Parce qu’il n’y a définitivement qu’aux toilettes ou il n’y a personne pour vous emmerder.

"Qu’est ce que je foutais ici, sérieux ? La soirée aurait pu être bien meilleure, à quelques centaines de kilomètre de ce château moyenâgeux. A l’instar d’à peu près tout et tous ici à quelques exceptions près, les discutions de mes camarades de classe ne m’intéressaient pas le moins du monde, et je ne faisais rien pour le cacher.

Peut-être, étais-ce une erreur que de m’isoler et de refuser toute prise de contact. C’était tout juste si je n’affichais pas un dégoût profond à respirer le même air que toutes ces personnes. Mais, comme je me répétais sans cesse que je ne resterais pas longtemps, ou pas sept ans ici en tous cas, que je sois dans l’erreur ou non sur cette question perdait tout son importance.

Ca c’était l’excuse que je m’étais inventée, car je n’avais pas franchement réfléchi un quelconque plan plausible et efficace pour sortir d’ici. Ce ne serait pas une mince affaire et me faire gauler en essayant de m’enfuir était une option que je préférais éviter. En plus, cette solution n’en était pas une : c’était dangereux et galère. Pas besoin d’être un as en géographie -et dieu sait que ne suis pas loin d’être l’exact opposé – pour se rendre compte qu’on est dans un trou paumé au fin fond de l’Ecosse et non pas à deux pas de Nottingham. Après, je pouvais aussi me faire renvoyer mais, à moins que mes parents n’aient un éclair de génie et de compréhension de mon désespoir, reprendre le tennis serait un rêve bien lointain. En plus il faudrait qu’ils n’aient pas transformé le budget tennis en gallions dépensés sur le chemin de bancal. Quelque part dans un coin paumé de mon cerveau j’en étais conscients, mais je n’avais pas non plus totalement réalisé, une sensation extrêmement bizarre et dérangeante. En fait c’était plus m’a fierté blessé qui me poussait à rester seul et pour l’instant, ça me convenait. C’était d’ailleurs étonnant, car j’ai toujours été très entouré. A Nottingham, ma sœur était la seule qui me tenait rancune de mon succès. Il y avait peut-être d’autre personne qui avaient les même sentiments à mon égard, c’était même fort possible mais je ne les avais dans ce cas, pas même remarqués. Je n’étais pas réservé, me faire des amis avec des gens sympas, normal ne me posaient aucune difficultés même avec les timides, le courant finissait toujours par passer. Mais alors, les gens relous qui te parlent et qui insistent alors que tu leur à rien demandé et que tu leur as même fais comprendre d’une manière ou d’une autre que l’entièreté de leur petite personne ne t’intéresse pas, j’en avais jamais rencontré autant en même temps, ou alors mes amis faisaient bouclier sans que je le remarque.

Tiens en parlants de gens relous, en voilà encore un. Pour changer, je n'ai pas affaire à un première année prêt à se jeter du haut d’une falaise pour se faire des amis ou à un deuxième année trop content de plus être le plus jeune qui croit donc pouvoir donner des conseils. Non, le mec est plus vieux que ma sœur, c’est sur. Il doit avoir, je sais pas, 4 ou 5 ans de plus que moi, au moins. C’est pas très précis, je pourrais l’être plus, il me suffirait de lui demander mais étant donné que son age comme son nom, je m’en contrefou…

C’est pas parce qu’il m’a débarrassé des autres abrutis - assez efficacement, je le reconnais – que je vais le remercier. Au début, naïf que je suis, je croyais que c’était ce qu’il voulait, ce qu’il attendait en s’installant dans le fauteuil dont il venait de virer les occupants. Si ça avait été le cas, il aurait pu attendre longtemps avec moi et donc trouver quelqu’un d’autre pour flatter sa fierté. Mais en fait, je m’en suis rendu compte quand j’ai entendu les commentaires sur le magasine que j’avais laissé échapper trop facilement, -voilà que mes réflexes me lâchaient – il était juste là pour taper la discute et il n'était pas en mode gentillesse. Tant mieux, moi non plus. Il s’en rendrait compte bien assez vite.

- Le vrai sport, ça vous intéresse, vous les sorciers ? Je croyais que vous étiez plus à fond dans les serpillières volantes et les billes ?

Il tenait vraiment à se foutre ouvertement de moi ? Je n’étais pas sûr qu’il ait la même motivation dans quelques minutes, quelques secondes même. Face au genre de personne que je pensais qu’il serait, il y avait deux manières de réagir : S’écraser, minable, ou non pas jouer, mais gagner à leurs jeux stupides. J’ai choisi la solution qui marche.

En vrai, je l’ai réalisé après coup –ça m’apprendra à répondre trop vite sans réfléchir – j’avais absolument pas envie de me lancer dans une joute verbale qui pourrait avec un peu de malchance, se prolonger au-delà du nécessaire. C’était pas très classe et ça me donnait le sentiment, d’abandonner et de fuir le combat, mais je lui abandonnais le magasine qu’il avait toujours en mains, bien que fermé –il n’avait aucun intérêt à le garder, je finirais mon article plus tard – et je m’apprêtais à allumer comme, prévu mon mp3. J’approchais les écouteurs de mes oreilles quand j’ai entendu sa remarque d’une débilité sans nom.

- Tu sais pas faire la différence entre un mp3 et une bombe ? Il serais peut-être temps non ? Compte pas sur moi pour te l’apprendre en tous cas.

J’avais un doute sur le fait qu’il soit sérieux ou non et ce doute, je l’aurais sûrement pendant longtemps étant donné que je n’avais pas l’intention d’en entendre plus. Quant à sa dernière question, elle s’était envolée loin. Bien au-delà des limites de mon cerveau et de mon envie de répondre. Son avertissement, j’en avais rien à faire, et j’aurais peut-être du en avoir quelque chose à faire mais bon. Ma seule crainte était que ma batterie soit à plat, d’ailleurs, je n'avais pas vu de prise de courant, ça craignait. J’ai mis mes écouteurs et appuyé sur le bouton. J’aurais pas du en fait, parce que je l’ai regretté. C’est difficile à expliquer, mais le peu de batterie qu’il devait rester s’est, comment dire, déversé en moi. Une sensation pas du tous agréable, mais je ne pense pas me tromper en disant que je me suis pris une joute comme il y a sur les barrières électriques en légèrement très plus fort. Je ne sais absolument pas déterminer, combien de temps, j’ai été pris au piège, incapable de lâcher le foutu engin parce que mes doigts le serraient sans que je puisse rien faire. Généralement, dans les films, les gens qui se prennent des décharges pensent directs à leurs cheveux. Là, pour le moment, même si elle ne doit pas être terrible, ma coiffure est la dernière de mes préoccupations. Je ne sais pas quel rôle, le mec a joué dans ce dernier évènement traumatisant, mais je prends son conseil beaucoup plus au sérieux soudainement, et je lâche, maintenant que j’ai récupéré toutes mes facultés ou presque, le mp3 défaillant par terre. Manquerais plus qu’il explose.

- ll s’est passé quoi là ? C’est toi qui l’as ensorcelé ? Tu sais qui l’a ensorcelé ? Lui demandais-je. Je me rendis compte seulement après que ma voix n’était absolument pas normale : à la limite de l’hystérie mais pas trop forte quand même. Avant de m’affaler sur mon fauteuil et d’entendre sa réponse, je formulais dans un soupir, le résumé de mes pensées depuis que j’étais arrivé ici.

- Foutue Magie de merde.

Parce qu’il n’y a définitivement qu’aux toilettes ou il n’y a personne pour vous emmerder.

"Pourquoi le garçon est-il encore là ? J’ai trouvé pire que les imbéciles qui me servent de camardes de classe. Eux, aux moins, je peux faire semblant de ne pas les entendre. Le serpentard lui, n’a pas l’air décidé à décoller ses fesses du fauteuil à côté de moi et l’idée de la fermer à jamais ne lui pas encore traversé l’esprit. Génial, mon comportement n'est-il  pas suffisamment explicite, il attend tous de même pas que je lui fasse un dessin ? Quand il a débarqué, je pensais pouvoir rapidement lui faire comprendre que je me portais bien mieux sans lui mais je me suis planté sur toute la ligne. J’ai affaire à une moule ! Un misérable mollusque qui s’accroche à son rocher et à qui j’ai visiblement commis l’erreur de répondre.

En même temps, même si j’avais su à qui j’avais affaire quand il a débarqué, je ne pense pas que j’aurais réagis autrement. Autant, je passe totalement devant certaines personnes qui me parlent sans leur jeter un regard, autant quand on me destine des propos qui peuvent passer de près ou de loin pour des moqueries ou des insultes, je ne peux pas rester passif. Raison de plus quand la dite personne aime jouer aux billes qui te crachent à la figure du je-ne-sais-quoi dégueu ou que les mots avion, deltaplane ou planeur  lui sont étranger au point qu’elle s’éclate à voler sur un balai. Dans ce cas-là, on est assez mal placer pour juger les passions des autres non ?

A mes paroles pleines de sagesse – ou pas- le mec me répondis que j’avais affaire à des gens bien différents les uns des autres. Moi je trouve que déjà, être content de se retrouver dans un château paumé et hanté au fin fond de l’Ecosse, ça fait déjà un sacré point commun, qu’on ait, comme il me l’avait appris, d’autres centres d’intérêts ou non.

Je n’ai pas répondu cette fois-ci, ou plutôt, il ne m’en a pas vraiment laissé le temps. Ses conseils devaient être bien trop précieux. A savoir, ne pas allumer mon mp3 qui pourrait s’avérer dangereux. Mais oui, bien sûr, bien sûr… Encore une fois j’aurais dû la fermer et accessoirement suivre sa mise en garde. Ça m’aurait épargné sa réponse. En plus il s’amuse et c’est ça le pire, c’est ça le plus énervant.  Ça a d’ailleurs dû se lire sur mon visage pendant que je mettais mes écouteurs. Après ben je ne sais pas trop qu'elle tête j'ai fait, toujours est-il que le serpentard a l'air de me prendre pour un demeuré à présent. Il m'a comparé à Joanne, mon binôme de deuxième année, une pile électrique celle-là.  Au bout de cinq minutes de cours je cherchais, le bouton off mais il n'y en avait pas. C'était plus qu’une radio la fille. Elle attendait des réponses à des questions auxquelles je ne pouvais pas répondre - j’ai une tête à savoir à quoi ressemble une mandragore moi -  et quand ça concernait ma personne j’avais assez régulièrement la flemme de me pencher sur les détails. Bref, je ne voyais pas comment il pouvait me comparer à elle, en plus elle est sympa et bourrée de bonnes intentions, tout le contraire de moi en ce moment. OK je suis un peu agité mais ce n'est pas étonnant vu ce qu'il vient de se passer. C'était sous ses yeux, il était à un mètre de moi, faut arrêter de jouer la comédie à un moment. C’est plus et ça n’a d’ailleurs jamais été drôle. Il a tout vu... ou pas en fait.

J'ai mis un temps relativement long à relativiser et à voir les choses sous un autre angle, le sien comme celui de tous les gens de la salle. Ses paroles tournaient dans ma tête pendant que je cherchais, à l'aide des quelques neurones qui n'avaient pas brûlés, à trouver comment lui faire cracher le morceau, lui faire avouer sa très mauvaise blague. Enfin, j'ai finis par comprendre pourquoi il faisait l’innocent et pourquoi personne d'autre ne me calculais dans la pièce alors que l'expérience que je venais de subir ne devais pas arriver tous les quatre matins. Ils n'avaient rien vu, rien entendu et rien sentis surtout. C'est le mot courant qui m'a fait tilté parce que c'est transparent, translucide ou tous ce que tu veux mais ça ne se voit pas en tous cas. Des fois, il y a un léger bourdonnement, mais je n’ai pas vraiment fais attention, j'avais autre chose en tête, et de toute façon, avec tous le boucan qui règne ce soir, il y a pas de risque que quelqu'un l'ait entendu.

Bon après, j'avais peut- être trouvé une explication plausible, à sa réaction mais je m'étais pas remis pas pour autant remis du traumatisme. Et puis de toute façon, on n’avait jamais rencontré ce problème avec un mp3, il a forcément été ensorcelé. Pourquoi se serait-il méfier s'il n'y avait rien hein. Il se foutait de moi, depuis qu'il avait débarqué pourquoi ne continuerait-il pas ?

- Non, non je suis pas fou, j'aimerais bien que ça se passe dans ma tête. Je me suis pris une sorte de décharge électrique et j'ai jamais eu de problème de ce style avec mon mp3 avant de débarquer ici. Tu sais ce qui s’est passé ; forcement. Genre, t'est arrivé au moment où je m’apprêtais à mettre ma musique comme ça sans raison. J'aime pas qu'on me face tourner en bourrique ni qu'on me mente.

J'étais énervé, fatigué par ce dernier événement, et j'avais qu'une seule envie c'était de lui envoyer le poing que je maintenais serré sur ma cuisse en plein dans son visage. Pourtant, même si mon agitation était visible, j'avais baissé d'un ton. Les curieux n'avaient pas une meilleure place dans mon cœur que les menteurs.

- Voilà, j'articule Monsieur. C'est vrai que c'est dommage que t'entendes pas tous ce que j'ai à dire. Si t'es de bonne fois ramasse-le et on verra si c'est dans ma tête.

Je doutais fort qu'il obtempère, après tous pourquoi m'obéirait-il, mais je m'en foutais. Rien que pour le défi, à sa place je l’aurais fait. Mais bon, je n’avais jamais été très doué pour anticiper les réactions des gens et il y avait qu’au tennis ou je savais les emmener où je voulais. Je ne savais pas comment il allait réagir, surtout que son sourire en coin n’inaugurait rien de bien sympathique. Effectivement, syncope, je savais fichtrement pas ce que ça voulait dire mais j’arrivais à me faire une idée du sens général. Le mot sort clarifiait totalement la situation en tous cas. Ce qu’il proposait était tout simplement  impensable, envie d’écouter de la musique ou pas.

- Ca va pas être possible non. Il y même pas de prise dans ce château du moyen âge. Et puis non, t’inquiète, j’ai pas l’intention de mourir ce soir. Le sport ça permet de rester en forme, du moins quand on ne se contente pas de rester assis dans les airs.

Oui, j’avais eu le droit à un avant-gout du quidditch, mon premier cours de vol avant-hier. Certes je n’avais pas décollé du sol mais ceux pour qui ça avait été un jeu d’enfant n’avait pas eu l’air de trouver l’exercice fatiguant.

Parce qu’il n’y a définitivement qu’aux toilettes ou il n’y a personne pour vous emmerder.

"Montre lui ce que tu as dans le ventre ! Parce qu'il l'a mérité peut-être ? A ce jeu là, tu gagnes tout le temps, pourquoi tu te prends la tête ? Lâche l'affaire, tu pers ton temps. T'a survécu à ta sœur, tu ne va pas te laisser abattre par "ça""

Je suis censé faire quoi là ? Ils y a des gens qui entendent des voix. J'espère que tous ceux qui les appellent des fous se trompent, parce que dans ma tête, c'est un bordel pas possible. Il y a deux voix, celle de la raison et l'autre, celle qui est un peu plus marrante à suivre, et le combat qu'elles mènent est presque aussi intéressant que ma discussion en surface. Je n'en ai aucun doutes, ma fierté va l'emporter, en revanche, je ne suis pas certain d'avoir l'avantage sur le serpent. Il se moque de moi depuis tout à l'heure, se fou de ma poire pour employer son vocabulaire. Le mec se marre à chaque fois que j'ouvre la bouche. Provocation, sur provocation, il va finir par me trouver.

J'ai ouvert grand les yeux et tourné la tête de droite à gauche et quelques secondes après que mon mp3 ait atterrit sur le fauteuil, je lui ais enfin répondu. Je crois que ce sont les dernières paroles censées à avoir franchis mes lèvres des quelques minutes qui suivirent même si je ne suis pas convaincu qu'on comprenne le sens de mes propos

- Ah ! Il n'y a pas de spectateur. Dommage.

Ma remarque et mon air désolé auraient pu être crédible... si j'avais pris des cours de théâtre, au moins une fois dans ma vie. Mon exaspération avait laissé place à la nervosité, qui elle-même était le barrage d'un torrent de colère. Les chutes du Niagara vous connaissez ?
IL aurait pu éclater d'un grand rire dont je le pensais capable mais il préféra enfoncer le clou au sujet de la magie. C'est bon, je n'ai plus huit ans, je ne suis pas un gosse et mes parents, ou du moins leur avis, j'en ais pas grand chose à faire, surtout quand ils sont pas là. J’ai quartier libre jusqu’à Noël on va dire.

- La colère par lettre, j'ai jamais trouvé ça très dangereux. Juste ennuyant mais en direct c'est plus...

Je n'ai pas été plus loin, et j'ai attrapé le premier papier à ma portée, un parchemin que les abrutis de tout à l'heure ont oublié. Je ne sais pas ce que sais. Si c'est plus important qu'un pendu ou un morpion, ils n'auront qu'a recommencer. Ils auraient quand même pu lui tenir tête au pot de colle non ? Aucune volonté. Maintenant, c'est moi qui m'énerve, alors leur parchemin...

Mon poing jusqu'a lors posé sur ma cuisse l'attrape pour s'emparer de mon mp3 et former une boule autour. Comme l'autre n'a pas voulu le toucher, je ne sais toujours pas si c'est encore dangereux. Mes yeux fixent la cible et ma main va se placer à l'arrière de ma tête, comme pour prendre de l'élan. Mes doigts sont à deux doigts de se déplier quand je sens la table qui tremble à coté de moi. Je ne peux pas laisser la magie sortir comme ça sans prévenir, je dois la contrôler à tous prix. Savoir m'en passer, ce n'est pas elle qui doit régler mes problèmes, même si c'est plus stylé que de lancer des boulettes de papier. Ma main vient percuter le meuble dans un fracas un peu démesuré. Quelques regards se tournent vers moi, mais leurs expressions, je ne parviens pas déchiffrer leur expression. Il faut que je me calme, je n'ai pas l'excuse la première fois. Je suis au courant, je dois la maîtriser cette magie, pas comme face à l'autre tricheur d'abruti de tennisman russe.

En vrai je me comporte comme ma sœur quand elle m’engueule. Des fois je la prends au sérieux mais des fois, je me fou de sa tronche mais c'est normal je suis son frère. Le mec en face de moi, il n'a pas à se foutre de moi, et je suis vraiment un abruti de lui donner de quoi se marrer.

La table est redevenue normale et j’enlève ma main in extremis pour éviter que le contenu d'un encrier abandonné ne se déverse et ne lui donne une immonde couleur verte. Maintenant il parle de bouffe, j'ai réussi à me contrôler. La crise qui m'a rendu ridicule et passé et il m'attaque sur un sujet sur lequel je n'ai pas grand chose à répliquer. Certes, je ne sais pas pourquoi, ils font une fixette sur la citrouille mais la nourriture est bonne et c'est dur de résister à se resservir plus que nécessaire.

- OK la bouffe et bonne, je le con-cè-de donc non, la grève c'est pas pour tout de suite. Mais franchement, pas savoir faire cuire des pâtes normalement... Si vous perdez votre baguette c'est la fin du monde en gros.

Bon après, il m'a parlé de boxe. On me l'avait proposé quand j'étais petit et j'avais dis non, donc ce n'était pas lui qui allait me faire changer d'avis.

- Se retrouver face à des gens qui n'ont aucune chance et leur donner des coups, c’est pas mon truck. En plus en 10 minutes c’est plié, t’a pas le temps de profiter. Mais si ça t’intéresse, il y a un article, dans l'avant dernier numéro de CE magasine passionnant,je lui montrais le magasine qu'il avait reposé sur le canapé. Après je l'ai pas lu donc, je sais pas si CET article est passionnant.

Non, ce n'est pas parce que ma colère était momentanément hors jeu, que j'allais tenter d'avoir un débat, sympathique, intéressant, c'était d'ailleurs souvent chiant ce genre de discutions. Je ne lâche rien, je suis une vrai teigne, je m'accroche comme une sangsue quand on m'a vraiment cherché et ce soir, c'est le cas. Et il continue en plus, bon c'est pas comme si ça m'étonnait.
Qu'est-ce qu'ils ont tous, ces gens, à laisser entendre que je suis un lâche ! Je ne sais pas si c'est moi ou eux le problème, mais ce problème épineux revient trop souvent à mon goût. Le pire, c'est que j'ai beau leur prouver le contraire, ils ne sont jamais convaincus, des vraies têtes de mule. Il me reste plus qu'a espérer que ce n'est pas son cas car je vais lui prouver. Je ne me défilerais même pas en rêve.

- En admettant, qu'on s'affronte dans les règles, à mon sport moldu. Parce que je te vois venir, à ramener ta baguette, comme tout à l'heure, pour tenter désespérément de sauver l'honneur, j'y gagne quoi ? Bien sur j'allais accepter, même si je n'y gagnais rien, son "petit" doigt avait tord, je ne suis pas un lâche. Des soirées tranquilles à lire mes magasines ? Ce serait génial ça, ne plus l'avoir sur le dos. Et dire que je dis déjà ça alors qu'il s'est ramené il y a quoi ? Un quart d'heure maxi ? C'est pas que j'ai peur de perdre... Mon temps mais quand même.

Parce qu’il n’y a définitivement qu’aux toilettes ou il n’y a personne pour vous emmerder.

Le mec avait eu la courtoisie de ne rien répliquer et de changer de sujet à deux reprises, un miracle que je n'espérais plus. Peut-être n'avait-il plus rien à répondre, hypothèse qui me semblait peu probable au vu du personnage, peut être avait-il simplement la flemme de chercher plus loin, déjà plus vraisemblable même si une autre raison aurait pu le pousser à se taire. Je n'en savais et n'en saurais jamais rien et je m'en foutais. Il m'avait laissé avoir le dernier mot, c'était tout ce qui m'importait, j'étais content. Enfin, je n'étais pas aux anges non plus et mon sentiment de satisfaction ne fis pas le poids face à ma colère, qui déclencha d'ailleurs une petite crise inopportune.

Ce n'est pas la première fois que la magie sort de moi et agis contre ma volonté sans que je puisse rien faire. C'est cet argument qui a d'ailleurs convaincu mes parents. Apparemment, je suis censé apprendre à "canaliser" mes pouvoirs à Poudlard, je ne vois pas encore de résultat. Ici on apprend plus à faire de la magie qu'a l’empêcher d'exister. OK, je viens d'arriver mais je ne suis patient que pour ce en quoi je crois, à savoir moi et pas grand chose d'autre.

Quoi qu'il en soit, mon avis n'y change rien, j'ai encore perdu le contrôle. Je ne sais pas combien de temps j'ai mis à revenir sur le droit chemin, toujours est-il que personne ne m'a fais de remarque, pas même le mec assis à coté de moi, deuxième miracle.

Bon il ne fallais pas non plus rêver, il n'allait pas tranquillement se lever et me dire "Salut, je vais me coucher, on reprendra la discussion une autre fois." Non, c'était bien ce soir qu'on allait débattre sur la nourriture. Fin', débattre était un bien grand mot, la bouffe était bien le seul sujet sur lequel j'étais d'accord avec tout le monde ici et dieu sait -enfin ma famille et mes potes surtout- à quel point il est difficile de me satisfaire sur ce point. Suite à ma critique sur la façon de faire la bouffe, il me menaça de revenir me parler s'il perdait sa baguette. Il ne pouvait pas en acheter une de rechange au cas ou ? Je préférais, lui épargner mon conseil : qu'il perde sa baguette ou non, il viendrait la ramener, ce serait juste plus marrant pour moi, sans vouloir rire du malheur des autres, s'il se retrouvait dépendant des femmes tiens, il l'avait dis lui-même.

- Je préfère savoir me débrouiller seul mais bon on a pas le même point de vue. Si je passe devant un livre de cuisine dans une boutique, je penserais toi. C'est pas dis que je l’achèterais pour te remercier de m'avoir ouvert les yeux mais j'aurais le malheur de réfléchir à cette discussion.

Je n'ai pas le temps de m'étendre plus qu'il change de sujet. Ce n'est pas pour me déplaire même s'il n'a pas sélectionné le meilleur des sports moldus. Je le lui fais savoir à ma façon, mais mes arguments ne semblent pas franchement le convaincre. C'est vrai que j'ai légèrement exagéré les choses mais je ne suis pas totalement à coté de la plaque non plus, ça ne s'éternise jamais très longtemps les matchs de boxe, du moins de ce que j'en sais.

- C'est vrai que je ne me pense pas capable de mettre quelqu'un à terre, là maintenant tout de suite mais avec du travail et de la volonté, on obtient ce qu'on veut, non ? C'était une évidence et si quelqu'un venait me contredire sur ce point, j’étudierais avec soin son parcourt avant de l'écouter avec plus ou moins d'attention. C'est sur que le talent peut aider, enfoncer des portes ouvertes mais encore faut-il les trouver ces portes. Beaucoup de gens me considèrent comme une personne arrogante mais il faut dire les choses telles qu'elles sont, non ? Cette dernière phrase n'est pas de moi, je ne m'attribuerais pas les mérites de sa formulation, mais je suis plutôt d'accord, c'est ça l'important.

En parlant de chose qui ne sont pas de moi, l'article que je viens d'évoquer est à présent sous les yeux de mon interlocuteur, surprenant. Encore une fois, j'ai eu tord quand j'ai pensé qu'il cherchait simplement quelque chose à me répliquer, étant donné qu'il m'a fait une proposition qui n'avait rien à voir avec l'article. Le choix de l'accepter ou de la rejeter n'en était pas vraiment un. Qui avait envie de passer pour un lâche ? Personne mais un lâche se laisserait insulter sans trop rien dire et je n'en étais pas un. Mon choix était vite fais mais j’espérais quand même retirer quelque chose de ces matchs et je le lui signifiais clairement. C'était éventuellement possible, m'expliqua-t-il après m'avoir annoncé le contraire. Son avis sur le sport, pas besoin de s'étendre dessus comme il l'avait fait, je m'en foutais royalement. Mon avis était parole de vérité ; point barre. Quant à la possibilité de faire face à un adversaire, encore faudrait-il qu'il soit à ma taille. cependant, j'aurais peut-être une bonne surprise.

- Va pour un échauffement avant que tu ne déclares forfait.

Non, en fait, je n'y croyais pas trop en cette bonne surprise. En tennis, j'étais le maître et je ne me faisais pas prier pour l'annoncer. En balais volants, par contre, c'était une autre histoire et elle étais beaucoup moins drôle. Il n'aimait pas rire apparemment, car il ramena le quimachinchose sur le tapis, accompagné de la demande que j’arrête d'essayer de pourrir l'ambiance. Parce qu’il avait son mot à dire peut-être ?

- Accessoirement ? Parfait, parce que je ne peux rien promettre sur ce point. Ça dépend de la chance que j'ai eu dans la journée, notamment au niveau des rencontres.
Il finit par me demander ma réponse et je n'avais pas obtenu ma soirée tranquille au calme, mais bon, je ne pouvais pas décliner. Je me décolle du dossier du fauteuil et commence à rassembler mes affaires, m’apprêtant à répondre, quand il poursuit. A bon, il doit former des serpents et je rentre dans la case, bonne évolution possible. Il se fout de moi j'espère, ou bien pas du tous mais c'est un compliment ou une insulte ? Il me considère comme un bon élément qui peux encore être amélioré, ou un imbécile qu'il faut absolument remettre à niveau pour éviter de détruire l'image des serpents ? Je penche pour la première option, mais ça ne m'étonnerais pas qu'il m'insulte sans même que je m'en rende compte. Et je suis crevé depuis la joute de tout à l'heure, la flemme de réfléchir. Laissant tomber dans mon sac mon mp3 au préalablement emballé dans une boulette de papier, j'exprime mon interrogation.

- Je suis censé le prendre comment ? Mon magasine va rejoindre mon mp3 dans mon sac et je me lève. - C'est bon j'accepte ton idée foireuse mais on commence par le tennis. J'ai pas encore fait livrer tous le matériel, dans une semaine et demi, ça devrais être bon. Pas besoin de venir me voir pour me dire quand tu seras dispos, je t'enverrais un message par hiboux . Déjà, que j'allais devoir me retrouver à squatter le terrain de quitruck en dehors des heures de cours, pour ne pas être à la ramasse, je me passais volontiers d'une autre discutions comme celle-là.

Parce qu’il n’y a définitivement qu’aux toilettes ou il n’y a personne pour vous emmerder.

S'il y a bien une chose que je ne peux pas reprocher au monde magique, c'est d'être ennuyant. Je vais de découvertes en découvertes et, bien qu'elles ne le soient pas de la meilleure des façons, mes journées sont remplies. La fin de semaine est arrivée plus vite que je ne l'aurais jamais cru et avec elle, la fatigue. Avachi dans un fauteuil de la salle commune, je n'aspirais qu'à me reposer quand un mec décida de m'imposer sa présence. Ses piques que je ne pouvais pas décemment laisser sans réponses n'étaient pas conformes à ma vision de la détente et les crises que son comportement avait déclenché chez moi ainsi que l'épisode du mp3 m'avaient plus encore vidé de mes forces. Pourquoi ne m'étais-je tous simplement pas cassé, une personne de plus ou de moins laissées sur le carreau dans ma journée, ça n'aurait rien changé ? Ben déjà, j'étais persuadé qu'il avait trafiqué mon mp3, je le suis un peu moins maintenant et je n'ai pas franchement insisté, mais surtout, j'espérais qu'il parte rapidement et me fiche la paix.

Enfin, le temps qu'il passait la bouche ouverte se réduisait au fur et à mesure de la conversation, et c'était plutôt cool. On avait parlé de nourriture, mais il n'y avait pas grand chose à débattre alors on était revenu sur le sport et, pour une fois, ce n'était pas moi qui avais remis le sujet sur le tapis. Beaucoup de gens partageaient mon point de vue sur la façon d’obtenir ce que l'on désirait. Les quelques récalcitrants étaient simplement des perdants, fainéants et jaloux et il n'en faisait visiblement pas partit. Il m'interrogea sur ce que je voulais obtenir. La réponse était facile à trouver, en revanche, si on exceptait tout ce qui tournait autour du tennis, ça l'était moins. Je ne me souviens pas, une fois dans ma lancée, d’avoir hésité une seule fois entre commencer une autre activité ou me donner toutes les chances de réussir en tennis. Les plans B sont pour ceux qui doutent d'eux même où ont besoin de personnes sur qui ils ne sont pas sûrs de pouvoir compter. C'est du moins ce que je pensais avant que la magie ne débarque dans ma vie, chose que je n'aurais jamais pu prévoir, même dans mon plus profond sommeil. Un obstacle un peu plus difficile à surmonter qu'une blessure pour rester sur la voie que je m'étais tracée. Je le fixais quelques secondes avant de baisser la tête et de fixer le sol, réfléchissant et je le laissais patienter... ou s'impatienter, je ne regardais pas sa réaction. Que voulais-je obtenir qui ne tournait pas autour du tennis ? Une question que personne ne m'avais jamais posée. Qu'est-ce que j'avais et qui n'était pas réservé exclusivement réservé au tennis ? Gagner bien évidemment et plus encore quand le combat était rude, les ovations du public, la fierté de mon père et parfois même de grand-père que je ne voyais que rarement, répondre à la presse quand elle s’intéressait à moi, voir mon nom dans les journaux. La célébrité était l'un des buts pour lesquels je me dépassais, mais je n'allais pas répondre ça tout simplement. Pas besoin de travail pour être mannequin et pourtant certains sont célèbres, et la reine, elle est connue grâce à son sang. Non, il fallait que je trouve comment exprimer ma pensée, de façon à ce qu'il n'ait rien à redire. Ça faisait bien 2 minutes que j'étais silencieux, il allait attendre un peu plus longtemps.

- La célébrité, le succès mérité valent bien tout le travail du monde. Des choses que le tennis peut me permettre d'obtenir. Mais, j'aime surtout y jouer et je ne compte pas repartir de zéro tout ça parce qu'on m'a mis une baguette magique entre les mains ou parce qu'on me dit que j'ai de meilleures opportunités.

Le matériel que je n'étais pas parvenu à ranger dans ma valise devrait arriver peu à peu. Si c'était compliqué de l'acheminer par hiboux, je ne renoncerais pas pour autant à ma passion.

Sa proposition vint ensuite et il me signifia qu'il préférait que, si j'acceptais, ce soit dans la joie et la bonne humeur. C'était peu probable de ma part, mais pas méga important pour lui au final, vu qu'il ne me fit pas signer de contrat sur ce point et m'annonça que j'étais une bonne recrue. J'ai mis quelques secondes à saisir le sens des précisions qu’il m’apporta et je n'eus, par conséquent, pas vraiment le temps d'y réagir, car il semblait voir dans mes yeux de la fierté. Même pas en rêve. Je secouais la tête, et un énorme effort me permit de ne pas m’énerver une nouvelle fois et de simplement lui répondre d'aller s'acheter des lunettes avant d'accepter sa proposition oiseuse. Me comparer à un sorcier était la provocation ultime après l'insinuation que je sois lâche. Il l'avait compris et en usait plus que nécessaire, m’arrachant un regard mauvais.

- Arrête de rêver. Je ne-suis-pas un vrai petit sorcier.


Heureusement, la discussion était sur le point de se terminer, car me contrôler était assez compliqué à cette heure. Je lui enverrais un message quand j'étais dispos pour subir une autre fois sa présence. Je devenais maso là. Et enfin, il débarrassa le plancher. Alléluia ! Mais bon, je ne profiterais pas de cette tranquillité vu que je prenais l'escalier du dortoir. C’est en croisant les brailleurs de tout à l'heure, que je réalisais que je m'étais quand même sacrément livré dans une conversation avec un emmerdeur de première dont je n'avais au début aucune envie de connaître le nom. Et je ne sais toujours pas comment il s'appelle. Comment vais-je me débrouiller pour lui envoyer un message, crétin que je suis de ne pas lui avoir demandé. Parce qu'en plus maintenant il m'intéresse son nom. Enfin, plus qu’avant.