Moments frère-soeur bien mérités [PV Scipion]

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La petite Evangeline était agitée de bon matin. Il était encore trop tôt pour sortir de la salle commune vue que l'aube pointait à peine le bout de son nez, mais la serdaigle ne pouvait plus dormir. Cela faisait déjà presque une heure qu'elle tournait et virait dans son lit, sans réussir à trouver un second sommeil. L'excitation en était la cause. Ce matin, il était prévu qu'elle rejoigne Scipion et qu'ils passent la matinée ensemble. Rien que tous les deux ! Vous vous rendez compte de sa chance. Il serait là rien que pour elle. *Yeux brillants d'étoiles*

Ne pouvant plus retenir son agitation intérieure qui avait tendance à dépeindre extérieurement, la jeune fille se leva prestement de son lit. La fraîcheur de la pièce la saisit, mais Evangeline n'y fit pas attention plus que ça. Son cerveau bouillonnait lui, et cela lui suffisait. Elle prit la direction de la salle d'eau le plus discrètement possible. Bien qu'elle soit réveillée, elle n'avait pas l'intention de faire subir à sa chambrée un réveil prématuré en bonne petite fille qu'elle était. Elle prit tout, mais vraiment tout son temps pour se préparer, histoire de faire passer le temps qui s'étirait en longueur. Vous n'avez pas remarqué que lorsqu'on attend quelque chose, le temps semble vouloir se jouer de nous, et en profite pour s'écouler le plus longtemps possible. Il faisait de même dans le cas présent.

Maintenant dans la salle commune, à chercher de quoi l'occuper pour l'heure suivante, Evangeline ne trouva rien de mieux que de jouer avec un chat qui se trouvait là. Elle ne savait pas vraiment à qui il appartenait, elle n'était sure que d'une chose ce n'était pas le sien. Si un serdaigle se pose la question, son pelage était noir et blanc, les taches les plus sombres sur le nez, les pattes et la queue. Ça vous dit quelque chose ? Après l'avoir fatigué avec l'attrapage d'une plume, des lancers de mini-balles en mousse, et pour finir par une séance de câlins ronronnant, il était enfin l'heure d'aller petit déjeuner, et ce fut d'un pas alerte qu'elle se rendit dans la grande salle. Elle avala plus qu'elle ne mangea des toasts beurré ainsi qu'un grand verre de jus de citrouille. Puis pour tromper son attente, elle partit flâner dans le château sans but précis, tout en gardant à l'esprit l'heure qu'il était. Elle monta plusieurs étages, en descendit autant avant qu'il ne fut l'heure de rejoindre Scipion.

En descendant les dernières marches de l'escalier principal, elle l'aperçut en bas qui lui tournait le dos. Ils n'avaient rien prévus à l'avance, et la jeune fille se demandaient ce qu'ils allaient bien pouvoir faire tous les deux. A moins que son grand frère ait déjà sa petite idée de la chose. Tant qu'il ne l’entraînait pas dans ses complots ou autres bêtises du genre, la belle brune s'en tirerait à bon compte. N'ayant toujours pas perçu la présence de sa sœur, Evangeline en profita pour si glisser dernière lui, et s'aidant des marches qui la grandissaient un peu, elle plaqua ses mains sur ses yeux, et déguisa sa voix du mieux qu'elle put.

– Salut ! Devines qui c'est?

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Scipion s'était levé du bon pied ce matin-là. Plutôt étrange, aucun acte de despotisme ou de vandalisme ne se profilait à l'horizon, mais l'aîné des Sélené avaient des plans d'une toute autre envergure. Il avait rendez-vous, et curieusement, ce n'était pas une rencontre destinée à jouer dans son intérêt. Il ne s'agissait nullement de l'une de ses aventures avec lesquelles il se divertissait de temps à autre dans la salle sur demande, ni de l'un de ces sous-fifres auquels il aimait généralement faire appel lorsqu'il n'avait pas envie de se salir les mains dans l'une de ses opérations. En temps normal, une matinée libre comme celle qui se présentait aurait été idéale pour rendre la vie de Sarah ou de l'un de ses nombreux ennemis (dont le nombre croissait de jour en jour) infernale, mais à présent qu'il s'était mis la quasi-totalité des préfets de l'école à dos, il devait surveiller ses arrières et demeurer en vigilance constante, encore heureux qu'il était encore en bons termes avec Lucas et Zora. Non, c'était effectivement une fille qu'il irait voir ce matin, mais pas dans le but d'avoir à jouer la comédie avec elle afin qu'elle lui serve d'alibi pour une manigance quelconque ou d'essayer de la piéger dans ses filets. Il y avait déjà les réunions Ô combien profitables de l'AVP pour ça, pourquoi en demander davantage? Ce matin, celle qu'il irait voir était une Serdaigle, et nulle autre que sa soeur cadette.

Cela faisait bien quelques jours qu'il n'avait pas passé autant de temps qu'il l'aurait voulu avec Evangeline, la seule dont la compagnie ne lui était pas acquise dans l'unique but qu'elle lui serve d'une manière ou d'une autre. En réalité, elle était le seul être pour lequel Scipion s'était autorisé à éprouvé des sentiments humains, comme de l'affection fraternelle. Un lien étroit s'était créé entre eux depuis toujours semblait-il, peut-être parce qu'ils avaient grandi dans le même environnement, puis parce qu'ils étaient l'un pour l'autre le rôle que leurs parents n'avaient jamais pu assumer. Quiconque préférant ne pas irriter le Gryffondor aurait pris un soin méticuleux à éviter de lui parler de ses géniteurs, quand on connaissait la relation de tension omniprésente qu'il y avaient entre eux. Quand Eve avait été mordue, il n'avait jamais reçu la lettre lui annonçant son changement d'état, on lui avait simplement appris qu'ils déménageaient sans aucune raison valable. Quelle n'avait pas été sa fureur quand il avait découvert que sa soeur était devenue un loup-garou, lorsqu'il était rentré de sa première année à Poudlard... et il n'avait jamais pardonné à ses parents d'avoir fait passer leurs intérêts personnels avant ceux de leur fille, qu'ils voyaient désormais comme un monstre. Depuis ce jour, il s'était dit que si Evangeline était réellement un monstre, il en deviendrait un à son tour et avait fait abstraction de toute humanité. Et aujourd'hui, il était Scipion, un septième année aimé par crainte, haï pour ses ambitions tyranniques, redouté pour ses opérations stratégiques, et se complaisait dans cette image. Sa soeur, au contraire, avait hérité de Rowena toute la sagesse que lui-même n'avait jamais reçu, et était probablement la personne la innocente et dépourvue de mauvaises intentions que l'on ne pût trouver au château. C'était peut-être leurs caractères opposés et leurs différences qui avait renforcé leur attachement l'un pour l'autre. Il l’aimait plus qu’il ne le montrait, et c’était sûrement la seule pour laquelle il pouvait employer ce verbe, en dehors de lui-même et de son reflet dans le miroir, narcissisme, quand tu nous tiens. Mais quoiqu'il en soit, le Gryffondor veillait toujours sur elle, de près ou de loin.

Aussi, cela faisait quelques minutes qu'il était posté dans le hall, dos à l'escalier. Qu’allaient-ils bien faire de leur matinée ? Ils trouveraient bien, ils seraient ensemble après tout. Pour une fois, il n’y aurait aucune manigance, aucun plan, aucune stratégie à appliquer, seulement un moment bien mérité pour tous les deux. Il se demandait par ailleurs ce qu’elle pouvait bien faire mais ne s’aventura pas à questionner un de ses camarades de maison. Les Serdaigle, lorsqu’ils pouvaient éviter tout contact avec lui, s’en gardaient bien ; il s’était mis pratiquement toute la maison de Rowena à dos, à l’exception d’Eve. Maddox, le préfet qui pourtant était réputé pour être en bons termes avec pratiquement tout Poudlard était conscient de l’influence néfaste que le Sélené avait sur sa petite protégée de Gryffondor, aussi il ne pouvait que lui être hostile. Quant à Kate, il ne s’entendait pas spécialement mal avec elle, mais mieux valait qu’elle évite d’apprendre qu’il était le responsable du maléfice de glu perpétuelle qui l’avait collée à Naïa le soir du banquet. Il y avait aussi Clyde, avec qui il n’avait jamais réellement parlé mais qui lui serait certainement antipathique, Juliet, une petite bêcheuse qui ne présentait aucun intérêt, Levinson, une peste qui ne manquait pas de lui chercher des noises… non, en réalité, aucun Serdaigle ne le calculait, à présent. Il attendit donc, appuyé contre la rampe, avant que deux mains sorties de nulle part ne lui dissimulent la vue des alentours. Une entrée en scène bien digne de sa jeune sœur, aussi il ne put s’empêcher de sourire à travers les deux petites mains qui l’empêchaient de distinguer quoi que ce soit.

« Je ne sais pas… Mc Gonagall peut-être ? Je vous ai pourtant dit que ce n’était pas moi qui ai trafiqué le réseau de cheminée. Si c’est Laskovick, je n’ai pas pu venir en Défense pour obligations familiales, désolé. A moins que ce ne soit mon impertinente de sœur qui ne s’amuse à me rendre aveugle ? »

Aussitôt, il s’échappa de l’emprise de sa cadette afin de pouvoir lui adresser un sourire vainqueur et de l’embrasser sur la joue, élan d’affection qu’il ne se permettait que trop rarement. Elle avait l’air en forme ce matin, c’était bon signe. La prochaine pleine lune n’était pas encore d’actualité, il n’avait pas à s’inquiéter de son état pour le moment.

« Comment va mon aiglonne préférée, sinon ? Tu devrais revoir ton répertoire de fausses voix, si je puis me permettre, à moins que je ne te connaisse trop pour savoir que c’est toi… »

Il lui adressa un clin d’œil et s’assit sur une marche d’escalier en attendant la réponse de sa sœur.

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Je ne sais pas… Mc Gonagall peut-être ? Je vous ai pourtant dit que ce n’était pas moi qui ai trafiqué le réseau de cheminée. Si c’est Laskovick, je n’ai pas pu venir en Défense pour obligations familiales, désolé. A moins que ce ne soit mon impertinente de sœur qui ne s’amuse à me rendre aveugle ?

Impertinente. Impertinente. Depuis quand Evangeline était impertinente ? Si quelqu'un devait-être qualifié d'impertinent c'était son frère plutôt que la jeune fille. Scipion était le plus téméraire et effronté des deux à n'en pas douter. Pour la serdaigle, ces mots ne faisaient quasiment pas parti de son vocabulaire, malgré l'influence de son aîné. Le gryffondor aimait se divertir de bien des façons qui généralement ne respectaient pas le règlement. Quasiment toujours en fait. Et bien qu'ils soient frères et sœurs, ils étaient diamétralement opposés sur ce plan là. Evangeline n'avait jamais transgressé le règlement, sauf si un chapitre sur ne pas donner d'alibi à sa famille en faisait parti.

C'était arrivé une fois, et elle ne le regrettait pas. Scipion était sa seule famille, enfin la seule qui comptait à ses yeux. Lui seul la comprenait, et lui donnait le courage de vivre une vie quasi normale. Ses parents n'étaient pas du genre à avoir la fibre parentale, surtout lorsque leurs enfants ne pouvaient pas les aider socialement, et les avaient plongé dans le surnaturel comme ils disaient. Quelque fois, Evangeline se demandait ce qu'avait bien pu raconter sa mère et son père à leur entourage pour expliquer leur absence une bonne partie de l'année. La jeune fille ne s'en était jamais intéressé, et les courts moments qu'elle passait dans la maison familiale – et pas de gaîté de cœur - elle les passait dans sa chambre ou dans le parc une rue plus loin. Elle n'attendait d'eux que le gîte et le couvert. La jeune fille les soupçonnait, eux, d'attendre qu'elle devienne majeure pour la faire partir de la maison. Pour Scipion, c'était pratiquement le cas, puisqu'il passait sa dernière année à Poudlard.

Evangeline essayait de ne pas penser à l'année prochaine. Elle savait que ce serait sa dernière année en compagnie de son frère dans l'école de magie. Ensuite, il irait vivre sa vie, même si elle savait qu'il serait toujours là pour elle. Il le lui affirmait tout le temps, et elle le croyait. Mais quelques lettres ne pourraient pas remplacer sa présence, et sa protection. Elle ne voulait pas se sentir vulnérable. Pas vulnérable dans le sens, avoir quelqu'un pour la protéger des autres physiquement, mais plus pour la protéger d'elle même. Elle se savait quelque peu naïve et influençable, et Scipion s'en rendait bien compte aussi. Sa jeunesse ne lui permettait pas toujours de comprendre les desseins des gens qu'elle côtoyait, tandis que son frère, lui qui avait l'habitude d'obtenir tout ce qu'il voulait des autres, entrevoyait les rouages d'une action souvent bien avant elle, et la prévenait tout simplement. Mais au final, c'est son frère qui lui manquerait tout simplement.

Comment va mon aiglonne préférée, sinon ? Tu devrais revoir ton répertoire de fausses voix, si je puis me permettre, à moins que je ne te connaisse trop pour savoir que c’est toi…

Avait-elle un répertoire de fausse voix ? Pas vraiment, elle n'en avait pas l'utilité. Scipion l'embrassa, ce qui l’étonna. Rares étaient les moments où il se permettait ce genre de geste surtout à la vue de tout le monde. La jeune fille se laissa faire et lui rendit son étreinte. Suivant l'exemple de son frère, elle s'assit également sur une marche à coté de lui. A eux deux, ils prenaient une bonne partie de la largeur de l'escalier, mais quelle importance. Les élèves monteraient et descendraient d'un seul côté voilà tout.

– C'est sur que toi, tu dois avoir pas mal de fausse voix en stock. Ça doit bien t'aider dans tes escapades ! Sinon, je vais très bien. Tout en s'étirant. En pleine forme même. Et toi, tout va bien ? Apparemment, tu rends la vie dure aux professeurs pour changer.

HJ : Et voilà, juste avant ton bac d'anglais

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Par "impertinente", Scipion avait souligné l'ironie de ces propos. Si lui était absolument invivable, sa soeur représentait tout le contraire de son abominable personne. La nette différence qui existait entre eux était très précise, mais n'avait jamais émoussé leur entente, c'était justement parce qu'Evangeline représentait la raison et la sagesse même qu'il savait qu'il pouvait lui faire confiance. Et elle était bien la seule, jamais il ne prenait le risque d'accorder sa confiance à tort et à travers, excepté à lui-même. Comment expliquer ce contraste flagrant entre eux? Il l'ignorait, mais sa soeur représentait tout pour lui. Elle était son leitmotiv, sa soif de vivre, de vaincre, même si pour ce faire il fallait en retour faire de la vie des autres un enfer. Evidemment, il ne prenait pas le risque d'enrôler sa jeune soeur dans ses opérations, il savait qu'elle ne cautionnait pas ses actes, et s'il n'avait aucun scrupule à abandonner un allié sur le terrain, la mettre ne serait-ce que dans une position délicate serait pour lui impardonnable.

– C'est sur que toi, tu dois avoir pas mal de fausse voix en stock. Ça doit bien t'aider dans tes escapades ! Sinon, je vais très bien. En pleine forme même. Et toi, tout va bien ? Apparemment, tu rends la vie dure aux professeurs pour changer.

La petite allusion à ses escapades le fit sourire. En effet, elle n'ignorait pas qu'il était loin d'être innocent, que l'auréole qu'il prétendait posséder n'était que factice, et qu'il était loin d'être docile. Des deux, la seule à avoir hérité de la plus grande partie de la dimension intellectuelle et de la sagesse serdaigloise, c'était bien Eve. Lui, malgré ses opérations reposant principalement sur la stratégie accumulait les erreurs de calcul du à une stupidité hors-norme lorsqu'il agissait avant de réfléchir. Toutefois, cela ne le dérangeait pas plus que cela, tant que cela n'entravait pas ses opérations. En tout cas, sa soeur avait l'air de se porter comme un charme et cela suffisait à le satisfaire pleinement, visiblement elle ne semblait pas disposée à manquer une telle occasion de le taquiner au sujet de son absentéisme ou de la vie infernale qu'il rendait au corps professoral. Il prit immédiatement un air faussement offensé, et arbora un sourire angélique factice.

" Moi? Leur rendre la vie dure? Non, impossible, tu dois confondre avec un autre Scipion. Bon, on exclut ce sortilège de confusion que j'ai jeté "par inadvertance" sur mon voisin de devant pendant les révisions aux ASPICs en Défense Contre les Forces du Mal. Autrement, rien à me reprocher, je t'assure. "

L'aspect dérisoire de ces paroles aurait tôt fait de le discriminer et les chances qu'elle soit exaspérée de son comportement était assez élevées. Chez les Serdaigle, un tel manquement au réglement ne devait pas passer aussi bien... ils constituaient la maison des érudits après tout, et Eve ne devait pas être en accord avec la politique de souiller son blason. Si le fait d'être constamment en retenue et d'avoir fait perdre à Gryffondor les trois quarts des points gagnés par les autres ne dérangeait absolument pas Scipion, il en était autrement pour elle.

" Et tes cours à toi? T'arrives à suivre? A ce rythme-là, y a des chances que tu finisses par devenir plus douée que moi en sortilèges, si ça continue sur cette voie... "

Il lui adressa un clin d'oeil taquin tandis qu'un troisième année derrière lui tentait de lui faire comprendre de manière subtile et inefficace qu'il bloquait l'accès. Le Gryffondor tourna aussitôt la tête vers l'inopportun et le gratifia d'un regard noir, préférant lui ôter l'idée de le déranger pendant qu'il était avec sa soeur. Il n'avait droit qu'à trop peu de moments avec elle à son goût et l'en priver ne suffiser qu'à lui hérisser le poil. Et si par chance il ne redoublait pas l'année de ses ASPICs, ce serait sa dernière année à Poudlard passée en sa compagnie... il répugnait à l'idée de la laisser derrière lui, dans ce monde trop hostile pour quelqu'un comme elle. Il ne serait plus là pour veiller sur elle, que ce soit de près ou de loin, et cette idée le tourmentait. Comment ferait-elle? Après tout, il fallait bien qu'elle vole un jour de ses propres ailes et Scipion ne manquerait pas de lui envoyer plus de lettres que de raison, mais cela ne suffirait jamais à combler le manque que produirait l'absence de sa jeune soeur durant trois ans. Si lui avait enfin atteint l'âge de la majorité et pouvait désormais plier bagage en toute tranquilité de son exécrable vie moldue et définitivement prendre la tengente, ce ne serait pas le cas d'Eve. Aussi, il était déterminé à se trouver un emploi qui traînerait là et qui se satisferait d'un incapable comme lui de façon à pouvoir l'accueillir chez lui pour les trois étés qui suivraient, répugnant à la laisser retourner chez leurs géniteurs irresponsables. Mais comme pour le moment la chose n'était que projet et loin d'être réalisable, il préférait le lui exposer plus tard.

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Comme si Evangeline allait le croire. Lui n'avoir rien à se reprocher. La bonne blague.
La serdaigle connaissait son frère mieux que personne, et elle savait pertinemment, qu'il n'était pas du genre à n'avoir rien à se reprocher. Un jour sans s'écarter du droit chemin, ne ressemblait pas à un jour normal pour Scipion. A moins d'être malade au point de rester clouer au lit, le rouge et or passait son temps à trouver quelque chose à faire pour se distraire au dépens des autres. Heureusement pour lui que les châtiments corporels ne soient plus d'actualité, car en un autre temps, une autre époque, le jeune homme n'aurait pas être pas tant fait le fier. Plus de fanfaronnade, ni d'allusion indirecte à ses exploits. Ça lui aurait appris à travailler dans l'ombre, sans laisser le moindre doute sur sa complicité des actes lui étant reprochés. Car il fallait bien reconnaître que Scipion ne faisait pas dans la dentelle. Combien de fois s'était-il fait prendre ? Elle ne saurait le dire. Trop de fois à son humble avis.

Si la jeune fille n'aimait pas tant son frère, son exaspération à son sujet se serait transformée en une indifférence glaciale. N'avoir que faire du sort de quelqu'un est le pire des sentiments qu'elle connaisse. Mais son frère resterait malgré ses incartades, la seule personne qui compte à ses yeux. Il était son rocher, son pilier, la seule personne auquel se raccrocher dans la tempête. Surtout depuis sa morsure. Sa deuxième vie, comme elle l'appelait, aurait pu être plus facile à appréhender avec la présence de son frère. Que ses parents lui ai interdit d'avertir Scipion de son ''état'' avait failli la briser. La compassion, et le gentillesse des infirmières n'avaient pu compenser l'amour inflexible de son frère. Maintenant encore, il lui arrivait de repenser à ses longs mois d'hospitalisation. Tout aurait pu être plus facile sans ce ''petit'' incident.

– Bien sur que je m'en sors en cours. Contrairement à une personne que je connais, il m'arrive d'aller en cours. A tous les cours même. Je dois reconnaître tout de même que tu gardes un bon niveau de sortilèges grâce à l'utilisation inhabituelle que tu en fais. Mais en jour, je pourrais te donner des cours qui sait ?

Evangeline arrivait à suivre le programme. Elle s'était habituée au rythme de travail bien qu'elle rate un jour de cours par mois, pour les raisons inhérente à sa position de mordue. Les professeurs étaient au courant de sa situation, ainsi que la directrice. N'étant pas la première dans ce cas-là, ils savaient à quoi s'en tenir. Et heureusement pour elle. Elle n'aurait pas supporter une surprotection de leur part. De la part de personne, en fait. Elle était assez grande pour s'occuper d'elle-même, et prendre soin d'elle.
Un temps, la jeune fille avait eu peur que Scipion se mette en tête de lui trouver un protecteur, ou un genre de parrain. Enfin quelqu'un pour veiller sur elle, et la protéger en somme. Possessif comme il lui arrivait de l'être, cette solution aurait pu lui agréer pour la fin de sa scolarité. Son frère ne lui ayant jamais rien dit à ce sujet, Evangeline supposait qu'il n'en était rien. Elle l'espérait en tout cas, sinon elle saurait lui dire le fond de sa pensée.

Derrière elle, un pauvre gryffondor essayait tant bien que mal de passer bien que Scipion le mitraille du regard. Un peu plus, et son frère allait lui faire avaler sa cravate pour avoir oser les déranger. Levant les yeux au ciel devant cette attitude peu cavalière, Evangeline se releva d'un geste fluide et assuré pour laisser passer le troisième année qui ne demanda pas son reste, et fila aussi vite qu'il le peut. Tout comme son frère, elle adorait les moments passés en sa compagnie, mais elle savait faire la part des choses. Dommage qu'il n'est pas reçu un peu de la sagesse des serdaigle par son intermédiaire. Une bonne partie de son éducation était à refaire. Eve plaignait la pauvre femme qui un jour arriverait à toucher son cœur. Bien que son frère soit hermétique à toute forme d'amour en dehors du lien qui les unissait, la demoiselle était convaincu qu'un jour, une femme saurait trouvé le chemin de son cœur. Un chemin sans doute semé d’embûches, embûches que Scipion lui-même prendrait le temps d'installer, mais pas impossible aux yeux d'Evangeline.

- N'ayant aucune envie de connaitre certains de tes exploits, si tu pouvais éviter de m'en énumérer un ou deux à chaque fois qu'on se voit, ça m'arrangerait bien. Si tu pouvais aussi arrêter tes inombrables exploits, ce serait encore mieux ! Mais j'imagine que c'est comme demander à un troll des cavernes de ce comporter en gentleman.

L'allusion au troll des cavernes n'était pas des plus subtiles, mais la jeune fille se comprenait. Et puis, elle n'avait pas d'autre exemple sous la main, bien qu'elle aurait préféré un trouvé un plus à même de ménager l'orgueil de son grand frère.

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– Bien sur que je m'en sors en cours. Contrairement à une personne que je connais, il m'arrive d'aller en cours. A tous les cours même. Je dois reconnaître tout de même que tu gardes un bon niveau de sortilèges grâce à l'utilisation inhabituelle que tu en fais. Mais en jour, je pourrais te donner des cours qui sait ?

Au moins, si elle s'y plaisait, c'était déjà une bonne chose. Scipion voyait mal quel intérêt on pouvait y trouver étant donné que la plupart des enseignements s'arrêtaient à un formatage pur et simple des esprits. De fil en aiguille, sa soeur commençait à rentrer dans le moule "Serdaigle", néanmoins, heureusement qu'elle ne semblait pas posséder cette tendance à la compétitivité qui leur était propre, ce simple fait la différenciait des autres bêcheurs. Quant à son niveau de sortilèges, il aurait été ravi de pouvoir affirmer qu'il était maître en la matière mais ce n'était absolument pas le cas. Il ne s'agissait là nullement de modestie, car ce simple concept lui était purement inconnu, mais son niveau n'atteignait aucunement celui qui était recquis pour un septième année, ni même celui de ses camarades qu'il méprisait tant. Evidemment, on ne pouvait pas se permettre une suite d'années sabbatiques et mener ses opérations dans le château à bien et à la fois conserver un bon niveau en sortilèges ou autre enseignement que ce soit. Jusqu'à preuve du contraire, il devait faire face à cette triste réalité, celle selon laquelle il n'était malheureusement pas un surdoué. Au moins, pour consolation, sa soeur semblait plus apte que lui à la réussite scolaire et à déboucher dans l'univers de la magie, elle aurait un avenir, elle.

" Je suis au regret de t'annoncer que l'éventualité n'est pas à exclure, pour les cours. Enfin, on parlera de ça quand tu maîtriseras les sortilèges impardonnables, je serais ravi que tu me les enseignes. On pourrait même les expérimenter sur... non, c'est une plaisanterie, Eve, ne me regarde pas comme ça. "

La seule caractéristique de la jeune aiglonne qui la rendait, en quelque sorte, complémentaire de son frère, était sa conciliance et sa vertueuse patience. Il n'y avait aucun doute que si le lien de sang ne les avait pas unis, elle ne lui aurait certainement jamais adressé la parole et il s'en serait parfaitement accomodé. Néanmoins, le fait était qu'aujourd'hui, elle représentait la seule personne qui comptait pour lui, la seule qui avait de l'importance à ses yeux. Les autres... n'étaient finalement que des pions sur un jeu d'échec, tout aussi insignifiants et ridiculement inutiles. Toutefois, lorsqu'il était en présence de sa soeur, il prenait le soin infime de mettre ces pensées de côté, sachant pertinemment qu'elle ne cautionnait pas le fait qu'il se considérait comme supérieur à la populace Poudlardienne.

- N'ayant aucune envie de connaitre certains de tes exploits, si tu pouvais éviter de m'en énumérer un ou deux à chaque fois qu'on se voit, ça m'arrangerait bien. Si tu pouvais aussi arrêter tes inombrables exploits, ce serait encore mieux ! Mais j'imagine que c'est comme demander à un troll des cavernes de ce comporter en gentleman.

La remarque lui tira un sourire amusé. A présent qu'il avait goûté au plaisir que lui procuraient les Opérations, celles qui rendaient sa vie étudiante tellement moins monotone, il ne pouvait y renoncer, même s'il savait qu'Eve s'en réjouirait en retour. Il était évident qu'elle n'était nullement en accord avec ses pratiques, encore moins avec son mépris des autres et son art de progresser à leur dépens. Au final, il ne pouvait exclure leurs parents d'être la cause de cette attitude, et pourquoi pas reporter la faute sur ces deux derniers si cela pouvait lui rendre la conscience tranquille, si toutefois il possédait une conscience. L'éducation réalisée par ces deux êtres égoïstes avait forgé le sien, et même s'il s'en accomodait il ne pouvait s'empêcher d'être satisfait à l'idée qu'Eve n'en avait pas hérité.

" Promis, je ne t'en parlerais plus. Quelle cruauté de m'enlever mes deux minutes de vantardises... enfin puisque c'est toi, je ne puis que m'y résoudre. Néanmoins pour ce qui est d'arrêter les Opérations, ça risque d'être plus difficile. Enfin, puisque nous avions décidé de ne plus en parler, n'en parlons plus. "

Solution de fuite, certes. Mais il ne tenait ni à voir sa soeur sortir les griffes, ni à devenir un élève modèle, privilège qu'il laissait volontiers à l'Elite Serdaigloise. Toutefois, il refusait de mettre sa cadette dans le même panier que les bêcheurs érudits, intimement persuadé qu'elle leur était en tous points différente et tellement plus intéressante, peut-être parce qu'elle était au demeurant la seule personne pour laquelle il avait manifesté de l'intérêt et qu'elle était la seule qu'il avait prise en compte dans son semblant d'avenir. Il voulait pouvoir continuer à veiller sur elle comme il l'avait fait jusqu'à maintenant, qu'elle continue à prendre son traitement comme elle l'avait toujours fait et que sa condition n'entrave pas ce qu'elle voulait devenir. Et pour ce rôle, il refusait obstinément de voir quelqu'un d'autre prendre sa place, personne ne pouvait être à la hauteur de cette tâche sans posséder cette volonté qui lui était propre. Et c'était bien le problème qui allait se poser pour les trois prochaines années s'il ne redoublait pas... aussi, pourquoi ne pas lui faire part de sa proposition, même si elle ne restait qu'onirique pour l'heure?

" Dis, imaginons que l'an prochain, en partant du principe que je m'en sors dans la vie et que je trouve un boulot à Pré-au-Lard et un toit quelque part... tu viendrais pendant les vacances d'été et de Noel? Ca reste purement hypothétique, après tout, la caverne d'un Troll ne sera peut-être pas à la hauteur de tes espérances et tu préfères peut-être rentrer chez nos chers géniteurs... "

Il se doutait bien que ce n'était pas le cas, elle méprisait ses parents autant que lui. Après tout, s'ils n'avaient pas été l'un ou l'autre aussi irresponsables, ils n'en seraient pas là... aussi, il attendit sa réponse avec curiosité.

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La blague de Scipion la laissait franchement sur le chaudron. Les sortilèges impardonnables. Mais bien sur. Comme si la serdaigle allait les apprendre dans leur chère école, et même si par grand malheur, elle venait à savoir les utiliser, pas question de les montrer ou pire les apprendre à son impossible de frère. Sa devise étant d'agir avant de réfléchir, il serait bien capable de se lancer dans une expédition dangereuse, et surtout qui aurait pour conséquence de l’exclure de poudlard. Ayant atteint sa majorité, il risquerait même pire. Pas question de perdre son frère pour ce qu'il considère comme un simple jeu. Et pas question de répondre à ce qu'elle considère comme à un brin d'ironie, ou de jenesaisquoi qui blase un peu plus notre Eve à l'encontre des agissements de son grand frère. Enfin bref, le sujet semblait clos.

Moins de vantardise de sa part. Youhou, mais Scipion avait-il mangé un bol de complaisance le matin même ? Il était rare qu'il accepte aussi facilement les requêtes de sa jeune sœur. Elle n'allait pas s'en plaindre. Loin de là. Mais connaissant suffisamment son frère, qui l'avait habitué à n'en faire généralement qu'à sa tête, Evangeline décelait un comportement quelque peu inhabituel, mais qui lui plaisait plus que bien ! La sagesse de Rowena déteignait un soupçon sur Scipion apparemment. Evangeline se félicitait intérieurement d'avoir un peu d'influence positive sur son frère. Bon ce n'était pas super flagrant, mais au moins, avec elle il faisait de gros efforts pour lui plaire.

- Dis, imaginons que l'an prochain, en partant du principe que je m'en sors dans la vie et que je trouve un boulot à Pré-au-Lard et un toit quelque part... tu viendrais pendant les vacances d'été et de Noël? Ça reste purement hypothétique, après tout, la caverne d'un Troll ne sera peut-être pas à la hauteur de tes espérances et tu préfères peut-être rentrer chez nos chers géniteurs...

Sa proposition, la jeune fille ne s'y attendait pas le moins du monde. Pas qu'elle lui déplaise loin de là, mais Eve avait toujours cru que Scipion n'attendait qu'une chose : quitter au plus vite Poudlard, prendre le large et vivre sa vie comme il l'entendait. Alors l'entendre lui demander ce qu'elle pensait de ses projets la comblait de joie. Elle comprenait qu'elle était bien plus importante que ses envies à lui. Et égoïstement, elle aimait ça. Elle savait qu'elle devrait plutôt penser au bonheur de son frère qui méritait tout de même de profiter un peu, après avoir supporter pendant 17 années la vie avec les parents. Mais elle ne pouvait se focaliser sur une seule chose. Scipion voulait bien qu'elle vive avec lui pendant les vacances et ce dès l'année prochaine ! Qui ne serait pas ravie ? La serdaigle n'avait pas le moins du monde envie de supporter sa chère mère et son cher père. D'être obligé de supporter leur regards méprisants, leurs réflexions mesquines à son encontre. Autant Evangeline arrivait à s’accommoder du regard des gens, avec sa timidité un peu exacerbée certaines fois, ses absences qui faisait jaser parfois, mais le plus dur à n'en pas douter, ne pouvait être que le regard oblique de ses parents, ses géniteurs comme dirait son frère. L'amour inconditionnel que doivent avoir les parents envers leur enfants, n'existait pas le moins du monde dans le langage des leurs... Ils ne pensaient qu'à leur propre bonheur. Quels parents géniaux. Ironie quand tu nous tiens.

– La caverne de troll me semblera toujours plus accueillante que la fausse maison qui m'attends. Non sans rire, si tout se passait comme tu l'as dit, j'adorerais venir vivre avec toi. Même que pour les vacances. Ce serait le paradis en comparaison de notre foyer actuel. Bon avant tout, il faut que tu réussisses tes aspics. Mais je sais que tu vas y arriver.

Tout en disant, Evangeline s'était penché vers son frère et en avait profité pour déposer un baiser affectueux sur la joue de son frère. Il n'accepterait sans doute pas une étreinte mais un bisou comme celui là, il lui serait impossible d'y échapper.

– Mais que diront nos parents. J'imagine qu'ils ne seront pas emballés par tout ça. Après tout, cela ferait sans doute mauvais genre auprès de leur amis, si leur fille ne rentrait pas pendant les vacances. Ni celles de Noël, ni les grandes de l'été. Tu y as réfléchis ?

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– La caverne de troll me semblera toujours plus accueillante que la fausse maison qui m’attend. Non sans rire, si tout se passait comme tu l'as dit, j'adorerais venir vivre avec toi. Même que pour les vacances. Ce serait le paradis en comparaison de notre foyer actuel. Bon avant tout, il faut que tu réussisses tes aspics. Mais je sais que tu vas y arriver.

Cette dernière remarque et l'embrassade de sa soeur tirèrent un sourire amusé à Scipion. Réussir ses ASPICs? Il n'en était pas encore là! Depuis combien de temps n'avait-il pas mis les pieds en cours, préférant passer son temps à l'extérieur ou à concocter une Opération? Il n'aurait jamais pu se résoudre à abandonner ses manigances, il y tenait bien trop. Comment aurait-il pu rythmer cette dernière, ou avant-dernière année, autrement? Mettre fin à sa guerre avec Sarah? Cesser de faire ami-ami avec le danger? Dire adieu à ses escapades nocturnes? Adopter un mode de vie raisonnable et monastique afin de s'embourber dans l'ennui? Impossible, il préférait directement aller se jeter dans le lac noir plutôt que de se laisser dicter sa conduite par une once de sagesse. Pour ne pas énerver Evangeline, il se gardait déjà de lui raconter ses "exploits": n'était-ce pas déjà assez? Il savait qu'elle n'aimait pas ce genre de récit, aussi il s'était dit qu'il trouverait bien quelqu'un d'autre auprès de qui se vanter sans recevoir un regard noir en retour. Mais sa jeune soeur représentant la seule personne pour laquelle il semblait éprouver des sentiments humains, il prenait également soin de ne pas l'irriter, connaissant son goût pour les études, même sans comprendre de qui elle pouvait bien le tenir. Son séjour à Ste-Mangouste en avait-il fait une érudite? Peut-être après tout, il fallait bien quelqu'un dans la famille pour compenser par son intelligence le manque de discernement et l'insouciance du Gryffondor. Mais qu'importait, il ne l'en aimait pas moins bien au contraire. Qu'elle ait la tête dans les bouquins ou non, elle restait sa soeur, et elle représentait la seule personne à son actif pour laquelle il aurait pu se compromettre si cela s'était avéré nécessaire. C'était pourquoi il se fichait bien de réussir ses examens, dans le pire des cas il gagnerait une année supplémentaire à Poudlard pour mener à bien quelques Opérations, rendre la vie de Sarah et des autres préfets de plus en plus dure et continuer de veiller sur Eve, de près ou de loin.

Mais l'hypothèse selon laquelle ils pourraient passer les vacances ensemble, dans un logis qui pour le moment n'était encore onirique, était une perspective qui lui aurait plu. En faisant preuve d'un peu plus de réalisme, évidemment que tout cela serait ardu... déjà pour le problème des ASPICs, puis parce que dans l'état actuel des choses, il ignorait où il pourrait s'établir, puis parce qu'avec la condition d'Eve, veiller à ce que son état ne soit nocif ni pour elle ni pour lui-même serait quelque peu difficile. Toutefois, ils avaient encore le temps d'y réfléchir, non?

" Bah, les ASPICs ne sont pas un problème. Dans le pire des cas, je resterai entre ces murs encore un an, et on remettra ça l'année d'après... "

Au moins, si c'était le cas, ils pourraient passer leurs examens respectifs ensemble. Elle ses BUSEs et lui ses ASPICs... de nouveau. Certes, il imaginait sans mal qu'elle ne serait sans doute pas satisfaite s'il échouait cette année, c'était ce qui le poussait de temps à autre à ouvrir un manuel choisi aléatoirement, ou à se présenter à un cours dans la semaine même pour rester complétement passif et en retrait. Il n'aspirait nullement à la décevoir, mais son oisiveté était telle qu'il avait atteint un point de non-retour entre retenues, heures séchées... qu'importait, tant qu'il restait près de sa soeur, du moins assez près pour s'assurer de son état. Que ce soit à Poudlard ou quelque part dans les environs de Pré-au-Lard, ou au bout du monde, elle était la seule qu'il voulait garder auprès de lui. Plus que n'importe quel autre allié, adjuvant, acolyte d'Opérations ou autre.

– Mais que diront nos parents. J'imagine qu'ils ne seront pas emballés par tout ça. Après tout, cela ferait sans doute mauvais genre auprès de leur amis, si leur fille ne rentrait pas pendant les vacances. Ni celles de Noël, ni les grandes de l'été. Tu y as réfléchis ?

Non, il n'y avait pas réellement réfléchi, il avait énoncé cette possibilité comme une idée jetée en l'air, mais quoiqu'il advienne, il était déterminé à arriver à ses fins. Comment des êtres aussi insignifiants, aussi communs et aussi pathétiques que l'étaient leurs parents pourraient les empêcher d'être réunis? Cette simple idée déplaisait à Scipion, lui remettant en mémoire les passages de sa fade enfance. Mais qui serait susceptible de l'arrêter alors qu'il était déterminé à obtenir une vie dans laquelle il pourrait se complaire, pour lui comme pour sa soeur?

" Tu sais, d'un autre côté, ils seront sans doute pas fâchés de se débarrasser de nous. T’imagines? Ils reprendraient une existence normale, et ne seraient plus obligés de raconter notre internement dans je ne sais quel pensionnat, le pied pour des gens aussi communs qu'eux. Ils trouveront sans doute un bon mensonge assez crédible pour le raconter partout, et ce sera réglé. Et au pire, je viendrais te chercher, à dos d'Hippogriffe s'il le faut! "

Cette idée l'amusa lui-même. Légèrement utopique et dépourvu de tout sens réaliste, mais alléchante. Ainsi, il aurait sa soeur à ses côtés, sans avoir à se demander ce qu'elle deviendrait chez ces deux êtres passifs et trop peu soucieux de son état. Car si un incident du à sa nature survenait? Scipion ne pourrait se pardonner d'avoir laissé une telle chose se produire. Mais ne tenant pas particulièrement à ternir ce moment qu'ils passaient ensemble à rappeler à Eve ce qu'elle était malgré elle, il décida d'orienter la conversation sur des sujets plus allègres.

" Au fait, j'ai vu sur le panneau d'affichage que tu t'es inscrite au Quidditch. Les aiglons doivent être fiers! Ils vont au moins avoir un bon élément dans leur équipe! "

Il avait souri en disant cela, mais n'avait glissé nulle ironie dans ses propos. Connaissant le sérieux de sa jeune soeur, il savait qu'elle s'investirait sans doute corps et âme et deviendrait une joueuse hors-pair. Elle était une Sélené après tout! Et il était persuadé du succès de son entreprise.

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Manquerait-elle à ses parents ? Pas vraiment non. Scipion avait sans doute raison quand il affirmait qu'ils seraient bien contents de se débarrasser d'eux. Après tout, à eux deux, ils avaient fichus leur vie en l'air, entre la magie et sa mutation. Déjà que le fait d'apprendre le lien qui unissait son frère à la magie n'avait pas été sans douleur, puis le fait d'apprendre que leur jeune fille marchait dans les traces de son grand frère avait presque fait débordé le vase. Le pompom sur le chaudron était sans nul doute, le jour où ils comprirent qu’Ève était irrémédiablement entraînée dans ''ce'' monde sans possibilité de se réhabiliter. Après tout, une minorité de sorcier vivait sans faire étalage de leur magie, et même sans l'utiliser un seul instant de leur vie à leur sortie de poudlard. Ses parents avaient sans doute bon espoir de la faire intégrer un de ces groupes extrémistes. Mais avec sa maladie, tout semblait compromis du point de vue de ses parents. Fallait avouer, qu'ils étaient bien content que Sainte Mangouste ait pris soin d’Évangeline à leur place, et qu'un remède existe, histoire de s'en laver les mains. Ève, quand à elle, elle était bien contente qu'un remède permette d'atténuer la mutation. Sans ça, elle s'imaginait bien se faire enfermée par ses géniteurs, les nuits de pleines lunes dans la cave, avec un repas presque inexistant qui lui serait apportée à travers une trappe. Brrr ça fait froid dans le dos. Vive l'ère moderne !

Trouveraient-ils un mensonge ? Sûrement oui. Après tout, rien n'était plus important que les apparences pour ces deux êtres égoïstes. Il ne serait pas le premier, et encore moins le dernier. Depuis sa tendre enfance, aux dires de ses parents, Ève avait été chez les scouts, pour pallier à son absences lors de sa longue visite à Sainte Mangouste, elle étudiait en suisse en tant que pensionnaire au lieu de faire ses études à Poudlard, très timide limite associable pour excuser son manquement aux divers événements mondains auxquels se livrent ses parents à longueurs de temps, une sorcière n'est pas vraiment sortable. Enfin bref, ils trouveraient facilement une idée pour son hypothétique absences lors des prochaines vacances scolaires si la serdaigle venait à les passer en compagnie de Scipion. Un doux rêve. Mais qu'Evangeline espère qu'il se réalisera un jour.

" Au fait, j'ai vu sur le panneau d'affichage que tu t'es inscrite au Quidditch. Les aiglons doivent être fiers! Ils vont au moins avoir un bon élément dans leur équipe! "

Un bon élément ? Son frère l'avait-il déjà vue sur un balais. A sa connaissance non, puisque jamais au grand jamais il n'auraient pu jouer dans le jardin en volant pour s'amuser. Que dirait les voisins s'ils venaient à les voir ? Aurait dit leur mère à cheval sur les convenances. Et comme Eve n'avait jamais postulé pour l'équipe de quidditch jusqu'à présent, son frère n'avait aucune idée de comment elle pouvait se débrouiller sur un balai. Mais c'était son frère, il pensait donc tout naturellement qu'elle ne pouvait être que la meilleure dans tout ce que la bleu et argent entreprenait. Elle espérait qu'il avait raison.

– Je ne suis pas sure d'être vraiment un atout pour l'équipe. Après tout, c'est ma première participation. Mais je me débrouille pas mal en cours de vol. Alors, je me suis dis pourquoi pas. J'espère ne pas tomber de mon balai et de me casser un os ou deux !
Vu que tu fais du quidditch aussi. On pourrait s'entrainer un après midi tous les deux, une fois. Ce serait sympa tu crois pas ?

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Scipion aimait cette sensation. L'impression de pouvoir diriger ses pensées vers tout autre chose, même si par conséquent son esprit était détaché de ses conquêtes ou de son règne. C'était pourquoi même si elles étaient rares, ces heures passées avec sa soeur lui étaient précieuses. Après tout, elle était le seul être pour lequel il avait de la considération, si l'on omettait sa relation houleuse avec Sarah qui lui faisait remettre en question tout ce qu'il avait toujours pensé être une évidence. Les autres... ne représentaient que le vice le plus profond et l'égoïsme le plus brut, lui de même sauf qu'à leur différence il ne le dissimulait pas. C'était ce qu'il avait tenté d'expliquer à Erin des cachots, un jour. Mais à ses yeux, Eve échappait à toute ces choses, il était évident qu'elle représentait les valeurs les plus respectables. Peut-être était-ce parce qu'il était son frère qu'il était capable de le reconnaître? Ou parce qu'ils avaient grandi dans le même environnement? Il y avait peu de chances qu'il puisse faire preuve d'une quelconque démonstration affective avec quelqu'un d'autre que celle qui avait toujours vécu près de lui, malgré cette séparation qui les avait éloignés un temps et cette malédiction qui paraissait avoir anéanti son existence, mais dont elle avait pu se relever admirablement.

– Je ne suis pas sure d'être vraiment un atout pour l'équipe. Après tout, c'est ma première participation. Mais je me débrouille pas mal en cours de vol. Alors, je me suis dis pourquoi pas. J'espère ne pas tomber de mon balai et de me casser un os ou deux !
Vu que tu fais du quidditch aussi. On pourrait s'entrainer un après midi tous les deux, une fois. Ce serait sympa tu crois pas ?

Le Sélené esquissa l'ombre d'un demi sourire. Visiblement, sa soeur n'avait pas hérité de la même confiance en ses capacités que lui. D'aussi loin qu'il se souvenait, lorsqu'il avait commencé le Quidditch en troisième année, il avait prétendu devant toute sa maison qu'il était parfaitement capable de faire remporter le tournoi à lui seul, que ses talents multiples et variés mèneraient forcément leur équipe à la victoire et bien d'autres choses encore. Il était plutôt difficile de faire preuve de la même arrogance et de la même prétention que lui, mais par ces simples mots, Eve se révélait une fois de plus strictement opposée caractériellement parlant à lui. Probablement parce que des deux, elle était la seule à connaître la notion d'humilité? Toutefois, il était persuadé qu'elles s'en sortirait à merveille, il n'y avait pas de raison pour que ce ne soit pas le cas. Après tout, elle avait toujours été réfléchie, du moins bien davantage que lui... les choses n'échapperaient pas à son contrôle, il n'y avait pas de raison pour que ce soit le cas.

" Quand tu voudras! Tant pis, moi qui voulais garder pour moi mes tours de maître, je vais tout de même essayer de t'apprendre un ou deux trucs. Mais je suis certain que tu t'en sortiras très bien. "

La perspective d'un entraînement commun était quelque peu plaisante, Scipion avait hâte de voir sa soeur à l'oeuvre. Il ne voulait pas lui donner l'impression d'être constamment sur son dos, mais il s'intéressait de très près à la vie qu'elle menait, et parfois plus discrètement à ses fréquentations. Etant donné qu'elle paraissait traîner davantage avec les Serdaigles qu'avec les autres maisons, il ne se faisait pas réellement de souci quant à d'éventuels perturbateurs qui auraient pu la déranger étant donné que les Bleus & Argents avaient pour vertus principales d'être sérieux et assidus que de chercher le trouble. Il les trouvait seulement ennuyeux à mourir et inintéressants, par conséquent pas à la hauteur de sa jeune soeur. Entre leur préfet avec qui il avait ouvert les hostilités, et tous les névrosés des études qui daignaient à peine lever la tête de leur bouquin lorsque l'on leur adressait la parole, Scipion ne voulait rien avoir à faire avec eux, encore moins mener une opération stratégique à travers le château. Quoi que ces derniers temps, l'un d'eux semblait s'intéresser de près à ses escapades nocturnes, ce qui avait le don de flatter son égo plus que de nature : Sebastian Olivanov. Il avait mis longtemps avant de l'accepter dans ses rangs, mais lors de quelques repas passés dans la Grande Salle il l'avait déjà vu en train de discuter avec Eve, ce qui l'avait finalement poussé à recruter le Bleu & Argent dans ses rangs. Si sa soeur lui faisait confiance, pourquoi ne pas essayer... toutefois, il ignorait encore quelques points de la vie quotidienne de cette dernière puisque ces temps-ci elle paraissait assez occupée avec son travail personnel et lui avec ses manigances. Quelques zones d'ombre qu'il allait lui falloir éclairer!

" Et sinon, raconte moi un peu ce qui se passe chez les aiglons en ce moment. Tu n'as pas de problèmes avec qui que ce soit, j'espère bien? "

Il n'était pas très doué pour jouer les grands frères protecteurs, mais s'il venait à apprendre qu'un élève quelconque ou un Serpentard un peu trop malin venait à l'embêter, il n'hésiterait pas à sortir ses griffes. Par le passé il ne se souvenait pas avoir eu besoin de rappeler les règles du jeu aux imbéciles qui auraient pu s'aventurer à lui chercher des noises ou à s'intéresser à elle de trop près, mais il s'assurait que ce soit toujours bien le cas, en espérant qu'elle ne lui en tienne pas rigueur et en veillant tout de même à ce qu'elle conserve une certaine liberté.

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