quoi ce délire !?

Son regard jusque là concentré sur le haut descendit, rencontrant celui de son camarade d’infortune. Ok. Non. Il marchait clairement sur son espace vital et il était hors de question qu’elle reste une minute de plus dans cette position ! Elle pouvait sentir le bout de son nez gelé d’ici… Quelle horreur ! Quant il fit la remarque à son araignée, ce fut le pompom rose de trop.

- Ridicules !? Tu trouves qu’on a l’air ridicules !? Raaah ! C’est insensé ! Ce n’est pas du ridicule, c’est de l’insensé !, ragea-t-elle en soupirant. Son regard se posa sur l’araignée, avant d’ajouter : Non Morelle, ce n’est vraiment pas le moment de s’inviter.

La patience de Niamh était mise à bout, elle le sentait. Elle le sentait bouillir progressivement et la présence du rouquin ne faisait pour rien arranger son humeur. Encore plus lorsqu’il posa ses mains sur ses épaules, lui rappelant l’accident précédent. Sans plus attendre, la jeune fille se crispa et lui adressa un regard de reproches et de colère, la bouche pincée. Lorsqu’il tenta de pousser de ses bras pour les séparer, elle fit une grimace.

- C’est coincé ! Sérieusement, tire pas plus tu vas nous déchirer ! Arrête !

La phrase qui suivit fut le coup de grâce qu’elle ne pensait pas possible. Ses sourcils se froncèrent beaucoup plus sévèrement tandis qu’elle tentait de se contenir.

- Comment ça « j’ai fait quoi » !? T’insinue que c’est de ma faute !? Tu m’expliques comment je serai capable de faire ça, enfin ! J’ai même pas de baguette ! C’est ça, ta baguette, sors la ! Rends toi utile plutôt que de forcer, tu vois bien que ça marche pas.

Tentant le tout pour le tout, le regard de Niamh se dirigea vers le haut, tentant en vain de pouvoir voir leurs fronts. Elle monta ses mains jusqu’au point de liaison tentant de passer ses doigts entre les deux… En vain. Impossible d’insérer quoi que ce soit entre. La jeune Poufsouffle lâcha un autre soupir de rage. Son regard s’agrandit d’indignation lorsqu’elle reçu des postillons de la part du Gryffondor qui se débattait avec ses cheveux sauvages.

- Je t’en prie, te gêne pas. Je te rappelle que j’suis qu’à quelques centimètres, bon sang !! Raah, c’est pas possible, c’est pas possible… C’est… Une plaisanterie, un gag… Une caméra cachée ! C’est ça, ils ont décidé de tourner une émission ici et de nous piéger. TRES drôle, maintenant, ça suffit ! Ou une punition ? Je promets de ne plus venir passer du courrier en douce, détachez-nous...

Suite à son discours inutile, Niamh ferma les yeux pour éviter de devoir faire face à son visage encore une fois, Niamh chercha dans son esprit quelque chose qui pourrait leur venir en aide… Tout, n’importe quoi tant qu’elle puisse être libérée ! C’était avec Phen qu’elle voulait passer la Saint Valentin, pas lui !

Quand parfois je ne suis pas,
ce que tu attends de moi.
– Axel Bauer & Zazie

Niamh ne savait définitivement pas ce qui pouvait être la cause de tout ce remue-ménage, mais elle était sûre d’une chose : C’était tout sauf amusant. N’importe qui dans ce château aurait pu lui convenir, elle n’était pas du genre difficile. Tout mais pas Perrin O’Riordàn ! Il n’y avait pas être plus désagréable que lui et sa présence lui donnait déjà la migraine. Ou peut-être était-ce le manque de sommeil… Qu’importait, il serait aujourd’hui responsable de tous ses maux. Déjà bien à fleur de peau, la jeune apprentie Sorcière était bien décidée à faire preuve de toute sa mauvaise foi et de profiter pour déverser toute sa frustration. Qu’il serve à quelque chose, pour une fois ! Elle ne releva pas ses premières remarques, préférant bouillonner de rage, intérieurement. Ce qui ne l’empêcha pas de soupirer bruyamment. Il renouvela les tentatives -vaines bien évidemment- pour les décrocher, ne faisant qu’empirer le mal de tête de la Poufsouffle et lui arrachant une nouvelle grimace qu’elle agrémenta d’un commentaire lacérant.

- Pour une fois, je suis d’accord avec toi. Je ne rêve pas de me faire déchirer le visage, mais je le tolérerai bien plus si ça m’épargne cette situation !

La colère de Niamh aurait pu, dans une éventualité éventuelle, s’apaiser avec et échange. Car après tout, ils avaient un terrain d’entente : Aucun d’eux ne voulait que la situation s’éternise plus. Lorsque l’on vit sur des biens trop grandes espérances, il nous arrive parfois de tomber de haut. Bon sang que la chute fut difficile lorsqu’il la porta pour responsable de tout ce merdier ! Aussitôt enflammée, la brune répliqua de plus belle, assurément vexée qu’il puisse la croire capable d’une telle chose. Non pas que l’envie de lui pourrir sa journée ne la tentait pas parfois, au vu de son humeur toujours exécrable, mais pourquoi irait-elle gâcher la sienne !? Surtout la journée où elle devait retrouver Phen. Comprenez-vous réellement l’enjeu ?! Phen avait accepté de la voir. Un 14 février. À la Saint Valentin. La. Saint. Valentin. Bien évidemment que Niamh aurait tout fait pour ne jamais se retrouver dans une telle situation de son plein gré ! Quoi qu’en présence du rouquin, Saint Valentin ou non, elle ne se serait jamais infligé ça délibérément.

- Que tu fasses quoi avec ta baguette…? T’es sérieux ? commença-t-elle, choquée. Allo la terre, on suit les mêmes cours, Non ?! Enfin, on suivait les mêmes cours… BREF. Un Finite Incantatem, ça te semble pas judicieux d’au moins essayer !? Ou Destructum ? On est censé le voir cette année… Je sais même plus où vous en êtes ce mois-ci dans le programme des sortilèges...

Étaient-ils sérieusement dans la même année !? N’importe quel Sorcier censé aurait pensé au Finite Incantatem. Et après, c’était elle, la née-moldue ! Pendant un instant, elle se demanda où allait le monde… Chose qu’elle oublia rapidement puisque ses pensées se dirigèrent vers le fait qu’elle n’avait pas reçu la suite du programme des Sortilèges par Emma… Sans pratique et surtout sans baguette, cela relevait du complexe au possible. Mais Niamh se fiait sur son excellente mémoire. C’est bien pour cela que malgré tout, elle continuait de s’accrocher à ces quelques résumés de cours que sa meilleure amie pouvait lui refiler en douce, entre deux couloirs. Enfin… Niamh pestiféra de son sort contre tous les dieux. Et surtout contre les blagues moldues aimant prendre au piège de pauvres innocents pour faire rire l’assemblées des téléspectateurs. Ses réflexions totalement personnelles ne semblaient pas être au goût du rouquin puisqu’il se mit à son tour à perdre patience, lui lançant la réplique sur le fait qu’elle gesticulait trop… Qu’est-ce qu’elle y pouvait si la situation la mettait hors d’elle !

- Quoi ??! Sérieusement !? Et dire que je me suis inquiétée pour toi ! Qu’est-ce que je peux être naïve, vraiment !

Elle n'en revenait pas d'une telle ingratitude... Après cet événement, cette nuit là... Elle pensait que les choses allaient changer. Elle était même allée demander de ses nouvelles à Phen ! Cette réflexion la mit hors d'elle. Et ce hibou sur leur crâne se secouait de plus belle… Elle mourrait d’envie de lui faire un Aresto Momentum, au moins le temps qu’ils puissent régler le problème actuel sans avoir à se soucier de se faire lacérer le crâne impunément. Le commentaire sur le fait qu’elle ne soit pas franchement agréable lui resta en travers de la gorge. Comment osait-il ?! Le penser était une chose, elle-même n’arrivait clairement pas à supporter son air dédaigneux et constipé à chaque fois qu’elle passait du temps avec Phen. Il y a pour elle, des limites à ne pas franchir ! Qu’il garde pour lui ses réflexions, elle ne voulait rien entendre ni rien savoir de lui !

- «Bidon», comment tu peux dire ça ! Tu sais même pas ce que c’est je suis certaine… Et non merci, j’ai clairement pas encore envie de mourir. Encore moins avec toi.

Pendant un instant, Niamh tenta de se calmer et de relativiser. Il ne fallait plus qu’elle se laisse guider par la colère, elle devait relativiser. Avant tout, chercher à comprendre pourquoi ils s’étaient retrouvés ainsi… S’ils devaient passer le reste de la semaine ainsi, elle allait certainement virer folle.

- (…)Si t'as pas remarqué, t'es une naine et moi, je ne le suis clairement pas. Pour éclairer ta lanterne, c'est pas top pour le dos de jouer les statues brisées du cou...

Elle eut l’envie durant un instant d’être piquante et de simplement lui répliquer qu’il n’avait qu’à assumer sa condition de géant, mais il avait raison… La position était loin d’être confortable. Elle soupira, le regardant avec sérieux.

- Hormis s’assoir, je ne vois pas grand-chose qui puisse être confortable dans notre situation !

Même si elle ne savait pas trop comment et n’y avait nullement réfléchit, être assis leur permettrait d’être à une hauteur plus égalitaire. Quelle idée aussi, de lui avoir cogné le front ! Maintenant qu’elle y pensait… Et à cet… Accident, avec les mains de Perrin, elle s’estimait chanceuse… Enfin, chanceuse dans son malheur. Elle aurait très certainement achevé le rouquin à coup de pierres si ses mains étaient restées collées sur sa poitrine… Prenant les devants, elle s’abaissa – très vite suivit du jeune gryffon, bien obligé – pour tenter de rejoindre le sol. S’ils pouvaient amoindrir l’inconfort, c’était toujours ça de gagner. Pendant le mouvement, Niamh vit une feuille s’échapper de la poche de son camarade d’infortune…

- Bouge-pas, y a un truc qui est tombé derrière toi.

Tendant son bras tant bien que mal vers l'arrière du jeune garçon, Niamh attrapa le bout de papier avec facilité. Néanmoins, sa curiosité fut piquée à vif. Surtout lorsqu’elle vit les lettres moulées (…) je t’aime (…), tandis que la feuille s'était dépliée dans le mouvement.

Ce simple petit bout de papier aurait pu paraître banal. Quelques mots griffonnés, exprimant ses pensées les plus profondes. Une lettre des plus normales en soi. Elle aurait pu être banale, si elle n’avait pas entre-aperçu le nom de Phen associé au contenu amoureux de la lettre. Elle n’eut pas besoin d’en lire plus tandis qu’elle avait tendu la lettre pour lui rendre. Ces simples petits mots, volés d’un regard… Ses yeux roulèrent jusqu’à Perrin. Accusateurs, surpris, effarés. Elle ne savait quels mots employer pour les décrire. Et pour une fois, Niamh ne dit rien.

If eyes could speak.
- Devon Werkheiser

Miss-je-me-la-pète... Il venait vraiment de la surnommer Miss-je-me-la-pète ?! Niamh vit soudainement rouge… A moins que ce ne soit la couleur de sa chevelure qui lui sorte par les yeux. Comment osait-il la traiter ainsi alors qu’elle cherchait des solutions logiques pour les sortir de là ? Pourquoi ne réfléchissait-il pas comme un Sorcier ?! C’est le premier réflexe qu’il devrait avoir, penser avec sa baguette !

- J’ai des idées, AU MOINS…, le silence qui suivit cacha le long soupir qu’elle se contenait de lâcher… BREF. Elle est tombée où !?

Peut-être avaient-ils encore de l’espoir… Peut-être qu’elle n’était pas loin et qu’il pourrait enfin se rendre utile. Si au moins ils pouvaient se déplacer jusqu’à la baguette… Tenter n’importe quoi plutôt que de ne rien faire et de se regarder dans le blanc des yeux !

- Et combien de fois je vais devoir te répéter que je n’ai PAS provoqué ce sortilège ?! J’ai même plus de baguette ! Tu veux que je fasse ça comment ?!

Si seulement il pouvait réfléchir quelques instants, ragea-t-elle intérieurement. Ce n’était pourtant pas compliqué, surtout selon elle. Chaque problème possédait sa solution après tout. Pour le merdier dans lequel ils étaient fourrés, il y en avait certainement une. Dans tous les cas, L’administration ne laisserait certainement pas un élève et un né-moldu collés ensemble. À moins qu’ils ne décident de ne plus avoir de considération pour ce dit-élève et qu’il l’envoi aux cachots avec son nouveau binôme. Pendant quelques instants -tandis qu’il débattait encore sur l’utilité d’une information vraiment peu importante sur les caméras-cachées- elle eut l’image en tête d’un sort permanent… Perrin serait donc obligé de la rejoindre dans les cachots… Ils devraient s’occuper des corvées ensemble et… Et rester collés absolument toute la journée. Même dans les moments intimes. Un vent d’horreur parcouru son échine. Il était simplement hors de question que ça arrive.
Fort heureusement pour elle, il dériva la discussion concernant le malaise que pouvait provoquer leur position. La seule option qu’il leur restait était de s'asseoir, bien que cela ne l’enchante guère que d’avoir à se taper le sol glacial et rempli de fientes de la volière… Tout allait bien dans son esprit jusqu’à ce qu’il soulève un détail… La position dans laquelle ils devraient s’asseoir. Ah. Effectivement, expliqué comme il venait de le faire, ça donnait bien moins envie. Surtout couplé aux deux éléments de froideurs et de fientes. Elle soupira, cette fois-ci de manière audible.

- Génial…, maugréa-t-elle finalement.

Enfin, elle vit quelque chose tomber sur le sol. S’en suivit de révélations qu’elle aurait peut-être voulu ne jamais savoir… Mais ce qui était fait était malheureusement impossible à défaire. Dès qu’il comprit de ce dont il était question –certainement au regard bleuté le jaugeant– il reprit contenance en lui arrachant le papier des mains, un peu trop précipitamment à son goût. D’ailleurs, elle n’eut pas le temps de digérer ni le choc, ni l’information car la colère semblait gagner le gryffon face à elle… Elle se retrouva empoignée par les bras et secouée tel un prunier. Accusant le coup et tentant de comprendre ce qui était en train de se passer, elle fronça les sourcils. Le regard noir qu’il lui adressait et ses mots hurlés à son égard étaient loin d’être agréables… Alors, elle posa ses mains sur les siennes en vue de les détacher d’elle.

- Arrête, tu me fais mal !!

Bien loin d’être totalement douillette, la situation n’était pas confortable, d’être ainsi abreuvée de haine. Dans un sens, elle comprenait qu’il puisse paniquer –surtout après ce qu’elle venait d’y lire– mais ce n’était pas une raison de devenir aussi brutal ! Alors, elle détourna son regard, les sourcils toujours froncés.

- Rien… J’ai rien lu.

En fait si. Peut-être pas tout, mais suffisamment pour comprendre le sujet principal. Pour comprendre la situation. Pour comprendre bien des choses… Niamh était une piètre menteuse, mais si c’était pour être autant brusquée, elle préférait nier et oublier tout ce qu’elle venait de lire. Enfin… Si elle pouvait réellement oublier ça. Perrin. Phen. Merde ! Comment était-ce possible !? Et puis d’abord… Est-ce que cette lettre était un aveu ? Ou bien… Etait-elle tombée sur une de leurs correspondances… ? Son sang se glaça à l’idée que Phen puisse sortir avec… Avec lui.

It’s like I’m the one, you like to blame.
But not today !
- Simple Plan

La meilleure idée qu’ils pouvaient avoir était certainement de retrouver cette fichue baguette. Avec le visage de Perrin collé au sien, elle ne pouvait pas voir grand-chose… Alors elle tenta de rouler ses yeux sur le côté pour regarder derrière lui. Rien… Ni à droite, ni à gauche. Rien qui semblait ressembler de près ou de loin à une baguette. Si le gryffon disait vrai et qu’elle avait roulé dans les escaliers, ils allaient avoir encore beaucoup de troubles pour la récupérer.

- Rien du tout… On peut éventuellement tenter d’au moins faire le tour de la volière, voir si elle n’a pas roulé ici… C’est le seul espoir qu’on a de pouvoir défaire ce stupide sortilège !

L’idée même de devenir son chien de poche pour une durée indéterminée était bien loin de l’enchanter… Enfin, les choses auraient pu s’apaiser ainsi, retomber et couler dans une autre direction. Cela était bien évidemment sans compter sur l’aspect borné du rouquin qui la maintenait responsable de cette catastrophe. En plus de sa mauvaise foi, il osa lui rappeler l’évidence que les Sorciers n’avaient pas forcément besoin d’une baguette pour se servir de la magie. Même si intérieurement, son égo s’en trouva blessé de ne pas avoir songé à cette possibilité en ne se concentrant que sur la baguette, Niamh n’avouera jamais que cette réflexion remua bien plus de choses en elle qu’elle ne l’aurait cru… Son esprit se mit à nouveau à réfléchir à vive allure. Elle se souvenait du cours de Winslow à ce sujet dans les cachots. Ce rappel avait été un déclic dans son esprit. Bien évidemment que les événements magiques se manifestaient en dehors des baguettes. Bien évidemment qu’ils apprenaient l’utilité d’une baguette en première année. Mais le monde des Sorciers se reposait trop sur ces objets qu’elle en avait finalement oublié qu’il existait d’autres options. Etait-ce voulu… ? C’était une bonne question qui prenait naissance en son sein. Car après tout, ils n’étaient plus que des Sorciers inutiles, sans baguette. Inoffensifs… Parce que personne n’avait prit la peine de leur apprendre à se servir réellement de la magie. Elle avait encore pas mal de croûtes à acquérir en connaissances magiques, c’était certain.

- Comme tu le dis si bien, moi non plus j’vois pas l’intérêt de me retrouver collée à toi ! J’veux dire… Non ! Y a milles personnes avec qui il aurait été plus agréable de passer un moment. Surtout la Saint Valentin, sérieux… En plus toi tu peux pas m’encadrer depuis le début ! J’suis pas maso, j’avais pas envie de me retrouver là. J’ai mon voyage !

Bien que ses lèvres fussent pincées, Niamh se trouva intérieurement surprise d’avoir pu balancer ça aussi directement. Ce n’était ni une nouveauté ; ni un miracle… Il était clair que le rouquin avait un problème contre elle. Sa présence était aussi agréable que de s’asseoir sur un cactus. Particulièrement aujourd’hui. Elle ne savait pas si c’était lui qui était plus exécrable que d’habitude ou si elle avait bien moins de patience que d’accoutumance. Après tout, le peu de sommeil qu’elle emmagasinait depuis la nuit de torture dans les vieilles salles commençait à jouer sur ses nerfs. Elle allait finir par avoir une montée de lait avec toutes ces histoires et finir par être plus désagréable qu’elle ne l’aurait voulu.

Ce qui s’en suivit déclencha une nouvelle tempête de questionnements dans son esprit pourtant déjà trop vivace. Elle avait associé la thématique de la lettre à deux noms. Celui de Phen et celui de Perrin. Et au vu de la tempête de sentiments qu’elle avait déclenché chez le rouquin, elle se doutait bien que toute cette histoire c’était que la partie visible de l’iceberg.

- Ok… Je t’ai vu chanter la pomme dans la lettre…

Elle racla sa gorge, tentant de retrouver contenance, tandis qu’elle n’osait toujours pas le regarder en face. Niamh se sentait tellement frustrée soudainement qu’elle ne savait même plus ce qu’elle devait en faire.

- C’est pas ce que je crois… ? Ok… C’est… T’aurai pu me dire que t’étais avec lui plutôt que de m’envoyer chier à chaque fois que je m’approchai ! Ca aurait été plus clair et on aurait évité bien des choses ! Raah, bordel !

Au loin, elle entendit le sermon de sa grand-mère sur le fait de jurer, mais là, c’était bien trop. Elle passa ses mains sur ses joues et ses yeux, tentant de retrouver son calme intérieur. Sérieusement, qu’avait-elle fait aux créateurs ou à quiconque s’amusant avec eux pour mériter d’autant de coups de poings dans la tronche ? Phen. Et Perrin. C’était clair maintenant ! Phen clamait un peu trop souvent son hétérosexualité, comme s’il devait se justifier de quelque chose… Cela expliquerait beaucoup de choses. Mais si Perrin ne l’aimait pas, était-ce parce qu’elle cherchait souvent l’attention du beau gryffon… ? Ou avait-il comprit et traduit les regards qu’elle lui lançait… ? Dans tous les cas, cette situation devenait de plus en plus malaisante…

The innocence can never last.
- Green Day

La jeune fille avait décidément l’impression qu’ils ne faisaient que se renvoyer la braise ardente, telle une bombe prête à exploser. L’un comme l’autre se renvoyait constamment la faute. Comme s’il ne leur était jamais venu à l’évidence qu’ils n’étaient pas fait pour s’entendre. Ils auraient pu dans d’autres circonstances très certainement. Mais dans cette existence, rien ne s’enlignait pour les rendre amicaux l’un envers l’autre.

- (…) Et puis, c'est pas particulièrement agréable de vous voir vous dévorer des yeux devant moi. (…)

Attendez. Stop. Arrêt sur image ! Stoppez la caméra ! Vous avez bien entendu ce qu’il vient de dire ? Vous dévorer des yeux ? Ce vous incluez à la fois Phen et elle, non !? Et puis Perrin était son meilleur ami. Le mieux placé pour comprendre et connaître le jeune gryffon… Niamh écarquilla les yeux quelques instants. Phen était quelqu’un d’amical, c’était pour ça qu’il acceptait de lui parler, non… ? Après tout, elle s’était bien contenté de prendre ce qu’on lui offrait ; autrement dit, des sourires, des rires, des discussions diverses et variées. Et il la dévorait des yeux !? Depuis le début de l’année, il n’a que ton nom dans la bouche. Soudainement, la jeune Sorcière se gonfla d’une fierté nouvelle. Alors comme ça, elle ne le laissait pas indifférent… ? Puis, elle ne pouvait pas lui en vouloir de faire semblant pour quelque chose… Elle avait elle-même fait semblant de s’intéresser aux créatures magiques, particulièrement aux hippogriffes, pour lui.

- Nous… Dévorer des yeux ? , fit-elle, machinalement dans un murmure, se questionnant plus elle-même que lui.

A vrai dire, elle n’avait aucunement conscience de tout ça. Pour elle Phen était hors d’atteinte. Le garçon parfait dont elle ne pouvait que se contenter de rêver. Celui dont toutes les filles rêveraient, après tout il avait du succès dans leur promotion. Elle n’arrivait pas à concevoir qu’une fille aussi normale qu’elle puisse attirer son attention… Elle fut tellement transportée par la bonne nouvelle qu’elle ne s’énerva pas d’être à nouveau traitée de somnifère. Ce qui ne l’empêcha pas tout de même d’être vexée.

- Quoi ? Tout ça parce qu’on n’enfreint pas le règlement, on est des somnifères !? Tu vois bien où ça vous a mené, où ça nous a mené, la dernière fois ! Ca finit toujours comme ça.. Phen l’a peut-être comprit lui !

Niamh soupira. C’était toujours la même chose… Elle n’était pas assez amusante, elle ne prenait pas assez de risques… Bla bla bla… Ils parlaient tous sans savoir. Ils parlaient tous parce qu’ils étaient chanceux. A chaque fois qu’elle voulu déroger un peu à la règle, elle avait finit avec des ennuis. Dont un qui aurait pu mal finir, si on n’était pas venu la secourir. Elle aurait pu mourir noyée… Puis il y avait cette nuit à laquelle elle avait fait allusion. Même sans rien demandé, ça lui était retombé dessus. Puis elle s’était fait sa révolution personnelle en s’engageant dans l’équipe de Quidditch clandestine. Parce que c’était une chance qu’elle n’aurait peut-être plus jamais que d’accomplir son rêve d’entrer dans une équipe. Pour finir, il y avait cette lettre… Cette fichue lettre qu’elle avait essayé de passer en douce –et qui gisait par terre, proche de la chouette à laquelle elle avait tenté de l’accrocher– qui se résultait par un sortilège la collant au rouquin. Non, elle n’était décemment pas chanceuse.

Si la jeune Poufsouffle avait des idées très arrêtées sur le gryffon qu’elle avait en face d’elle, elle ne put que se résigner à demander de l’aide concernant le petit hibou paniqué accroché à leurs têtes. Elle le laissa donc faire tout en l’observant. Il baissa ses mains avec douceur, lâchant prise sur sa chevelure et son cuir chevelu meurtri. Il lui parla avec une voix douce qu’elle ne lui connaissait pas et le petit oiseau sembla se calmer. Au moins, ça avait le don d’être efficace, même si elle n’avait strictement rien compris.

- Tu lui as dis quoi.. ?, dit-elle, tout aussi étrangement calme.

Elle l’observait avec curiosité, se disant qu’il se serait bien trop entendu avec ses parents, fins défenseurs de la cause animale à travers le monde. Elle revit pendant quelques instants son père tenter d’apaiser les animaux sauvages capturés et menés jusqu’à leur clinique, afin de leur administrer des soins. Il leur parlait comme s’il s’agissait d’un vieil ami, avec une grande considération et beaucoup de douceur. Chez eux, ils avaient l’habitude de parler aux animaux comme des membres à part entière de la famille, ce n’était pour elle pas quelque chose de nouveau ou d’étrange. Ce qui était étrange était ce dialogue qui s’instaurait entre eux. Comme si la communication allait au de-là des mots.

- Oui, t’as sûrement raison… Va falloir qu’on réfléchisse calmement à une solution. Essaie de t’asseoir en premier..

Là était donc le début des moments embarrassant… Il fallait s’assoir. Elle ne savait pas trop comment ils allaient procéder, mais ils allaient devoir coopérer pour arriver à quelque chose de concret. Lorsqu’il amorça sa descente, elle se senti aspirée vers le sol, ayant oublié que tous ses mouvements étaient maintenant liés aux siens. Tandis qu’elle tentait de placer ses jambes afin de se positionner correctement, elle ajouta sans même le regarder :

- C’était sympas tout à l’heure, pour le petit hibou.