Travailler un soir en pleine semaine, dans un pub, vous pourriez me dire que c’est plus que tranquille ! Eh bien figurez-vous que je vais vous décevoir… C’était tout sauf tranquille. A Londres, les jeunes sortaient tout le temps, et étant donné que le pub était bien situé, nous avions toujours du monde. En soit, ce n’était pas pour me décevoir, plus il y avait de clients, plus je me marrais. Ce boulot, je l’aimais énormément. Que ce soit d’un point de vue relationnel avec les gens, l’équipe ou le patron, ou encore que ce soit du fait que j’apprenais constamment. Les filles étaient bien contentes que je ramène des recettes de cocktails à essayer à l’appart’, les gourmandes !
Enfin bref, j’allais toujours au travail avec entrain, contaminant les gens avec ma bonne humeur légendaire. J’avais un besoin irrésistible de rire et ça ne me posait aussi aucun problème de consoler des âmes esseulées, en plein conflit interne ou vivant des choses bien malheureuses. C’était triste, mais ça faisait partie du métier. Il fallait aussi avoir l’esprit ouvert et accepter le fait de se faire charmer. Ce n’était pas forcément désagréable, sauf quand on savait que les ¾ étaient des gros lourds écervelés qui pensaient que la drague était chose facile et innée. Eh bien croyez-moi, ce n’était pas le cas !

Ce mercredi soir de la mi-octobre, le pub était bondé. Nous approchions les 9p.m. et il semblait que les étudiants s’y entassent, principalement. Ca me rappelait de bons souvenirs mais je n’étais pas à plaindre, mes boulots et mes collègues étaient plus que cool ! Je demandai tout de même à Alex si je pouvais le laisser quelques minutes gérer le bar, juste le temps de souffler un peu avant de repartir pour une bonne partie de la nuit.
Après une dizaine de minutes, me voilà de retour, prête à servir toute sorte de boissons à des clients plus loufoques et amusants les uns que les autres. Alors que je riais avec Alex, je me tournai vers une personne fraîchement accoudée au dortoir. Une personne que je connaissais, si l’on pouvait dire ça. Un petit sourire malicieux se dessina sur mes lèvres alors que je m’adressais à lui : « Tiens donc, un revenant… » Mais ce n’était pas pour me déplaire. Lincoln venait assez souvent, avant, avec sa bande d’amis – bien délurée aussi, ceci dit en passant – mais ça faisait bien longtemps que je ne l’avais pas vu. Il fallait dire qu’à l’époque j’étais encore avec Abso et que j’étais assez radicale quand des beaux garçons m’approchaient. Il n’empêchait que, ce garçon-là, il avait été très agréable, et on avait continué à se parler en toute confiance, sans malaise et toujours avec beaucoup d’amusement.
Alors que je finissais de concevoir un cocktail pour un client, je lui demandai : « Qu’est-ce qui t’ferais plaisir ? ». Je servis alors le verre au jeune homme, le gratifiant d’un sourire, avant de me tourner de nouveau vers Lincoln, plutôt contente de le voir de retour au Red Gun.

C’est vraiment plaisant de revoir ce joli petit minois au Red Gun. Ca ne manquait pas de beaux garçons par ici mais Lincoln avait ce petit truc qui ne rendait pas les choses lourdes. C’était un charmeur qui savait s’adresser aux filles, et par Merlin je me doutais qu’il devait en séduire à la belle. Alors dire que j’étais insensible à ses charmes était un vrai mensonge. Je me mettais des barrières, qui semblaient logiques, lorsque j’étais avec Absolem, mais maintenant j’avais des yeux de célibataire qui trouvait le jeune homme bien agréable.
Sa petite remarque agrandit mon sourire alors que j’acquiesçais ses mots d’un signe de tête. « A qui le dis-tu ! » Je comprenais complètement que le boulot puisse prendre du temps, sans nul doute. Mais que faisait-il au juste, je le croyais aux études ?! Je mettais de côté cette question que je pourrais lui poser plus tard, si le calme se montrait un peu.
Après m’avoir donné sa commande, je m’empressai de lui servir son whisky-coca, boisson qui était plutôt courante et que je savais assez bien exécuter. Le sourire qui étira ses lèvres me ravit et, à sa question, je feignis une certaine indifférence, non sans un petit sourire espiègle sur les lèvres, haussant doucement les épaules. « Si peu… j’vois des tonnes de beaux garçons tous les jours ! » Tout en servant un couple à côté de lui, j’ajoutai de façon amusée : « Personne n’est meilleure pour servir des cocktails que moi ! » Ou comment tout tourner en dérision pour ne pas avoir à rougir de ses compliments. Je ne savais jamais comment les gérer et tout ça me gênait à chaque fois. La meilleure solution que j’avais trouvé pour éviter de me sentir bête face à ce genre de gentillesse : l’humour. Je finis alors par dire avec une certaine douceur : « Ca fait plaisir de te revoir Lincoln. » Puis je partis à l’autre bout du comptoir pour prendre une commande, revenant quelques secondes plus tard auprès du jeune homme pour servir un verre de Martini. Ce dernier donné à la jeune fille qui me l’avait demandé, j’eus le plaisir de remarquer un certain apaisement, propice à un retour vers Lincoln, Alex arrivant très bien à gérer les quelques commandes seul.

A sa question, je ris doucement tout en posant mon regard dans le fond du pub, me remettant en mémoire mes petits séjours qui m’avaient fait un bien fou. « J’ai… pas mal voyagé, oui. Une vraie globetrotteuse ! » Dis-je avec un petit sourire avant de poser mes coudes sur le comptoir, le regardant de nouveau. « Entre le Japon avec un ami, l’Australie avec ma meilleure amie et Majorque avec ma cousine, entre autres, je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer. » Je lançai un petit coup d’œil vers mes collègues en ajoutant : « J’ai surtout la chance d’avoir de bons patrons et de super collègues qui m’ont laissé prendre le large quelques semaines… j’en avais besoin ! » Lui lançai-je avec un petit clin d’œil avant de me redresser et de lui demander. « Et toi, les vacances ? C’était comment ? Si j’te vois moins ici c’est que… tu n’es plus étudiant, n’est-ce pas ?! » Je fronçai légèrement les sourcils comme pour lire à travers lui, étant convaincue que c’était le cas.

Au Red Gun, je n’avais jamais le temps de m’ennuyer. Ca me changeait vraiment de la salle de sport. Je n’avais pas pour autant de préférence entre ces deux boulots, ils étaient tellement différents. La chose qu’ils avaient en commun : c’était actif, très actif ! Tout ce que j’aimais. J’avais un réel besoin de bouger, et là j’étais servie.
Je me demandais quand ça commencerait à se calmer ce soir. Nous n’étions que deux au comptoir, comme tous les soirs de la semaine, mais cette soirée avait un petit goût d’inattendu. Et ce n’était pas peu dire, cela se confirma lorsque je remarquai la présence de Lincoln. A croire qu’il avait retrouvé le chemin du Pub, seul… C’était rare, d’habitude il était toujours entouré de sa bande d’amis. Ils étaient assez drôles d’ailleurs, de quoi rendre le service plus agréable.

Je l’observais alors qu’il prit la parole, ne pouvant pas omettre qu’il était très joli garçon. Enfin bref… passons ! Je trouvai son faux-air choqué charmant, souriant de plus belle à sa petite mise en scène. Je regardai mes chevilles avant de reposer un regard malicieux sur lui. « C’est gentil de t’en inquiéter, je trouve qu’elles ont tendance à prendre du volume dernièrement… c’est étrange nan ?! » Mon sourire se voulait amusé, prenant les choses avec amusement comme lui et moi savions si bien le faire. Evidemment que sa présence ravissait plus d’une femme, je n’étais pas la seule dans ce cas, mais je ne pus m’empêcher de le charrier un peu : « Elle n’fait sûrement pas plaisir qu’aux dames… » Je haussai les sourcils de façon espiègle avant de lui rendre son sourire, prenant bien conscience que le sien avait un petit quelque chose d’attirant.

Il me posa des questions sur mes vacances et je lui fis par de mes destinations. Un pur délice ! A sa remarque, j’acquiesçai d’un signe de tête, les yeux pétillants tout en repensant à ces superbes moments. Effectivement, je m’étais éclatée. Et, effectivement, je n’avais pas été sur la fameuse terre sacrée, ce qui m’arracha un nouveau petit rire. « Pas cette fois-ci, non. J’ai juste été une fois à New-York, autant dire qu’il va me falloir trouver du temps pour visiter bien plus. » Et c’était on-ne-peut-plus vrai. Je ne savais pas quand seraient mes prochaines vacances et, surtout, je ne savais pas ce que j’en ferai. Mais rêver était plutôt plaisant. Curieuse, je souhaitais savoir ce que lui avait fait cet été, ne manquant pas de lui faire remarquer qu’il ne semblait plus étudiant. Ce qu’il me confirma. Cette fois-ci, mon rire se fit amusé alors qu’il jouait au mec très fier de lui et prétentieux. Je me mis à applaudir, lui lançant : « Félicitations Monsieur le plus jeune Auror du département ! J’espère que vous avez dignement fêté ça ! » Sans lui laisser le temps de réagir, je servis de nouveau un whisky-coca que je glissai à côté de celui qu’il avait juste devant lui. « Arrosons ça ! » Dis-je malicieusement alors que je l’écoutai m’en dire plus. C’était une super nouvelle pour lui, il devait être ravi et cette proposition lui ouvrait des portes ! Juste génial ! Ah… oui, reprendre des rapports mal faits, ça n’avait rien de très alléchant. Je pouvais comprendre le fait qu’il soit débordé. Avec un petit sourire, je poussai un peu plus vers lui le nouveau verre que je venais de lui servir du bout des doigts. « D’où l’occasion idéale pour un petit verre… ». Il finit par me parler de ses vacances, en famille, à jouer au Quidditch. Simple mais très agréable. J’adorais, moi aussi, passer du temps en famille, alors je ne pourrais pas dire que ce n’était pas intéressant. « Y a que chez soi qu’on peut vraiment se reposer, c’est revigorant. Tu t’intéresses au Quidditch ? Tu as suivi les derniers matchs ? » Lui demandai-je alors que m’emparai d’un chiffon pour nettoyer le comptoir, en profitant pour lui demander avec un petit sourire malicieux : « Tu n’es pas partie en voyage avec de magnifiques créatures ? Je suis déçue, un Don Juan comme toi a dû en frustrer plus d’une ! » Je prenais un malin plaisir à le charrier, mais c’était bon enfant, évidemment, après tout j’avais vu comment il était avec la gente féminine le jeune homme, il ne crachait pas sur les conquêtes. Et entre nous, il avait le charme pour !

Se charrier était un jeu d’enfant avec Lincoln, et quand il venait au pub, avec toute sa bande, c’était déjà le cas. J’avais l’impression que c’était hier qu’ils y passaient leur soirée et pourtant ça datait de plusieurs mois.
J’avais tendance à utiliser l’humour pour me protéger et afin de ne pas trop en dire sur moi, ce qui était une bonne carapace quand on était barmaid. C’était même primordial. Après sa taquinerie, je répondis du tac au tac concernant les chevilles, appréciant de m’en amuser et en profitant par la même occasion pour le charrier, lui aussi. Il ne se débina pas pour autant, me signifiant qu’il plaisait à tout le monde. Je souris de façon amusée, lui répondant : « Evidemment, quel charme ! » Mon ton était moqueur et pourtant je savais que c’était exact, il devait facilement plaire le jeune homme. Quant au fait qu’il préférait les femmes, ce n’était pas surprenant, et je répondis à cela par un penchement de tête, l’observant, mimant le scepticisme alors que ce n’était pas du tout le cas. Ca se voyait, qu’il aimait les femmes !

Partis sur le sujet « vacances », je lui parlai des miennes, lui signifiant que j’avais pas mal bougé. J’avais ce besoin de ne jamais rester en place, et visiter de nombreuses villes, des tas de pays, c’était un pur plaisir pour moi ! Et on sentait l’enthousiasme dans ma voix lorsque j’en parlais. Une vraie passionnée de voyage ! Il m’emmènerait à New-York ?! Intéressant, parce qu’elle était vraiment hallucinante cette ville ! J’avais adoré. Astride et Elian vivaient là-bas et, lorsque nous y étions allés avec Avril, j’étais tombée amoureuse de toute cette culture et de son épanouissement. Chicago devait être sympa aussi, mais les USA étaient tellement grands que tout visiter était juste impossible. « Avec plaisir ! Je suis toujours prête à découvrir de nouveaux endroits. Et avec un guide comme toi, ça ne peut être que génial ! » Lui lançai-je tout en lui rendant son petit clin d’œil complice, me disant que cette proposition était sûrement des paroles en l’air et qu’il m’avait dit ça juste par politesse. Mais tout de même, c’était tentant, surtout en bonne compagnie. Je finis alors par lui demander, curieuse concernant un point énoncé. « Pourquoi être parti de Chicago ? Aucune envie d’y revivre ? » C’était peut-être personnel, et s’il ne voulait pas répondre, je n’en serai pas vexée, mais j’avouais me poser la question. Après tout, je ne connaissais pas grand-chose du jeune homme. Quoique, j’en appris un peu plus quand il m’annonça avoir trouvé un job en tant qu’auror. C’était une super nouvelle et je l’exprimai par un applaudissement malicieux, le félicitant. Evidemment qu’il avait fêté ça, je n’aurais pas pu imaginer le contraire. Je n’osais même pas imaginer la soirée, les ayant souvent observés quand ils étaient ici… ça devait être beau, je vous le dis ! Mais cela m’amusait, car il n’y avait qu’avec nos vrais potes que nous pouvions totalement nous lâcher. Et je parlais en connaissance de cause ! Pour marquer le coup, je lui serrai un nouveau verre, le glissant jusque lui avec un petit sourire, avant d’aller servir de nouveaux clients qu’Alex ne pouvait pas prendre en charge. A mon retour, il me parla de dossiers totalement à côté de la plaque de son prédécesseur, ce qui me fit grimacer légèrement. Je ne pus m’empêcher de sourire de façon espiègle alors qu’il me charriait en me disant que je voulais le faire boire. Je haussai malicieusement les sourcils à la suite de ses paroles, m’affirmant que je jouais un jeu dangereux. Je me penchai alors doucement sur le comptoir comme pour lui dire un secret, chuchotant : « Le gros problème est que je suis une grande joueuse… » Puis je me redressai, affichant un petit sourire taquin sur le coin de mes lèvres tout en ajoutant : « Ne me fais pas croire que deux petits verres pourraient te faire tourner la tête, je t’ai souvent vu en boire bien plus ! » Et ce n’était pas peu dire, ils en buvaient des verres quand ils venaient ici les jeunes gens, alors le beau parleur qu’il était ne m’aura pas comme ça ! Il finit par boire dans ce nouveau verre, me fixant, et j’avais juste envie de rire en le voyant me provoquer, le malin ! Je fus alors surprise de l’entendre me complimenter sur mes yeux, perdant un instant mon sourire suite à mon étonnement. Gênée par ses mots – et ayant toujours du mal à recevoir les compliments –, je détournai quelques secondes les yeux avant de vouloir jouer le second degré pour cacher mon léger malaise, mais il enchaîna rapidement sur le Quidditch. Je reposai alors mon regard sur lui, l’écoutant, le remerciant de son compliment par un petit sourire sincère. Il était à tomber tout de même… Hum, enfin, reprends tes esprits voyons Yasha !. Je l’écoutai me raconter qu’il était capitaine des Serdaigle et qu’il entraînait parfois son petit frère. Son petit frère ? A Poudlard ? Il devait sûrement connaître Lalie. « Un vrai fan alors ! » Lui dis-je avec un petit sourire avant d’ajouter : « Tu as encore un frère à Poudlard ? J’ai une sœur là-bas, en dernière année, et elle a bien défendu les couleurs de Serdaigle elle aussi, au Quidditch. » Et c’était aussi une institution dans notre famille ! Que ce soit avec elle ou avec mes deux frères, nous avions toujours énormément joué. Mon père travaillant dans ce domaine, il avait toujours adoré nous entraîner. C’était un hobby que nous avions tous gardé. « Les Tornades ? Vraiment ? Hum, oui j’avoue, ils se débrouillent. Mais avoue que les Flèches d’Appleby ont un petit quelque chose en plus. » Je fis une petite moue amusée, totalement fan de cette équipe qui montrait une détermination sans égal. Mais, en soit, tout jeu me plaisait, le sport en lui-même me passionnait, alors je ne me battrais pas pour dire qu’une équipe, une seule, les valait toutes. Je ne pouvais m’empêcher de sourire en voyant son enthousiasme. Et je ne pouvais que le comprendre.

J’en vins alors à le charrier quant à ses vacances, me demandant quelles jolies créatures il avait pu emmener dans un endroit magique. Bon, ok, j’adorais l’embêter, mais c’était de bonne guerre, il ne m’en laissait pas en reste non plus ! J’adorais voir sa façon de se défendre, en toute modestie – hum – mais j’avouais que ça faisait partie de son charme. Je roulai malicieusement des yeux lorsqu’il me dit que beaucoup pleurait de ne pas venir avec lui. D’un air taquin, je dis juste dans un petit rire : « Rien d’étonnant Don Juan… ». Mon rire s’accentua alors qu’il imitait les femmes en furie en train de le supplier. J’imaginais tellement la scène ! Une imitation magnifique, une vraie rockstar tiens ! Je le regardai faire, m’amusant de ses paroles : « Mon pauvre, devoir choisir entre toutes ces belles jeunes femmes, une vraie torture ! » A croire que nous ne pouvions pas nous empêcher de nous charrier et d’en rire. Mon rire s’estompa alors doucement lorsqu’il se mit à me parler de mon « copain ». Absolem… Oui, bien sûr, il ne savait pas. Je pris alors un torchon pour essuyer quelques verres, me raclant la gorge, prenant quelques secondes avant de répondre. « C’est un peu plus compliqué de partir avec lui après s’être fait plaquée. » Je souris tout de même légèrement, histoire de ne pas dramatiser la scène, levant les yeux vers Lincoln, n’attendant pas de compassion. « Ce n’est pas grave hein, les couples sont faits pour se séparer… » Je soupirai alors, me souvenant que tout ça était entièrement de ma faute. Mon sourire s’agrandit alors, ne voulant pas me morfondre. « Enfin, c’est la vie ! Il y a des périodes plus joyeuses que d’autres, et là on peut arroser le fait que tu t’es souvenu de l’adresse du Red Gun ! » Lui lançai-je malicieusement avant d’aller servir de nouveaux clients à une table, demandant au passage à Alex si je pouvais prendre une petite pause sans l’embêter, revenant vite au comptoir, enlevant mon tablier que je déposai sur le bar. « J’ai une pause d’une dizaine de minutes et je finis mon service dans une heure, y a moyen que tu m’accordes un peu de temps ?! » Il y avait des chances pour qu’il ne repasse plus au pub pendant longtemps après, reprenant sa vie et oubliant l’existence de la barmaid Yasha, alors autant en profiter pour passer un peu de temps avec lui. Au moins, je savais que l’on se marrait, c’était ce qu’il me fallait.

Rire. C’était juste LA chose primordiale quotidiennement. Je ne pouvais pas vivre sans. Pas une journée sans, ni même une heure… ce serait d’une tristesse sans égal. D’un optimisme et d’une bonne humeur à toute épreuve (ou presque), j’étais le parfait public pour les blagues et le second degré, sans nul doute. Et je n’étais pas la dernière à utiliser l’humour, évidemment. J’en avais besoin et je trouvais que c’était souvent une superbe échappatoire. Etait-ce une lâcheté ?! Quelques fois, je le pensais bien, mais je m’en fichais. Rire avec les gens était la plus belle des proximités, et c’était peut-être pour ça que j’aimais tout autant mon métier au pub qu’en tant que coach sportif. Il fallait dire qu’autant niveau famille qu’amis, j’étais bien servie niveau délires. Il ne suffisait que de voir mes deux colocataires, aussi merveilleuses soient-elles. Des délurées acceptant mes blagues à deux balles et mon humeur déjantée. Mais, elles étaient toutes aussi folles, c’était ce qui faisait que l’on vivait si bien ensemble et que notre appart’ était souvent le rendez-vous des soirées sans prises de tête.

Actuellement, avec Lincoln, c’était agréable. Parce que notre discussion était légère et que la taquinerie était de mise. J’adorais ça ! Et j’aimais bien sa répartie, ce qui n’était pas donné à tout le monde, croyez-moi. Je ne pus m’empêcher de rire face à son étonnement faussement joué. Evidemment qu’il était charmant, et il le savait bien le petit malin ! A ses mots, je répondis juste avec un petit haussement d’épaules malicieux, lui faisant comprendre que j’hésitais à savoir si je devais le croire ou non. Je m’en amusais bien sûr.

Voyager était l’une de mes passions, et il était vrai que mes yeux s’illuminaient quand j’en parlais. J’avais l’impression que Lincoln aimait ça aussi, surtout en parlant de l’Amérique, semblable à son enfance. Ce que je pouvais comprendre. A part New-York, je n’étais allée nulle part, mais j’avouais pouvoir être tentée par certains coins. En bonne curieuse que j’étais, je lui demandai pourquoi il en était parti. Je ne voulais pas être indiscrète, mais mon bagou était parfois bien plus fort que ma raison. Je souris à sa remarque, haussement doucement les sourcils. « Nan, je pose ces questions à tous mes clients, sans exception, pas de favoritisme ! » Mais bien sûr ! Le sourire malicieux qui accompagna mes paroles prouva, évidemment, que je le taquinais. Sans vraiment m’en rendre compte, j’appréciais d’en savoir un peu plus sur le jeune homme, mais lui faire croire le contraire était bien plus amusant ! Je l’écoutai par la suite me parler de la fameuse raison de sa venue au Royaume-Uni. Un retour à la maison, en quelque sort, c’était on-ne-peut-plus compréhensible. Il n’y retournait pas parce qu’il ne pouvait pas. Ma curiosité aurait pu me pousser à lui demander pourquoi, mais je me disais que s’il n’en avait pas dit plus, c’était sûrement pour une raison précise. Je n’avais pas vraiment envie de jouer la grosse lourde, ce fut la raison pour laquelle je gardai ma question pour moi, répondant : « On n’peut pas faire toujours tout ce qu’on veut, c’est sûr, mais rien n’empêche de s’accorder des petits moments là-bas sans retourner y vivre, nan ?! Pas d’excuses à ça ! » Dis-je de façon espiègle, le charriant au passage tout en me demandant ce qui pouvait être les raisons pour lesquelles il n’y retournait pas vivre. Que voulez-vous, c’était plus fort que moi.

Jouer un jeu dangereux, j’avais souvent entendu ça, et j’aimais vraiment m’en amuser. Détrompez-vous, je n’étais pas ce genre de filles à jouer avec les garçons et à être dans le lit de mecs différents chaque soir de la semaine. Certes, j’aimais profiter, mais l’amusement avait des limites que j’avais appris à bien maîtriser, malgré moi… Sa remarque me fit sourire, encore et toujours, alors que j’avais remarqué un œil détourné sur mon petit décolleté lorsque je m’étais doucement penchée. Alors que je me redressai, je remontai un peu ce fameux décolleté, lui lançant un regard voulant dire : Capté !, non sans un certain amusement. Je m’en fichais après tout, ce n’était qu’un détail. « Ca reste à prouver mon cher ! » S’il savait… j’étais joueuse, et parfois cela me jouait justement des tours. Oui, sur le côté « boissons », je le connaissais bien, lui et ses potes. Alors l’excuse ne valait pas, il supportait l’alcool comme tout étudiant savait la supporter, même si tout comme moi il ne l’était plus. Je fus par la suite vite décontenancée par sa remarque sur mes yeux, finissant par lui sourire sincèrement alors que nous dévions vers un sujet qui me passionne : le Quidditch. Au passage, il m’avoua avoir un frère à Poudlard, apparemment de la même année que Lalie et faisait lui aussi partie de l’équipe de sa maison. Tiens donc, il y avait de fortes chances qu’ils se connaissent. « Hum, je vois… Elle l’a peut-être déjà fait tomber de son balai, qui sait ?! Elle aime bien être la reine sur le terrain, ton frère doit en subir les conséquences ! » Dis-je de façon taquine, sachant très bien que Lalie est plus qu’hargneuse et qu’elle serait capable d’infliger une honte considérable à l’équipe d’en face. Cette pensée m’arracha un sourire alors que nous parlions des équipes que nous soutenions. Sa réaction me fit rouler malicieusement des yeux, mimant une lassitude que je n’éprouvais clairement pas. Juste pour l’embêter un peu. « Evidemment que j’suis sérieuse ! Tu feras moins le malin quand les Flèches anéantiront tes petites Tornades. » Mauvaise foi oblige ! Même si au fond je m’en fichais, tout ce que je voulais était voir un bon match bien construit, voilà tout.

Ce gars était à tomber, et j’étais certaine qu’il en avait bien conscience. Alors évidemment que ça ne m’aurait pas étonné qu’il embarque plusieurs filles aux quatre coins du monde pour jouer les Don Juan. Un mec à femme quoi… En même temps, en le voyant, j’avais envie de vous dire que ça donnait envie. Bref ! Je restais tout de même méfiante face à ces gueules d’amour qui pouvaient vous faire chavirer autant qu’elles pouvaient vous anéantir par la suite. J’en avais fait les frais, maintenant j’étais bien obligée de me protéger. Son rire fut contagieux, à sa remarque, et je me mis à rire à mon tour. « Tu serais surtout dépité de ne pas attirer les femmes oui ! Nan, clairement, oublie le scroutt à pétard, le rôle de Don Juan te va très bien ! » Lui lançai-je avec un petit clin d’œil complice, parcourant le pub d’un rapide coup d’œil, remarquant déjà quelques doux regards en direction du beau Lincoln. Ah, c’en était presque drôle tiens !
La bonne humeur s’estompa en une question, et j’avais pleinement conscience que c’était de ma faute. Le jeune homme tenta de me rassurer et un petit sourire s’installa à mes lèvres, reconnaissante. Tous nuls sauf lui ?! Ca restait à prouver, mais pourquoi pas ! « Evidemment, le mec parfait quoi ! » Arrivai-je tout de même à lui sortir, rebondissant sur ce moment d’humour pour dédramatiser la situation qui était tout de même moins difficile à avaler qu’il y avait quelques mois.

Rapidement, je partis vers Alex afin de voir si je pouvais prendre une petite pause. Je revins très vite, informant Lincoln que j’en avais une d’une dizaine de minutes. Ca permettrait de discuter tranquillement sans devoir servir un verre toutes les trente secondes.
Nous voilà à une table du pub, loin du comptoir. Ca me faisait bizarre de me retrouver en position de cliente, ici-même, mais je pouvais bien m’en accoutumer ! Il rebondit sur la dernière phrase que je lui avais lancée avant de partir. Evidemment, il me charria comme il savait si bien le faire, et je ne pus m’empêcher de rouler des yeux malicieusement. « Que veux-tu, je n’vivais plus sans toi ici ! » Dis-je sur le ton du second degré. Ca devenait presqu’un jeu entre nous ! Je ne pouvais pas dire qu’il m’avait manqué car, à cette époque-là, j’avais d’autres choses en tête. Mais j’avouais avoir été déçue de ne plus le voir, parce que sa présence étai agréable. Et je l’appréciais encore plus aujourd’hui…
J’avais joint mes mains sur la table alors que nous nous taquinions. Lorsque l’une de ses mains prit l’une des miennes, je levai un regard interrogateur vers lui. Je le laissai faire, jouant le jeu. Rien de bien méchant à ça ! Il commença à me proposer un verre mais sa phrase eut un goût d’inachevé alors que Lincoln se faisait poussé par un mec qui m’était totalement inconnu. Ce dernier me regardait d’une façon qui me mettait plutôt mal à l’aise. Mais je savais me défendre. J’étais prête à ouvrir la bouche pour lui dire que s’il voulait me regarder dans les yeux, il était clair qu’il n’était pas au bon endroit. Cependant, je n’eus pas le temps de le faire. Lincoln s’était levé impulsivement, se plaçant devant ce fameux gars, le menaçant de le frapper s’il ne dégageait pas. Pourquoi ? Oui, ok, la défense était sympa. Mais, déjà, je pouvais le faire seule, et de plus, je n’étais pas certaine que la violence soit une solution. Le pervers tailla la route alors que Lincoln se réinstallait en face de moi. Il s’excusa et je ne fixai d’un regard perçant, fronçant doucement les sourcils sans rien dire pendant quelques secondes. Je finis enfin par briser le silence, ne le lâchant pas du regard. « Merci pour cette… défense Lincoln, vraiment. Mais, pourquoi ? Pourquoi direct lui foutre sur la gueule ? » Enfin, je devais avouer être touchée par l’attention, bien que ce genre de situations arrivaient, malheureusement, fréquemment, et que je savais les gérer. Pour ne pas qu’il se sente gêné, un petit sourire amusé prit place sur mes lèvres. « Tu sais, p’tet que j’aime bien qu’on me matte de façon salace… tu m’as fait louper un super coup ! » Je me mis alors à rire, échangeant avec lui un petit regard complice, lui disant : « Mais sinon, oui, je veux bien boire quelque chose. Une limonade, j’suis encore en service… » Une petite moue s’installa sur mes lèvres, montrant un petit regret de ne pas pouvoir trinquer avec lui avec autre chose.

Il était amusant, ce cher Lincoln. Et ça me détendait de parler avec lui. Ca avait été toujours sympa, mais nous n’avions jamais autant discuté qu’aujourd’hui. Peut-être parce que j’étais plus curieuse maintenant que j’étais célibataire. C’était fort probable. Je ne me mettais plus de barrières, de toute façon je ne pouvais plus faire de mal à qui que ce soit. C’était déjà fait après tout. Et ne vous y méprenez pas, ça me faisait toujours autant culpabiliser ! Mais quoiqu’il en soit, désormais, je me montrais plus bavarde (si si c’était possible !) avec le jeune homme et lui aussi, en quelque sorte. Peut-être dû au fait qu’il n’y avait pas toute sa bande de copains, qui savait ?! Enfin, nous avions toujours su nous apprivoiser facilement, mais là nous parlions d’autant plus.
Rire était une chose qui comptait pour moi. Au quotidien. En toutes circonstances. C’était ma ligne rouge. Et Lincoln me le rendait bien !

Faire du favoritisme ? En vrai, ce n’était pas mon genre. Je traitais tous les clients du pub de la même façon. Mais ça aurait été faux de dire que Lincoln était comme tous les autres. Mais ne comptez pas sur moi pour le lui dire, son égo en serait bien trop valorisé ! Je lui souris alors malicieusement, faisant une petite moue juste avant de dire : « Crois ce que tu veux mon grand ! » Je lui lançai un regard de défi, juste pour le taquiner, mais au fond nous savions tous les deux que je ne le traitais clairement pas comme les autres clients.
Nous étions partis sur le sujet concernant sa venue en Angleterre. J’étais du genre curieux et ça me jouait parfois des tours. Je lui avais posé quelques questions mais m’étais abstenue lorsque ça devenait trop personnel. Je ne voulais pas devenir indiscrète et lourde, j’avais horreur de ça ! Je me disais que s’il voulait en parler, il le ferait. Auquel cas il n’y avait rien de mal à garder ça pour soit. Même s’il était vrai que je m’intéressais bien plus à sa vie qu’avant. Le célibat changeait bien des choses. Après m’avoir dit qu’il avait l’habitude de se rendre assez régulièrement aux Etats-Unis avec ses frères, il m’affirma m’emmener la prochaine fois, ce qui me fit sourire. Mais bien sûr cher beau parleur, tu devais la sortir souvent celle-là ! Moi ? Méfiante ? Vous n’aviez même pas idée… « Fais attention, j’ai une très bonne mémoire ! » Lui lançai-je d’un ton taquin, même si je me doutais bien que tout ça n’était que des paroles en l’air. Mais le fait de l’imaginer me plaisait assez, alors pourquoi s’embêter ?

Il voulait que je lui prouve que j’étais une grande joueuse, il n’avait même pas idée dans quoi il pouvait se lancer ! « Je n’peux pas te le prouver ici… » Lui dis-je avec un petit haussement de sourcils malicieux et provocateur, m’amusant de petits sous-entendus qu’il allait sûrement comprendre. S’il savait à quel point j’étais joueuse, il se rendrait compte qu’il n’a aucune chance contre moi, dans tous les domaines. Ahah, nan c’était faux, mais le lui faire croire était assez amusant.
Nous en venions à parler de la famille, ayant un frère et une sœur du même âge, à Poudlard, ce qui était plutôt invraisemblable. « Tu crois en ton frère dis donc. Mais Lalie est une battante, j’serais curieuse de savoir si elle l’a déjà fait tanguer, ton petit Hunt’ ! » Et il était vrai que ma sœur était une vraie acharnée ! Chez les Trust, on nous apprenait la compétition, la détermination, et surtout, l’esprit d’équipe et la modestie. Alors, certes, je le charriais, mais c’était pour rire. Son frère avait sûrement beaucoup de talent, mais je soutiendrai toujours ma sœur. « Pas de soucis ! On pariera ! Et tu verras qui sont les vrais joueurs. » Là encore, nous nous provoquions l’un l’autre, cela devenait un vrai jeu entre nous. Peu importait l’équipe qui gagnerait, le jeu m’amusait et c’était ce qui comptait.

Je voyais Lincoln comme un Don Juan, c’était vrai. Le genre de gars qui plaisait aux filles et qui le savais. Je ne savais comment étaient ses relations passées, et en réalité ça ne me regardait pas, mais j’avais du mal à l’imaginer réellement en couple. C’était toujours difficile à voir quand une personne célibataire se tenait devant vous. Personnellement, j’avais toujours aimé m’amuser, mais je n’étais pas du genre à profiter n’importe comment. A Poudlard, j’avais eu une grande relation et quelques petites à côté. La grande s’était mal finie et m’avait plongée dans une méfiance à faire confiance. Pendant plusieurs années j’avais mis des barrières, je m’étais interdit d’aimer, de m’embarquer dans des relations sérieuses, m’amusant avec de beaux garçons. La jeunesse quoi ! Et puis nous avions tenté avec Absolem et… les choses étaient aussi compliquées que magnifiques. Mais désormais tout était différent. Mes barrières étaient de nouveau présentes, la méfiance était à son comble et mon amusement avait désormais des limites dans lesquelles je ne me reconnaissais pas. Cela dû à l’expérience avec Arthur… ma toute dernière. Depuis, je faisais attention de ne pas blesser les autres et de ne pas me mettre moi-même en danger. Trop jeune pour être autant sur ses gardes n’est-ce pas ?! J’étais d’accord, mais c’était la meilleure façon de me protéger, pour le moment je n’avais pas trouvé mieux.
Le jeune homme ne perdait pas de son assurance, et je ne pus m’empêcher de laisser un petit sourire s’installer sur mes lèvres alors que je penchais doucement la tête quand il me dit qu’il m’attirait. Quel prétentieux celui-là ! Etrangement, cela m’amusait, parce qu’il me faisait rire, voilà tout. « La modestie est quelque chose qui t’est étranger, n’est-ce pas ?! » Là encore je le taquinais, et de ce fait cela me permettait de ne pas répondre réellement à sa question. Car pour de vrai, oui, il m’attirait, et c’était bien ce qui me dérangeait ! Tant de charme en une seule personne était totalement inhumain ! La suite me refroidit et fit l’effet d’un soufflé qu’on sortait four. Ca faisait peut-être trois mois mais j’avais encore du mal à avaler la pilule. Encore du mal à reprendre confiance en moi et à ne pas me sentir gênée. Mais Lincoln n’y était pour rien et je ne devais pas le mettre mal à l’aise avec tout ça. Il tenta de plaisanter pour détendre l’atmosphère, et je souris de nouveau, reconnaissante de ne pas faire durer ce moment inconfortable.

Après avoir demandé une pause, nous voilà installés dans le pub, juste tous les deux. Etrange de se retrouver de l’autre côté, mais c’était agréable, surtout en bonne compagnie ! Un gars un peu bizarre vint squatter alors que nous venions tout juste de nous assoir, et je n’eus même pas le temps de réagir que Lincoln s’était levé pour lui faire face. J’étais le genre de femme qui savait et aimait se défendre seule. Je ne considérais pas avoir besoin d’un homme pour me faire respecter. Sa réaction était louable, et je trouvais ça touchant, mais céder à la violence, et pour ça, c’était inconcevable. Ma franchise me poussa à le lui dire, non sans être méchante, mais c’était juste une part de ma personnalité, autant la lui faire connaître. Il tenta alors de se justifier et je me rendis compte que le reproche que je lui avais fait était sûrement plus déplacé que ce que je voulais. A son explication, un petit sourire se forma sur mes lèvres. En définitive, ça me touchait ce qu’il disait, mais je me remis vit les idées au clair, ayant tendance à être vite amadouée par les gens, ce qui se retournait bien souvent contre moi ! Je ne répondis rien à son explication, échangeant juste un regard plutôt reconnaissant avec lui, lui montrant ainsi que je savais me défendre mais que j’appréciais tout de même sa réaction. Je finis alors par partir dans un délire totalement faux. Evidemment que non, ce gars n’était pas un super coup, j’en étais certaine, mais m’amuser à le faire croire à Lincoln était vraiment drôle. « Juste en face de moi ? Hum… je n’ai aucune preuve que j’ai un super coup juste en face de moi ! » Dis-je de façon provocatrice avant d’ajouter : « J’en ai entendu bien trop des menteurs me dire qu’ils étaient de « super coups » ! » Dis-je tout en mimant les guillemets avec mes doigts, échangeant un petit regard complice avec le beau jeune homme. En soit, c’était vrai, mais qui étais-je pour juger ?!
Je commandai alors une limonade, ayant la malédiction d’être encore en service. J’étais consciencieuse quand j’étais au travail, il le fallait quand on était barmaid, sinon les soirées ne valaient plus rien ! Et je restais assez soft la semaine. Quand on enseignait le sport aux autres, on ne pouvait pas se permettre de ne pas être au top de sa forme quotidiennement ! J’y tenais ! Je le regardai aller chercher les boissons, remarquant au passage qu’il s’était lui aussi pris une limonade, ce qui ne manqua pas de me faire sourire. Quel soutien ! Il leva alors son verre pour trinquer, et je fis de même, entrechoquant le mien avec le sien, avec un large sourire ! « A ton retour parmi nous ! » Lui lançai-je avec un petit clin d’œil avant de boire une gorgée. J’hésitai quelques secondes avant de lui demander, le regardant droit dans les yeux : « Dis moi, ça te gêne d’attendre la fin de mon service ? Sauf si tu as quelque chose de prévu… » Je lui souriais de façon sincère et laissant apparaître une certaine envie pour que la réponse soit dans mon sens. Je ne le lâchai pas du regard, attendant sa réponse, en profitant pour apprécier ce charme qui était assez déstabilisant.

Moi ? Paniquée pour partir à l’étranger ? Oh, il y avait peu de chance ! J’étais une aventurière dans l’âme qui se sentait partout comme chez elle. Toutes les destinations m’intéressaient, sans exceptions. La douceur des tropiques, la chaleur écrasante du Sahara, les neiges glaciales du Grand Ouest, l’humidité oppressante de la forêt tropicale, les pluies torrentielles de l’Inde, etc. Tout, vraiment tout me tentait. Alors autant dire que je ne dirai jamais non pour aller explorer des contrées américaines, surtout en bonne compagnie ! Je pris son affirmation comme un défi, lui répondant du tac-au-tac : « Je n’sais pas ce qu’est la panique ! » Ce qui était totalement faux, mais dans l’ambiance c’était amusant. Surtout que ça me ferait marrer de voir comment il pourrait m’embarquer « de force », comme il le disait si bien. Qu’il ne s’y méprenne pas, derrière ces petits bras se cachent une tigresse acharnée ! Mouahahah !

Se charrier était devenu naturel chez nous. Déjà, à la base, je taquinais facilement, mais avec Lincoln c’était encore pire. Et il fallait dire qu’il ne me laissait pas en reste le malin ! J’aimais ça, ça allait sans dire. Cependant, est-ce que je faisais du favoritisme ? Totalement ! Mais hors de question de le lui dire, son égo se sentirait bien trop gonflé à mon tour et je préférais largement l’embêter et le voir se défendre. Ce qui était craquant à mourir, entre parenthèses.

Oui, j’étais une grande joueuse, et dans des tas de domaines. Mais, non, je ne pouvais pas lui prouver cela ici. Et ce, pour pleins de raisons. A sa réponse, je compris le domaine auquel il pensait. Petit coquin ! Mais je me qualifiais de joueuse à tous les niveaux, il n’avait même pas idée ! Je pris un air outré lorsqu’il me dit que je pouvais avoir peur. « Comment oses-tu ?! » Mais je ne pus m’empêcher de rire, se vexer ne me ressemblait tellement pas. « La peur ne fait pas partie de mon vocabulaire, mais crois-moi que tu auras très vite la preuve que JE suis une grande joueuse et que TU ne joues pas dans la même catégorie que moi ! » Mes paroles furent accompagnées d’un petit haussement de sourcils provocateurs, juste pour délirer. Oui oui, c’était de la provocation pure et dure, mais le laisser s’en tirer sans me défendre, ce n’était même pas envisageable. Sûrement mon côté compétitrice qui prenait un peu trop le dessus… mais j’aimais m’en amuser !
Il semblait que nous ayons plus de points en commun que je l’imaginais. Le Quidditch se mêlait désormais à la famille, réalisant que nous avions des frangin(e)s du même âge. Je défendais ma sœur bec et ongles et je ne pus que rire en voyant qu’il était prêt à se moquer de son frère s’il apprenait qu’il s’est fait descendre par une fille. « Prépare alors de quoi le charrier, car j’suis certaine que ma sœur lui a fait mordre la poussière ! » Pour de vrai, je m’en moquais, mais pour délirer, je trouvais cette petite « partie de cartes » bien amusante. « On verra bien mon cher, ne crie pas victoire trop vite ! » Dis-je de façon assurée alors qu’il pensait gagner son pari concernant nos deux équipes ! Je croisais les doigts pour que son équipe perde, vraiment, juste question de fierté ! Et aussi parce que je voulais lui infliger un bon petit gage qu’il ne sera pas prêt d’oublier…

En temps normal, je n’étais pas très fan des mecs qui se vantaient et qui savaient qu’ils pouvaient avoir toutes les nanas juste en claquant des doigts. Nan, j’aimais le mystère. J’aimais les plus secrets, ceux qui te montraient que s’ils te draguaient c’était parce que tu le méritais, et pas parce que tu étais le numéro 39 sur une liste. J’aimais me sentir désirer, mais dans un respect qui ne frisait pas l’animalité ! Pourtant, il m’arrivait de tomber sous le charme d’un beau parleur, juste pour un soir… et vraiment, juste pour un soir, la suite ne m’intéressant vraiment pas concernant ce genre d’énergumène. Lincoln ressemblait à un don juan, à un tombeur de ses dames qui pouvaient claquer des doigts et avoir 15 jeunes femmes à ses pieds. Mais il avait ce petit quelque chose qui le différenciait de ces idiots qui se croyaient attirants à mourir. Ce petit truc qui me faisait dire : « Ouais, il est canon lui, et j’pourrais craquer… ». Mais la raison revenait toujours en mettant de gros warning à mes yeux, m’avertissant de rester méfiante et de ne pas céder à mon impulsivité maladive. « C’est bien ce que je me disais… » Répondis-je avec un petit sourire moqueur alors qu’il me charriait en me disant ne pas connaître le mot « modestie ». Un jeu se mettait en place et aucun des deux n’était prêt à y mettre fin, à mon plus grand plaisir.

Assis désormais dans la salle pour profiter des quelques minutes de pause que j’avais, le dérangement provoqué par un mec bizarre fut vite mis à l’écart, en venant au fait que j’aurais peut-être voulu m’offrir une nuit digne de ce nom avec lui ce soir. Ce qui était faux, ne vous méprenez pas. Rien que d’y penser je pourrais avoir la nausée… ce que je détestais ce genre de gars dégueu et en quête d’une paire de seins et d’un c** bien rebondi ! A vomir !
Lincoln affirma être un bon coup, ce qui me fit grimacer malicieusement. Quel prétentieux celui-là ! La suite de ses paroles me provoqua un rire que je ne pus cacher. Il n’en loupait pas une le gamin ! Histoire de le déstabiliser un peu et de rentrer dans son jeu, je joignis mes mains l’une contre l’autre, les portant à mes lèvres sans détacher mon regard du sien, en parfaite provocatrice. « Que des mots mon cher Lincoln, l’application serait plus attrayante… » Je ne le lâchai pas des yeux, voulant lui prouver que moi aussi je pouvais jouer et que je n’étais pas la première à avouer la défaite. Il finit par aller chercher nos commandes (limonade oblige !) et nous voilà en train de trinquer à son retour.
Maintenant, j’avais une petite envie de finir ma soirée avec lui. Je ne parlais pas de passer la nuit avec lui et de faire ce que vous pouviez imaginer. J’avais juste envie d’être avec lui… il me changeait les idées, alors quoi de mieux pour se détendre ?! Sa réponse me fit sourire, sincèrement, alors que je me levai pour reprendre mon service. Sa deuxième remarque me fait rouler des yeux malicieusement. C’était bien trop tôt pour dire que je ne pouvais plus me passer de lui, évidemment, mais qu’il l’imagine était amusant. Je ne répondis rien et finis juste par dire, avec un petit sourire, repartant au bar : « Merci pour la limonade. » Et me voilà de nouveau au comptoir, jusqu’à la fermeture.

1.30am. Je poussais gentiment les irréductibles jusqu’à la porte pour fermer le pub. Lincoln était encore là, et j’en étais bien contente. Je finissais d’essuyer quelques verres alors que les derniers clients passaient la porte. Reposant tout mon attirail de parfaite barmaid, j’attrapai mon sac, allant chercher mon manteau et rejoignant rapidement le jeune homme. Curieuse, je finis par dire : « Pas trop tard pour vous, monsieur l’Auror ?! Je comprendrais que Morphée vous appelle… » Lui lançai-je avec un petit sourire taquin tout en checkant la salle d’un rapide coup d’œil.

J'avais l'habitude de rire quotidiennement avec ce travail, c'était une des facettes qui me plaisait. Mais avec Lincoln c'était différent. Différent parce que je n'avais pas l'impression que c'était juste un client qui fréquentait le pub.Ce n'était pas un ami, mais je le trouvais intéressant et autant dire que je ne le regardais plus avec les mêmes yeux que les dernières fois où il était venu. Il fallait dire que ma situation était bien différente. Ne vous méprenez pas, je n'en étais ni heureuse, ni fière, mais comme dirait ma super cousine Chloé : « C'est la vie ma poule ! ». Et je ne pouvais qu'être en accord avec cette affirmation, reprenant du poil de la bête et ne laissant pas de côté ma bonne humeur et mon envie de rire à toute épreuve.
C'était appréciable de pouvoir discuter avec le jeune homme sans qu'il y ait toute sa troupe. Je les aimais bien, ses potes, ils étaient délirants et vraiment sympas, mais Lincoln avait ce petit truc qui le plaçait au-dessus. Allez savoir pourquoi !
Après mon air scandalisé, je ne pus m'empêcher de rire à son attaque, m'affirmant qu'en effet nous ne jouions pas dans la même catégorie, me rétrogradant par la même occasion. Bien bien... il allait voir le gamin, il ne savait pas à qui il avait à faire ! Je haussai alors un sourcil amusé, lui disant avec un petit sourire : « Les p'tites frappes bien placées sont parfois bien plus puissantes que les grosses... Crois-moi, tu devrais te préparer à perdre si tu devais jouer avec moi. » Bon, en vrai, même si j'étais une grande compétitrice dans l'âme, je me foutais (plus ou moins hein!) de l'échec, si c'était un jeu évidemment. Juste le fait de jouer m'amusait, j'étais fan, une passionnée, et Lincoln ne se doutait pas qu'il pouvait s'aventurer sur un terrain glissant.
Mettre en compétition ma sœur et son frère était similaire à notre petite « guerre », autant sur le Quidditch que sur tout autre sujet. Charrier était une de mes passions favorites ! Je ris doucement à son interprétation d'un commentateur sportif, ajoutant en prenant une voix similaire : « Eh bien, mon cher Lincoln, je pense que le combat va se montrer fort intéressant, même si le match est déjà joué... » Je lui fis un petit clin d'oeil complice, sous-entendant de façon totalement objective (hum...) que je soutiendrai toujours, quoi qu'il arrive, ma chère petite sœur. Et sa remarque me prouva que lui aussi était très déterminé, ce qui m'amusa, soutenant son regard et disant juste : « J'espère bien, ça rend le jeu plus intéressant ! » Enfin, c'était surtout qu'il y avait beaucoup de chance que je perde. Soyons honnête, l'équipe qu'il supportait était bien plus forte que la mienne, mais je croyais quand même en ses chances. L'espoir, le meilleur de sentiments !

Je le répétais, et je le pensais, Lincoln était un Don Juan. Je le voyais comme ça et c'était purement objectif. Je l'avais souvent vu agir avec la gente féminine et il aimait jouer de ses charmes. Oh, il y arrivait très bien, la plupart succombait et s'abandonnait à ses faveurs. Comment leur en vouloir, c'était un séducteur. Et c'était ce qui me faisait me méfier un tant soit peu de lui. Je me protégeais énormément, avant, maintenant... Eh oui, la jeune Trust avait une belle petite carapace. Et j'avais bien des raisons de l'avoir. Certes, le jeune homme était charmant, amusant, mignon, adorable, à l'écoute, et j'en passais. Mais pour le moment, je restais sur mes gardes et profitais de l'instant présent, juste parce qu'on partageait, j'adorais.

J'acceptais le verre soft que me proposa Lincoln, après le petit incident avec ce mec clairement étrange. Sans vraiment savoir comment, nous avions dévié sur le fait que le jeune homme soit (ou non) un bon coup. Drôle comme discussion, réellement, surtout quand je le voyais se défendre, je prenais un malin plaisir à le voir faire. Je le poussai un peu en le provoquant, observant ses réactions, juste pour m'amuser. Et aussi pour le tester. Ca aussi, j'adorais ça !
Son geste me surprit alors quand ce dernier se pencha doucement vers moi et posa sa main sur ma joue. Je ne m'attendais pas à cette proximité, vraiment pas. Ce n'était pas que cela me déplaisait, ou toute autre chose, mais ce contact me remit en tête des souvenirs qui me brisèrent le cœur. Je fis tout pour cacher mon malaise, détournant légèrement le regard tout en portant ma boisson à mes lèvres. A ses mots, je reposai mes yeux délicatement sur Lincoln, abaissant mon verre et lui souriant avec une certaine douceur. Mes yeux se mirent de nouveau à pétiller de malice en quelques secondes, le temps que le naturel revienne, et mes lèvres se pincèrent, rentrant dans son jeu tout en faisant en sorte de rester sur mes gardes. « Là, maintenant... J'ai une réputation ici, ce serait une mauvaise idée... Mais après... » Je pris alors doucement sa main que je reposai sur la table, lui souriant malicieusement avant de me lever et de reprendre la direction du bar. C'était un jeu, oui... Mais le problème était que j'étais tellement joueuse que j'allais finir par me brûler. Il était à tomber, réellement, mais la nuance était là. Devenir une conquête, c'était tout ce dont j'avais horreur. Je m'enlevai cette chose de la tête rapidement jusqu'à la fin de mon service, reprenant mon travail sérieusement et de façon enthousiaste.

Je pensais réellement que Lincoln était quelqu'un de respectueux. J'aimais ce genre de personne. Franc, droit et attentionné. C'était plaisant de passer du temps avec lui, surtout que je prenais énormément plus de plaisir maintenant que j'étais célibataire. C'était difficile de l'admettre, mais j'aimais jouer la séduction, j'aimais me sentir désirer. Mais j'aimais surtout avoir confiance et me sentir bien, sans nul doute. Qu'en était-il de Lincoln ? Je ne savais même pas où il en était, lui, sur le plan relationnel. Et en parler serait bizarre, nan ?! Je n'y pensais pas, voulant juste profiter de sa présence et de nos retrouvailles, si l'on pouvait appeler ça ainsi. Je voulais en apprendre plus sur lui, le connaître. Pourquoi ? Aucune idée, mais il était vrai que j'aimerais bien le revoir, pour en savoir plus sur ce Don Juan.
La fermeture est imminente et je réunis mes affaires avant d'aller retrouver le beau garçon qui m'avais gentiment attendu. Une attention qui me fit plaisir, même si je ne le voyais pas déserter. Ca aurait été dommage. Après avoir clos la dernière porte et réajusté mon bonnet, mon écharpe et mon manteau, je fis face à Lincoln qui passa un bras plutôt naturel sur mes épaules. Geste que je ne désapprouvait pas, me plaçant dans un certain cocon, me sentant rassurée. Mais pourtant je n'avais pas besoin d'être rassurée... Ou peut-être qu'inconsciemment si, apparemment.
Le sourire aux lèvres, j'écoutai les propositions de l'Auror, faisant mine de réfléchir tout en regardant le ciel. « Hum... Je vais garder mon innocence pour le moment alors. » Dis-je en lui souriant de façon complice. « On peut se balader jusqu'à chez moi si tu veux, ça s'ra déjà très bien ! » Lui dis-je tout en échangeant avec lui un regard sincère, commençant à prendre la direction de l'appartement.

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