Il y avait des cours que l'on suivait parce que l'on était passionné et il y avait ceux que l'on suivait parce que le destin avait été bien joueur et avait décidé de nous l'imposer. C'est ce qu'il s'était passé pour Noel et les potions. Tout au long de sa cinquième année, ses notes avaient tout juste dépassé la moyenne, mettant en avant des compétences inexistantes et un niveau désastreux mais il avait suffi d'une fois pour que tout dérape. Et cette fois-là, ça avait été le jour de son examen de BUSE. Qui sait comment il s'était retrouvé avec un E final ? Ses parents avaient vu là un miracle et lui une catastrophe. Personne ne l'avait autorisé à arrêter, malheureusement. Et l'année suivante, ses échecs habituels étaient revenus comme s'ils n'étaient jamais partis lui offrant tant les foudres de son enseignante que les regards moqueurs de ses camarades. Il faisait tache dans le décor. Et pour la septième année consécutives, il s'apprêtait avoir l'air particulièrement stupide... Quinze heures, la porte de la salle s'ouvrit et le Gryffondor disparut dans un coin sans demander son reste. Silencieux, discret. Presque invisible. Burgess le mettait mal à l'aise. Elle l'impressionnait un peu, en réalité. Rien à voir avec Swynford qui jouait sur les apparences. Elle, elle semblait être ce qu'elle donnait à voir, ce qui était d'autant plus flippant.

Le discours de début d'année ne le rassura pas le moins du monde. « Des préparations de niveau universitaire », « aucun retour en arrière », « pas d'erreurs élémentaires », « quatre-vingt-dix centimètres de parchemin » chaque semaine... Le jeune homme s'entendit couiner lamentablement, heureusement d'une manière inaudible ou presque, alors qu'il s'avachissait sur sa chaise sous le poids du désespoir. Il ne voulait même pas continuer ses études l'an prochain, à quoi ça servait de s'infliger ça, hein ?! Sullivan fit part de son désaccord presque sur le champ, et s'il n'avait pas été question de Burgess de l'autre côté du bureau, le Préfet se serait sûrement laissé aller à hocher la tête, mais là, il ne fallait pas trop lui en demander... Son regard clair s'attarda sur la couverture de son livre fermé, suivant lentement les lignes nettes des lettres qui s'y étendaient. Là maintenant tout de suite, il avait l'impression que même elles n'avaient plus le moindre sens. Il ne comprenait rien. Ni ce qu'il foutait là, ni comment on pouvait sérieusement en attendre autant de lui. Il se voyait déjà essuyer les remarques de sa professeur tout au long de l'année et passer ses fins d'heures à nettoyer ses boulettes. Cette année commençait définitivement mal. Vraiment mal... Que ça allait être difficile de tenir jusqu'en juin et d'espérer obtenir ses ASPICs avec un niveau aussi élevé que celui qu'elle leur imposait ! Autant renoncer tout de suite...

Ce fut plus ou moins ce qu'il fit sans en avoir véritablement conscience puisqu'au moment même où le cours commença réellement, le blond se mit à gribouiller dans un coin de son parchemin. La voix de Nathan s'éleva dans la pièce alors qu'il termina la silhouette approximative d'un petit chat. Le dessin n'était pas son fort. Mais on reconnaissait que c'était un chat, quand même. Il ne lui manquait plus qu'une jolie robe et une couronne, parce que c'était tout de suite mieux en chat-princesse. Et s'il avait le temps, peut-être qu'il lui offrirait une licorne de compagnie. Il ne lui restait plus désormais qu'à attendre que Burgess confirme ou non la réponse donnée, histoire qu'il prenne quelques notes. S'il n'était pas le meilleur élève de l'univers, il faisait de véritables efforts depuis l'an dernier et se forçait à prendre correctement ses cours, bien conscient qu'il n'aurait pas le choix de réviser. Et puis faire perdre des points à Gryffondor en étant un cancre, ça n'était plus vraiment autorisé maintenant, tout ça juste à cause d'un insigne qu'il n'avait jamais souhaité avoir. S'il avait dû résumer tout ça d'une quelconque manière, ça aurait à tous les coups pris la forme d'un très explicite je veux mourir...

Potions – Potion de Lucidité

7ème années

Retourner en cours de Potions était loin de me déplaire. Déjà, parce que j’affectionnais tout particulièrement cet enseignement, et aussi parce qu’il me semblait que nous avions pour cette matière la meilleure prof de Poudlard, qui n’était autre que la directrice des serpents, bien sûr. Elle avait un aplomb qui en faisait frémir plus d’un, et autant dire que j’aimais ça ! C’était sans nul doute la représentation parfaite de notre maison.

J’étais arrivée seule au cours de ce mardi après-midi, venant directement de la salle des préfets où j’avais fait un crochet pour prendre quelques papiers. Enfin, au moins c’était fait.
Dans la salle, je me dirigeai directement à la place que j’occupais le plus l’année dernière, faisant un petit clin d’œil au passage à Hunter qui semblait garder sagement la place libre à côté de lui à l’autre bout de la salle. Non loin de moi, je vis Nathan, seul, et je me dis que c’était peut-être le cours idéal pour être à ses côtés. Après tout, pourquoi pas… Je me relevai de ma place pour aller m’installer à la place à côté de lui, lançant tout naturellement : « Si tu attendais quelqu’un, tant pis, ce sera moi ! » Un petit sourire malicieux prit place sur mes lèvres alors que je posai mon sac par terre. Il attendait peut-être effectivement un camarade mais ce n’était pas la gêne qui m’animait, la personne se mettra autre part, voilà tout.
Burgess prit la parole, nous rappelant la marche à suivre pour l’année. Cette remise en ordre des choses était longue mais sûrement indispensable pour les âmes idiotes qui pouvaient être présentes dans notre promo.
L’exclamation de Sullivan me fit rouler des yeux autant qu’elle m’amusa. Quelque part, ça me saoulait aussi de gratter autant, et je ne pouvais m’empêcher de penser à Snow qui râlerait de devoir écrire à ce point, mais si c’était pour réussir et décrocher des notes de malade à mes ASPICs, je ne disais pas non !

A l’interrogation de l’enseignante, je l’observai avec attention sortir une petite bouteille en verre de ses étagères. Je plissai doucement des yeux pour mieux observer mais d’ici ce n’était pas évident. Otant le bouchon, une faible vapeur blanche se dégagea, accompagnée de quelques bulles étincelantes. Ok… Il n’y avait que peu de potions que je ne connaissais pas mais celle-là, elle me laissait un peu indécise. Pourtant, ça me parlait, mais impossible de remettre un nom sur ce mystère. A son tour, Nathan prit la parole en évoquant une potion de Lucidité. Par Merlin mais bien sûr ! C’était exactement ça ! J’évitai grandement d’ouvrir ma bouche, cette prof n’appréciant pas tellement que l’on parle à tort et à travers. Avec un autre enseignant, je ne me serais pas gênée, mais elle je la respectais, alors je me la fermai en attendant patiemment qu’elle nous en dise plus, ayant plus que hâte de pouvoir la préparer !

©BlackSun

Potion de Lucidité - cours no.1

« Si je pouvais bien savoir où j’avais la tête », me demandais-je alors que je passais le cadre de la porte du cachot de potions. Prenant place à une paillasse de travail, je sortie un morceau de parchemin, mon livre de cours et une plume de mon sac avant de laisser se dernier tomber sur le sol dans un bruit sourd. M’asseyant sur mon tabouret, je posai ma tête sur mes bras croisés, à moitié couché sur la table. Restait plus qu’à attendre que tout le monde arrive. D’ici là, j’avais amplement le temps de me fouetter mentalement pour avoir pris ce cours au niveau ASPICs. « Ce n’est pas comme si c’était essentiel afin de devenir journaliste, ou encore historien. Dans le fond, j’en ai rien à battre des leçons de potions. Je ne suis pas plus doué qu’un autre dans le domaine... »

Alors que je pestais contre moi-même de m’être infligé une autre année à fabriquer des potions sans utilité dans un cachot si froid et si humide que même le feu brûlant sous nos chaudrons n’arrivait pas à réchauffer l’atmosphère. Tout ça, sans parler de la professeur aussi froide qu’un banc de neige qui me rendait très nerveux, donc faisait accroître ma nervosité et, par le fait même, la quantité d’accidents que je provoquais... La classe se remplit assez rapidement en ce mardi après-midi. Les bavardements provoquaient une espèce de cacophonie ambiante plutôt agréable. C’était plutôt dépriment de se dire que dès que le cours commencerait, toute cette bonne humeur laisserait place à une concentration intense chez tout le monde, une fierté pour ceux réussissant la potion et de l’insatisfaction, voir même de la rage chez ceux pour qui ça ne fonctionnerait pas.

La maître des potions eu tôt fait de commencer la classe. Elle commença par ses attentes envers nous. Deux fois quatre-vingt-dix centimètres de parchemin. C’était une énorme charge de travail, mais contrairement à Mael, qui venait de se faire jeter de la classe en écopant d’une retenue sans manquer de faire perdre cinq points à serpentard, ce n’était pas ce qui me causait le plus de maux de tête. Et contrairement à Noel assis à ma droite qui couina légèrement en entendant le discours de Burgess, je me sentis plutôt blêmir, si une telle chose était possible. Me redressant, je jetai un regard nerveux à Shiver, mon partenaire de potions depuis la cinquième année. On allait devoir attacher notre tuque si on ne voulait pas traîner de la patte. Et j’allais devoir apprendre à être « pointilleux » et « attentif », mais surtout faire preuve d’un peu plus d’habileté ainsi qu’un once de confiance. Le discours me donna la désagréable impression d’être un gamin qui se faisait gronder. J’en fus soulagé lorsqu’elle marqua une pause avant de parler de « polynectar », « amortencia » et « véritasérum ». Ça au moins, ça avait le mérite d’être intéressant ! Pour l’heure, on allait aborder la petite potion dans la fiole de Burgess. Lorsqu’elle en ouvrit le bouchon, une légère vapeur blanche accompagné de bulles scintillantes s’en échappa. « Potion de lucidité », pensais-je alors que la voix de Nathan fit écho à mes pensées.

Alors que le professeur nous donnait les informations, ma plume volait sur mon parchemin notant tout ce que je pouvais. Il était important de tout bien prendre à note sans quoi, les quatre-vingt-dix centimètres de parchemins risquaient d’être bien plus difficile que je l’appréhendais. Je posais le point sur ma dernière phrase lorsque le professeur nous indiqua d’ouvrir nos livres à la page 394 et de nous mettre au travail. Sans attendre une minute de plus, je me mis au travail. Étape un, lire la potion et annoter la page. J’entourai le moment où on devait laisser mijoter près de deux heures la potion. Pendant ce temps, j’aurais le temps de recopier mes notes plus clairement et d’y ajouter ce que je pouvais tirer du manuel.

La lecture terminé, je révisais mes notes puis me rendis dans l’armoire dans la fond de la classe afin de récupérer du tue-loup et du thé vert, les deux seuls ingrédients que je n’avais pas dans mon sac. Je retournai à ma place, la tête un peu ailleurs. Heureusement pour moi, je réussi à éviter de me prendre les pieds dans le sac d’un autre étudiant. « Han ! Au moins, ça commence bien l’année ! », pensais-je en reprenant ma place. Je sortis les ingrédients manquant de mon sac, et me mis à la tâche. Je placé la lavande, les ingrédients standard et les crochets de serpents près de moi puisque j’allais devoir les utiliser en premier. Le reste se vit placé un peu plus loin. Je déposai les brins de lavande dans le chaudron. Mesurant quatre fois les ingrédients standard, je les déposai dans le mortier puis m’appliquait à les moudre finement. Jusque là, rien de bien compliqué. Tout allait bien. Je versai le contenu du mortier dans le chaudron et entrepris de moudre les crochets de serpents. S’il fallait faire chauffer que quinze secondes avant de les ajouter, valait mieux avoir déjà le tout en poudre. Une fois chose faite, je déposai le mortier de côté, puis allumai le brûleur faisant chauffer les deux premiers ingrédients à feux doux. Une légère vapeur violette à l’odeur âcre s’échappa de mon chaudron. « C’est normal tout ça ? » , me demandais-je en consultant mon livre. Il n’y avait aucune indication. Puisque c’était ainsi, autant poursuivre. Ajouter la poudre de crochets de serpents. Fait. La vapeur devient verte. Remuer 5 fois dans le sens des aiguilles d’une montre. Fait. C’est toujours vert, mais plus pâle. Remuer 3 fois dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. La vapeur est toujours verte. Je ne sais pas trop si c’est normal. Quoi qu’il en soit, pour le moment, il n’y a rien que je puisse faire si ce n’est que laisser mijoter le temps indiqué. « J’espère ne pas avoir fait d’erreur sans quoi, je risque de devoir recommencer ou pire, me faire jeter dehors... À moins qu’elle ne me garde prisonnier jusqu’à ce que je réussisse... »

Je posai ma baguette sur la table, me tournant vers Noel sur ma droite toujours au travail. Il avait un air découragé sur le visage et regardait son chaudron d'un drôle d'air. « Ça va Noel ? Un coup de main ? »

Spoiler:

L'année commençait merveilleusement bien. Inutile de dire que l'intervention de Sullivan n'était pas la meilleure chose qui pouvait leur arriver. Sérieusement, il allait mettre Burgess en rogne et c'était le reste de la classe qui allait en subir les conséquences par la suite... Le Gryffondor aurait sûrement eu envie de disparaître de la surface de la Terre s'il avait été le destinataire du regard assassin de leur professeur. Et son voisin qui s'y mettait ! À la remarque de Faolán, le Préfet se figea littéralement, sa plume à quelques centimètres de son parchemin. Il voyait déjà les points encore inexistants s'envoler tristement loin de leur sablier. Ils avaient une coupe à garder ! Et s'il, lui l'élève médiocre qui devait sa présence ici à un miracle qu'il n'avait jamais demandé, faisait des efforts pour ne pas s'attirer même involontairement les foudres de leur enseignante, c'était Gryffondor tout entier qui devait en fait autant ! Ça n'était pas comme ça qu'ils pourraient fêter une deuxième victoire à la fin de l'année ! Le perturbateur fut salement mis à la porte mais ça ne s'arrêta malheureusement pas là. « J’enlève également cinq points à Gryffondor pour votre arrogance, Mr Warlock. » Il était facile de lire dans le regard du faux blond tant le désespoir que les envies de meurtre. Le parchemin quitta son morceau de table pour atterrir entre les mains du traître qui se permit de corriger son œuvre. « Si c'est censé être Njut, t'as encore du chemin à faire mon gars ! » Il lui lança un regard noir et leva le nez, récupérant son parchemin sans un mot. C'est ça, te concentre pas sur le cours, surtout, donne à la prof d'autres raisons d'en avoir après toi !

Il n'eut pas le temps d'achever son portrait corrigé que le cours débuta vraiment. Prendre des notes n'était pas la chose qu'il préférait au monde. Il y avait toujours un moment où son esprit décrochait, laissant des phrases entières en suspens pour suivre une pensée sans rapport. « Allez à la page 394 de votre manuel et au travail ! » Quelques dernières mots griffonnés à l'arrache d'une écriture plus enfantine encore que d'ordinaire et Noel repoussa son parchemin pour attraper son bouquin. Page 394. D'accord. Juste le nombre lui faisait peur comme si sa grandeur avait forcément un lien avec la difficulté de ce qui l'attendait. Un regard sur sa gauche lui apprit que Scorpius était déjà en train de se mettre au travail. Il soupira et daigna enfin lire la recette qu'on lui demandait de réaliser. En soi, il n'y avait rien de particulièrement difficile. Il n'était pas totalement incapable de s'en sortir. Compter, écraser, tourner, attendre... Autant de choses qui étaient à son niveau, mais qu'il n'avait jamais réussi à véritablement maîtriser toutes ensemble... Il ne prit même pas la peine de rejoindre le placard puisqu'il n'aurait pas besoin de thé ni de tue-loup avant deux heures au moins et lança un regard méfiant à son chaudron. Mettre des trucs dans le mortier, mettre des trucs dans le chaudron, écraser finement un truc, réduire en poudre un autre... Est-ce qu'il avait bien tourné cinq fois, là ? S'il avait réussi à garder son sang-froid jusque là, à défaut d'être sûr de ce qu'il faisait, les nombres de fois eurent raison de lui. Il pâlit légèrement alors qu'il essayait de se remémorer. Une, deux, trois, c'était sûr... Mais le quatre ? Il l'avait fait, le quatre ? « « Ça va Noel ? Un coup de main ? » Le pauvre garçon secoua doucement la tête. « Je sais plus où j'en suis... » Son chaudron lui parut être son pire ennemi alors qu'il tourna deux fois encore dans un sens. Et « Un... Deux... Trois. » dans l'autre. Maintenant, il ne restait plus qu'à voir ce que ça allait donner, tout ça... « Et toi ? Ça a été ? » Il n'y avait pas eu d'incidents majeurs, c'était sûrement bon signe.

Potion de Lucidité - cours no.1

Sur ma droite, Noel regardait son chaudron d'un drôle d'air. Lorsque je lui avais demandé si ça allait, s'il avait besoin d'aide, il avait secoué la tête en signe de dénégation affirmant qu'il ne savait plus où il en était. Je le regardai ajouté le dernier ingrédient, puis remuer sa potion trois fois, espérant sincèrement que ça avait bien été pour lui. Il finit par se laisser tomber sur son tabouret et reporta son attention sur moi.

« Et toi ? Ça a été ? », demanda-t-il. Je me doutais qu'il connaissait déjà la réponse comme il n'y avait encore eu aucun fracas dans la pièce. Aucune explosion, aucun chaudron renversé, aucune odeur nauséabonde montant de mon chaudron. C'était bon signe ! « Autant que je peux l'espérer pour un premier cours ! », répondis-je avec un petit sourire.

À cet instant, le professeur passa près de moi. Elle regarda dans mon chaudron, mais c'est sans un sourire qu'elle dit : « C’est bien grumeleux par ici et l’odeur de la lavande commence à être forte. C’est parfait. Poursuivez sur cette voie, Mr Malfoy. » Je savais qu'elle était satisfaite. Je pouvais le sentir dans le ton de sa voix, mais elle ne se laisserait pas aller à plus de compliments de peur de favoritisme. Vous voyez, quand votre marraine est professeur dans le château, c'est pas toujours facile. Je lui ai toujours été reconnaissante de ne faire aucun favoritisme en ma personne. J'aurais eu la honte de ma vie si elle l'avait fait. Surtout que j'étais plutôt du genre fière et que je détestais qu'on m'avantage pour un rien. Je voulais avoir de bonnes notes au mérite, pas parce que j'avais de bonnes relations.

Pendant l'heure quarante-cinq qui suivit, alors que ma potion mijotait, j'en profitai pour avancer mes rédactions. On avait beaucoup de travail chaque semaine, mais je n'allais pas me laisser décourager. Je n'avais jamais été un génie en pratique. Je n'étais pas très manuel, mais au moins, je savais que je pouvais me rattraper avec la théorie. Chaque semaine, mes cent quatre-vingt centimètres de parchemin allait devoir être impeccables si je voulais m'en sortir avec une bonne note dans cette classe.

Le temps où on laissait le tout mijoté écoulé, je m'en retournai vers mon livre pour suivre les instructions. Deux pétales de perce-neige. HOP ! Dans le chaudron. J'ajouté vingt-cinq centilitre de thé vert puis deux brins d'armoise. Un décompte de quarante-cinq secondes pendant lequel la potion commençait à prendre une teinte argenté accompagnée d'une légère fumée rose pâle. Le décompte terminé, j'ajoutai les deux brins de tue-loup au chaudron, puis agitai le mélange dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. "Quatre... Trois... Deux... Un ! " Un petit coup de baguette. Et voilà ! Potion terminé. Enfin, selon le manuel parce qu'en ce qui me concernait, j'avais mes réserves.

Spoiler:

La première partie de la potion était enfin terminée. Difficile de savoir exactement ce qu'il en était, cependant. Il fallait encore attendre plus d'une heure pour savoir s'il s'en était bien tiré ou non. Noel ne se faisait pas trop d'illusions et se contentait d'espérer très fort que la catastrophe ne soit pas trop énorme, histoire de ne pas passer les heures suivantes à récurer la salle. Juste un petit raté, pas bien méchant, un truc qui ferait que Burgess ne serait pas vraiment contente mais pas non plus super en colère. Elle devait s'y attendre, de toute façon. D'aussi loin qu'il se souvenait, il n'avait jamais vraiment brillé dans cette matière et n'avait eu sa BUSE que par un malheureux miracle. Un miracle dont il se serait largement passé, cela allait sans dire. « Autant que je peux l'espérer pour un premier cours ! » Le Gryffondor ne put s'empêcher d'adresser à son voisin un sourire ravi. C'est vrai que ça avait l'air de s'être plutôt bien passé pour lui. Et s'il n'y avait pas eu d'accidents quelconque, il ne se faisait pas de soucis pour le résultat final. Scorpius s'en sortirait brillamment et, à ses yeux, il n'y avait rien de plus normal au monde. Il n'eut pas le temps de rajouter quoi que ce soit que leur professeur passait inspecter les rangs. Elle devait sûrement voir, elle, d'un seul coup d'oeil ce qui allait ou pas dans leur chaudron. Quand elle s'arrêta devant le sien, le blond se tassa légèrement sur sa chaise, s'attendant déjà à se prendre en pleine tronche une liste à rallonge de défauts irrattrapables. « Il faut croire que vous vous êtes enfin décidé à vous améliorer, Mr Shiver. Ce n’est pas trop tôt. Continuez comme ça. » L'interpellé cligna des yeux et laissa son regard faire la navette entre Burgess et son chaudron. C'était vrai, ce mensonge là ? Elle n'avait rien à rajouter ? Il n'avait rien fait de travers, rien oublié ? Les miracles continuaient donc d'exister. Elle félicita Scorpius et fila vers d'autres rangées. Le préfet se pencha discrètement vers son camarade. « Elle pense vraiment que j'l'ai fait exprès, tu crois ? » Il parlait tant des années passées à tout rater avec un systématisme désespérant que de la réussite surprenante de cette première partie de potion. Il l'avait fait tout seul, en plus. Ce qui rendait l'exploit plus exceptionnel encore !

Durant le mijotage de sa potion, le jeune homme désespéra devant son parchemin. Deux dissertations sur deux sujets complètement obscurs... La pointe de sa plume avait tracé le titre et quelques I. ; II. ; III. etc... dans l'espoir d'avoir quelque chose à rajouter après mais il lui fallut admettre que l'espoir était vain. Il n'y connaissait rien. Et ça ne l'intéressait pas. Et il allait finir sa vie dans le monde moldu, c'était déjà tout tracé, alors savoir que l'élixir de longue vie ne s'employait pas partout de la même manière ne lui serait pas utile pour un sou... « Y'a vraiment des infos à propos de ces trucs ? » se lamenta-t-il en feuilletant avec désintérêt son manuel. Fort heureusement, les deux heures finirent par prendre fin et il fut enfin temps de recommencer à bouger. Il alla chercher le thé et le tue-loup dans le placard et lança un regard dubitatif à sa préparation. Pour l'instant, ça allait. Mais pour combien de temps ? Les pétales de perce-neige... L'armoise... Compter jusqu'à quarante-cinq... Est-ce que ça faisait bien quarante-cinq secondes ? Il n'avait pas été trop vite ? Il n'en savait rien... Tant pis, de toute façon, il ne pouvait pas se permettre de se questionner davantage, il fallait continuer avant que ça soit une véritable catastrophe. Le tue-loup... Et remuer... remuer... remuer... remuer... remuer... Bref. Beaucoup de remuage. Il s'était appliqué à compter les tours pour ne pas être dans la même galère qu'au début. « Et de dix ! Pfiou... Une bonne chose de faite ! » Encore fallait-il qu'elle soit bien faite...