t'es sûr qu'il y en a là-bas ?

Fidèle à mes habitudes, je m'étais levé en même temps que les premiers rayons de soleil timides s'infiltraient dans le dortoir des quatrièmes années au sommet de la tour de gryffondor. Que ce soit un lundi, un jeudi ou un samedi, ça importait peu pour moi. J'étais toujours debout très tôt le matin, même les journées de congés. Et pourtant, j'étais souvent le dernier au lit le soir venu. Disons que je n'étais pas un très gros dormeur. Ce n'était pas une question d'insomnie. Au contraire, je dormais très bien. Il y avait seulement tant à voir que les journées ne me semblaient pas assez longues pour tout y caser. " Il nous faudrait de journées de 36 heures ! ", avais-je dit un jour à Noel Shiver, l'un des mecs les plus cool de tout le château dont j'avais le fierté de qualifier d'ami. Le préfet des rouges et or m'avait regardé comme si je venais de débarqué de la lune avec mes idées loufoques. J'en avais déduis qu'il n'était sans doute pas d'accord avec mon idée, mais je ça ne m'empêcha pas d'y croire fermement. Comme je n'avais pas le pouvoir de changer l'ordre naturel des choses en allongeant les journées, j'avais pris pour habitude de m'octroyer que le nombre d'heure de sommeil minimal requis afin d'être fonctionnel. Ainsi, je pouvais profiter pleinement de mes journées.

Quittant la salle commune de ma maison avant même qu'elle ne commence à se remplir, je descendis les escaliers en direction de la Grande Salle. Le château était presque désert à cette heure. En dehors des portraits dans les escaliers, étrangement de bonne humeur en ce samedi matin, et quelques chats, je ne rencontrai personne. Mon meilleur ami dormait encore, tout comme ma soeur quant à Rhea, elle devait avoir la tête sous les couvertures à cette heure. J'étais donc libre de m'occuper comme bon me semblait. Je pris mon petit déjeuner à la table de gryffondors en compagnie de rares étudiants, principalement des bucheurs acharnés, qui avaient osé bravé l'heure matinal afin de venir s'alimenter. Une fois le ventre plein, je pris la direction du parc. J'avais bien envie de me balader, remplir mes poumons d'air frais !

Je vagabondai un moment, bien enveloppé dans ma cape de sorcier et mon échappe des bottes en peau de dragon aux pieds sous lesquels craquait l'herbe couverte de givre. Rien d'extraordinaire pour un matin de Décembre, mais un surprise qui me mit le baume au couer. J'adorais l'hiver. Comme un gamin, j'attendais, chaque année, que la première neige ne recouvre le domaine de l'école de sorcellerie en entier. C'était tellement magnifique lorsque tout était recouvert de blanc ! Et puis, c'était le moment de l'année où le troupeau d'hyppogriffes sauvages vivant dans la forêt interdite donnait naissance à leurs petits. Ils étaient tous tellement magnifiques ces petites bêtes maladroites qui apprenaient à se tenir sur leurs pattes. D'ici peu, ils s'essaieraient au vol. J'aimerais bien ne pas manquer ce moment de pure magie. Il fallait néanmoins être prudent en restant bien à distance parce que les hyppogriffes étaient des créatures très fières, mais on avant pas d'ennuis si on gardant une bonne distance entre leurs petits et nous.

Mes pas m'avaient mené à la lisière de mon domaine, mon endroit préféré dans tout Poudlard ; la forêt interdite. Je sais, elle est interdite, mais ça ne m'a jamais empêché d'y mettre les pieds. Même après toutes les mésaventures que j'y ai vécu, je continue de prendre plaisir à l'explorer. Il y a tant à découvrir entre ces arbres. Je m'assis sur une bûche afin de faire le point. Où est-ce que je pouvais trouver le troupeau ? Hier ils étaient près du lac, juste sous les montagnes... « Ah bah t'étais là ! » Je relevai la tête pour regarder qui m'interpellais ainsi. Il me fallut moins d'une demi seconde pour reconnaitre mon ami de poufsouffle. Avec ces cheveux en batailles, sa silouhette élancé et ses doux yeux marrons, Kieren était assez agréable à regarder. Je l'aimais bien ! Il était sympathique. Enfin, y avait-il un poufsouffle qui ne le soit pas ? Pas à ma connaissance !

« Hey ! Tu connais un meilleur endroit ? Tu as de la chance, j'ai faillit entrer dans la forêt quelques secondes avant que tu n'arrives ! », dis-je en me levant alors que mon ami venait à ma rencontre. Avant même d'arriver à ma hauteur, il se lança dans une longue explication qui sortait de je ne sais trop où ! « Que je t'explique : Johnson nous a donné un devoir à faire sur les Botrucs pour Lundi, et ça doit probablement t'étonner que je ne l'ai pas déjà fait mais.. Enfin bref. J'ai déjà lu et relus le bouquin mais voilà, tout le monde a le même donc je vois pas l'intérêt de tout recopier si c'est pour rendre la même chose que les autres, donc je me disais que vu que tu es incollable sur les bestioles en tous genres, tu pourrais peut-être m'aider à faire ce petit boulot ! » Un devoir de soins aux créatures magiques ? J'adorais ce cours ! C'était même un peu la raison de notre rencontre à Kieren et à moi. J'espionnais, comme à mon habitude, le cours des troisièmes années alors que j'en étais qu'à ma seconde lorsque le brun avait été blessé par l'une des bestioles qu'il était sensé étudier. Je m'étais porté à son secours bien malgré lui. Au départ, il n'avait pas trop voulu de mon aide, mais comme je me montrais bien insistant, il n'avait pas eu d'autre choix que de me laisser faire. Aujourd'hui, il venait de son plein gré me demander de l'aide. Faut croire que les choses avaient bien changés depuis.

« Tu ne saurais pas mieux tomber ! Les Botrucs, je connais, bien évidemment ! On en a même trouvé une petite colonie dans des gros chênes plus à l'ouest il y a quelques jours avec Sinéad. », répondis-je à Kieren peinant à cacher mon excitation à l'idée de pouvoir lui être utile. J'adorais venir en aide aux gens, surtout quand je pouvais mettre à contribution ma passion débordante pour les créatures magiques. « Tu voulais que je t'en parle ou bien tu préfères voir par toi-même ? Parce que les deux son possible ! », ajoutais-je. Malgré la question posée, je pris la décision moi-même. C'était plus facile de choisir la réponse que l'on voulait entendre plutôt que de laisser l'autre nous la dicter. Attrapant la main du poufsouffle, je le trainai derrière moi dans la forêt interdite. « Allez vient, je vais te montrer ! Tu pourras te faire une idée par toi-même. Même que je suis certain que tu auras le meilleur devoir ! Je ne sais même pas si Johnson est au courant pour cette petite troupe de Botrucs. Tu en penses quoi ? Et raconte, il disait quoi exactement dans ton bouquin ? Il ne faudrait pas que tu écrives la même chose que tout le monde, ce serait honteux ! » On était partie pour une petite balade de santé. Ou du moins, de santé physique parce que Kieren, je ne sais pas s'il supporterait de m'entendre bavasser comme un merle pendant tout le trajet et plus encore...

t'es sûr qu'il y en a là-bas ?

J'avais été content de voir Kieren débarquer près de la forêt alors que j'étais sur le point de m'y enfoncer. Encore plus lorsqu'il me demanda de l'aide pour son devoir des soins aux créatures magiques portant sur les Botrucs. J'aimais donner mon aide, me sentir utile. Je ne disais jamais non pour aider un ami, surtout lorsqu'il s'agissait de mes petites créatures chéries. Magiques ou non, je les aimais tous. J'aimais en parler, les voir, les étudier et les découvrir. Tout chez elles me plaisaient. Quelques jours plus tôt, en cherchant du bois pour les études de baguettes magiques de Sinéad, nous étions tombés sur une colonie de ces petites créatures ressemblants à des branches. Elles habitaient un gros chêne sur le flanc de l'une des montagnes un peu plus à l'ouest, assez loin dans la forêt interdite. Je me doutais que personne ne les avait jamais vu, comme ils étaient considérablement éloignés et que la forêt, et bien, elle était sensé être interdite. Ça ne m'avait jamais dérangé de m'y aventurer quand même. Je m'y sentais bien plus à l'aise que n'importe où ailleurs sur le domaine de Poudlard. Je ne dis pas que je ne m'étais jamais attirés le moindre ennuis à y mettre les pieds bien au contraire, mais ça ne m'avait jamais fait l'effet d'une douche froide. Aujourd'hui, j'étais juste totalement excité à l'idée d'y trainer Kieren, de lui montrer mon monde, mon univers, l'endroit où j'étais totalement moi. En plus, ça allait l'aider à faire le meilleur devoir sur les botrucs. C'est donc sans arrières pensées que celle de lui donner un coup de main que je le traînai, le tenant pas la main, entre les arbres de la forêt.

« Que c'est clairement une mauvaise idée. » , avait dit Kieren en s'arrêtant brusquement, ce qui le fit me tirer sur le bras, m'arrêtant instantanément dans mon élan. La sensation dans mon épaule était pas très agréable, ça a craquer. Une douleur sourde, mais supportable, commença à s'étendre le long de mon omoplate, mais ce n'était rien en comparaison au sentiment de déception qui fusa en moi alors que le poufsouffle se mettait à hocher la tête de gauche à droite, plongeant les mains dans ses poches. Mais.... « Tu sais très bien que c'est pas mon genre de faire des expéditions ici. » Mon ami porta son regard sur les arbres, pas du tout tenté à l'idée d'y pénétrer. Je suivis son regard, posant le mien au même endroit. À mes yeux, la forêt semblait être un endroit recelant de mystères à découvrir, un habitat idéal, un endroit de rêve. Visiblement, ce n'était pas le cas de mon ami, comme de bien des gens à Poudlard. J'avais tendance à l'oublier. Je pouvais agir avec tout le monde comme s'ils étaient Rhea, Phen, Sinéad ou Chuck. Je ne pensais pas vraiment que ça pouvait " déranger " de s'infiltrer sans la forêt. La vérité me frappa de plein fouet. La déception, voilà ce que c'était. Détournant mon regard du lieu que j'avais pensé faire découvrir à Kieren, je reportai mon regard sur lui, plongeant mes iris vertes comme les feuilles de arbres dans les siennes. « Je... Je comprends pas... Je pensais que tu voulais mon aide. Tu veux pas que je t'aide? Pourquoi tu es venu me voir? » Je le fixai un moment alors que mon cerveau cherchait la réponse. Une réponse qui vint avant même qu'il n'ait le temps d'y répondre : « Oh... », commençais-je d'un ton déçu. « Je comprends... Désolé, je pensais que tu voulais que je te montre, pas que je te dis tout. Je pensais que tu voulais comprendre par toi-même.... Je... euh... » J'étais mal à l'aise. Je ne savais plus trop quoi dire en fait ni quoi faire. J'avais mal interprété ce qu'il cherchait en venant me voir. Je me sentais un peu con pour le coup. Kieren vint à mon secours d'une manière assez surprenante. « Roh, et puis tu sais quoi ? Who cares ? » Je le fixai, incrédule. Quoi? Il changeait vraiment d'idée? Genre un 180 en l'espace de quelques secondes à peine? Le poufsouffle s'approcha en souriant. Un sourire qui avait l'air un peu faux, mais tout de même présent. Il passa un bras autour de mes épaules en ajoutant : « Désolé pour ce que j'ai dis. Allez ! Ils sont où, tes cousins ? » Je sautai de joie, littéralement parlant, poussant un petit cris de joie en même temps. Ah ouais! Il avait vraiment changé d'avis! « Génial! T'es super Kieren! Tu seras pas déçu, je te le promets! Oh et ce serait génial d'avoir vraiment des Botrucs dans sa famille! Genre, ils sont trop bien ces petites créatures! », avais-je lança d'une voix encore plus motivé. Un sourire éclatant étira mes lèvres, faisant briller mes yeux d'excitation à la simple idée d'une expédition dans mon monde, dans mon domaine!

Nous nous enfonçâmes entre les arbres. Je demandai au poufsouffle ce qu'il avait bien pu dénicher dans son bouquin de soins aux créatures magiques. Sans doute pas grand chose de pertinent La base quoi. Il confirma assez rapidement mes craintes. « Bin.. L'habitat et les caractéristiques générales de la bête. Mine de rien, ça va être dur de rajouter quelque chose qui ne sort pas du bouquin. Enfin, j'ai confiance en toi ! Voyons voir ce que tu peux me dénicher comme infos qui croustillent ! » Dur? Non pas du tout! Je connaissais pratiquement le livre par cœur, donc je savais exactement ce à quoi j'avais affaire. Il serait facile en fait d'ajouter des choses qui n'étaient pas dans le livre pour étoffer son devoir. Johnson serait bluffé par la qualité du devoir de mon ami, j'en étais plus que certain. « Je peux te dénicher des infos qui te feront obtenir un optimal! Tu peux me faire confiance! Ton devoir, il déchirera tout! Tu pourrais même ajouter une feuille de Botrucs s'ils nous laissent en prendre une de celle qu'ils perdent à cette période de l'année. Tu savais que lorsqu'ils sont en période de reproduction, ils perdent presque toutes les feuilles qui poussent sur leur tête pour en avoir de nouvelles et être plus attirant pour le sexe opposé? Ils aiment se plaire entre eux. Ce sont des coquets en fait! » Je lâchais toutes les informations tout en marchant. Je ne prenais pas la peine de ralentir le débit. Si Kieren avait besoin que je répète plus tard, je me ferai un plaisir de le faire. J'aimais parlé de créatures magiques comme j'aimais parler de plantes.

Nous arrivâmes à une intersection qui offrait un chemin sur la droite et sur la gauche. Moi, je pris ni l'une ni l'autre des directions plongeant freestyle entre les arbres entre les deux chemins sur un sentier que j'étais le seul à voir. Pas besoin de suivre un chemin prédéfini, j'avais une véritable carte dans la tête. Je sentis Kieren hésiter à me suivre. Je m'arrêtai et me retournai pour lui faire face, je lui souris de manière rassurante. Les rayons de soleil qui filtraient entre les arbres faisaient ressortir mes cheveux leur donnant l'air encore plus roux que normalement. Je sentais la chaleur des rayons sur la peau de mon visage où devait briller mes tâches de rousseurs. Il devait être baigné de lumière comme celui du poufsouffle en ce moment ce qui lui donnait un drôle d'air angélique. Moi, je devais avoir l'air d'un drôle de lutin de la forêt avec mes tâches de son et mes iris vertes feuilles. J'aimais bien m'imaginer comme une créature dans cette environnement qui était le mien. Ça me faisait sentir comme si j'appartenais à ce monde et non à celui des humains. Je préférais celui qui s'étendait autour de moi en ce moment, et je voulais que Kieren s'y sente aussi bien que moi. Je voulais qu'il l'aime lui aussi. Je glissai ma main dans la sienne, le tirant doucement pour l'inciter à me suivre. « Fait moi confiance. Tu ne vas pas le regretter! C'est une promesse! » J'avais parlé d'une voix douce, beaucoup plus calme que précédemment. J'étais content qu'il ait accepté de venir avec moi. Je ne voulais pas qu'il regrette son choix. Peut-être qu'il accepterait de revenir dans le futur!