« Tu fais bien attention à toi, » s’inquiéta Glinda, ma mère adoptive, alors que j’allais partir vers le train qui me ramènerait à Poudlard. « Surveilles tes fréquentations, et pas de bêtises ! »

Elle s’essaya à sourire, mais les cernes noires qui entouraient ses yeux fatigués témoignaient d’un épuisement physique et moral hors norme. J’avais rarement vu des cernes aussi grande, à croire qu’elles essayaient de tomber à terre, et de creuser jusqu’au Chine. Les derniers mois n’ont pas été très faciles pour ma mère – et encore moins pour moi. Quand mes parents ont su que j’avais trainé avec des dealeurs, j’eus droit à l’enfermement dans ma chambre jusqu’au verdict du conseil des sorciers – et plus encore si jamais j’étais renvoyée. De toute manière, ils n’avaient pas eu besoin de m’y enfermer pour que j’y reste de moi-même. J’y étais restée tout le temps, ne bougeant presque pas, ne mangeant presque pas. J’avais perdu beaucoup de poids, mais je recommençai à me remplumer petit à petit. En plus de l’angoisse de mes fréquentations et de mon potentiel renvoi, John, mon père adoptif, nous a fait une crise cardiaque. Fort heureusement, il était encore en vie, mais pour le coup, Glinda avait du mal à gérer la pression.

« Tu n’auras pas de troisième chance, » reprit-elle sur un autre ton.

Un ton qui n’annonçait rien de bon. Il était bien plus froid que le ton léger qu’elle avait employé au début. J’avais merdé avec mes parents, c’était certainement ce qui me faisait le plus mal. Car ils étaient géniaux, et j’avais comme l’impression que si je merde une seconde fois, si je me fais renvoyer de Poudlard... Ils me redonneraient à l’agence des orphelins pour qu’on me trouve une autre famille. Ça se trouve, ce n’était qu’une inquiétude non fondée, mais c’était ce que je ressentais, et cela me faisait peur. J’étais tombée sur tellement de psychopathes que je ne faisais plus confiance au système.
Elle déposa un bisou sur mon front, et me laissa partir avec un sourire forcé. C’est donc la gorge nouée que je retournais à Poudlard.

Lorsque je vis les formes du château se dessiner à l’horizon, malgré ma gorge nouée, je me sentais légère. C’était peut-être de la joie, après tout. Je ne l’avouerai certainement jamais, mais Poudlard m’avait manqué. C’était certainement la seule école où je m’étais sentie bien, à ma place. Bien que je ne sois pas spécialement appréciée de tout le monde, c’était différent des écoles de moldus. C’est bien pour cela que lorsque je mis le pied sur les dalles en pierre du château, j’eus enfin un sourire. Premier sourire depuis ma suspension.
Les cours étaient presque tous terminés pour nous permettre de réviser pour les examens. Seuls quelques uns subsistés encore, comme les Potions et les Sortilèges. L’un me donnait des envies de me suicider, l’autre était bien plus intéressant. C’est en me faisant extrêmement discrète que j’ai suivi le premier cours, la professeure étant une psychopathe et n’étant pas psychologiquement prête à devoir essuyer des humiliations sans broncher. Pas de bêtises, cela signifiait que je ne devais pas rétorquer aux professeurs, et je ne me sentais pas capable de le faire avec elle. Le cours fut laborieux, ennuyeux. Plusieurs fois j’eus envie de foutre mon chaudron par terre et me casser telle une Diva qui estimait que l’endroit n’était pas assez bien pour elle. Mais je me retenais, je serrais les dents, les poings, et j’ai tenu jusqu’à la fin. Dans les couloirs, j’étais encore bien trop énervée et irritée par le cours. Et je n’avais pas envie de fêter mes retrouvailles avec le professeur Winslow – If you know what I mean – dans cet état, c’est pourquoi c’est tout naturellement que je me suis dirigée vers les toilettes pour me passer un coup d’eau sur le visage, et éventuellement passer mes nerfs sur les murs. J’étais encore un peu faible physiquement, mais ayant repris une alimentation un temps soit peu consistante, et de l’exercice physique, j’étais bien moins maigre que pendant ma suspension. Ce que je déplorais, c’était que j’étais bien moins musclée et « forte » qu’avant ma suspension.

Poussant la porte des toilettes, je voulus me diriger vers les lavabos, mais ce que mes yeux virent me dissuada de faire un pas de plus dans cette direction. Phoebe. La gryffondor et moi, c’était une longue histoire de non appréciation de l’autre. Enfin, disons plutôt que cela me faisait bien marrer de la faire chier tandis qu’elle, elle me haïssait, tout simplement. Surtout depuis l’épisode Lloyd je pense – ou Atlas, c’pareil. Je crois bien que c’est l’unique chose dont j’ai un peu honte. J’ai pour habitude de m’acharner sur une personne, pas de briser des relations pour le fun. La situation m’avait échappée...

« Qu’est-ce que tu fiches ici, toi ? »

La remarque, brutale et froide, de Phoebe me ramena durement à la réalité, et au présent. Je la regardais alors dans les yeux, avec une neutralité à toute épreuve, avant de rétorquer d’une voix calme, quoiqu’un peu froide :

« Mise à part utiliser les toilettes, se laver les mains, le visage,... » Mon regard se posa alors sur son t-shirt, abondamment mouillé autour d’une légère tâche rosâtre. « ... Ou se nettoyer les vêtements, qu’est-ce que tu crois que je fiche ici ? »

Sa question était particulièrement idiote, et j’espérais qu’elle s’en rendait bien compte. Pour une Gryffondor, elle n’était pas très futée. Ou bien serait-ce simplement qu’elle soit toujours sur la défensive lorsqu’il s’agissait de moi ? Voyons, c’était mal me connaître que de penser que j’allais toujours à un endroit pour emmerder mon monde.
Hm, en fait, c’était très bien me connaître.
Levant les yeux au ciel avec un soupire, je me dirigeais vers un lavabo pour y faire couler de l’eau que je me passais rapidement sur le visage. Le contact du liquide froid sur ma peau brulante me fit le plus grand bien. Je ne savais pas trop pourquoi d’ailleurs, mais je n’avais jamais froid, et même en été je ne crevais jamais vraiment de chaud. Me relevant, je jaugeai une nouvelle fois Phoebe. Une personne m’avait dit un jour, que le meilleur moyen d’aller mieux était encore d’essayer d’avoir un comportement normal. Alors autant éviter d’ignorer Phoebe et de partir sans demander mon reste. Cela ne me ressemblait pas d’habitude. Cependant cela restait dur, je n’avais pas vraiment la tête à me disputer bec et ongles.

« T’as de la chance que je ne sois pas d’humeur, » répliquais-je alors.

Je savais que je n’allais pas échapper à une bataille avec elle. Elle profiterait certainement du fait que j’ai peu de répartie pour pouvoir m’écraser sous son pied comme elle rêve de le faire. Cependant, tout à un prix, car je ne manquerai pas de me venger lorsque j’irais mieux – si je vais mieux (bien sûr que j’irais mieux u_u).

« Au fait, » poursuivis-je, toujours sur le même ton calme. « Toujours en froid avec le mignon petit Ethelred ? »

Je sentais que j’allais regretter d’avoir poser la question. Mais je l’ai quand même posé, à croire que j’étais maso. Cela aurait put passer pour de la condescendance, fière d’avoir brisé une relation je viens remettre le couteau dans la plaie. Alors qu’en vérité, sous mes airs détachés, au fond je me demandais vraiment s’ils étaient toujours en froid, ou s’ils avaient finalement réussi à briser la glace.
Oh, et, « mignon » car je le trouvais plutôt mignon en effet. Il me faisait penser à un petit animal qui quémander des caresses. Bien que je me doute qu’il ne soit pas du genre à aller chercher des câlins et des bisous comme un bisounours – ou comme un Poufsouffle. C’était simplement l’impression qu’il me donnait.

Ce n’était pas ce qu’elle voulait dire ? Bien sûr que je le savais. Sauf que je n’étais pas rentrée dans son jeu, c’était tout. Manque d’énergie ou de motivation ? Non, simplement que je n’avais pas spécialement envie d’entrer dans son jeu. J’aurais très bien put dire que j’étais là car elle m’avait manqué, que j’étais revenue tout spécialement pour elle car j’estimais ne pas lui avoir assez pourrie l’existence. Au lieu de cela, j’avais décidé de prendre sa question agressive au premier degré, ce qui semblait l’avoir quelque peu déçue. Puis elle retourna à l’anéantissement de sa tache, en vain. Tout ce dont elle réussissait c’était de l’étaler encore un peu plus tout en se mouillant intégralement le t-shirt, et aux dernières nouvelles nous n’étions pas dans un concours de t-shirt mouillé.
Mais alors que je lui annonçais que je n’étais pas d’humeur, la gryffondor répondit avec la même amabilité un magnifique « sinon quoi ? ». Cela sonnait légèrement, mais légèrement, comme un défi. Et c’est en levant un sourcil que je pris la peine de lui répondre.

« Oh, sinon nous nous serions insultées, nous aurions bataillées avec véhémence pour savoir laquelle de nous deux est supérieure à l’autre et cela aurait certainement fini par une bagarre où l’on s’arracherait les cheveux et les vêtements comme dans le catch féminin. »

Je n’étais pas fan de catch féminin. Le fait qu’elles s’arrachaient les vêtements sous les acclamations et l’excitation de la foule surtout composée d’hommes me répugnait. C’était se donner en spectacle et obéir à un fantasme typiquement masculin. Et je détestais devoir obéir à quelque chose, surtout à un homme (surtout en ce moment). Je préfère bien plus la boxe, ou le rugby. Oh il y avait encore des vêtements déchirés, quelque fois, mais c’était bien mieux je trouvais, au niveau de l’ambiance. En y songeant, si je n’étais pas à Poudlard, je serais certainement dehors, à me battre contre une femme – ou un homme – pour de l’argent facile, et pour le plaisir de mettre des droites. Cette idée me fit légèrement sourire – un très léger sourire quasi inexistant à vrai dire – cela me correspondait vraiment trop bien. Le danger, la douleur, le risque de mourir ou de se faire pécho, la reconnaissance de la foule lorsqu’on met K.O. l’adversaire... Ouais, c’était typiquement le genre de choses qui me plaisait, autant à regarder qu’à faire.

« Et toi alors, c’était comment chez les drogués ? »

Cette phrase fusa dans mon esprit, me sortant de ma rêverie avec brusquerie. Je fronçais les sourcils, cherchant à comprendre. Au départ, je crus qu’elle était au courant de tout. De la trahison de mon ami d’enfance, de mon presque-viol... Mais c’était ridicule, elle ne pouvait pas être au courant. Personne ne l’était, mise à part peut-être McGonagall puisqu’elle était la directrice de Poudlard, le sorcier qui m’a attrapé alors que je courais comme une dératée dans la rue, et les sorciers responsables de mon jugement. Donc il était totalement impossible que Phoebe, cette petite gryffondor qui ne s’intéressait qu’à sa petite personne, soit au courant de ce genre de choses me concernant.
D’instinct, je mis un bras sur mon ventre comme pour me protéger, ma main serrant fermement le tissu qui me servait de chemise.

« Tu as fait combien d’overdoses pour revenir aussi fine qu’une baguette ? »

Aussitôt, je me détendis. Je pouvais sentir tous mes muscles se décontracter d’un coup. Je me rendis alors compte que mon cœur avait commencé à battre un peu plus vite aussi, certainement dut au stress. Poussant un discret soupire pour détendre mes muscles faciaux, le plus gros défi fut de desserrer la main serrant ma chemise pour revenir à une position neutre.
Phoebe n’était pas au courant. Cette garce, comme quasiment tout Poudlard, pensait que j’étais une de ses droguées accro à la cocaïne ou à la piqure. Et étrangement, je préférais qu’ils pensent tous ça, plutôt qu’ils connaissent mes faiblesses.

« J’en déduis que ce n’est pas au beau fixe, » répliquais-je sèchement, revenant sur le sujet Lloyd. « Tu ne trouves pas ça un peu pathétique ? » continuais-je alors, ayant abandonné l’idée de me battre contre ma main gauche serrant ma chemise pour laisser ma main droite s’amuser avec l’eau restant dans le lavabo. « Ca fait quoi ? 5 ans ? T’es plus rancunière qu’une peau de vache. Tu ne lui as toujours pas pardonné au bout de 5 longues années, franchement, même moi je n’attendrais pas si longtemps. »

Sans que je ne m’en rende compte, je resserrais encore plus ma main sur ma chemise. Mon esprit me ramena inévitablement à mon ami d’enfance, ce traitre, qui osa me vendre comme objet sexuel pour avoir sa came. Même si je l’avais en travers de la gorge, je savais pertinemment que je n’attendrais pas 5 années pour lui pardonner. Car après tout, il restait un ami d’enfance.

« Tu es pathétique, Phoebe, » repris-je en chassant mes pensées sombres de mon esprit. « C’est limite si tu ne me fais pas pitié. Mais ce serait bien trop sympathique de ma part. »

Au final, je ne pouvais m'empêcher de parler, à croire que Llewellyn dégageait une aura qui me donnait tout le temps envie de lui rentrer dedans. Malgré tout, on sentait que ce n'était pas comme d'habitude, surtout du fait que j'oubliais totalement de l'appeler par son magnifique surnom : Foèbe.

Elle me dit de la fermer. Est-ce que cela m’arrêterait ? Absolument pas. Tout comme l’alcool (#ashtlas), ce n’est certainement pas lorsqu’on me demandait – pardon, qu’on m’ordonnait – de me taire que j’allais obéir sagement telle l’élève modèle que je suis. Elle devait savoir non, depuis le temps, que je n’étais pas du genre à suivre aveuglément les règles, ou les ordres qu’on me donnait. J’avais toujours tendance à faire n’importe quoi, à faire ce que je voulais.
Et voilà que mademoiselle re balançait la faute sur moi, en me menaçant avec sa baguette ridicule. Eh oh, tu sais pas te défendre autrement qu’en te cachant derrière ta magie ? Pff, décidément, elle était vraiment pathétique cette fille. C’t’un peu comme une fifille à son papa qui se cache derrière ses jambes car elle n’arrivait pas à se débarrasser d’une fille autrement. Gâtée par son père ou par la magie, c’était pareil, et si elle n’avait pas assez de répondant pour me mettre K.O. c’était qu’elle était encore bien plus faible que moi dans mes mauvais jours. ‘Fin, dans mes jours où j’ai envie de parler à personne quoi.
Ah, elle disait que c’était moi la pathétique ? Hm, non je ne crois pas. Je vivais dans la débauche ? Comme un déchet ? Mah, il en fallait bien non ? Sinon ce ne serait pas amusant pour les autres, ni pour les rumeurs. Ce ne serait amusant pour personne, même pas pour les profs qui n’auraient plus leur petit souffre-douleur à torturer joyeusement. Elle devrait s’estimer heureuse que je sois là pour tempérer les autres – ou plutôt en provoquant leur colère contre moi – ce qui les empêcher de se défouler sur tout le monde. Mise à part pour Burgess, c’est à croire que son complexe du gros cul la rendait encore plus exécrable.
Pause caca.
Bon, j’ai pas réussi. En plus je m’endormais en zonant sur facebook.
Pas de leçons à recevoir de moi ? Hmmmmmmm, fort possible que si. Après tout, la gryffon avait réussi l’exploit d’en vouloir à quelqu’un pendant 5 ans, et j’étais certaine de ne pas pouvoir tenir jusque là pour pardonner à Kyle, ce petit con qui m’avait vendu délibérément à ses dealeurs pour avoir sa came. Rien que d’y repenser, je resserrais un peu plus mon emprise sur ma chemise, au poing où l’on pourrait croire que même le repassage ne pourrait faire disparaitre les plis que je créais.

« Bouhouhou, c’est la faute d’Ashley, » repris-je alors, en prenant une voix de midinette. Puis, de ma voix normale, je poursuivis : « C’est vrai que c’est tellement plus simple de rejeter la faute sur quelqu’un d’autres. »

Hm ? Sa baguette ? Oh, je m’en fichais pas mal. Dans le pire des cas, cela se terminerait en batailles de magie ou encore bataille à main nue – ou bien, en cas d’extrême nécessitée, j’irais dans les jupons de Winslow. Dans tous les cas, j’étais lancée. Elle m’avait fait chier. Et étrangement, je ne pouvais empêcher le flot de parole qui se déverser de ma bouche.

« Oh certes, j’ai joué un rôle décisif dans ta relation avec Atlas. Je le reconnais. Mais bon. Je crois que de l’opinion de n’importe qui et ce depuis un bout de temps maintenant, je ne suis pas quelqu’un qui inspire confiance. Quand on me voit, on pense directement que je mens, car c’est bien plus simple de se fier aux apparences et de penser que je me drogue et que je fais des overdoses à la pelle, alors que... » Je m’arrêtais un instant, fronçant les sourcils, avant de secouer légèrement la tête. « Toujours est-il que je n’inspire pas confiance. Alors comment expliques-tu qu’un mec comme Ethelred, a préféré me croire moi, une fille qu’il venait de rencontrer, plutôt que toi ? Je n’ai rien d’exceptionnelle – tu serais la première à le dire – je n’ai rien qui ferait que ma parole surpasse la tienne. Pourtant il m’a cru. Pourquoi ? Tu crois que c’est UNIQUEMENT de ma faute ? »

J’eus un sourire sans joie. Presque comme un sourire sarcastique, mais tournant plus vers un sourire attristé par la situation. Sérieusement, rejeter uniquement la faute sur moi, c’était une bêtise. Rejeter uniquement la faute sur Lloyd, c’était une bêtise. Et elle n’avait pas l’air de s’en rendre compte.

« “ Ouais mais c’est ta faute Lloyd, t’avais qu’à pas croire Ashley ” “ Tout ça c’est de la faute à Ashley ”, et mon cul c’est du poulet ?! Tu crois pas que t’as joué un rôle dans l’histoire ? Tu crois pas que si Lloyd m’a cru si facilement, alors que je n’ai pas un super talent de manipulatrice, c’est d’abord car TU lui avais donné des raisons de douter ? Je n’ai fais qu’appuyer sur certains points. Je n’ai fais que relever certaines choses. Il l’aurait fait de lui-même au bout d’un certain temps, je n’ai fais qu’accélérer les choses. Y’avait quelque chose de pas nette dans votre relation, et vous vous voiliez la face. Oh je ne me considère pas comme un grand samaritain qui vous a fait découvrir des choses sur vous-mêmes : vous êtes tellement butés et cons l’un que l’autre que vous vous éloignez. Toi tu préfères le rejeter, certainement que tu penses que c’est sa faute, que c’est la mienne, et pi basta ? Oh bah oui, c’est certains, c’est sa faute, c’est la mienne, toi t’es un enfant de cœur. Toi tu n’as rien à te reprocher. »

Je secouais la tête, l’air faussement compatissante. Très franchement, et vraiiiiiment très franchement, elle me faisait pitié. Se voiler la face comme ça, éloigner un ami d’enfance comme ça, juste pour une broutille pareille ? Des épreuves, une amitié en verra tous les jours. Des embrouilles, une amitié en verra tous les jours. Et elle, elle flanche directe pour l’une d’entre elles ? Pathétiques, tout bonnement, pathétiques.

« Ca fait 5 ans. Je pense qu’il s’est excusé non – ou alors il est plus con que je ne le pensais. Il a murit. Tu as muris. Nous avons muris. Et pourtant... » Je marquais une petite pause, l’air de réfléchir. « Je me suis fais trahir moi aussi, par un ami d’enfance. Tu t’en fous, j’m’en fou que tu t’en fous. Bref. Lui, il l’a fait de lui-même. Il n’a pas été influencé par quelqu’un d’autre. Je ne peux pas blâmer ce quelqu’un d’autre car il n’existe pas. Je le blâme lui, et personnellement je trouve que c’est pire que ta situation avec Lloyd. Pourtant je sais très bien que je ne mettrais pas 5 ans à lui pardonner. J’en mettrais peut-être 1, voir 2, ou même 3, car me vendre comme... » Je me stoppais nette. Je baissais les yeux un petit moment, comme si je mesurais ce que je venais de presque avouer, avant de les relever avec une froideur nouvelle, avec un détachement nouveau. « Car ce qu’il m’a fait est vraiment dégueulasse. Pourtant je sais très bien que je finirais par lui pardonner. Mais ça tu t’en fous alors passons à l’essentiel : c’est toi qui est pathétique. Car c’est tellement plus facile de me blâmer moi pour tes erreurs à toi. »

Je ne savais pas si mes paroles impacteraient vraiment sur Phoebe, ou si elle les ignorerait, prétextant que des paroles de camer cela n’avait aucunes valeurs. Je m’attendais déjà à recevoir un sort, ou encore un coup, et au fond, je savais que je ne tenterai pas de l’éviter ou de le contrer. Si cela lui faisait du bien de rejeter la faute sur moi et de me frapper, et bien soit. J’avais l’habitude qu’on passe ses nerfs sur moi. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai appris à me battre. Malheureusement bien trop tôt dans mon enfance.

Je crois bien que Phoebe était la personne la plus égocentrique et la plus butée que je n’avais jamais rencontré. Cela m’impressionnait même beaucoup à quel point elle était pathétique. Elle continuait de rejeter la faute sur moi – sur Lloyd aussi – tout en se disant sainte, parfaite, sans défaut aucun. Elle me faisait limite rire. Surtout ça petite remarque sur mon nombre d’amis. Déjà, elle n’avait aucune idée du nombre d’amis que je pouvais avoir – et je précise, hors Poudlard. Ensuite, qu’importait le nombre, une trahison restait une trahison. Elle tentait simplement de me toucher avec le peu de matières qu’elle avait, mais sa connaissance de moi était tellement piètre qu’elle arrivait à peine à me frustrer. C’était bien pour cela que j’en disais le moins possible sur moi, ou que je laissais les rumeurs courir : au moins comme cela, ils n’avaient rien pour me battre. Ils n’avaient rien pour me mettre aux pieds du mur. Par contre, si la vérité venait à se savoir... je crois bien que je serais bien tentée de quitter Poudlard. Ce que je détestais plus que le mensonge : c’était la pitié. Et je ne voulais pas de la pitié de tous ces gens qui pensent qu’ils sont supérieurs aux autres.

Je ne saurais dire si ce fut le « TA GUEULE » hurlant de Phoebe qui me réveilla, ou les dégâts que sa baguette causa, mais cela eut le don de me faire bondir de trois mètres. Je n’avais pas du tout été préparé à ce qu’elle tente de me jeter un sort – qu’elle me frappe oui, un sort non. Un stupéfix de surcroit. La honte que cela aurait été : pétrifiée dans les toilettes jusqu’à ce qu’une âme charitable me finita incantanem. Tel l’idiot du village qu’on met au pilori, j’imaginais déjà les élèves venir pour me jeter des fruits et légumes. « 5 fruits et légumes par jour » : on peut dire que là ce serait bien respecté !
Je m’éloignais du miroir cassé, le bruit des bouts de verre tombant m’assaillant les oreilles avec fracas. Fronçant les sourcils, je ne compris pas tout de suite ce qui venait de se passer. Phoebe m’avait raté, lamentablement. Plus exactement, sa baguette avait fait des siennes. J’aperçus bien vite la marque de brûlure sur sa main tandis que sa baguette, au sol, avait prit une teinte rougeâtre très étrange. A croire qu’au moins, de nous trois, c’était la baguette qui était la plus franche.
Sortant la mienne, je la brandis droit sur Phoebe rapidement.

« Silencio ! » [Voir dé]

J’aurais pus la stupéfixer, j’aurais pus la pétrifier, l’entraver, l’emprisonner. Mais à la place je préférais la faire taire, pour que cette fois-ci ces oreilles soient grandes ouvertes et sa bouche bien fermée. Là elle n’aurait d’autres choix que de m’écouter, et éventuellement réfléchir – quoiqu’avec son esprit fermé elle ne penserait pas à grand-chose. Déprimant.
(Oui Ash oubliera ce sort pour les BUSEs, problème ? u_u).

« J’ai rarement vu une personne aussi égocentrique que toi, » commençais-je d’une voix calme et posée, presque sereine. « Tu m’fais pitié. Tu vois, je suis bien contente d’avoir éloignée Lloyd de ta petite personne : il mérite tellement mieux qu’une fille aussi malsaine que toi. Qui pense à tord qu’elle est parfaite et qu’elle n’a jamais rien fait de mal dans sa triste vie pathétique. Lloyd a beau avoir ses défauts, c’est fou comme il t’es supérieur en tout point. Tu vois, avant j’avais du respect pour toi – un minimum. Bah la, plus rien. »

C’était malheureusement vrai. Avant, malgré nos petites querelles incessantes, j’avais du respect pour elle et ses valeurs. Mais le fait qu’elle continue encore et toujours d’en vouloir à Lloyd et de tout rejeter en bloc, ça, c’était tellement pathétique que « Phoebe » devrait en être un synonyme.
J’eus un regard vers la baguette mal en point qui gisait au sol avant de les lever de nouveau vers la gryffondor.

« Même ta baguette connait la vérité sur toi-même. Mais ta raison ! T’es parfaite mon cœur ! »

Et sur ces mots, je lui tournais le dos pour partir de ces toilettes de l’enfer.