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[ANNÉE 2022 - 2023] Je fermerais les yeux pour que tu puisses mieux en profiter ☾ Dan & Tracy - TERMINÉ
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Message(#) Sujet: [ANNÉE 2022 - 2023] Je fermerais les yeux pour que tu puisses mieux en profiter ☾ Dan & Tracy - TERMINÉ [ANNÉE 2022 - 2023] Je fermerais les yeux pour que tu puisses mieux en profiter ☾ Dan & Tracy - TERMINÉ EmptyMer 30 Nov - 23:56


Je fermerais les yeux pour que tu puisses mieux en profiter
Rioghbhardan & Tracy

Comme toutes les classiques matinées qu'elle passait à Poudlard depuis le début de l'année scolaire, Tracy s'était installée à la table des Serdaigles entre Duke et Naïa, et s'était servie un bol de porridge aux épices qu'elle accompagna d'un peu de thé vert. Le départ des nés-moldus pour le cachot n'avait rien changé à son quotidien, étrangement, si ce n'était que le dortoir était un peu plus désert, qu'elle avait un peu plus de place pour s'asseoir à table, et que ses chances de donner une bonne réponse en classe étaient un peu plus élevées que lorsque des mains levées avant la sienne venaient lui voler la parole. Chaque matin, elle s'efforçait d'oublier un peu plus qu'elle aussi aurait très bien pu terminer au cachot elle aussi si elle ne s'était pas donnée autant de mal pour faire en sorte de préserver son secret. Maintenant, il s'agissait de faire en sorte que cet imbécile de Bowman ne fiche pas tout en l'air parce qu'elle avait eu la bête idée de lui donner un coup de main financier, afin que sa conscience soit soulagée. Et surtout, il s'agissait de faire en sorte que Duke, Naïa et Anieth ne l'apprennent jamais. Par les temps qui couraient, il était encore moins question de se compromettre, et elle avait besoin de son entourage à elle, d'un entourage fort. Tandis que ses collègues finissaient de tailler le portrait d'un énième moldu dont le principal crime était probablement son existence, Tracy leva les yeux au ciel, non pas pour marquer un quelconque signe d'exaspération, mais parce que les hululements suscitaient son attention. Une envolée de hiboux venait de se faire entendre dans la Grande Salle, les serres chargées de colis aux tailles différentes, et de lettres sûrement ouvertes au préalable. Il avait été annoncé sur le panneau d'affichage que le courrier serait désormais surveillé de manière à ne laisser passer aucun élément susceptible de perturber le nouveau fonctionnement de l'école, donc il y avait fort à parier que tout ait été passé sous contrôle avant de pouvoir atterrir entre les mains des élèves. Une beuglante furibonde éclata en scandale du côté de la table de Poufsouffle sur une pauvre élève, visiblement de la part de sa mère qui lui annonçait publiquement que si elle s'avisait à nouveau de lancer des sortilèges proscrits du cadre du cours en soins aux créatures magiques sur un autre élève, elle rentrerait sur le champ à la maison et n'aurait pas le plaisir de revenir au château.

Tracy ne put s'empêcher de pouffer devant la mine déconfite de l'adolescente qui avait le feu aux joues et qui s'empressa de récupérer les restes de la beuglante pour s'en débarrasser. Néanmoins, son attention fut rappelée à l'ordre lorsque l'un des hiboux de l'école laisse littéralement tomber un énorme paquet en plein sur son bol de porridge, et sa trajectoire l'amena à choir directement sur l'uniforme de Tracy qui retrouva sa chemise encore propre couverte de flocons d'avoine et d'une purée brune collante. Grimaçant, elle sortit sa baguette avant de la tourner d'un geste sec, de manière à faire disparaître la mixture peu ragoutante de son uniforme, et se concentra sur l'objet qui venait d'atterrir devant elle, dont le papier brillant froissé laissait voir qu'il avait sûrement été très bien emballé, avant que le personnel de Blackman n'en fouille le contenu pour ensuite le remettre vulgairement par dessus et l'accrocher par un bout de ficelle pour donner l'illusion. Heureusement, elle n'avait pas encore deviné de quoi il s'agissait, même s'il était informe, le paquet ne laissait pas d'entrevoir d'information, ce qui était plutôt une bonne chose puisque la Serdaigle adorait les surprises. Elle entreprit alors de défaire l'emballage pour se retrouver face à un éclatant Stardust 576, élu dernier balai à la mode, elle l'avait d'ailleurs vu en photo sur la page de couverture de l'un des Sorcières Hebdos laissés traînés par une camarade de Serdaigle sur la table basse en salle commune. Elle n'en revenait pas qu'un tel cadeau ait pu lui être fait ! Et qui en était donc l'auteur ? La réponse lui fut rapidement apportée quand un mot signé du nom de sa belle-mère s'échappa du paquet. Cette dernière "espérait que ce petit cadeau lui changerait les idées puisqu'ils n'avaient plus l'occasion de sortir", sauf que même elle se rendait parfaitement compte qu'il s'agissait de bien plus que d'un "petit cadeau". Quelques Serdaigles commençaient même à se pencher sur son épaule en lui demandant d'où elle sortait ce bijou. Et c'est vrai qu'il était beau ! Le manche, fin et noir d'ébène poli, venait épouser l'embout avec une forme particulièrement élégante. Un coup d'oeil vers les autres tables lui permit néanmoins de remarquer qu'elle était la seule à avoir eu droit à un cadeau, Elijah et Candice semblaient n'avoir rien reçu. Et dire qu'elle ne faisait même pas partie de l'équipe de Quidditch, et qu'elle était tout sauf douée en vol… Aussi, elle se promit qu'elle écrirait dès ce soir à Louise pour la remercier chaleureusement de sa gentillesse. Elle ne pourrait sûrement pas l'essayer d'un bon moment, sauf peut-être en cours de vol, ou lorsque Allen aurait la patience de lui montrer quelques astuces pour la guérir de son vertige. Ravie, elle enfourna à nouveau le balai dans son emballage au milieu des dizaines de patacitrouilles et de souris à la menthe glacées qui faisaient également partie du colis. C'était une bonne journée qui s'annonçait, et rien ne saurait venir l'obscurcir.

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Dernière édition par Tracy A. Bennett le Dim 19 Fév - 23:09, édité 1 fois
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Epouvantard: Une meute d'oiseaux en plein vol
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Je fermerai les yeux pour que
tu puisses mieux en profiter
Tracy & Rioghbhardan

Mon livre de Métamorphose ouvert et posé contre le pichet de jus de citrouille devant moi, j'essaye désespérément de faire entrer dans mon cerveau à l'agonie les exceptions à la loi de Gamp... Mais il n'y a rien à faire. Cinq pauvres exceptions et c'est déjà trop. Si je me cherchais des excuses, j'expliquerais que je suis épuisé, mais je ne me voile pas la face à ce point, je suis juste complètement décérébré et il est même étonnant que je sois arrivé jusque là. Après, la fatigue n'est pas vraiment une excuse. Mes nuits sont courtes et recommencent inlassablement. Je vais me coucher à peu près tôt et vers trois heures du matin, quasiment tous les matins, ils arrivent en surnombre et me force immanquablement à assister à l'assassinat de Milo. Les cauchemars s'éternisent et je finis par me réveiller en nage, le cœur battant et plus perdu encore que la nuit précédentes. Quand, dans sa lettre, Bella m'a demandé en plaisantant si c'était moi qu'on avait entendu crier, je n'ai pas pu m'empêcher de me demander si c'était vraiment une plaisanterie. Je veux dire, j'en sais absolument rien mais ça n'est pas impossible. Je vire à moitié cinglé. Si cinglé que je vais systématiquement vérifier s'il va bien. Jusque là, personne ne m'en a tenu rigueur, et j'imagine que la peur qui doit se lire sur mon visage lorsque je quitte mon dortoir pour entrouvrir la porte du sien doit être suffisamment explicite pour qu'on excuse ma bizarrerie mais combien de temps ça durera ? Il y a bien un moment où il s'en apercevra et me prendra pour un psychopathe. Je relis la même phrase depuis cinq minutes au moins. Je n'y fais plus attention, mon esprit divague et arpente notre antre entre les explosions, les coups et le sang. Je ne pensais pas que ça m'affecterait autant. Je ne pensais pas être traumatisé par quelque chose qui ne m'atteint pas directement. Pour l'instant, l'anti-cerne parvient encore à masquer les dégâts mais je ne me fais pas d'illusions, je ne pourrai pas prétendre éternellement que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Un mouvement attire mon attention et mon regard se détache péniblement de mon bouquin pour s'accrocher à la délicieuse silhouette de Sybille qui s'éloigne. Quelque chose qui ne m'atteint pas directement... Ou presque. Ils ont tué mon enfance en massacrant Soren et torture mon présent en enfermant Keagan. Et ils me poussent à renoncer à ce que je suis au nom de valeurs que je ne défends pas. Et ils y arrivent. Je suis sage, docile, obéissant... Et elle, elle est partie. Je reste hébété une seconde et porte à mes lèvres mon café devenu froid. Je n'ai même pas le courage de reprendre mes révisions alors d'un geste las, je referme mon manuel et le laisse glisser dans mon sac.

Les hiboux remplacent ma camarade et s'attirent sans mal mon intérêt. Je n'attends rien. J'ai réussi à faire comprendre à demi-mots à Shawna qu'il ne fallait plus m'écrire pour l'instant et je n'ai pas encore répondu à Helen. Pour lui dire quoi ? Elle espère que je veillerai sur sa gamine alors que, moi, la seule chose que j'aimerais, c'est qu'elle la reprenne pour que je ne l'aie plus dans les pattes. Mais c'est visiblement trop demandé que d'avoir un peu de tranquillité. Une plainte qui pourrait également s'appliquer à la table des Poufsouffle ce matin puisqu'un cri hargneux s'élève à quelques mètres de moi. Comme toute la salle, je laisse ma curiosité s'en mêler. Une pauvre fille regarde une beuglante s'époumoner sur elle, les yeux brillants des larmes qu'elle retient et les joues rougies par la gêne. J'écoute le contenu de sa lettre d'une oreille distraite en terminant mon petit déjeuner mais entendre dire qu'on peut avoir le « plaisir de revenir au château » me surprend. Qui prend plaisir à être ici à part la bande de traîtres bleus et quelques Serpentard ? Tous autant que nous sommes, nous serions les premiers à enchaîner les conneries pour pouvoir quitter cette prison malsaine mais personne n'a d'espoirs quant à l'issue de cette histoire. Les châtiments remplaceraient les renvois. Et pour ma part, je n'ai aucune envie de donner aux autres le spectacle de ma punition. La lettre se déchiqueta rageusement sous les rires étouffés de la foule et l'adolescente en attrapa les morceaux avant de disparaître à son tour. J'avale la dernière gorgée abandonnée au fond de ma tasse et repousse celle-ci le long du bois avant d'enjamber mon banc. Mes doigts se referment sur la bandoulière de mon sac et je m'apprête à quitter à mon tour la Grande Salle lorsque des exclamations admiratives s'échappent de chez les Aigles. Les jours se suivent mais ne se ressemblent qu'à moitié. C'est mouvementé, ce matin. Suffisamment en tout cas pour oublier l'espace d'une seconde tant la dépression ambiante que le contrôle qui m'attend bientôt. Tant pis, je ne suis plus à deux minutes près. Je m'approche sans un bruit de la table voisine et repousse d'un geste princier ma robe de sorcier pour enfoncer les mains dans mes poches. La doublure jaune éclaire un instant la noirceur de mon uniforme et finit par retomber doucement. Un garçon s'écarte et je peux enfin voir ce qu'il se passe à cette table. Une gamine (elle doit avoir l'âge de mon préfet, à peu de chose près) se tient au centre de l'agitation, un balai magnifique posé devant elle. Magnifique est un bien petit mot pour décrire la merveille que c'est en réalité. Tous les magazines ne parlent plus que de ça et je ne compte plus le nombre d'articles et d'éloges trouvés à son sujet dans Quidditch Magazine. Quel joueur n'a pas rêvé rien qu'une seconde ces dernières semaines de faire son prochain match sur un tel engin ? Et combien peuvent se le permettre à Poudlard...? Ce balai, beau comme il est, coûte littéralement un bras. Et pour l'instant, mes tentatives auprès de ma douce et tendre amoureuse sont restées vaines. Je suis bouche bée. Mes yeux suivent les courbes de la monture comme ils auraient suivi celles d'une femme et finissent malgré tout par se reposer sur la propriétaire. Elle a l'air aux anges, et c'est compréhensible.

Jeune et prise dans une émotion forte et positive... Probablement bien disposée à se faire aborder. Et plus si affinité. Je vais pour me rapprocher davantage mais la présence de Duke me stoppe. Elle est bien entourée, cette petite, c'est toujours ça. Bien loin des traîtres à leur sang qui pullulent dans le château et mettent en danger notre sécurité. Enfin, la leur passe encore mais c'est plus dérangeant pour la mienne. Comme s'il avait remarqué qu'il était en trop, le Serdaigle se lève et passe devant moi sans même me remarquer. Dans d'autres circonstances, je m'en serais sûrement offusqué mais là ça m'arrange. Il sait, il ne s'en est pas caché, alors s'il pouvait éviter de tout gâcher avant même de me laisser une chance d'approcher cette jeune fille... Je le regarde disparaître lentement et reprends mon chemin, m'asseyant à sa place comme si j'y avais été invité. Je m'accoude au bois d'un air aussi faussement négligé que savamment travaillé tout en lui adressant un sourire amical quoi qu'un peu désolé. À peine. Seulement pour introduire sans un mot ce qui suit. « Dommage que ces sang-de-bourbes aient réussi à foutre en l'air le tournoi de Quidditch, t'aurais fait des ravages avec ça ! » J'intègre plus facilement les nouvelles attentes sociales que les cours de métamorphose, et c'est bien dommage. Et je sais que personne ne s'étonnera vraiment que je me plie aussi bien à tout ça. Après tout, les rares amitiés sérieuses qu'on peut me prêter ne sont pas entachées par un sang souillé... Arabella, Sybille... Soren... Et même si j'aime ma famille, j'ai toujours mis en avant la carrière de mon père, notre ressemblance ou l'admiration à retardement que je lui porte alors que ma mère n'apparaît que comme un délaissement dépressif et des relations tendues. Que je puisse détester ma famille moldue ne troublerait pas le Tout Poudlard alors je peux me laisser aller à faire ce qu'on attend de moi sans craindre que n'importe qui puisse me mettre sous les yeux mes incohérences. Pour le peu qui le pourra, j'ai tout le temps de chercher des explications. En attendant, je sais pertinemment que le tournoi de Quidditch n'est pas tout à fait annulé, que nos capitaines se sont secrètement mis d'accord pour continuer les matchs dans l'illégalité la plus totale. Il n'y a que nous, joueurs, pour en avoir eu vent, de peur que des langues de vipère n'aillent balancer leurs magouilles à la direction. Honnêtement, si je sens que les risques que l'on prend deviennent trop énormes, je serai la vipère en question. Je refuse de prendre pour le groupe. Mon sourire se trouble un instant alors que mon regard croise le sien. « J'ai assisté à tous les matchs l'an dernier et... et je me souviens pas t'avoir vue jouer... T'aurais dû faire partie de la nouvelle équipe ? » Je sais pertinemment que non, la composition de l'équipe d'Overton nous est approximativement connue, mais je m'en fiche éperdument. Il faut seulement qu'elle ait l'impression d'être importante. Rien qu'un peu...
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Je fermerais les yeux pour que tu puisses mieux en profiter
Rioghbhardan & Tracy

Le teint toujours rosi par l'effet de surprise de se voir soudainement munie de l'un des meilleurs balais de course qu'il soit possible d'obtenir, Tracy se rendit compte qu'elle était subitement passée au statut d'attraction publique. La plupart des élèves qui l'encerclaient ne la connaissaient ni d'Eve ni d'Adam, elle n'était pas aussi sociable et enjouée que Candice pour réussir à refaire un nombre incalculable d'amis et à se faire inviter à trois fêtes d'anniversaire en une seule conversation. Il avait déjà été difficile de s'apercevoir que sa demi-soeur recevait plus de demandes qu'elle pour travailler un duo dans un certain nombre de cours, alors que ses notes étaient médiocres quand elle travaillait toute seule. Tracy s'était même surprise à s'en retrouver incroyablement jalouse, et touchée par une colère d'une rare noirceur. Pour la première fois de toute son existence, elle se surprit à éprouver toutes sortes de sentiments à l'égard de Candice, et aucun dont elle pouvait se vanter. Elle s'occupait des devoirs de sa demi-soeur depuis leur première année de scolarité, permettant à la jeune fille de passer en année supérieure tous les ans, et c'était elle qui en récoltait les lauriers. Alors rien ni personne ne l'empêcherait d'éprouver une immense joie à recevoir un cadeau aussi inattendu que luxueux, et elle ne briderait pas ce bonheur simplement parce que Candice n'avait pas reçu le même cadeau.. Son père se montrait toujours bien sûr très gentil avec elle, mais il n'avait vraisemblablement pas les moyens de se permettre un tel écart dans ses finances, elle le savait pertinemment, mais du côté de Louise c'était différent. Une fois l'intérêt commun légèrement apaisé, puis dévié par autre chose, chacun commença à vaquer à ses occupations, y compris Duke qui avait cours à cette heure, et qui fut suivi de près par Naïa. La Serdaigle les salua d'un geste amical, pour se permettre un dernier coup d'oeil sur ce cadeau toujours irréaliste à ses yeux. Louise lui avait déjà envoyé des présents fastueux, mais au point de recevoir un instrument qui devait être le monarque de tous les balais alors qu'elle ne faisait même pas partie d'une équipe. Ayant terminé son bol de porridge, ou plutôt, ce dernier s'étant terminé de lui-même sur sa chemise, elle réalisa que sa matinée était libre, et une partie de son après-midi également. Elle ferait mieux de ranger son nouveau balai dans son dortoir, l'interdiction de sortir ne lui permettant pas de l'essayer dans l'immédiat, et pourrait s'autoriser quelques heures pour terminer son dernier ouvrage, un motif de tapisserie reprenant un combat de Boutefeu Chinois contre multiples opposants. En s'y mettant dès maintenant, elle aurait largement le temps d'en faire plus de la moitié, et envisager de terminer le travail dans les deux semaines. Mais avant qu'elle ne se lève, un élève qu'elle ne connaissait pas était venu prendre la place de Duke à côté d'elle, ne manquant pas de la surprendre. Un Poufsouffle de toute évidence, au vu des couleurs qu'il arborait. Elle n'était pas certaine de l'avoir déjà vu un jour, mais son air sympathique et son sourire lui donnaient un air chaleureux. Il n'était pas assis là par hasard, il avait visiblement envie de lui parler, à elle, aussi Tracy ne put s'empêcher de se demander quand un génie était cette nuit venu lui rendre visite pour échanger sa vie avec celle de Candice.

« Dommage que ces sang-de-bourbes aient réussi à foutre en l'air le tournoi de Quidditch, t'aurais fait des ravages avec ça ! »

C'était donc à un pro sang-pur qu'elle avait affaire, ce qui ne la dérangea pas le moins du monde étant donné qu'elle côtoyait cette communauté depuis maintenant quatre ans en feignant de leur appartenir, mais le compliment ne put faire autrement qu'empourprer davantage les joues de Tracy. Elle n'avait toujours aucune idée de ce que venait chercher ce garçon, ni par quel miracle elle avait pu attirer son attention, mais il était tout à fait charmant, preuve en était qu'il flattait ses compétences sans même les connaître, car si cela avait été le cas, il saurait que les seuls ravages auquel elle aurait pu parvenir, ce serait de se briser l'os du coude en tombant. Un engin d'une telle rapidité était encore à un niveau supérieur de ce à quoi elle était parvenue jusqu'alors, même avec l'aide d'Allen… Et il lui faudrait encore sans doute des semaines et des semaines d'entraînement avant de se prétendre capable de monter sur ce balai sans complexe, et encore davantage de semaines pour s'en sentir digne. Mais le vol était la matière où elle peinait le plus, et ne pouvait se permettre une mauvaise note. Alors le Poufsouffle était bien aimable, et sûrement d'une nature profondément gentille pour la penser capable de réaliser de telles prouesses, mais le travail pour y parvenir risquait de révéler laborieux. L'ennui, c'était qu'il risquait de lui souhaiter beaucoup moins de belles choses si d'aventure il venait à se rendre compte que son sang n'était pas aussi immaculé et limpide qu'elle aimait à le faire croire, ne put s'empêcher de remarquer l'Amelia en elle. S'il se permettait une remarque aussi assassine sur les nés-moldus alors qu'il ne connaissait même pas ses "convictions", du moins pas encore, c'était que la culture pro sang pur avait du lui être inculquée dès son plus jeune âge, et il valait mieux dans ses conditions que Tracy surveille son paraître si elle ne voulait pas se retrouver compromise. Ce serait tellement dommage, avec un garçon si gentil avec elle…

" J'aurais bien voulu tu sais, mais ça n'aurait pas été possible. Parmi les sangs-de-bourbes, il y en a aussi un qui a le rôle de capitaine, et il préfèrerait sans doute se couper le bras plutôt que de m'accorder une place. Mais peut-être un jour, quand ils auront enfin le cran de renvoyer la vermine là d'où elle vient… et qui plus est, je crois que j'ai encore des progrès à faire en vol. " déclara-t-elle d'une traite avant de baisser le ton, comme s'il s'agissait d'un secret d'état. " En fait, j'ai un peu le vertige. Mais il parait que je m'améliore. Tu fais partie d'une équipe, toi ? "

Elle ignorait pourquoi elle était actuellement en train de raconter toutes ces sottises au premier venu, pour un peu qu'il se montre aimable avec elle et orne le tour d'un sourire des plus charmants. Mais Duke et sa bande ne lui reprocheraient tout de même pas de sympathiser avec un des "leurs", donc elle n'avait aucune raison de se montrer méfiante. D'abord January qui s'intéressait à son cas, et maintenant, ce garçon… Candice n'allait certainement pas en revenir lorsqu'elle s'apercevrait que sa demi-soeur n'éprouvait plus les mêmes difficultés pour se faire des amis, bien qu'elle ait elle-même du mal à saisir la raison qui les poussait à venir à elle. Enfin, peut-être que le Jaune & Noir était tout simplement intéressé par le domaine des balais en général, et avait voulu admirer l'objet de près, et qui avait toutefois la courtoisie de lui faire la conversation, elle n'aurait pu lui en vouloir… ou alors, c'était un ami d'Elijah, les motifs pouvaient être nombreux. Et elle qui se mettait à lui raconter spontanément ses difficultés en vol, ainsi que son inimitié avec Fursy… mais au vu de la manière que le Poufsouffle avait eue de catégoriser les nés-moldus, il y avait peu qui laissait sous-entendre qu'il ait un jour pu être ami avec l'un d'entre eux, donc peu de chances avec le Serdaigle. Pourtant, Tracy l'avait apprécié… longtemps auparavant. Il était terriblement attachant et intéressant, mais il n'était pas possible de continuer alors que sa marque de sang-de-bourbe était encore pleinement visible sur sa main, et que ses amis la regardent d'un mauvais oeil fricoter avec la vermine. Et au vu du comportement glaciaire à tendance haineuse que le Capitaine réservait maintenant à son égard, il y avait peu à parier qu'elle puisse se présenter à lui la bouche en coeur en lui demandant un poste dans l'équipe.

" Je t'aurais bien proposé de l'essayer avant moi, malheureusement avec les accès restreints à l'extérieur, les possibilités ne sont pas nombreuses… comment tu t'appelles au fait ? Je ne t'ai jamais rencontré auparavant me semble-t-il ? " finit-elle par lui demander, toutefois un peu gênée de se montrer aussi insistante avec un garçon qu'elle ne connaissait même pas.

Elle serait peut-être rassurée de n'apprendre que ce n'était qu'un ami d'Elijah auquel elle n'avait pas eu le plaisir d'être présentée, au moins elle serait plus rassurée sur les intentions que celui-ci avait à son égard. Après tout, elle était loin d'être habituée à ce qu'un élève inconnu ne vienne s'asseoir spontanément à ses côtés…

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Ses joues se teintent un peu plus, ce qui me fait afficher un nouveau sourire. Peut-être que j'ai vu juste et qu'elle peut être une proie envisageable. Enfin... Façon de parler. C'est une enfant, évidemment, mais quelle importance ? On est dans une école, la moyenne d'âge n'est pas franchement élevée alors qui m'en tiendrait rigueur, hein ? Maintenant que le contact est établi et qu'elle n'a pas l'air d'avoir envie de fuir dans la demi-seconde, je me laisse aller à la détailler plus réellement. Discrètement, évidemment, sous couvert de notre conversation. C'est impoli de ne pas regarder son interlocuteur. Elle n'est pas vilaine. Elle n'est pas Sucre d'Orge, bien sûr, pas même Shiver d'ailleurs, mais elle n'est définitivement pas vilaine. Si je dois lui tourner autour quelques temps, ça ne sera pas la pire torture de mon existence. Je suis coincé ici, de toute façon, il n'est pas question de ratisser plus large ni d'espérer trouver mieux ailleurs, il faut faire avec les moyens du bord. Et à en croire tant la présence des traîtres ailés à ses côtés que celle du bijou devant elle, il y a fort à parier que c'est un parti somme toute acceptable. Je ne jouerai pas les difficiles en sachant pertinemment que tout miser sur Helen pour l'instant n'est pas l'idée du siècle. Bien sûr, je compte lui rappeler mon existence avant Noël, histoire qu'elle joue généreusement les lutins, mais je ne sais pas à quel point ils peuvent s'immiscer dans la vie privée de leurs élèves et les déclarations qu'elle m'envoie sont suffisamment explicites pour mettre la puce à l'oreille du plus débile d'entre eux. Une fois, ça peut passer, toutes les semaines ou presque comme elle en avait l'habitude avant les vacances, ça risque d'être plus compliqué. Et il faut bien reconnaître que je n'ai aucune envie d'avoir à la rassurer, elle, tant sur notre histoire qui n'existe pas que sur ce que pourrait lui raconter sa gamine sur ce qu'il se passe ici alors que je n'arrive même pas à me rassurer tout seul. Ce serait plus son rôle que le mien, d'ailleurs. Ne suis-je pas l'enfant de nous deux, après tout ? « J'aurais bien voulu tu sais, mais ça n'aurait pas été possible. » Je penche légèrement la tête, les sourcils froncés, comme si je cherchais à comprendre. « Parmi les sangs-de-bourbes, il y en a aussi un qui a le rôle de capitaine, et il préférerait sans doute se couper le bras plutôt que de m'accorder une place. » La lumière se fait alors je hoche la tête, accentuant un peu l'air désolé qui voile le sourire que j'arbore depuis le début de notre conversation. Si j'en crois les deux années passées dans sa classe, il se serait sûrement mis en pièce après la constitution de son équipe, son capitaine. Il n'aurait plus été à un ennemi près à ses côtés, j'imagine... « Mais peut-être un jour, quand ils auront enfin le cran de renvoyer la vermine là d'où elle vient… » J'ai visiblement bien fait de supposer qu'elle était comme ceux qui l'entouraient. Détestable petite princesse arriérée. Je préférerais que la vermine, comme elle l'appelle, revienne dans nos vies mais je n'en laisse rien paraître. Mon regard se fait satisfait, feignant d'avoir attendu jusque là de comprendre enfin qui j'avais en face de moi. « C'est qu'une question de temps... » Et c'est qu'un murmure rapidement couvert par la suite de son monologue. J'espère me tromper lamentablement. Il n'y a rien que je souhaite plus au monde qu'un retour à la normale. Je veux juste que tout redevienne comme avant.

« ...et qui plus est, je crois que j'ai encore des progrès à faire en vol. » Je chasse cette information d'un revers de la main, de la même manière que j'aurais dû le faire s'il avait agi d'un détail sans importance dans notre conversation, et détache les yeux d'elle pour la première fois depuis que je me suis installé. Mes doigts se referment sur ce qui devait être le verre de Selwyn et je le remplis distraitement de jus de citrouille. « En fait, j'ai un peu le vertige. Mais il parait que je m'améliore. » Le ton qu'elle a employé pour me dire ça m'amuse un peu. Elle ne semble pas déranger qu'un gars sorti de nulle part ne vienne lui faire la conversation sans raison et n'hésite pas une seule seconde à raconter sa vie. Comme si on se connaissait depuis des jours. Tant mieux ! Je ne vais certainement pas me plaindre qu'elle abaisse d'elle-même des barrières qui, je crois, n'existent pas. « Ça se travaille, ça, non ? Et puis je suis sûr que tu te sous-estimes un peu, de toute façon. » Je ris le plus innocemment du monde avant de tremper mes lèvres dans la boisson sucrée. Qui offre un tel balai à une fille même pas foutue de grimper dessus, sérieusement ? J'ai l'impression d'être dans une dimension parallèle mais, d'un autre côté, je me félicite d'avoir eu le bonne idée de l'approcher. Il faut avoir de l'argent à balancer par les fenêtres pour faire un cadeau comme ça à quelqu'un qui ne s'en servira pas. J'ai du mal à réaliser ce qu'elle vient de me dire le plus naturellement du monde. Est-ce qu'elle a menti à ses parents en prétextant être la meilleure joueuse de sa maison ou ont-ils seulement eu la bêtise de l'encourager dans ses progrès ? Je n'en ai pas la moindre idée et, dans le fond, ça ne m'intéresse pas tant que ça. Le fait reste le même : elle vient d'une famille assez riche pour s'offrir ce genre de biens mais, comme si ça ne suffisait pas, assez riche pour se permettre de l'acquérir pour rien. « Tu fais partie d'une équipe, toi ? » Elle coupe court à mes réflexions et je ne mets pas longtemps à lui faire part de ma mésaventure par une moue déçue. « J'aurais dû. » Je soupire en haussant les épaules et repose délicatement mon verre sur la table. « Si les trois quarts de notre équipe n'avaient pas rejoint ton capitaine. On ne peut pas espérer faire grand chose à deux, malheureusement... » Je baisse un instant les yeux, regardant s'envoler mes rêves d'un possible début de carrière alors que je n'ai qu'à attendre que Mulligan ne trouve le moyen de nous faire passer l'heure et le lieu du prochain entraînement pour que retrouver l'espoir si brusquement perdu. « Mais... Peut-être un jour. » Reprendre ses mots pour lui donner l'impression d'être écoutée et la conforter dans l'idée qu'elle a une quelconque importance à mes yeux. Ou, du moins, que notre conversation en a.

Ce dernier point n'est pas aussi faut que cela, je le reconnais. Cette conversation est importante. J'ai eu tout le loisir d'apprendre que je m'étais assis à la bonne place et il ne me reste plus désormais à croiser les doigts pour qu'elle se continue de se dévoiler comme ça. Je ne sais rien de cette fille, seulement son nom (que j'ai aperçu sur son colis quand je me suis approché) et sa maison... Il va falloir que j'enquête un peu. Son année, ce qu'elle aime, où la trouver... « Je t'aurais bien proposé de l'essayer avant moi, malheureusement avec les accès restreints à l'extérieur, les possibilités ne sont pas nombreuses… » La surprise qui se peint furtivement sur mon visage n'est pas feinte. Elle ne me connaît même pas et... Mon dieu, je suis tombé sur une perle, il n'y a pas à dire ! Pourtant, je secoue la tête d'un air un peu gêné, je n'attends rien d'elle, je ne veux pas abuser, vous comprenez ? Et puis, honnêtement, vu le spécimen, il y a sûrement plus à gagner qu'un tour en balai. « C'est adorable mais j'aurais refusé, de toute façon. » Mes joues rougissent imperceptiblement alors que je m'agite légèrement sur le banc avant de plonger le nez dans mon verre pour tenter de reprendre contenance. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour éviter d'avoir l'air d'un vautour... Je n'ai même pas relevé les contraintes inutiles qu'elle semble se rajouter. On peut sortir librement dans le parc et profiter du terrain, nous, c'est le hors limites qu'il faut oublier. Pré-au-Lard et compagnie. Ils ne peuvent tout de même pas nous empêcher de profiter du soleil tant qu'il y en a, et heureusement d'ailleurs. « ...Comment tu t'appelles au fait ? Je ne t'ai jamais rencontré auparavant me semble-t-il ? » Je m'étouffe à moitié dans mon jus de fruit et repose le gobelet sur la table en toussotant. « Dan ! » Le regard que je lève sur elle se veut mal à l'aise et désolé, comme si je venais de me rendre compte de mon incorrection. Franchement, il faudrait plus qu'un oubli de présentation pour me déranger. Mes yeux brillent sûrement un peu à cause de la toux mais ça ne m'empêche pas de les planter dans les siens. « Je m'appelle Dan... Tu es Tracy, c'est ça ? » Je passe la main dans mes cheveux, les repoussant distraitement. « J'ai entendu une fille t'appeler dans un couloir, la dernière fois... C'est le genre d'informations que je retiens facilement, en fait. » Bien sûr, c'est un mensonge énorme et je n'avais même pas remarqué son existence avant que le destin ne me l'offre sur un plateau mais elle n'est pas obligée de le savoir. « Si ça pouvait marcher aussi bien avec les théories de métamorphose, ce serait vraiment génial... » Et lui faire part de mes difficultés comme elle l'a fait avec les siennes nous garde sur un pied d'égalité. Je ne suis pas là pour la prendre de haut ou pour jouer les psys, seulement pour sympathiser plus ou moins maladroitement avec une camarade. « Excuse-moi de m'être incrusté comme ça sans même me présenter, je... C'est pas trop mon genre d'habitude... » Oh si, totalement ! Je suis passé maître dans l'art du squattage à tout va. « Mais j'ai vu Duke te quitter et l'occasion de lancer la conversation alors... Voilà. » Je tourne légèrement la tête, faussement fuyant, et observe avec un désintérêt total les pierres qui recouvrent le sol. « J'espère que tu ne m'en veux pas... C'est que c'est difficile de... de trouver des gens... ahm... fiables... ? à qui parler en ce moment... » Je hausse les épaules derechef. « Peut-être que je te dérange ? Tu as cours ? Je peux partir si tu veux, je ne voudrais surtout pas m'imposer. » Je retrouve peu à peu une certaine assurance, éloignant de moi ce moment gênant, et retrouve vraiment le sourire, la même image amicale que j'avais en arrivant. Et si jamais tu préfères que je parte ce matin, sache que tu n'as pas fini de me croiser ma belle.
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Je fermerais les yeux pour que tu puisses mieux en profiter
Rioghbhardan & Tracy

"C'est qu'une question de temps... "

Ainsi, elle ne s'était guère fourvoyée, et son interlocuteur lui-même ne dissimulait nullement le camp qu'il avait décidé de rejoindre. Tracy n'avait pas du y prêter attention, mais il avait du faire partie de ceux qui avaient prêté allégeance, et rejoint le parti de Blackman. Une sensation étrange la parcourut, une amertume trouble qui ne l'avait hantée que rarement depuis qu'elle jouait ce rôle, elle se sentait d'une fausseté à vomir. Car si le Jaune & Noir, malgré sa gentillesse évidente, s'apercevait qu'elle faisait sûrement partie de la vermine en question, il aurait sûrement tôt fait de cracher dans son jus de citrouille et de tourner les talons en lui souhaitant à elle aussi de croupir dans les cachots. Et c'était pour éviter ce genre de comportement à son égard qu'il était plus important que tout en ce monde que jamais elle ne soit dévoilée ainsi. L'Amelia resterait cachée aussi longtemps que les personnes qui s'intéressaient à elle ne le serait que par cette ascendance sanguine qu'elle s'était inventée, autrement elle redeviendrait rapidement l'insipide, la transparente, celle qui avait sa place au fin fond de la bibliothèque pour s'empoussiérer et y attendre avec impatience la fin de sa septième année. Et c'était encore la meilleure option, l'autre alternative consistait à rejoindre ses congénères nés-moldus pour refaire une beauté au dallage du sous-sol. Enfin, ceux qui voudraient bien lui adresser la parole après ce qu'elle s'était permise à leur égard, après tout elle ne les avait pas loupés en quatre ans, et la plupart l'avaient encore en travers. Alors oui, Fursy lui refuserait sûrement un poste, mais comment pourrait-elle le lui reprocher ? Elle avait coupé les ponts avec lui assez brutalement, et sans explication pertinente, puisqu'ils s'entendaient à merveille jusqu'à ce qu'Aniek ne lui fasse remarquer "qu'elle était sûrement bien plus près de la culture moldue qu'elle ne voulait l'admettre si elle traînait avec ce genre de type". A ce moment-là, elle avait pris conscience qu'elle risquait de tout perdre, et l'amitié d'un seul camarade n'en valait pas la peine. Elle se posa une question toute bête, tandis qu'elle regardait ce nouvel interlocuteur : avec une telle idéologie, pourquoi ne lui avait-il pas été présenté ? Il partageait visiblement les convictions de Naïa, Duke, Nathan et Aniek, qu'elle côtoyait jour après jour. Il semblait relativement étranges qu'ils ne se soient jamais réunis devant elle pour les partager… après tout, peut-être ne les assumait-il pas aussi ouvertement que sa bande d'amis. Peut-être devrait-elle leur parler de lui ?

« Ça se travaille, ça, non ? Et puis je suis sûr que tu te sous-estimes un peu, de toute façon. »

Qu'elle se sous-estimait ? Il était vraiment adorable, mais après tout, il ne la connaissait même pas, et ne l'avait jamais vue sur un balai, jusque là, seul Allen et ses camarades de cours de vol avaient eu cette opportunité. Néanmoins, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir touchée par l'intention, certainement voulait-il lui donner confiance en ses compétences, mais elle était suffisamment lucide pour se rendre compte de l'étendue du travail à effectuer. Peut-être que ce nouveau balai finirait par l'y aider après tout ! Mais il faudrait du temps, et surtout beaucoup de travail, des chutes, des plaintes, des séjours à l'infirmerie et des poignets foulés. Elle savait tout cela lorsqu'elle s'était engagée dans cette voie, et il était peut-être ridicule d'avoir choisi comme option tertiaire le vol dans lequel elle faisait certainement partie des élèves les moins douées à l'arithmancie dans laquelle elle avait déjà de bonnes notions de base. Mais après tout, si un inconnu qui se présentait à elle un matin lui montrait qu'il croyait en elle, alors au fond… pourquoi pas ! Elle ignorait ce que lui pouvait bien savoir des potentiels de joueurs qu'il n'avait jamais vu à l'oeuvre, mais au moins, il arrivait à lui donner envie de sourire.

Les commissures de lèvres de la jeune fille s'abaissèrent aussitôt, d'autant plus lorsqu'il fit allusion au départ des autres membres. Et dire qu'elle venait de se plaindre de se faire refuser par son capitaine, alors qu'elle se retrouvait face à quelqu'un qui, visiblement, cultivait une véritable passion, du moins elle le supposait s'il faisait déjà partie de l'équipe. Quelqu'un qui y avait bien davantage sa place qu'elle… Aussi, elle ne put s'empêcher de se sentir un peu désolée pour lui. Visiblement et contrairement à ce qu'elle avait pensé, il n'y avait pas que des gagnants dans cette hiérarchie organisée, même si le privilège de jouer au Quidditch paraissait bien minime à côté de celui de pouvoir partager un repas dans la Grande Salle aux côtés des autres, et de bénéficier du statut d'être humain. Sauf que visiblement, ils étaient impuissants dans cette histoire, et surtout elle. Elle ne put toutefois s'empêcher de ressentir une vague de sympathie pour le Poufsouffle, même s'il tentait de le cacher, elle voyait bien qu'il paraissait un peu attristé.

"Mais… peut-être un jour. "

Alors qu'elle ne le connaissait même pas, Tracy avait très envie de lui dire qu'elle était certaine que tout s'arrangerait bientôt, mais ce genre de déclaration ne ferait décemment pas très raccord avec ses soit-disants convictions de pro sang-pur, après tout elle était censée être ravie de cette prise de pouvoir. Et son interlocuteur aussi, alors pourquoi personne ne semblait ravi ? Au moins, il n'avait pas perdu espoir, après tout. Tracy avait beaucoup de difficultés à se rendre compte de la situation, et de son réalisme chimérique. Elle n'avait que très peu conscience d'évoluer depuis un mois dans un château dans lequel des élèves considérés comme inférieurs étaient littéralement enfermés dans les sous-sols, et peut-être préférait-elle même se convaincre qu'il n'en était rien et refusait de faire face à cette réalité, cela l'empêchait au moins de remarquer à quel point elle était injuste, elle avait besoin de sommeil pour gérer son travail personnel et ne pouvait le compromettre en mauvais rêves lourds de culpabilité. Tout cela ne pouvait décemment pas durer éternellement de toute manière… Les parents, le ministère… il était déjà étonnant qu'ils aient mis tant de temps à réagir, alors il n'y avait sûrement qu'à attendre. Pour dévier un peu, elle lui avait proposé d'essayer son nouveau présent, mais en toute cordialité, il avait refusé la proposition. Décidément, il n'avait aucune limite quant à lui montrer à quel point il était gentleman. Et dire qu'elle avait craint n'avoir affaire qu'à un fanatique de balai qui cherchait simplement à lui faire la causette dans l'optique de pouvoir voir l'objet de plus près. Elle ignorait toujours pourquoi c'était à côté d'elle qu'il avait choisi de venir s'asseoir, et non à côté d'une quelconque autre fille, ou d'une plus extravertie et charismatique, Candice par exemple, mais elle ne pouvait pas non plus feindre de ne pas le trouver aussi charmant qu'il ne l'était. Il toussota légèrement avant de lui donner son nom, et elle hésita un instant à lui proposer un mouchoir, ou lui demander si ça allait, il paraissait avoir avalé son jus de citrouille un peu trop vite...

« Je m'appelle Dan... Tu es Tracy, c'est ça ? » « J'ai entendu une fille t'appeler dans un couloir, la dernière fois... C'est le genre d'informations que je retiens facilement, en fait. »

Tracy n'en revint pas : il connaissait son nom. Et non seulement il le connaissait, mais il l'avait retenu, et s'était souvenu d'elle s'il avait su la retrouver par la suite dans la Grande Salle. C'était bien la première fois qu'une aventure semblable lui arrivait, et elle s'en sentait incroyablement flattée. On se souvenait toujours de celui de Candice, mais très rarement du sien, et encore c'était régulièrement pour lui réclamer ses prises de notes dans un cours quelconque. Il était donc venu lui parler parce qu'il voulait faire connaissance… et elle s'en retrouva ravie. Et en plus, elle connaissait son nom à lui aussi désormais : Dan. C'était fou qu'elle n'ait jamais entendu parler de lui ! En plus d'être gentil, il était assez mignon, quoiqu'un peu plus âgé, et jusqu'ici, il paraissait intéressant. A croire que quelque chose clochait avec ce garçon pour que le tableau se révèle aussi utopique. "Peut-être ce côté pro sang pur qui le ferait te détester instantanément s'il savait…" murmura l'Amelia intérieure.

" Tu as bonne mémoire, c'est bien moi. Enchantée Dan, c'est étrange qu'on ne se soit jamais croisés avant ! Tu es en quelle année ici ? "

Pas en quatrième puisqu'elle ne l'avait jamais vu en cours, et de toute manière, il était vraisemblablement plus vieux qu'elle, même si elle ignorait de combien. Il pouvait aussi bien être en cinquième qu'en septième année… Il fit une référence par la suite à une théorie de métamorphose, sur laquelle il était sûrement en train de travailler actuellement d'ailleurs, sinon elle ne voyait pas de raison pour laquelle il lancerait une telle information dans la conversation. Il y avait de la théorie dans toutes les années, donc un renseignement encore trop vague pour déterminer où il en était du programme, sur lequel elle était déjà en train de prendre de l'avance, jusqu'aux cours de septième année pour apporter son assistance à January, en plus de celle qu'elle offrait déjà à Candice. Si elle comprenait bien, il avait des difficultés… l'idée de lui proposer son aide lui traversa l'esprit, mais gérer une troisième personne la mènerait simplement et directement au burn-out assuré. Peut-être aurait-elle le plaisir toutefois de lui glisser quelques tuyaux lorsqu'elle saurait plus ou moins où il en était…

" Ne dis rien, tu as la tête de quelqu'un qui a un devoir à rendre et bien trop peu de temps pour le terminer ! Laisse-moi deviner… Inanimatus Apparitus ? Hibou en jumelles de théâtre ? " tenta-t-elle sur le ton de la plaisanterie.

C'était décidément bien agréable de profiter de la matinée pour une nouvelle rencontre, décidément Louise avait bien fait de lui faire ce cadeau un peu trop cher, elle aurait le loisir de l'essayer plus tard, mais en attendant, il lui avait créé l'opportunité de rencontrer quelqu'un qui paraissait tout aussi sympathique qu'intéressant. Et il devait au moins être aussi timide qu'elle s'il n'osait prendre cette initiative qu'après l'avoir vue recevoir un colis… Le pauvre s'excusait déjà de l'importuner. Elle était vraiment flattée qu'il se montre aussi soucieux à son égard, mais ne savait comment lui montrer qu'il n'était nullement dérangeant. Peut-être que ce n'était pas dans ses habitudes à lui, mais à elle non plus, et pourtant, elle était loin de trouver l'expérience déplaisante. Tout ce qu'elle espérait, c'était que Candice soit dans la salle pour assister à la scène, avec un peu de chance c'était le cas. En une matinée, elle aurait vu Tracy recevoir un balai qui coûtait vraisemblablement une fortune, et se faire aborder par un garçon loin d'être désagréable, et ce à tous les niveaux. Dire qu'elle se trouvait à devoir le rassurer alors que d'ordinaire c'était toujours elle qui était constamment gênée…

" Non, vraiment ne t'excuse pas, ça me fait plaisir de faire ta connaissance. Tu vas trouver ça stupide, mais je croyais que tu étais juste un de ces fans de balais alors… enfin ça ne m'aurait pas dérangée non plus, mais… voilà. C'est toujours plus agréable de faire la connaissance de quelqu'un. "

Elle n'avait pas du tout envie qu'il pense qu'elle le prenait pour un opportuniste alors qu'il se montrait si gentil avec elle… C'était peut-être l'un des "leurs", et donc de ceux qui auraient préféré la voir six pieds sous terre qu'assise à leur table s'ils savaient pour ses origines, mais Tracy préférait profiter du fait qu'il n'en sache rien. Et puis après tout, visiblement il avait aussi l'air de rencontrer quelques soucis dans sa vie personnelle, pour qu'il veuille rencontrer des gens "fiables" en piochant au hasard parmi les élèves dont il avait entendu le nom au détour d'un couloir. Pourquoi ne pas passer un peu de temps à l'écouter ? C'était là une bonne occasion.

" Même si nous sommes dans une position plus… avantagée, ce ne sont pas non plus des temps faciles, je l'admets. Je n'ai pas cours, donc si tu veux… "parler", ou "parler d'autre chose", ce sera avec joie. Je ne savais pas que tu connaissais Duke ! Il aurait tout de même pu avoir la décence de me présenter avant. "

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Dashiell Dashner

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Arrivé(e) le : 03/06/2015
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Année : 5ème année - 15 ans

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Et plus en détails ?
Statut Sanguin: Né-Moldu
Pouvoirs spéciaux:
Poste de Quidditch: Aucun
Patronus: Un chiot golden retriever
Epouvantard: Une meute d'oiseaux en plein vol
Matières suivies et niveau:
Points Défis:
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Je fermerai les yeux pour que
tu puisses mieux en profiter
Tracy & Rioghbhardan

Je ne sais pas qui elle est exactement mais j'imagine sans trop de mal qu'il faut jouer la carte de l'étroitesse d'esprit et des espoirs conservateurs. Après tout, Selwyn a prêté allégeance à l'ordure qui nous sert désormais de directeur et, s'il trouve judicieux d'être vu en compagnie de ma nouvelle « amie », c'est sûrement parce qu'elle partage ses idéologies. Moi pas. Et j'ai beau me répéter à longueur de journées que je m'en fiche parce que ça ne me concerne pas, je me prends la vérité dans la tronche un peu plus chaque jour. Ça me concerne, je suis juste trop lâche pour vouloir d'admettre totalement. Alors je feins l'ignorance et continue à vivre comme si rien n'était jamais arrivé. Mon regard n'est pourtant pas aussi naïf que je l'aimerais. Mes photos, tantôt prises pour offrir leur asservissement à la postérité tantôt prises pour montrer au monde ce qu'ils ont subi, me renvoient sans cesse l'horreur qui se passe dans le château. Je la sais, je la vois, j'en ai conscience. Mais je ne fais rien. Parce qu'au-delà de leur malheur, c'est le mien que je vois. Et celui-là, je peux encore l'éviter. C'est bien pour ça que je me plie sagement à leurs lois les plus simples. Du reste, je module. J'ai autant de discours que d'interlocuteurs. Peut-être qu'un jour ça finira par me porter préjudice mais j'en doute... Qui pourrait m'en vouloir d'avoir eu envie de sauver ma peau alors que personne ne sait ni quand ni comment tout ça se finira ? J'assure simplement mes arrières. Si jamais la dictature continue, on me laissera tranquille pour n'être qu'un pion docile entre leurs mains, et si par miracle la liberté nous revient, alors je plaiderai coupable de tenir à la vie... La conversation suit son cours et la Serdaigle perd doucement son sourire. Je ne m'en inquiète pas vraiment. C'était le but. Qu'elle partage ma déception, que nous entrions en communion quand même il s'agirait de sentiments que je ne ressens pas. Je ne suis triste de rien puisque conscient que tout ça n'est que du cinéma. Le Quidditch est mort aux yeux de Poudlard mais toujours vivant aux nôtres. Il semble que ce soit la seule chose qui ait mis les deux camps d'accord. L'amour du sport est visiblement plus fort que le sang. Après tout, pourquoi pas. J'imagine que cette vision aurait réjoui mon père. Sa famille sûrement moins. Je n'ose déjà pas imaginer la manière dont elle a accueilli mon existence. Si elle en a eu vent, ce dont je n'ai aucune preuve. Je suppose que le nom de ma mère était mentionné dans son testament puisque nous avons touché un héritage mais personne ne s'est jamais manifesté. Et voilà que c'est moi, fruit d'un crime, qui porte ce nom dont la pureté était autrefois reconnue... Je ne m'attarde pas. Si sur le sujet ni sur mes pensées. J'ai vu qu'elle était réceptive, c'est le principal.

La suite se fait plus réjouissante et j'entre clairement dans mon rôle. Il n'est plus question de l'approcher mais de lui donner envie de me revoir. Presque de s'attacher rien qu'un peu en quelques secondes à peine en lui offrant un aperçu de ce que toute fille au monde rêve de trouver un jour : le prince charmant. Ou un personnage s'en rapprochant. Plus humain peut-être. Moins assuré et donc forcément plus accessible. « Tu as bonne mémoire, c'est bien moi. » Elle a l'air surprise que je m'en souvienne (encore aurait-il fallu que je l'apprenne avant aujourd'hui) et je ne peux m'empêcher de sourire, satisfait. Cette satisfaction passera sûrement pour le soulagement de ne pas m'être trompé ni de passer pour un pervers toujours à la traquer. Comment est-ce que je pourrais l'être alors que je ne l'avais jamais remarquée avant aujourd'hui ? « Enchantée Dan, c'est étrange qu'on ne se soit jamais croisés avant ! » Je secoue légèrement la tête alors que je ramène mon genou droit vers mon torse, appuyant vaguement mon talon contre le banc. « On croise tout le monde à Poudlard, t'as juste jamais dû y faire attention. » Je lui souris une nouvelle fois, un peu plus absent que les premières, voilé par le sous-entendu évident de mon objection. Comme si, moi, j'avais pu faire attention à elle, sérieusement. J'ai mieux à faire que de jouer les baby-sitters ! Pourtant, Milo doit avoir son âge... Mais ça n'est visiblement pas la même chose. Veiller sur lui ne m'apparaît pas comme une corvée. Je me suis beaucoup plus accroché à ce gamin que prévu. Trop, peut-être. Au point de craindre plus pour sa sécurité que pour la mienne. Quelque chose s'est tissée entre nous, l'autre nuit, et même si je ne sais pas ce que c'est, j'y tiens. Un camarade de galère, un ami, un soutien... Je ne sais pas et ça n'a pas d'importance tant qu'il reste encore à mes côtés. Est-ce qu'il a besoin de moi autant que j'ai l'impression d'avoir besoin de lui ? Probablement pas... Et pour ne pas le faire fuir, je le laisse revenir presque systématiquement. « Tu es en quelle année ici ? » Si je n'ai pas eu beaucoup de mal à revenir jusqu'à elle depuis que je m'y suis installé, il faut que je m'arrache littéralement de mes réflexions cette fois-ci mais je ne mets pas longtemps à me reprendre. Je ne m'en formalise pas, elle pensera sûrement que j'espérais qu'elle m'ait remarqué rien qu'une fois et que la réalité est douloureuse à accepter. « Sixième année. Et toi ? » Je ne parle pas de mon redoublement, ce qui laisse supposer que j'ai un ou deux ans de plus qu'elle, à tout casser. Je lui donne plus ou moins quinze ans, sans trop m'avancer. Je sais juste qu'elle est au maximum en cinquième année puisque je connais chaque personne des deux années précédentes et me contente de ces faibles bases pour l'instant. « Ne dis rien, tu as la tête de quelqu'un qui a un devoir à rendre et bien trop peu de temps pour le terminer ! » Un rire amusé répondant au ton qu'elle a employé et je secoue la tête alors qu'elle continue à tâtonner. « Laisse-moi deviner… Inanimatus Apparitus ? Hibou en jumelles de théâtre ? » C'est le programme de cinquième année... Que son choix s'arrête sur ces sorts-là alors que je viens de lui dire que j'étais une année au-dessus me laisse penser qu'elle balance quelques noms qu'elle n'a pas encore appris mais qu'elle connaît malgré tout. Pour donner le change et renvoyer l'image d'une Miss-Je-Sais-Tout comme il y en a tant d'autres ? J'en sais rien mais je ne m'en formalise pas, me contentant de lâcher un « tout faux ! » bon enfant avant de consentir à l'éclairer davantage. « Lois sur la métamorphose élémentaire, Gamp et compagnie. Pas un devoir mais un contrôle. Et vous apprendrez, Mademoiselle, je ne suis pas un cancre, mes devoirs sont toujours faits dans les temps ! » Ce que je ponctue d'un clin d'oeil taquin. Ceci est la plus pure des vérités. Je mets bien trop de temps à faire mes exercices pour pouvoir m'y prendre à la dernière minute. Tout me semble affreusement compliqué et c'est de pire en pire avec le temps...

Je finis par feindre de craindre de la déranger. Qu'elle me rassure, va. Qu'elle me retienne, même ! « Non, vraiment ne t'excuse pas, ça me fait plaisir de faire ta connaissance. » Mon sourire s'élargit alors que mon corps semble se détendre imperceptiblement, comme si l'incertitude de ces derniers secondes avaient été une source de stress réelle. J'ai l'impression qu'elle est sincère. Que ma présence, à défaut de lui faire vraiment plaisir, ne la dérange vraiment pas. Je l'aurais imaginée un peu plus sur la réserve. Plus méfiante. Je ne vais pas m'en plaindre, bien au contraire. « Tu vas trouver ça stupide, mais je croyais que tu étais juste un de ces fans de balais alors… » Mon sourire se fane légèrement tandis que je me frotte la nuque, dans un geste mal à l'aise. « Oh. » Je suis visiblement déçu qu'elle ait pu penser ça et semble m'en vouloir d'avoir renvoyé une telle image alors que tout le monde sait que je n'avais pas l'intention de faire main basse sur son balai. Mes objectifs sont tout autre. Je vise plus haut, je vise plus grand. Ça n'est pas seulement le balai que je convoite, c'est tout ce qu'il représente. Mais ça, heureusement pour moi, je suis le seul à le savoir. Elle, elle doit probablement voir en moi un adolescent un peu bizarre peut-être mais empli d'une véritable sympathie à son égard. « ...enfin ça ne m'aurait pas dérangée non plus, mais… voilà. C'est toujours plus agréable de faire la connaissance de quelqu'un. » Ma jambe retombe mollement sur le sol et je finis par la glisser de l'autre côté du banc, expliquant sans un mot que je suis parti pour rester un peu en sa si charmante compagnie. Je pose mon coude sur la table, mon menton dans ma main et les yeux sur elle. J'ai l'air un peu surpris par ce qu'elle raconte mais finis par hocher la tête à sa dernière phrase. « Ça t'aurait pas dérangée...? » Est-ce que ça lui arrive souvent d'être approchée par des gens ayant une idée derrière la tête ? Est-ce que je dois me méfier et m'assurer que personne ne veut jouer sur mon terrain ? Pour l'instant, on fera comme si ça n'était pas le cas et j'improviserai par la suite. Je ne connais pas son entourage, sinon que Selwyn l'apprécie. Ça ne fait pas bien lourd et certainement pas assez pour savoir si elle est déjà chasse gardée ou si je peux m'en donner à cœur joie. « Même si nous sommes dans une position plus… avantagée, ce ne sont pas non plus des temps faciles, je l'admets. » Les sang-purs extrémistes dans son genre ne sont pas seulement « plus avantagés », ils vivent littéralement dans un monde où le pouvoir leur appartient. Ils ont une ribambelle d'esclaves prêts (forcés serait plus juste) à assouvir le moindre de leur désir et n'ont aucune crainte à avoir tant la direction les brosse dans le sens du poil. Je ne comprends pas la modélisation de son discours. Bien sûr, ils sont soumis par précaution au même régime que les autres, interdiction de sortie et vérification du courrier, mais c'est bien là les seules ombres dans leur ciel. Je faisais juste référence aux traîtres à leur sang et autres opposants au régime de Blackman, pour ma part. Il est difficile de trouver quelqu'un de fiable à qui parler parce que la majorité du château fait heureusement parti des « gentils ». Ne pas prendre le risque de se retrouver mêler à tort ou à raison à une histoire de complot devient compliqué. Rien de plus. « Je n'ai pas cours, donc si tu veux… "parler", ou "parler d'autre chose", ce sera avec joie. » Mon sourire revient teinté de soulagement et de gratitude. Je ne vois pas trop de quoi nous pourrions parler mais je suis disposé à trouver tous les sujets du monde pour un peu que cette entrevue se termine par un « à bientôt » qu'elle compte tenir. « Je ne savais pas que tu connaissais Duke ! Il aurait tout de même pu avoir la décence de me présenter avant. » Je hausse les épaules et laisse mon doigt jouer sur les bords du verre. « On se côtoie plus qu'on se connaît, en réalité. » Et si je ne m'abuse, je crois que je lui plais un peu. C'est ce que me laisse supposer sa présence à mes côtés et l'atmosphère étrange et habituelle qui plane parfois au-dessus de nos têtes. Il n'est pas moche et son attention est plutôt flatteuse. Sa curiosité me concernant est un peu perturbante, malgré tout. « Ce qui doit expliquer qu'il n'ait jamais pensé à faire les présentations correctement. Mais ça n'est pas si grave, si ? » Je détache les yeux d'une bulle d'air voguant sur l'océan coloré de mon jus de citrouille et relève les yeux vers elle, une lueur craintive y brillant discrètement. Elle ne répondra certainement pas par la négative mais ça n'empêche pas de la laisser voir que j'appréhende un peu que l'absence d'aval de Selwyn concernant notre entretien lui pose problème. « Je suis content qu'elles aient été faites, avec ou sans son aide. » Et la sincérité non-feinte qui s'échappe tant de mon regard que du ton de ma voix est telle qu'elle ne songera sûrement pas à remettre en question cette déclaration. Qu'importe si les raisons de cette félicité ne sont pas celles qu'elle aurait pu espérer...
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Je fermerais les yeux pour que tu puisses mieux en profiter
Rioghbhardan & Tracy

"On croise tout le monde à Poudlard, t'as juste jamais dû y faire attention. »

La remarque laissa Tracy quelque peu déconcertée, même si le Poufsouffle souriait toujours, il lui sembla presque ressentir un reproche dissimulé dans ces mots. Voulait-il dire que ce n'était pas la première fois qu'ils se rencontraient, et qu'elle ne s'était pas montrée correcte pour retenir l'identité du Jaune & Noir ? Elle avait du mal à saisir le moment auquel il voulait faire référence, mais pourtant, elle était presque certaine de ne pas savoir de quoi il parlait… Un cours ? Non, il était vraisemblablement plus âgé qu'elle… la bibliothèque peut-être ? Il était vrai qu'elle avait un peu tendance à se fourrer dans son espace privatif sans plus se soucier qui l'entouraient lorsqu'elle s'y trouvait, même lorsqu'elle n'était pas attelée aux révisions. Surtout lorsque ce n'était pas le cas en fait, la lecture de romans à l'eau de rose au scénario un peu trop stupide et mal écrit faisait partie de ses plaisirs coupables, et elle préférait n'avoir à l'expliquer à personne, d'où sa tendance à s'isoler, de manière à ne pas avoir à trouver un prétexte idiot pour s'en justifier. Ou alors, comme elle l'avait supposée de prime abord, c'était bel et bien l'un des amis d'Elijah… après tout, il n'avait jamais pris la peine de leur en présenter un seul, ou d'en évoquer. Elle avait beau se creuser l'esprit sur ce "sous-entendu" qui n'en était peut-être pas un tant que ça, elle finit par se dire qu'il avait peut-être simplement raison, et qu'il y avait sûrement trop d'élèves dans le château pour qu'elle puisse associer un nom à un visage pour chacun. Décidant de se raccorder à cette idée, les traits de la jeune fille, qui s'étaient un peu durcis, se détendirent, alors que ses phalanges encore crispées sur ses poignets retombèrent mollement sur la table. Elle n'avait aucune raison de mal interpréter ce que pourrait lui dire ce garçon alors qu'il paraissait si aimable, tout ce qu'elle gagnerait au change, ce serait de passer pour une ancienne patiente du service psychiatrie de Sainte-Mangouste. Certes, elle n'avait pas l'habitude d'être aussi sollicitée que Candice, mais le fait qu'on se présente spontanément à elle devrait davantage la combler que lui faire imaginer qu'il devait y avoir erreur sur la personne. Mais pourtant, c'était son nom à elle que Dan avait retenu, pas celui d'une autre...

Ainsi, il était en sixième année, elle ne s'était pas trompée en lui donnant un ou deux ans de plus. Comme la plupart de ses amis, en fait, généralement un peu plus vieux qu'elle… elle avait un certain décalage avec sa bande, mais n'en ressentait nul mal-être. Elle n'avait pas reçu de commentaire déplacé à ce sujet, et c'était une très bonne chose, au vu de sa faculté à complexer. Peu importait, elle ne voyait pas comment cela aurait pu, d'une quelconque manière, l'empêcher de sympathiser avec Dan, même s'il était toutefois surprenant qu'il ait décidé d'échouer à sa table pour la simple raison qu'il avait entendu son nom une fois au détour d'un couloir. Il devait pourtant connaître des filles plus intéressantes, dans son dortoir, dans ses cours… l'embarras du choix ne manquait pas, et c'était vers elle qu'il avait décidé de se tourner.

« Tout faux ! Lois sur la métamorphose élémentaire, Gamp et compagnie. Pas un devoir mais un contrôle. Et vous apprendrez, Mademoiselle, je ne suis pas un cancre, mes devoirs sont toujours faits dans les temps ! »

La loi de Gamp… elle n'était pas certaine d'être allée au delà du programme de sixième année, mais elle mettait sa baguette à couper qu'elle avait lu un passage à ce sujet. Oui, elle y était ! Ce que la magie ne pouvait ou non permettre, mais elle n'avait pas encore eu le temps d'approfondir la théorie à ce sujet. Mais le Poufsouffle était visiblement un travailleur très consciencieux, en tout cas, il en avait tout l'air. Elle avait peut-être eu raison en ayant pensé l'avoir croisé au sein de la bibliothèque, même si elle ne l'y avait pas remarqué auparavant… C'était peut-être un peu prétentieux de sa part de chercher à s'intéresser à son contrôle, tout en mettant en avant le fait qu'elle avait pris de l'avance sur le programme, et elle espérait qu'il ne l'interpréterait pas de cette manière. Même si… elle devait bien reconnaître qu'il était plaisant de se hisser au même rang. Elle reprit aussi le même ton surjoué, ainsi que le même vouvoiement, pour répondre au Poufsouffle.

" Oh, mille excuses, j'espère ne vous avoir offensé. " répondit-elle sur le même ton enjoué en baissant les yeux vers l'ébène de la table, un sourire aux lèvres. " Et vous sondez parmi les élèves que vous croisez pour finir par rassembler toutes les exceptions, c'est bien ça ? "

Elle jeta un coup d'oeil distrait au delà de leur table, pour se rendre compte que bon nombre d'élèves commençaient à se réengager dans le flot qui les conduiraient en cours, ou à d'autres occupations. Elle, elle avait visiblement fait son choix en préférant s'établir ici, à sa propre table, en compagnie de sa nouvelle connaissance. Passant sa main dans ses cheveux de manière à replacer quelques mèches indisciplinées derrière son oreille, elle se rendit compte que le Poufsouffle semblait la regarder avec beaucoup d'attention. Il lui parut étrange de se faire détailler ainsi, d'autant plus d'aussi près, et par un garçon qu'elle venait de rencontrer, aussi elle feint d'avoir les yeux attirés par autre chose, de manière à s'épargner la gêne d'une confrontation visuelle, où chacun considèrerait et toiserait l'autre. Le fait d'être jaugée ainsi ne pouvait l'empêcher de se comparer instinctivement à Candice, qui lui aurait sûrement paru bien plus amusante et enjouée. Son "Oh" déçu ne put empêcher Candice de regretter ses paroles. Ce garçon était simplement venu discuter, et elle était en train de tout gâcher en jouant les gardiennes de fortune… Il venait de la reprendre sur le fait qu'elle aurait accepté de lui prêter son balai, et ne put s'empêcher de remarquer son air interrogateur. Bien entendu, qu'est-ce qui lui avait pris de dire ça ? Il allait penser qu'elle l'avait pris pour un opportuniste, forcément qu'il n'en était pas ravi… Elle allait devoir rattraper cette maladresse du mieux qu'elle le pouvait, et la partie n'était pas gagnée d'avance.

" Mettons que quelqu'un ait reçu l'un de ces grimoires indisponibles à la vente en librairie à l'heure du courrier… j'aurais tenu y jeter un oeil aussi, quitte à devoir échanger des banalités avec son propriétaire. Alors comme tu sembles t'intéresser au Quidditch, j'aurais pu trouver ça… normal. " répondit-elle en haussant les épaules avec indifférence.

C'était une tentative, à voir si Dan allait décider ensuite de tourner les talons immédiatement, désappointé, en se disant qu'il s'était sûrement trompé sur elle, et qu'elle ne valait pas la peine qu'il perde son temps à l'écouter geindre. Mais en attendant, il était toujours assis, et elle choisit d'en profiter. Il était si gentil avec elle, et attentif à chacun de ses dires… Et Candice lui ferait sûrement remarquer qu'il était assez mignon. Pas autant que Perrin, certes, mais il avait un sourire ravissant. Et dire que Duke le connaissait ! Elle passait une bonne partie de ses journées en la compagnie de son aîné, depuis le petit déjeuner avant les cours jusqu'au repas du soir, et elle ne les avait jamais vus ensemble. Après tout, elle n'avait pas en tête tout l'emploi du temps du Serdaigle, peut-être avaient-ils des cours mêlant sixième et septième année, ou s'étaient-ils connus au cours de leur première année à Poudlard… Ainsi, ils se côtoyaient, plus qu'ils ne se connaissaient ? Comment était-ce possible, en réalité, et à quels moments ? Elle allait finir par questionner le Bleu & Bronze sur ses amis secrets...

" Vous vous… côtoyez ? Mais non non, en effet, ce n'est pas grave. " répondit-elle en souriant. " Mais au moins je sais que la prochaine fois, on pourra t'inviter à notre table pour le déjeuner ! "

Sa dernière déclaration, à laquelle elle n'osât répondre, ne put toutefois l'empêcher de hausser un sourcil d'étonnement, en coordination avec l'empourprement de ses joues. C'était la deuxième fois qu'il insistait sur l'enthousiasme qu'il éprouvait vis à vis de cette rencontre, mais en l'occurrence, Tracy avait l'impression qu'il lui accordait un peu trop d'intérêt. Que quelqu'un se comporte de la sorte avec Candice était normal, mais avec elle, ça ne l'était pas. Elle était relativement transparente d'ordinaire, trop pour que sa personnalité n'intéresse qui que ce soit, hormis sa bande, et encore cette amitié était basée sur un mensonge. Aussi, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir désolée pour lui : c'était lui qui risquait d'être bien déçu lorsqu'il se rendrait compte qu'elle était bien loin d'être aussi intéressante que ce qu'il espérait.

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Année : 5ème année - 15 ans

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Et plus en détails ?
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Epouvantard: Une meute d'oiseaux en plein vol
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Je fermerai les yeux pour que
tu puisses mieux en profiter
Tracy & Rioghbhardan

Je ne sais pas à quoi elle pense et j'avoue que c'est un peu perturbant. Normalement, je m'en fiche un peu, je suis juste là pour attirer l'attention, dragouiller à l'arrache, coucher, empocher le pognon et me barrer... Sauf avec Helen, mais je n'avais rien prévu du tout. C'est elle qui a demandé à ce qu'on se revoie une fois, puis deux, puis toutes les vacances de Noël de l'an dernier... J'y trouve mon compte, évidemment, mais ça n'était pas véritablement prévu à l'origine. Mais là, il faut un peu changer les plans. Mais je ne connais rien de cette fille. Juste qu'elle s'appelle Tracy et que ses parents sont visiblement pleins aux as. Et qu'il n'est pas question de coucher avec, je suis même pas certain qu'elle ait quinze ans. Et puis, je ne tomberai pas aussi bas. Rien à Poudlard. Je marche un peu sur des œufs, du coup. Normalement, quand j'approche une fille, tout en elle hurle à la facilité. Sa tenue, son maquillage, ses œillades... Elle empeste la superficialité et le parfum entêtant. Alors que là... Là c'est une môme quoi. J'ai peur de la mettre mal à l'aise, de la faire fuir... Ce serait mauvais pour la suite des opération. Il faut qu'elle veuille qu'on se revoie. Qu'elle en ait vraiment envie, pas seulement que je me réimpose dans sa vie la prochaine fois qu'on se croisera. Une fois sur deux, elle paraît se renfermer, ou au moins s'éloigner un peu. Je ne sais pas vraiment ce qu'elle peut craindre. Ça n'est pas comme si j'étais mal intentionné, n'est-ce pas ? Les gens quittent doucement les tables. L'heure des premiers cours ne va pas tarder à sonner. Je ne suis pas pressé, je ne commence qu'à treize heures. Avec ce maudit contrôle mais ça ne fait rien. Il n'y a aucune raison que je ne m'en sorte pas, n'est-ce pas ? C'est tellement peu crédible que c'en ait carrément ridicule. Si j'arrive à avoir un A, c'est un miracle. Je vois d'ici les notes médiocres continuer à s'enchaîner et un nouveau redoublement se profiler à la fin de l'année. Combien de fois on peut redoubler à Poudlard avant d'en être dégagé sans diplôme ? Ils ont le droit de faire ça, au moins ? Il faudrait peut-être que je me renseigne, à l'occasion... « Oh, mille excuses, j'espère ne vous avoir offensé. » Je ris une fois de plus en hochant la tête d'un air triste affreusement mal joué et mis à mal par l'amusement. « Je crains d'avoir du mal à pardonner un tel affront. » Même si elle n'était pas elle, même si je n'avais aucun intérêt dans cette affaire, il n'y aurait rien de plus faux. Je ne suis pas particulièrement rancunier, trop peu attaché aux gens pour accorder véritablement de l'importance à ce qu'ils peuvent bien dire ou faire. « Et vous sondez parmi les élèves que vous croisez pour finir par rassembler toutes les exceptions, c'est bien ça ? » Cette fois, je hoche la tête, une lueur taquine brillant dans mes yeux. Les gens s'en vont mais elle reste. C'est plutôt bon signe. Elle n'a toujours pas tenté de m'échapper. Bientôt, peut-être ? La conversation ne laisse rien entrevoir, en tout cas. C'est innocent, bon enfant. « Exactement ! Et comme tout le monde prend le large, j'ai fait naufrage ici dans l'esoir incertain de récupérer celles qui me manquaient. » Un clin d'oeil suffit à lever les doutes possibles. Non, je n'en pense pas un mot. Et puis, j'ai toutes les informations dont j'ai besoin dans mon manuel, il faut juste que j'arrive à les retenir. Ce qui n'est pas chose facile chez moi. J'ai bonne mémoire pour ce qui m'arrange. Et ça, ça ne m'arrange pas...

La suite prend un tournant bizarre et me fait craindre un peu qu'on vienne marcher sur mes plates bandes. Elle ne m'appartient pas, bien sûr, pas encore du moins, mais je n'ai aucune envie de voir quelqu'un d'autre lui tourner autour pour servir ses propres intérêts. Je l'observe sans y faire vraiment attention, plus plongé dans mes pensées que véritablement en train de la détailler lorsqu'elle détourne le regard. Je le fais automatiquement à mon tour. C'était pas volontaire mais au moins, je sais que ça n'est pas le genre de fille que je dois regarder avec des grands yeux plein d'envie ou à qui je dois dire tous les trois mots combien je la trouve jolie. Ça tombe bien, ça m'évite un mensonge de plus. Elle est mignonne, je ne dis pas le contraire, mais honnêtement, ça ne serait pas le genre de filles sur qui je me retourne d'ordinaire. Et puis, c'est une gamine. Je ne bave pas franchement sur les enfants. J'ai beaucoup de défauts, je ne dis pas, on peut me reprocher pas mal de trucs mais certainement pas de me la jouer pédophile à mes heures perdues ! « Mettons que quelqu'un ait reçu l'un de ces grimoires indisponibles à la vente en librairie à l'heure du courrier… j'aurais tenu y jeter un oeil aussi, quitte à devoir échanger des banalités avec son propriétaire. » D'accord. Je ne m'attendais pas à ça. Je ne sais même pas trop quoi répondre, en réalité. J'ai presque l'impression d'avoir à faire à une January bis, jouant avec les mêmes armes que moi sans qu'on en ait conscience. Et si c'était le cas ? Non, c'est stupide. Elle a dit qu'elle pensait que j'étais là juste par intérêt, pas qu'elle savait que c'était vrai. En même temps, je dois bien reconnaître que ça aurait été un peu bizarre comme truc. Et pour un peu qu'elle se plante, elle aurait été certaine de ne jamais me revoir de sa vie. Sauf qu'elle ne se plante pas. Mais j'ai bon espoir qu'elle n'en sache rien. « Alors comme tu sembles t'intéresser au Quidditch, j'aurais pu trouver ça… normal. » C'est bon à savoir. Les vautours ne l'étonnent pas. Pire que ça, ils ne la dérangent pas. Cette fille est étrange. Tout prend une autre couleur à la lumière de cette explication bancale si bien que j'en viens à me demander si elle aurait accepté de faire « le devoir à rendre » qu'elle pensait que je n'avais pas fait. Quel est son rôle chez les bleus, exactement ? La pauvre fille dont tout le monde se fout mais qui s'efforce de rendre service à tout le monde quand même ? Ça n'est pas impossible. « Ouais... Je vois... » Je ne rajoute rien et trempe mes lèvres dans le jus de citrouille plutôt que de m'enfoncer sur ce chemin glissant. Je ne sais pas ce que je préférerais. Qu'on joue à armes égales ou qu'elle soit la bonniche du Tout Poudlard ? Dans les deux cas, ce serait difficile de me tirer profit de son existence... Tout bascule une fois de plus quand j'ai le malheur d'aborder Selwyn. Je ne pensais pas qu'elle rebondirait vraiment dessus. C'était plutôt dans le but de la rassurer par des connaissances communes, pas du tout dans celui de lui raconter ma vie. Surtout que je ne sais pas ce qu'il y a à raconter de ma relation avec lui. « Vous vous… côtoyez ? » Je hoche à nouveau la tête et fixe avec désintérêt une petite trace de poussière blanche sur le bout de ma chaussure. « Oui, on peut dire que le hasard fait en sorte que nos chemins se croisent souvent. » Je ne suis pas certain que ce soit le hasard qui ait forcé le Serdaigle à me suivre dans les cachots en pleine nuit... Ni à me porter toutes ces attentions... Je repense malgré moi à son pull offert pour que je n'attrape pas froid, à sa curiosité poussée quant à mes activités, à son regard qui ne me lâchait pas... Mais ça ne fait rien. Supposons qu'il y a des choses à garder pour moi. « Nous ne sommes pas les meilleurs amis du monde mais on s'apprécie. » Enfin je crois. Je ne sais plus exactement ce qu'il en ait avec le retournement de situation et la présence de Blackman mais aux dernières nouvelles, c'était le cas. Est-ce que mon statut de sang-mêlé me porterait préjudice auprès de lui ? Ça n'est pas impossible mais après tout je m'en suis jamais caché. Il a toujours su qui il avait en face de lui. Un peu trop bien d'ailleurs...

« Mais non non, en effet, ce n'est pas grave. Mais au moins je sais que la prochaine fois, on pourra t'inviter à notre table pour le déjeuner ! » Je lui souris, la gêne se lisant clairement sur mon visage. Si elle pouvait éviter, ce serait pas mal. Autant dire que je n'ai pas très envie que son protecteur, ou qui qu'il puisse être pour elle, me voit lui tourner autour, lui qui connaît mieux que beaucoup de gens dans ce château la vénalité qui est la mienne. Vous imaginez le repas désagréable que je risquerai de passer ? Moi, je préfère ne pas y penser, en tout cas. Et puis il ferait sûrement tomber mes projets à l'eau. Mieux vaut qu'il ne sache rien. Et puis il ne faut pas oublier que la pureté de mon sang est inexistante. Je ne suis pas comme ces êtres impurs qui ont été enfermés aux cachots mais je ne suis pas certain qu'on ne tentera pas un jour où l'autre de me faire payer les fautes commises par mon paternel au train où ça va... Pourtant, je ne cache pas ce que je suis. Mon double-jeu a des limites et là, la crédibilité serait en danger. Mais c'est difficile de lui expliquer de cette façon là. Et repousser totalement son invitation risquerait de la vexer et ça n'est pas non plus le but... « Je ne connais pas grand monde à Serdaigle, tu sais... » J'affiche une moue désolée alors que je remue légèrement sur le banc. « Ce serait un peu bizarre pour tout le monde que je débarque comme ça... » Je passe la main dans mes cheveux, tentant maladroitement d'évacuer le malaise et laisse mon regard fuir lamentablement. Je ne veux pas m'imposer, tout ça tout ça. Je dois avoir l'air d'un pauvre garçon plein d'intentions louables à son égard. Juste là pour passer un moment sympathique avec une fille qui a l'air de l'être tout autant. Aucune arrière-pensée, rien du tout. Elle est prête à me faire une vraie place dans sa vie alors qu'elle ne me connaît pas, en me laissant entrer dans son cercle d'amis, partager leur moment de complicité et tout ce qui s'en suit mais quand j'ai le malheur d'avouer que je suis content de faire sa connaissance, sa réaction me surprend totalement. Elle rougit, ne répond pas, semble plus mal à l'aise que jamais. Il n'y avait pourtant aucun mal à dire que ça me faisait plaisir, si ? Ça ne faisait que faire écho à son « enchantée » de présentation... Je ne me démonte pas pour autant et baisse les yeux. J'ouvre la bouche et la referme sans prononcer le moindre mot. On voit que j'ai conscience de ma bêtise et que je ne sais pas vraiment comment la rattraper. « Désolé... » C'est qu'un murmure, comme si j'avais peur d'aggraver la situation. Je ne vois pas trop comment elle pourrait l'être. Si elle commence vraiment à être gênée, elle va finir par me rayer de son existence sans ménagement. Et ce serait quand même sacrément dommage ! Pour moi, en tout cas. Elle, je suis sûr qu'elle s'en passerait aisément. Enfin, quand elle comprendra. Si elle comprend un jour... « Je voulais pas te mettre mal à l'aise. » Là encore, c'est la pure vérité même s'il y a un monde entre ce que ça laisse entendre et ce que ça veut vraiment dire. Raison de plus pour ne pas que Selwyn ait sa place dans l'équation, il risquerait d'en brouiller très fortement la frontière...
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Je fermerais les yeux pour que tu puisses mieux en profiter
Rioghbhardan & Tracy

"Exactement ! Et comme tout le monde prend le large, j'ai fait naufrage ici dans l'espoir incertain de récupérer celles qui me manquaient. "

Tracy avait du mal à se rendre compte que le jeune homme auquel elle parlait était juste vraiment gentil. Certes, elle avait un peu eu de mal à y croire au début, pensant soit que la réception de son balai était l'unique facteur qui l'avait poussé à venir à elle, soit qu'il s'était trompé et l'avait confondue avec sa soeur. On lui avait déjà fait ce coup-là ! Un garçon s'était un jour assis à sa table en métamorphose, et avait commencé à lui faire la discussion, avant de lui demander au bout de quelques minutes si Candice avait un petit ami. Et elle avait été tellement honteuse de s'être laissée prendre au jeu ! Elle pouvait tout à fait concevoir qu'elle soit moins intéressante, et que ses discussions soient moins passionnantes que lorsque c'était sa demi-soeur qui prenait la parole, tout à coup tout le monde était suspendu à ses lèvres au récit de la moindre anecdote, tandis que Tracy avait l'impression de bafouiller continuellement, de se répéter, de dire des banalités pour combler les vides. Elle s'était faite à l'idée, et elle n'y changerait probablement pas grand chose, Candice avait la chance d'être merveilleuse, et elle lui serait toujours reconnaissante du fait de ne pas l'avoir abandonnée après leur entrée à Poudlard alors que sa cote de popularité montait en flèche. Néanmoins, le fait d'être utilisée pour atteindre cette dernière la rendait amère, et morte de jalousie. C'était sûrement ce qu'il y avait de plus étrange avec Dan ! Il n'avait même pas l'air d'avoir entendu parler d'elle, ou alors il ignorait tout du lien qui les unissait toutes les deux. Et encore, elle se garderait bien de lui en faire part, sans quoi il interromprait peut-être brutalement leur discussion pour s'intéresser à elle. Et le pire, c'est que ça n'avait même pas l'air d'être son genre, il était si gentil, si attentif, même à toutes les bêtises qu'elle pouvait raconter… ils n'avaient beau être en train de discuter que depuis une poignée de limites, Tracy n'éprouvait même pas le besoin de mesurer chacun de ses mots au verre-doseur. Ce qui allait peut-être la perdre finalement, elle se montrait maladroite, et il allait sûrement finir par croire qu'elle ne se considérait que comme un vil vautour venu réaliser des cercles aériens autour de son balai, attiré par le seul objet de la convoitise. Quelle idiote, ce n'était pas étonnant qu'elle ait autant de mal à se faire des amis, à force de faire dans la paranoïa, elle n'arriverait qu'à rajouter des gens à la liste de ceux qui la détestaient, en plus des sangs-mêlés de Serdaigle qui la voyaient déjà comme une traîtresse.

" Alors je suis désolée de te décevoir dans ta quête, tout brave aventurier que tu puisses être. Tu aurais pu bien mieux tomber, niveau exception je ne risque pas beaucoup de pouvoir t'aider. " répondit-elle en conservant un large sourire pour camoufler la sincérité de ses paroles, et donner l'illusion qu'elle plaisantait toujours. .

A quel moment avait-elle divergé et arrêté de songer à la loi de Gamp ? Il allait sûrement la prendre pour les reines des mégalos, mais elle pourrait toujours se défendre en brandissant le bouclier de l'humour, en affirmant qu'il ne s'agissait là que d'une boutade sur le même ton que les autres. Elle avait vraiment envie que le Poufsouffle reste, ils avaient beau discuter depuis quelques minutes, elle ne connaissait toujours rien de lui ! C'était même à se demander pourquoi il n'avait jamais fait partie de sa bande… il avait visiblement l'air d'en partager les opinions, et pourtant, il s'en tenait visiblement à l'écart. Elle passait beaucoup de temps en compagnie de Naïa, de Narcissa, Duke, Aniek, Ignatius et les autres, mais aucun d'eux n'avait jamais fait mention de lui, ce qui était plutôt curieux. La possibilité qu'ils ne se soient tout simplement jamais croisés, car, comme il l'affirmait, Poudlard était un terrain immense sur lequel on se croisait sans forcément prendre la peine de se connaître, était toujours une possibilité après tout. Peut-être s'en tenait-il volontairement éloigné, que même s'il était en accord avec les convictions pro sang-purs, leurs caractères divergeaient trop pour envisager une réelle amitié… alors pourquoi tentait-il le coup avec elle ? Naïa était encore assise à côté d'elle quelques minutes auparavant, il aurait tout à fait pu se lever, s'installer à et converser en la compagnie de son aînée sans prendre la peine de s'intéresser à elle… à l'instar de Candice, Naïa avait de la prestance, ce quelque chose d'à la fois intimidant, mais fascinant chez une personne… Alors qui était ce Dan, qui fréquentait-il au sein de sa maison ? Ses passions en dehors du Quidditch, ses craintes, ses aspirations ? C'était peut-être des éléments qui auraient pu paraître tout à fait superficiels, mais Tracy éprouvait ce besoin d'en savoir davantage, sans toutefois oser lui poser ces questions là de peur d'avoir l'air d'une fouineuse aux yeux du Jaune & Noir qui était déjà suffisamment bien aimable pour lui accorder un peu de son temps.

« Ouais... Je vois... »


Oh non… elle le voyait dans ses yeux, et à la manière qu'il avait eue de rester totalement évasif, en buvant une gorgée de jus de citrouille. Il tentait de ne pas lui montrer, sûrement par politesse, mais il était sûrement en train de regretter d'être venu s'asseoir à côté d'elle, après tout il cherchait simplement de sympathique quelqu'un avec qui discuter, probablement histoire de passer un bon moment avant son devoir de métamorphose, chose qu'il estimait sûrement avoir bien méritée, et elle au bout de quelques minutes à peine, était déjà en train de sous-entendre que seul une motivation intéressée avait pu le mener jusqu'à elle. Si elle l'avait pu, elle se serait fichue des gifles pour s'être montrée aussi maladroite et ingrate à l'égard du jeune homme. C'était la première fois en quatre ans qu'on l'abordait sans quoi que ce soit derrière la tête, alors certes, quelque chose en elle avait voulu y voir une explication qui rendrait la situation plus plausible. Elle n'était pas suffisamment jolie, ni drôle, ni charismatique, ni d'une éloquence suffisamment bonne pour concevoir que quelqu'un veuille bien d'un moment en sa compagnie, et l'avait accepté. Tout au mieux, elle était une élève banale qui n'avait aucune difficulté à se fondre dans le décor, et même s'y perdre. Elle n'avait pas aspiré à davantage, mais la sensation qu'elle éprouvait à être abordée spontanément par le jeune homme était très loin de lui être désagréable. Sauf que c'était elle qui se montrait indirectement imbuvable en retour, alors mieux valait espérer qu'elle avait bien savouré cette première expérience d'échange, parce qu'il n'y en aurait certainement jamais de seconde, et qu'elle ne pourrait s'en prendre qu'à elle-même pour avoir bousillé toute seule ses chances.

« Oui, on peut dire que le hasard fait en sorte que nos chemins se croisent souvent. Nous ne sommes pas les meilleurs amis du monde mais on s'apprécie. Je ne connais pas grand monde à Serdaigle, tu sais... Ce serait un peu bizarre pour tout le monde que je débarque comme ça... »

Le … hasard ? Tracy avait beaucoup de mal à comprendre, le Poufsouffle avait l'air de beaucoup parler par énigmes, et elle aurait sûrement l'air bien ridicule à ses yeux si elle avouait qu'elle ne voyait pas très clair dans ses paroles. Donc, leurs chemins se croisaient, mais aléatoirement ? Comme ceux de beaucoup d'autres élèves d'ailleurs non, dans les salles de classe ou dans les couloirs par exemple ? Et puis le fait qu'ils ne soient pas les meilleurs amis du monde mais s'apprécient, c'était tout de même vraiment bizarre comme manière de dire qu'ils étaient de simples amis, ou de bons camarades… Soit. Après tout, pourquoi pas ! Elle ne connaissait Dan que depuis quelques minutes, et Duke était suffisamment grand pour gérer lui-même ses fréquentations, s'ils avaient du mal l'un avec l'autre, c'était leur problème, et bien loin d'elle l'envie d'interférer. Certes, l'idée de s'imaginer réunie avec sa bande et le Poufsouffle les ayant rejoint un peu plus tard autour d'une table et discutant joyeusement était très enthousiasmante pour elle, mais après tout un peu trop belle. Et encore, ça c'était la meilleure des possibilités, peut-être avait-il simplement pris peur lorsqu'elle l'avait invité. Ils se connaissaient à peine, et déjà elle lui proposait de rejoindre la bande, n'importe quel élève un peu stable aurait déjà sûrement déclaré son "alerte sociopathe"… Elle était allée bien trop vite ! Il lui donnait l'opportunité de le connaître avant de procéder à quoi que ce soit d'autre, et c'était limite si elle n'avait pas sorti le couvert et les assiettes à dessert. En fait, il allait sûrement quitter cette table dans une poignée de minutes, prétextant un cours à relire, ou n'importe quoi, par dépit d'être tombée sur une folle furieuse, et elle ne pourrait s'en prendre qu'à elle-même. Mais comment lui faire comprendre que ce n'était pas ce qu'elle voulait ? Enfin, si, elle aurait adoré avoir quelqu'un comme lui en ami…

" Je comprends… il n'y a vraiment, vraiment aucun souci, je comprends parfaitement. Et puis si vous vous ne vous entendez pas ce n'est pas grave ! " répondit-elle maladroitement.

Elle en faisait trop. Elle le sentait dans sa voix ! Certes, l'intention de base était de le rassurer pour qu'il ne prenne pas la fuite dans l'instant suivant, mais tout lui donnait l'impression qu'elle empirait la situation en tentant de l'arranger. C'était pitoyable, et elle ferait sans doute mieux de se taire immédiatement si elle ne voulait pas que Dan prenne peur, et s'en aille raconter à tous ses camarades de maison qu'il avait dialogué avec une dérangée du ciboulot. Elle avait du mal à imaginer comment un garçon comme lui ne pourrait pas être majoritairement apprécié dans sa maison, alors qu'il avait l'air d'être l'un des garçons les plus sympas et attentifs qu'elle ait rencontré au sein du château. A moins que, comme elle, les tensions intra-maisons naissantes ayant suivi l'attaque, aient fragilisé son entente avec son entourage… Après tout, il avait bien l'air d'avoir les mêmes convictions que sa bande, et si Narcissa, Duke et elle étaient devenus des parias au sein de leur maison, cela concernaient sûrement d'autres dortoirs que les Serdaigles.

« Désolé... Je voulais pas te mettre mal à l'aise. »

L'expression de Tracy changea du tout au tout. Alors il croyait qu'il la mettait mal à l'aise ? Quelle idiote d'avoir pu le laisser nourrir une idée pareille… il s'était comporté comme un véritable gentleman, à la fois charmant et courtois, et elle lui avait donné l'impression qu'elle n'appréciait pas l'initiative qu'il avait eu le courage de prendre… Aussi, elle éprouva le besoin instinctif de dissiper toute source de malentendu, quitte à se compromettre elle-même, et qu'il décide de mettre son nom au sommet de la liste des personnes à éviter d'urgence car visiblement trop instables.

" Non ! Ne t'excuse surtout pas, c'est plutôt moi qui devrais. En fait toi tu as l'air génial. Je le pense vraiment. " déclara-t-elle le plus sincèrement du monde. " Je ne suis pas habituée à ce genre d'initiative, comme tu l'as dit, c'est difficile de trouver des gens fiables. Et pourtant ça me fait autant plaisir qu'à toi. Mais les gens ont souvent plus tendance à vouloir devenir amis avec ma demi-soeur qu'avec moi, et je ne suis pas exactement la bienvenue à Serdaigle en ce moment. Je ne sais même pas pourquoi je te raconte tout ça, tu vas probablement me prendre pour une cinglée en fait… mais en aucun cas, tu ne me mets mal à l'aise ! Et je ne voudrais surtout pas que tu le sois toi non plus, encore moins à cause de moi, parce que tu as l'air tellement gentil, et que j'apprécie vraiment de faire ta connaissance, et je voudrais vraiment en apprendre plus sur toi, hormis le fait que tu tâtes un peu de Quidditch, et que tu n'es visiblement pas un fan inconditionnel des devoirs en métamorphose. Enfin désolée, c'est un peu maladroit dit comme ça. " se rattrapa-t-elle en esquissant un sourire à la fois timide et se voulant encourageant.

Cette fois, c'était l'Amelia intérieure qui avait parlé. Et qui en avait trop dit, une fois encore. Mais toute forme de contrôle sur cette partie-là ne fonctionnait plus, alors peut-être existait-il une infime chance pour que son interlocuteur soit sensible à ses propos non filtrés, et décide de ne pas prendre la tangente. Du moins, elle l'espérait.

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Année : 5ème année - 15 ans

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Et plus en détails ?
Statut Sanguin: Né-Moldu
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Poste de Quidditch: Aucun
Patronus: Un chiot golden retriever
Epouvantard: Une meute d'oiseaux en plein vol
Matières suivies et niveau:
Points Défis:
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Je fermerai les yeux pour que
tu puisses mieux en profiter
Tracy & Rioghbhardan

Je n'ai aucune idée du temps que me prendra ce jeu-là, mais j'imagine que ça ne fait rien. Après tout, ça n'est pas comme s'il y avait beaucoup de distractions possibles en ce moment. Le Quidditch est réduit au minimum, les sorties sont inexistantes, tout le monde se méfie de tout le monde... Enfin, tout le monde sauf elle, visiblement. Je ne dis pas qu'elle n'a pas le moindre doute me concernant mais s'ils existent, ils sont suffisamment légers pour ne pas nous déranger. Et j'ai bon espoir, je saurai les dissiper avec le temps. Quand elle réalisera que je ne l'ai pas oublié en quelques jours ou que je suis toujours prêt à passer un moment en sa si charmante compagnie sans qu'aucune raison visible ne se dessine dans les environs, elle finira bien par admettre que c'est elle et juste elle qui m'intéresse. Ni ses amis au sang-pur, ni la merveille qu'elle a reçu ce matin. Je ne suis pas pressé. Ça prendra le temps qu'il faudra mais elle finira par m'être utile. « Alors je suis désolée de te décevoir dans ta quête, tout brave aventurier que tu puisses être. » Honnêtement, en m'installant, je ne m'attendais pas à ce que la conversation puisse être agréable. Je l'imaginais chiante comme la pluie, gamine capricieuse et pourrie gâtée. Peut-être qu'elle l'est mais en tout cas, elle ne se prend pas trop au sérieux, c'est toujours ça ! J'échappe à un cours interminable sur les exceptions aux lois sur la métamorphose et tout ce qui s'en suit. Dieu merci ! Je ne suis pas certain d'avoir les nerfs assez solides pour supporter des heures de torture supplémentaire. « Tu aurais pu bien mieux tomber, niveau exception je ne risque pas beaucoup de pouvoir t'aider. » Ses premiers mots me tirent un sourire amusé. Mieux tomber ? Vraiment ? J'en ai pas l'impression. Oh, bien sûr, elle aurait pu être Shiver n°2, la même version friquée, mais ça n'est pas un problème. Je n'apprécie pas forcément le challenge mais, comme avec Sucre d'Orge cet été, j'ai envie de le relever. J'espère seulement que le résultat sera plus concluant. « Oh bah si j'avais su, je n'aurais pas pris la peine de m'installer. » Je ne me défais pas de mon sourire. Plus enfantin qu'il ne l'était jusque là peut-être. Suffisant en tout cas pour lui faire savoir qu'il n'y a rien de vrai derrière tout ça. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle m'aide à quoi que ce soit avec cet examen. Ni avec quoi que ce soit de scolaire d'ailleurs. La pauvre aurait vite déchanté. Mon but n'est pas de la désespérer en un temps record. Remarquez... Ce serait une bonne excuse pour être régulièrement dans ses pattes et sans avoir à surjouer mon incapacité à comprendre la moindre petite chose... Mais bon, je ne suis pas convaincu que l'idée soit brillante. Elle est censée finir par être contente de me voir arriver, pas changer de couloir pour pas que je la remarque. Elle n'a jamais eu besoin de le faire jusque là et si l'agitation n'avait pas attiré mon attention ce matin, il y avait fort à parier qu'elle serait toujours aussi insignifiante. Comme quoi parfois le hasard fait vraiment bien les choses.

Son innocence se fissure un peu par la suite. Cette histoire d'intérêt qu'elle ne cache pas... Autant le sien que celui des autres... Je ne sais pas quoi faire de l'information. D'un côté, j'ai envie de laisser tomber en réalisant que si elle joue dans la même cour que moi, elle va finir par découvrir le pot-aux-roses et que ça risquerait d'être préjudiciable à un moment ou à un autre... Mais d'un autre côté, si c'est juste qu'elle a l'habitude d'être utilisée à tout va, il me suffirait juste de jouer le désintérêt total un moment et de la jouer finement par la suite. Comment, je l'ignore encore, mais ça peut être intéressant. Bonne résolution 2023 : me mettre cette gamine dans la poche. Ça se tient, non ? Enfin j'espère... Je pense qu'il y a pas mal à gagner de cette relation nouvelle. Je ne soulève pas mes appréhensions et elle ne s'enfonce pas dans ce sujet-là. Peut-être a-t-elle compris que j'en venais à me demander ce qu'elle était réellement ? J'en sais rien. Je ne sais pas si le pauvre idiot que je suis depuis le début serait en mesure de voir autre chose que la crainte que la jolie brune qui lui fait face le pense être un vautour comme les autres. Probablement pas. Tant mieux, d'un côté. Une seconde de silence s'installe sur notre duo inattendu. Que pensent les gens en nous voyant là ? Est-ce qu'il nous remarquent seulement ? J'imagine que non... Elle n'est pas Shiver. Il faut bien avouer que la comédie à laquelle elle a mis fin l'autre jour, même si elle était déjà morte depuis longtemps, avait eu le mérite d'attirer l'attention sur nous. On aurait pu aisément remplacer les couples les plus glamour d'Hollywood, elle et moi... Mais il manquait un quelconque financement pour qu'on y trouve notre compte. J'en viendrais presque à trouver ça dommage. On ne s'aimait pas mais on donnait merveilleusement bien le change. Pourtant, je ne me faisais pas d'illusions, et il n'y a qu'à voir le « non » catégorique que j'ai donné comme réponse à Milo quand il se demandait si c'était ma copine. J'ai souvent repensé à la suite sans parvenir à trouver une explication logique. Mon malaise alors que j'en aurais sûrement joué bêtement d'habitude, l'espoir désespéré que je me sois fait des idées pour ne pas avoir à le repousser et le soin tout particulier qu'on a mis à ne jamais réaborder le sujet comme s'il me gênait... Il faut bien reconnaître que ça ne me ressemble pas. Pas plus que l'attachement qui nous lie maintenant. Enfin, qui me lie à lui en tout cas... Je ne sais pas trop ce qu'il en est de son côté. Il a conscience de mon existence et sait me trouver quand il en a besoin mais au-delà de ça... Au-delà de ça, il n'y a probablement rien. Je m'efforce de le virer sans ménagement de mes pensées alors que ma nouvelle amie m'invite dans sa vie. C'est du rapide. On se connaît depuis deux minutes à peine et voilà qu'elle projette déjà qu'on déjeune ensemble à l'occasion. L'idée n'est pas déplaisante. Si seulement il n'y avait pas la menace de son groupe d'amis qui planait. Je n'ai pas envie qu'ils détruisent tout ce que je n'ai pas encore construit, vous voyez ? Alors je repousse maladroitement la proposition en essayant tant bien que mal de ne pas la blesser. Si elle pouvait comprendre que je n'ai rien contre l'idée d'un déjeuner en sa compagnie... « Je comprends… » Je n'en suis pas convaincu... « Il n'y a vraiment, vraiment aucun souci, je comprends parfaitement. » D'accord. Je n'en suis vraiment, vraiment pas convaincu. Et j'ai l'impression d'avoir détruit ses efforts et je m'en veux un peu. Pas parce que ça me fait de la peine pour elle mais parce que je vois mes espoirs s'éloigner légèrement. J'ai été un peu stupide sur ce coup-là, mais c'est de sa faute, en même temps ! Quelle idée de me proposer de passer mon temps avec tous ses amis, hein ? On a sûrement pas les mêmes cercles. Je crois... En fait, j'en sais carrément rien. Je n'ai pas d'amis particuliers, me laissant porter entre les gens là où il y a quelque chose à y faire. En dehors d'Arabella, je n'ai jamais été particulièrement fixe... Enfin... Si. Il y avait Soren, aussi. Il y avait... « Et puis si vous vous ne vous entendez pas ce n'est pas grave ! » Le sourire voilé de timidité que je lui adresse à valeur de remerciements. Comme si j'étais trop bête pour ne pas remarquer le manque de crédibilité dont elle vient de me gratifier... « J'espère que ça nous empêchera pas de... de déjeuner ensemble, un jour. » Je hausse les épaules, comme si j'essayais d'avoir l'air détaché. Après tout, c'est elle qui a lancé l'idée, pas moi ! Je me contente juste d'essayer d'éloigner les potentiels dangers de nos retrouvailles, rien de plus.

Alors que je pensais que j'étais en train de prendre un mauvais chemin tant elle n'avait pas l'air à sa place dans notre conversation, elle semble se réveiller. « Non ! Ne t'excuse surtout pas, c'est plutôt moi qui devrais. En fait toi tu as l'air génial. Je le pense vraiment. » Je relève doucement les yeux vers elle, à la fois touché et gêné par le compliment. Je ne m'attendais pas à ça. Elle a l'air de penser ce qu'elle raconte. Ou alors elle est très douée. Et quelque part au fond de moi, je l'entends encore prétendre qu'elle aurait été faire la conversation pour s'approcher d'un grimoire... Elle est peut-être très douée. J'ai du mal à la voir comme une égale mais la sous-estimer serait peut-être risqué. « Je ne suis pas habituée à ce genre d'initiative, comme tu l'as dit, c'est difficile de trouver des gens fiables. Et pourtant ça me fait autant plaisir qu'à toi. » Je ne dis rien, penchant seulement imperceptiblement la tête pour l'encourager à continuer. « Mais les gens ont souvent plus tendance à vouloir devenir amis avec ma demi-soeur qu'avec moi, et je ne suis pas exactement la bienvenue à Serdaigle en ce moment. » Sa demi-soeur ? Alors il y a plus qu'une proie potentielle dans cette famille ? C'est intéressant. Si ça ne marche pas avec elle, je sais ce qu'il me reste à faire. D'autant plus que, si je comprends bien, la demi-soeur en question est plus sociable que celle-ci. L'approcher serait moins suspect. À voir. La suite est plus surprenante encore. Elle n'est pas la bienvenue à Serdaigle ? Pourquoi ? Elle n'était pas au beau milieu d'un groupe d'entre eux, juste avant que je ne m'incruste ? Après, j'imagine que de faire ami-ami avec le toutou du Directeur ne doit pas être bien vu par tout le monde. Ou alors elle a fait quelque chose de pire... J'ai du mal à voir ce qu'une fille à l'air adorable comme elle pourrait faire mais on ne sait jamais. Peut-être que je discute le plus naturellement du monde avec la plus grosse psychopathe de l'Histoire de Poudlard. « Je ne sais même pas pourquoi je te raconte tout ça, tu vas probablement me prendre pour une cinglée en fait… » Je me contente de secouer la tête pour la rassurer alors qu'elle reprend. « Mais en aucun cas, tu ne me mets mal à l'aise ! Et je ne voudrais surtout pas que tu le sois toi non plus, encore moins à cause de moi, parce que tu as l'air tellement gentil, et que j'apprécie vraiment de faire ta connaissance, et je voudrais vraiment en apprendre plus sur toi, hormis le fait que tu tâtes un peu de Quidditch, et que tu n'es visiblement pas un fan inconditionnel des devoirs en métamorphose. » Je détourne les yeux, un sourire aux lèvres, et suis le trajet d'un première ou deuxième année jusqu'à la sortie de la Grande Salle. En quelques minutes, le réfectoire est devenu quasiment désert. Moi, ça ne me dérange pas. Et elle, elle n'a pas l'air particulièrement dérangée non plus. Tant mieux, d'un côté. Tant mieux... « Enfin désolée, c'est un peu maladroit dit comme ça. » Je hausse les épaules et croise son regard un instant. « Non. Je trouve ça très bien. J'avais peur que t'aies envie de fuir alors... Je préfère comme ça. » Mes doigts jouent négligemment avec l'ourlet de la manche de mon pull d'uniforme avant de retracer distraitement la ligne incertaine tracée par la laine. « Ce n'est pas très difficile d'apprendre quoi que ce soit sur moi, tu sais... Je ne suis pas du genre très secret... » Je soupire, laissant penser qu'une lutte intérieure fait rage et m'empêche de continuer.

Je finis tout de même par reprendre, non sans jeter un œil faussement prudent autour de nous. « Et pour être tout à fait honnête avec toi... Mon sang n'est peut-être pas aussi pur qu'il le devrait... Mon père a fait des erreurs, d'où ma venue au monde et... je m'en cache pas vraiment, j'y suis pour rien de toute façon mais... c'est un peu compliqué, en ce moment, du coup... Entre les pro-moldus qui s'attendent à ce que je sois de leur côté parce que je connais ce monde-là et les pro sang-purs qui se méfient pour les mêmes raisons... Sans compter que Poufsouffle ne joue pas particulièrement en ma faveur... Enfin, tu vois... » Ma main passe machinalement sur mon visage troublé par une gêne des plus visibles. Je pose timidement les yeux sur elle, comme si je craignais qu'elle ne disparaisse dans la seconde. « Si j'suis venu, c'était pas pour ton balai quoi que t'aies pu en penser, c'était juste un prétexte pour engager la conversation. En réalité... Je t'ai aperçue plusieurs fois avant ça, et t'avais l'air – tu l'as toujours, hein ! – tellement moins hautaine, tellement moins dédaigneuse que bien des gens en ce moment que... que t'apparaissais comme une bouffée d'oxygène dans ce château. Ça paraît stupide dit comme ça... Non...? Oui, si, un peu... Tant pis. Enfin, je me disais que j'aurais peut-être pas à me justifier ou à prouver quoi que ce soit avec toi... Je me rends compte que ça fait un peu utopiste... Mais... Mais voilà... » Plus les mots m'échappent et plus je m'agite nerveusement sur ce morceau de banc. Je n'ose plus la regarder et garde les yeux rivés sur mes mains triturant maladroitement mon verre à moitié plein. C'est un pari risqué, je sais. Mais elle aurait forcément appris à un moment ou à un autre que je ne suis pas un véritable sang-pur quoi qu'en ait laissé penser mon entrée, et mieux vaut que ça soit de moi qu'elle l'apprenne plutôt que d'attendre qu'elle vienne me reprocher de lui avoir menti. « Je reconnais que c'était pas dans mes plans de commencer par là mais t'as été honnête alors... je devais l'être aussi. Enfin je crois. Et tu comprendras sûrement mieux pourquoi je ne suis pas très... ahm... enthousiaste ? à l'idée de déjeuner avec tous tes amis et tout ça... » Maintenant, c'est quitte ou double. Soit elle se met en tête que je n'arrive juste pas à trouver ma place dans cette nouvelle société Poudlardienne et elle accepte de m'aider à le faire, ce serait d'ailleurs intéressant de pouvoir voir tout le groupe de l'intérieur quand on sait la fortune sur laquelle sont assises les plus grandes familles sang-purs... Je ne comprends d'ailleurs pas comment Shiver peut être aussi fauchée, ça me dépasse totalement... Soit elle préfère prendre ses distances pour aujourd'hui et il ne me reste plus qu'à croiser les doigts pour qu'elle ait été sincère en disant qu'elle était contente de faire ma connaissance, tout ça tout ça...
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Je fermerais les yeux pour que tu puisses mieux en profiter
Rioghbhardan & Tracy

"Oh bah si j'avais su, je n'aurais pas pris la peine de m'installer. "

Heureusement pour elle, il avait l'air de plaisanter. Tracy aimait bien ce ton léger que le Poufsouffle employait à son égard depuis qu'ils étaient assis là. Elle avait l'impression que cela ne faisait que quelques minutes, mais ils avaient entamé cette discussion alors que la grande salle était encore pleine à craquer de l'heure matinale du petit déjeuner, où tous les restants, et à présent, il ne devait demeurer plus qu'une poignée d'élèves, eux compris. Elle avait entamé cette journée en compagnie de Naïa et Duke, avec un nouveau présent de la part de Louise, un balai de course beaucoup trop fastueux pour elle, au milieu d'élèves qu'elle ne connaissait même pas, et était en train de conclure cette matinée auprès d'un garçon qu'elle ne connaissait pas non plus d'ailleurs. Mais c'était peut-être l'élément qu'elle choisirait de retenir, de cette matinée… Dan était tout ce qu'il y avait de plus adorable, et elle se rendait compte progressivement qu'elle prenait beaucoup de plaisir en sa compagnie. Elle jouait quotidiennement un jeu de faux semblants, de mensonges, d'exagérations et d'histoires falsifiées pour se rendre acceptable, non seulement aux yeux des autres, mais également aux siens. Mais pas ce matin, ce nouvel interlocuteur était différent, et à cet instant précis, Tracy éprouvait une folle envie de différence. Elle ne connaissait pas Dan personnellement, mais son instinct, après la méfiance, la poussait à vouloir connaître. Il paraissait foncièrement gentil, et elle ne doutait pas de la bienveillance de ses intentions. En réalité c'était d'elle-même qu'elle doutait, elle en était bien consciente, et n'en était que plus désolée de devoir imposer cet aspect-là à ce garçon qui pourrait pourtant devenir un bon ami par la suite, si seulement elle voulait bien lui laisser ne serait-ce qu'une chance.

« J'espère que ça nous empêchera pas de... de déjeuner ensemble, un jour. »

C'était peut-être une réponse à un premier refus, mais la proposition manqua d'empourprer Tracy au point qu'elle s'en retrouve honteuse, et trahie par ses propres expressions faciales. Mais elle s'efforça de faire bonne figure, et de ne pas perdre contenance. C'était la première fois qu'on l'invitait à déjeuner de cette manière… après qu'elle le lui ai proposé en compagnie de Duke, et qu'il ait refusé cela dit. Certes, elle s'était retrouvée bien des fois à partager un repas ou un petit-déjeuner avec sa bande, mais ce n'était pas pareil. Aussi, un éclair traversa l'esprit de la Serdaigle, qui se retrouvera enchantée par cette idée : il y avait peut-être une sorte de "connexion" entre eux. Une sorte de lien invisible à l'oeil humain créé par l'ordre des choses, et dont ils étaient censés ne se rendre compte qu'après s'être parlé pour la première fois. Ça aurait sûrement l'air ridicule si elle avait tenté d'expliquer ce qui était en train de passer à l'un de ses amis, mais Tracy avait trop envie d'y croire pour se laisser avoir par la désillusion. Il voulait la revoir. Et quelque part, elle sentait qu'elle aussi. Elle ne pouvait omettre la possibilité qu'il se rende compte par la suite que toute cette affaire était en train de le dépasser, et qu'il s'était trompé sur elle en pensant que le courant passerait bien. Elle finirait bien par se révéler être une déception au bout d'un moment, elle en était intimement persuadée… Et elle ne pouvait se leurrer plus longtemps quant au fait de savoir qu'il s'en apercevrait avec le temps. Elle avait été jusqu'à inventer auprès de Perrin qu'elle était végétarienne pour se rendre à ses yeux plus intéressante qu'elle ne l'était réellement, et elle risquait de se retrouver à court de tours dans son sac devant Dan. Là, leurs premières interactions lui laissaient sans doute croire le contraire, et elle ne pouvait que s'en enthousiasmer… Même quelqu'un d'aussi charmant ne pourrait jouer les bons samaritains éternellement.

" J'en serais ravie, mais alors dans ce cas je veux absolument qu'il y ait de la tarte au citron au dessert. Meringuée. Ne néglige pas ce détail. " répondit-elle avec malice.

En réalité la tarte occupait dans son esprit une place bien plus facultative, mais au moins elle n'aurait pas l'air d'une stupide adolescente réjouie d'avoir été invitée au bal de promotion des lycéens. Sans quoi, c'était peut-être la dernière goutte qui ferait déborder la fiole, et il finirait par prendre ses jambes à son cou… Mais la conversation était en train de prendre une autre tournure, bien moins amusante, puisqu'elle se retrouvait à s'étaler maladroitement dans l'optique de convaincre le Poufsouffle de rester. Il n'avait pas menacé de partir, mais elle s'était bien rendue compte qu'elle le rendait mal à l'aise, et lui pensait visiblement agir de même avec elle. Ça n'avait pas lieu d'être ! Et elle avait tant envie de lui prouver qu'ils étaient capables de bien s'entendre, qu'elle avait un quelque chose qu'il ne parviendrait à trouver chez Candice, même si elle l'ignorait elle-même si c'était le cas…

« Non. Je trouve ça très bien. J'avais peur que t'aies envie de fuir alors... Je préfère comme ça.  Ce n'est pas très difficile d'apprendre quoi que ce soit sur moi, tu sais... Je ne suis pas du genre très secret (...) Mais... Mais voilà... Je reconnais que c'était pas dans mes plans de commencer par là mais t'as été honnête alors... je devais l'être aussi. Enfin je crois. Et tu comprendras sûrement mieux pourquoi je ne suis pas très... ahm... enthousiaste ? à l'idée de déjeuner avec tous tes amis et tout ça... »

Ses paroles touchèrent Tracy plus qu'elle n'aurait pensé l'être. Ce n'était plus seulement qu'il était gentil, ou poli. Ce qui lui apparaissait comme désormais une évidence, c'était qu'il pouvait la comprendre. Il ne le savait pas encore, parce que personne ne le savait. Mais lui, il pouvait ressentir jusqu'à la racine de son être ce qu'elle vivait et s'infligeait à elle-même. Parce qu'il vivait la même chose, et sûrement plus mal encore puisqu'il appelait sa venue au monde une "erreur", si bien qu'elle ressentit elle-même une sorte d'amertume communiquée par les mots du Poufsouffle. Comment en arrivait-elle à se rendre sincèrement attristée pour une personne qu'elle ne connaissait que depuis quelques minutes ? Ça n'avait pas de sens, mais plus rien dans cette conversation n'avait l'air d'en avoir, ni même de manière générale en réalité. Une confidence aussi lourde de sens était plus qu'il n'en paraissait pour la Serdaigle, et elle dut même se retenir de tout lui révéler. Tout. Le secret. Son père qui était né moldu, sa mère qui l'était peut-être également, le fait que seule la couverture de Louise lui permettait d'être catégorisée de vermine, mais qu'au mieux elle était seulement une sang-mêlée. Car c'était bien ce qu'il avait voulu dire, non ? "Pas aussi pur qu'il le devrait" ? Quoi qu'il en soit, elle n'avait pas de jugement à faire. Cela faisait des années qu'elle regrettait de s'être comportée comme une garce avec Fursy, après avoir appris ses origines, qui étaient pourtant les mêmes que les siennes. Elle ne voulait pas commettre à nouveau la même erreur, et surtout pas alors que le Poufsouffle s'ouvrait à elle comme il le faisait. A combien de ses camarades de maison avait-il raconté tout ça ? Etait-elle l'une des premières ? La sensation, certaine futile, d'avoir reçu ce privilège, la confortait intérieurement. Elle avait envie de le rassurer, de lui dire qu'elle était comme lui, et qu'elle était tiraillée entre les deux mêmes positionnements, hélas ce choix était bien trop compliqué pour qu'une décision prise sur le coup de l'émotion ne vienne tout envenimer. Tout lui raconter apparaissait même comme une forme de rédemption, mais elle ne pouvait se le permettre. Pas sans y avoir réfléchi, auprès d'une personne qu'elle connaissait à peine, et surtout après quatre ans.

" C'est pas stupide. On est bien d'accord sur un point, t'as rien à me prouver, ou à justifier. Premièrement parce que je ne suis pas en mesure de l'exiger, et secondement, parce que je n'en ai pas besoin. Et j'imagine, crois-moi, à quel point ce doit être difficile de me dire tout ça... Peut-être qu'au moins ça nous aura permis de dissiper toute forme de… malentendu. " commença-t-elle en souriant.

Puisqu'ils avaient l'air de partager plus de points communs qu'elle n'aurait pu l'imaginer, même l'idée d'une porte de sortie commençait à devenir visible à travers la brume nébuleuse. Toute seule, il lui paraissait compliqué d'affronter cette réalité-là. Mais à deux ? Toujours était-il qu'elle n'en savait toujours pas suffisamment pour être fixée, et mieux valait qu'elle le soit pour éviter de déboucher sur un quiproquo. Avant de se mettre à croire qu'elle avait un allié dans la pénombre, elle voulait être sûre ce que ce lui. Le bon.

" Tu n'es… pas bien à Poufsouffle ? " demanda-t-elle plus timidement. " Je suis désolée de t'avoir fait me déballer tout ça si c'était un domaine sensible pour toi... Tu vas sans doute penser que je ne connais pas ta situation, et tu auras bien raison, mais je crois que je comprends de près ou de loin ce que tu peux éprouver. Cette sorte… d'entre deux, si je puis dire. "

Elle comprendrait bien sûr que le Poufsouffle veuille s'en tenir là, et serait bien loin de le lui reprocher, sachant que c'était elle qui s'était littéralement engouffrée dans l'ouverture qu'il lui avait proposée. Au moins, elle était rassurée sur un point, il n'avait pas décliné son invitation à déjeuner à cause d'elle, mais donc bel et bien par malaise envers ses amis. S'il savait quel jeu elle jouait au quotidien auprès d'eux, il le serait d'autant plus… Elle prit une nouvelle respiration, et cette fois, osa le regarder dans les yeux à son tour.

" Tu as eu raison de tenter le coup. Alors ne le regrette pas, s'il te plait. "

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Dashiell Dashner

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Je fermerai les yeux pour que
tu puisses mieux en profiter
Tracy & Rioghbhardan

C'est certainement l'une des plus grosses entreprises dans lesquelles je ne me suis jamais lancé. Normalement, par souci de facilité, je ne m'intéresse qu'aux choses acquises d'avance, qu'à ce que je suis sûr de pouvoir obtenir. Et de l'obtenir rapidement tant qu'à faire... Je ne suis pas du genre à me sur-estimer ni à imaginer qu'une bonne étoile brille H24 au dessus de ma tête, me permettant des exploits extraordinaires. Non, rien de tout ça chez moi. Je me contente de jouer à mon niveau, histoire de limiter les risques d'échec. Sauf là. Je ne doute pas que le jeu en vaudra la chandelle mais je m'éloigne incontestablement de ma zone de confort. Adieu terrain connu ! Enfin, le principe reste le même que d'habitude. Jouer, séduire... La routine. Et j'ai bon espoir que ma proie ne soit pas trop farouche. Après tout, c'est une gamine. La vie n'a pas dû la traumatiser au point de la rendre exagérément méfiante. Ça devrait passer. J'espère... Sans quoi, je trouverai bien un moyen de me défiler. La fuite finit aussi par faire partie des choses pour lesquelles je suis plutôt doué. Sans vouloir me vanter, bien sûr... Mais avec un peu de chance, tout ira comme sur des roulettes et il me sera bientôt possible de jouir des avantages d'avoir cette bien charmante Tracy dans mon entourage. « J'en serais ravie, mais alors dans ce cas je veux absolument qu'il y ait de la tarte au citron au dessert. Meringuée. Ne néglige pas ce détail. » Je ris innocemment à sa remarque. De la tarte au citron ? Elle croit vraiment que c'est moi qui fais le menu ou...? Enfin, s'il n'y a que ça pour lui faire plaisir, je serais bête de ne pas trouver un moyen de lui en faire servir tous les midis. Et puis, avec tous nos camarades bossant désormais avec les elfes, il y aura certainement moyen de négocier facilement. Après tout, je n'y ai pas d'ennemis, là-bas. Pas plus qu'ici d'ailleurs... Mulligan, Cooper, Sucre d'Orge ou même Keagan... Pour un peu que je sois convaincant, peut-être que quelqu'un acceptera de me filer un coup de main. Sauf si le hasard se range de mon côté avant que je ne demande quoi que ce soit. « Et bien va pour la tarte au citron alors ! Autre chose, avec ça ? Thé, chocolat...? » En attendant, le rendez-vous est pris. Il a fallu quinze minutes à tout casser pour qu'elle accepte de me revoir. J'ai bien fait de ne pas trop m'inquiéter. J'imaginais quand même ça plus compliqué. J'ai du mal à me défaire de l'image de gamine désespérée qui s'impose à moi. Le genre de môme toujours fourrée dans un bouquin romantique stupide en train de rêver à des histoires qu'elle ne vivra jamais. Mais qui lui donne visiblement envie de se jeter tête la première dans la première aventure venue sans même être foutue de se demander ce qui l'attend derrière. La question de Milo me revient une fois de plus et je ne peux m'empêcher de faire le rapprochement. Est-ce qu'il est aussi niais que ça ? Non... Je me trouve idiot d'y penser encore. C'était juste maladroit, rien de plus. Vu la soirée, de toute façon, ça se comprend. Mais tout de même... Enfin, il vaut sûrement mieux que ma nouvelle amie. « Amie », faut le dire vite, bien sûr. Je ne suis même pas sûr qu'elle me voit comme ça, elle. Je n'apparais pas comme un dangereux criminel, c'est toujours ça !

La suite perd son innocence. Au lieu de plaisanter sur le dessert du prochain déjeuner ou les difficultés des devoirs de métamorphose, je me retrouve à m'épancher comme une adolescente dépressive. Bien sûr, mes confidences sont dérisoires et tiennent du secret de Polichinelle mais elle a l'air de se laisser prendre au jeu. Il faut dire que le malaise est palpable et que je donne l'impression de peiner un peu à me confier. Je peine d'accord mais le fait de voir en elle une espèce de terre d'asile me donne force et courage, blablabla. Shiver a dit elle-même que j'étais meilleur comédien qu'elle, et il doit y avoir une part de vrai là-dedans. Est-ce qu'il y a de quoi en être fier ? Probablement pas... Mais je fais avec ce que je peux, en réalité. Et il y a bien peu de choses. Elle m'écoute presque religieusement. Je ne la regarde pas, trop occupé à avoir l'air gêné pour me risquer à déchiffrer les émotions qui passent sur son visage mais j'ai bon espoir que son silence soit positif. C'est ça, sois désespérée par ma pauvre histoire de martyr et mets-toi en tête de me prendre sous ton aile ma brave petite fille. Je refuserai sûrement pas principe, fierté oblige (crédible, n'est-ce pas ?) avant de traîner dans son ombre pour en profiter malgré tout. « C'est pas stupide. » Je sais. C'est même brillamment joué, si vous voulez mon avis. C'est une scène que je n'aurais jamais pu envisager sans Blackman et compagnie, comme quoi ils sont parfois utiles. Les yeux toujours rivés sur mes mains jouant avec mon verre, je souris d'un air imperceptiblement soulagé. Peut-être qu'elle ne fuira pas, que l'impureté publique de mon sang ne la dégoûtera pas suffisamment pour balayer les premiers bons moments des balbutiements de notre relation. « On est bien d'accord sur un point, t'as rien à me prouver, ou à justifier. Premièrement parce que je ne suis pas en mesure de l'exiger, et secondement, parce que je n'en ai pas besoin. » Je relève prudemment les yeux vers elle. Je ne pensais pas qu'elle serait si réceptive. Pas un mot concernant l'évident mensonge de mon arrivée, pas plus que sur l'aspect psychopathe de ma déclaration (c'est limite si je n'ai pas avoué que je l'observais depuis un moment, mais c'est passé comme une lettre à la poste) ou sur l'arrivée de tout ce cinéma comme un cheveu sur la soupe de notre conversation. Non, rien du tout. Elle se contente juste de me rassurer, de me cajoler pour ne pas aggraver la situation. Et Dieu sait que j'adore ça ! « Et j'imagine, crois-moi, à quel point ce doit être difficile de me dire tout ça... » Je baisse à nouveau les yeux et hausse les épaules. Tout me paraît tellement contrôlé, surveillé, si peu naturel que j'en viens à me demander si je respire de manière automatique ou si, ça aussi, ça n'est qu'un élément de plus dans un rôle que j'ai l'impression de maîtriser correctement. « Peut-être qu'au moins ça nous aura permis de dissiper toute forme de… malentendu. » Ah bah ça, tu m'étonnes ! C'est clair que ça aurait fait tâche dans notre histoire qu'elle me pense l'un des leurs et qu'on vienne tout briser sans même me demander mon avis. Lui éviter la déception, rien ne compte plus à mes yeux, vous comprenez. Il n'y a rien de mieux que l'honnêteté et la confiance pour baser une relation solide. Et autant dire que la nôtre ne risque pas de bouger d'un pouce ! En attendant, elle n'a pas l'air de me tenir rigueur de l'omission de nos premières minutes. Comme si mon aveu avait suffi à rattraper la chose.

Elle ne me laisse pas vraiment le temps souffler qu'elle reprend. « Tu n'es… pas bien à Poufsouffle ? » Sa question me surprend et je me vois déjà sombrer à nouveau dans le désespoir de la triste condition qui est la mienne. Je m'avachis légèrement sur le banc. Le poids que tout ça fait peser sur les épaules devient visible comme si le simple fait de pouvoir en parler plus ou moins librement me faisait abandonner un peu le rôle que je m'efforce de jouer devant tout Poudlard. Avouez quand même que ça devient profond ! Qu'est-ce qui est un rôle, qu'est-ce qui ne l'est pas... J'aurais dû me lancer dans le théâtre au lieu de faire des tours de magie, ça aurait sûrement donné de meilleurs résultats. « Je... je m'étais jamais posée la question avant... » J'ai baissé la voix, histoire que mes confidences ne dépassent pas le cadre de notre couple. « Je veux dire, ça allait. Mais là... Nos effectifs ont été salement réduits, l'indignation semble générale... » Je soupire et lance un regard méfiant autour de nous. « Je peux pas satisfaire tout le monde... » La sincérité qui pointe derrière cette phrase me perturbe et j'ai juste l'air d'avoir du mal à admettre que j'ai pu balancer tout haut à une fille que je ne connais pas quelque chose que j'ai pensé tout bas pendant des semaines. La frontière entre le jeu et la réalité se brouille un peu mais je choisis d'en tirer profit pour avoir l'air plus impliqué encore et continue malgré le nœud qui se forme discrètement dans mon estomac. « J'ai pas l'impression qu'il y ait de "traîtres", chez nous. Comme s'ils faisaient bloc, tu vois ? Alors y'a eux et puis à côté y'a vous, la direction, tout ça... Et... je sais pas... C'est mes amis... Enfin c'était... Je sais plus. » Je respire un grand coup et me noie dans mon verre une seconde. « Nos opinions divergent un peu, je crois. Alors ils finissent par se méfier... Je me retrouve au milieu de tout ça et... et c'est... épuisant...? » En fait, c'est juste ma lâcheté devenue évidente qui fait planer quelques doutes sur ma loyauté. Un sourire attristé me vient naturellement et je ne le retiens pas. Oui, je me retrouve vraiment au milieu de tout ça et après seulement un mois et demi, je n'en peux déjà plus. Flatter les abrutis pour sauver ma peau et mentir à mes amis pour ne pas les perdre. Et s'il y a un seul couac dans mon plan, tout se barre en ruines. Et ma protection et mes proches. Je joue dangereusement avec le feu et je le sais. Et l'avouer est étonnamment rassurant. Je me redresse légèrement alors qu'un nouveau soupir m'échappe.

J'aurais aimé que ça soit à Milo que je tienne ce discours-là. Peut-être plus sincère, sans le mélange de mensonges et de vérités qui s'y entremêlent, mais j'ai trop peur qu'il décide de me tourner le dos. Si on est d'accord pour jouer les lâches les trois quarts du temps, il semble prêt à se battre pour défendre ce qu'il croit juste et lui faire remarquer que je fais absolument tout le contraire ne ferait sûrement que le décevoir. Et je n'ai pas envie de prendre ce risque. Est-ce que je suis à un travestissement de la réalité près ? J'imagine que non... « Je suis désolée de t'avoir fait me déballer tout ça si c'était un domaine sensible pour toi... » Je hausse à nouveau les épaules avant de balayer ses excuses d'un geste de la main. « Tu vas sans doute penser que je ne connais pas ta situation, et tu auras bien raison, mais je crois que je comprends de près ou de loin ce que tu peux éprouver. » Je relève les yeux presque brusquement et la fixe un instant. J'ai repris le contrôle de la représentation et l'espoir qui brille dans mon regard n'a rien de réel. Je me fiche pas mal qu'on me comprenne ou pas, je n'ai pas pour habitude d'attendre humainement quoi que ce soit des gens qui m'entourent, encore moins quand je ne les connais pas. « Cette sorte… d'entre deux, si je puis dire. » Je hoche lentement la tête, comme si j'étais en train de tourner sa phrase dans tous les sens pour en saisir un sens caché qui m'aurait échappé. « Tu... comprends...? » Mes joues se teintent légèrement lorsqu'elle plante son regard dans le mien. Je le soutiens sans broncher. « Tu as eu raison de tenter le coup. Alors ne le regrette pas, s'il te plaît. » Leur couleur devient plus prononcée alors que je lui adresse un sourire à la fois gêné et reconnaissant. « Je ne le regrette pas. » Ce n'est qu'un murmure balancé sur le ton du secret, donnant à notre discussion des airs de privilège partagé qu'elle n'a finalement pas. « Bref ! » Je passe la main dans mes cheveux et finis mon jus de citrouille d'une traite, prêt à reprendre là où nous en étions avant que je ne joue la carte des confidences. Mon enthousiasme est voilé par le malaise que je feins ressentir depuis ce virage étonnant et on peut clairement remarquer que j'essaye juste de reprendre contenance. « Tu peux dire de moi, mais je ne sais pas grand chose de toi non plus, finalement. Tu n'as même pas daigné me dire dans quelle année tu étais, tout à l'heure, triste histoire. » Et honnêtement, j'aimerais bien en apprendre davantage avant de prendre le chemin des salles de classe...
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Je fermerais les yeux pour que tu puisses mieux en profiter
Rioghbhardan & Tracy

"Et bien va pour la tarte au citron alors ! Autre chose, avec ça ? Thé, chocolat...? "

Tracy rapprocha sa paume devant ses lèvres pour échapper un petit rire amusé. Jouer le jeu de l'exigence n'était pas déplaisant, et l'idée de pouvoir tisser des liens amicaux avec le Poufsouffle lui suffisaient bien assez pour qu'elle n'ait envie de lui fixer des contraintes en plus. C'était peut-être sous couvert d'humour, mais il était déjà bien gentil d'aller dans son sens. C'était même à se demander si elle ne connaissait pas le Jaune & Noir depuis bien plus longtemps que les vingt minutes approximatives de conversation qu'ils venaient de partager. Elle était restée quatre ans durant assise en cours aux côtés de Adam Cale, qu'elle croisait également régulièrement à la bibliothèque, mais n'avait jamais réussi à trouver quoi que ce soit de suffisamment intelligent pour entamer une conversation avec lui, et en huit ans de vie commune avec Elijah, le cran de lui adresser spontanément la parole ne lui était jamais venu. Il y avait bien les repas de famille où elle lui demandait d'un ton des plus polis de bien vouloir lui passer le sel ou l'eau, et qu'il obtempérait sans faire le difficile, ou qu'il lui proposait une tranche de pain grillé pour le petit déjeuner. Il n'y avait jamais eu plus que ça entre eux, et aucun n'avait jamais manifesté le désir de vouloir y remédier, bien que Tracy fantasmait toujours un peu, secrètement, sur cette idée du grand frère protecteur et dévoué qu'elle aurait voulu qu'il soit. Mais le temps passait, et il était désormais trop tard pour inverser la courbe des rapports qu'ils entretenaient, il fallait être réaliste. Alors comment expliquer le fait qu'elle parvenait soudainement, depuis quelques jours, à sympathiser soudainement avec des gens qu'elle ne connaissait pas et qui lui proposaient même de réitérer l'expérience ? Cela avait commencé la semaine passée avec January. Tracy préférait y voir clairement, et se faire à l'idée qu'elle n'était personne dans l'école, elle ne s'en formalisait même pas d'ailleurs. Depuis l'école primaire, il lui avait toujours paru normal que Candice le soit, et que pour sa part, elle soit celle qui porterait sa traîne. Et soudain, January Shiver voulait passer du temps avec elle, lui parlait de choses personnelles, et lui parlait d"étudier" ensemble, même si Tracy était tout de même suffisamment clairvoyante pour imaginer qu'elle devrait gérer une deuxième Candice. Toujours était-il qu'il lui aurait paru invraisemblable de sympathiser un jour avec la Poufsouffle, après tout elle n'avait pas besoin d'une fille comme elle dans un entourage comme le sien. Et maintenant, c'était au tour de Dan, qui devait être la plus charmante personne qu'elle ait pu croiser un jour dans le château, d'être à l'initiative.

" Oh, je ne voudrais tout de même pas abuser, autant te laisser croire encore un peu que j'ai quelques manières. " répondit-elle en regardant vers le ciel, un sourire mi-rêveur plaqué sur le visage.

Elle ne doutait plus des bonnes intentions de son interlocuteur à son égard, elle avait simplement eu beaucoup de chance. C'était le seul facteur qu'elle pouvait remercier pour avoir mis le Poufsouffle sur sa route, même si elle ignorait ce que cette rencontre était censée donner, ou même si elle était censée changer la donne à un certain moment. Peut-être qu'après tout, une fois l'euphorie de la connaissance passée, il se rendrait probablement compte qu'il n'avait pas tant de choses que ça à lui dire, et s'en irait ailleurs, tenter le coup avec quelqu'un d'autre. Peut-être s'adresseraient-ils de rapides signes de main dans les couloirs, un peu mal à l'aise, mais au moins courtois ? Pour se signifier l'un d'autre que ce jour où ils étaient restés un peu plus tard, après le petit déjeuner, dans la grande salle à discuter tous les deux, oubliant son présent reçu le matin-même.

« Je... je m'étais jamais posée la question avant... Je veux dire, ça allait. Mais là... Nos effectifs ont été salement réduits, l'indignation semble générale... Je peux pas satisfaire tout le monde... »

Le contrôle de la situation semblait leur échapper à tous deux, si bien que Tracy s'en voulait un peu de l'avoir contraint à s'ouvrir comme une huître pour en déverser son contenant. C'était tout de même étrange, avec quelqu'un qu'elle ne connaissait même pas encore la veille. Elle était loin de s'en plaindre, elle appréciait particulièrement le fait d'apprendre à connaître le Poufsouffle, mais quelque part, elle avait l'impression que c'était à cause d'elle qu'il se sentait obligé de s'étendre en justifications. De qui parlait-il quand il disait "satisfaire tout le monde" ? Qui demandait à éprouver une quelconque forme de satisfaction ? Pour elle, une seule primait en ces temps plus sombres, celle de se retrouver en sécurité. Les nés-moldus n'avaient plus ce droit, et il fallait d'urgence trouver un moyen de protection, parfois au détriment des autres. C'était un peu individualiste, comme système, mais Tracy n'en voyait pas d'autre au compteur. Bien sûr que l'indignation était générale. Mais il n'était pas dans leurs cordes d'y changer quoi que ce soit. Elle s'était suffisamment donner de mal pour se faire accepter auprès des sangs purs et trouver une place de refuge parmi eux pour tout risquer bêtement.

« J'ai pas l'impression qu'il y ait de "traîtres", chez nous. Comme s'ils faisaient bloc, tu vois ? Alors y'a eux et puis à côté y'a vous, la direction, tout ça... Et... je sais pas... C'est mes amis... Enfin c'était... Je sais plus. Nos opinions divergent un peu, je crois. Alors ils finissent par se méfier... Je me retrouve au milieu de tout ça et... et c'est... épuisant...? »


Alors il y avait quelque chose qu'elle n'avait pas saisi… et elle se demandait à quel moment elle était passée à côté de l'information selon laquelle il était dans le "camp" d'en face. Au début de leur conversation, elle ne l'avait pas rêvé, il avait commencé en faisant usage de l'appellation "sang de Bourbes" qui n'était pourtant pas des plus sympathiques, et et soudainement, ceux qui partageaient cette même vision étaient les traîtres, "Vous, la direction". Même Tracy dont la position était déjà compliquée dans cette guerre d'ascendance n'y comprenait goutte. Elle avait pris le parti de camoufler ses racines en espérant se retrouver protégée, et hors d'atteinte des noirs évènements qui se déroulaient à l'école, ainsi que de la discrimination quasi omniprésente, et jouait le jeu inverse pour ne pas se retrouver à être exposée au grand jour. Mais alors, quel était le jeu de Dan ? Elle avait pensé, en premier lieu, qu'il était possible qu'il soit dans la même situation qu'elle, partagé entre deux camps, sans savoir quelle attitude adopter. Elle se demandait d'ailleurs qui ils pouvaient bien être, ses amis.

" C'était… tu veux dire qu'ils ne le sont plus ? Et qu'est-ce que c'est, ton opinion, au juste ? Je veux dire, si aucune obligation ne t'y contraignait... " rebondit-elle en se disant vaguement qu'elle fouinait sûrement beaucoup trop loin, pour s'adresser à quelqu'un qu'elle venait tout juste de rencontrer, aussi adorable soit-il.

Elle s'aventurait en terrain épineux. Tout ça était sûrement très personnel, et cela se trahissait, qu'il avait encore des comptes à régler avec certains de ses camarades. Le problème venait-il du fait qu'il prenne le parti des nés-moldu, ou justement du fait qu'ils n'en veuille pas ? Tout ça demeurait un peu confus aux yeux de la Serdaigle. Il devenait compliqué de ne pas trahir sa position, et pourtant, elle avait été totalement d'accord avec elle-même depuis ce jour dans le Poudlard Express où elle avait répondu que ses deux parents étaient deux sorciers. Le domaine du sensible n'entrerait pas en jeu, elle était une pro sang pur. Elle acceptait quelques exceptions en fréquentant quelques sangs-mêlés, dont faisait partie Rhea, qu'elle n'aimait toutefois pas vraiment présenter aux autres, à ceux de la bande. Et elle méprisait les sangs de bourbe, ceux qui ne méritaient pas d'étudier la magie. Il n'y avait pas de parti pris, pas de nuance, c'était comme ça que c'était censé se passer, point à la ligne, au moins le directeur ne s'intéresserait pas à son dossier. Elle n'avait pas eu de contacts avec sa mère biologique depuis l'âge de quatre ans, et ignorait pratiquement tout d'elle, mais il ne faudrait sans doute qu'une demi-journée pour le ministère afin de retrouver sa trace si le besoin s'en faisait ressentir. Et si par malheur cette dernière était née moldue, elle serait cuite.

« Tu... comprends...? »

Elle essayait du moins, n'était-ce pas un excellent début ? Dan avait l'air si gentil qu'elle aurait voulu automatiquement lui répondre que oui, que l'intérêt de se protéger prenait le dessus. Mais que cette culpabilité devant les lits vides de Fursy et de Hope refusait de disparaître, malgré les efforts qu'elle mettait à contribution pour chasser ces derniers de sa tête. La vie était encore moins supportable pour eux qui vivaient désormais dans des conditions épouvantables, dépourvues de toute forme de loisir et d'apprentissage, avec des moyens d'hygiène douteuse et l'obscurité pour seule amie.

" Je pense, oui. Les conditions ne sont pas idéales pour se positionner. Notre conscience tendrait à prendre le parti des opprimés. Pour ma part, je ne veux pas de ça. C'est trop à assumer. " répondit-elle en baissant ses yeux vers ses pouces qui se battaient désormais en duel.

Elle ne s'étendit pas davantage sur le pourquoi du comment, optant pour ne pas en dire davantage. La gentillesse du Poufsouffle était sans égale, mais pas suffisante pour qu'elle veuille bien risque tout ce qu'elle avait construit, alors qu'elle avait de la chance que Candice et Elijah aient tenu leur langue tout ce temps. Dan la prendrait peut-être pour une sorte de monstre sans coeur incapable d'éprouver de la compassion, mais c'était tant pis, depuis bien longtemps le choix était fait, et il était trop tard pour revenir dessus. Comme il l'affirmait, il ne regrettait pas…

« Tu peux dire de moi, mais je ne sais pas grand chose de toi non plus, finalement. Tu n'as même pas daigné me dire dans quelle année tu étais, tout à l'heure, triste histoire. »

Le ton avait changé, et il semblait que cette fois-ci, le ton léger de leur début de conversation revenait en force, pour le plus grand plaisir de Tracy. Elle s'accordait à dire que les choses qui se passaient dans les sombres galeries du château étaient plus que terribles, mais se battre pour une cause vraisemblablement perdue ne lui tenait pas à coeur. C'était triste pour les nés-moldus, mais ils ne s'en sortirait pas. Mc Gonagall était morte, et remplacée. Il n'y avait plus rien à faire pour eux, et même si la Serdaigle en éprouvait quelque culpabilité, il était trop tard. Il était inutile de se battre, et même si cela impliquait de continuer à jouer ce rôle, tant pis, elle avait le droit à sa vie d'adolescente normale. Elle sourit donc au Poufsouffle, jouant avec une de ses mèches qu'elle enroulait et déroulait autour de son doigt, et lui répondit.

" Quatrième, et toutes mes dents. Je fais ça à mi-temps en plus de mon job d'éleveuse de dragons, ça me retarde un peu dans les études, si jamais te prend l'envie de rire de moi du haut de ta sixième année. " poursuivit-elle sur le ton de la plaisanterie, ravie que la conversation ait retrouvé un certain équilibre.

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Année : 5ème année - 15 ans

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Et plus en détails ?
Statut Sanguin: Né-Moldu
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Epouvantard: Une meute d'oiseaux en plein vol
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Je fermerai les yeux pour que
tu puisses mieux en profiter
Tracy & Rioghbhardan

Croiser des gens à Poudlard, c'est quelque chose de courant. Y croiser des gens dignes d'intérêt, c'est une autre histoire. Et cette gamine, là, je ne suis pas sûr que sans l'heure du courrier, elle puisse en avoir le moindre. Elle n'a pas l'air méchante pour une Noise, bien sûr, mais la gentillesse ne fait pas tout. Je ne me suis jamais intéressé à qui que ce soit parce qu'il avait l'air sympa. « Oh, je ne voudrais tout de même pas abuser, autant te laisser croire encore un peu que j'ai quelques manières. » Elle rit, sourit, semble s'amuser de notre conversation. J'en attendais pas moins ! Peut-être que je me plante mais j'ai l'impression d'être sur la bonne voie. Bientôt, on se reverra. Je ne sais pas ce que ça donnera mais on se reverra. Et j'ai bon espoir pour que ce soit le premier rendez-vous d'une longue série. Je n'ai pas peur de perdre mon temps. Qu'importe s'il faut des semaines pour parvenir à ce que je veux. On ne peut pas dire qu'il y ait beaucoup mieux à faire dans les environs depuis qu'on nous a interdit de sortir. C'est une occupation comme une autre. Certains veulent sauver à eux-seuls tous nos camarades captifs, bah moi je garde les pieds sur terre et joue à un jeu dont je connais à peu près les règles. « J'apprécie le geste. » Je souris de nouveau. Cette matinée est forcément la plus agréable qui m'ait été donné de vivre depuis un moment. Ça n'est pas tous les jours qu'une fille charmante accepte de me faire une place à sa table après tout. « Mais c'est une peine que tu ne devrais pas prendre. Tu te rendras vite compte que, moi, j'en ai aucune. » Un clin d'oeil taquin et mon sourire s'agrandit. Je ne sais pas si c'est aussi faux que ça. Ça dépend des jours et des gens, je crois. Je peux ne rien avoir à envier aux grands de ce monde ou presque, me tenir irréprochablement et tout ce qui s'en suit, comme je peux donner envie de me virer salement tant je manque de correction. Je ne sais pas ce qui est vraiment « moi » dans tout ça. Ma mère m'a bien élevé. Enfin je crois. À peu près en tout cas... Oui, non, j'en sais rien... J'imagine que ça n'est pas très important. Et je n'ai pas le temps de me poser la question plus longtemps qu'on joue dans un autre registre.

Confidences et Tragédie. Après tout pourquoi pas. Tant que ça lui donne l'occasion de s'apitoyer sur mon sort et de voir en moi un pauvre garçon perdu, je ne dis pas non ! « C'était… tu veux dire qu'ils ne le sont plus ? Et qu'est-ce que c'est, ton opinion, au juste ? Je veux dire, si aucune obligation ne t'y contraignait... » C'est qu'elle n'y va pas avec le dos de la cuillère, cette petite ! Pour quelqu'un qui prétendait ne vouloir aucune justification ni rien, elle creuse pas mal et me pousse sans cesse à parler davantage ! Dans d'autres circonstances, je l'aurais certainement mal pris et aurais fini par me taire d'un air boudeur. Mais ça n'est pas vraiment dans mon intérêt pour l'instant. Elle a l'air intéressé, autant ne pas perdre ledit intérêt. « J'en sais trop rien... » Un nouvel haussement d'épaules accompagne ces quelques mots alors que mon regard la délaisse pour s'intéresser une fois de plus à mon verre. « On se parle toujours un peu mais... Je crois que je les ai beaucoup... déçus...? Quelque chose dans ce genre-là... » Et je sais qu'il n'y a pas que des mensonges là-dedans. Milo n'a pas laissé beaucoup de place aux doutes la dernière fois. Pourtant, on était sur la même longueur d'ondes lorsque tout a commencé... Dire que ça ne me fait rien serait mentir. J'ai un peu de mal à me faire à l'impression de solitude et d'abandon que cette conversation a laissé. « Je n'ai pas l'intention de me mêler de ce qui ne me regarde pas. C'est triste, ce qui leur arrive, mais ça ne sont pas mes affaires. » C'est la première fois que je l'exprime aussi clairement. Il manque juste un petit « je préfère me sauver que les sauver » et le tableau du parfait petit poltron égoïste que je suis serait total. Mais je me retiens. Je ne sais pas dans quelle mesure les sang-purs sont engagés de l'autre côté, alors faire comprendre que j'agis seulement à cause de la peur ne serait sûrement pas une idée brillante. Là, je suis juste parfaitement égoïste, un peu con sur les bords à la limite. Assez en tout cas pour tirer un trait sur ses proches seulement parce qu'un tyran le lui demande. Je n'ai pas adressé la parole à Keagan depuis Halloween et me contente seulement de désespérer devant l'absence qu'il laisse dans notre dortoir. « Et... ça ne plaît pas à tout le monde, par chez nous. C'est limite si on attend pas de moi que je prenne les armes demain pour aider à délivrer le château... Sauf que c'est ni dans mes cordes, ni dans mes plans. » On, il... Du pareil au même. Quant à la contrainte qu'elle évoquait... Je ne sais pas si elle a vu les opposants se faire torturer sous nos yeux avant le dîner, mais moi je vois ça comme tel, en tout cas. C'est un peu une question de vie ou de mort, cette histoire. J'exagère à peine. Pourtant, les heures qui se sont enfuies depuis l'entrevue catastrophe me font douter. Non pas que la situation ait changée ou que les risques se soient amoindris mais je me sentais plus en sécurité quand ce « nous » idiot né pendant la bataille existait encore. Je le sentais plus en sécurité peut-être aussi... C'est surtout ça. Oh, bien sûr, il est grand, il sait s'occuper de lui tout seul, j'ai bien compris. Mais ça ne change rien. C'est stupide. C'est un môme capricieux, rien de plus, je ne lui dois rien, certainement pas de renoncer à quoi que ce soit simplement parce qu'il le veut. Lui ne paraît pas décidé à abandonner ses envies de conneries pour moi, il n'y a aucune raison que je le suive seulement parce que j'ai peur qu'il lui arrive quelque chose. Ça ne serait pas de ma faute, j'ai fait ce que j'ai pu pour l'en dissuader. Ce qui n'empêche pas la culpabilité... « Je pense, oui. Les conditions ne sont pas idéales pour se positionner. Notre conscience tendrait à prendre le parti des opprimés. Pour ma part, je ne veux pas de ça. C'est trop à assumer. » J'observe ses mains un instant, son geste semble un peu nerveux, et finis par y poser la mienne, comme en soutien. Je ne suis pas sûr qu'elle comprenne réellement mais ça ne fait rien, si elle a l'air de le penser, alors laissons-la faire. Je ne m'attarde pas pour autant, faussement mal à l'aise par ce contact alors que la conversation trop personnelle a installé une atmosphère intime autour de nous. Le monde n'existe plus et c'est presque indécent d'oser poser la main sur elle, tout ça tout ça. Je suis un garçon sage, vous comprenez ?

Une seconde plus tard, je décide de laisser la conversation reprendre sa route, la vraie, l'innocente, loin des confidences et de la tyrannie. « Quatrième, et toutes mes dents. » Son sourire en fait naître un sur mes lèvres alors que j'observe ses doigts jouer avec ses cheveux. C'est quoi ça ? Le stress ? La volonté de jouer les grandes ? J'en sais trop rien. Helen le fait souvent avec un sourire enjôleur et enfantin, jouant les midinettes ridicules pour obtenir ce qu'elle veut. Mais bon, là, ça n'aurait pas trop de sens. Je suis ouvertement disposé à lui offrir ce qu'elle pourrait bien vouloir. « Je fais ça à mi-temps en plus de mon job d'éleveuse de dragons, ça me retarde un peu dans les études, si jamais te prend l'envie de rire de moi du haut de ta sixième année. » Je ris discrètement en secouant la tête. Loin de moi l'envie de prendre quiconque de haut avec ça. Je serais mal placé de toute façon... C'est pas comme si j'aurais dû finir ma septième année, là, en juin, mais un peu quand même. « Oui, j'imagine... » J'entre dans son jeu sans la moindre hésitation et mon air exagérément intéressé et volontairement peu crédible n'en est que la preuve la plus évidente. « Je savais pas qu'on avait le droit de travailler à Poudlard... » Il faudrait peut-être que je me renseigne. Il y a un véritable manque à gagner avec l'année scolaire... « Tu fais ça depuis longtemps ? Et tes dragons, alors, ils sont où ? Ça ne doit pas être facile à cacher dans le château... » Je feins de chercher dans mes souvenirs le moindre indice concernant la présence de dragons dans les environs mais finis par abandonner, bredouille. « Tu dois prendre des risques énormes... Et être brillante pour qu'il ne te soit rien arrivé avec ces bêtes-là... » En tout cas, il n'y a pas à dire, c'est quand même bien plus agréable comme ça. La légèreté de la conversation me ferait presque oublier le devoir de métamorphose qui m'attendra bientôt...
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Message(#) Sujet: Re: [ANNÉE 2022 - 2023] Je fermerais les yeux pour que tu puisses mieux en profiter ☾ Dan & Tracy - TERMINÉ [ANNÉE 2022 - 2023] Je fermerais les yeux pour que tu puisses mieux en profiter ☾ Dan & Tracy - TERMINÉ EmptyVen 6 Jan - 20:55


Je fermerais les yeux pour que tu puisses mieux en profiter
Rioghbhardan & Tracy

"J'apprécie le geste.  Mais c'est une peine que tu ne devrais pas prendre. Tu te rendras vite compte que, moi, j'en ai aucune."

Cette distraction tira un léger rire à la Serdaigle. C'était surprenant ce que ça faisait du bien de rencontrer quelqu'un avec qui l'on accrochait aussi bien dès le début. Pour quelqu'un comme elle qui éprouvait beaucoup de difficultés à se lier d'amitié, elle avait eu de la chance que quelqu'un comme Dan jette son dévolu sur elle. Il était drôle, plein d'esprit, intéressant… et plutôt mignon ne put-elle s'empêcher de faire la remarque en l'étudiant, avant d'empêcher ses capacités cognitives d'aller plus loin dans ce sens. Certes, il y avait un aspect énigmatique chez lui que Tracy mourrait d'envie de décrypter, puisque chacune de ses phrases semblait contenir une tonalité plus vague, et parfois même, un élan de nostalgie ou d'amertume, camouflé par un peu d'entrain. " Ça, c'est ce que tu penses, quand je t'aurais confié la liste de mes requêtes dans son intégralité, c'est toi qui criera grâce. " Ce jeu de rôles qu'elle se donnait avait quelque chose d'amusant, et cette conversation lui plaisait de plus en plus.

« J'en sais trop rien...  On se parle toujours un peu mais... Je crois que je les ai beaucoup... déçus...? Quelque chose dans ce genre-là... »


Tracy pinça ses lèvres en baissant ses yeux vers ses doigts entrecroisés sur la table. Le ton que prenait la conversation commençait à devenir un peu plus dramatique, et elle ne se sentait pas particulièrement à l'aise à l'idée d'entraîner le Poufsouffle sur une pente qu'il n'avait visiblement pas très envie de dévaler. Il n'était pas dans ses habitudes de servir de confidente, sauf parfois quand Rhea avait des ennuis. Chez sa bande à elle, ils ne rencontraient pas de problème de ce type. Naïa ressentait souvent ce besoin de se plaindre de son "idiote de demi-soeur", et hormis les divers crêpages de chignon, Tracy n'était pas certaine de les avoir entendus se confronter à des soucis plus gros que le fait de côtoyer des nés-moldus dans les couloirs. Candice était de meilleur conseil qu'elle lorsque l'on cherchait une épaule sur laquelle se reposer, ou quelqu'un à qui se confier. " J'espère que ce n'est pas irrémédiable comme situation… enfin si ça te gêne d'en parler tu n'es pas obligé de le faire, seulement si tu en as envie. " Elle n'avait pas envie de le refroidir alors qu'il avait commencé à s'étendre un peu du côté personnel, mais pas non plus envie d'investir son espace vital.

« Je n'ai pas l'intention de me mêler de ce qui ne me regarde pas. C'est triste, ce qui leur arrive, mais ça ne sont pas mes affaires. »

Un élan d'empathie s'empara de Tracy qui était sur le point d'entourer les épaules de Dan de son bras, avant de se rappeler que tant de proximité alors qu'ils venaient de se rencontrer ne serait sûrement pas bienvenu. En même temps, son interlocuteur paraissait si gentil qu'il n'y redirait sûrement pas grand chose, mais elle n'avait pas non plus envie de le mettre mal à l'aise alors qu'elle voulait simplement le réconforter. Il avait sûrement d'autres amis qui le connaissaient depuis longue date, et qui sauraient occuper cette fonction bien mieux qu'elle… D'autant plus qu'elle serait très mal placée pour le faire. C'était parce qu'elle contribuait également à "ce qui leur arrivait" qu'elle n'avait aucun droit de les plaindre ou de s'attrister sur leur sort. Cela faisait des jours que sa propre cousine se trouvait aux cachots et avait désormais pour principale occupation de faire briller les dalles du château une par une, et pourtant elle n'avait rien fait pour l'aider, elle ne lui avait même pas écrit. En même temps, si cela impliquait que l'un des hommes du directeur tombe sur une lettre qui la compromettait, et reconnaissait des liens familiaux avec une née-moldue… Est-ce que Dan était dans la même position qu'elle ? A Poufsouffle, il connaissait très certainement un bon nombre de ceux qui avaient fini dans les catacombes du château.

« Et... ça ne plaît pas à tout le monde, par chez nous. C'est limite si on attend pas de moi que je prenne les armes demain pour aider à délivrer le château... Sauf que c'est ni dans mes cordes, ni dans mes plans. »


Hochant la tête en signe d'acquisition, le regard de Tracy balaya le reste de la grande salle, au sein de laquelle la présence d'élèves s'était considérablement réduite. Cette même sensation, elle la connaissait, et se sentait ainsi en le Poufsouffle une personne qu'elle avait longtemps cherchée, celle capable de la comprendre entièrement. Elle ignorait ce qu'il en était au niveau de son ascendance, ce n'était pas très clair, mais c'était fou comme il parvenait à mettre des mots sur le sentiment qui l'animait depuis la prise du château, et pour cause, il ressentait la même chose. Etait-il, lui aussi, bien ce qu'il prétendait être ? " Ça ne servirait à rien de toute manière. Tout ça va bien au delà du château, les nés-moldus ne sont même plus pris en charge à Sainte-Mangouste. Et dans une telle situation, mieux vaut ne plus en être un du tout. Je ne vois pas ce que tu pourrais faire pour arranger ça, c'est un conflit qui dépasse de loin notre entendement. " C'était peut-être un peu radical, et tout le monde n'était pas d'accord, mais c'était vrai. Et c'était aussi vrai pour elle. Si l'on remontait suffisamment loin dans les recherches de ses origines, l'on aurait tôt fait de la placer aux cachots avec Niamh. Dan avait raison : tout cela les dépassait, et rien n'était en leur pouvoir pour contribuer au redressement du château. " C'est un peu pareil chez nous, pratiquement plus personne ne se parle, les sangs-mêlés sont assez remontés, alors je n'ai pas de peine à imaginer ce que ça doit donner par chez toi. " Elle s'arrêta en sentant la main du jeune homme se poser sur la sienne, et sans toutefois le montrer, se retrouva quelque peu surprise par ce geste et sa délicatesse. Il n'y avait très sûrement aucune intention autre que de la pure bienveillance derrière ce dernier, mais le manque d'habitude rendit ce contact aussi soudain pour elle qu'un électrochoc. Elle s'appliqua donc à ne pas le montrer, et prolongea son sourire sans mettre fin à cette étreinte manuelle.

« Oui, j'imagine...  Je savais pas qu'on avait le droit de travailler à Poudlard... Tu fais ça depuis longtemps ? Et tes dragons, alors, ils sont où ? Ça ne doit pas être facile à cacher dans le château... Tu dois prendre des risques énormes... Et être brillante pour qu'il ne te soit rien arrivé avec ces bêtes-là... »

La conversation avait repris sur le même ton plus léger que lorsqu'elle avait commencé, et ils s'étaient remis à discuter comme deux amis de longue date, c'était même sûrement ce dont ils avaient l'air aux yeux de ceux qui se trouvaient encore au sein de la grande salle, et qui avaient encore un peu de temps pour s'en soucier. Eleveuse de dragons… dans ses rêves peut-être, elle ne saurait sûrement pas y faire. Mais l'idée lui plaisait bien, même pour plaisanter dessus.

" Je t'embaucherais si tu veux. C'est moi la patronne. Enfin ça dépend, tu résistes jusqu'à quel degré en termes de brûlures ? " répondit-elle d'un ton enjoué. " Depuis un bon moment en effet, mais ce sont les prédispositions qui font tout. Et je vois en toi un potentiel énorme ! J'espère que tu n'as rien prévu d'autres en ce qui concerne l'avenir. "

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Je fermerai les yeux pour que
tu puisses mieux en profiter
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Cette fille pourrait sûrement être une amie de Jackson, le genre dont je serais resté loin avant de me foutre gentiment de sa tronche une fois partie. Parce que les amis du troupeau ne sont pas forcément mes amis, bien loin de là. Pourtant, le destin est assez fourbe aujourd'hui. Mais je ne m'en plains pas. La distraction n'est pas désagréable et je me surprendrais presque à espérer qu'elle dure encore. Histoire d'être certain que les bases d'une relation digne de ce nom soient posées avant que je ne prenne enfin le chemin des salles de classe. Ce serait dommage que tout s'arrête là alors qu'on a probablement plein de jolies choses à vivre ensemble, elle et moi. Elle n'en a juste pas encore tout à fait conscience, mais ça viendra. « Ça, c'est ce que tu penses, quand je t'aurais confié la liste de mes requêtes dans son intégralité, c'est toi qui criera grâce. » Je laisse glisser sur elle un regard dubitatif et brillant de défi. Si elle veut jouer à ça, et bien jouons ! Tant que c'est réalisable, ce sera réalisé, évidemment. Après tout, je ne suis qu'un garçon trop gentil et un peu idiot qui ne veut rien d'autre que faire plaisir à une jolie fille. La routine quoi. Sans arrière-pensée, sans intérêt, rien du tout. Cela va de soi. « Je demande à voir. » Mon sourire ne me lâche plus et il est évident que je prends vraiment plaisir à partager ce moment avec elle. Autour de nous, le monde s'enfuie. Beaucoup ont cours, les autres préfèrent sûrement profiter des quelques rayons de soleil que le temps nous offre aujourd'hui. Ça ne durera certainement pas. Le froid, la neige, le vent, tout ça va nous tomber dessus bien vite. Je n'ai pas vraiment hâte. J'ai toujours le choix entre mourir d'hypothermie et avoir l'impression de faire quarante kilos de plus... L'hiver, c'est le mal absolu. Enfin qu'importe, ça n'est pas comme si on nous laissait le choix. Et puis, s'il m'apporte des après-midis interminables à passer auprès d'un feu à l'écouter me raconter sa vie, je dis oui. Plus j'en saurai mieux ce sera, de toute façon.

Et visiblement, elle semble du même avis puisqu'elle prend un malin plaisir à appuyer là où c'est sensé faire mal pour me pousser à me dévoiler davantage. À tes ordres, ma jolie. « J'espère que ce n'est pas irrémédiable comme situation… enfin si ça te gêne d'en parler tu n'es pas obligé de le faire, seulement si tu en as envie. » Je hausse les épaules, à mi-chemin entre la gêne et le soulagement. Ça me gêne d'en parler, c'est certain, mais c'est tellement bon de trouver une oreille attentive que je n'ai pas envie de laisser ses questions sans réponse. Qu'elle réalise bien que ça ne m'arrive pas tous les quatre matins d'étaler comme ça. Ou presque. Je n'aime pas faire des secrets inutiles. Ma vie s'étale généralement aux yeux du monde pour faire oublier qu'il subsiste des zones d'ombre. J'en donne tellement à voir qu'on a l'impression de tout connaître. Mais elle n'est pas censée le savoir. Et puis, il faut bien avouer qu'Halloween est encore trop récent pour avoir eu le temps de tout expliquer à qui voulait l'entendre. On peut dire qu'elle a l'exclusivité de l'information, en quelque sorte. N'empêche, c'est un peu n'importe quoi, elle ne me laisse pas le temps de souffler et prend la peine de prétendre ne pas m'obliger à quoi que ce soit. À d'autres, hein ! « Ahm... Ça va, ça me gêne pas trop... » Difficile de savoir dans quelle mesure je le fais pour elle et j'espère qu'elle réalisera qu'elle n'est pas étrangère à tout ça. Alors je reprends mes confidences et lui en offre toujours davantage. C'est ce qu'elle a l'air de vouloir, non ? Et moi, je ne demande rien en retour. Je n'ai pas envie qu'elle pense que je m'ouvre pour qu'elle le fasse également. Je ne suis pas assez calculateur pour ça. « Ça ne servirait à rien de toute manière. Tout ça va bien au delà du château, les nés-moldus ne sont même plus pris en charge à Sainte-Mangouste. » C'est vrai que ça va loin, désormais. C'est à se demander s'il y a quelqu'un qui pourra nous venir en aide, un jour ou l'autre. On a plus le droit de sortir, on peut tirer un trait sur les vacances de Noël... Mais cet été, hein ? Ils ne vont tout de même pas nous garder cet été ? Lucan me manque, ma mère me manque, tout le troupeau me manque... Même Patrick me manque. Je veux rentrer. Je ne suis pas certain de faire le chemin inverse, en revanche. Peut-être que la peur d'en être éloigné à nouveau pour de bon me poussera à rester sur notre île. Ça ne serait sûrement pas pire qu'ici, de toute façon. Milo doit avoir raison, dans le fond. Si on ne fait rien, personne ne fera rien. Parce qu'au dehors, c'est la même chose qu'ici. Non, c'est idiot. Ça finira bien par cesser, tout ça. Sans qu'on ait à bouger le petit doigt. « Et dans une telle situation, mieux vaut ne plus en être un du tout. Je ne vois pas ce que tu pourrais faire pour arranger ça, c'est un conflit qui dépasse de loin notre entendement. » Je hoche doucement la tête. Il faut voir le bon côté des choses : elle ne me reprochera pas mon inaction, elle. Tant mieux ! Je me serais mal vu avoir à me bouger pour la mettre dans ma poche. Si je ne le fais pas pour... Non. Qu'importe. Je ne suis pas prêt à changer de façon de faire pour qui que ce soit, fin de l'histoire. Elle probablement moins que les autres d'ailleurs. « Tout le monde ne voit pas les choses comme ça. Et puis, si ça avait été possible de lutter, on en serait certainement pas là aujourd'hui, ils ont déjà essayé. » Je balaye tout ça d'un geste absent et soupire. Cette rencontre aura au moins eu le mérite de me rassurer un minimum : je ne suis pas le seul couard de ce château. Bien sûr, la culpabilité n'y change rien et ça n'est pas elle que j'aurais aimé voir me rassurer mais c'est sûrement toujours mieux que rien. Je saurais probablement faire avec ça également. « C'est un peu pareil chez nous, pratiquement plus personne ne se parle, les sangs-mêlés sont assez remontés, alors je n'ai pas de peine à imaginer ce que ça doit donner par chez toi. » Je hoche à nouveau la tête. Est-ce que c'est vraiment comme ça chez nous, en réalité ? Je n'en ai pas la moindre idée ! J'ai cru comprendre que Bella n'était pas en train de chercher une solution pour les sauver mais plutôt pour prendre la fuite, ce que j'approuve à cent pour-cents, j'ai du mal à imaginer Shiver risquer sa manucure pour des gens qui ne lui apporteront rien et je pense que Sibylle suivra le mouvement... Après tout, on ne l'a pas sauvée pour qu'elle aille se suicider trois jours après, hein ! En dehors de Milo, je ne connais pas grand monde qui soit prêt à se battre bec et ongles chez les jaunes. Mais je ne regrette pas d'avoir joué le martyr, elle semble s'être un peu attachée. Juste assez pour faire son possible pour m'apporter son soutien. Adorable, n'est-ce pas ? Un peu stupide, aussi...

Je lâche sa main après quelques secondes et ne donne pas de raisons à ce sujet de s'étendre davantage. Assez pleurnicher ! Je ne suis pas là pour parler sang-de-bourbe pendant dix ans, si la seule chose qu'on a fait est nous plomber à moitié le moral (même si j'imagine qu'elle doit bien vivre la situation, elle) elle ne voudra jamais qu'on se revoie. Ce serait totalement contre-productif ! « Je t'embaucherais si tu veux. C'est moi la patronne. Enfin ça dépend, tu résistes jusqu'à quel degré en termes de brûlures ? » Je ris, amusé par la plaisanterie, alors que je ne peux m'empêcher de m'imaginer ces bestioles énormes et immondes. Les animaux et moi, vous savez... Vous avez eu l'occasion de le remarquer cet été, n'est-ce pas ? À croire que le hasard veut vraiment que l'on se rapproche tous les deux... J'espère seulement que la prochaine fois qu'il nous mettra dans la même galère, ce sera plus positif. Qu'on pourra en profiter pour discuter, pour passer un moment correct à défaut d'être agréable. « J'imagine que quand ça commence à sentir le cramé c'est que je résiste plus très bien ? » En réalité, je suis une véritable chochotte. J'imagine que ça ferait bien rire nos geôliers s'ils devaient me torturer. Me voir commencer à appeler ma mère alors qu'ils n'auraient même pas encore commencé... Youhou. Génial ! « Depuis un bon moment en effet, mais ce sont les prédispositions qui font tout. Et je vois en toi un potentiel énorme ! J'espère que tu n'as rien prévu d'autres en ce qui concerne l'avenir. » Je secoue la tête en grimaçant légèrement avant de m'étirer le plus discrètement possible. À présent, il ne reste presque plus que nous. Cinq élèves sont assis à la table des Gryffondor, bien loin, et puis plus rien. Je ne sais pas depuis combien de temps nous sommes là à papoter, regarder l'heure risquerait de la laisser penser que je m'ennuie. Ça ne serait pas particulièrement faux, évidemment, je pourrai avoir bien mieux à faire que de tenir compagnie à une gamine mais autant qu'elle n'en ait pas conscience. « Au risque de te décevoir, je ne suis pas certain d'avoir le profil requis pour le poste. Je n'aime pas beaucoup les animaux et... en général ils ne m'aiment pas franchement non plus alors... » J'ai presque l'air désolé de casser son truc. Juste parce que je suis un peu une flippette parfois, c'est dommage quand même. « Mais si y'a moyen de t'aider malgré tout, je suis ton homme ! » Je ris discrètement avant de lui offrir un sourire sincère, comme si j'étais vraiment prêt à lui filer un coup de main au besoin sans la laisser croire une seule seconde que je suis assez stupide pour la prendre au mot. Je veux bien avoir l'air gentil mais pas complètement débile non plus...
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Rioghbhardan & Tracy

"Je demande à voir. "

Tracy laissa ses commissures de lèvres s'étirer en un nouveau sourire. Il avait beau l'inviter au défi, elle se retrouvait toutefois flattée de l'intérêt qu'il lui témoignait. Leurs chemins n'auraient peut-être jamais eu à se croiser, lui étant un brin plus âgé et appartenant à une autre maison, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il avait merveilleusement bien fait de franchir cette barrière qui les séparait, autrement, peut-être n'auraient-ils jamais eu l'opportunité de sympathiser. Et la Serdaigle avait bien besoin de se sentir entourée ces derniers temps… En réalité, entourée, elle l'était. Elle pouvait se considérer sous la protection des jumeaux Rosenberg, et Cissy, Duke, Aniek et les autres étaient tout de même bien présents. Concernant Rhea, c'était plus compliqué avec les circonstances actuelles. Elle l'adorait, c'était une évidence, mais ne pouvait également s'empêcher de se demander si leurs chemins seraient un jour appelés à se séparer. Leurs opinions étaient différentes, trop différentes, et elles avaient beau tenter d'en faire abstraction, feindre de ne rien n'y voir, cette réalité lui ferait sans doute face un beau jour. La Gryffondor commençait à nourrir cette colère intérieure, celle qui voulait nourrir l'instinct de la révolte, celle qui était prête à se mettre en danger, à chercher un motif de renvoi pour porter préjudice à sa mère, à ne pas craindre les châtiments réservés aux nés-moldus. Elle, elle, craignait ces mêmes sanctions, et avait choisi de s'en préserver. Et même si elles feignaient de ne pas voir ce qui se passait, l'évidence était là : il y aurait certainement un affrontement, et elles ne feraient pas partie du même camp. Alors faire face à quelqu'un qui la comprenait si bien, qui était tout à fait capable de se mettre à sa place et se rendre compte que tenter quoi que ce soit face à la vague de haine qui avait submergé Poudlard était peine perdue, avait toutefois quelque chose de réconfortant, et ne pouvait l'empêcher de se sentir moins seule, dans ce brouillard épais. C'était comme si quelqu'un lui avait envoyé Dan pour éclairer son chemin trop obscurci. Alors forcément, non, elle ne ferait pas la difficile avec le jeune homme qui se révélait être une aubaine pour elle. " Alors c'est toi qui l'auras voulu, je te souhaite bonne chance à l'avance. Et j'espère aussi que tu es capable de mettre ta patience à rude épreuve. " Cette fausse assurance dont elle se parait était sa meilleure technique d'auto-défense, celle qui lui permettait de passer pour ces filles à l'aise en tout temps, comme Candice ou January, qui ne craignaient de personne d'être abandonnées, parce qu'elles savaient qu'elles ne le seraient jamais. Ce n'était pas le cas de Tracy. Elle savait qu'elle pouvait l'être, et ce à tout moment.

« Ahm... Ça va, ça me gêne pas trop... »

Toujours assise à ses côtés, tortillant ses doigts dans tous les sens et leur faisant réaliser des acrobaties manuelles destinées à camoufler sa gêne d'entrer en terrain miné, Tracy leva les yeux vers le jeune homme, tentant d'y percevoir un quelconque signe sur son état d'esprit. Peut-être ne souhaitait-il pas la gêner ou glisser un malaise au sein de leur conversation, bien qu'il soit très loin de le faire… Elle mourrait d'envie d'en savoir davantage, mais ne voulait surtout pas qu'il se sente oppressé par son envie d'en apprendre plus sur lui, d'autant plus si le contexte au sein duquel il avait été élevé était loin d'être idéal. "Alors sache que si tu veux en parler… même à l'écrit, la porte sera toujours ouverte. " C'était le moins qu'elle puisse faire, elle venait à peine de faire sa connaissance ! Elle ne pouvait décemment pas le contraindre à lui raconter toute sa vie ainsi alors que l'heure précédente, elle ignorait même jusqu'à l'existence d'un Dan à Poufsouffle. Quelle chance avait-elle eu qu'il se souvienne de son nom à elle aussi facilement, surtout en le surprenant au détour d'un couloir… Elle ignorait d'où lui venait ce pressentiment, mais elle avait très envie d'accorder sa confiance à ce garçon, et qu'il ait confiance en elle en retour, suffisamment en tout cas pour parvenir à se délester de ce qui le troublait. Ça n'arriverait sûrement pas ce matin, mais s'ils étaient amenés à se revoir… ? Accepterait-il, tout au moins ? Si elle ne lui avait pas fait trop mauvaise impression, peut-être bien...

« Tout le monde ne voit pas les choses comme ça. Et puis, si ça avait été possible de lutter, on en serait certainement pas là aujourd'hui, ils ont déjà essayé. »

La Serdaigle hocha la tête en signe d'acquisition. Il avait raison, et c'était ce qui l'avait poussée à prêter allégeance à ce directeur beaucoup trop terrifiant pour se révéler contre toute attente être un meneur finement choisi pour cette école. La peur avait mené toute ses actions jusqu'ici, et elle en était arrivée à un point où elle ne savait plus vraiment quelle direction prendre, même s'il était toutefois agréable de conserver sa place confortable dans le dortoir et d'être acceptée au sein d'une bande, bien que basée sur des préjugés douteux. Même durant la bataille, elle n'avait pas opposé de résistance, et s'était rangée là où on ne l'atteindrait pas : en retrait. Dan s'était-il battu contre les mangemorts ? Difficile à croire, étant donné qu'il évoquait la résistance comme "ils" et non comme "nous". Lors de la seconde guerre, bon nombre d'élèves avaient lutté également, et malgré le nombre élevé de pertes, ils avaient réussi. Aujourd'hui, elle avait décidé de ne pas relever le pari. Imaginer le visage de son père si on avait du lui annoncer qu'elle n'avait pas survécu à la bataille était trop difficile. C'était un moldu, il n'avait rien à voir avec ce monde-là, il ne comprendrait même pas comment c'était arrivé… C'était Elijah qui aurait pu en pâtir, après tout c'était lui qui se sentait le plus concerné par la cause, et Tracy se faisait déjà suffisamment de souci pour lui. Alors effectivement, même si cela impliquait de faire une croix sur son amour-propre, et de laisser sa propre cousine se faire enfermer comme une criminelle, cela faisait sans doute partie de l'ordre des choses. En s'interposant, elle aurait simplement reçu le sortilège du Doloris en plein dans les côtes, aurait été cataloguée comme traîtresse parmi ceux qui la considéraient comme l'une des leurs, et cela n'aurait strictement rien changé à la situation. " Je n'ai pas pris par à la bataille, en fait. Je ne crois pas que ce soit mon combat. " déclara-t-elle en tentant de masquer le sentiment de honte qui demeurait toutefois présent. " Est-ce que tu y étais, toi ? " Elle avait entendu parler de Nathan qui lui, avait directement attaqué une née-moldue. Elle ne s'était jamais risquée à le lui dire, puisqu'il était censé être son ami, et que ce n'était absolument pas dans son intérêt à elle de le faire, mais ce geste révélait plus que quelques préjugés douteux, une personnalité inquiétante, voire défaillante...

« J'imagine que quand ça commence à sentir le cramé c'est que je résiste plus très bien ? »

Ça, c'était davantage dans ses cordes. Plaisanter sur un sujet absurde que le fait d'être responsable à Poudlard de créatures aussi titanesques que des dragons ne demandait pas de s'interroger continuellement sur les réactions de son interlocuteur. Non qu'elle n'aimait pas discuter d'un sujet plus sérieux et important, mais pour une première conversation, elle n'était pas sans ignorer que la première impression était le plus souvent celle qu'on retenait. Or, elle n'avait pas forcément envie que Dan la catégorise comme une pauvre imbécile qui se cherchait encore, au lieu de savoir ce qu'elle voulait aussi fermement que le savait Aniek et les autres. La seule chose qui était parvenue à la convaincre de se confier, c'était de se rendre compte qu'il paraissait ressentir la même chose qu'elle, que lui aussi doutait, et que sa position parmi les Poufsouffles était pratiquement aussi compliquée que la sienne. Alors autant rebondir sur un sujet qui rendrait ces premières interactions un peu plus amusantes que de parler de malheurs, aussi elle ne retint pas le léger rire qui lui démangeait la mâchoire suite à sa plaisanterie. " Bon point. Tu vois ? Quand je te disais que tu avais des prédispositions. " En réalité, il ne devait pas être plus doué avec des dragons qu'elle-même, mais au moins, c'était beau de rêver, et de se projeter dans cette réalité alternative, aussi fantasmagorique soit-elle.

« Au risque de te décevoir, je ne suis pas certain d'avoir le profil requis pour le poste. Je n'aime pas beaucoup les animaux et... en général ils ne m'aiment pas franchement non plus alors...  Mais si y'a moyen de t'aider malgré tout, je suis ton homme ! »

Au moins, ça avait le mérite d'être honnête, et la Serdaigle eut du mal à retenir une moue faussement boudeuse devant son interlocuteur, feignant la déception, comme si elle attendait de sa part un réel engagement. Si elle avait réellement cherché à recruter, elle aurait sans doute demandé au garçon mignon de Gryffondor qui ne dissimulait nullement son amour des animaux, et peut-être pas au premier venu, aussi adorable soit-il, comme c'était présentement le cas de Dan. Mais c'était le jeu, et Tracy commençait à y prendre goût, tout en étant ravie du fait qu'il consente à bien vouloir l'aider. " Soit, ce sera suffisant. Mais attention, j'espère que ce n'était pas des paroles en l'air, je m'en souviendrais à l'avenir. " lui répondit-elle du même ton joueur, comme s'il s'agissait d'une compétition à laquelle l'un se mesurerait à l'autre. Ce n'était pas bien grave qu'il n'aime pas les animaux en fait, avec toutes ses allergies, elle avait du mal à en approcher un seul. Et il était si charmant avec elle qu'elle ne voyait pas même comme ce pourrait être ne serait-ce qu'une ombre au tableau.

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Je fermerai les yeux pour que
tu puisses mieux en profiter
Tracy & Rioghbhardan

La conversation suit lentement son cours et je la laisse faire. Elle a l'air à l'aise, assez pour se laisser aller à plaisanter comme si nous nous connaissions depuis un moment. Elle prend le risque de dire des choses qui pourraient déplaire et ça n'est pas une mauvaise chose. Un peu plus et j'aurais l'impression qu'elle se sent déjà en confiance. Mais je n'y crois pas vraiment pour autant. Une fille, aussi naïve qu'elle puisse être, ne tombe pas aussi facilement, n'est-ce pas ? J'imagine que ce serait trop simple... Mais dans tous les cas, c'est encourageant. Ça ressemble à s'y méprendre à la première d'une longue série d'entrevues qui me donneront, à terme, satisfaction. « Alors c'est toi qui l'auras voulu, je te souhaite bonne chance à l'avance. Et j'espère aussi que tu es capable de mettre ta patience à rude épreuve. » Je hoche la tête en riant. Évidemment, que j'en suis capable ! D'autant plus si je garde à l'esprit le but de tout ça. Elle semble en avoir oublié son balai et mon arrivée étrange pile à ce moment-là. C'est tant mieux ! Ça m'embêterait qu'elle commence à réaliser que la coïncidence est bien trop énorme pour en être une. Je n'ai même pas reposé les yeux sur l'engin, comme s'il ne m'intéressait pas et que sa seule existence était éclipsée par la présence de sa propriétaire. Aucune fille au monde ne peut éclipser une beauté pareille. Impossible ! Et celle-là encore moins que les autres. Elle est mignonne, a l'air gentille comme tout mais bon, pas de quoi s'en relever la nuit non plus. « Si tu t'attends à me faire désespérer, tu risques d'être surprise ! » S'il n'y avait que ça qui risque de la surprendre... Enfin, ça n'est pas vraiment mon problème, dans le fond, n'est-ce pas ? Je me contente seulement de faire ce pour quoi je suis là et si elle n'est pas assez perspicace pour comprendre d'elle-même de quoi il s'agit, ça ne me regarde pas. Ou quelque chose comme ça...

L'heure des confidences touche doucement à sa fin et je ne fais pas grand chose pour la prolonger. Elle a eu ce qu'elle voulait, tout le monde est content ! Je dois bien avouer que j'ai été un peu plus honnête que prévu mais qu'importe. Ça fait du bien de trouver quelqu'un qui comprend. Bien sûr, ça n'est pas auprès d'elle que j'aurais voulu pouvoir m'épancher aussi bêtement. Ça n'est pas elle qui aurait dû me comprendre (ou sembler me comprendre en tout cas). Il y a des gens dont je suis censé être proche qui sont à des lieues d'en faire autant. La voix de Milo résonne dans mon esprit mais je la chasse vite fait. Nous ne sommes pas vraiment proches. Il est juste là. Dans les parages. Tout le temps. Hmm... « Alors sache que si tu veux en parler… même à l'écrit, la porte sera toujours ouverte. » C'est surprenant. Mais carrément encourageant ! Je suis libre de retourner vers elle. Elle m'encourage même à le faire. Pour une surprise, c'est une sacrée surprise ! Elle est beaucoup plus réceptive que je ne l'avais imaginé. Je lui offre un sourire timide et un peu gêné. En réalité, je ne le suis pas le moins du monde. Bien sûr, elle aura de mes nouvelles prochainement. Ce serait dommage de laisser passer une si belle occasion ! « Merci. » Je rebaisse les yeux sur mes doigts, suivant l'une des rainures du bois sans que j'y fasse particulièrement attention. « Mais... » J'ai l'air mal à l'aise. La gentillesse dont elle fait preuve à mon égard me touche, vous comprenez ? Et je ne suis pas forcément habitué à ça venant d'une inconnue. D'autant plus que ça n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais en arrivant. Je voulais juste... faire sa connaissance. Pas qu'elle se montre aussi adorable. « J'ai pas envie de t'embêter plus longtemps avec ça. Tu as sûrement assez à faire de ton côté... » Je lui souris doucement, sans la regarder pour autant. Elle n'est pas ma psy. Elle n'a pas à subir les récits interminables de mes états d'âme seulement parce qu'elle a le malheur d'être agréable. « Je n'ai pas pris par à la bataille, en fait. Je ne crois pas que ce soit mon combat. » Je hoche lentement la tête. Nous sommes d'accord. Ça n'est pas notre combat. Pourtant, j'ai parfois un peu de mal à accepter de ne rien faire. Tout comme je n'arrive pas à me motiver à faire quoi que ce soit. Peut-être que ça n'est pas mon combat mais je n'y suis pas aussi étranger que j'aimerais l'être. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Toute cette histoire m'énerve. « Est-ce que tu y étais, toi ? » Cette fois, je secoue la tête. Je n'ai aucun mal à me rappeler les gamins, les bruits, les cris... Les coups dans la porte et la détresse de Milo... Je frissonne légèrement mais garde un air beaucoup moins affecté que je ne le suis en réalité. « Non. » Je ne rajoute rien. Je n'ai pas très envie de parler de ça. Sibylle étendue sur le sol, son sang sur mes doigts... La peur de mourir, celle qu'ils meurent tous... Non, décidément, je ne veux pas.

Alors la conversation prend un nouveau tournant. Beaucoup moins sérieux que le précédent. Et c'est tant mieux ! Ainsi, Madame aime les dragons ? C'est toujours bon à savoir. Je ne les trouve pas très attirants, personnellement... J'ai un peu de mal avec tout ce qui est faune, magique ou moldue. J'ai entendu dire qu'il y avait des acromentules géantes dans la Forêt, et rien que pour ça, je ne m'en approche jamais. Sait-on jamais... Que l'une d'elles s'égare et vienne longer l'orée... Son rire me tire sans mal un nouveau sourire. C'est une gentille fille, dans le fond. Sûrement trop. Mais bon, je ne suis pas là pour lui expliquer qu'elle devrait être plus méfiante. C'est tout à mon avantage. « Bon point. Tu vois ? Quand je te disais que tu avais des prédispositions. » Des prédispositions à finir en rôti ? Génial ! Tout ce dont j'ai toujours rêver ! Enfin, si ça lui fait plaisir de m'imaginer à ses côtés en train d'en découdre avec des bêtes féroces, pourquoi pas ! Mais je préfère être honnête avec elle malgré tout. Parce que si je le suis pour une bêtise comme ça au lieu de la laisser entrevoir ce qu'elle peut bien vouloir, c'est que je n'aime vraiment pas mentir, non ? Ni pour ça ni pour rien d'autres. À ce train-là, je vais finir par me présenter au concours de Mister Enfant de Chœur 2022 ! Et il n'y aurait aucune raison pour que je ne le remporte pas, bien évidemment. « Soit, ce sera suffisant. Mais attention, j'espère que ce n'était pas des paroles en l'air, je m'en souviendrais à l'avenir. » Je hoche à nouveau la tête avec tout le sérieux du monde. Pourtant, quand je repose les yeux sur elle, on a aucun mal à s'apercevoir que je ne le suis pas tant que ça et que je trouve un amusement sincère (crédible, n'est-ce pas ?) dans cette conversation. « Jamais de paroles en l'air. Question de principe ! » Vous vous en doutiez, j'en suis certain. Les quelques élèves qui restent encore passent derrière moi et je les suis du regard jusqu'à ce qu'ils disparaissent. Ça doit faire un moment que nous sommes là. Une heure, peut-être plus ? Je n'en sais rien. Mais je crois qu'il est temps de prendre congé et de la laisser attendre avec impatience le moment où nous nous retrouverons enfin. « Ne va pas croire que je m'ennuie avec toi, bien au contraire, mais il faudrait que j'aille finir de réviser avant mon contrôle de tout à l'heure... » Je grimace à la simple évocation de ce qui m'attend et soupire, désolé et pas très motivé à la quitter maintenant. « Mais j'espère qu'on se reverra bientôt. J'ai vraiment passé un super moment avec toi ! » Je finis par me lever et ramasse mon sac qui traîne à mes pieds depuis tout à l'heure. « Merci. Pour la conversation, pour la matinée... Tout ça. » Et, non sans une hésitation visible à des kilomètres, je dépose un bisou maladroit sur sa joue, comme l'aurait fait n'importe quel ami. « Ahm... P...passe une bonne journée ! » Je lui adresse un vague signe de la main, rougissant, et prends enfin le chemin de la sortie. Hors de sa vue, je lève les yeux au ciel et soupire. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire par intérêt, je vous jure...
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Je fermerais les yeux pour que tu puisses mieux en profiter
Rioghbhardan & Tracy

"Si tu t'attends à me faire désespérer, tu risques d'être surprise ! »

Elle était bien loin d’en avoir envie, mais puisque le jeu semblait consister à une partie de chat et de souris, alors que la partie continue… C’était toutefois surprenant de tomber d’entrée de jeu sur un garçon qui semblait déterminé à tisser des liens avec elle, mais certainement pas désagréable ! En réalité, elle adorait cet échange, tout en se félicitant intérieurement de ce défi contre elle-même qu’elle venait de remporter. Visiblement Dan ne s’ennuyait pas avec elle, même si elle était encore bien loin de se considérer comme étant « de bonne compagnie ». Elle jouait les enfants capricieuses pour avoir droit à une part de tarte, mais au fond il lui aurait proposé de sécher le repas tout entier que l’idée lui aurait convenu. « Merci. Mais...  J'ai pas envie de t'embêter plus longtemps avec ça. Tu as sûrement assez à faire de ton côté... » La Serdaigle mourrait d’envie de lui répondre qu’il ne la dérangeait pas le moins du monde, néanmoins elle craignait que le jeune homme ne la trouve trop insistante. Et pour une première rencontre, elle n’était pas spécialement emballée par l’idée que la première impression qu’elle laisse à son interlocuteur soit celle d’une fouineuse. Aucune obligation ne la contraignait à quoi que ce soit, à dire vrai elle n’avait pas cours avant le début de l’après-midi, mais elle ne pouvait décemment attendre de la part d’un garçon qu’elle venait tout juste de rencontrer qu’il s’étende en mille confidences. Un peu de discrétion de sa part s’imposait, et à moins que le jeune homme ne manifeste le désir contraire, elle était tout à son écoute. Le temps d’un instant, elle avait eu cette sotte idée, selon laquelle il partageaient la même situation. Que ce soit par une ascendance douteuse, ou par cette sensation de ne pas se trouver à la bonne place, peut-être qu’elle était davantage liée à Dan qu’elle ne le pensait. Mais c’était un sujet délicat, très délicat, et elle le savait mieux que personne. Ce genre de choses qui ne pouvaient même être évoquées à haute voix tant il valait mieux qu’elles demeurent sécrètes… En attendant, elle ne pouvait s’empêcher de compatir sans en donner l’air. Ce qui se passait du côté de sa famille et de sa maison ne devait pas tous les jours être évident à vivre après tout. « Non. » Ce furent les seules paroles qu’il prononça en guise de réponse à sa question… Au moins Tracy savait précisément ce qu’il en était. Elle non plus n’avait pas participé à cette bataille. Il lui arrivait parfois de le regretter, de se dire qu’elle aurait pu contribuer à faire en sorte que cette situation ne survienne jamais… Mais c’était trop de risque à prendre, pas sous l’oeil de ses amis qui s’attendaient visiblement à ce qu’elle laisse faire tout ça. La situation des nés-moldus était certes compliquée, pire que ce à quoi elle avait pu s’attendre en constatant avec horreur en seconde année qu’il était question de leur appliquer les lettres « NM » sur le dos de la main. A partir de ce moment-là, elle avait jugé qu’elle ne pouvait faire face à cette situation, et de toute évidence, Dan pensait la même chose qu’elle.

« Jamais de paroles en l'air. Question de principe ! » La conversation s’était départie de ce ton trop sérieux dont ils venaient de se parer. Finalement, c’était mieux comme ça, et au moins, à en croire les paroles du jeune homme, Tracy savait au moins qu’elle pourrait compter sur quelqu’un ! Du moins… elle aimait à le croire. Dans une situation comme la sienne, y aurait-il ne serait-ce qu’une personne dans le château à laquelle elle pourrait se fier ? Rien n’était certain, mais rien n’exigeait non plus qu’elle n’ait à le faire. Tant que son mensonge construit sur un château de cartes substitait, elle n’avait pas de raison de s’inquiéter de ceux qui lui tourneraient le dos lorsque la vérité éclaterait après tout ! « Parfait, je prends note. Et maintenant que je connais tes camarades de maison, je suis sûre que ces derniers n’hésiteront pas à me dire où trouver ton hibou si j’ai besoin d’assistance ! » répondit-elle avec malice. Elle doutait d’avoir besoin de le faire, mais après tout elle avait passé un si bon moment en sa compagnie ! Qui savait, peut-être que lui non plus n’avait pas passé une matinée si désagréable ? Peut-être que l’ordre des choses les amènerait à se revoir l’un et l’autre, elle le souhaitait en tout cas, quitte à feindre d’avoir besoin de lui. « Ne va pas croire que je m'ennuie avec toi, bien au contraire, mais il faudrait que j'aille finir de réviser avant mon contrôle de tout à l'heure... » Elle aurait du s’y attendre puisqu’elle savait très bien que l’heure finirait par les rattraper, mais elle eut du mal à camoufler sa déception. Pourquoi fallait-il que ce soit déjà fini ? Peut-être avait-il simplement voulu se montrer poli en lui disant qu’il ne verrait pas d’inconvénient à la revoir… Mais il fallait bien que cette conversation prenne fin, même si Tracy rechignait à ce qu’elle comporte une issue.

« Mais j'espère qu'on se reverra bientôt. J'ai vraiment passé un super moment avec toi ! Merci. Pour la conversation, pour la matinée... Tout ça. Ahm... P...passe une bonne journée ! » Le teint de Tracy rosit légèrement. Elle ne pouvait ouvertement montrer sa déception de voir le jeune homme devoir se retirer, mais elle en oubliait presque qu’il lui avait accordé non loin d’une heure de son temps alors qu’il avait mieux à faire. Candice n’en reviendrait pas, elle qui avait tendance à dire qu’elle pouvait être barbante lorsqu’on l’abordait. Et Dan était si gentil ! Quelque chose en elle voulait en faire un ami. Certes, elle ne le connaissait pas depuis plus de ces quelques dizaines de minutes, mais pourquoi serait-il resté si longtemps en sa compagnie si elle lui avait déplu ? Il s’était montré tout à fait charmant, intéressant et attentif, et rien ne laissait présager qu’il ne puisse dissimuler quelque sombre côté qui puisse jouer en sa défaveur. Il venait à peine de se lever qu’elle espérait déjà pouvoir le revoir, et le geste qu’il se permit manqua de peu de la faire frissonner tant elle en fut surprise. Le jeune garçon l’avait embrassée sur la joue, et Tracy ne se souvenait pas qu’il y ait un jour eu tant de familiarité à son égard, même parmi ses amis proches.

« C’est partagé, n’hésite pas la prochaine fois ! Et tu sais où me trouver maintenant. Essaie de ne pas massacrer ce devoir tout de même. Et pense à ma part de tarte ! »

Et tandis qu’elle le regardait s’éloigner, elle n’eut de cesse de se dire qu’elle avait eu bien de la chance de se trouver là, à cette table, après avoir déballé son nouveau modèle de balai, et que les conditions aient été réunies de manière à ce qu’ils se rencontrent ainsi, et qu’il ait l’audace de la trouver, ce que jamais elle n’aurait osé faire. Peut-être faudrait-il néanmoins taire cette rencontre auprès de Naïa et Cissy… Le Poufsouffle paraissait gêné de ses origines, et ce serait peut-être un peu dérangeant de se retrouver engluée dans une histoire de ce type alors qu’elle avait passé une si bonne matinée en sa compagnie ! En revanche, elle ne voyait pas l’inconvénient d’en toucher un mot à Rhea lorsqu’elle la retrouverait en cours. Aussi, quelques minutes à la suite de son interlocuteur, Tracy se leva à son tour, embarquant un muffin aux canneberges d’une main et son nouveau balai de l’autre, et prit la direction du couloir des cachots, où un cours de potions l’attendrait en début d’après-midi.

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