Phen n’était vraiment pas bien depuis les récents évènements. Il y avait eu cette histoire dans la grande salle. Il avait entendu dire qu’un nombre conséquent d’élèves avaient été punis et que dans le lot, il y avait eu Niamh. Il fallait qu’il arrive à la voir pour savoir si ça allait et si elle tenait le coup. Il espérait qu’elle n’avait pas trop souffert même s’il savait pertinemment que le sort subi avait été atroce. Il avait entendu les cris des élèves punis et avait d’ailleurs tenter de montrer son mécontentement aux côtés de Sinéad et d’autres élèves de Poudlard. Bref, aujourd’hui, il n’était pas vraiment là, ce n’était que l’ombre de lui-même. Il ne pensait qu’à cette soirée horrible avec les cris des punis. Il ne faisait que penser à cette jolie brune, se demandant s’ils ne l’avaient pas complètement détruite. Il espérait pouvoir l’apercevoir aujourd’hui pour s’en assurer et surtout pour la soutenir comme il le pouvait. La voir lui ferait du bien et surtout, il ne se sentirait pas inutile. Il avait passé la matinée à errer dans les couloirs et à faire le fantôme dans les différents cours qu’il avait. Il ne passa même pas par la case grande salle pour aller manger. Il n’avait pas l’appétit. Il décida d’aller se caler devant la salle de son prochain cours.

En passant dans un couloir, il se rendit compte qu’une jeune fille était adossée à un mur, complètement désemparée. Il ne mit pas longtemps avant de la reconnaître, il s’agissait de Niamh et à voir comment elle était, elle n’allait vraiment pas bien. Il n’hésita pas, il alla vers elle s’agenouilla en face d’elle. Il vint poser ses mains sur celles de la jeune femme avant d’ouvrir la bouche.

« - Niamh… J’espérais pouvoir te voir aujourd’hui… Je suis tellement en colère face à ce qu’ils t’ont fait subir. »

Il vit les blessures de la jolie brune. Qu’avait-elle fait ? Pourquoi donc était-elle en sang comme ça ? Il fallait soigner ça et surtout, il fallait faire en sorte de ne pas être vu. Sans lui laisser vraiment le temps de dire quoique ce soit, il la prit dans ses bras pour la porter et la conduire vers le placard à balais le plus proche. Une fois à l’intérieur, il alluma la pièce de sa baguette et posa finalement Niamh au sol pour reporter finalement son attention sur ce sang.

« - Qu’est-ce que tu as fait Niamh ? Pourquoi tu saignes comme ça ? »

Il déboutonna le bas de sa chemise pour en déchirer un morceau. Il le prit et tamponna la blessure de la jeune femme pour tenter de la soigner. Il n’aimait pas la voir comme ça. De sa main libre, il vint sécher les larmes de la jeune femme qui lui faisait battre son cœur un peu plus fort. Il aurait préféré qu’elle ait le sourire, qu’elle le prenne dans ses bras pour l’embrasser tendrement. Malheureusement, ce n’était pas ce qui se profilait. Pour l’instant, il jouait les infirmiers et tentait de la consoler.

But I'm only Human,
And I bleed when I fall down.
- Christina Perri ♫

L’esprit embrumée et totalement perdue dans ses pensées, Niamh en oublia totalement l’endroit où elle se trouvait. Peu lui importait d’entendre des raillements sur son état, d’imaginer leurs regards se poser sur elle, mélangeant le dédain et la pitié. Qu’importait qu’elle paraisse minable, au milieu de ce couloir, sans aucun habit de Sorcier, la reléguant à ce fameux titre dont elle ne voulait plus… Cette ascendance commençait à devenir bien trop lourde sur ses épaules. Elle qui avait toujours tant espéré du monde Sorcier, d’enfin appartenir à la bonne dimension. D’être là où elle devait être, tout simplement. Pourtant, la tournure des derniers événements commençaient à la faire douter. Si elle n’avait plus sa place ici, pourquoi ne les renvoyaient-ils simplement pas chez eux ? C’est fou comme elle commençait à envier les bancs de l’école moldue en cet instant. Comme si là-bas, le fait de se sentir différente était bien moindre qu’ici bas.

Elle n’eut pas le temps de plonger plus dans sa fausse mélancolie du monde moldu car très vite, elle sentit que quelqu’un s’était approché. Son corps se crispa complètement, tordant jusqu’à ses orteils dans ses bottes. Allait-on la réprimander ?! Après tout, elle ne réalisait pas ses tâches ménagères et elle s’était roulée en boule en plein milieu du couloir… Un vent d’angoisse naquit, aussitôt étouffé lorsqu’elle reconnu la voix de la personne s’adressant à elle. Phen. Elle eut le souffle coupé, s’inquiétant de nouveau de se sentir aussi vulnérable. C’était bien loin de tout ce qu’elle voulait… Bien loin de tous ses rêves… Un sourire, quelques rires, des regards timides, n’osant l’approcher. Cherchant à se faire belle, intéressante… Voilà comment elle voulait que Phen la voit. Pas comme ça… Pas maintenant, l’air affolé et la main en sang. Le visage creusé par la famine et le manque de sommeil. Par toute la torture psychologique à laquelle elle devait faire face… Pourtant, sa voix se fit chaleureuse, rassurante. Elle en avait en ce moment, cruellement besoin. Besoin de ne plus être seule. Qu’importait les circonstances… Elle avait besoin d’un ami. D’ordinaire bien bavarde, lorsque Niamh avait relevé les yeux vers lui, elle ne put que constater l’absence de ses mots. La gorge nouée et la tête complètement secouée, elle ne sut que répondre à ses mots. Moi aussi, j’espérais pouvoir te voir. Non, c’était faux. Elle ne voulait pas le voir dans ces conditions… Peut-être se serait-elle seulement contenter de l’observer de loin, lui et son foutu sourire qui la faisait rêver. Mais les mots restèrent coincés. Perdus, inaudibles, désespérés. Tout comme elle l’était.

Au plus profond d’elle, Niamh voulait disparaître. Que personne ne fasse plus attention à elle, qu’elle finisse par faire parti intégrante du décor. Alors, peut-être qu’en se faisant progressivement oubliée, les choses iraient mieux. Qui avait besoin d’elle ici ? Qui avait besoin d’une née-moldue ? Elle entrouvrit légèrement les lèvres, mais aucun son n’en sorti. Alors, pour seule réponse, Phen prit les choses en main. Ou plutôt, il la prit en bras… Hoquetant de surprise, Niamh s’accrocha autour de son cou par reflexe, prise d’une bouffée de panique. Elle ne comprit pas réellement ce qu’il se passait, ni pourquoi soudainement, il avait décidé de la prendre dans ses bras… Et surtout que voulait-il faire !? Où voulait-il aller !? Le cœur de la jeune Sorcière se mit à battre à tout rompre. Bien loin de ce qu’elle avait pu imaginer d’une romance littéraire où elle fondrait d’amour pour son preux Chevalier. Non… Niamh paniquait à l’idée de ne plus avoir le contrôle sur son corps encore bien trop douloureux. N’ayant pas la force de répliqué, elle se contenta de s’accrocher avec force à Phen, continuant sa marche malgré tout. Tentant de contrer la panique montante, Niamh se concentra sur une astuce que Melinda lui avait donné… Il fallait qu’elle trouve cinq choses qu’elle pouvait voir… La nuque de Phen, le mur de pierres, sa main, ses cheveux, le sol. Puis, quatre qu’elle pouvait entendre… Ses pas, Oh… Sa respiration, le bruit du sang tapant dans ses tempes, le vent contre les fenêtres… Trois qu’elle pouvait sentir. L’odeur métallique du sang, celle de Phen… Son esprit s’arrêta quelques instants. Il sentait bon… Son cœur se serra dans sa poitrine.

Tout aurait pu se terminer à peu près calmement malgré le fait que sa tête lui tournait de manière intense. La technique d’enracinement de Melinda était toujours efficace pour contrer la moindre crise d’angoisse. Seulement, Phen prit la décision de se rendre dans un coin isolé, où ils pourraient être tranquilles, loin des regards. Sage décision que tout le monde aurait approuvé. Ce ne fut pas le cas de Niamh. Lorsqu’elle vit apparaître le petit espace clôt et noir, elle eut envie de fuir. Sa force n’égalait pas celle du jeune Gryffondor et jamais elle ne pourrait s’y adonner. Alors, elle voyait cette pièce angoissante s’approcher. La seule chose qui lui traversa l’esprit en cet instant fut : Je ne veux pas y être enfermée. Sa respiration se fit rapide et son emprise sur les épaules et le vêtement de Phen se fit grande. Si grande qu’elle ne pu même pas distinguer si elle était en train de l’étouffer ou non…

- N-non… Pas le noir… Pas le noir… S’il te plait, pas le noir !!

Elle plissa alors les yeux, fronçant intensément ses sourcils. Quitte à être dans le noir, elle préférait le créer elle-même. Sa respiration se fit bien plus saccadée lorsque la porte se referma derrière eux. A nouveau, elle entendait le bruit des canalisations… Le bruit caverneux de la roche et son estomac criant famine… La froid lui tirailler les muscles et l’angoisse la prendre jusqu’aux tripes. Les Nés-moldus n’avaient même pas eu le temps de se remettre debout après la séance de torture collective que déjà ils étaient chacun jetés dans une pièce humide et sans lumière, privés d’eau, de nourriture et de dignité pendant deux jours. Deux jours complets. Deux longues journées où Niamh perdit le sens de sa bataille. Rongée jusqu’aux os par la solitude… Elle ne voulait plus y retourner… Plus jamais… Elle avait peur. Elle était seule, plus que jamais. Et le noir ne lui rappelait qu’encore ces événements là.

Lorsque Phen la fit glisser de ses bras jusqu’au sol, le corps de la Poufsouffle glissa comme une poupée de chiffon. Ses jambes ne la supportaient même plus, elles tremblaient. Son premier reflexe, malgré la lueur sortant de la baguette de son ami, fut de retrouver sa position fœtale, ramenant ses genoux contre elle. Secouée à nouveau d’un sanglot, elle n’aima pas se sentir faible de la sorte.

- R-rien…, murmura-t-elle difficilement.

Ses premiers mots sortis depuis quatre jours lui brulèrent intensément la gorge, bien trop nouée depuis cette nuit là. Elle ne reprit court à la réalité qu’au moment où elle entendit un bruit de tissu se déchirer… Que faisait-il ? fut la seule question qui lui traversa l’esprit. La chaleur de sa main sur sa joue eut don de la réconforter quelques instants. Comme si un simple geste de tendresse, quelque chose de gentil lui étant adressé, suffisait à lui redonner un brin de chaleur... Elle manquait tant de tout que la moindre chose devenait salvatrice. Son seul souhait fut que la journée passe, qu’elle s’achève. Et qu’ainsi les jours se succèdent, sans qu’elle ne remarque rien… Et que la vie suive son cours, sans saveur, sans intérêt… Elle était de toute manière bien trop lâche pour tenter quoi que ce soit de dangereux contre sa vie. Même si elle en avait totalement perdu le sens.

- D-désolée… ta chemise… Tu devrais pas…

Ce fut à peu près les seuls mots qu’elle réussi à articuler, traduisant ses remords. Elle ne voulait pas qu’il s’attarde à l’aider, qu’il perde son temps… Qu’il loupe ses cours, ou de passer du temps avec ses amis. Il n’y avait aucune raison qu’il veule rester ainsi auprès d’elle après tout… Pourquoi le voudrait-il ? En dehors de brèves discussions –bien que très plaisantes– ils n’étaient pas intimes sur ces moments là… Et la dernière chose qu’elle désirait était bien de l’embêter avec ses états d’âmes. A vrai dire, elle ne voulait plus embêter personne, ni même les entraîner dans quoi que ce soit.

Phen avait eu le cœur meurtri en voyant Niamh dans cet état. Il détestait la savoir dans les cachots et encore plus l’idée qu’elle se soit fait punir. La voir comme ça, si abattue était vraiment quelque chose de très difficile pour le jeune homme. Il avait eu ce besoin de la mettre à l’écart, de faire en sorte qu’elle puisse se sentir un peu mieux. Au départ, c’était peine perdue. Elle ne voulait pas se retrouver dans cet endroit étroit et sombre. Heureusement, le jeune gryffondor ne mit pas bien longtemps avant d’éclairer cette pièce. Il fut à nouveau choqué par la vision qu’il avait de la jeune femme. D’habitude, elle était souriante et pimpante. Cette fois-ci, c’était tout l’inverse, elle avait le teint terne, des cernes et surtout, elle avait perdu son si joli sourire. C’était vraiment compliqué pour le jeune homme de ne pas avoir le cœur brisé.

Niamh était détruite, il en était persuadé et ce sang en était d’ailleurs la preuve. Il ne pouvait pas rester sans rien faire et c’était pour cette raison qu’il avait enlevé sa chemise pour la déchirer et envelopper les poignets de la jeune femme. Il espérait qu’elle n’avait pas envie d’en finir. Elle s’excusa pour les bouts de tissus qui avaient composés sa chemise. Il se foutait bien de sa chemise, l’important c’était elle. Il vint d’ailleurs caresser sa joue pour tenter de lui apporter un peu de tendresse et de chaleur.

« - On s’en fout bien de ce bout de tissu. L’important c’est de te soigner. J’aime vraiment pas voir ce sang couler le long de tes poignets. Tu ne devrais pas te faire du mal. Ce n’est pas la solution et surtout ça ne changera rien. Il faut trouver d’autres moyens pour pouvoir te rendre le sourire. »

C’était ce qu’il voulait, retrouver la jolie brune qui lui faisait battre son petit cœur. Il était sous le charme de la brunette et même s’ils n’étaient pas ensemble, il n’aimait pas la voir comme ça. Il était triste de ne plus la voir aussi souvent qu’avant et surtout il était déçu de voir que c’était pire que ce qu’il pensait. Il allait devoir se mettre en marche pour révolutionner cette dictature. Il espérait faire changer les choses mais ce n’était pas vraiment quelque chose qu’il pourrait faire tout seul. En attendant, il pouvait changer les idées à la brunette et il ferait son maximum pour qu’elle puisse sourire à nouveau. Il la serra un peu plus fort contre lui pour lui donner plus de chaleur et lui montrer qu’il était là.

« - Je suis là Niamh tu peux tout me dire. Si tu as besoin de parler je suis là, si tu as besoin de pleurer sur mon épaule je suis là aussi. Je ne partirais pas. Je suis là pour toi parce que tu me plais et que je déteste de te voir dans cette situation. »

Les mots étaient dits. Il ne lui avait jamais vraiment dit qu’elle lui plaisait mais maintenant, elle le savait et il n’en avait pas honte. Il avait toujours assumé ses sentiments et il le ferait encore aujourd’hui en présence de la jolie brune.