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Message(#) Sujet: I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ  EmptyLun 17 Juil - 18:06


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Milo & Rioghbhardan

Je ne sais pas exactement depuis combien de temps je suis ici... Un jour ? Deux ? Plus peut-être. Je me souviens juste qu'il faisait nuit quand j'ai ouvert les yeux pour la première fois. La douleur était insupportable mais je n'arrivais pas à savoir si elle venait de lui ou de moi. Lequel des deux souffrait, en réalité ? Même ça, je ne le savais pas. Et je crois que je m'en fichais. Tout était embrouillé, à ce moment-là. Je voulais juste partir d'ici pour le retrouver. Maintenant je sais que c'était stupide, il s'en sort aussi bien sans moi. Mieux, même, sûrement. Qu'importe. J'aurais voulu fuir mais mon corps ne répondait pas. Mes blessures et l'épuisement avaient sûrement raison de moi. Aujourd'hui, je ne sais pas trop ce qu'il en est. J'imagine que si je voulais vraiment... Mais je ne le veux plus, je crois. Les heures ont passé et rien n'a changé. Je ne sais pas vraiment ce qu'on fout là. On nous explique à moitié, entre deux soins imposés. Les informations à ma disposition sont maigres et je n'ai pas cherché à combler mes lacunes. J'ai juste voulu savoir comment il allait, le reste attendrait. « Bien ». Voilà tout. Je sais que le château a finalement été libéré et que nos geôliers ont pris la fuite. Le château a été libéré... Ils ont réussi. Cette idée me laisse un goût étrange, un mélange de soulagement et de déception. Ils ont réussi... On est libres. Tu parles ! On nous a parqués au milieu de nulle part ! Je ne sais pas où on est exactement (la ferme, qu'ils disent) mais ça ne devait pas se passer comme ça. C'était quoi le vrai programme, hein ?! Se faire soigner vite fait et puis retrouver nos vies. Le plus normalement du monde. Mais je crois qu'on en a jamais été aussi loin.

Un soupir inaudible m'échappe alors que je m'enfonce dans mon oreiller. J'ai passé ces dernières heures à ça : faire semblant de dormir pour avoir la paix. Les infirmiers passent, font ce qu'ils ont à faire, au pire en s'excusant de m'avoir réveillé, et disparaissent aussi vite qu'ils sont arrivés. Je n'oppose pas la moindre résistance, je me laisse juste faire, sage et docile. C'est ce que je suis, dans le fond, non ? Une gentille petite poupée tout juste bonne à faire ce qu'on attend d'elle. Le retour en arrière est brutal. Je n'ai même pas eu le courage de chercher à savoir qui était ici, qui ne l'était pas. Quelle importance ? Mon ventre se tort. Il va bien. Il s'en est sorti. Il a réussi ce qu'il voulait. Et il n'est même pas resté avec moi. Je remonte légèrement le drap. Pourquoi il l'aurait fait ? On fonctionne pas comme je le croyais, en réalité. Il vit sa vie et je cours derrière comme un chien après son maître. J'aurais préféré qu'ils visent la tête et me fassent oublier le carnage de cette dernière soirée. Tout me revient à chaque instant que je passe éveillé. Tout me hante dès que je rejoins les bras de Morphée. Ça n'a aucune fin. La peur. La déception. La guerre et les cris. Tout. Absolument tout... Et la seule chose dont je suis encore certain, c'est que j'ai été le pire des abrutis. À quoi je m'attendais, hein ? Rien ne change jamais... Et c'est plus douloureux que je le croyais. Je me suis jamais senti aussi mal. Aussi vide... J'ai envie de rien. Seulement qu'on m'oublie. Même rentrer ne me fait pas rêver. Est-ce que ça arrivera un jour, au moins ? J'en sais rien. Peut-être. Peut-être pas. Et ce qui me semblait finalement supportable à Poudlard est bien différent ici. Mes doigts s'accrochent au tissu alors que je me tourne péniblement. J'ai froid. J'ai mal, un peu, aussi. Mais ça ne me dérange pas. À Lucan, il faudra expliquer. Pourquoi j'ai menti, pourquoi j'ai rien dit. Pourquoi je me suis embarqué dans cette histoire... S'ils savaient. Je ne suis pas suicidaire à ce point, on l'est pour moi.

Il y a du bruit dans le couloir. Ma respiration se suspend d'elle-même. Des pas. Les visites sont nombreuses, ici. Les nés-moldus ont rejoint nos rangs. J'ai entendu Daniela parler, une fois. À Keagan, je suppose. J'en sais rien, en réalité. Je n'ai pas fait plus attention que ça. Les autres, j'imagine qu'ils ont fui. Ils sont peut-être rentrés chez eux. Ils doivent faire ce qu'ils peuvent pour oublier tout ça. Ils ont raison. J'en ferais certainement autant, à leur place. Parfois, je me demande si je reviendrai, l'an prochain. On aura pas le choix, sûrement, tant qu'ils nous gardent là on y retournera. Mais si on l'avait ? Il n'y a rien qui me retient là-bas, sinon des traumatismes toujours plus grands et des illusions. La porte s'ouvre. Par moment, je me dis que j'y reviendrai, pour finir ce que j'ai commencé, pour avoir un diplôme et que mes parents soient fiers même s'ils ne comprennent pas vraiment. Et à d'autres, la lucidité me revient, me poussant à réaliser qu'il n'y a rien à gagner à revenir, sinon l'arrêt de mort auquel j'ai miraculeusement échappé... C'est arrivé deux fois, pourquoi pas trois ? Et la troisième serait sûrement la bonne. On y passerait. Tous. Ça aurait dû arriver cette fois. Ça aurait été plus simple. Les yeux fermés, dos à la porte, j'écoute le parquet grincer. Je préfère encore quand je dors pour de vrai : l'espoir n'existe pas. C'est ridicule, n'est-ce pas ? Il n'y a rien à espérer. C'était plutôt clair, je crois. Pris à mon propre jeu... C'est tellement pathétique. Je suis tellement pathétique... Ils auraient dû m'achever pendant qu'ils le pouvaient encore. Je suis décidément trop con. Je suis tombé trop bas...
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Message(#) Sujet: Re: I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ  EmptyLun 17 Juil - 18:53


❝ I only bring the heat, company under cover ❞Dan & Milo
Le plus difficile dans cette histoire, ça a été de le laisser partir. J'étais prêt à endurer mille et un tourments, tant que je restais avec lui. Je voulais que les secours arrivent, j'avais prié pour qu'ils arrivent vite, pas pour qu'ils me le prennent. J'avais cru, naïvement, que j'allais pouvoir partir avec lui et que je ne le lâcherai pas jusqu'à son réveil. Naïve idée. On m'a rapidement remis les pieds sur terre en me l'arrachant et j'avais eu beau lutté, ça n'avait servit à rien. Je ne pensais pas que sous l'adrénaline, j'avais été capable d'avoir autant de force. Pourtant au vu de mon gabarit, on aurait pu penser que non, malgré tout, il aura fallu deux aurors et Liu pour me calmer. Je ne voulais pas le lâcher, hors de question. Mes nerfs ont lâché quand je les ai vu me l'enlever et j'ai crié, j'ai lutté, j'étais au bord du gouffre. Une véritable crise d'hystérie. Liu eut bien du mal à me calmer et à me ramener à la raison. Ils vont le soigner. Il sera en sécurité là bas. Il faut que je les laisse l'emmener. Voilà ses paroles. Tellement réconfortantes et cruelles à la fois. Elle me dit ce que je veux entendre et ce que je ne veux pas entendre en même temps. Il va falloir que je sois patient, que je ne peux pas partir avec lui, que le premier voyage sera uniquement pour les blessés graves. Je sais qu'il n'est pas le seul de blessé. Enfin, je le suppose, je refuse d'observer la scène qui m'entoure, c'est trop dur, je ne le supporterais pas. Alors je fonds en larmes dans ses bras. Je me laisse aller, pour la première fois depuis le début. Je suis au bout de ma vie. Il est loin et maintenant que je ne peux plus m'occuper de lui, il va falloir que je m'occupe de moi et je n'en ai pas envie. Je ne le mérite pas, j'aurai dû mourir aujourd'hui ou être blessé à sa place, mais pas être quasiment en pleine forme. Je me déteste tellement, vous n'avez pas idée.

Deux jours coincés au château, vous n'avez pas idée comme c'est long. Le lendemain, ils sont venus récupérer les nés moldus pour les ramener au lieu secret. On n'a pas voulu nous dire où, pour la sécurité de tous. Au cas où les Mangemorts reviendraient, très certainement. J'ai passé 2 jours avec ma soeur. Je ne disais rien, je n'avais pas envie de parler. Je me contentais juste de l'écouter. Dan n'était plus là. Billie non plus, Perrin avait disparu, tout comme Sinéad, j'étais totalement perdu et au bout de ma vie. Alors j'errais dans les couloirs dévastés de Poudlard, pour voir l'ampleur des dégâts. Tout ça, c'est de ma faute. Je vois des traces de sang, mon coeur se serre. Il y a de nombreux blessés, des morts et des disparus. Tout ça, c'est de ma faute. Mes larmes coulent sur mes joues et je ne fais rien pour les empêcher de laisser une trace. Il n'y a personne pour les voir de toute façon. Le château a retrouvé son calme. Silencieux, trop silencieux à mon goût. Je finis par retourner vers les autres, je ne supporte plus tout ça. Heureusement que le deuxième jour finit par pointer le bout de son nez parce que je n'en pouvais plus, j'allais devenir dingue à ce rythme là. Ils finissent par revenir, j'ai bien cru qu'ils nous avaient oublié. On nous fait transplaner jusqu'au fameux lieu secret. La Ferme. Je ne la connais pas mais d'autres y sont déjà allé. Sécuritaire ? J'espère bien parce que ça ne donne pas très envie d'y rester. On nous explique qu'on doit rester ici, qu'on n'a pas le choix, que tant que le Ministère est aux mains des Mangemorts, on est en sécurité nulle part. Je déglutis. Comment va ma famille ? J'ai à peine eu le temps de voir Dax. Il doit être dans le coin, il m'a dit qu'il restait. Mais pour le moment ce n'est pas ma priorité, je verrais mon frère plus tard.

Une fois le discours finit, on nous dit qu'on peut se rendre à l'infirmerie si on a des blessures bénignes à soigner. Je m'en fous de mes blessures, elles guérirons d'elles-mêmes. Pourtant je me rends quand même à l'infirmerie. Liu m'a dit que je pourrais rester auprès de lui. Elle m'a promis une chaise. Mon coeur tambourine dans ma poitrine. Je ne me sens pas bien. Il y a beaucoup de lits et beaucoup sont occupés. Je ne me sens pas bien. Je finis par le voir, mon coeur s'accélère à chaque visage que je reconnais dans un lit. Il est là, au milieu des autres, inconscient. J'ai du mal à avaler ma salive. Ma respiration se fait douloureuse, mais je continue. Je tremble un peu. Je finis par être à deux pas, je vois la chaise, comme Liu me l'avait promis. Je m'y installe rapidement, de peur qu'on me l'enlève, qu'on m'interdise de rester. Il a les yeux clos, mon coeur se serre. Il a l'air mal en point. Tout ça c'est de ma faute. Je retiens mes larmes, ici je ne peux pas pleurer, on n'est pas à Poudlard et je ne suis pas seul, pourtant dieu sait que j'aimerai en cet instant. Tout ça, c'est de ma faute. Quelqu'un s'approche de moi, je sursaute. Il ne faut pas faire ça, on s'annonce avant de s'approcher des gens. Il pose sa main sur mon épaule et me demande si je suis un des derniers arrivés. Je hoche la tête, j'aimerai qu'il enlève sa main de sur mon épaule, pourtant je ne dis rien. Il me dit qu'il doit m'ausculter, par sécurité, je m'enlève de son emprise, paniqué. « Ne me touchez pas !! Je vais bien, je n'ai pas besoin qu'on m'ausculte. Laissez moi tranquille. » Mon ton augmente sans que je le veuille. Je suis totalement hystérique en ce moment, un rien me met dans tous mes états. Je sais que je ne dois pas, qu'il faut que je me calme, qu'ils sont là pour m'aider, mais je ne veux pas d'aide. Je n'en ai pas besoin. Je ne le mérite pas. Je le vois dans son regard qu'il est étonné, mais je m'en fous, il ne me touche pas et je ne partirai pas. « Je ne partirai pas d'ici. Vous m'avez déjà obligé à rester à Poudlard alors que vous l'emmeniez, vous ne me ferez pas partir alors que je viens d'arriver. Ne me touchez pas. Laissez moi tranquille ... S'il vous plait ... » Je sens mes larmes monter. Il ne faut pas qu'il insiste, je ne veux pas bouger. Je vois l'infirmier Lennox qui s'approche, il glisse quelques mots à l'homme en face de moi. Il me sourit, l'air compréhensif "Il y a d'autres élèves qui sont arrivés, on s'occupera de toi plus tard. Calme toi Milo. Tu es en sécurité ici et lui aussi. Vous ne risquez plus rien. Reprends ton calme, on vous laisse tranquille." Insister aurait été pire, il en est conscient, alors ils s'éloignent. Mon coeur tambourine dans ma poitrine. Je n'aurai pas dû réagir comme ça, mais ça a été plus fort que moi, comme instinctif. Je ferme les yeux quelques instants, une main posée sur le lit pendant que l'autre couvre mes yeux. Calme toi Milo. Calme toi. J'essuie mes larmes, je reprends contenance.

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“Pour qu'un amour soit inoubliable, il faut que les hasards s'y rejoignent dès le premier instant.” Kundera Milan ♦ by dream's


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Message(#) Sujet: Re: I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ  EmptyLun 17 Juil - 20:33


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Les pas s'avancent dans la pièce. Ça finit par être une habitude. Ils resteront un peu puis feront demi-tour après quelques mots larmoyants balancés à voix basses. Est-ce qu'ils se rendent compte de leur ridicule ? Je pense pas. Ils s'en abstiendraient, sinon, n'est-ce pas ? Ils s'avancent. La lassitude se fait déjà sentir. Je ne sais pas si c'est fait exprès mais chaque personne ou presque passant dans les environs tente de se faire discrète, marchant sur la pointe des pieds ou bougeant avec mille et une précautions. Ça me donne l'impression qu'on est tous à l'agonie, que le moindre signe de vie extérieure pourrait nous faire y rester. Eux, j'en sais rien. Mais c'est pas mon cas. J'aimerais juste qu'ils ne soient pas là. Tous autant qu'ils sont. Qu'ils disparaissent pour de bon. À la maison, ça aurait été possible. La solitude, le silence, l'ignorance. À la maison... N'importe quoi. C'était pas « chez moi », c'était un dortoir pourri dans une école qui l'était tout autant. Je ne sais même pas ce qu'il en reste, aujourd'hui. Ni du dortoir ni de l'école. Pour la première fois depuis l'autre soir, je me demande ce que sont devenues mes affaires. Et celles de Keagan ? J'y ai touché qu'une fois, à Halloween, pour récupérer ce qui pouvait servir à notre infirmerie d'appoint... Et après, tout est resté en l'état, dans l'espoir sûrement plus tenace que je le pensais qu'il revienne un jour. À croire que je ne suis bon qu'à ça ! Espérer pour rien, m'accrocher à des trucs qui n'arriveront jamais ! J'ai l'impression que ça ralentit un peu. C'est long. Et lourd. C'est bon, là ! Que ça aille rejoindre le mourant que c'est venu voir et que ça arrête de faire grincer le parquet. Peut-être que je les invente, les grincements. Peut-être qu'à force d'être rivé aux bruits qui nous entourent, je finis par entendre même ceux qui n'existent pas. C'est pas comme s'il y avait beaucoup d'autres choses à faire, en même temps. Attendre. Ressasser. Désespérer. À peu de choses près, c'est là toutes mes occupations de ces dernières heures. À moins que ça ne se compte en jours... ? Enfin, c'est la même... Un instant plus tard, c'est la chaise près de mon lit qui couine. Mon cœur s'accélère. J'assassine l'envie de me retourner pour voir qui s'est aventuré jusque là. Il faut faire taire la petite voix stupide qui veut croire encore. C'est juste Daniela, sans doute. Peut-être Tracy ? J'en sais rien. Qui que ce soit, c'est gentil, je dis pas le contraire mais... Mais j'ai pas envie. J'ai juste envie qu'on me laisse tranquille. Je vais bien, qu'on demande à tous les infirmiers qui passent, je suis pas à l'article de la mort alors qu'on me foute la paix. Par pitié...

Quelqu'un d'autre s'approche. À croire que mon lit est devenu la nouvelle attraction des environs ! Je suis dans un état si lamentable ? J'en avais pas l'impression. Je n'ai pas voulu voir l'état de la plaie, je ne regarde pas quand ils vérifient que ça va en s'arrangeant (j'espère seulement que c'est le cas) mais je sais que c'est pas le truc le plus visible du monde. Et je crois que le reste a été épargné. Alors je ne comprends pas. Avec un peu de chance, c'est seulement pour dire à la personne n°1 de partir. Je suis sûrement très fatigué, vous comprenez ? Alors il faut me ménager, me laisser me reposer, tout ça... Exactement. Je suis parfaitement d'accord. Mais le destin s'acharne. Ça parle des derniers arrivés (quels derniers ?) et d'auscultation. Ouais, c'est ça, va te faire ausculter et laisse-moi tranquille. « Ne me touchez pas ! Je vais bien, je n'ai pas besoin qu'on m'ausculte. Laissez-moi tranquille. » C'est tout mon corps qui se tend imperceptiblement sous les draps. Mon cœur s'emballe. Il me fait mal. Qu'est-ce qu'il fait là ? Il devrait être en train de se réjouir de la réussite de son entreprise, de profiter avec ses proches. Billie, sa sœur, qu'est-ce que j'en sais moi ! Je ne bouge pas, continue de feindre le sommeil. Mais c'est de plus en plus dur. Il ne devrait pas être là. Pourquoi ?! On ne se soucie pas des dommages collatéraux, c'est stupide. Je suis pas mort, il le voit bien, qu'il reprenne le cours normal de son existence sans achever de ruiner la mienne. Pourtant, je sais bien à la façon qu'à mon cœur idiot de battre que ce n'est pas la colère qui m'est tombée dessus. Le ton de sa voix m'a fait de la peine et j'ai juste envie de le serrer contre moi. Il n'a pas hésité à m'envoyer au front et, moi, j'ai envie de le consoler. Si je ne devais pas faire semblant de dormir pour qu'il dégage plus vite, je me bafferais sûrement. « Je ne partirai pas d'ici. » Quoi ?! Si ! Barre-toi ! J'ai pas envie de te voir ! Pas maintenant... Je veux juste oublier. Oublier que tu me prends pour un con depuis des mois, que la confiance est morte et que t'étais prêt à m'enterrer avec elle... Mais j'ai presque l'impression de sentir sa chaleur venir jusqu'à moi et elle me rassure. Sa présence me rassure. Je me déteste d'être aussi pathétique. « Vous m'avez déjà obligé à rester à Poudlard alors que vous l'emmeniez, vous ne me ferez pas partir alors que je viens d'arriver. » Mon avis compte pas. Tout le monde s'en fout. Depuis le début, je suis trimballé sans que ça dérange qui que ce soit. Sauf moi... « Ne me touchez pas. Laissez moi tranquille... S'il vous plaît... » Ma gorge se serre. J'imagine trop bien son regard paniqué, toute la distance qu'il tente de mettre entre lui et je ne sais pas qui. Ses supplications me renvoient à des souvenirs désagréables. Je devais le protéger... J'ai jamais réussi... Je lui ai même jamais servi à rien, en réalité... Je ne sais vraiment pas ce qu'il fait là.

Le ballet qui s'exécute autour de moi ne cesse de se compliquer. Aux deux premiers vient se greffer quelqu'un d'autre. Des pas plus lourds. J'ai l'impression d'être parfaitement invisible. Et si je dormais vraiment, hein ? Tout le monde s'en fout. C'est pas comme si j'avais grand chose d'autre à faire de mes journées. Je ne suis pas à cinq minutes près, c'est ça ? Je sais que c'est vrai mais je ne peux pas m'empêcher de mal le prendre. J'ai envie de les secouer, de leur faire comprendre que même si je dis rien, j'en ai ma claque ! Qu'ils aillent se taper la discut' ailleurs qu'au pied de mon lit ! « Il y a d'autres élèves qui sont arrivés, on s'occupera de toi plus tard. Calme toi Milo. » Je réprime un frisson à cette dernière phrase. C'était mon rôle, normalement. Être à ses côtés pour essayer de le rassurer. Je ne compte plus le nombre de nuits avortées pour veiller sur les siennes... Je n'ai jamais rien fait dans le seul espoir d'un retour, très franchement, mais... Mais je ne m'attendais pas à ça. Mes yeux piquent derrière mes paupières closes. « Tu es en sécurité ici et lui aussi. Vous ne risquez plus rien. Reprends ton calme, on vous laisse tranquille. » C'est étrange d'entendre parler de soi comme si on était pas là. J'ai l'impression pas si inconnue que ça de faire partie des meubles, d'être un objet. D'être posé là en attendant de daigner servir à quelque chose. Ils s'éloignent. On est en sécurité, ici. Au milieu de nulle part. Arrachés à tout ce qu'on a jamais connu au nom de risques qu'on prétendait vouloir combattre. Enfin... Qu'ils prétendaient vouloir combattre. Prudemment, sans esquisser le moindre geste, j'ouvre les yeux. Il est là. Tout près. Sur la chaise qui traîne à côté du lit depuis que j'y suis sans que je ne sache pourquoi. Est-ce que c'était prévu ? Non. La coïncidence, sûrement... Il n'a pas l'air d'avoir remarqué que je ne « dormais » plus. Alors je le détaille sans retenue. Il n'a pas l'air aussi bien que je le pensais. Il devrait aller mieux. Sourire, être fier. Presque prétentieux, même. Claironner à tout va qu'il fait partie des héros de notre génération. Certainement pas chouiner sur une chaise branlante à côté de moi. Mon regard glisse le long de son bras, jusqu'à sa main posée sur mon lit. Au prix d'une lutte douloureuse, je tiens la mienne éloignée. Pourtant, ça n'est pas l'envie qui manque mais mon ego blessé se bat encore malgré tout. « T'aurais dû les laisser faire. Par précaution. » Parce que même s'il n'a pas l'air d'avoir grand chose, ce serait dommage de prendre le risque que ça s'aggrave...
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Je suis au bout de ma vie, ne le voient-ils donc pas ? Pourquoi insister ? Pourquoi vouloir me toucher ? M'ausculter ? Je vais bien, je n'ai pas besoin de soin. J'ai un peu mal mais en soit rien de dramatique, rien qui pourrait m'empêcher de boucher, de dormir ou autre. Ca passera, ce n'est que physique, ce n'est pas ça qui m'inquiète actuellement. Moi ce que j'aimerai, c'est qu'il m'oubliette. Qu'ils fassent disparaissent tous les traumatisme qu'on a vécu ces derniers mois, qu'il n'en reste plus rien et qu'enfin je redevienne le Milo que j'étais. Le Milo chiant et ennuyant que tout le monde détestait, parce que j'étais trop sérieux et trop fragile. Le Milo qu'ils aimaient taquiner et embêter, sans que ce soit méchant, en tout cas selon eux. Le Milo froussard et pas particulièrement aventurière, qui ne se serait jamais jeté dans une bataille. Jamais. Mais malheureusement, si je fais ça, je perdrais aussi tous les souvenirs que j'ai d'avec lui. Toutes nos nuits passées ensemble. J'oublierai ses paroles réconfortantes, ses câlins, son odeur, le son que son coeur fait en battant dans sa poitrine, le rythme de sa respiration. J'oublierai tout, jusqu'à mon amour pour lui et ça je ne le veux pas. C'est la seule chose positive qui s'est produite dans ma vie ces derniers mois, je refuse l'idée que quelqu'un me l'enlève. Même si au fond, je l'ai peut-être perdu à jamais. Mais si c'était le cas, aurai-je quand même envie de tout oublier ? Pour aller de l'avant, pour m'en remettre ? Non, définitivement non. Et puis je ne le mérite pas. Je ne mérite pas d'être heureux, de sourire ou d'avoir envie de rire. Si ces gens sont ici aujourd'hui, c'est entièrement de ma faute. S'ils souffrent, s'ils ont perdu quelqu'un durant la bataille, c'est de ma faute. Je ne mérite ni leur pardon, ni l'oubli. Je dois vivre avec ça pour toujours, porter ce poids, seul. Je sais que pourtant je n'ai pas été tout seul à fomenter cette révolte et que l'idée ne venait même pas de moi, mais est-ce que ça doit changer quelque chose au final ? Je suis coupable, tout autant qu'eux. Alors oui, nous sommes sortis, mais dans quelle condition ? Nous sommes toujours en fuite, blessés, apeurés, loin de nos familles et il y a des disparus, en quoi est-ce une si bonne chose cette révolte ? Plus le temps passe et plus je la regrette. Rien n'a fonctionné comme je l'avais espéré, je n'ai pensé à rien et j'ai tout foiré. J'ai blessé celui que j'aimais et j'ai perdu à jamais sa confiance. Il doit me haïr. Il doit tellement me haïr. Mais je crois, qu'il ne pourra jamais me haïr plus que je me hais.

« T'aurais dû les laisser faire. Par précaution. »
Je suis surpris d'entendre sa voix, je ne m'y attendais pas du tout. Pourtant c'est complètement débile, je viens de faire limite un scandale à côté, évidemment que je l'ai réveillé. Mais quel abruti, quel crétin, je suis vraiment bon à rien. J'aurai dû y passer lors de cette bataille, ça aurait au moins épargné à mes proches l'agacement de devoir encore me supporter.
J'essuie rapidement les larmes de colère et de peur qui restent encore au coin de mes yeux avant d'enlever ma main. Faire comme si tout allait bien même si rien ne va. Ce n'est pas moi qui suis alité mais lui. Je vais bien. Surtout, je vais bien. Mon monde ne s'est pas écroulé sous mes yeux et je ne fais pas une chute vertigineuse. Je me racle la gorge, je tourne lentement mon regard vers lui. Qu'est-ce que je fais là bon sang ? Il n'a certainement pas envie de me voir, ni de me parler. Le pauvre souffre et je lui impose encore ma présence. Quel boulet. « Pardon de t'avoir réveillé, je ne voulais pas ... » Je ne vais pas lui faire l'audace de lui dire "je t'ai réveillé?" alors que clairement j'ai dû réveiller l'infirmerie dans son entier. Mais c'est l'autre aussi. On vient tous de subir un traumatisme, on se remet à peine de la bataille, on peut peut-être nous laisser respirer quelques instants ? Si j'ai vraiment besoin d'être soigné, ne suis-je pas un assez grand garçon pour me présenter ? « Je vais bien. Je n'ai que quelques égratignures et contusions qui disparaitrons dans quelques jours. » Je vais bien. Est-ce que si je le répète suffisamment de fois, je vais finir par y croire ? Physiquement je vais bien. Psychologiquement c'est l'anarchie totale, un chaos sans nom. Mais je vais bien. Lui non, voilà le plus important à retenir. « Et toi ? Comment tu te sens ? Ils ont réussi à refermer ta blessure ? » Mon coeur s'emballe rien qu'à me remémorer sa poitrine pleine de sang. Je le revois encore, tomber au sol, une auréole sombre s'agrandir lentement. Il y avait du sang de partout. J'ai rien pu faire. J'ai essayé, vraiment essayé, mais j'étais incapable de rien. Je sers les poings, sans même m'en rendre compte. Je me tends comme un arc. Il ne faut pas que j'y pense. Ce n'est rien... Sans Tracy, jamais il ne serait là aujourd'hui. Ce n'est pas moi qui devrais être ici à lui parler mais elle. C'est elle qui mérite son attention, son amour et sa protection, moi je ne mérite que son dédain et sa haine.

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Je ne le lâche pas des yeux, craignant sûrement qu'il disparaisse si j'ai le malheur de détourner mon attention. Pourtant, je devrais le vouloir. Je dois bien le vouloir un peu. Qu'il se lève, me balance qu'il est rassuré de voir que je vais bien et qu'il quitte mon existence pour de bon. Qu'est-ce qu'il y a tiré de sa présence, désormais, hein ? À part des doutes, de nouvelles craintes... J'ai passé des mois à me répéter à longueur de journées que je ne le méritais pas, qu'il n'avait rien à faire avec un abruti dans mon genre... Mais finalement, aujourd'hui, j'en suis plus aussi sûr. J'ai tous les défauts du monde mais j'ai toujours été honnête avec lui. Quitte à l'inquiéter ou à déclencher des disputes dont on aurait pu se passer. J'ai toujours agi pour lui. Bêtement, j'en conviens, mais en pensant à son bien... Il se racle la gorge et tourne la tête vers moi. Je ne mets qu'une seconde à me noyer dans son regard, laissant l'air m'abandonner doucement. Mon cœur se serre. On a jamais vraiment été sur la même longueur d'ondes, c'est à se demander ce qu'on foutait ensemble, mais c'est un véritable fossé qui se dresse entre nous. Tous les mensonges, tous les non-dits. Si j'avais su... Si j'avais su quoi, hein ? J'ai beau faire genre, je sais que je me serais fait avoir exactement de la même manière. Parce que j'avais envie d'y croire. « Pardon de t'avoir réveillé, je ne voulais pas... » Je vois ses lèvres bouger mais je ne comprends pas tout de suite. Je les fixe une seconde, reviens jusqu'à ses yeux et finis par hausser les épaules. Qu'est-ce que je peux répondre à ça ? « Je dormais pas » ? Il penserait sûrement que je le prétends juste pour qu'il ne culpabilise pas. Et bien qu'il fasse ! Ce serait la moindre des choses, j'imagine, qu'il s'en veuille d'avoir troublé ce repos désastreux. Je suis plus fatigué encore qu'après ces semaines sans sommeil... Inconsciemment, je devais tenir pour lui, parce qu'il n'avait pas besoin d'un crétin qui sombrait avec lui. Mais là...

Là, je réalise à quel point rien ne va. Tout ce que j'ai perdu, tout ce que je retrouverai jamais. J'avale péniblement ma salive. J'ai plus le courage de me voiler la face, de me convaincre tout ne va pas si mal. Ce à quoi je me raccrochais désespérément s'est fait la malle. « Je vais bien. Je n'ai que quelques égratignures et contusions qui disparaîtront dans quelques jours. » Normalement, j'aurais insisté. Je n'aime pas beaucoup l'idée qu'il puisse avoir quoi que ce soit sans faire en sorte que ça s'arrange. À la m... Dans notre dortoir, on aurait eu ce qu'il fallait pour qu'on s'en occupe nous-mêmes, ça aurait sûrement pas été du grand art mais même s'il n'avait pas voulu se faire soigner, ça aurait été à peu près fait. Là, je sais pas. Je sais plus. Je me rends compte que ma place m'a échappée. Mon regard se voile à cette pensée débile et je me redresse tant bien que mal pour me donner bonne contenance et ne pas réfléchir davantage. Un faible gémissement m'échappe, une grimace peut-être aussi, mais mon dos finit par rejoindre la tête de lit. Je regarde brièvement autour de moi. Je ne reconnais pas grand chose. Ni les lieux ni les gens. Je veux dire, c'est pas nous, ça. Ça aurait jamais dû être nous... Je me sens étranger dans ma propre vie. « Et toi ? » Sérieusement ? Il me demande vraiment comment je vais ? J'ai failli crever ! Je dérouille depuis des jours ! Il a massacré tout ce que j'avais réussi à construire... Et je crois que c'est le pire. Sa question me laisse hébété. J'ai l'impression qu'il agite sous mon nez les ruines de notre histoire. Je ne dis rien. J'accuse le coup sans ciller. Le vide se fait plus grand encore. Chaque respiration me fait plus mal que la précédente. J'ai juste envie de le virer de là. Il comprend rien. « Comment tu te sens ? Ils ont réussi à refermer ta blessure ? » Je sens mes muscles se tendre brusquement. Je crois que j'aurais préféré qu'il s'en foute. Je ne sais même pas si les questions sont sincères ou seulement là pour faire bonne figure. « Je viens aux nouvelles, je suis un gentil garçon. » Tu parles... Tu termines juste ce que t'as commencé.

Je détourne les yeux, déçu et mal à l'aise. Je hausse à nouveau les épaules. Je vois pas trop ce qu'il attend comme réponse. « Ça va. » Il n'y a sûrement rien de plus faux au monde. Ça ne va pas. J'ai foutu ma vie en l'air. Avant, bien sûr, mais cette année plus encore. Je me suis noyé dans des espoirs que je savais faux depuis le début. Et ma famille me manque. Quand j'ai ouvert les yeux, j'ai espéré que ma mère serait là. Qu'elle m'engueulerait, à la limite, mais que sa main passerait doucement dans mes cheveux avant que ses lèvres ne se posent sur mon front. J'ai espéré qu'il y aurait quelqu'un pour me protéger, pour veiller sur moi. Pour faire ce que j'ai toujours été incapable de faire tout seul. Mais elle n'était pas là. Il n'y avait personne. Et j'ai eu tout le loisir de comprendre que c'était ça, ma vie, en fait. Rien. Du vide. Des gens présents quand je suis là pour déconner et plus personne pour un peu que je puisse en avoir besoin. « Je me suis pas encore vidé de mon sang, je suppose que c'est bon signe. » Il y a une ironie violente qui pointe derrière ces quelques mots. Je ne sais pas si c'est refermé, j'imagine juste que oui. Je veux pas savoir. Je ne veux pas voir les dégâts. Quand j'ai vu le pansement, la première fois, je me suis demandé comment j'allais pouvoir me démerder avec ça. Je suis finalement qu'un physique intéressant, alors si même ça ne suit plus, qu'est-ce qu'il me reste ? Je croise les doigts pour que ça soit pas aussi horrible que je l'imagine ou que ça disparaisse totalement avec le temps. Mais il n'est pas obligé de le savoir. Qu'est-ce que ça peut lui faire, de toute façon ? C'est un détail vaguement gênant dans le tableau parfait de leur réussite. C'est la guerre, après tout, il faut des blessés, des blessures... J'étais là pour ça. J'étais prêt à prendre pour lui, de toute façon, de quoi je me plains ? Le silence s'installe. Pesant. Lourd de sens, il me semble. Normalement, je n'ai pas besoin de lui parler tout le temps, je vis simplement à côté en me réjouissant de sa présence mais aujourd'hui, j'ai juste rien à lui dire. J'ai l'impression qu'on a fait le tour. Que sa présence à mes côtés n'est pas naturelle. « On est coincés ici jusqu'à quand ? » Il ne le sait sûrement pas, personne doit le savoir même, mais je m'en fiche. Je n'attends pas de vraie réponse, j'essaye juste de tuer la gêne silencieuse qui plane au-dessus de nous...
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« Ça va. » Je suis un abruti de première. Oh évidemment je le savais mais là, ça devient de plus en plus criant. Même lui l'a remarqué, c'est pour dire. Il aurait dû rester endormi, je n'aurai pas dû faire de scandale. Peut-être que je n'aurai pas dû venir. J'aurai dû rester près de l'entrée, à l'observer au loin. Ma présence n'est clairement pas demandée ici. Evidemment qu'il ne veut pas me voir, pourquoi en aurait-il envie ? Je l'ai fait venir au bal pour lui annoncer que je ne resterai pas, que je l'abandonnais pour une guerre où je n'avais pas ma place. Qu'est-ce que je croyais ? Qu'il allait oublier ? Me pardonner ? Qu'il allait faire comme si rien ne s'était passé ? Ce n'est pas parce qu'il avait eu l'air soulagé de me voir avant qu'il ne soit blessé que ça veut dire qu'il me pardonnait. En fait c'est plus qu'évident qu'il ne le fera pas, pourquoi faire ? Je suis qui moi au final ? Qu'un mec parmi tant d'autres ou en tout cas c'est ce que je vais devenir. On me dira que j'ai été son premier amour, que ce n'est pas rien. Alors certes, je suis d'accord, c'est important, mais je ne veux pas qu'on parle de moi au passé. Je ne veux pas être le salaud qui s'est foutu de sa gueule ou l'abruti de première sur qui il est tombé amoureux bêtement. Mais j'en demande certainement beaucoup trop. Je le sais, je suis trop exigent alors que très clairement tout joue en ma défaveur. Je vais juste devoir l'accepter. Sauf que c'est difficile d'accepter alors qu'on n'est pas prêt à lâcher l'affaire. Je ne veux pas qu'il quitte ma vie, je ne le peux pas. C'est purement égoïste, j'en ai parfaitement conscient, mais je l'aime et je ne veux pas vivre sans lui.

Mon coeur tambourine dans ma poitrine. Je l'ai vu se redresser, grimacer de douleur, pour s'asseoir. Il ne devrait pas faire ça, il doit rester allonger au maximum. Sauf que je n'ai plus vraiment le droit de lui dire quoi que ce soit, il ne m'écouterait pas. Il me dirait certainement qu'il va bien, qu'il n'est pas en sucre ou qu'il est assez grand pour savoir ce qu'il doit faire ou ne pas faire. Alors je m'oblige à garder le silence, même si mes yeux ont dit tout le contraire. On pouvait voir la panique, l'inquiétude et la peur qu'il puisse avoir mal. Sauf que c'est débile parce qu'il a mal et que c'est entièrement de ma faute. J'aimerais lui dire que je suis désolé, pour tout, que je ne voulais pas qu'on en arrive là. Sauf qu'il s'en fout et c'est normal. Je donnerai l'impression que je fais tout ça pour me donner bonne conscience alors que très clairement j'ai abandonné ma conscience dans le chaos et je ne suis pas prêt de la retrouver. Je me mord la lèvre inférieur, je le fixe, toujours inquiet, laissant malgré moi glisser mon regard vers son abdomen. Si je vois ne serait-ce qu'une trace, j'appelle à l'aide, content ou pas je ne le laisserai pas se vider de son sang par orgueil ou par vengeance. « Je me suis pas encore vidé de mon sang, je suppose que c'est bon signe. » Je déglutis, sa remarque vient de me briser le coeur. Je baisse le regard, retire ma main de dessus le lit, honteux. Il a raison, tout ça c'est de ma faute. Il ne le dit pas clairement mais c'est vrai malgré tout. Pourquoi se le cacher. Ne surtout pas pleurer, ce n'est pas le moment. Je dois encaisser les remarques. Il a le droit d'être en colère, il a le droit de m'en vouloir, de me haïr. Je le mérite. Je le mérite tellement. Je garde mon regard braqué sur mes mains. Je n'aurai pas dû venir, ma place n'est définitivement pas là. Il a le droit à ce que je le laisse tranquille. Je lui ai fait assez de mal. Pourtant je n'arrive pas à partir, je ne peux tout simplement pas. J'ai pensé à ce moment durant 2 jours. Depuis qu'on me l'a arraché des mains, je pense au moment où je pourrais le revoir. Hors de question que je m'en aille. Ni maintenant, ni jamais. Qu'il me haïsse s'il veut, qu'il refuse de me parler, qu'il m'ignore même, je m'en fous, j'encaisserai.« C'est grâce à Tracy, si tu t'es arrêté de te vider de ton sang. » Je ne devrais peut-être pas lui dire, faire semblant que c'est moi qui l'ait sauvé. Mais pourquoi prendrai-je des honneurs qui ne me reviennent définitivement pas ? C'est elle l'héroïne dans l'histoire, celle qui l'a sauvé. Moi j'en ai été incapable. Je ne sais pas ce qu'on lui a dit, je ne sais même pas s'il a envie de savoir quoi que ce soit. Il me dira de la fermer s'il ne veut rien entendre. « J'ai essayé. J'ai vraiment essayé ... mais je n'y arrivais pas. Il y avait du sang de partout. J'ai essayé de faire pression sur ta plaie ... mais ça ne faisait rien. J'ai pas réussi à lancer de sort, ça ne fonctionnait pas. Elle ... son sort a fonctionné. C'était loin d'être suffisant mais au moins le sang a arrêté de couler. » Autant être honnête jusqu'au bout. Parce qu'au final on s'en fout de savoir combien de mangemorts j'ai mis à terre, c'est définitivement pas le plus important. Tout comme on s'en fout si j'ai été touché par un sort, ami ou ennemi d'ailleurs je ne le saurai peut-être jamais. Le plus important c'est que sans elle, il ne serait plus là. Alors j'aurai beau la jalouser et avoir peur qu'il parte finalement avec elle, peut-être que ce serait le mieux pour tout le monde. Elle peut le protéger. Je ne l'ai même pas vu. Il faudrait que je la remercie pour ce qu'elle a fait. J'ai pas toujours été très tendre avec elle, même si elle l'ignore, mais visiblement elle ne mérite pas autant ma haine.

Quand je fixe mes mains, je vois encore le sang. Son sang. En fait j'ai la sensation que j'ai beau les laver, les frotter, le sang ne part pas. Acacia a dû m'arrêter la dernière fois parce que je les frottais jusqu'au sang. Je lui disais qu'il y avait encore du sang, que tout n'était pas parti. Elle me disait que c'était dans ma tête et qu'il n'y avait plus de sang ... sauf le mien. J'essayais de me dire que c'était pareil, qu'il n'y avait pas de sang, même si je le voyais très clairement. Je relève le regard, il ne faut pas que je les regarde, sinon je vais me sentir obligé d'aller les laver et je sais que je n'arriverai pas à m'arrêter. Soudainement j'entends de nouveau la voix de Dan. « On est coincés ici jusqu'à quand ? » Evidemment qu'il veut partir, c'est compréhensible. Tout le monde a envie de partir mais certainement lui, plus que quiconque. Etre loin de moi, m'oublier, passer à autre chose. Mais encore une fois je suis ridicule, je m'accorde plus d'importance que je n'en ai réellement. Il veut juste oublier tout ça, toute cette année. Oui, j'en fais parti mais je ne suis pas le centre de tout ça. Il me rayera vite de sa vie et je ne pourrais rien faire pour l'en empêcher. Je lui écrirais, évidement et peut-être obtiendrai-je des nouvelles, au début, pour être gentil. Mais au fil du temps, il ralentira les lettres, pour ne plus m'écrire que de courtes missives, m'expliquant qu'il est occupé, qu'il ne peut plus répondre, que c'est mieux qu'on arrête là, que c'était bien mais qu'on a rien en commun, que c'était une belle erreur. En fait je ne sais pas, peut-être ne m'écrira-t-il pas. Préférant me rayer de sa vie immédiatement. Il m'écrira peut-être pour me dire de le lâcher, de passer à autre chose. Que je ne suis qu'une grosse merde et que je ne le mérite pas. Et il aura raison, il aura mille fois raisons. Je le racle la gorge, je tente de garder contenance. Il a le droit de savoir. « Heu ... ils nous ont dit que le Ministère était toujours au main des Mangemorts. Je ne sais pas trop comment ça va se passer mais ils nous ont fait comprendre qu'ils allaient tout faire pour les arrêter. Peut-être que dans quelques semaines, on sera chez nous. Mais ils n'ont pas précisé de dates de retour. Juste ... qu'ils faisaient de leur mieux et qu'on était en sécurité ici. » Je n'en savais pas plus. Je crois que personne ne l'était vraiment, en dehors des aurors. On ne va pas me mettre dans la confidence, même si je me dis que si je les accompagnais, peut-être que cette fois-ci j'y passerai ... J'aurai aimé lui dire que c'était bientôt fini, que dans quelques jours il serait sur pied et que dans une semaine, tout au plus, il pourrait revoir sa famille. Mais je ne pouvais ni le lui dire, ni le lui promettre.

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Message(#) Sujet: Re: I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ  EmptyMar 18 Juil - 16:51


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Milo & Rioghbhardan

Je déteste cette sensation schizophrène d'être incapable de vouloir rien qu'une chose. J'aimerais tout et son contraire. Qu'il parte. Qu'il reste. Qu'il m'oublie. Qu'il m'aime. Qu'il la ferme. Qu'il me raconte ce qu'il veut juste pour entendre le son de sa voix. Quand j'ai ouvert les yeux et compris qu'il n'était pas là, je l'ai détesté pour m'avoir abandonné. Et maintenant qu'il est là, je le déteste de me forcer à voir tout ce qu'on a gâché. Même au beau milieu de nos disputes, ça n'a jamais été comme ça. Cette retenue prudente, elle me plaît pas. C'est comme si on avait conscience que le moindre mot de travers pourrait achever le peu qui tient encore debout. J'aurais préféré que ça pète... Des cris, des larmes s'il avait fallu. Qu'on se haïsse une seconde mais qu'on finisse par passer à autre chose. Je ne sais pas ce qui me retient de le faire. De lui balancer tout ce que je peux bien lui reprocher, de lui faire savoir à quel point c'est un connard et de le serrer fort contre moi pour oublier. Je sais pas... Je suppose que, dans le fond, je m'attends à ce que ça mette fin à tout. À tout quoi ? C'est stupide, il ne reste rien. Mais il partirait sûrement, il se laissera pas insulter sous prétexte qu'il a merdé. Est-ce qu'il en a conscience, au moins ? J'imagine... J'espère... Faut que j'arrête avec ça. Et même s'il partait, qu'est-ce que ça ferait ? C'est pas ce que je veux depuis qu'il est là, qu'il se barre ? Qu'il me foute la paix ? Si. C'est ce que je veux. Mais je ne veux pas qu'il le fasse. Il m'énerve autant qu'il me rassure. Je veux qu'il reste là. Mais pas trop. Qu'il soit là mais ailleurs. Il a pas d'autres potes à aller voir, ici ? Comme ça il resterait pas loin mais serait pas juste à côté, à me donner l'impression d'être limite sur mon lit de mort. C'est bon, je survivrai. Dans un ou deux jours, j'irai me faire chier dans un autre coin de cette ferme pourrie. Je me fais pas d'illusions, je vais sûrement pas passer les meilleures vacances de mon existence. Je suis sûrement plus à ça près...

Lorsque je m'assois, je sens son regard suivre le moindre de mes gestes. Je m'attends presque à ce qu'il me force à me recoucher. Mais il n'en fait rien. Est-ce que ça me gêne ? Un peu, je crois... J'aurais voulu qu'il quitte la sécurité de sa chaise pour m'arrêter et qu'il s'installe sur le bord du lit pour m'empêcher de recommencer. J'aurais sûrement râlé et ça m'aurait gonflé qu'il me prenne pour un môme mais ça aurait fait un peu comme d'habitude. Mais je peux pas vraiment lui demander de faire comme d'habitude alors que même moi je le fais pas, hein ? Et puis, il faut que je me fasse une raison : l'habitude est morte. Il n'y aura plus jamais rien de pareil. Parce qu'on est plus « chez nous », qu'il n'y aura plus jamais de « chez nous » de toute façon. Qu'il y en a peut-être jamais eu un que dans mes espoirs débiles. Parce que c'est plus le plus merveilleux petit ami de l'univers, juste un gars comme les autres. Sa perfection s'est cassée la gueule... Salement. Je ne comprends pas comment il peut avoir pensé que c'était une bonne idée de venir à mon chevet après s'être foutu de moi pendant des mois ! C'est dégueulasse de faire ça ! Et comme si ça suffisait pas, il m'enfonce davantage encore. Alors je me braque et l'envoie chier. Sa réaction ne se fait pas attendre. Il baisse les yeux et sa main s'éloigne. Je l'observe quitter mon lit, reprendre ses distances. Et moi... Moi, je me sens con. Je me sens mal. Abandonné une nouvelle fois. Pourquoi il fait ça ? Et je m'en veux, aussi. Il a l'air encore plus mal maintenant. Je voulais pas. Pas vraiment. Mais d'un autre côté, c'est de bonne guerre... Non...? J'ai le droit de lui faire aussi mal qu'il l'a fait lui. Non ! J'ai pas le droit. Je veux pas jouer à ce jeu-là. Je veux pas... Alors je baisse les yeux à mon tour, honteux, et ramène ma main vers moi, plus esseulé que je ne l'ai jamais été. « C'est grâce à Tracy, si tu t'es arrêté de te vider de ton sang. » Qu'est-ce que ça peut me foutre ? Elle aurait dû se mêler de son cul et de me laisser crever. Ça nous aurait évité tout ça. J'aurais pas vu ma vie se barrer en ruines. Ça se serait achevé sur quelque chose de vaguement correct. Une étreinte désespérée au milieu d'un champ de bataille. Ça faisait un beau tableau, au moins. « J'ai essayé. J'ai vraiment essayé... mais je n'y arrivais pas. » Je hausse les épaules. Je n'aime pas la tournure que prend cette conversation. Pourtant, il reprend. « Il y avait du sang de partout. » Un poids appuie sur ma poitrine. L'ignorance me va parfaitement. « Arrête... » C'est rien qu'un souffle sûrement assassiné par le flot de ses propres paroles. Il a besoin d'évacuer mais, moi, j'ai pas besoin de savoir. « J'ai essayé de faire pression sur ta plaie... mais ça ne faisait rien. J'ai pas réussi à lancer de sort, ça ne fonctionnait pas. Elle... son sort a fonctionné. C'était loin d'être suffisant mais au moins le sang a arrêté de couler. » Mon imagination se met en marche malgré moi, me laissant entrevoir mon corps à moitié mort étendu sur le parquet sanglant de la salle de bal. Un frisson de dégoût me parcourt violemment. J'ai sûrement dû pâlir un peu. Je suppose qu'on ne voit même pas la différence, de toute façon. Mon état actuel me suffit, pas la peine de m'informer du reste. Comme si c'était pas assez humiliant comme ça d'être dépendant de tout le monde tout le temps... Depuis que je me suis réveillé, je suis incapable de faire quoi que ce soit tout seul et peux oublier jusqu'à l'idée d'aller faire un tour. Je suis juste un boulet. Inutile et encombrant. Que ce soit pour lui qui se retrouve à perdre son temps ici histoire de se donner bonne conscience, ou pour les infirmiers qui se retrouvent avec un abruti de plus sur les bras... Pour ma famille, peut-être aussi... Je ne sais pas ce qu'ils savent désormais mais, malgré mes mensonges à répétition, ils doivent sûrement commencer à s'inquiéter. Leur vie serait plus tranquille sans moi...

Mes doigts jouent avec le bord du drap, dans un geste nerveux et désintéressé. Je les regarde faire pour ne pas avoir à le regarder, lui. J'aimerais qu'il m'explique pourquoi il a fait ça. Pourquoi il a rien dit. J'aimerais l'entendre se justifier rien qu'une fois. Mais comment je pourrais savoir si c'est sincère ou rien d'autre que du baratin ? Je m'étais jamais posé de questions. J'ai toujours pris tout ce qu'il me disait pour argent comptant et qu'il n'existait rien ou presque dont il ne parlait pas... Maintenant, j'en viens à me demander s'il y avait quelque chose de vrai dans tout ça. Je sais plus. Je ne crois pas. Je finis par ouvrir la bouche une fois de plus, juste pour briser le silence qui s'installe. On a rien à se dire. Il va bien, moi aussi, fin de l'histoire. Pourtant, je force. Rien qu'un peu. Parce que si on ne se parle pas, il n'aura aucune raison de rester. Et je ne veux pas qu'il parte. Pas encore. Pas maintenant. Je sais bien qu'il sera obligé, pour rejoindre sa chambre à un moment, ou pour aller dîner, j'en sais rien. Il devra bien bouger. Je ne sais même pas avec qui il est, d'ailleurs... Normalement, j'aurais sûrement fait chier la ferme toute entière pour être sûr d'avoir le lit à côté du sien quand je pourrai sortir de là mais je crois que c'est pas très important, finalement. Je peux aller dans une autre chambre, c'est pas gênant. Ce serait peut-être même mieux, en réalité. Ce serait tellement bizarre de passer mes nuits à côté en sachant pertinemment que c'est le plus près qu'on fera jamais désormais. Je ravale bêtement le sanglot qui me noue la gorge. Faut que j'arrête. C'est la vie. Y'a des histoires qui se terminent tout le temps et les gens passent au-dessus. Je ferai pareil, moi aussi. Je passerai au-dessus. Oui... Je passerai au-dessus... Mais je crois que ça fait beaucoup d'un coup. J'en peux plus... J'ai pas envie. Ni que ça se termine ni de passer au-dessus. Mais qu'est-ce que je crois, hein ? Qu'on se soucie aussi peu de quelqu'un à qui l'on tient vraiment ? Sérieusement ? S'il te plaît, arrête d'être con et ouvre les yeux ! « Heu... » Je ne dis rien, j'attends la suite. S'il y en a une, j'en suis pas sûr. Je sais que c'était pas la bonne manière de relancer la conversation mais j'ai rien d'autre en stock. « Ils nous ont dit que le Ministère était toujours aux mains des Mangemorts. Je ne sais pas trop comment ça va se passer mais ils nous ont fait comprendre qu'ils allaient tout faire pour les arrêter. » En gros, il a fait tout ça pour rien. Pour libérer vaguement des gens qui se retrouvent enfermés ailleurs sans même savoir s'ils retrouveront l'école ou leur vie, un jour. Super... C'est clair que ça en valait la peine, ça aurait été dommage passer à côté...

« Peut-être que dans quelques semaines, on sera chez nous. Mais ils n'ont pas précisé de date de retour. Juste... qu'ils faisaient de leur mieux et qu'on était en sécurité ici. » Quelques semaines... Je soupire malgré moi et m'abandonne lamentablement contre le mur. Ça va faire un an que je ne suis pas rentré chez moi. Un an que les nouvelles se font rares. Et ce qui me permettait de me voiler la face n'existe plus... Je frisonne à nouveau alors que je ferme les yeux une seconde, tâchant de garder loin les larmes qui menacent de me faire jouer les pleurnicheuses idiotes. J'ai déjà donné. « Hmm. Je vois. » Je vois que j'ai tout perdu pour que dalle. C'était pas parfait mais j'aimais ce qu'on avait là-bas. Tant qu'on faisait pas n'importe quoi, ça allait. C'était agréable, c'était rassurant. On pouvait presque faire comme si tout allait bien. Il y avait toujours un moment où je revenais « chez moi ». Il y avait toujours quelque part où je me sentais à ma place. Et ils ont tout foutu par terre au nom d'une liberté qu'ils ont même pas été foutu de nous faire retrouver. Il a tout foutu par terre au nom d'une liberté qu'il n'a même pas été foutu de me faire retrouver... Oui, c'est égoïste mais je m'en contrefous ! Est-ce qu'il l'a pas été, lui, quand il m'a embarqué dans sa merde sans même m'avoir prévenu ?! J'aurais pu y rester à cause de ses conneries ! J'ai failli y rester et lui, il est même pas foutu de me dire qu'il est désolé ! Est-ce que c'est ce que j'ai envie d'entendre ? J'imagine... Mais s'il me le dit, j'y croirai pas. Il ne regrette sûrement rien, il a eu ce qu'il voulait après tout. Enfin je crois. Je ne sais plus. C'était plus simple quand il était pas là. Je ramène mes genoux contre moi, grimaçant une nouvelle fois. Chaque geste ou presque refait naître une douleur. Un peu comme après la première nuit de torture. Juste vivre faisait mal. C'est pareil aujourd'hui. Juste vivre fait mal... Je crois que ça n'a jamais sonné aussi juste. Le drap gêne mes mouvements mais je ne le repousse pas. Il me donne l'impression d'être protégé du monde, une infime barrière entre la réalité et moi. Entre lui et moi...? Le « nous » est sûrement mort avec le reste. « C'est bien comme coin, au moins ? » Parce que je n'ai rien vu d'autres que cette pièce, que je ne sais même pas à quoi ça ressemble derrière cette porte. Mais j'apprends vaguement de mes erreurs alors je n'en espère pas grand chose. On a certainement quitté les habitudes de Poudlard pour un trou perdu où l'ennui règne en maître. Et j'imagine qu'il faudrait les en remercier...
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Message(#) Sujet: Re: I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ  EmptyMar 18 Juil - 18:24


❝ I only bring the heat, company under cover ❞Dan & Milo
« Arrête... » Je Je ne l'entends pas, ce n'est qu'un souffle, un murmure mêlé à mes propos. Alors je continue. En fait je ne sais pas pourquoi je lui dis tout ça, il n'a certainement pas envie de savoir ce qu'il s'est passé une fois qu'il est tombé au sol. Il a eu la chance de perdre rapidement connaissance, il ne sait pas l'horreur que c'était. Enfin la chance. La chance aurait été qu'il soit en sécurité dans notre dortoir ou dans notre salle commune, pas au milieu de la bataille, sans aucune arme pour se protéger. Mais disons que dans son malheur au moins il n'a pas eu à vivre et voir tout ce que j'ai vécu et vu. C'était horrible, tout simplement horrible. Et je crois que le pire n'a pas été tant durant la bataille, j'étais obnubilé par Dan et par le fait qu'il était blessé. Le pire ça a été quand ils me l'ont pris et que je me suis retrouvé seul, désemparé, déboussolé et que j'ai dû faire face à la réalité. Là, ça a été horrible. Tous ces gens blessés, tous ces corps au sol, tout ce sang ... Tout âge confondu, toutes les maisons, personne n'y a échappé. Personne, sauf moi. Pourquoi ? Je ne comprendrais très certainement jamais. J'ignore pourquoi j'ai survécu, je n'aurai pas dû. Mon corps aurait dû joncher le sol avec les autres. Pas seulement inconscient ou blessé, mais bien sans vie. Voilà ce qui aurait dû se passer. Mais au lieu de ça, je me suis retrouvé au milieu du conflit, pétrifiant tous ceux qui osaient s'approcher de Dan, incapable de ne rien faire d'autre. Pétrifié quelques instants, je suis rapidement revenu à moi grâce à Abel, pour pouvoir mettre en sécurité Dan. Je n'ai rien fait d'autre. En fait j'ai juste craqué une allumette et j'ai regardé le résultat. J'ai regardé le château brûler et les élèves se faire massacrer, sans rien faire pour eux. Ca n'aurait jamais dû se passer comme ça. Jamais. Je m'en veux. Je m'en veux tellement. On a été totalement stupide. Surtout pour quoi au final ? On est enfermé ailleurs. Alors certes, les nés moldus sont libérés de leur esclavage, mais ils ne peuvent pas rentrer non plus. Est-ce que ça en valait vraiment le coup ? Je l'ignore. J'ai envie de dire non. Non, ça n'en valait pas la peine. Ca ne valait pas la peine de mettre leurs vies en danger pour le plaisir de jouer les héros. Ca ne valait pas la peine de le mettre en danger Lui et d'avoir failli le perdre pour une idée à la con. Je devrais partir, m'enfuir, loin, très loin d'eux. Ils ne méritent pas de contempler mon visage alors que je leur ai fait du mal. Ils méritent d'oublier. Je ne sais même pas ce que je fais ici. Je sais juste que j'ai mal place nulle part, ni ici, ni ailleurs mais qu'ici et toujours mieux qu'ailleurs. De toute façon je n'ai pas envie de parler aux autres. Alors si lui n'a pas envie de me parler alors tant pis, on restera juste silencieux. Je me ferai le plus discret possible pour qu'il oublie ma présence et je m'en irai pour laisser la place à ses vrais amis, ses proches qui voudraient le voir et ne reviendrai qu'une fois qu'ils seront parti. Il me dira très certainement de me barrer, qu'il n'a pas envie de me voir, mais je ne partirai pas. Pas tant qu'il sera allongé dans ce lit de fortune et que sa blessure ne se sera pas guérit, après il aura tout le loisir de m'oublier ailleurs et de m'éviter.

« Hmm. Je vois. » Ce n'est pas la réponse qu'il attendait. Pas besoin d'être un génie pour le remarquer. Mais je ne peux pas lui dire des choses qui ne sont pas vraies. Je ne peux pas prétendre qu'on partira dans quelques jours alors qu'on est peut-être coincés ici pour des semaines. Je ne peux pas lui dire que tout va bien se passer alors que je l'ignore. Et je ne peux pas lui dire qu'il va pouvoir bientôt revoir sa famille alors que je ne sais même pas quand on va pouvoir ne serait-ce que leur écrire. Je ne sais rien. Je viens d'arriver, on nous a dit le minimum syndical pour nous faire patienter et c'est tout. Et pour être honnête, je n'ai pas cherché plus loin. Je n'avais qu'une seule idée en tête, le rejoindre, le reste n'avait que peu d'importance. Je pourrais voir Dax si je le voulais mais je ne le veux pas. Déjà parce que j'ai trop honte et parce que Dan va mal alors le monde peut attendre. Il me déteste, il ne veut certainement plus me voir mais je m'en fous, tant qu'il sera ici, je ne bougerai pas. Je sais que c'est cruel de ma part de lui imposer ma présence alors qu'elle n'est très clairement pas demandé, mais tant pis, je serais un être cruel. De toute façon je ne suis plus à ça près. Un peu plus ou un peu moins ça ne changera plus vraiment ma vie. On n'a jamais été aussi silencieux tous les deux, ni aussi distant. C'est horrible, j'ai l'impression qu'on est en train de me planter des piques dans le coeur et qu'on s'amuse à les faire bouger pour accentuer la douleur. Pourtant je ne dis rien, je ne le regarde même pas, ne voulant pas m'imposer plus que ce que je faisais déjà. Je sais que je ne mérite pas d'être ici, que je ne le mérite pas, mais je n'ai nulle part où aller. Ma maison, c'est lui. Même si je n'ai plus le droit d'y être, je ne peux pas l'abandonner du jour au lendemain sans un regard en arrière. Je ne peux tout simplement pas partir, je ne suis pas prêt. Pour lui, je serai peut-être capable de le laisser partir, mais pas maintenant, pas ici. C'est trop tôt. « Arrête de bouger s'il te plait !! C'est certainement encore un peu tôt pour t'asseoir. Il vaudrait mieux que tu restes allongé... » Je n'ai pas pu me contenir bien longtemps. J'ai essayé, je vous jure, mais de le voir bouger là et grimacer, c'est trop pour moi. Je sais qu'il va m'envoyer chier, me dire de m'occuper de mes affaires, que sans moi, rien de tout ça ne serait arrivé. Et il aurait entièrement raison, mais ça ne change pas le fait que malgré le fait que tout ça, c'est de ma faute, il va rouvrir ses plaies à ce rythme là et que ça ne servirait à rien. Il peut me punir d'un million de façon, mais pas celle-là. J'ai déjà donné, je ne veux pas revivre ça. Je ne le pourrai pas. Je n'en aurai pas la force. En dehors de m'ouvrir les veines, je ne vois pas comment je pourrais supporter tout ça une nouvelle fois. Pourtant c'est de ma faute, ce n'est pas faute de me le répéter, mais que voulez-vous, en plus d'être faible, je suis lâche, je n'assume pas jusqu'au bout.

« C'est bien comme coin, au moins ? » Le silence se fait de plus en plus pesant, pourtant je ne fais rien pour arranger les choses. Ma présence n'est pas désirée, je suppose que ma discussion on plus. En plus, pour dire quoi ? Raconter des blagues ? Inventer des choses comme j'aimais si bien le faire avant ? Non, tout ça c'est terminé. Je n'ai plus le coeur à rire ou à faire semblant que tout va bien dans le meilleur des mondes. Il est à côté de moi mais au final, s'il le pouvait, il s'en irait. Il est là que parce qu'il n'a pas le choix. Dans quelques jours, je serai seul. Oh, il y aura certainement Billie, Acacia et d'autres, mais au fond de moi, je serai seul. Je les fuirais, parce que c'est la seule chose que je sais faire quand ça ne va pas. Billie m'en voudra de ne pas avoir envie de profiter de sa présence alors qu'elle m'a tellement manqué. Mais est-ce mieux de lui offrir le vide, plutôt que ma tristesse ? Je ne sais pas. Je ferais certainement un effort pour elle, parce que ça me fera mal au coeur de l'abandonner une nouvelle fois, mais je ne mérite pas son amitié. Et Perrin, où est-il ? Je ne l'ai pas vu au château, personne n'a pu me dire où il se trouvait. Je tourne lentement mon regard vers les lits, en quête de mon ami, mais je ne vois aucune tête rousse. La voix de Dan me sort de nouveau de ma sombre songerie. Est-ce que c'est bien le coin ? Aucune idée, je n'ai pas vraiment eu le temps de faire le tour du propriétaire. « Je ne sais pas, je viens juste d'arriver. On a eu un speech d'accueil dans une espèce de grande salle type salle à manger et on nous a indiqué où étaient les chambres et l'infirmerie. Je suis venu ici directement. Je sais juste que c'est grand dehors, qu'il y a un étang ... et voilà. Je suppose qu'il doit y avoir une étable vu qu'on est dans une ferme, mais sincèrement je n'en sais pas plus. » Est-ce que ça l'intéresse vraiment ? Il le verra bien par lui-même de toute façon? Je crois avoir brièvement compris que certains étaient déjà venu ici, justement après le premier passage de Blackman. Moi j'étais resté chez moi et pour être honnête, j'aurai préféré ne jamais avoir connu cet endroit. Evidemment c'est rassurant de se dire qu'on est en sécurité ici, mais pour combien de temps ? « Je suis désolé. » Murmurai-je. Désolé pour tout, même si l'être ne changera rien, qu'il souffrira toujours, que j'ai tout détruit et qu'il me haïra au moins jusqu'à la fin de ses jours. Mais malgré tout, je le suis vraiment. J'ai été stupide. Tellement stupide...

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Message(#) Sujet: Re: I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ  EmptyMar 18 Juil - 20:39


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Je sais qu'il ne va pas bien. Qui pourrait aller bien ? Je le sais, je le vois. J'ai du mal à reconnaître le garçon assis à côté de moi. Mais je ne sais pas vraiment si je l'ai connu un jour. Peut-être que tout ce que je pensais sincère, toutes les nuits passées à refaire le monde à voix basse en attendant que le sommeil passe n'étaient peut-être qu'un jeu, qu'une comédie. Quelque chose au fond de moi refuse d'assassiner tout ce qu'on a vécu au nom d'une erreur, aussi monumentale soit-elle, mais je ne l'écoute pas. Pourquoi je le ferai ? Il était prêt à m'abandonner. Et s'il lui était arrivé un truc, hein ?! Et s'il s'en était pas sorti ? Est-ce qu'il y a pensé une seule seconde ?! Est-ce qu'il a pensé à ce que j'aurais pu vivre en apprenant sa mort après tout ça ?! Non, il s'en foutait complètement. Il avait un monde à sauver, de toute façon, qu'est-ce que ça pouvait bien faire qu'un abruti le vive mal ou tienne à lui, hein ? J'ai mal au ventre. Je le revois encore partir, s'éloigner sans un regard en arrière après m'avoir balancé à la va-vite trois mots d'adieux dont je ne voulais pas. Je le revois encore m'abandonner comme si je n'avais jamais existé, comme si les mois passés ensemble n'avaient jamais compté. Peut-être que c'était le cas ? Peut-être que c'était juste pour s'occuper, pour trouver un réconfort qu'on avait pas ailleurs... J'étais prêt à rester à ses côtés jour et nuit, par vents et marées, alors forcément ça devait être le bon plan... Y'a pas beaucoup de débiles d'accord pour arrêter de vivre pour les beaux yeux d'un inconnu sorti de nulle part... Et je crois que je commence à comprendre pourquoi. Il me fait le récit de ce qu'il s'est passé le soir du bal. De ce qu'il m'y est arrivé. Je me souviens pas de grand chose. Du choc. De la douleur. Du tissu poisseux sous mes doigts. Je voulais qu'on sorte, qu'on se mette à l'abri. C'était important qu'il se mette à l'abri. Le reste, c'était pas grave... Mais même ça, j'ai pas réussi... Ses mots font aussi peur que mal. J'ai l'impression d'être une pauvre petite chose fragile... Je ne me suis jamais considéré comme ça jusque là. Je ne prétends pas être fort ni rien mais... Mais je me débrouille, vous voyez ? Je m'en sors. Là, j'ai pas le choix de me reposer sur le monde entier. L'indépendance à laquelle j'ai toujours tant tenue (et qui m'a poussé à faire de la merde parfois, je le reconnais) n'est plus que de l'histoire ancienne. J'ai du mal à me reconnaître, moi aussi... Il finit par atteindre la fin de son récit. Je suis encore en vie. Happy end. Enfin, normalement...

Je ne sais pas ce qui me rend le plus malheureux, en réalité. La situation ou le flot interrompu de mes pensées ? Je pense que tout joue et que chaque seconde étouffante m'enfonce un peu plus que la précédente. Il va sûrement finir par se lever, à un moment. Un sourire désolé, quelques mots d'encouragement et il prendra congé. Ce serait sûrement le mieux à faire. Pour nous deux. Il n'y a rien à tirer de nous aujourd'hui. J'ai pas envie de faire d'efforts et j'imagine que lui non plus. Est-ce qu'on va continuer à faire semblant de discuter encore longtemps ? On se perd bien plus qu'on se retrouve. Je ne suis pas certain qu'il faille qu'on se retrouve, de toute façon. Pour faire quoi ? C'était des adieux, pas un au revoir. Il a tout gâché. On était bien tous les deux. On était bien... Je bouge péniblement. J'espère que c'est bientôt fini parce que je déteste d'être handicapé comme ça. « Arrête de bouger s'il te plaît ! » Je sursaute et tourne brusquement la tête vers lui. Je dois avoir l'air bête, à le fixer comme ça, parfaitement immobile. C'est à peine si je respire encore. « C'est certainement encore un peu tôt pour t'asseoir. Il vaudrait mieux que tu restes allongé... » Je laisse mes jambes glisser devant moi, presque machinalement, sans détacher mes yeux de lui. Je m'attendais pas à ça. Le choc s'accroche. Je ne me rallonge pas vraiment pour autant. Ça fait je sais pas combien de temps que je suis couché, sans bouger, parce que de toute façon j'ai rien d'autres à faire mais là... Là ça m'embête. J'ai pas envie. Il est là et même si on parle pas trop, c'est quand même mieux comme ça, non ? Oui. Je pensais que j'aurais râlé, que je l'aurais envoyé sur les roses mais je n'en fais rien. J'ai juste à moitié obéi, le cœur battant à tout rompre. « Voilà. Je... je bouge plus. » Si bien que je dois me faire violence pour détourner les yeux. Je me remets à observer mes doigts, mal à l'aise. Je bouge plus... D'un côté, ça me rassure un peu. C'est un peu plus comme d'habitude. Pas génial mais c'est toujours ça. Est-ce que je vais devoir apprendre à me contenter de trois fois rien ? J'imagine que oui. Me faire engueuler devient quelque chose de positif. Je suis vraiment tombé bien bas... Je me fais pitié. Il est loin l'abruti volage et prétentieux que j'étais jusque là. Il en reste qu'une brave bête obéissante, prête à n'importe quoi pour un peu d'attention. Je suis pathétique. C'est pour ça qu'il préférait me laisser derrière lui ? Parce qu'il en a marre de moi ? Parce qu'il me trouve désespérant ? Qu'il préférait encore prendre des risques plutôt que de supporter la guimauve ridicule que je suis devenu ? J'ai tellement dû le décevoir... Il devait pas s'attendre à ça lorsqu'on s'est mis ensemble. Alors c'est juste ce que je mérite, en fin de compte, d'être abandonné ? Que je sois un vrai connard ou je ne le sois plus ? Visiblement... Le problème doit venir de moi, de quelque chose en moi que je ne contrôle pas. Que j'ignore, même... Je sais pas. J'en sais absolument rien...

J'aimerais revenir en arrière. Juste avant ce fichu bal. J'aurais fait forcing pour ne pas quitter la salle commune. J'aurais fait tout ce que j'aurais pu pour le convaincre de passer la soirée dans notre dortoir, juste tous les deux. On serait restés vautrés sur le lit, on se serait câlinés à n'en plus finir avant de réaliser un peu tard qu'il se passait quelque chose dans le château. Mais on aurait été en sécurité. Et ensemble... Mais je voulais lui faire plaisir et l'accompagner à cette soirée comme il l'avait fait pour celle de Noël... « Je ne sais pas, je viens juste d'arriver. » Il vient juste d'arriver... C'est pour ça qu'il était pas là quand je me suis réveillé, alors...? Il aurait été là s'il était arrivé en même temps que moi ? Il serait resté à mes côtés...? J'ai un peu de mal à le croire mais j'en ai envie quand même. Je suis complètement perdu. La fin de la soirée ne colle pas avec aujourd'hui. Je ne sais plus. C'est n'importe quoi... Je déteste tout ça. « On a eu un speech d'accueil dans une espèce de grande salle type salle à manger et on nous a indiqué où étaient les chambres et l'infirmerie. Je suis venu ici directement. » L'ombre d'un sourire passe sur mes lèvres à ses derniers mots. Je dois avoir l'air particulièrement con mais... Mais je suis touché. Plus que je l'aurais cru, je crois. « Je sais juste que c'est grand dehors, qu'il y a un étang... et voilà. Je suppose qu'il doit y avoir une étable vu qu'on est dans une ferme, mais sincèrement je n'en sais pas plus. » Une moue un peu déçue déforme mes traits. Vacances de merde, encore. Après le camping, la ferme ! Heureusement que l'année prochaine, ce sera fini ! Enfin... Si y'a une année prochaine. Je soupire, déjà lassé de ce qui m'attend. Je n'ai rien découvert encore que j'en ai marre. J'ai juste envie de rentrer à Lucan, de retrouver mon insupportable troupeau. « Super... » C'est pas de sa faute, je sais bien, mais bon... « Et tu partages ta chambre avec qui ? » Je suis peut-être un peu plus jaloux que je l'aurais voulu. On est sûrement plus vraiment ensemble, je suppose, alors il peut bien faire ce qu'il veut, j'ai pas mon mot à dire... Je sais même pas trop ce qu'il en est, en vrai. Il est parti. Et puis il est là. Je sais pas. Je sais plus. « Je suis désolé. » Qu...quoi ?! C'est comme s'il lisait dans mes pensées pour me dire exactement ce que j'avais envie d'entendre. J'ouvre la bouche mais la referme sans rien avoir dit. Dire quoi, de toute façon ? Y'a rien à dire. Rien du tout... « Je suis rassuré que t'aies rien. » C'est sûrement ridicule, et il s'en foutra, et je devrais même pas, mais tant pis...
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Message(#) Sujet: Re: I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ  EmptyMar 18 Juil - 23:56


❝ I only bring the heat, company under cover ❞Dan & Milo
J'arrête de lui parler du bal et de ce qu'il s'est passé après qu'il se soit évanouie, je crois qu'inconsciemment je me suis rendu compte qu'il n'avait pas envie que je parle. En même temps, je crois lui avoir tout dit au final, qu'aurai-je pu lui dire de plus ? C'était un véritable carnage mais pas besoin d'être réveillé pour s'en douter. Les gens criaient et pleuraient, suppliant de l'aide ou se défendant comme ils le pouvaient. Il n'y a rien de plus à savoir. Tracy est partie faire je ne sais quoi et Abel est venu un peu de temps après pour m'aider. Je ne saurai dire combien de temps exactement parce qu'il faut bien avouer que le temps ne s'écoule pas de la même façon quand on est en pleine action que quand on ne fait rien. Alors ça aurait pu être au bout de 5 minutes comme au bout d'une heure. Au final ça n'a pas d'importance, le tout c'est qu'il a fini par arriver quand j'avais besoin d'aide et qu'après une courte discussion, il a fini par abdiquer. On n'a pas reparlé après ça. Je n'ai pas eu le coeur à parler de toute façon. Je crois qu'il l'a compris, à moins que lui non plus n'ait pas eu envie de parler. Bref, tout ça pour dire que je me suis arrêté. De toute façon j'aurai continué et j'aurai fondu en larmes, je me connais. Je ne suis qu'une pauvre petite chose fragile, incapable de jouer un rôle ou de faire face à un traumatisme. Je suis faible, c'est un fait, il faut s'y faire, voilà tout. J'ai essayé d'être quelqu'un d'autre et ça a été un fail complet, alors autant arrêter tout de suite et redevenir le Milo d'avant. Malheureusement, je ne sais plus qui était l'ancien Milo, du coup je suis totalement perdu. Qui suis-je ? Qu'est-ce que je vaux vraiment ? Suis-je un mec sans coeur ? Un parfait salaud ? J'aurais tendance à le croire au vu de ce qu'il s'est passé. Pourtant ça a été difficile, extrêmement difficile comme décision à prendre. l'abandonner, le laisser derrière moi, je ne voulais pas, je ne voulais tellement pas. J'ai fait de la merde, il faut que j'assume. C'est tellement difficile. Mais il faudra bien, tôt ou tard, que je fasse face à la réalité.

« Voilà. Je... je bouge plus. » Je n'ai pas pu me retenir, c'était trop dur. Il a suffisamment souffert, pourquoi s'acharne-t-il a continuer à se faire du mal pour rien. Alors j'interviens, c'est plus fort que moi. Tout mon être est tendu, prêt à bondir pour le retenir, pour l'aider à se rallonger. Mais je ne bouge pas de ma chaise, je me contente juste de le lui dire, parce que le toucher serait vraiment abusé. Je lui impose déjà ma présence, si en plus je vais jusqu'à le toucher en l'infantilisant, il va vraiment me foutre dehors et ça sera bien difficile de rester camper sur mes positions. L'ensemble de l'infirmerie me demandera de partir et je n'aurai plus le droit de revenir, pas sans son accord, accord que je n'obtiendrai pas, bien entendu. Alors je reste à ma place, mais ça se voit que je m'inquiète, que je le vis mal, qu'il faut qu'il arrête. Il me regarde sidéré. Il ne s'attendait visiblement pas à cette réaction de ma part. Il s'attendait à quoi au juste ? A ce que je m'en foute ? D'accord, j'ai été un parfait crétin, mais quand même, j'ai toujours été honnête avec lui pour le reste. Oui, je lui ai caché une information et c'était important, je ne le nie absolument pas. Mais au delà de ça, je n'ai rien fait. J'ai toujours été honnête et prévenant. Alors oui, je m'inquiète pour lui et je ne veux pas qu'il souffre. Il a assez souffert comme ça, par ma faute j'en conviens, on va peut-être arrêter la casse maintenant. Je me détends un peu quand je vois qu'il arrête de bouger, obéissant. Je suis même étonné qu'il réagisse comme ça. Je m'attendais à ce qu'il me crie dessus, qu'il m'envoie bouler, au lieu de ça, il m'obéit, c'est assez étrange. Je le fixe sans parler quelques instants, avant de dire un peu gêné « Merci ... » Je me sens un peu con de lui dire merci mais c'est sorti tout seul. Il me dira qu'il fait ce qu'il veut et il aurait raison, mais je suis plutôt content qu'il soit raisonnable. On va arrêter la casse pour aujourd'hui.

« Super... » Oui je sais, ce n'est définitivement pas ce qu'il voulait entendre. Je n'ai pas vu son sourire passer sur ses lèvres, en fait je n'ose pas vraiment le regarder. J'ai posé mes yeux sur lui quand il s'agitait parce que j'étais inquiet et que c'était plus fort que moi. Il fallait que je vérifie qu'il allait bien et qu'il n'avait pas ouvert sa blessure. Mais après, j'ai détourné le regard, gêné. Il avait détourné le sien, je ne me voyais pas le dévisager en me disant que bientôt je n'aurai plus le droit. En fait c'est bête ce que je viens de dire, parce que techniquement parlant, je n'en ai déjà certainement plus le droit. Mais je le prends, tant pis, pour encore un peu de temps. Je le lui rendrai, un jour, quand je serai prêt, mais pas pour le moment, là c'est trop tôt. Je sais que je me répète mais c'est parce que c'est vraiment trop tôt. « Et tu partages ta chambre avec qui ? » Il en a encore beaucoup des questions sur lesquelles je ne peux pas répondre ? Parce que là j'ai vraiment la sensation que je ne peux répondre quasiment à rien. Parce que je ne sais rien. Peut-être aussi parce que je n'ai pas cherché à savoir, tout ça au final je m'en fous. Je ne suis obnubilé que par lui et sa guérison, le reste me passe au dessus. Alors oui, je ne sais pas combien de temps on reste ici, ni à quoi ressemble la Ferme dans laquelle nous sommes et encore moins si j'ai une chambre déjà attitrée ou si je vais devoir me battre pour avoir un lit quelque part. Et au final je m'en fous, parce que j'ai pas envie de partir d'ici pour retrouver un lit. Certes ce sera toujours plus confortable qu'une chaise mais est-ce que je mérite vraiment un quelconque confort ? Et puis si c'est pour me réveiller en pleine nuit, après un cauchemar et réaliser qu'il n'est pas à mes côtés, je ne peux pas. Alors je resterais ici, cette chaise est très bien. « Je ... ne sais pas ... J'ai pas vraiment écouté si on avait des chambres déjà attribuées ou pas ... ou s'il fallait qu'on se trouve un lit nous même. Mais actuellement c'est pas très important, tout ce que je voulais c'était cette chaise et je l'ai eu, le reste je verrais plus tard ... quand tu sortiras. » Je lui dis ça le plus naturellement du monde. Parce que c'est vrai. Je ne dis pas ça pour lui faire plaisir ou pour faire semblant d'être attentionné. Liu m'a promis cette chaise, je l'ai eu et je m'en fous si les autres aussi l'ont eu. Tant mieux au final, des gens qui comme moi n'ont pas envie d'être ailleurs qu'ici ont au moins un endroit où s'asseoir et passer plus facilement les heures avec leurs proches. Ce n'est pas la chaise la plus confortable que je connaisse, mais je m'en moque, elle sera parfaite. Je n'ai pas besoin de lit. J'en ai eu un durant 2 jours et ça a été les 2 pires jours de mon existence et je n'ai pas la sensation d'avoir mieux dormi que si je passais mes nuits sur cette chaise. Je resterai depuis s'il le fallait, tant qu'on ne me fais pas partir d'ici.

« Je suis rassuré que t'aies rien. » Mon regard finit par glisser vers lui, étonné. Je ne m'attendais pas à ça, tellement pas. En fait je ne sais pas à quoi je m'attendais. Je ne savais pas s'il avait entendu mes piètres excuses et s'il les avait entendu, je crois que je m'attendais à une profonde indifférence ou à des moqueries, railleries, insultes, cris, n'importe quoi en fait, mais pas ça. Pas "je suis rassuré que t'aies rien".Comment peut-il être rassuré de ça ? J'ai été le pire salaud de tous les temps, mais lui est rassuré que j'aille bien. C'est pas logique, définitivement pas logique. Je ne le mérite tellement pas, ni en petit ami, ni en ami, ni en rien. Je ne mérite que son indifférence et sa colère. Je déglutis, mes yeux me piquent. Ce n'est pas le moment de pleurer Milo, définitivement pas. Pourtant je sens qu'ils me piquent de plus en plus. J'ai la gorge nouée et une boule à l'estomac. Je ne mérite que son dédain et son désintérêt. J'aimerai lui dire que j'aurai préféré prendre à sa place, mais je suis incapable de parler. J'ouvre la bouche et la ferme. Je suis prêt à encaisser sa colère et son dégoût, mais pas ça. Je sens une larme coulée, puis une seconde et je détourne le visage, honteux. Je m'étais promis de ne pas pleurer. Je suis vraiment trop faible.« J'ai eu beaucoup de chances. » Finis-je par dire, la voix enrouée. Ca c'est clair que j'ai eu beaucoup de chances. J'étais au milieu des tirs et en dehors d'une pétrifiction, je n'ai rien eu du tout. Quelques égratignures et hématomes qui disparaitront bien vite. Mais ce n'est pas juste, définitivement pas juste et je ne peux m'empêcher de le lui dire. « Mais ce n'est pas juste ... c'est pas toi qui aurais dû être blessé ... » C'est moi qui aurais dû me prendre ce sort, il m'était destiné. Malheureusement, dans cette histoire, ça aurait été encore plus compliqué parce que si je suis blessé, il ressent ma souffrance ... Alors au final, ça n'aurait pas changé grand chose, il aurait eu ma douleur et il aurait été perdant quand même.
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Message(#) Sujet: Re: I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ  EmptyMer 19 Juil - 1:14


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Je crois que j'aurais préféré ne pas me réveiller. Au moins aujourd'hui. Ne pas avoir à faire avec sa présence à mes côtés. C'est stupide. Je ne le supporte pas. Ou alors c'est la tension qu'il y a encore nous que je ne supporte pas. J'en sais rien. Je sais juste que je n'aime pas ce qui se passe ici. Jusque là, c'était difficile parce que c'était un hôpital et que c'est jamais très agréable et qu'on sait rien et que j'avais juste l'impression d'avoir été pris pour un con. Maintenant ça l'est parce que je sais que c'est vrai et que je ne reconnais rien et que je me retrouve à devoir composer avec les ruines d'une vie qui m'a échappé. Je suis pas certain d'avoir envie qu'elle se reconstruise. Je suis pas vraiment rancunier, comme garçon, je suis même souvent un peu idiot, prêt à passer l'éponge sans problème. Mais c'est parce que les gens n'ont pas d'importance, qu'il n'est pas question de confiance, que je me fiche éperdument de ce qu'on peut bien me faire ou me dire puisque de toute façon leur existence ne m'atteint pas vraiment... Mais là, ça m'atteint. Ça m'atteint plus que je veux le faire croire. Je feins l'indifférence, je joue les grands mais ça va pas. Ça va vraiment pas. J'aurais tout fait pour lui et il n'a même pas été foutu de me faire confiance. Pourtant, pour la première fois de ma vie, je crois que je la méritais. J'ai toujours fait des trucs de travers, je sais bien, j'étais pas parfait et il devait avoir beaucoup à me reprocher mais j'avais rien fait de mal. J'avais rien fait de mal... Et je l'aurais pas trahi, j'aurais jamais rien dit. Je pensais qu'il le savait... Mais je me suis lamentablement planté. J'ai passé quatre mois à partager ma vie avec quelqu'un qui n'a aucune confiance en moi. L'autre jour (hier ou cette nuit ou avant je sais plus) je me suis souvenu de mes craintes le soir où on s'est mis ensemble. Il n'était pas là pour consoler un ami ou je ne sais plus ce qu'il avait dit exactement... Et j'avais cru qu'il était juste là pour me surveiller, pour s'assurer que je ne collaborerais plus. Et je me suis demandé s'il n'y avait pas un peu de ça, dans le fond. Je comprends pas. J'aimerais, je vous jure, mais j'y arrive pas. Toutes mes certitudes ont volé en éclats. Je ne sais plus ce qui est vrai, ce qui ne l'est pas. J'arrive plus à faire la différence entre ce que je croyais et ce qui était. Je croyais qu'on fonctionnait ensemble, qu'on partageait tout, qu'il n'y avait plus de secrets... Autant de choses fausses. Alors le reste...

Tous mes gestes sont douloureux. J'ai pas bougé de ce lit depuis que je suis arrivé. Pas tout seul, en tout cas. Et encore, c'est rare. Je donnerais cher juste pour aller prendre une douche tranquille et y rester des heures et qu'on m'y foute la paix. Et il faut croire que la discrétion est morte puisqu'il m'ordonne rapidement de ne pas bouger. Et moi, comme un abruti, je m'exécute. J'attendais sûrement un peu ça, je crois. Qu'il joue les infirmières comme il le fait depuis le début. Qu'il prenne les commandes, même si c'est de loin. Mais je ne sais même pas vraiment pourquoi je m'accroche. C'est plus mon infirmière. C'est plus grand chose, je suppose. Mon ex ? Cette pensée me fait l'effet d'une gifle et je respire profondément pour chasser les larmes. Ouais, ça doit être un truc comme ça. Mon ex... J'ai vraiment été très con, n'est-ce pas ? Il me fixe, sûrement aussi choqué que moi par les secondes irréalistes qu'on vient de vivre, je ne détourne pas les yeux. Il brille sûrement un peu mais au point où j'en suis, je m'en fiche... Il m'a vu à l'agonie, j'imagine que c'est pas la vue de quelques larmes que je retiens qui changeront grand chose. Si j'espérais avoir l'air encore à peu près digne, c'est mort de toute façon. Il doit me prendre pour une pauvre petite chose fragile et sans défense. Ce que je suis très certainement... « Merci... » Je hausse les épaules l'air de dire « y'a pas de quoi ». Et le silence retombe. Entre deux tentatives aussi maladroites qu'infructueuses, on ne peut qu'admirer l'étendue des dégâts. Si on a survécu, l'un comme l'autre, je crains que notre couple n'ait pas eu la même chance. Je ne sais même pas ce qu'il en pense, en réalité. C'est un peu comme l'autre matin, quand je l'ai viré... Je savais pas. On en avait jamais pris la peine d'en discuter... Et là... Je sais pas. Et j'ai pas envie de savoir. J'ai pas envie de le voir s'agiter nerveusement pour me dire, sans oser me regarder en face, que c'est mieux qu'on en reste là. Je préfère que ça s'impose, qu'on finisse par se rendre compte que c'est foutu et qu'on reprenne nos vies chacun de notre côté sans jamais avoir eu à se quitter vraiment. C'est lâche ? Oui, sûrement, mais je m'en fiche. Je l'ai toujours été, je ne suis plus à une fois près... « Je... ne sais pas... » Je ne pensais pas que mes questions étaient si difficiles... Il ne fait pas beaucoup d'efforts. Déjà que je mène la conversation alors que j'ai juste envie d'être tranquille, il pourrait au moins avoir la décence de me balancer des réponses. Je me fiche pas mal que ça soit des mensonges tant qu'il répond, au point où on en est, on s'en remettrait très bien ! « J'ai pas vraiment écouté si on avait des chambres déjà attribuées ou pas... ou s'il fallait qu'on se trouve un lit nous même. » Je nous imagine déjà devoir faire le tour des chambres pour trouver une place... De quoi faire rêver. Je déteste ces vacances ! C'en est même pas, c'est juste la suite d'un cauchemar qui dure depuis huit mois... « Mais actuellement c'est pas très important, tout ce que je voulais c'était cette chaise et je l'ai eue, le reste je verrai plus tard... quand tu sortiras. » Sur le coup, je ne capte pas vraiment. C'est qu'après quelques secondes que la lumière se fait. Enfin, je crois qu'elle se fait mais je prie pour me planter lamentablement. « Attends... » Je repose les yeux sur lui, arrêtant de torturer le drap au beau milieu d'un geste. « Comment ça ''tu verras quand je sortirai'' ? T'es quand même pas en train de dire que tu vas dormir là, hein ? » Parce que j'imagine qu'il sait que je ne sortirai pas d'ici ce soir. Je ne prétends pas que je vais rester là pendant des semaines mais j'ai arrêté de croiser les doigts pour sortir avant deux ou trois jours. Au moins deux, c'est certain. Et il est hors de question qu'il passe la nuit ici. Déjà que je n'ai pas très envie de le savoir visé à cette chaise toute la journée alors la nuit, c'est mort. Je vais pas disparaître entre minuit et deux heures du matin, il peut aller dormir tranquille, c'est bon. Mais après, peut-être que j'ai juste mal compris...

Puis j'ai le malheur d'être honnête, d'avouer que je suis rassuré de le savoir épargné. C'est vrai, après tout, c'est la première chose que j'ai fait en ouvrant les yeux, demander de ses nouvelles. Bon, la deuxième, en réalité. J'ai d'abord essayé de bouger pour le rejoindre, mais mon corps m'a pas trop obéi alors j'ai dû composer avec un plan B. Je me fichais pas mal de savoir ce que j'avais ou comment j'allais, moi, je voulais surtout qu'on me dise qu'il était en vie et encore entier. Je sens son regard se reposer sur moi mais il ne parle pas. J'ai dit une bêtise ? J'ai sûrement dit une bêtise... J'aurais dû me taire. Il aurait sûrement préféré que je m'en moque, histoire de pouvoir partir tranquille. Genre « il me déteste, j'y peux rien, je laisse tomber ». Je le déteste. Autant que j'en suis capable. Ce qui fait pas des masses, j'imagine. Mais je lui en veux. Je lui en veux vraiment. Je lui en veux plus que j'en ai jamais voulu à quelqu'un. Pas de m'avoir entraîné là-dedans, pas de m'avoir menti, pas de m'avoir presque sacrifié... S'il n'y avait que ça, j'aurais sûrement fermé bêtement les yeux, j'imagine... Je lui en veux de m'avoir arraché à la seule vie où je me suis jamais senti à ma place. Je lui en veux d'avoir assassiné la seule existence où je me suis senti utile un jour. Je lui en veux de m'avoir refoutu en pleine gueule la vérité sur ce que je suis vraiment, en réalité. Un crétin insignifiant qu'on délaisse quand on en a plus besoin. Parce que pour la première fois depuis que je suis en âge de comprendre ce qui m'arrive, je me suis senti important, vraiment important. J'avais l'impression que ma présence lui importait, qu'il ne me voyait pas seulement comme un poids accroché à lui. Et puis j'étais heureux. Pas le bonheur total, parfait, merveilleux, mais un bonheur modeste qui me suffisait malgré ses imperfections. Tout n'était pas que rose, en dehors de « chez nous » c'était la merde mais je savais m'en contenter. Je ne me souviens pas avoir connu mieux, pas aussi longtemps en tout cas. Mais tout ça, il l'a détruit sans même se retourner. Son silence est pesant, j'aurais aimé une réaction. Mais lorsque je tourne les yeux vers lui, je vois les larmes sur ses joues. Mon cœur se serre. Qu'est-ce que j'ai fait...? Je me penche vers la table de nuit, de l'autre côté du lit, et attrape un mouchoir que je lui tends prudemment. « Tiens...? » J'ai presque peur qu'il le prenne mal ou d'aggraver la situation. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour le mettre dans cet état. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter son silence. Je ne sais rien. Mais il doit savoir, lui. Sûrement... « J'ai eu beaucoup de chance. » Il s'est fait attaquer, quand même. Je le sais. C'est ça qui m'a forcé à revenir sur mes pas. Bien sûr, ça aurait pu être pire, je suis bien placé pour le savoir, mais j'aurai préféré que même ça n'arrive pas. « Mais ce n'est pas juste... c'est pas toi qui aurais dû être blessé... » Un petit rire s'échappe malgré moi. Froid, sans joie, plus triste qu'autre chose en réalité. Je hausse les épaules. Non, c'est pas juste. Mais c'était la guerre, il me semble. C'est pas fait pour être juste. Il fallait des victimes et des miraculés, le destin a tiré au sort. Je suis sûrement pas le plus à plaindre de toute façon. « Ah ouais ? Alors qui ? » J'ai du mal à cacher les reproches. Pourtant, je ne suis pas en colère, je ne suis pas énervé. Je suis juste déçu. Trahi. Je sais qu'il va me dire qu'il aurait dû prendre à ma place ou je ne sais quoi mais je balaye son intervention d'un geste de la main avant même qu'il ait pu la formuler. « J'étais là pour ça, on le sait aussi bien l'un que l'autre. Et tu l'as toujours su. J'étais juste là pour dérouiller. » J'ai juste fait mon job. Et s'il y a bien une chose pour laquelle je suis doué, c'est faire exactement ce qu'on attend de moi...
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Message(#) Sujet: Re: I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ  EmptyMer 19 Juil - 12:59


❝ I only bring the heat, company under cover ❞Dan & Milo
Il hausse les épaules et voilà. Comment on en est arrivé là ? Enfin je sais comment on en est arrivé là, c'est juste qu'entre le savoir et l'avoir sous les yeux, c'est étrangement deux choses différentes. Comment j'ai pu tout détruire entre nous ? Parce que là, très clairement c'est ce qu'il se passe. On ne se parle quasiment pas, il y a plus de long silence que de vraies discussions et quand on se parle, je ne sais jamais quoi répondre. "Je ne sais pas" doit être ma phrase favorite, vu le nombre de fois où je la prononce. Pourtant ce n'est pas ce que je voulais, je vous le jure. Je ne voulais pas le blesser, ni de façon physique, ni rien du tout d'ailleurs. Je ne sais pas trop ce que je voulais pour être honnête, ça ne devait juste pas se passer comme ça. Je n'ai pas été préparé à ça, personne ne l'était. Mais là, très clairement, ça ne devait pas se passer comme ça. Je ne suis pas fait pour la guerre, je n'ai pas les épaules pour supporter toute cette violence, toute cette souffrance, tous ces blessés. Pourtant j'ai signé pour, j'en suis parfaitement conscient et je ne nierai pas les faits, mais ... je ne voulais pas que ça se passe comme ça. J'aurai aimé que ce soit moins brutal, que peut-être, ils se rendent plus facilement ou qu'on y arrive mieux. On était mieux préparé que la première fois, c'est un fait, mais visiblement pas assez. On aurait dû attendre que les secours arrivent. On ne savait pas ce qu'il se passait à l'extérieur, visiblement notre révolte ne tombait pas aussi bien qu'on aurait pu l'espérer. Si on s'était renseigné, via Liu, on aurait su qu'ils tentaient de renverser le pouvoir en place. On aurait attendu qu'ils le fassent, même si ça signifiait laisser nos camarades souffrir encore quelques semaines, au moins une fois sorti, on aurait pu rentrer chez nous. Là, on est coincé ici pour une durée indéterminée, on ne peut plus communiquer avec nos familles, c'est n'importe quoi.

Je ne me sens pas à mon aise en sa présence, ça n'était jamais arrivé. Même après nos disputes je ne me suis jamais senti aussi mal. Même après la grosse dispute que nous avons eu par lettres, où j'ai bien cru qu'il me larguait, ça n'a pas été aussi horrible qu'en cet instant. Pourtant dieu sait que j'ai extrêmement mal vécu ce moment. Lire sa colère et ses reproches a été une expérience horrible. Me rendre compte que j'étais en train de le perdre à cause de mes doutes et de mes peurs, m'a fait passer une heure horrible. Mais sa seconde lettre était arrivée et avec elle, un nouvel espoir. Oui je sais, je suis un cas désespéré, il ne m'en faut pas beaucoup pour revenir, mais qu'importe, je n'avais absolument pas envie de partir alors pourquoi aurai-je fait le difficile pour revenir ? Et là c'est pareil, je suis prêt à revenir s'il me le demandait. Je suis prêt à tout faire pour me faire pardonner. Ramper au sol, le supplier, tout lui raconter, me laisser insulter, cracher dessus ... tout, tant qu'il ne me quitte pas. C'est pathétique, hein ? J'en suis conscient mais sincèrement je m'en fous. Le plus important c'est qu'il me pardonne, qu'il me donne une chance de me racheter, de lui montrer qu'au delà du rôle de salaud que j'ai endossé sans vraiment le vouloir, je l'aime vraiment et que tout ce qu'on a vécu est vrai. Oui j'ai menti ou plutôt je ne lui ai pas dit que je faisais parti de la révolte. J'ai été un abruti de premier ordre, je m'en rends bien compte mais sur le moment, je ne savais pas comment faire pour lui expliquer. J'avais peur. Peur de le perdre, peur de le voir me demander de tout arrêter, peur de me rendre compte que si je faisais tout ça, c'était pour me prouver quelque chose, peur de ne pas être à la hauteur, peur de le décevoir ... Peur. J'ai laissé la peur et les doutes m'envahir et je me suis enfoncé dans le mensonge. Chaque jour je voulais lui dire mais j'en étais incapable. Je savais qu'il s'était sacrifié pour moi, avec son rituel et je ne trouvais aucune solution à ça. Je savais qu'en continuant ce que je faisais, j'allais le blessé, mais j'avais espoir de trouver une solution, que finalement je ne me blesserai que moi. Mais au final, est-ce que ça aurait changé quelque chose ? Il m'en aurait quand même voulu de mettre ma vie en danger sans lui en avoir parlé. Oui, j'ai été idiot, il n'y a même pas de mots pour décrire ce que j'étais. Et je ne pourrais certainement rien faire pour me faire pardonner, parce que ce que j'ai fait est impardonnable. « Attends... » Je me fige sur place. Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ? Pourquoi il me regarde comme ça ? « Comment ça ''tu verras quand je sortirai'' ? T'es quand même pas en train de dire que tu vas dormir là, hein ? » Ben si ?! En quoi est-ce si étonnant ? Avant le bal, il n'aurait pas été étonné alors pourquoi l'est-il aujourd'hui ? J'ai pas non plus changé du jour au lendemain. Je sais qu'il me déteste mais il ne peut décemment pas croire que je suis une autre personne, que j'ai agis avec lui par intérêt ou je ne sais quoi d'autre. Oui, j'ai agis bêtement. D'ailleurs le terme n'est définitivement pas suffisant pour exprimer ma stupidité, mais quand même, c'est pas le jour et la nuit non plus. Je ne suis pas un monstre sans coeur qui va arrêter de l'aimer et rire de son malheur. Il y a des limites à tout. « Non .... j'ai pas l'intention de dormir !! » Commençais-je par dire le plus sérieusement du monde. Oui bon je suis conscient qu'il ne va pas bouger de ci-tôt et que je vais malgré tout somnoler sur la chaise, voir même dormir quelques minutes si je suis chanceux, mais mon but n'est pas de faire des grasses matinées ici. Et puis on s'en fout en fait, que je dorme ici ou dans un lit, qu'est-ce que ça change ? S'il ne veut pas me parler, je ne le force pas. Il fera sa vie, m'ignorera et puis voilà. De toute façon ça ne pourra pas être pire qu'en cet instant alors bon ... Mais malgré tout je reprends « Ils t'ont arraché à moi et m'ont laissé attendre au château pendant 2 jours, il est hors de question que maintenant que je suis là je reparte d'ici !! » Mon ton était sans appel. Qu'il soit content ou pas, ça serait du pareil au même et il pourra bien m'en vouloir, me haïr encore plus qu'il ne le fait en ce moment ou me rejeter, ça ne changera pas grand chose. Je suis ici et j'y reste. Tant qu'il ne sortira pas et ne pourra pas volontairement me fuir, je resterai accroché à lui, comme une sangsue. Je m'en fous que ça fasse désespéré, de toute façon c'est bien ce que je suis. Mon monde c'est effondré, je suis en chute libre et la seule personne qui peut encore me rassurer me hait du plus profond de son être. Alors oui, je m'en fous de passer pour un gros blaireau, une pauvre merde sans intérêt, je m'accroche à ce que je peux, même si ce sont les vestiges d'un passé dissolu.

« Tiens...? » J'ai envie de me frapper. Dieu que j'ai envie de me faire du mal pour être aussi faible. Je ne devais pas pleurer. Je devais me montrer fort et présent pour lui. Lui montrer que malgré tout ce qui s'était passé, j'étais là et bien là et que je ne partirai pas. Mon amour était réel, tout comme le reste. J'ai fait de la merde et j'expierais pour ça, mais le reste était réel. Sauf que voilà, je craque, c'est difficile pour moi. Je sais que je suis débile, c'est difficile pour tout le monde, je ne suis pas une exception et je suis loin d'être celui qui souffre le plus. Je ne suis pas alité et blessé, je n'ai pas besoin de soins constants et je n'ai pas été pris au piège au milieu d'une bataille qui ne me concernait pas. Je ne suis pas une victime dans cette histoire, je suis un bourreau. Je ne suis pas un dommage collatéral, mais bien celui qui a allumé la mèche. Alors, définitivement, je n'ai pas à pleurer devant lui, ni à montrer ma souffrance. Je vais bien, je l'ai dit et je me le répète, je vais bien. J'attrape honteusement le mouchoir qu'il me tend et lui murmure un « Merci » avant d'essuyer mes larmes.
Reprends toi Milo bon sang, tu ne peux pas craquer. Pas ici, pas maintenant, tu n'es pas là pour ça. Ce n'est pas toi qui souffre. Tu encaisses et tu la ferme. Point. « Ah ouais ? Alors qui ? »Je me fige sur place, celle-ci je l'ai bien cherché. Son ton est froid et distant. Je savais qu'il me détestait et qu'il m'en voulait, mais entre le savoir et le vivre, il y a un monde. Mon coeur se serre, je garde mon visage détourné. Difficile de garder mes larmes pour moi dans ces conditions mais il le faudra bien. J'ai dit que je devais être fort, impassible. Je dois encaisser tout ça, je le mérite. Je mérite tellement plus que ça. Mais c'est difficile quand mon coeur fait des montages russe. Un coup il est gentil sans que je comprenne pourquoi et un coup il est froid et distant, comme il devrait l'être de base. Je ne sais plus trop sur quel pied danser et c'est très perturbant. Mais je sens qu'il va rapidement oublier sa gentillesse pour vraiment me faire des reproches. Il faut que je m'accroche, je l'ai mérité. « J'étais là pour ça, on le sait aussi bien l'un que l'autre. Et tu l'as toujours su. J'étais juste là pour dérouiller. » Mon coeur rate un battement. Non, c'est faux. Je sais que c'est faux mais je suis incapable de lui offrir les arguments qui vont avec. Parce qu'en soit, c'est exactement à ça que ça ressemble. Je l'ai emmené au bal, je l'ai diverti, puis je lui ai annoncé la nouvelle et je me suis barré. Grosso modo, oui, il était là pour ça. Sauf que non, je ne voulais pas qu'il soit blessé, je ne voulais pas qu'il souffre. Je voulais le lui dire. Je voulais vraiment tout lui dire. Mais j'ai été lâche, je me suis dit que j'aurais le temps et plus le temps passait et moins je me sentais la force de le faire, parce que je ne trouvais pas de solution à notre problème et que je me rendais compte que j'avais laissé écoulé trop de temps. Alors je me suis fait prendre à mon propre jeu. J'ai plus osé le lui dire parce que j'avais peur qu'il m'en veuille et au final il m'en veut parce que je ne lui ai rien dit. Le serpent qui se mord la queue. « Non, c'est pas vrai... » Dis-je en retenant de nouvelles larmes. Sauf que je n'avais rien de plus. C'était compliqué d'expliquer l'inexplicable. J'ai été con, tout simplement. Je n'ai pas réfléchi, très clairement c'est ça. « Je voulais tout te dire ... te parler de la rébellion, de ce que je m'apprêtais à faire ... Mais je ne savais pas comment te le dire. Tu avais fait un rituel pour nous lier, je savais qu'en continuant je te blesserais sans le vouloir. J'ai cherché dans toute la bibliothèque. Je suis même allé dans la réserve. En vain. J'ai trouvé quelques livre sur le sujet, mais il n'y avait jamais assez d'explications. Je ne sais pas où tu as trouvé le rituel pour nous lier mais j'ai pas réussi à annuler le lien ... J'avais peur que tu veuilles que j'arrête tout. Je savais que j'aurai fini par t'écouter et que je m'en serais voulu après ... parce que je m'étais déjà engagé auprès des autres et qu'ils comptaient sur moi... Les jours sont passés tellement vite. Plus j'attendais et plus je le regrettais et finalement plus j'attendais et plus je me disais que j'avais trop attendu ... J'ai été con, au delà de l'imaginable. C'est pas une histoire de manque de confiance en toi, c'est juste ... moi. Moi qui ait été envahie par la peur, le doute de ne pas arriver jusqu'au bout, la peur d'avoir envie que tu m'arrêtes parce que je me savais pas prêt à faire ça, la peur d'accepter et de passer pour un lâche ... alors que très clairement c'est ce que je suis. Je sais que tu me hais. Je sais que tu ne me pardonneras jamais ... Mais j'ai jamais menti sur mon amour pour toi. J'ai pas voulu que tu sois blessé ... même si tout montre le contraire. » Je ne suis qu'un gamin de 16 ans qui a été obligé de jouer les adultes dans un combat qui n'était pas le sien, voilà tout. Sauf que cette explication, quoi que réaliste, était trop facile et pas assez vrai. Je n'ai pas réfléchi, voilà la vérité.
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Message(#) Sujet: Re: I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ  EmptyMer 19 Juil - 17:24


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Milo & Rioghbhardan

Ces retrouvailles ont des airs de catastrophe. On aurait dû s'en tenir à ses adieux avortés et en rester là. À part nous mettre sous les yeux tout ce qu'il n'y a plus, ça ne sert à rien. J'ai juste envie qu'il me foute la paix. Qu'il vire de là. J'en ai marre. Je n'ai pas besoin, en plus du reste, de réaliser que je l'ai définitivement perdu à cause de ses conneries. Oh, je sais bien que c'est de ma faute, que j'aurais juste à oublier tout ça et à faire comme s'il ne s'était jamais rien passé pour que tout redevienne comme avant mais... Même pas ! Rien ne redeviendra jamais comme avant. Avant est mort. Et notre histoire aussi. Je retire tout ce que j'ai dit jusque là. Je veux plus le voir. Je veux pas qu'il reste et j'espère même plus qu'il me serre contre lui. Je veux juste qu'il disparaisse de ma vie pour de bon. « Non... j'ai pas l'intention de dormir ! » Mon regard se veut lassé. On dirait juste un gamin capricieux qui refuse l'heure de se coucher. C'est n'importe quoi. Parce qu'il croit sérieusement qu'il va tenir longtemps sans dormir, peut-être ? C'est certain que de rajouter du travail aux infirmiers en ce moment est la chose la plus brillante à faire ! Je secoue doucement la tête, roulant des yeux d'un air désespéré. « Ils t'ont arraché à moi et m'ont laissé attendre au château pendant deux jours, il est hors de question que maintenant que je suis là je reparte d'ici ! » Ils m'ont « arraché à lui ». C'est comme ça qu'il me voit ? Comme une chose qu'on lui a enlevé ? Peut-être que c'est les circonstances qui font que, peut-être que c'est juste ce que j'ai envie d'y voir mais je me sens comme son jouet. Un jouet qu'on aurait retiré à un môme pas sage et qui criserait pour le récupérer. Je suis pas sa putain de chose ! Son ton me tape sur le système. Je soutiens froidement son regard, pas décidé à lâcher l'affaire non plus. Il ne pense pas en avoir assez fait comme ça ? Ses choix étaient à chier, on va peut-être arrêter les dégâts. « Est-ce que ça t'arrive d'en avoir quelque chose à foutre de mon avis ? » La question n'appelle aucune réponse, je la connais déjà. Il en fait qu'à sa tête depuis des mois, de toute façon... « J'ai pas envie que tu restes là, tu comprends ça ? J'ai pas envie de te voir H24 à côté de moi. Pas maintenant. Je vais bien et il y a absolument aucune chance que je me barre dans la nuit alors va dormir ailleurs. S'il te plaît... » Absolument aucune chance... Je suis même pas sûr de pouvoir aller jusqu'à la porte sans m'arrêter quinze fois tant le moindre geste me fait mal et puis même si j'arrivais à sortir, on est coincés ici. C'est pas comme si je pouvais fuguer. C'est pas que je veux pas le voir du tout, c'est pas ça, il peut passer de temps en temps si ça lui fait plaisir, je le virerai pas mais... Mais je ne veux pas avoir à supporter cette tension à longueur de journée, sans arrêt, sans rien. Je finirais par devenir dingue. J'ai pas envie de vivre avec le cadavre de notre couple juste à côté de moi.

Ses larmes me font mal. Je n'aime pas le voir comme ça. Je sais que c'est de ma faute et je sais aussi que c'est sûrement loin d'être fini... Il y a forcément un moment où ça pétera. Où ce sera aussi désagréable pour l'un que pour l'autre. Je n'ai pas envie de lui reprocher quoi que ce soit... Je n'ai pas envie de m'éloigner... Mais j'ai plus rien à quoi m'accrocher. Mon petit-ami m'a abandonné et je ne reconnais pas celui qui l'a remplacé. Il reste rien. Alors même si je déteste tout ça, il peut bien pleurer, j'y suis pour rien. J'ai rien demandé, moi. J'ai jamais voulu tout ça. Normalement, tout est de ma faute, et je le vis mal parce que je me déteste d'infliger mes conneries à mes proches... Mais là, c'est pire encore. Je le déteste de m'infliger tout ça. Je méritais pas ça... Et je me déteste de le détester, aussi peu que ce soit. « Merci. » Sa main à nouveau si proche de la mienne me donne envie de m'en saisir. De le toucher. De ne plus le lâcher. Mon ventre se tord alors qu'il s'éloigne à nouveau. C'est mieux. Oui... C'est mieux... Ma gorge est nouée. J'aimerais qu'il sorte. J'ai pas envie de me mettre à chouiner comme une gamine. Pas aujourd'hui. Pas devant lui. J'ai été assez humilié comme ça ces derniers jours, pas la peine d'en rajouter. Et puis il ouvre à nouveau la bouche, assassinant toute envie de rapprochement. Mes doigts se resserrent brusquement sur le drap. Tais-toi. Tais-toi ! « Non, c'est pas vrai... » Ben voyons ! Tu t'es pas engagé dans un truc en sachant très bien que je souffrais quoi qu'il arrive, bien sûr. T'as pas décidé toi-même de nous faire prendre des risques à tous les deux, évidemment ! Je regrette cette histoire de rituel, mais je la regrette tellement ! Je voulais juste le protéger, j'avais jamais prévu qu'il pourrait être aussi con. J'avais juste peur de le perdre définitivement... Je voulais pas qu'on puisse le mettre dans un état aussi lamentable que la dernière fois. Je voulais juste éviter ça... « Je voulais tout te dire... te parler de la rébellion, de ce que je m'apprêtais à faire... Mais je ne savais pas comment te le dire. » Rien dire, c'était mieux, forcément. Et puis, on sait jamais, imaginez que je sois assez dégueulasse pour tout aller balancer, hein ? C'était risqué. J'étais un traître, après tout, fallait pas me mettre dans la confidence, on sait jamais. Tout le monde sait que j'aurais été prêt à risquer sa vie pour me faire bien voir. Comme s'il y avait encore de l'espoir... « Tu avais fait un rituel pour nous lier, je savais qu'en continuant je te blesserais sans le vouloir. J'ai cherché dans toute la bibliothèque. Je suis même allé dans la réserve. En vain. J'ai trouvé quelques livres sur le sujet, mais il n'y avait jamais assez d'explications. Je ne sais pas où tu as trouvé le rituel pour nous lier mais j'ai pas réussi à annuler le lien... » J'accuse le coup. Je sais que je lui en ai pas parlé avant de le faire, et qu'il m'a reproché de l'avoir fait mais... Mais je pensais pas qu'il agissait dans mon dos pour tout défaire. Il comptait m'en parler un jour, de ça ? Alors pendant que je le pensais en train de réviser, il essayait juste de foutre en l'air ce que j'avais fait, c'est ça ? Et dire que je m'inquiétais chaque soir de l'avancée de tout ça, que j'étais admiratif de le voir si impliqué dans ses études... Tu parles... Enfin, je suis plus à ça près, n'est-ce pas ? « J'avais peur que tu veuilles que j'arrête tout. Je savais que j'aurais fini par t'écouter et que je m'en serais voulu après... parce que je m'étais déjà engagé auprès des autres et qu'ils comptaient sur moi... Les jours sont passés tellement vite. Plus j'attendais et plus je le regrettais et finalement plus j'attendais et plus je me disais que j'avais trop attendu... J'ai été con, au delà de l'imaginable. » Au bout de quelques mots, je détourne à nouveau les yeux.

Parce que je comptais pas sur lui, moi ? C'est pas lui qui a été con, c'est moi. Parce que je l'ai fait passer avant tout. Il voulait plus que je vois Tracy pour éviter les ennuis ? Et bien soit, j'ai arrêté pour le rassurer. Tant pis pour mes amis, il était tellement plus important... Je me rends compte qu'on a jamais eu la même vision de notre couple, et c'est sûrement lui qui a raison, dans le fond. C'était stupide d'arrêter de vivre pour lui, c'était stupide de vivre par et pour lui... J'ai été stupide et maintenant, je m'en mords salement les doigts. « C'est pas une histoire de manque de confiance en toi, c'est juste... moi. » Je ricane à nouveau mais je dis rien, je le laisse continuer, croire que je suis assez débile pour tout avaler. « Moi qui ai été envahi par la peur, le doute de ne pas arriver jusqu'au bout, la peur d'avoir envie que tu m'arrêtes parce que je me savais pas prêt à faire ça, la peur d'accepter et de passer pour un lâche... alors que très clairement c'est ce que je suis. » Je ne sais pas si on se connaît pas ou s'il me sert juste de fausses excuses. Je l'aurais jamais laissé tomber. Jamais. Bien sûr, j'aurais essayé de le dissuader de faire quoi que ce soit, c'est évident. On en aurait discuté, on se serait peut-être un peu engueulés parce qu'on aurait pas été du même avis, et alors ?! Mais s'il n'avait pas changé d'avis, je l'aurais suivi ! On se serait battus ensemble, parce que c'était comme ça qu'on était censés fonctionner ! Je serais resté à ses côtés, conscient de ce dans quoi j'étais embarqué. Je l'aurais fait de mon plein gré ! « Je sais que tu me hais. Je sais que tu ne me pardonneras jamais... Mais j'ai jamais menti sur mon amour pour toi. J'ai pas voulu que tu sois blessé... même si tout montre le contraire. » Mon cœur loupe un battement et puis s'emballe. « C'est bon. Arrête. » Je sens mon corps se crisper. Je suis prêt à lui bondir dessus pour le dégager, qu'importe la douleur, je m'en balance. Mais je fais rien, je ronge mon frein, tant bien que mal. Pas un mot plus haut que l'autre, pas la peine de se donner en spectacle. « Si c'est vraiment comme ça que tu m'aimes, bah je préfère que tu le fasses pas. » Ma gorge est nouée, ma voix plus aiguë que d'ordinaire. J'ai juste l'air de pauvre chose qui se retient de pleurnicher. « Tu m'as menti pendant des mois. Pendant plus de trois mois t'as manigancé ta merde sans jamais rien dire et après t'oses prétendre que t'avais confiance ? Mais soit, admettons que je comprends. Ça devait déjà être assez difficile de rester crédible en t'envoyant en l'air avec un traître, il aurait pas fallu prendre le risque que j'en vienne à tous vous balancer. Tu m'as embarqué dans ton histoire sans même me dire ce qui m'attendait en sachant très bien que s'il t'arrivait quelque chose, c'était pas toi qui prendrais. T'étais prêt à m'envoyer à l'abattoir sans même me prévenir. Je te servais de bouclier et t'as même pas été foutu de m'avouer ce que je risquais. Si j'étais pas venu avec toi à ce putain de bal, hein ? T'aurais fait quoi ? Tu m'aurais laissé morfler dans notre dortoir sans rien comprendre, c'est ça ? Mais d'accord, on va dire que c'est toujours la même histoire, que j'aurais toujours pu vous trahir... » Mes mains se sont mises à trembler.

J'espère encore qu'il se lèvera et qu'il partira. Sans un regard en arrière, comme il l'a fait la dernière fois. « On peut supposer que t'avais une belle excuse pour tout ça et que c'est de ma faute, d'accord. Mais si t'étais si sincère, si tu m'aimais tant que ça, pourquoi tu m'as abandonné ?! Tu m'as dit adieu Milo, tu savais très bien qu'on se reverrait peut-être jamais. Tu le savais et tu l'as fait quand même ! Tu le savais... Tu m'as foutu au pied du mur et tu t'es barré, comme si j'avais jamais compté pour toi ! Et après tu viens chouiner que t'es désolé, que c'était vrai entre nous ? Mais y'avait quoi entre nous, hein ? T'as passé des mois à prévoir de me lâcher, à savoir que ça arriverait un jour à cause de tes conneries. T'as osé me regarder dans les yeux en me disant que tu m'aimais, en me laissant nous projeter alors que tu savais très bien que c'était n'importe quoi ! » Je repense à la fierté idiote que j'ai ressenti quand mes parents m'ont répondu, à la joie ridicule que j'avais en lui écrivant qu'ils voulaient le rencontrer pendant l'été... Et lui, pendant ce temps-là, il savait qu'il était censé jouer la chair à canon quelques jours plus tard... Il m'a laissé espérer. Il m'a laissé croire qu'il y aurait un après-Poudlard alors qu'il avait conscience depuis des mois que ça n'arriverait jamais. Il me faut un instant pour me reprendre. J'ai le souffle court, les yeux brûlant. J'ai de plus en plus de mal à ne pas lui hurler clairement dessus. J'ai envie de le frapper, de le foutre à la porte. Je veux qu'il ressente ce que j'ai pu ressentir, moi, quand il m'a planté là... « Est-ce que t'as pensé à moi juste une seconde pendant tout ce temps ? Vraiment, je veux dire. Est-ce que tu t'es demandé juste une fois comment j'allais vivre tout ça ? Comment je me sentirais si on m'annonçait qu'il t'était arrivé quelque chose ? Est-ce que t'y as pensé, hein ?! » J'essuie rageusement une larme suicidaire. Je me sens tellement con, si vous saviez. Normalement, j'ai pas ce rôle-là. Normalement, je suis le connard des histoires. Et je crois que je préfère définitivement ça. Regarder les dégâts que j'ai causés sans la moindre culpabilité... « Et tu reviens là comme si c'était normal ? Tu crois quoi ? Que j'vais t'accueillir à bras ouverts alors que t'as passé ton temps à te foutre de moi ? Sérieusement ?! Y'a des gens qui comptent infiniment plus pour toi, des gens en qui t'as confiance, pour qui t'étais prêt à nous sacrifier tous les deux. Va les retrouver eux. Moi c'est bon, j'ai donné. J'étais prêt à faire des efforts mais si c'est pour que t'entendre pleurnicher que c'était pas ce que tu voulais, que c'est pas juste ou je sais quelle merde encore, c'est pas la peine. Fous-moi la paix, Milo, honnêtement. Barre-toi. »
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Zola R. Shaw

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Arrivé(e) le : 05/01/2012
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Message(#) Sujet: Re: I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ I only bring the heat, company under cover. – TERMINÉ  EmptyMer 19 Juil - 19:47


❝ I only bring the heat, company under cover ❞Dan & Milo
Oui j'ai des idées stupides et je les accumule, je sais. Je sais que c'est stupide de croire que je ne vais pas m'endormir ou que je ne vais pas avoir besoin de repos. Je n'y crois pas moi-même. Je sais que je m'assoupirais sur ma chaise, que je vais mal dormir, que je vais avoir mal de partout. Ca sera inconfortable au possible et je devrais forcément bouger quand les infirmiers viendront pour ses soins ou pour vérifier qu'il va bien. Je devrais bouger quand on passera l'heure de la toilette ou pour mes propres besoins primaire. Autant je peux ne pas manger pendant de nombreuses heures, autant je devrais forcément aller au toilette ou boire un peu, ne serait-ce pour ne pas être déshydrater. Mais au delà de ça, je ne bougerai pas. Je resterai auprès de lui. Autant que je le pourrais en tout cas. « Est-ce que ça t'arrive d'en avoir quelque chose à foutre de mon avis ? » Au moins c'est dit. Le ton est donné. Après je ne m'attendais pas à grand chose d'autre au final et il n'a pas forcément tort. Je ne lui demande pas vraiment son avis. En fait je n'ai pas songé un seul instant à le concerter sur le sujet. Peut-être parce qu'au fond je savais qu'il ne voudrait pas que je reste et ça me rendrais dingue de ne pas savoir comment il allait. Même si Liu me faisait un rapport hebdomadaire, ça me bouffera de ne pas être présent, de ne pas le voir, le soutenir, le réconforter. Sauf que rester alors qu'il ne le veut pas, je ne pourrais rien faire de tout ça. En dehors de voir qu'il va bien, je ne pourrais rien faire d'autre, il m'offrira très certainement son dos en guise d'accueil et m'évitera au maximum. La seule chose qu'il me dira ce sera de partir, qu'il n'en peut plus de moi. « J'ai pas envie que tu restes là, tu comprends ça ? J'ai pas envie de te voir H24 à côté de moi. Pas maintenant. Je vais bien et il y a absolument aucune chance que je me barre dans la nuit alors va dormir ailleurs. S'il te plaît... » Je n'ai pas eu le temps de répondre, en même temps qu'aurais-je pu répondre sincèrement ? Oui j'en ai quelque chose à faire de ton avis ? Evidemment ? Parce que là clairement il n'y a rien d'évident à ça. Je sais qu'il a raison, que c'est purement égoïste de ma part de vouloir rester. Que pour tout le monde ça serait mieux que je m'en aille. Que je vais rendre l'atmosphère de cette pièce irrespirable. Je sais que je suis toxique, que je ne suis qu'un nuisible sans intérêt. Je n'ai même pas la décence de lui offrir mon absence. Je lui impose ma présence et tous les souvenirs qui vont avec. Je ne suis qu'un être égoïste, incapable de surmonter ses propres erreurs et sa peine et qui se raccroche à ce qu'il peut pour ne pas sombrer, emportant avec lui le seul être qu'il n'a jamais aimé dans les tréfonds du malheur. Bravo Milo, chapeau bas. Je hoche la tête lentement, le regard rivé au sol. Oui, je comprends. Ca me broie le coeur de l'admettre, mais je comprends. Et je sais tout ça, au fond je le sais, mais si je ne suis pas là, comment je fais pour ne pas devenir dingue ? Sauf que si je suis là, comment il fait pour ne pas le devenir avec ma simple présence ? Je sais que je vais devoir me résigner « D'accord ... » Je ne sais sincèrement pas comment je vais pouvoir tenir loin de lui, mais si c'est ce qu'il veut vraiment, alors je tâcherais de faire de mon mieux. Je veillerai de loin, dans le couloir, ou plus loin dans un coin de la pièce. En fait je ne sais pas ce que je vais faire, je sais juste que je vais tourner comme un lion en cage et que ça va finir par me rendre dingue. Mais ça, à la rigueur, c'est mon problème non ? Il s'en fout de savoir ce que je fais la nuit et il aurait bien raison. Il s'en fout de ce que je vais devenir et je l'ai bien cherché. J'ai ruiné notre relation, je ne peux pas m'attendre à autre chose. Il faut juste que je me résigne à avancer, seul. Ca va être dur, ça va être tellement dur...

Je parle, je parle, je parle. Ou devrais-je dire, je m'enfonce, parce qu'en fait c'est exactement ce que je fais, je m'enfonce. Je tente de m'expliquer, de me donner des excuses mais même moi je n'y crois pas. Tout ça sonne faux, tellement faux. Je mets tout sur le dos de la peur, de l'incertitude, de l'inquiétude, mais en fait c'est juste de ma faute à moi. Je suis lâche, ça ne sert à rien de se voiler la face et de croire que je ne le suis pas, je le suis. Je ne suis qu'un gros lâche, pleurnicheur et faible. Je ne suis rien de plus. Personne ne l'a vu jusqu'à présent ou plutôt tout le monde le savait, mais avec les tortures, ils ont commencé à se dire que peut-être j'étais plus courageux qu'il ne semblait. Sauf que non, ce n'était que des mensonges que j'ai balancé à tout le monde pour me rassurer et me voiler la face. Je suis quelqu'un de courageux, je suis plus fort qu'il n'y parait, je suis prêt à sauver les gens que j'aime. Tu parles, je n'ai sauvé personne, j'ai pleuré dans mon coin l'injustice qui me frappait et rien de plus. Je ne suis qu'une merde, qu'une grosse merde. Et finalement en perdant Dan, je remets les pendules cosmiques à l'heure. Je ne le méritais pas. Un mec comme ça n'avait rien à faire avec un mec comme moi. Je ne le méritais tellement pas et j'avais l'audace pourtant de croire que si, que peut-être finalement je n'étais pas une si grosse merde que ça. Mais si, je le suis, je le suis tellement plus que je ne le penserai jamais. Je ne vaux rien. Ma vie ne vaut rien. J'ai menti. J'ai menti à Dan, j'ai menti à mes amis, à mes proches à mes camarades et à moi-même et le pire c'est qu'on y a tous cru, moi le premier. Mais quel con. Je n'aime pas les grossièretés mais là clairement c'est ce que je suis, un con. Et je suis loin d'être au bout de mes peines, même si je pensais avoir touché le fond, je constate qu'on creuse encore. « C'est bon. Arrête. » Je m'enfonce, je tente vainement de noyer le poisson. Il a raison de vouloir que j'arrête, ça devient ridicule. Alors je me tais, docilement, parce que je sais que ça ne sert à rien. De toute façon je n'aurais jamais aucune vraie raison pour expliquer ce que j'ai fait. Je ne pourrais jamais me faire pardonner tout ça et je crois qu'au fond, je ne suis même pas sûr d'avoir envie qu'on me pardonne. Alors je baisse les yeux, coupable et j'attends le verdict. « Si c'est vraiment comme ça que tu m'aimes, bah je préfère que tu le fasses pas. » Ok donc ça au moins c'est dit. Après il a raison, je ne mérite pas de l'aimer et surtout il mérite tellement mieux que mon médiocre amour. Mais même si j'en étais parfaitement conscient, ça fait quand même mal de l'entendre à haute voix, surtout de la part de l'être aimé. Se le dire constamment c'est une chose, mais se l'entendre dire par le principale concerné, ça fait sacrément mal. Pourtant je ne pipe mot. Je ferme bien gentiment ma gueule, j'en ai assez dit, j'en ai assez fait comme ça.

« Tu m'as menti pendant des mois. (...) Mais d'accord, on va dire que c'est toujours la même histoire, que j'aurais toujours pu vous trahir... » Il reprend la parole et plus ses mots sortent et plus ça fait mal. C'est normal que ça fasse aussi mal ? Pourtant il ne hausse pas le ton, il ne m'insulte pas, il ne crie pas. Je crois que j'aurai aimé qu'il crie plutôt qu'il reste si froid. J'ai l'impression de n'être personne, de n'avoir jamais été personne. C'est injuste évidemment de dire ça mais c'est ce que je pense en cet instant. J'ai l'impression que c'est le garçon de la forêt interdite qui me parle et non plus mon petit ami. C'est horrible. D'ailleurs c'est con de dire "petit ami" parce que là très clairement ce n'est plus ce qu'il est et il ne veut plus l'être. Je sais pourtant qu'il a raison. Je sais que je lui ai menti pendant des mois. Je ne voulais pas faire de mal, je ne voulais pas le blesser ou le prendre pour un con. Ce n'est pas parti d'une mauvaise intention, mais j'ai foiré, parce que c'est tout ce que je sais faire, foirer les choses. Par contre je ne comprends pas cette histoire de traître. Oui d'accord il a fait une erreur, mais jamais je ne l'ai vu comme un traître. Je le définis comme beaucoup de choses mais certainement pas traître. A tort ou à raison, je l'ignore mais ce n'est pas ce qu'il est pour moi. Pour moi toute cette histoire est du passée, oubliée depuis longtemps. Il a expié pour ces pêchés, on peut passé à autre chose. Mais visiblement lui n'est pas passé à autre chose. Je ne lui ai jamais fait de reproches sur cette histoire. Je me suis montré présent, ouvert d'esprit et patient, je trouve ça un peu injuste qu'il me le renvoie à la figure alors que je ne suis coupable de rien. S'il pense être un traître, grand bien lui en fasse mais ce n'est pas mon cas et j'aimerais qu'on ne me mette pas ça sur le dos. J'ai beaucoup de défauts, j'ai fait des conneries, mais celle-ci n'en fait pas partie. Pourtant je ne dis rien, il m'a laissé parler, je le laisse faire. Je mets ça de côté, quand je pourrais en placer une.

Première vague de reproches de passées et j'arrive difficilement à les encaisser. Qu'est-ce que ça va être pour la suite. Pourtant je ne dis rien, je garde la tête baissée, honteux. Je n'ai rien le droit de dire, je le mérite amplement. Tout ça, c'est de ma faute. Il souffre à cause de moi et il a raison de dire que je l'ai blessé volontairement. Enfin ça n'a jamais été volontaire, évidemment, mais au fond je le savais qu'il pouvait souffrir et c'est d'ailleurs ce qui m'a fait grandement hésité. J'ai eu envie d'arrêter, un milliard de fois mais je ne le pouvais pas. J'ai eu envie d'arrêter quand il me l'avait demandé. Je le voulais, je le voulais tellement. Mais ils comptaient sur moi, je pouvais presque sentir leur regard sur moi. Evidemment c'était faux mais c'était la sensation que j'avais. J'étais tiraillé de toutes parts et je ne savais pas quoi faire. Au final je regrette tout ça, pour ce que ça a servi, j'aurai mieux fait de rester avec lui. Je crois qu'à la seconde où j'ai ouvert la bouche pour tout lui raconter, j'ai regretté et à la seconde où j'ai tourné les talons je savais que je faisais la plus grosse connerie de toute ma vie. Mais j'ai continué, comme un abruti et jamais je ne pourrai me pardonner. « On peut supposer que t'avais une belle excuse pour tout ça et que c'est de ma faute, d'accord. (...) T'as osé me regarder dans les yeux en me disant que tu m'aimais, en me laissant nous projeter alors que tu savais très bien que c'était n'importe quoi ! » Je ferme les yeux. C'est dur d'entendre la vérité de la bouche de l'être aimé. Même s'il ne sait pas ce que j'ai vécu quand j'ai fait tout ça. Lui il pense que c'était facile, que j'ai pris plaisir à le faire ou alors que ça ne m'a rien fait. Ca a été un moment tellement atroce, un déchirement. J'ai eu la sensation qu'on séparait mon âme en deux. J'avais mes responsabilités d'un côté et lui de l'autre et étrangement c'était lui qui comptait le plus. Je ne voulais pas partir, je ne le voulais tellement pas, mais jamais il ne le réaliserait. Lui n'a vu qu'un dos s'éloigner, moi j'ai senti mon coeur se briser et mes larmes couler. Mais ça, jamais il ne le réalisera. Il croit que j'ai pris plaisir à lui dire Adieu. Mais que pouvais-je faire d'autre ? On ne savait pas ce qui nous attendait. Je ne voulais pas mourir, définitivement pas mais j'ai pris conscience, au moment où je lui disais tout ça, que je lui expliquait tout, que c'était peut-être la dernière fois que je le reverrais. Je n'avais pas pris conscience de tout ça avant. Avant c'était juste irréel, quelque chose qui ne se produirait pas. C'est d'ailleurs un peu aussi pour ça que je n'ai rien dit. Parce que moins j'en parlais et moins c'était réel et donc plus j'avais des chances de passer au travers du filet. Mais c'était débile, évidemment que c'était débile. Mais je n'ai jamais dit que je ne l'étais pas...

Deuxième vague de reproches et c'est de plus en plus difficile de ne rien dire. Je sais que sur plein de choses il a raison mais pas sur tout. J'ai pas pensé au début que je ne m'en sortirais pas et je ne l'ai jamais vu comme un traître. En fait je ne pensais pas grand chose, ce qui était bien le problème. Je ne savais pas trop si ça allait aller jusqu'au bout ou non. Je ne savais pas si les gens seraient capable d'aller jusqu'au bout. Moi je sais que seul je n'en aurais pas été capable, mais eux si, alors je n'ai pas eu le choix. Mais c'est stupide de dire ça parce que je sais qu'au fond on a toujours le choix, c'est juste toujours une histoire de lâcheté. Je déglutis, mes yeux me piquent, les larmes coulent mais par bonheur il ne les voit pas. Il ne doit pas les voir, je passe déjà pour un faible et une merde, n'en rajoutons pas une couche avec le mot chochotte qui me vient à l'esprit en me voyant assis sur cette chaise. Il n'a pas fini et je ne sais pas si je vais pouvoir tenir jusqu'au bout. Pourtant il le faudra bien, parce qu'il mérite de cracher toute sa haine à mon égare. Il mérite de se soulager pour passer à autre chose, pour m'oublier, pour m'ignorer ou me détester. Et moi je mérite de tout entendre et d'encaisser, sans rien dire. « Est-ce que t'as pensé à moi juste une seconde pendant tout ce temps ? Vraiment, je veux dire. Est-ce que tu t'es demandé juste une fois comment j'allais vivre tout ça ? Comment je me sentirais si on m'annonçait qu'il t'était arrivé quelque chose ? Est-ce que t'y as pensé, hein ?! » Non, évidemment la réponse est non. Est-ce qu'on y pense vraiment ? Est-ce qu'il a pensé à moi quand il est allé rejoindre Tracy ? Pourtant il savait qu'il avait de grande chance de se faire punir, mais est-ce qu'il a songé l'état dans lequel ça allait me mettre quand j'allais apprendre la nouvelle ? Quand je n'allais pas le voir revenir le soir ? Est-ce qu'il a vraiment pensé à moi quand il a fait son rituel ? A ce que je pourrais ressentir en sachant le sacrifice qu'il avait fait pour moi ? Parce que moi, clairement, je ne lui ai rien demandé, mais il est quand même passé au dessus, parce qu'il pensait faire quelque chose de bien. C'était une idée stupide, totalement ridicule, mais il l'a faite quand même. Alors oui, c'est parti d'un bon sentiment, mais est-ce qu'il a songé un instant à ce que je pourrais ressentir de savoir que si je suis blessé, je le blesse à mon tour ? Que la douleur que je devais ressentir me sera volé et qu'il la sentira à ma place ? Est-ce qu'il s'est mis à ma place trente secondes avant de faire tout ça ? Non. Et bien là c'est pareil. Moi non plus je n'ai pas pensé à lui si je venais à disparaitre et je n'y pense jamais quand je pense au suicide. Je sais que c'est égoïste, Megan me l'a déjà bien fait comprendre et ça m'a déjà bien saoulé. Mais je sais qu'ils ont raison, qu'on ne pense jamais à ceux qu'ils restent. Je ne dis pas le contraire et je ne chercherais pas à me justifier pour ça. De toute façon ce n'est pas comme s'il m'en donnait l'occasion, le voilà qui reprend. « Et tu reviens là comme si c'était normal ? Tu crois quoi ? Que j'vais t'accueillir à bras ouverts alors que t'as passé ton temps à te foutre de moi ? Sérieusement ?! Y'a des gens qui comptent infiniment plus pour toi, des gens en qui t'as confiance, pour qui t'étais prêt à nous sacrifier tous les deux. Va les retrouver eux. Moi c'est bon, j'ai donné. J'étais prêt à faire des efforts mais si c'est pour que t'entendre pleurnicher que c'était pas ce que tu voulais, que c'est pas juste ou je sais quelle merde encore, c'est pas la peine. Fous-moi la paix, Milo, honnêtement. Barre-toi. » Je crois que c'est la pire partie. Parce que non, je ne pensais pas qu'il m'accueillerait les bras ouverts, en fait je me doutais bien que j'aurai ce genre d'accueil, mais je suis venu quand même. Déjà parce que malgré moi je suis un peu con d'espérer que ça ne se passerait pas comme c'est en train de se passer. Et ensuite parce que j'ai été assez con pour lui donner l'occasion de m'en foutre plein la gueule. Mais c'est aussi égoïste, je suis venu parce que j'ai nulle part où aller et que mon chez moi, c'est lui. Mais comme il me le dirait très certainement, ça, c'est mon problème, plus le sien. Je suis assez grand pour me débrouiller tout seul. Je déglutis. C'est vraiment plus dur que je ne le pensais. Je ne suis pas assez fort, je le dis et je le répète mais là j'en ai définitivement la preuve. Mes joues sont ravagées par les larmes. C'est tellement difficile de faire face à son échec et à la destruction qu'on a mis tant de soin à créer tous les deux. D'un coup de marteau, on vient de tout détruire. Plus de reconstruction possible je suppose. Mais c'est bien fait pour moi. Il veut que je parte. Au fond je n'en ai pas envie, mais là tout de suite je serais incapable de rester sans "chouiner" comme il le dit si bien. Alors c'est peut-être mieux pour tout le monde que je m'en aille. Surtout que je sens une présence dans mon dos. S'il me touche, je crois que je perds le contrôle. Je ne veux pas qu'il me touche. "Milo ... Je sais que je tombe mal mais ... Je pense que vous êtes fatigués tous les deux. Il vaut mieux que vous reportiez votre discussion à plus tard ... Viens avec moi, il faut que je t'ausculte, tu es le dernier que je n'ai pas vu ..." Je reconnais la voix de l'infirmier Lennox. Je sais qu'il a raison, ils veulent tous que je m'en aille. J'ai bien compris le message. Je me mouche dans le mouchoir, nettoie rageusement et rapidement mes joues pour tenter d'effacer toutes traces de larmes, en vain et c'est les yeux rouges que je me lève. « J'y vais... puisque c'est ce que tout le monde veut... » Dis-je d'une voix enroué. Je ne regarde même pas Dan, je n'en ai pas le courage. Je vais pour m'en aller quand je m'arrête, au pied du lit. Je tourne légèrement la tête vers lui, mais fixant ses pieds plutôt que son visage. « Mais je tiens juste à dire que je n'ai jamais pensé un seul instant que tu étais un traître. Je ne t'ai jamais reproché cet épisode, je me suis plutôt montré compréhensif et présent quand tout le monde te détestait. Alors tu peux te reprocher jusqu'à la fin de ta vie d'avoir fait ça, mais ne me mets pas ça sur le dos parce que c'est faux. J'ai peut-être beaucoup de défauts, au delà de ce que j'avais cru. Tu as raison sur beaucoup de point, mais certainement pas sur celui-là ... Et j'ai jamais pensé non plus que j'allais mourir, pas jusqu'au bal en tout cas. Je crois que j'espérais que cette histoire ne verrait jamais le jour, j'étais juste incapable de me projetait dedans ... Mais je te laisse, puisque c'est ce que tu veux ... » L'infirmier Lennox m'attendait à quelques pas, mais au lieu de le suivre, je me contentais de m'en aller. J'entendais mon prénom au loin mais ne me retournais pas. Personne ne me touchera...
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Zola Rylee Shaw
“Pour qu'un amour soit inoubliable, il faut que les hasards s'y rejoignent dès le premier instant.” Kundera Milan ♦ by dream's
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