Chaque page supplémentaire tournée désespérait un peu plus la jeune préfète. Le vingt-cinquième chapitre du manuel d'Etude des Runes ne connaissait pas de fin. Après avoir formulé un énième espoir silencieux en faisant glisser le point, le point final se montra enfin. Il était temps ! Lalie manqua de partager sa joie avec ses camarades présents eux aussi dans la salle commune mais polie et soucieuse du bien-être de ses sujets – erreur lapsus – elle se contenta de refermer sagement le bouquin et de se diriger d'un pas déterminé jusqu'à son dortoir. En espérant tout de même que les Serdaigle s'interrompraient d'eux-même pour se rendre au goûter. Croisant les doigts pour ne pas connaître le même flop que la soirée d'intégration, la jeune femme monta les marches presque en courant et tomba sur Alycia, la seule de ses camarades de dortoir présente à ce moment-là. « Allez, viens c'est l'occasion de se vider la tête et de passer un bon moment tous ensemble. » essaya t-elle de la convaincre pour la trentième fois de la semaine. L'important était de rameuter du monde mais pas seulement. Lalie avait bien des défauts comme celui d'être superficielle ou de ne jurer que par elle-même à certains moments mais elle savait également penser aux autres. Sa camarade n'avait pas vécu des choses faciles et son petit doigt lui disait que ce n'était pas terminé, c'est pourquoi elle aurait aimé l'aider un petit peu. En insistant autant, il y avait-il une chance que ça marche ? Pas le temps de traîner malheureusement, tout en espérant une réponse favorable, Lalie se pressait de récupérer toutes les affaires nécessaires, préparées à l'avance.

Chargée de deux sacs à dos – on allait croire qu'elle partait en randonnée – elle quitta le dortoir non sans un dernier regard en direction d'Alycia. Dans la salle commune, il lui sembla apercevoir un peu moins d'élèves que quand elle l'avait quitté un peu plus tôt, ce qui ne pouvait que l'encourager à penser que peut-être, ces personnes n'étant plus là avaient déjà commencés à partir en direction du parc. Ce serait bien si c'était le cas. « Salut ! » lança t-elle à Chris quand elle le vit quelques mètres plus loin. « J'ai apporté les bonbons qu'il me reste et les boissons, comme prévu. » Le tout, avec enthousiasme. Peu importe si c'était encore un peu bizarre entre eux, le plus important c'était le goûter. Un projet pour lequel ils avaient coopérer afin que le plus possible de leurs camarades puissent profiter des friandises de Pâques. Ca ne peut que redonner courage et bonne volonté en approche des examens de fin d'année. Puis ça permettrait peut-être également de renforcer les liens, de les réveiller peut-être aussi, parce que mine de rien, le sablier de leur maison était encore le moins rempli. Pour la maison des intellos, de ceux qui sont censés être les plus intelligents et les plus irréprochables, c'est carrément pas normal. Si le courage de jouer un peu les rabats-joies la prendrait, alors elle glisserait peut-être un petit message sur le sujet. Peut-être.

En descendant les escaliers pour aller dehors, les deux préfets n'avaient pas croisés grand monde mais le peu d'élève s'était systématiquement retournés dans leur direction avec des regards curieux. C'est vrai qu'ils avaient un peu l'air bizarre chargés de pleins de sacs mais c'était pour la bonne cause alors les regards n'atteignaient pas la jeune femme. Ce qui comptait pour elle, c'était que tout se passe très bien et si on pouvait ensuite prendre la peine de la remercier, ça serait le top du top. Mais bon, avant d'espérer quelque chose il fallait que ça se passe bien. Au niveau du hall, ses pas s'accélérèrent. Et si il y avait déjà des Serdaigle présents ? Il ne fallait pas les faire attendre et les faire fuir, ce serait vraiment trop bête. Pour une raison inconnue pour elle-même, Lalie était stressée mais ne comprenait pas trop pourquoi. C'était juste un petit goûter de rien du tout. « Là-bas, ça à l'air pas mal pour s'installer. » indiqua t-elle à son collègue préfet. Près d'un arbre, un peu à l'ombre mais pas trop. Parfait. En oubliant d'attendre la réponse de Chris, la brune se dirigea vers l'endroit indiqué et ouvrit son sac pour y déposer un vieux morceau de chiffon dégoter finalement dans la salle sur demande et déposa bonbons et boissons. « Si jamais il y a besoin de faire un discours, je te laisse gérer. » glissa t-elle d'un air innocente au jeune homme.

Haut dans le ciel, supérieur aux êtres humains, le soleil rayonnait chaleureusement. Les beaux jours se rapprochaient, c'était le temps idéal pour un goûter dehors. Même si pour l'instant peu de leurs camarades avaient fait le déplacement jusque dans le parc, la préfète était de plus en plus convaincue que cette fois, tout allait très bien se passer. Chris semblait tout aussi motivé qu'elle ce qui lui fit presque oublié le malentendu survenu pendant la chasse. Cette histoire restait présente dans un coin de sa tête mais ce n'était toujours pas le moment propice pour s'expliquer. Les préparatifs s'achevaient à peine quand un jeune homme de distingua des autres élèves par ce qu'il portait dans les mains. C'est d'abord la curiosité qui poussa la jeune femme à aller dans sa direction, ne comprenant pas pourquoi toute cette agitation. Pour une surprise, ça en était une. A aucun moment il n'avait été demander aux autres d'apporter autre chose mis à part leurs friandises rescapées de la chasse, seulement si ils voulaient les partager. C'était une drôle d'initiative que Lalie ne pouvait que saluer. Gâteau au chocolat d'un côté, aux fraises de l'autre, le combo parfait ! « Dis-moi, tu as demandés aux elfes de préparer tout ça ou tu leur as directement filé un coup de main dans les cuisines ? » demanda t-elle au principal concerné tout en le débarrassant du fraisier. Elle qui avait peur qu'ils soient un peu juste au niveau des œufs et des bonbons, voilà que le problème était plus ou moins réglé. En fait, suivant le nombre de personnes qui continuerait de les rejoindre, deux gâteaux ne seraient peut-être pas suffisants. Mais c'était déjà très bien. Ni la jeune femme, ni son collège n'avaient pensé à la possibilité de demander un coup de main aux elfes. Sans doute parce qu'en tant que préfets ils étaient au courant plus que quiconque que personne ne pouvait entrer là-bas. Enfin, elle était au courant mais fermerait les yeux sur l'attitude de son camarade, il avait voulût bien faire et ce serait injuste de le punir pour ça. En plus ça leur ferait perdre des points. Tout ce qu'elle lui demandait, c'était que si il était habitué à franchir les règles, qu'il fasse attention de ne pas se faire prendre. Il y avait de fortes chances pour qu'elle et peut-être Chris aussi ne lui dise jamais rien, mais seulement en raison de leur blason commun. Mais les autres préfets ou professeurs n'auraient pas cette même compassion.

En s'écartant un peu pour déposer le gâteau, Lalie tomba nez-à-nez sur sa camarade de dortoir qui, à sa grande surprise, avait finalement accepté de faire le déplacement. Voilà une autre bonne nouvelle qui fit grandement plaisir à la préfète. A croire que son insistance avait finit par porter ses fruits. C'était pas la meilleure solution au monde mais ça fonctionnait, en plus ça permettrait peut-être à sa camarade de retrouver le sourire. Lalie avait bon espoir, tout continuer de merveilleusement bien se passer, c'était génial. « Je trouve aussi, je ne m'attendais pas du tout à ce que quelqu'un amène des gâteaux. Il faut avouer que l'idée est excellente. » dit-elle en espérant pouvoir se réserver au moins une part de l'un d'entre eux. En plus de probablement être bons, ils étaient beaux. De quoi vous donnez l'envie de tout manger. Mais il allait falloir partager. C'était presque dommage d'avoir été tant de monde. Il ne fallait pas non plus se montrer égoïste, et puis la prochaine fois elle irait se chercher des gâteaux pour elle toute seule, ça la consolerait. En attendant, Lalie sortit sa baguette et l'agita au-dessus du gâteau pour le découper en tranches égales. En voilà un de fait. Et comme du coup il n'y avait pas d'assiettes en plastique de prévu, elle sortit des serviettes de son sac qu'elle avait initialement prévu pour s'essuyer les doigts après avoir manger les œufs en chocolat. « Tu veux un morceau du fraisier ? Et à boire ? On a plusieurs jus de fruits. » proposa t-elle à Alycia. Les filles d'abord. Les autres ensuite. Elle leur fit quand même signe de s'approcher. Elle allait faire le service. Une partie en tout cas. Préfète dévouée à ses camarades mais pas trop non plus. Le but c'était pas non plus qu'elle reste non stop près des bouteilles pour servir à boire, les Serdaigle n'étaient pas uniquement doués pour tourner les pages des livres, normalement leur capacité à se servir de leurs mains pour des choses du quotidien était intacte.

Une joie de passer un moment privilégié entre Serdaigle – presque en famille – par ce bel après-midi ? Peut-être pas, non. La jeune femme détestait par dessus tout qu'on la passe passer pour une quiche et malheureusement, c'était un peu ce que le gars qui avait ramené les gâteaux lui donnait l'impression de faire. Pourtant, elle n'en voyait pas la raison. Son identité lui était inconnue, probablement l'avait-elle déjà croisé mais sans plus. Non, vraiment, aucune justification valable ne lui parvint. Elle dû prendre sur elle pour ne pas perdre son sourire et ne rien dire de désagréable au risque de gâcher la bonne ambiance à peine installée. Voilà comment sa gentillesse lui valait une telle ingratitude. Déjà, monsieur se permettait de l'ignorer sans raison et ensuite, il l'informait bien plus tard de la présence des assiettes en plastique dans son sac. C'était pas un peu du foutage de gueule d'attendre qu'elle ait fini de sortir les serviettes ? Et d'intervenir sachant qu'il venait de l'oublier quelques minutes auparavant. Peut-être ne le connaissait-elle pas mais ça allait bientôt changer, son visage ne tomberait pas de sitôt dans l'oubli et Serdaigle ou non, elle risquait de l'avoir en grippe un moment. Dire qu'elle avait eu la gentillesse de s'occuper des gâteaux à sa place puisque visiblement c'était trop compliqué pour lui. Quel ingrat ! Elle ne s'arrêta pas et ne reporta pas non son attention sur lui, il n'avait qu'à les lui apporter les serviettes. Cette fois, ce sera à son tour de bouger son derrière pour se rendre utile. Peu importe les raisons de son mépris à son encontre, elle était sa préfète et il lui devait un minimum de respect...

Et quoiqu'on puisse en penser, le pire n'était pas encore arriver. Tandis que Lalie commençait à servir à boire aux uns et aux autres, une autre de leur camarade arriva mais sa particularité à elle fût de ramener non pas des gâteaux mais de la Bierraubeurre. C'était un complot, ils voulaient tous engendrer la chute de Serdaigle ? Si les yeux de la préfète auraient pu tuer, il ne resterait de la jeune Lily Potter que des cendres. Et l'autre impoli qui se la ramenait. Comment ça pouvait être une bonne nouvelle qu'elle ait rapporté à leur goûter quelque chose d'illégal. Encore, leur regroupement serait resté entre les murs de leur salle commune, ça n'aurait poser aucun problème et Lalie la première en aurait été ravie. Mais là, n'importe qui pouvait les prendre en fragrant délit. Et ce n'étaient pas que des points qui étaient mis en danger, elle devait bien admettre qu'elle craignait également pour son insigne. Son rôle pouvait bien avoir tous les défauts du monde, ce serait encore pire d'en être séparer de force. Une honte, même. Elle n'osait même pas imaginer. « Je serais toi, je crierais encore plus fort. Comme ça, tu vas rameuter d'autres personnes extérieures à la maison et on finira tous le goûter un autre jour, en colle. Mais quel merveilleux programme. » Mais quel idiot ce garçon, pas un gramme de jugeotte, que foutait-il à Serdaigle, sérieux. « J'imagine que ça part d'une bonne intention Lily mais t'as pas l'impression de nous mettre dans de beaux draps. On serait dans la salle co', j'aurais volontiers fermé les yeux puisque personne ne peut nous voir. Mais là, la situation est délicate. En tant que préfète, je suis responsable de ce qui se passe dans ce genre de regroupement. Et je n'ai pas spécialement envie de payer vos conneries. C'est compliqué de profiter de ce qu'on vous propose ? » La rouquine lui avait pourtant parût prometteuse en plusieurs points mais quelle déception d'un coup...

La prochaine fois, sûr, elle laisserait tout se le monde dans son coin et tant pis pour eux. Elle aurait dû se garder tous les bonbons quitte à se péter le ventre. Et qu'on ne lui reproche pas de jouer les rabats-joie, elle ne pensait qu'au bien de leur maison et visiblement, elle était l'une des seules. Comme Chris n'avait pas encore ouvert la bouche, c'est vers lui que son regard se tourna en espérant qu'il affiche son soutient. Sinon, elle n'aurait plus qu'à se barrer pour ne pas porter le chapeau...

Une semaine, cela faisait une semaine que cette altercation foireuse s’était déroulée. Depuis, Thomas faisait son possible pour oublier tout ce merdier. Il avait espéré que tout ceci n’avait été qu’un cauchemar et qu’il s’était réveillé en sursaut au petit matin. Mais tout avait été réel pour son plus grand malheur. Depuis, il faisait son maximum pour ne pas croiser son ancien meilleur ami et surtout, il faisait tout pour passer du temps avec ses amis. Il avait besoin de se changer les idées et il n’y avait rien de mieux que de passer du temps avec les gens qui vous aiment pour ça. L’étudiant modèle avait laissé place au mec qui avait besoin de s’amuser, de faire autre chose que d’étudier. Après tout, les études n’arrivaient pas à lui faire oublier Fursy et encore moins à lui faire oublier le fiasco qu’il avait vécu. Il passait donc ses moments de libre à voir Lily ou bien quelqu’un d’autre. Il parlait de tout sauf de son connard d’ennemi. Oh que non, il préférait parler de tout et de rien et surtout de rire.

Ce soir, il en serait de même. Il savait qu’une petite soirée allait être organisée dans leur salle commune et il espérait en profiter comme il se devait. Il savait déjà qu’il rejoindrait très certainement Lily. Cette nana, il l’adorait. Elle était si rigolote et puis surtout, elle arrivait à lui faire oublier tout ce qu’il y avait de noir dans sa vie. Il était ravi de la compter parmi ses amis. Au début, il pensait se servir de cette nana pour rendre jaloux Fursy. A présent, c’était différent. Il avait appris à la connaître et plus il la connaissait et plus il était ravi de l’avoir comme confidente et amie. Elle était au courant de cette histoire tumultueuse avec son ancien ami. C’était peut-être d’ailleurs la seule personne à savoir tout ce qu’il avait pu partager avec ce mec.

Il était monté dans le dortoir pour réviser rapidement pour avoir tout de même la conscience tranquille. Finalement, au bout d’un bon trois quart d’heure, il avait fini par descendre. Surtout parce qu’il avait entendu les cris de Lily. Cette nana n’était vraiment pas discrète. Elle allait finir par les trahir et la fête tournerait tout simplement court. Il descendit donc pour rejoindre les autres et plus particulièrement la rouquine. Il espérait ne pas voir le visage de son pire ennemi sinon il remonterait bien rapidement. Une fois dans la salle commune, il se dirigea vers Lily. Il entendit un de ses camarades dire quelque chose sur ses cris ce qui ne put que le faire rire.

« - Salut vous ! Lily t’es pas croyable sérieux ! Tu vas te faire haïr à crier de la sorte sérieux ! »

Il ne put s’empêcher de rire face à tout ça. Cette nana était tellement spontanée que ça vous donne tout simplement la joie de vivre et la banane. C’était pour ça qu’il l’appréciait et qu’il appréciait faire partie de son entourage.

Poudlard sombrait indubitablement dans une niaiserie désespérante. Tout avait commencé par une chasse aux œufs ridicule à laquelle beaucoup s'était néanmoins adonné, comme si les élèves ne dépassaient pas les cinq ans et que l'idée de courir dans le parc comme des bouffons pour trois chocolats probablement dégueulasses était la meilleure du siècle... Des petits paniers remplis de petits œufs et des sourires débiles sur la tronche de mômes qui l'étaient tout autant. C'est clair que ça reflétait l'école sérieusement prestigieuse qu'on leur avait promis lors de leur rentrée. Heureusement, ça n'avait pas été obligatoire et il avait pu échapper à une telle corvée. Il voulait bien être gentil et participer avec bonne volonté à tout ce qu'on lui proposait ou presque, il y avait des limites à ne pas franchir. Et le prendre pour un demeuré tout juste sorti de la crèche en faisait visiblement partie. Et puis ils avaient chu d'un étage supplémentaire quelques jours plus tard quand une petite affiche s'était retrouvée accrochée sur le panneau d'affichage. Les Serdaigle voulaient casser leur image trop lisse de parfaits petits intellos et, pour y parvenir, avaient mis les petits plats dans les grands en organisant la soirée du siècle ! Dans le parc. Un samedi après-midi. Parce qu'il était bien connu qu'il fallait se coucher tôt si on voulait être productif et obtenir des notes merveilleuses pour écraser avec prétention tous ses petits camarades. Non, contrairement aux apparences, Fursy n'avait rien contre les siens. Il était même plutôt fier de ses couleurs. Mais depuis une semaine maintenant, il ne les portait plus vraiment dans son cœur. Tout était bon à prendre pour ne pas passer trop de temps dans sa salle commune et moins encore dans son dortoir. Il fuyait leur tour comme la peste et rentrait se coucher en traînant des pieds, plus tard encore que d'ordinaire, laissant agoniser le couvre-feu chaque soir davantage. Il avait réussi à mettre un bordel monstre dans son existence. Ils l'avaient réussi. Une belle équipe pour tout foutre en pièces une fois de plus...

Finalement, le samedi en question, le rouquin avait oublié jusqu'à l'affiche qui avait été placardée. Il ne pensait plus à leur après-midi incroyable ni à son envie de n'y croiser personne. Il avait passé sa matinée avec Daniela et avait rejoint Maximilien un peu plus tard, aux abords du lac, profitant du soleil et des vacances qui approchaient. Il n'était pas pressé. Mais ça signifiait la fin des examens. Et le retour à Rochdale... Il n'avait jamais hâte de retourner à Rochdale. Il détestait Rochdale autant qu'il était possible de détester une ville. Rien n'y était agréable, ni les gens ni les rues. Il n'y avait que sa sœur qui y passait une fois de temps en temps, lorsque ses parents la balançaient chez leurs vieux dans l'espoir de s'en débarrasser quelques heures, et une équipe de foot médiocre dont tout le monde se foutait royalement mais qu'il aimait toujours autant aller voir jouer. Ca faisait définitivement peu... Enfin. Il n'avait pas le choix. C'était chez lui. Maximilien avait fini par rebrousser chemin et retourner jusqu'au château tandis que lui avait décidé de prolonger le moment de tranquillité. Après, il faudrait remonter jusqu'à Serdaigle. Et il n'était pas pressé, là encore... Il était toujours adossé à un arbre, assis sur une racine noueuse en finissant sa cigarette – le règlement ne comptait pas – lorsque ses préfets débarquèrent pour s'installer. Ce fut seulement à cet instant qu'il se souvint de leur programme. Leur petit après-midi entre amis. A laquelle il était visiblement convié bien malgré lui... Quelques autres ne tardèrent pas. Underwood, Silvers, Potter... Honnêtement, il n'écoutait que d'une oreille distraite ce qu'il se passait, trop loin pour être vraiment concerné, trop prêt pour pouvoir les ignorer. Il était là au mauvais endroit au mauvais moment. « Hey venez tout le monde, Lily a ramené de la Bièraubeurre, c'est génial ! » Le jeune homme tourna les yeux vers le petit groupe. A ce train-là, le tout le monde en question ne compterait pas que les leurs, chacun viendrait chercher sa bouteille avant de disparaître aussi vite qu'il était arrivé. Et la petite soirée privée tournerait à la réunion générale. Lui s'en foutait. Ce serait l'occasion de voir des gens plus intéressants. Sloane ou Katherine, par exemple... C'était toujours mieux que Hummel. Ce fut Trust qui réagit la première. Et quelle réaction ! « En tant que préfète, je suis responsable de ce qui se passe dans ce genre de regroupement. Et je n'ai pas spécialement envie de payer vos conneries. » Moi je moi je moi je... Elle ne se prenait pas pour de la merde, celle-là !

Potter était en train de se justifier. Comme si elle avait fait un truc de mal, sérieusement... Il fallait vraiment qu'elle se décoince, la Trust. Il consentit péniblement à se relever et les rejoignit sans grand entrain. Le ton avait été un peu haussé et ça devait forcément plus intéressant. « C'est compliqué de profiter de ce qu'on vous propose ? » Ce fut sur cette phrase qu'il arriva à leur hauteur, la clope au bec comme une énième provocation à l'encontre de l'autorité. Ses pauvres préfets devaient sûrement regretter leur idée. « En même temps, faire des couronnes de pâquerettes en bouffant du chocolat, y'a pas de quoi se réjouir pendant dix ans. » lâcha-t-il avec un sourire vaguement moqueur. « Et puis, déstresse, même si vous vous faisiez chopper, ils ont autre chose à foutre que de s'inquiéter pour trois gouttes de soda. Ton honneur devrait être sauf. » Enfin, même si c'était pas le cas, ça ne lui ferait pas de mal. Peut-être qu'elle redescendrait au niveau des simples mortels comme ils l'étaient tous au lieu de se prendre pour une Princesse juste parce qu'elle avait un insigne débile. Il finit par jeter son mégot dans l'herbe en l'écrasant négligemment. Un coup à faire hurler les défenseurs de la nature. Dont il ne faisait évidemment pas partie. « Salut vous ! Lily t’es pas croyable sérieux ! Tu vas te faire haïr à crier de la sorte sérieux ! » Son cœur loupa un battement. L'arbre près duquel il s'était arrêté l'empêchait de voir le visage de Quincey mais sa présence n'était plus à prouver. Après des jours à tenter de l'éviter tant qu'il était possible, l'ignorant royalement dès qu'il n'avait d'autres choix que de le côtoyer... Voilà qu'il était là, prêt à s'accrocher à sa grognasse comme une moule à son rocher. Ils n'avaient encore rien fait qu'il rêvait déjà de l'étriper et de donner son cadavre à bouffer aux créatures aquatiques qui devaient crever la dalle dans les profondeurs du lac... Il fallait trouver une issue, n'importe quoi pour se tenir éloigner de ces crétins. Son regard clair et un peu désespéré se posa sur Underwood, visiblement à l'écart. Ca ferait l'affaire. Fursy la rejoignit en quelques enjambées hâtives et se posta près d'elle, les mains dans les poches, comme si c'était la chose la plus normale du monde. « Super petite fête, hmm ? » L'ironie était palpable mais son sourire néanmoins amical. Après tout, il n'avait rien contre elle...

Il fallait s'y attendre, Lalie vient de perdre sa bonne humeur. C'est vrais que Lily et Aleksey ne lui ont pas rendu la tâche facile. Difficile de concilier son rôle de préfète et dans le même temps d'être une sixième année fun et investie, qui fait force de proposition pour animer sa maison. C'est un paradoxe, la fête ou la rigueur, il faut choisir…

Mais rien y fait, il semble qu'elle soit incapable de se détendre. Elle est rigide comme un lampadaire… Se dit Alek. Alors avec calme et pondération, notre jeune mage marque un temps d'arrêt... Ce n'est vraiment pas son genre de se laisser dicter par la colère, mieux vaut se contenir comme il sait si bien le faire. Blessé dans son estime, c'est d'avantage la déception qui le tient au corps que la rage ou la colère. Lui qui voulait bien faire, n'aurait jamais imaginé recevoir de telles reproches avec une telle impolitesse de la part de la préfète. Inutile d'aboyer comme elle le fait, ce n'est franchement pas justifié. Ceci étant, ça à le mérite de révéler qui elle est vraiment. Ce qui n'était jusque là que des préjugés ce confirme. Et c'est bien dommage, parce que notre sorcier aurait voulu la connaître et peut-être l'apprécié... Elle avait l'air contente et joyeuse quand il arrivé avec les gâteaux et tout plein d'élèves de sa classe. Mais il a vite déchanté, son masque de poupée de cire c'est craquelé, révélant son vrais visage, celui d'une teigne aussi acerbe et tranchante qu'un rasoir. Alors Alek soupir, las et désabusé par l'affligeante bêtise dont elle fait preuve. Cette prétention et cette suffisance qui transpire d'elle, finalement ce ne sont pas que des apparences, c'est sa véritable personnalité.

Autant ignorer cette pimbêche, c'est préférable. Les disputes intestines et les relations toxiques, Alek les évite autant que possible. Rien ne les oblige à se fréquenter et encore moins à s’apprécier ! Et le jeune magicien en sait suffisamment sur elle comme ça. S'énerver ce serai rentrer dans son jeu puérile. Franchement, qu'elle mouche la piqué, pourquoi nous fait-elle une scène, alors que tout le monde s'amusait. N'est-ce pas ce qu'elle espérait ?! Elle a le don de gâcher la fête.
Alek se désaltère alors que Lalie le sermonne encore avec vigueur. Décidément, elle lui en veut à mort et rien ne justifie le ton acerbe qu'elle prend avec lui. Et son regard en dit long… Bien plus que les mots. Voyant qu'elle n'obtiendra rien de lui, elle s'attaque maintenant à mademoiselle Potter. Franchement désolé, la rouquine s'explique et s'excuse. Pendant ce temps Alek continue de boire à son aise. En retrait, il écoute avec attention la petite rouquine. Il partage complètement sont opinion. Et il le fait savoir en acquiesçant d'un hochement de tête. Personne n'aurait eu à assumer à sa place les conneries qu'il a fait et vu le score de la maison Serdaigle, perdre des points n'aurait sûrement dérangé personne, si ce n'est la préfète bien sur. Un autre Serdaigle en rajoute une couche « déstresse » lui dit-il, ce qui fait rire Alek qui si se cache derrière sa bouteille, tandis que Lalie le fusille du regard, un regard réprobateur. Alors Aleksey lui sourit l'air de rien et ajoute avec bienveillance et gentillesse, sans la moindre once de méchanceté… « Merci pour la fête, c'était sympas ! Sur ce, je vous laisse ! » Alek tourne le dos à la préfète et rentre au château d'un pas ferme et décidé.

Il y avait des moments comme celui-ci où Lalie serait prête à donner vraiment tout et n'importe quoi pour modifier le résultat de sa répartition. Plusieurs fois, elle avait jubilé de ne pas se retrouver à devoir partager sa salle commune avec sa grande sœur mais après mûre réflexion, la maison des Poufsouffle avait l'air sympa. C'est en tout cas cas ce qui lui avait toujours répété Yasha. Là-bas aussi se trouvait des élèves studieux, sérieux. Peut-être l'ambiance entre les élèves de cette maison aurait finalement mieux convenu à la préfète. Tant pis si pour cette raison, elle aurait dû renoncer à ce poste ingrat pour le laisser Arabella. De toute manière, elle ne l'avait jamais demander. On le lui avait juste proposer et pour une question de fierté, même si elle n'était pas sûre de son coup, elle avait accepté la charge. Pensant que ça pourrait lui apporter quelque chose de se trimballer partout dans le château avec ce nouvel insigne. Mais rien de positif, pas ce qu'elle s'était imaginé en tout cas. D'une certaine manière, c'était assez décevant. Oui, ça lui avait permis de sympathiser avec la préfète des blaireaux mais c'était une bien maigre consolation face au comportement de ses camarades de maison. Bien entendu que l'intention de Lily n'était pas mauvaise, la rouquine se montrait toujours adorable en sa compagnie mais pour le coup, ça ne marchait pas. On pouvait mettre ça sur le compte de la fin d'année qui approchait et la mettait sur les nerfs. Et Chris qui n'intervenait pas. C'était compréhensible qu'ils veuillent s'amuser mais ils n'étaient pas là pour décider ce qui se devait se faire ou pas. En fait, ce qui la faisait le plus chier, c'est qu'on ignore son autorité. Ce garçon qui la snobait complètement l'agace au plus haut point. Il se montrait tellement hautain. C'était sans doute après lui qu'elle en avait le plus. Lui et Overton, ce mec avec qui pourtant elle faisait équipe pour le Quiddicth. C'était leur unique raison de se côtoyer parce qu'il représentait typiquement le mec sans avenir. Un gars avec qui il ne valait mieux pas traîner si on ne voulait pas finir au fond du trou. Lalie lui aurait bien fait avaler sa cigarette par les trous de nez.

« Si ça ne te satisfait pas, tu n'avais pas qu'à ramener tes fesses jusqu'ici, on se serait très bien passé de toi. » lâcha t-elle au bout d'un moment en ayant oublié momentanément Aleksey. « Justement, la discrétion ce n'est pas votre fort. » leur reprocha t-elle à tous sans exception. Peu importe si elle passait pour la rabat-joie de service, sans doute ce n'était pas totalement faux. A un autre moment, elle se serait fait un plaisir de boire avec eux en dupant tout le reste du monde. Mais pas en plein après-midi, cette boisson n'avait rien à voir avec le reste de ce qu'ils avaient amenés. Ce n'était même pas dans l'ambiance du truc. Et si ils étaient pas contents, personne ne les avait obligé à venir. Vraiment, ils n'étaient pas coopératifs. Ca l'agaçait tellement qu'elle n'avait plus faim. Elle abandonna la part de gâteau dans les mains d'Alycia et cessa le service, même pour elle. Mieux valait pas qu'elle continue sinon elle allait tous leur mettre la tête dans leurs parts. Et ça partirait en catastrophe totale. L'envie était tentante mais il fallait qu'elle se contrôle, ce n'était pas le moment de péter un plomb. « Fais ce que tu veux Chris. Je vais chercher quelque chose, je reviens. » lui répondit-elle avec un sourire avec aucune once de sincérité. Fallait pas trop lui en demander non plus. Elle tourna les talons, abandonnant à son tour la partie. Parce qu'en vrai, elle ne comptait pas revenir. Elle pourrait toujours prétendre avoir eu un quelconque dérangement. C'était un peu lâche mais mieux que de finir par stupéfixier tout le monde.