Urgence : Accident de teinture ! {Pv Rhea Donovan} [Octobre 2022] {ABANDONNÉ}

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J'avais fini ma journée de cours et je pouvais enfin me reposer pour ce week-end. Le vendredi était le jour durant lequel j'étais le moins surchargée. Avec seulement deux cours, l'un au matin avec les quatrième année et l'autre l'après-midi avec les sixième année, j'avais de quoi pouvoir souffler un peu par rapport aux jours précédents. Aujourd'hui, les choses s'étaient plutôt bien déroulées. Il ne m'avait pas été nécessaire de trop lever la voix pour que les élèves fassent le plus d'efforts possible. En règle générale, je ne rencontrais pas de difficulté avec les sixième année ; ils avaient obtenu leurs BUSEs, ce qui signifiait qu'ils étaient un minimum au point sur mes exigences. Quant aux quatrième année, il s'agissait d'une promotion plutôt calme mais capable de poser des questions pertinentes.

Je rangeais mes affaires dans les différents tiroirs de mon bureau et j'en profitais pour en vérifier le contenu. Après que Sloane O'Connor se soit introduite dans mon bureau l'année dernière, j'étais devenue bien plus méfiante. En plus des sortilèges anti-intrusion que j'avais employé, j'étais devenue encore plus minutieuse et attentive. Je savais que les élèves étaient capables de voler des potions pour mille et une raisons et je me devais d'empêcher cela. Ma réserve était parfaitement scellée, par ailleurs. Personne, mis à part moi, ne pouvait y pénétrer. En sortant en direction de ma salle de classe pour l’inspecter une dernière fois, je ne pus m’empêcher de soupirer d’agacement à la vue de paillasses qui n’étaient pas parfaitement nettoyées. Même s’ils étaient assez doués, les sixième année manquaient encore de rigueur. Et l’une des règles d’or d’une potion réussie, c’est un matériel et un espace très bien soigné. Ma baguette se chargea d’effacer les imperfections, de gratter les tables où s’étaient collés divers liquides caillés. Tout devait être propre, jusqu’au millimètre près. Ce n’était pas parce que nous étions au niveau des donjons de l’école qu’il fallait négliger l’hygiène. J’avais encore un peu de temps devant moi, avant de rejoindre Aaron Winslow dans les extérieurs, d’ici une demi-heure. Nous avions décidé de profiter du week-end pour prendre l’air, en profitant des derniers bains solaires que pouvait nous offrir le soleil encore présent en ce mois d’octobre. L’hiver arriverait bien vite et même si j’aimais la beauté du froid et de la neige, je devais bien avouer qu’un peu de chaleur me ferait du bien. Ces derniers temps, je n’étais pas beaucoup sortie de l’école, cantonnée à mon travail et à mes activités de recherche à la bibliothèque. Je n’étais désormais plus Guérisseuse à Ste-Mangouste mais cela ne m’empêchait pas de vouloir trouver un remède pour guérir l’hypermnésie de ma fille. Récemment, le professeur de Runes m’avait évoqué le pouvoir étrange des runes et leurs possibilités. J’essayais de me pencher sur cette issue…

Alors que j’étais sur le point de quitter la salle de classe, une main sembla frapper à la porte. Je relevai la tête, intriguée ; Aaron était-il venu me chercher plus tôt que prévu ? Je me dirigeai calmement vers l’entrée, l’ouvrant d’un petit coup de baguette. La poignée s’actionna et la porte dévoila une présence plus petite et plus fine que celle que je pensais. C’était une élève et pas n’importe laquelle : Rhea Donovan. Je ne m’attendais pas à la voir ici, à cette heure-là. En général, lorsqu’elle avait quelque chose à me demander au sujet des Potions, elle s’y prenait à la fin de son cours. Je l’observai, perplexe. Elle ne semblait pas dans son assiette, oh que non. Les larmes aux yeux, je la sentais désespérée. Bien rapidement, je fronçai les sourcils, inquiète de son état.

« Miss Donovan ? Mais qu’est-ce qu’il vous arr… »

Je jetai un œil à sa chevelure, ce qui m’étira une légère grimace. Non, ce n’était pas joli à voir. Je savais qu’elle se prêtait à des expériences assez inédites et qui portaient sa signature mais je ne l’avais jamais vu se promener avec une couleur de cheveux aussi épouvantable. Ils avaient pris cher, subissant un triste sort et cette mauvaise odeur qui s'en échappait me donnait presque la nausée.

« Qu’avez-vous fait à vos cheveux ? » Demandai-je calmement, dissimulant au mieux mon dégoût.

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« Qu’avez-vous fait à vos cheveux ? »

Malgré les larmes qui embuaient ses yeux et la honte qui l'avait rendu livide, Rhea ne put s'empêcher de pousser un petit soupir agacé. Le Professeur Burgess ne voyait-elle pas qu'elle s'était plantée ? Comptait-elle la faire rentrer ou la laisser, ainsi, à la vue de tous ses potentiels clients ? Parce qu'en omettant la catastrophe capillaire qui avait d'ores et déjà eu lieu sur le haut de son crâne et à laquelle elle ne pouvait rien faire, il y avait aussi le spectre de la crise économique qui planait sur son commerce interlope de potions de beauté. Qu'arriverait-il si un Serpentard mal avisé entrevoyait Rhea supplier l'aide du professeur Burgess ? On dirait que ses potions ne étaient pas sures, qu'elles étaient mal préparées et qu'elles pouvaient, en un rien de temps, ruiner la plus belle crinière. Pour éviter que cela ne se produise – et parce que Rhea était trop polie pour pénétrer de force dans la salle de classe – la jeune fille posa sur sa tête un chapeau melon qu'elle avait jusque là tenu dans ses mains. Le couvre-chef était visiblement trop grand pour elle mais la plume qui était coincée dans son ruban dénotait de la féminité élégante de sa véritable propriétaire.

« Je peux entrer, professeur ? »

Demanda Rhea en ravalant ses larmes. Il fallait absolument qu'elle garde son calme. Elle avait beau beaucoup apprécier son enseignante, elle ne comptait pas chouiner comme un bébé devant cette femme d'ordinaire froide et sévère. S'il y avait une personne qu'elle considérait comme maternelle en ce monde, ce n'était certainement pas celle-ci. Quand bien-même cette dernière aurait une descendance. Le temps d'un pincement de lèvre, Rhea recomposa son visage qui demeura blême malgré ses efforts. Néanmoins, son expression générale retrouva une contenance et le regard de la jeune fille s'affirma quelque peu.

« Tenez. Je crois que les.... teintures » Rhea baissa la voix sur ce mot « ont interagi ensembles. »

C'était en tout cas ce que semblait hurler l'odeur méphitique qui suintait malgré le chapeau melon. Ce que Rhea remit alors au professeur était un petit carnet dont la potioniste en herbe ne se séparait jamais. Ce n'était certes pas le seul – Rhea en avait rempli une partie de sa malle – mais c'était le plus récent – en témoignaient les pages vierges à la fin de celui-ci. Il renfermait les dernières créations de la petite Gryffondor. Elle y avait répertorié scrupuleusement chacune de ses recettes, annotant les ingrédients, leurs quantités, la fraîcheur de ses derniers – il y avait même un index de ses fournisseurs et de la difficulté de s'en procurer – le nombre de fois qu'il fallait touiller la mixture, les températures mais aussi les essais ratés, les corrections et modifications apportées, etc. En bref, Rhea tenait son propre grimoire – sans doute pour la postérité ou sa future multinationale.

Bientôt dans les mains de Burgess allait se trouver l'une des choses les plus chères et les plus importantes aux yeux de Rhea. Mais il avait encore un détail à noter : la Gryffondor avait soigneusement ajouté deux marques pages magenta sur des pages différentes : les deux teintures qu'elle avait posé l'une après l'autre sur ses cheveux. La première de ces teintures étaient une base noire assez commune contenant le l'encre de sèche, du beurre de karité et des poils de noxi entre autres ingrédients. La seconde était une préparation pour des mèches, bien plus récente, qui aurait du donner un vert velouté. Sa composition renfermait de la bave de crapaud cornu (ce spécimen provenant du canada à en juger par la liste d'ingrédients), des écailles pilées de Malagrif, et encore de sécrétion de Veracrasse.

Cela fait, Rhea commença à se dandiner légèrement, laissant paraître à Morgana Burgess son impatience à entrer dans la salle de classe.

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La première fois que la jeune Rhea Donovan m’avait parlé de ses expériences en potions, j’avais trouvé ses idées un peu trop farfelues. Mais cette première impression avait laissé place à un sentiment plus ouvert envers ce qu’elle faisait. C’était tout simplement une passionnée et elle semblait se donner beaucoup de mal pour créer ses produits cosmétiques. Hélas, on ne pouvait pas toujours tout réussir, même avec des années d’expérience et une grande maîtrise de cet art. J’aurais pu avoir un sourire amusé lorsqu’elle posa un chapeau melon visiblement trop grand sur son crâne mais la situation ne se prêtait pas vraiment au comique. Il fallait faire quelque chose pour arranger sa crinière, limiter les dégâts ou, au mieux, réparer entièrement ses erreurs. Face à son impatience perceptible et à son inquiétude, je cédai.

« Oui, entrez. »

Je fis un pas sur le côté pour l’inviter à franchir la salle de classe désormais vide. Au moins, elle n’aurait pas à affronter d’autres regards et elle serait en mesure de se calmer et de sécher ses larmes. Je pouvais parfaitement comprendre que tout cela avait dû la mener à une bonne crise de nerfs ; après tout, les cheveux sont très importants pour une femme.
Tandis qu’elle se ressaisissait malgré son visage blême, elle me tendit un petit carnet en me précisant que les teintures qu’elle avait créées avaient mal réagi ensemble. Tout était une question d’ingrédients, je supposais. Certains ne se mélangeaient pas entre eux ou alors, il fallait rajouter autre chose pour que cela soit « miscible ».

J’amenai mon interlocutrice jusqu’au bureau qui faisait face aux postes de travail des élèves et je lui fis signe de s’asseoir. Pendant ce temps, je restai debout, les yeux baissés sur le fameux carnet.

En détaillant les pages mises en valeur par des marque-pages magenta, je pus y lire la composition de ce qu’elle avait concocté. Et, par curiosité, je tournai une autre page sans rapport avec son problème, apercevant tout un énoncé et une liste d’ingrédients concernant une autre potion. La manière dont Donovan écrivait cela me rappelait fortement la mienne quand j’étais élève à Poudlard. Elle se montrait méthodique et c’était un point important lorsque l’on se lançait dans ce domaine. Il fallait toujours laisser des traces écrites de ses expériences pour n’en oublier aucun détail et pour que l’on puisse revenir dessus, avoir un aperçu sur l’évolution de l’invention ou tout simplement pour l’étudier encore plus. Depuis que j’enseignais, je n’avais encore jamais vu un élève de Poudlard tenir ce genre de carnets. En fait, il n’y avait pas tant que cela de passionnés, ce qui devait expliquer cela.

J’aurais pu continuer mon exploration mais je savais que cela ne me concernait pas et qu’il y avait plus urgent à traiter. L’une des teintures se composait notamment d’encre de seiche, de beurre de karité et de poils de noix alors que l’autre contenait avant tout de la bave de crapaud cornu de Canada, des écailles pilées de Malagrif et même du mucus de Veracrasse. A vue d’œil, ce n’était pas un mélange trop épouvantable mais quelque chose clochait… Le beurre de karité ne faisait pas bon ménage avec les écailles pilées de Malagrif. A la place de ces dernières, il aurait fallu de la Chlorophylle en poudre. Ensuite, un peu d’huile de coco n’aurait pas été de refus.

« J’ai saisi le problème, je vous en parlerai à la fin. Je pense pouvoir vous arranger ça en moins d’une demi-heure, le temps de préparer un masque qui vous lavera de ces teintures sans abîmer votre cuir chevelu. » Déclarai-je en levant les yeux vers sa direction sur un ton qui se voulait rassurant.

Il fallait que je trouve une solution pour rendre à sa chevelure son aspect d’origine. L’odeur devenait de plus en plus épouvantable mais peut-être n’était-ce qu’une impression. Je n’avais jamais eu à préparer ce genre de « remède » puisque je n’étais pas coiffeuse mais guérisseuse à la base mais en y réfléchissant, je pensais tenir une bonne partie de la fameuse solution. Sans plus attendre, j’agitai ma baguette pour faire apparaître un petit chaudron en cuivre sur un des postes de travail. Puis, je fouillai mes placards jusqu’à extirper cinq ingrédients enfermés dans des bocaux ou des fioles avant de revenir au poste.

« Ce sera à base d’un peu de pus de Bubobulb couplé à de la rosée du matin. Si vous vous souvenez bien, la rosée du matin appartient à la composition de la potion de beauté. Cela rendra à vos cheveux toute leur superbe. Approchez, cela vous servira peut-être pour plus tard. »

Pendant qu’elle s’exécutait, j’avais déjà rempli le petit chaudron d’eau et je l’avais placé au-dessus d’une plaque de cuisson.

« Je ne suis pas une experte en coiffure mais, dîtes-moi… pourquoi ne pas avoir testé vos teintures sur une véritable perruque ou même en coupant une grosse mèche de vos cheveux ? Vous avez pris des risques et rien n’est jamais sûr quand on concocte quelque chose de nouveau. »

Ces dernières paroles pouvaient paraître sévères avec le ton que je venais de prendre mais c’était surtout une recommandation pour qu’il ne lui arrive rien à l’avenir. Qui sait, cela aurait pu être pire…

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Remarquant son trépignement impatient, le professeur Burgess, finit par laisser entrer Rhea dans la salle du cours. Dès qu'elle eut passer la porte, la jeune fille sentit une vague de soulagement l'envahir, comme si on lui avait retiré des épaules la chape de plomb qu'elle traînait depuis son échec. N'allons pas jusqu'à dire qu'elle était soulagée, ses cheveux se trouvaient toujours dans un état lamentable et il émanait encore d'elle une odeur méphitique. Néanmoins, s'être soustraite aux regards indiscrets éliminait déjà un problème. Sans être béatement optimiste, Rhea savait se montrer rationnelle et méthodique dans la résolution de situations gênantes.

Elle fut ensuite conduite par son professeur jusqu'à son bureau. Là, elle dût s'asseoir à la place normalement dévolue au maître de ses lieux. Tandis que Bugress observait avec attention le carnet de Rhea, celle-ci ne put s'empêcher d'apprécier la vue dont elle bénéficiait à cet endroit. Ce vis-à-vis en direction des paillasses avaient quelques choses de surprenant et d'intrigant. La Gryffondor eut l'impression de se trouver de l'autre côté du miroir : elle se tenait devant un bureau qu'elle regardait habituellement d'un tout au autre angle. Le fait d'être ici, dans le siège qui ne devait recevoir que le derrière de Morgana Burgess produit en elle un drôle de mise en abîme. Et si elle était un jour professeur de Potions ? Oh non ! Quelle horreur ! Il fallait qu'elle chasse cette idée de son esprit ! Elle ne devait pas renoncer à son rêve ! Travailler à cette place serait la matérialisation de son échec. D'ailleurs, être assise ici, était la matérialisation de son échec. Tout d'un coup, Rhea eut très envie de se relever et de quitter ce panorama qu'elle trouvait de plus en plus dérangeant. Elle recommença à se dandiner, mal à l'aise.

« J’ai saisi le problème, je vous en parlerai à la fin. Je pense pouvoir vous arranger ça en moins d’une demi-heure, le temps de préparer un masque qui vous lavera de ces teintures sans abîmer votre cuir chevelu. »

L'observation du professeur Burgess sembla soulagea Rhea qui se leva d'un bond – en espérant que l'enseignante prenne ça pour de l'enthousiasme plutôt que du malaise. En vérité, la jeune fille était assez moyennement rassurée, autant par sa précédente plongée dans le futur que par la déclaration du professeur. Avait-elle bien dit « sans abîmer votre cuir chevelu » ? Ce n'était pas franchement engageant. Elle aurait largement préféré que la maîtresse des Potions lui dise « sans abîmer vos cheveux ». La nuance pouvait paraître tenue pour certains, mais clairement pas pour Rhea qui séparait ces deux éléments de son anatomie comme deux parties distinctes. On pouvait très bien être chauve et avait un cuir chevelu à la santé éclatante. Mais, peu encline à remarquer les tourments internes – et les yeux exorbités d'épouvante – de Rhea, Burgess se lança à la recherche d'ingrédients.

« Ce sera à base d’un peu de pus de Bubobulb couplé à de la rosée du matin. Si vous vous souvenez bien, la rosée du matin appartient à la composition de la potion de beauté. Cela rendra à vos cheveux toute leur superbe. Approchez, cela vous servira peut-être pour plus tard. »

Le pus de bubobulb était l'ingrédient idéal pour hydrater. Que ce soit pour soigner des brûlures graves ou un corps irrité par le froid, Rhea ne connaissait rien de mieux. Par contre elle n'utilisait que très rarement de la rosée du matin. Pour elle, c'était plus un ingrédients marketing qu'un principe actif. Un peu comme l'extrait de perle ou de la poudre d'ailes de fées. Burgess la baladait-elle ? La testait-elle ? Ou maîtrisait-elle bien mieux qu'elle l'art et la manière d'utiliser ce type d'ingrédients ? Malgré son air dubitatif, Rhea fit le tour de la table, contourna la chaise dont elle avait si peu apprécié la valeur, et vient se placer à droite de son professeur pour ne pas la gêner et avoir une meilleure vue.

« Je ne suis pas une experte en coiffure mais, dîtes-moi… pourquoi ne pas avoir testé vos teintures sur une véritable perruque ou même en coupant une grosse mèche de vos cheveux ? Vous avez pris des risques et rien n’est jamais sûr quand on concocte quelque chose de nouveau. »

Le ton qu'employa le professeur Burgess et ses paroles dures piquèrent au vif Rhea. Celle-ci se redressa, oubliant son trouble, ses cheveux puants et ses doutes quant à la rosée du matin. Pour qui la prenait la sorcière pour lui faire un tel sermon ? Bien sur qu'elle testait ses potions sur d'autres supports ! Du bois, ses poils, des plumes et parfois même sur des mèches qu'elle s'était elle-même coupée. Mais des perruques ? Ca ne poussait pas sur les saules cogneurs ! Des perruques en vrai cheveux – de sorcières – coûtaient un prix exorbitant et vue la quantité d'expériences qu'elle menait en un mois, ses cadeaux de Noël et d'anniversaire ne suivaient pas la cadence.

« J'ai essayé professeur. » Protesta Rhea, maîtrisant son agacement mais laissant sa voix traîner dans son effort. « Mais ça n'a pas interagi sur des cheveux coupés. Et puis, les deux potions n'avaient jamais posé problème auparavant. »

Comment aurait-elle pu savoir ce qui allait se passer ?

« Quels ingrédients ont interagi ensemble ? Les poils de Noxis et les écailles de Malagrif ? »

Quitte à être réprimandé par son professeur de Potions, autant que cela éclaire sa lanterne. Et Rhea n'avait absolument pas envie d'attendre « la fin » comme Burgess lui avait demandé.

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Se dandinant nerveusement sur sa chaise ‒ qui était habituellement la mienne ‒ je sentais la jeune Gryffondor particulièrement énervée. Pas dans le sens où elle était en colère, bien que la situation pouvait effectivement la rendre furieuse, mais plutôt dans celui de l’impatience et de l’agacement. Je comprenais son appréhension et son inquiétude mais retrouver son calme ne lui ferait certainement pas défaut, surtout que je prenais l’affaire en main et que je ne comptais pas la lâcher avant d’avoir arrangé ses cheveux. Je lui avais donc demandé pourquoi n’avait-elle pas fait usage d’un support ou une mèche coupée au lieu d’appliquer sa création directement sur sa propre chevelure. Pour moi, cela me paraissait tellement évident ; lorsque j’inventais mes propres recettes, j’y goûtais rarement avant de les avoir essayé sur des animaux. Bien sûr, que l'on se calme tout de suite car ce n’était pas des vraies bêtes mais des sortes de répliques sans réelle conscience ou existence ‒ choisissez le terme ‒ créées par une magie très avancée. Cela ne pouvait pas représenter exactement les effets des potions mais cela donnait déjà une indication sur l’éventuelle dangerosité ou toxicité d’un composant.

Pour le cas de Donovan, cependant, les choses paraissaient plus compliquées que prévu. Elle disait avoir déjà essayé cette méthode sans franc succès, les teintures n’ayant même pas agi sur les mèches coupées. Tout en parlant, sa voix était mesurée et pourtant, je pouvais ressentir toute sa frustration et un peu d’irritation dans ses propos.

« Auparavant ? Mais pourquoi avoir modifié la recette ? » Fis-je sur un ton cette fois-ci moins sévère.

C’était curieux, je voulais bien en connaître la raison. Qu’est-ce qui avait fait qu’elle avait retiré un composant pour y mettre des écailles ? Ou alors, pourquoi en avait-elle carrément ajouté ?
Un bocal rempli de pus de Bubobulb en main, je l’ouvris et en versai la moitié dans un verre doseur, avant de laisser glisser la substance diluée verdâtre retomber dans le chaudron rempli d’eau. L’impatience submergea la jeune fille à cet instant-là ; elle désirait à tout prix connaître le cœur du souci, refusant d’attendre que je ne termine la préparation. Je fronçai un peu les sourcils, n’aimant pas être pressée pendant que je m’activais. Un peu de patience ne serait pas de refus, elle finirait bien par tout savoir ! Je finis tout de même par céder, histoire qu’elle cesse de s’agiter sous son propre énervement.

« Du calme, miss ! Détendez-vous un peu, ce n’est pas aussi grave qu’on pourrait le croire ! M'exclamai-je, haussant le ton avant de reprendre plus doucement. Ce sont les écailles pilées de Malagrif le problème, pas les poils de noxis. On ne les mélange pas avec le beurre de karité sinon on obtient une réaction chimique qui détruit l’harmonie des deux potions faite par le mucus de Veracrasse. »

Je fis une courte pause, le temps de bien doser la rosée du matin, un des éléments essentiels du masque. Je le savais parce que j’en utilisais moi-même sur les conseils d’une ancienne collègue.

« Il aurait fallu utiliser de la poudre de Chlorophylle pour la teinture verte et de l’huile de coco qui est la base pour protéger les cheveux grâce à son acide laurique. D’ailleurs, je vais en mettre dans le chaudron. »

C’était effectivement le produit qu’utilisaient beaucoup de femmes pour fabriquer leurs masques capillaires. L’huile de coco agissait autant sur les cheveux sains que ceux abîmés. L’idéal était de l’appliquer comme masque avant le lavage des cheveux et après. Son bas poids moléculaire permettait une meilleure facilité de pénétration à l’intérieur du cheveu. En bref, c’était parfait pour les nourrir, les réparer, les rendre souples et brillants. Tout en y pensant, la vue du carnet dans un coin du bureau me rappela à quel point Donovan se montrait minutieuse et pas mal connaisseuse dans le domaine, au-delà de ses erreurs. Pourtant, elle n’était qu’en quatrième année et je devais bien avouer que même des élèves ayant obtenu leur BUSE en Potions n’étaient pas forcément assez doués pour se lancer dans la création de potions. Il fallait se le dire : elle avait du talent et c’était le genre de choses qui attisait fortement mon intérêt et ma sympathie.

« Votre carnet m’a l’air bien rempli et structuré. Je ne vous ai jamais posé la question quand vous passiez me voir à la fin des cours mais avez-vous une idée du métier que vous souhaiteriez exercer plus tard ? »

Quand je lui donnais des conseils, je devinais bien que c’était une passionnée mais avait-elle un objectif clair et précis avec ses expériences ? Souhaitait-elle juste commercialiser ses inventions ou aller plus loin ? Cela me rendait curieuse. Et très franchement, si elle souhaitait s’investir dans les Potions, je ne pouvais que l’y pousser et l’encourager.

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« Auparavant ? Mais pourquoi avoir modifié la recette ? »

Burgess semblait s'être radoucit. Sur son visage, se peignait un réel intérêt pour les travaux de Rhéa. L'intéressée - bien que susciter la curiosité d'une professeure aussi passionnante que Morgana – regretta que cela se produisent dans de pareilles circonstances. Elle aurait nettement préférer laisser pantoise son enseignante devant un vernis à ongles évolutif plutôt que devant une masse capillaire nauséabonde. Mais les événements étant tels qu'ils étaient, la petite Gryffondor dut se contenter de ce qu'elle avait.

« Je ne l'ai pas modifié professeur. Elles ont interagit ensemble. Enfin je suppose. Je ne l'avais pas prévu. »

Ajouta Rhea d'un ton peiné. C'était une erreur de débutant. Jusqu'à maintenant, la jeune fille avait joué de chance en ne commettant aucune combinaison dommageable. Sans le réaliser, sans doute à cause de son manque d'expérience et d'un grand manque de réflexion, l'alchimiste en herbe avait joyeusement mélanger tout ce qui lui passait sous la main. Considérant que si une potion marchait toute seule il n'y avait aucune raison qu'elle ne fonctionne pas en association avec une autre. Sa seule limite avait été celle du bon goût dans l'usage des couleurs. Jamais elle ne s'était dit que les ingrédients magiques qui étaient pourtant le principal ressort de son succès pouvaient se retourner contre elle. Elle aurait dû être beaucoup plus prudente. Il lui avait fallu cette leçon pour qu'elle comprenne enfin que tout ne pouvait pas aller avec tout. La trahison de son art lui avait au moins servi à progresser. Et puisque maintenant Burgess allait tout arranger, il n'y avait plus de raison de paniquer. N'ayant cependant pas l'accès à son carnet puisqu'il reposait toujours en la possession de son enseignante, Rhea se concentra de toutes ses forces sur les explications de celle-ci. Il fallait absolument qu'elle se souvienne de tout pour les ajouter plus tard à ses notes. Une soirée fascinante s'annonçait ce soir ! Elle allait compiler tous les grimoires qu'elle possédait pour y ajouter les incompatibilité. Franchement, Rhea n'aurait pu rêver meilleure occupation!

Mais l'enthousiasme des questions de la jeune fille mêlée à l'inconfort latent que lui prodiguait sa coiffure d'infortune, sembla déplaire au professeur Burgess qui la rappela à l'ordre.

« Du calme, miss ! Détendez-vous un peu, ce n’est pas aussi grave qu’on pourrait le croire ! Ce sont les écailles pilées de Malagrif le problème, pas les poils de noxis. On ne les mélange pas avec le beurre de karité sinon on obtient une réaction chimique qui détruit l’harmonie des deux potions faite par le mucus de Veracrasse. »

Contre toutes attentes, Rhea ne se formalisa pas des remontrances de sa professeure. Quelle importance avaient ces mots quand ceux qui suivaient renfermaient la clé de son problème ? Les yeux de la jeune fille s'illuminèrent à ces révélations. Sa bouche, néanmoins, demeura comme boudeuse ou préoccupée. Qu'aurait-elle du faire pour remplacer les écailles de malagrif ? Si Brugess avait raison – et elle n'en doutait pas – sa potion initiale risquait d'être... incompatible pour toujours avec les autres. Et du vert tout seul... Heureusement, le véritable maître ici, lui donna la solution.

« Il aurait fallu utiliser de la poudre de Chlorophylle pour la teinture verte et de l’huile de coco qui est la base pour protéger les cheveux grâce à son acide laurique. D’ailleurs, je vais en mettre dans le chaudron. »

De la poudre de chlorophylle ? Voilà quelque chose à laquelle Rhea n'aurait jamais pensé. Elle n'avait jamais utilisé ce genre de composant. Est-ce que le vert serait le même avec ? Ca méritait d'être testé. Mais dans ce cas, sans ingrédient magique, la teinture risquait de perdre son éclat ou ses reflets éthérés qui étaient si chers à ses clientes. Quoique, là-dessus, la jeune fille se faisait des idées. Personne à Poudlard ne lui avait jamais acheté la moindre teinture émeraude – ou n'importe quelle autre nuance de vert susceptible d'éviter la répétition du mot.

« Votre carnet m’a l’air bien rempli et structuré. Je ne vous ai jamais posé la question quand vous passiez me voir à la fin des cours mais avez-vous une idée du métier que vous souhaiteriez exercer plus tard ? »

La réflexion du professeur Burgess la fit rougir de plaisir. Alors comme ça elle tenait particulièrement bien son carnet ? Voilà qui étai un compliment quelque peu inattendu. Pour la jeune fille, cela relevait d'avantage du confort que de la rigueur maniaque. Si ce carnet était parfaitement tenu et entretenu c'était parce qu'elle détestait devoir se souvenir de ses compositions. Comme une partition, ce carnet lui servait à étaler et reproduire son art. A le corriger aussi.

« Merci beaucoup, Professeure. » Répondit d'abord Rhea avec un sourire qui s'étalait d'une oreille à l'autre. Puis, reprenant contenance : « Je voudrais créer ma propre boutique de potions. Puis, quand j'aurais acquis un peu de notoriété, je créerais une marque de cosmétiques sorciers. J'espère vendre mes créations dans le monde entier. »

Voilà, c'était tout son rêve. Celui du moment, et celui qu'elle avait depuis maintenant un an et demi. C'était peut-être peu, mais ramené au quatorze années qu'avaient vécu la jeune sorcière sur cette terre, c'était finalement pas si insignifiant. Quant à étaler ses espoirs, Rhea n'y mettait aucune manière ou retenue. Elle ne prétendait pas qu'elle y parviendrait, mais elle jetteraient toutes ses forces dans la bataille. Elle ne se contenterait pas de tenir une herboristerie comme Liu. Du moins pas pour très longtemps. Dès qu'elle le pourrait, elle partirait à la conquête du monde.

»Mais si en septième année, je suis suffisamment connue à Poudlard, je n'aurais pas besoin d'avoir une boutique. Je pourrais vendre par correspondance et sauter une étape. Qu'est-ce que vous en pensez ?

Tout à ses projets professionnels, Rhea rayonnait sous sa chape de cheveux sales.

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« Je ne l'ai pas modifié professeur. Elles ont interagi ensemble. Enfin je suppose. Je ne l'avais pas prévu. »

Apparemment, la jeune fille n’avait pas modifié les recettes. Il s’agissait vraiment de l’interaction des deux en même temps qui avait posé problème alors qu’en les prenant une à une seulement, on pouvait en tirer un bon résultat. J’hochai lentement la tête, ayant saisis ses propos.

« Je vois. »

Prise de crainte, Donovan s’était montrée très agitée et impatiente de mettre un terme à son calvaire. Son stress ne m’aidait pas à tenir une conversation calme en sa compagnie et j’avais dû lui faire comprendre que s’énerver était inutile parce que la situation n’était pas dramatique au point de s’affoler comme un Hippogriffe en alerte. Je lui avais ensuite livré les fameuses explications sur ce qui n’avait pas fonctionné avec ses mixtures et comment y remédier avec, notamment, de la poudre de Chlorophylle. Je me doutais à sa tête qu’elle n’en avait sûrement jamais employé et ce n’était pas étonnant puisqu’il n’était pas souvent utilisé à l’exception de la création de certains médicaments. Mais si les moldus lui conféraient avant tout des propriétés pour laver et aider la digestion, ils ignoraient qu’en agitant sa baguette, on pouvait exploiter ses propriétés magiques jusqu’alors cachées.

Peu après avoir ajouté les premiers ingrédients, je fis une parenthèse au sujet de son carnet. Mes compliments ne la laissèrent pas indifférente, un grand et joli sourire se formant sur son visage. Au moins, désormais, elle n’était bien plus détendue, ce qui ne me déplaisait pas. J’en profitai d’ailleurs pour en savoir plus sur sa vocation. Habituellement, je ne m’intéressais pas à l’avenir des élèves « normaux » que j’apercevais dans mes cours mais Donovan faisait partie de ce cercle d’excellence que je chérissais tant ‒ professionnellement parlant. D’après elle, elle souhaitait créer sa propre boutique de potions et si la notoriété suivait son travail, elle se lancerait dans la fondation d’une marque de cosmétique dans le but de briller à l’échelle internationale. Je ne pus m’empêcher de sourire devant un plan tel que celui-là.

« Vous êtes ambitieuse et ingénieuse… Le Choixpeau aurait sans doute dû vous envoyer à Serpentard. Je pense que vous pourrez briller dans cette voie, vous en avez les capacités. »

J’étais rarement abonnée aux compliments mais je savais le faire quelques fois quand le mérite était là. Après avoir remué quelques tours le contenu du chaudron, j’ajoutai doucement l’huile de coco avant d’augmenter la température du brûleur. A feu moyen, c’était la cuisson parfaite pour commencer, puis il faudrait conclure avec un feu doux.
La suite des paroles de la Gryffondor était toute aussi pertinente. Ma propre mère avait également procédé ainsi quand elle avait voulu devenir apothicaire. Aujourd’hui, elle possédait quelques boutiques dans le pays. Moi ou ma sœur aurions dû reprendre son héritage en grandissant mais nous avions chacune pris une voie différente. Annabeth avait préféré s’engager dans le juridique, au Ministère et moi, je m’étais spécialisée dans les potions mais avant tout dans le domaine médical. Je trouve l’univers de la médecine riche et fascinant. Cela demandait plus de ressources et de polyvalence qu’en tenant simplement une boutique de potions et, étant jeune, j’adorais le challenge. J’avais dû travailler ardemment plusieurs matières à la fois, bien que les potions avaient toujours été mon point le plus fort. J’aurais pu continuer à être Guérisseuse et je comptais bien reprendre le poste un jour mais j’avais besoin de souffler un peu et de m’éloigner temporairement de ce monde qui en était devenu une obsession trop dangereuse pour moi. La folle quête d’un remède pour ma fille m’avait fait oublier l’essentiel…

« Vendre par correspondance serait en effet un bon début. Mais armez-vous notamment d’une liste de très bons fournisseurs, car c’est important pour le gage de qualité. D’ailleurs, pourquoi ne pas vous lancer carrément dans le luxe ? Certes, cela rendrait vos produits bien moins accessibles pour la sorcière moyenne mais beaucoup de clients sont exigeants et attirer des personnes spéciales dans votre business ‒ je pense surtout à des célébrités ‒ vous rendra sûrement incontournable au fil des années. C’est un marché qui en vaut la chandelle et cela vous permettra d’ouvrir plusieurs filiales de prestige ici et à l’étranger quand vous en aurez les moyens. »

Ce n’était pas facile de s’imposer parmi d’autres marques déjà populaires mais chaque génération avait son petit génie et j’étais certaine qu’avec beaucoup de détermination, elle pourrait aller loin.

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Le professeur Burgess sembla plutôt perplexe quant à l’interaction alchimique qui serait intervenue entre les deux potions. Pourtant, cela concordait avec ses propres déduction. Rhea se contenta donc d'un « Je vois. » prononcé du bout des lèvres. Peut-être Morgana était tellement déçue ou vexée de ne pas avoir trouvé seule la cause du problème, alors que son élève, elle, n'avait eu aucun mal. Même s'il lui avait manqué des éléments, Rhea avait procédé d'une manière empirique et cela s'était trouvé être la bonne méthode. Puisque les teintures avaient toujours été stables séparément, cela une réaction entre elles pouvait expliquer un tel résultat. Cela dit, cette victoire personnelle n'en était pas vraiment une. Le fait qu'elle n'était pas été adoubée par l'enseignante y était peut-être pour quelque chose, mais Rhea se sentait avant tout frustrée de n'avoir jamais pensé à tenir une liste des ingrédients incompatibles. Cette erreur était vraiment... ridicule. Maintenant, qu'elle y pensait, un accident chez ses clientes avait été évité par quelque chose qui relevait du miracle. Sans le savoir, elle avait mis en danger de nombreuses de ses camarades. Jamais plus, elle ne se laisserait aller à la négligence de ce côté.

« Vous êtes ambitieuse et ingénieuse… Le Choixpeau aurait sans doute dû vous envoyer à Serpentard. Je pense que vous pourrez briller dans cette voie, vous en avez les capacités. »

Rhea rougit face à se compliment. Elle répondit à son professeur par un sourire mêlant gêne et ravissement. L'enseignante n'était pas notoirement connue pour sa gentillesse et sa bienveillance vis à vis de ses élèves. De là à dire qu'elle était avare de flatteries, il n'y avait qu'un pas. Pourtant, alors qu'elle se retrouvait face à une expérience ratée, elle se permettait d'encourager ainsi Rhea. Pour la jeune fille cela compensait largement les mines vaguement satisfaites qu'elle lui adressait habituellement. Toutes ces années, elle n'avait jamais été certaine de plaire à Mrs Burgess. Elle s'était toujours demandé avec quel degré d'aménité, le professeur lui délivrait des conseils. Etait-ce par simple conscience professionnelle ? Par peur de voir l'une de ses élèves s'empoisonner ? Parce qu'elle n'avait rien de mieux à faire sur le moment ? Toutes ces questions avaient été balayé par ses derniers mots. A ses yeux, Rhea méritait ainsi d'être reçue à Serpentard ? La maison de Merlin et de Scorpius. Des plus grands entrepreneurs... oui, La petite Gryffondor se serait bien parée des couleurs vert et argent. Pourtant le Choixpeau l'avait jugé plus digne des lions, peut-être avait-il vu en elle un autre genre de compétences ?

« Vous croyez que je ne suis pas dans la bonne maison, professeur ? »

Demanda tout de go Rhea. Elle se posait maintenant sérieusement la question. Son ton dépourvu de malice était embrumé par les pensées de la jeune fille. Est-ce une erreur ? Ou était-elle trop... gentille pour être une commerçante éclairée. Pardonnerait-elle tous les retards de ses employés ? Les plaindrait-elle au point de voir mourir des troisième et quatrième grand-mères tous les ans ? Qu'est-ce qui, en dehors de cela, la rendait plus Gryffondor que Serpentard ? Sa tolérance était-elle plus grande que son ambition ? Allait-elle tolérer de finir mère au foyer ou salarié du ministère ?

« Vendre par correspondance serait en effet un bon début. Mais armez-vous notamment d’une liste de très bons fournisseurs, car c’est important pour le gage de qualité. D’ailleurs, pourquoi ne pas vous lancer carrément dans le luxe ? Certes, cela rendrait vos produits bien moins accessibles pour la sorcière moyenne mais beaucoup de clients sont exigeants et attirer des personnes spéciales dans votre business ‒ je pense surtout à des célébrités ‒ vous rendra sûrement incontournable au fil des années. C’est un marché qui en vaut la chandelle et cela vous permettra d’ouvrir plusieurs filiales de prestige ici et à l’étranger quand vous en aurez les moyens. »

Le luxe... voilà qui laissait la jeune fille pensive. Son regard tomba sur la potion qui tourbillonnait dans son chaudron. Pourquoi n'y avait-elle pas songé avant ? Probablement parce que sa passion pour les cosmétiques s'était fondée sur un petit verni bon marché. Pouvoir faire profiter le plus grand nombre de ses créations avaient toujours été sous-entendu dans ses démarches. Mais maintenant, que les mots du professeur Burgess résonnaient dans sa tête, elle se mit à envisager sous un nouveau jour ses projets d'avenir. Et si, justement, c'était parce qu'elle était trop tolérante, trop gentille et trop naïve qu'elle s'était donnée ce but tacite ? Le luxe était un moyen de se démarquer, d'être unique et de tenir dans la durée. Le marché grand public ne faisait rêver personne et chaque jour de nouvelles marques se jetaient sur le créneau. Après réflexion, Rhea sembla sortir de sa torpeur.

« Vous avez raison professeur. Le luxe est sans doute la meilleure option. Les cosmétiques sont associées au glamour, au rêve... Je n'y avais jamais pensé. Vous avez travaillé dans ce domaine ? »

Rhea ne quittait plus des yeux le chaudron qui mijotait. La potion allait bientôt être terminée ! Bientôt, elle n'aurait plus cette horrible odeur qui semblait renouveler à chaque seconde des émanations nauséabondes. Au moins, avait-elle trouvé une excellente recette de boules puantes à jeter dans les quartiers des Mangemorts.

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« Vous croyez que je ne suis pas dans la bonne maison, professeur ? »

Miss Donovan ne m’avait pas parue mécontente d’être comparée à une Serpentard. Cela se voyait à son air embarrassé mais tout de même ravi. De toute façon, la plupart savait qu’il s’agissait de la meilleure maison de Poudlard. Vous direz qu’il est normal qu’un professeur pense cela de son ancienne répartition mais, pour moi, c’était une véritable certitude. Les valeurs de Salazar étaient bien plus nobles et glorieuses que celles des autres ; à Serpentard, vous vous faîtes vos vrais amis et vous irez loin dans la vie. N’est-ce pas le but d’un élève d’une école que de se forger un avenir en essayant d’atteindre le palier le plus élevé de son milieu ? Rhea avait de l’ambition pour vouloir devenir entrepreneuse et je ne connaissais pas beaucoup de Gryffondor souhaitant s’embarquer dans une telle voie. Peut-être n’était-ce qu’un cliché mais j’avais le sentiment qu’en dehors du Quidditch, leurs rêves ne volaient pas bien haut.

« Je le crois, oui. » Répondis-je le plus naturellement du monde.

Pourquoi lui répondre autre chose alors que c’était la vérité ? Parfois, l’envie me prenait de sélectionner les déchets de ma propre maison pour les échanger contre d’autres perles venant d’ailleurs, comme cette jeune fille. Cette pensée devait paraître déplacée mais les mauvaises racines n’étaient pas les bienvenues dans mon monde élitiste. Je me demandais souvent comment certains avaient pu atterrir à Serpentard alors qu’ils étaient dénués de talent. Le Choixpeau était connu pour ne jamais se tromper mais je connaissais parfaitement l’existence du « Choixpeau flou ». Il arrivait que certains élèves passent plus de cinq minutes sur le tabouret lors de leur répartition, la relique ancestrale hésitant ardemment entre deux maisons. Il n’était pas impossible que cela se soit déjà produit pour Donovan. Je ne comptais pas lui poser la question puisque cela ne me regardait mais je me plaisais à penser qu’elle aurait bel et bien eu sa place dans les cachots.

Pendant que la potion progressait, j’avais ouvert un nouveau sujet concernant ses fameuses ambitions. Elle ne me cacha pas ses idées et j’y apportai différentes informations pour l’aiguiller et l’ouvrir à d’autres perspectives intéressantes dans ce milieu. Nous parlions notamment de l’univers très chic qu’était le luxe et cela la rendit pensive. Je ne dis rien, continuant de remuer mon mélange pendant qu’elle semblait observer le chaudron, plongée dans une profonde réflexion qui n’appartenait qu’à elle. J’ignorais à quoi elle pensait mais j’étais certaine d’avoir captivé une bonne partie de son attention avec mon discours et c’était plutôt satisfaisant de savoir qu’elle prenait out cela au sérieux. Et pourtant elle avait quatorze ans… Quand elle releva la tête vers moi, je venais d’ajouter un autre ingrédient pour équilibrer la composition.

« Vous avez raison professeur. Le luxe est sans doute la meilleure option. Les cosmétiques sont associées au glamour, au rêve... Je n'y avais jamais pensé. Vous avez travaillé dans ce domaine ? »

Bien sûr que cette option était la meilleure. Pour preuve, je n’achetais que des vêtements et du cosmétique que dans les boutiques les plus renommées de notre communauté magique. D’une part parce que je tenais à mon image de femme prenant soin d’elle ‒ en dehors du monde professionnel, évidemment ‒ et de l’autre, parce que je pouvais me le permettre grâce à la fortune familiale qui me suivait depuis toute petite. On pouvait dire que j’étais quasiment née avec une cuillère d’argent en bouche et que je n’avais jamais manqué de rien. C’était sans doute pour cela que parler du luxe me paraissait évident et simple.

Donovan observa de nouveau le chaudron, se focalisant une fois de plus sur son contenu dont une fine fumée s’en échappait alors que je venais de baisser le niveau du feu. Cela sentait l’huile de coco… c’était agréable et cette effluve se répandait dans toute la salle.

« Non, jamais. J’ai été chercheuse en potions, puis guérisseuse mais je n’ai jamais été intéressée par le commerce. En revanche, cela ne m’empêche pas de faire partie de la clientèle exigeante et d’avoir des contacts dans le milieu pour ne rien vous cacher. » Répondis-je en me remémorant de ma vingtaine d'années.

Chacun son domaine et celui de la vente ne me correspondait pas. Pourtant, j’avais dû travailler chez l’Apothicaire du Chemin de Traverse lorsque j’étais étudiante mais ce n’était qu’un job qui me permettait de m’enrichir plus et de m’apporter une expérience professionnelle pertinente concernant les potions.

Je reposai la louche dans un coin de ma paillasse puis rejetai une mèche rebelle de ma chevelure en arrière. Avec un sourire de satisfaction, je contemplais la concoction de couleur verte pomme qui mijotait. Dans moins un quart d’heure, cela devrait être bon. J’étais sûre d’être en retard pour mon petit rendez-vous ‒ amical, je vous rassure ‒ avec Aaron Winslow mais il comprendrait sûrement mes raisons.

« C’est bientôt terminé, miss. Elle est parfaite, soyez rassurée. D’ici quinze minutes, je vous l’appliquerai, pris-je la peine de préciser sur un ton calme en la voyant s’impatienter et s’exciter à la fois. D’ailleurs, si vous avez d'autres questions concernant vos inventions, n'hésitez pas. »

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