Le petit moment passé avec January était agréable. Je ne savais pas réellement quelle image elle avait de moi, mais je m’entêtais à continuer de jouer le petit jeu que nous avions lancés tous les deux. Se charrier, se piquer le plus possible sans jamais se sentir vexé. Rien de ce qu’elle me disait ne pouvait m’atteindre, pas parce que je m’en moquais, mais simplement car c’était comme ça que nous avions l’habitude de nous côtoyer et cela m’allait bien ; elle se défendait à merveille et j’adorais sa façon d’entretenir notre petit numéro. Elle était douée et avait beaucoup de cran, je ne pouvais le nier. Le petit jeu pouvait facilement dévier, mais Anoushka ne quittait pas mes pensées et j’étais plus que certain qu’aucune erreur ne serait commise. Des dragées, des piques, un jeu, c’était très bien ainsi. D’ailleurs, je sautais sur l’une de ses paroles que je prenais comme une perche pour lui faire remarquer qu’elle me regardait déjà en première année. Sa réponse me fit sourire comme jamais mais je pris un air vexé en croisant les bras avant de lui demander : « Quoi ?! Qu’est-ce que tu veux dire par « un garçon pareil » ?! Je sens la méchanceté venir, ce n’est pas très gentil Shiver…. » Je changeais un peu d’attitude, pourquoi ne pas se faire un peu plaindre face à la cruauté de la jeune femme qui ne me touchait pas du tout. Elle pouvait être cruelle au possible, je me voyais bien en sourire quoiqu’il en soit. L’envie de se vexer de manière sérieuse n’était pas présente pour aucun de nous.
Je ne savais comment, mais la conversation avait viré sur l’éventualité que mes mains aillent se promener là où elles n’étaient pas censé être. Bien sûr, je jouais le jeu jusqu’au bout, certain que, derrière son air outré, elle était amusée par la situation. Ce qu’elle ne savait peut-être pas, c’était que je n’étais pas capable d’être aussi indélicat. Je ne l’avais jamais été et cela ne commencerait pas de sitôt. Avec un petit sourire en coin, j’attendis un certain nombre de seconde, l’observant du coin de l’œil, avant de dire : « Ne jamais dire jamais. C’est ce qu’elles disent toutes ! Y’a longtemps que j’ai compris que ce genre de phrases était une invitation claire à venir toucher, justement…. » Mais mes bras étaient croisés, mes mains à leurs places et j’inventais totalement ce que je venais de dire, pour ne pas lui accorder l’avantage, c’était simple et vraiment amusant, de mon point de vue !
Le jeu se poursuivit, tout naturellement et elle m’amusa encore un peu quand elle tenta de savoir pourquoi je n’avais rien tenté avec elle. J’étais bien décidé à jouer sur les mots en lui répondant, parce que j’avais décidé de lui répondre, sans attendre la prochaine dragée. « Je n’ai jamais dit que je n’avais jamais voulu de toi, j’ai dit que je n’avais jamais rien tenté avec toi. C’est différent. Tu perçois la nuance ? Je n’en ai pas eu l’occasion, c’est tout. Si les circonstances s’y prêtaient, je l’aurais sûrement fait… « tenté quelque chose », j’veux dire. » Je lui lançais un clin d’œil. Honnêteté bonjour, j’avais hâte de voir sa réaction, elle pouvait bien me lancer une taquinerie supplémentaire, j’étais sûr de lui en avoir bouché un coin avec ma révélation gratuite.

Quelques instants après, je reprenais la parole pour lui dire que la soirée des vérités était sympa et qu’elle aurait pu l’être encore plus si elle était agrémenté d’actions. J’écoutais attentivement la réponse de la jolie brune avant de faire mine de tousser en lui disant en même temps « Espritmaltourné…heum… Rabat joie ! Y’a de quoi faire avec les actions, j’en ai plein en tête à te faire faire et rien de salace, j’te vois venir ! » Je pinçais les lèvres, retenant une belle envie de rire. En réalité, elle avait raison, certaines choses nous empêcheraient de jouer pleinement le jeu mais d’après moi, rien d’impossible. Nous avions bien réussi avec les vérités et nous nous en sortions à merveille. J’ajoutais, pour la forme : « et mes talents de dragueur ne sont plus à prouver … » J’étais surtout bien fier de passer pour le lourdingue, bonne couverture pour masquer qui j’étais vraiment ; pratique pour éloigner les imbéciles qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, j’avais compris ça depuis longtemps. Après ça, je lâchais à mon tour une vérité, lui avouant enfin que je l’avais déjà reluquée… Bah quoi…en sept ans, tout de même !! Je n’étais pas le seul et unique à l’avoir fait. Au moins, c’était fait avec classe ! Je haussais un sourcil malicieux quand elle commenta ma révélation ; pensait-elle vraiment que j’allais en dire plus ? Je gardais la bouche bien fermée, en profitant pour la provoquer un peu par un petit coup d’œil bien insistant. Cette fille avait des qualités qui me plaisaient et je ne pouvais le nier, je ne le voulais même pas. Par chance, c’est elle qui piocha la mauvaise dragée et je lui adressais un immense sourire en écoutant avec attention sa révélation. Elle était surprenante mais je comprenais un peu qu’elle puisse avoir pensé ça un jour… J’avais moi-même deux frères et je préférais nettement Lincoln à Seth, je l’assumais parfaitement. Peut-être que la situation était différente pour des triplés, mais il n’y avait pas de honte à avoir davantage d’affinités avec une personne plus qu’avec une autre. Je commentais tout de même : « Je ne rapporterai pas ce genre d’aveu dans le dortoir, tu peux être tranquille ! » Je piochais à mon tour dans le paquet en lui disant : « On se lance dans les dernières ? Maintenant que l’idée des actions m’a traversé l’esprit, j’me vois bien essayer de te convaincre de jouer à ce petit jeu… » Et je n’avais même pas peur de l’idée que les jeux dangereux soient interdits. Ils l’étaient et je ne le regrettais pas le moins du monde.


1 – 3 – 5 : Mmh, dragée avalée avec grand plaisir, j’ai une chance incroyable et la jeune femme me doit une nouvelle révélation !
2 – 4 – 6 : Dégueulasse ! A moi la révélation !

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'Le Hasard' : 3

Prétendre le contraire était plus facile, mais je me plaisais à penser que je passais une agréable soirée en la compagnie de cette petite Poufsouffle. Malgré ce qu’elle avait pu vivre et tout ce qui se passait actuellement au château, la jeune femme ne perdait pas son tempérament explosif et il n’y avait rien de meilleur. J’étais d’avis de penser que nous aurions pu être véritablement amis, de ceux qui se comprennent assez vite et qui n’ont pas toujours besoin de mot pour échanger. D’autant que je me pensais capable d’anticiper pas mal de ses réactions, me laissant également supporter qu’elle en était tout aussi capable. La barrière n’avait jamais été franchie et nous en étions toujours restés à un simple stade. J’adorais le petit jeu que nous n’avions pas de mal à mettre en place. Il était plaisant et surtout, parfait pour nous changer les idées et nous permettre de tout faire sauf entrer dans le sérieux. Un peu de taquinerie couvrant quelques vérités parfois… c’était juste parfait !
Cette dernière me confirmait le fait qu’elle n’était pas gentille et je n’attendis pas bien longtemps avant de prendre la parole à mon tour : « Tu n’as jamais dit que tu étais gentille, mais tu n’as jamais dit être méchante non plus. Il y en a bien un qui prime sur l’autre. Je parierai sur la gentillesse, tu as des petits yeux qui hurlent leur envie d’être gentil avec moi…. Tu veux un coup de pouce pour savoir comment t’y prendre ? » Le regard malicieux que je lui lançais en lui disant ça allait sûrement trahir le sous-entendu qui se cachait un peu dans mes paroles. Elle pouvait comprendre ce qu’elle voulait, je ne manquais jamais une occasion de sortir des phrases prêtant à confusion.

La plaisanterie continua de plus belle alors que nous étions encore en plein cœur de notre merveilleux jeu des confidences. Il m’était impossible de ne pas rire en voyant sa réaction à mes propos… propos complètement loin de ce que je pensais réellement mais soit, j’avais adopté depuis longtemps cette façon d’être. Elle me fit entendre que je ne comprenais rien aux femmes et cette réflexion me fit hausser les sourcils. Bien sûr, j’en rajoutais un peu et je fis mine de réfléchir avant de lui dire : « C’est comme pour toi tout à l’heure, il me faudrait bien un petit coup de pouce pour comprendre les femmes mais…. Je vais garder mes neurones et ma santé mentale pour essayer de comprendre des choses un peu plus compréhensibles et utiles… Les femmes ne savent jamais ce qu’elles veulent de toute façon, on est censé comprendre quelque chose, sincèrement ? » Je l’interrogeais du regard, bien content de faire passer les femmes pour trop compliquées à comprendre. Il y avait une part de ce que je pensais réellement de la question, mais j’avais envie de taquiner un peu la belle brune avant tout.

Je ne savais plus trop comment nous en étions arrivés à parler du fait d’avoir potentiellement eu envie de tenter quelque chose avec January, me concernant. Je ne savais pas ce qu’elle pensait de tout ça, mais j’étais bien placé pour savoir qu’elle ne laissait pas les mecs indifférents, moi y compris ; mais comme je l’avais toujours pensé, nous n’avions jamais eu l’occasion d’être plus proches ce qui avait enterré d’emblée toute possibilité d’avoir plus d’intérêt pour elle que j’en avais déjà. Haussant les épaules, je lui répondis en lui disant simplement : « Qui peut savoir ce qui aurait vraiment pu se passer, hum ? Tu as un retourneur de temps dans le fond de ta poche ? » Je la taquinais une fois de plus du regard, laissant tomber le sujet. De toute façon, désormais, il était certain que rien ne se passerait jamais. J’avais Anoushka et, comme elle le disait, nous avions tissé une sorte d’amitié assez particulière qui était assez sympa…

Notre petit jeu me donna l’idée d’un autre, un peu plus compliqué à réaliser mais qui nous donnerait certainement de quoi rire et nous charrier, la jeune femme semblait le craindre un peu et c’était la même chose de mon côté…sauf qu’il n’était pas envisageable que je le lui dise. Il fallait qu’elle croie que je disposais d’une totale confiance en moi ! Je penchais la tête pour confirmer ses premiers dire avant de rire de bon cœur quand elle me parla de mes « pseudo-conquêtes » et de mes talents de dragueur ; je ne tardais pas à lui répondre en disant : « Alors là, good point ! Je me ferai lyncher comme jamais… MAIS, elles n’ont absolument rien compris, voilà ce qu’il faut retenir de l’histoire. On laisse de côté mes pseudo-conquêtes, quel est TON témoignage ? » Depuis Anoushka, le petit plaisir de jouer le jeu de celui qui drague assez lourdement n’était plus d’actualité mais il était évident que j’avais aimé jouer à ce petit jeu ! Surtout quand j’étais persuadé qu’il ne se passait absolument rien avec la fille. Je ne choisissais jamais mes « cibles » au hasard et je n’étais pas con au point de gâcher quelque chose qui avait vraiment de l’intérêt et qui en valait la peine. Ce petit numéro de mec lourd était une couverture tellement parfaite que je m’étonnais toujours d’être quasiment le seul à l’utiliser.

Je confirmais ensuite le fait qu’aucune info ne sortirait de cette pièce par un simple « Absolument ! » Nous nous en étions avoué pas mal et j’étais prêt à garder tout ce qu’elle m’avait dit pour moi. Qui viendrait me réclamer des comptes, de toute façon ? Le jeu touchait à sa fin et personne n’avait idée de ce que nous avions fait ce soir, sauf si quelqu’un se cachait dans la pièce depuis le début…. January accepta de jouer la dernière dragée et j’étais juste aux anges de voir que je gagnais, une fois encore ! A moi la révélation ! Celle dont elle me fit part était sûrement la plus détonante de toutes. Je lui lançais un petit sourire en coin, ne réagissant pas mal à cette dernière avant de dire : « Heum… Quelle belle façon de clore le jeu ! Pourquoi ? Parce que tu voulais sa place ? Ahah » Je m’étais penché en parlant et je profitais de l’occasion pour glisser un doigt taquin sur la joue de la petite. Geste d’affection, tout au plus, mais le but premier de la manœuvre était surtout de récupérer et de remballer définitivement le paquet de dragées. Le jeu était bel et bien fini et même si je n’avais pas l’intention de l’avouer, j’avais apprécié cette petite soirée animée en compagnie de la jeune femme. Même si cela ne semblait pas évident de prime abord, nous avions l’embarras du choix pour trouver de quoi passer une bonne soirée. Ce que je lui fis savoir à ma façon en lui disant : « Ce sera quand tu veux pour la revanche, on peut considérer que je domine, vu le nombre de révélations que j’ai eu à ton sujet. Je réitère, tout ce que j’ai appris ici, ce soir, ne sortira pas d’ici ! Qu’est-ce que tu as pensé de notre petite partie ? » Et j’avais déjà quasiment oublié qu’elle venait de me dire qu’elle « détestait » Anoushka. Moi, je l’aimais, c’était tout ce que j’avais à l’esprit. Ça n’était d’ailleurs pas la première fois que nous n’étions pas sur la même longueur d’ondes au niveau des relations et cela ne me gênait pas le moins du monde. Je n’avais pas l’intention de m’empêcher de voir January s’il y avait réciprocité (de la haine) et j’étais persuadé que cela ne gênerait personne.

La question de savoir si January était gentille ou méchante ne me concernait pas spécialement. Elle agissait comme bon lui semblait, je me fichais royalement d’avoir affaire à une vilaine fille puisque je n’avais pas l’intention de me laisser faire.
Dans un petit rire, je lui répondis : « Je n’avais pas l’intention de te donner des conseils. Je t’ai proposé un coup de pouce… » Je haussais les sourcils, préférant me taire sur le sujet plutôt que d’entrer trop facilement dans les sous-entendus salaces…. Un peu trop faciles. Je préférais lui dire : « Hum… j’aimerais bien savoir pourquoi tu en es arrivée à penser comme ça… mais soit, c’est bien connu, une méchante fille, c’est sexy… » Je ne voyais pas le mal partout, contrairement à elle. L’image de l’océan rempli de poissons n’était pas si bête, mais je n’allais peut-être pas jusque là… La jeune femme jugeait elle-même de ce qui était nécessaire pour sa défense.
Quant à la question de comprendre les femmes… je l’avais mise de côté depuis un bon moment déjà. January me fit comprendre que les efforts seraient vains ce qui me laissait penser que je n’avais pas besoin de me fatiguer à essayer de les comprendre, chose que j’avais renoncé à faire depuis un certain temps déjà.

Je ne savais trop où se dirigeait la suite de notre conversation, mais nous en étions arrivé à parler de la relation que nous avions. Elle était parfaite comme elle était actuellement, de mon point de vue. January était jolie, attirante et son caractère correspondait parfaitement avec ce que j’aimais réellement, mais il en était ainsi et c’était très bien. Je ne souhaitais pas dénigrer la jeune femme et la question ne se posait même pas, mais il était absolument évident qu’il n’y avait aucune chance pour que je la préfère à Anoushka. C’était impossible et inconcevable de mon point de vue. Je commençais à réagir à la question du retourneur de temps hypothétique en lui disant : « Certes, ce qui t’aurait permis de maîtriser l’objet avant de t’en servir de nouveau avec moi…. On ne va pas se fatiguer pour quelque chose qui reste au conditionnel. Tu as raté ta chance, c’est tout ! » Je levais les yeux au ciel en riant, bien sûr, tout cela était encore sur le ton de la blague, elle le savait parfaitement.

Je roulais les yeux une nouvelle fois, persuadé d’être un mec que l’on supporte sans problème, et d’être moi-même obligé de supporter les autres. Pour ce qui était d’Anoushka, j’avais l’impression d’être relativement facile à supporter, je m’arrangeais toujours pour que ce soit le cas. Je restais moi-même, ne lui cachant pas le fond de ma pensée, je n’y réfléchissais même pas. Grimaçant légèrement, je répondis à la belle brune : « Le nombre de semaine où elle aura à me supporter à temps plein commence à se réduire considérablement ; je serais plutôt d’avis de dire « dommage »… » Je roulais une nouvelle fois les yeux avant de me pincer les lèvres en signe d’interrogation quand elle me parla de leur histoire de rivalité. Je ne pigeais rien du tout, c’était évident. Quelle rivalité, au juste ? Je ne posais pas de question à January, mais je n’avais pas spécialement compris d’où venait cette rivalité. Peut-être était-il question de caractère ? Je les voyais bien déterminées à avoir le dernier mot et à vouloir imposer sa façon de penser… mais je n’étais pas certain d’y être vraiment. Peu importe, j’appréciais les deux jeunes femmes, rivalité ou pas.
January me parla ensuite de revanche et d’aveux un peu plus poussé. Sans attendre, je hochais la tête, prêt à la mener à bien, cette revanche ! Le petit jeu était drôle et j’appréciais les moments passés avec elle remplis de petites batailles de répartie. Je me levais, prêt à repartir tout en lui répondant : « Bien ! Prêt pour la revanche, ce sera quand tu voudras, réfléchis bien aux révélations que tu vas me faire, elles devront être précises…. » Je lui adressais un clin d’œil, enfonçant mes mains dans mes poches avant de dire : « J’ai quand même le droit de ramener la perdante dans ses quartiers ? » Je ne pouvais m’empêcher de la provoquer un peu au passage, elle avait l’habitude, notre petite entrevue prenait fin et je n’étais pas mécontent de l’avoir vécu… January semblait le penser également.