Indifférence, rancune et famille
Aleksey Silvers
Insomnie, insomnie... quand tu nous tiens.
Je crois bien m’être tournée et retournée tellement de fois dans mon duvet que cela dépasserait de loin l’infini. Je m’étais même reçue un coussin de la part de
Phoebe pour me demander bien gentiment de faire moins de bruit, ce à quoi j’avais répondu par un grognement mécontent. Ah ! Compassion, quand tu nous tiens. J’étais même sortie dans la nuit un petit moment pour courir un peu autour du camp histoire de m’épuiser dans l’espoir que cela m’endormirait. Et en effet, cela m’endormit ! Pendant quoi, 2h ? Et hop, comme si je venais de passer 10h à roupiller tranquillou pilou, voilà que j’ouvrais lentement les yeux... Pour jurer intérieurement. Le soleil n’était même pas encore levé. Donc c’était assez énervant – pour ne pas dire que j’avais la haine, pure et dure. Rageant donc intérieurement, je pris quelques affaires dans un sac avant de sortir de la tente. Et non, je ne fis pas en sorte de faire le moins de bruit possible. Après tout, ce n’était que
Phoebe, donc, peu d’importance. Et c’est pas en grognant que ça va changer quelque chose – je n’imaginais pas les bruits qu’elle pourrait faire pendant le sexe après ça d’ailleurs...
J’étais donc d’abord allée dans la forêt. Où je fis quelques exercices physiques. L’avantage avec la forêt, c’était que je pouvais faire plus de choses qu’à Poudlard. Tractions, course à pied, escalade... A défaut de me permettre de dormir, cela me défoulait grandement. En effet, j’étais du genre hyperactive, alors bouger ne serait-ce que quelques minutes intensément comme maintenant m’aidait beaucoup à me modérer le reste de la journée – ce qui ne m’empêchait pas d’être hyperactive la journée. De plus, cela avait un effet bénéfique sur mes crises de colère. Déjà qu’en grandissant j’arrivais mieux à les contrôler, mais en plus le sport me permettait de pouvoir réduire leur quantité de beaucoup – voir même de leur qualité, je me sentais moins agressive durant mes crises. Et enfin, j’avais repris de la masse corporelle – celle que j’avais perdu durant ma dépression – je me sentais donc mieux dans ma peau. Que du bénéf’ en somme !
Allongée dans l’herbe, haletante après mes séries d’exercice, je regardais le soleil se lever paresseusement avec une sensation de tranquillité inhabituelle. Il était rare que je me sente aussi... calme. C’est donc avec un petit sourire apaisé que je regardais le ciel se teinter des couleurs de l’aurore – un mélange entre du rose/rouge et de l’orange. Magnifique. C’était d’ailleurs d’autant plus meilleur lorsqu’on l’observait au bord de la plage, les pieds dans le sable (et une bière à la main mais détail). Je poussais un soupire. J’avais grand besoin d’aller me nettoyer après cela. Car après tout ce sport, c’est pas que je puais mais, voilà quoi. Bon ça va c’était pas non plus une horreur pestilentielle. Mais j’avais quand même des notions d’hygiène – ce qui n’était pas le cas de tout le monde (je n’accuserai personne voyons). Alors une bonne petite douche...
Ouais non. Je changeais bien vite d’avis en songeant aux douches communes. Non pas que je sois pudique, simplement que j’avais quelque fois besoin d’intimité (OH MY GAD, quelle nouvelle extraordinaire !). Et en général, cette intimité je la trouvais lorsque je me lavais, à défaut d’avoir une chambre seule et un endroit seul juste pour moi où je ne serais dérangée par personne. Même si l’heure était de bon matin, j’étais certaine qu’il y avait déjà quelques courageuses qui s’étaient levées. Changeant donc radicalement mes plans, je me déshabillais. Oui, en pleine forêt, et alors ? Il y avait tout de même peu de chances que des gens viennent de si bonne heure dans la forêt, si ? M’enfin, s’il y en avait vraiment, des courageux, ils auront droit à une jolie chaussure en pleine face. Suivie certainement de quelques bâtons et pomme de pin. Ils se souviendront certainement plus de la douleur que de mon corps nu.
Donc je me déshabillais pour mettre un maillot de bain. Puis je mis simplement mon short avant de me diriger, moi et mon sac, vers la rivière. Il y avait tout de même peu de chances pour que des personnes soient allées se baigner dans la rivière qui devait être encore froide. Il fallait être fou – ou simplement être moi – pour aller se baigner à cette heure dans une eau froide. Dans mon cas, je craignais tellement peu le froid que me baigner dans cette eau m’était bien égale. C’est donc joyeusement que je me mis à gambader telle une Sloane sauvage vers la rivière.
Et mes rêves se brisèrent en éclat.
«
Aleksey ? » fis-je, hésitante, en voyant le bougre remettre en vitesse son haut.
Rapide il était, voir je pus cependant (#YodaStyle). Je pus aisément voir les cicatrices qu’il avait sur le corps. Pas assez longtemps pour faire une analyse détaillée cependant. Cela me fit froncer les sourcils, et je perdis bien vite mon sourire.
Aleksey, c’était une sorte de cousin. Lorsque j’étais chez les Avery, bah, il s’est avéré qu’il en faisait partie aussi (une branche cousine). Nous nous étions déjà rencontrés en étant enfant, mais à ce moment-là je m’étais montrée encore plus froide et indifférente que je ne l’étais aujourd’hui. J’étais jeune, je venais de me faire arracher de mes parents, trimballer dans un orphelinat où je fus traitée de droguée du fait de mes vieux, et en plus la famille où j’avais atterrie était des pètes secs. Alors normal que je me montre... froide, non ? Je le pensais comme les autres. Comme le « demi-frère » pourri gâté qui me rendit la vie un enfer. Donc je le rejetais. Est-ce que je le regrettais maintenant ? Un peu, oui. Dans le fond, il n’était pas un mauvais garçon.
«
T'es bien matinale Ashley, tu te promènes ?! » fit-il le plus naturellement du monde.
Ah, il voulait se la jouer « tu n’as rien vu rien entendu » ? Il n’avait pas conscience de la tête de mule que je pouvais être. Et je devais dire qu’après avoir vu ces cicatrices, je m’inquiétais un peu pour lui. Qu’est-ce qu’il s’était passé ? Il s’était fait battre ou un truc du genre ? Je n’allais certainement pas lâcher l’affaire aussi rapidement.
«
On peut dire ça comme ça, » commençais-je donc en me rapprochant de mon cousin.
Car oui, dans le fond, je le considérais un peu comme mon cousin. On ne peut pas dire que j’avais eu des relations familiales saines. Et il était le seul être normalement constitué qui fut dans ma famille à être un temps soit peu normal, donc je n’allais pas le lâcher tout de suite.
Et je le poussais dans la rivière.
Sans ménagement, dès que je fus assez près, je le poussais en arrière. Il était assez proche de la rivière pour y plonger totalement. Un petit sourire aux lèvres, j’enlevai rapidement mon short, déposant brutalement mon sac par terre, avant de plonger à mon tour dans la rivière, éclaboussant Aleksey au passage.
Le froid de la rivière m’électrisa. J’accueillis la sensation avec beaucoup de plaisir. J’adorais cette sensation, et l’eau avait beau être froide j’y étais plongée sans hésitation.
«
J’étais venue me baigner ! » repris-je avec un peu trop d’engouement dans ma voix.
Eclaboussant une dernière fois Aleksey, je fis quelques brasses. C’était rafraichissant, surtout après le sport que je venais de faire. Comme diraient les sportifs, après du sport intensif rien ne vaut une douche froide. Bon normalement c’est suivi d’une douche chaude mais ce ne sera pas tellement le cas là.
Me tournant de nouveau vers Aleksey, l’eau jusqu’au cou, je repris la parole.
«
Je n’ai jamais pris le temps de te remercier pour ta gentillesse lorsque j’étais chez les Avery. » En fait c’est ce petit bain glacé le remerciement MWAHA. «
Alors merci. Et désolé. »
Je m’étais excusée en détournent le regard, soudainement gêné. Une petite rougeur avait même commencé à pointer le bout de son nez sur mes joues. Je n’avais pas pour habitude de m’excuser, il était très très très très très extrêêêêêmement rare de m’entendre m’excuser. A marquer dans les annales ! M’enfin. Dans tous les cas, il devait certainement savoir pourquoi je m’excusais.
«
Oh fait, tu survies toujours dans cette famille de tarée ? »
Cette question avait notamment pour but d’en amener une autre, sur ses cicatrices. Je n’étais pas très douée pour être sournoise et poser des questions pas à pas, mais cette fois-ci, j’allais tenter de faire l’effort.
Rien ne dit que cela marchera.
Flottante dans l’eau, j’observais le ciel devenu bleu en attendant la réponse d’Aleksey.