❝ On est maladroit ou on ne l'est pas. ❞ - Abygail et Fursy - .

Les cours étaient terminés depuis une heure et demi et l’heure du repas du soir parvenait presque à sa fin. Je n’étais pas du genre à manger beaucoup, surtout le soir, j’avais donc fini la petite assiette que je m’étais faites. Je trouvais toujours les noms des plats très comiques, puisqu’ils étaient si différents de ceux des moldus. Heureusement, malgré que certains possédaient des noms bizarres, les plats étaient quand très bons, du moins pour la plupart. J’avais finis par prendre un ragoût avec des légumes et un thé comme boisson. J’avais rendez-vous avec Fursy dans vingt minutes. On avait prévu de se retrouver pour écrire. C’était une passion que l’on avait en commun et sans quoi j’ignorais si notre amitié existerait. Cette dernière était vraiment basée sur l’écriture, toutes nos discussions tournaient autour de cela. De temps en temps, on se donnait rendez-vous quelque part au château et on écrivait. Ensuite, on faisait lire à l’autre nos écrits et on commentait ce qu’on lisait afin de s’entraider. Parfois, on donnait même des idées à l’autre, lorsque l’inspiration manquait. Ce soir, on avait décidé de se retrouver dans la salle commune de notre maison. À cette heure là, ce serait tranquille et on risquait moins de se faire déranger que si on allait ailleurs. Je me dirigeais donc vers la salle commune de Serdaigle, située au quatrième étage du château. Je me dépêchais, histoire de ne pas être en retard. Je détestais être en retard lorsque je savais que quelqu’un m’attendait. Ce n’était pas poli, selon moi, et c’est pourquoi j’étais habituellement du genre à arriver en avance plutôt que l’inverse. Mais là, j’allais être en retard pour une fois. Comme j’allais être en retard, je courais dans les couloirs, zigzaguant entre les élèves qui se promenaient. J’étais arrivée à la salle lorsque je trébucha dans je ne sais trop quoi. Je m’étala de tout mon long sur le sol, me cognant le nez sur le plancher. J’entendis quelques rires, puis je me releva debout. J’étais un peu sonnée, mais ca allait bien pour le moment. J’entra donc dans la salle et je chercha Fursy du regard. Je le trouva un peu plus loin, il était dos à moi, assis à une table. Il semblait m’attendre alors je me dépêcha de le rejoindre. - Hey Fursy! Je suis désolée de mon retard. J’espère que tu n’es pas là depuis trop longtemps! Je pris place en avant de lui et c’est là que je le vis vraiment. Il avait un œil au beurre noir et la lèvre inférieure enflée. Je sursautai, c’était la première fois que je le voyais dans un tel état. Moi-même j’avais commencé à saigner du nez, mais je ne m’en étais pas encore rendue compte. J’étais trop abasourdie par l’état du visage de Fursy. Dans un état de panique, je m’adressa à lui. - Oh mon dieu! Fursy, est-ce que ca va? Vient, on va aller à l’infirmerie!

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Le dîner avait pris fin quelques dizaines de minutes plus tôt. Les élèves avaient rejoint leur salle commune, certains même leur dortoir. Après tout, il restait toujours quelques devoirs à finir, quelques cours à réviser ou une nuit à commencer de bonne heure parce que la précédente avait été trop courte. C'était Poudlard dans toute sa splendeur. Un long défilé de jours semblables et répétitifs. Après, ça n'était pas vraiment dérangeant non plus. On s'y faisait. On savait presque toujours à quoi s'attendre. Et lorsque le train-train quotidien se faisait trop pesant, il y avait toujours moyen de s'en écarter rien qu'un peu. Fursy, lui, n'était pas franchement à plaindre. Le train-train quotidien, il ne le connaissait pas vraiment. Entre les retenues qui apparaissaient sauvagement dans son emploi du temps et les disputes qui en étaient la cause, il n'avait pas l'impression de suivre encore et toujours le même schéma, à longueur de semaine... Ce soir-là, sur le chemin de la Grande Salle, son regard avait croisé celui de Quincey, et ça avait été largement suffisant pour déclencher une nouvelle altercation qui s'était terminée dans les toilettes, histoire de se rincer la bouche dans l'espoir que le goût désagréable du sang finisse par passer. Ca n'avait pas été le cas et il avait renoncé à aller dîner, remontant dans sa salle commune pour s'éviter de le voir à nouveau. Il savait pertinemment qu'il le croiserait à nouveau puisque ce abruti de première partageait son dortoir... Le hasard était un bouffon, ça ne faisait plus le moindre doute. Pourtant, son humeur n'était pas devenue massacrante après cette énième bagarre contre son camarade de chambre. Comme d'habitude, il en était ressorti plus calme, épuisé peut-être aussi. Pendant quelques heures, il pourrait y penser sans qu'il y ait quoi que ce soit d'étrange et de répréhensible. Il retournerait ce moment dans son esprit, l'analyserait sous tous les angles simplement pour que le jeune homme hante ses pensées une seconde de plus, puis il irait chercher à nouveau la merde pour se permettre de recommencer. Bien sûr, il n'y avait rien de plus inconscient au monde que ce manège stupide. Plutôt mourir dans les plus atroces souffrances du monde que d'ouvrir les yeux sur ce point ! Quincey n'était rien d'autre qu'un pauvre con et il le resterait jusqu'à la fin de son existence, qu'importe s'il s'était fourvoyé sur son compte. En attendant, il avait mieux à faire que de s'interroger sur le compte du jeune homme.

Il avait prévu de retrouver Abygail, histoire de passer quelques instants à noircir les pages de son cahier en sa compagnie. Il ne restait plus désormais qu'à patienter jusqu'à ce qu'elle arrive. Le rouquin s'était installé à l'écart, sur une petite table de travail adossée à un mur. Il tournait le dos à la porte, gribouillant dans la marge de petits dessins qui ne ressemblaient pas à grand chose. « Hey Fursy ! Je suis désolée de mon retard. J’espère que tu n’es pas là depuis trop longtemps ! » Ledit Fursy sursauta, tiré brutalement de ses pensées par la voix de sa camarade. Il secoua doucement la tête, l'ombre d'un sourire posé sur les lèvres. Non, il n'était pas là depuis « trop longtemps », juste le temps du dîner auquel il n'avait finalement pas participé. « Non, t'inquiètes. » Une seconde plus tard elle apparaissait enfin dans son champ de vision et son attention fut attirée par le reflet rougeâtre sur sur son visage. Elle saignait. Il fronça les sourcils et se redressa oubliant totalement son cahier, ses dessins et le programme de leur soirée. Son propre état lui était passé totalement au-dessus, il n'y pensait plus le moins du monde, seulement dérangé par la présence intermittente de son aîné dans son esprit fatigué, et désormais par la possibilité qu'il soit arrivé quelque chose à son amie. Elle, en revanche, ne semblait pas être passée à côté, tant et si bien qu'il ne comprenait pas vraiment le choc qui se lisait dans ses yeux. « Oh mon dieu ! Fursy, est-ce que ça va ? Viens, on va aller à l’infirmerie ! » Il fouilla dans ses affaires et sortit un mouchoir qu'il lui tendit simplement. Elle n'était pas dans un état catastrophique mais c'était suffisant pour lui déplaire. Il fallait que les personnes qu'il appréciait n'aillent que bien. Rien que bien, tout le temps bien, toujours bien... « Ouais, ça va. Pourquoi ça irait pas ? » lâcha-t-il comme si sa question était stupide. « Mais ouais, j't'accompagne à l'infirmerie, ouais. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tu t'es fait ça comment ? » Sa voix se faisait plus protectrice qu'il ne l'aurait voulu, promettant presque et silencieusement d'aller démonter la tronche du coupable si par malheur si y en avait un...

❝ On est maladroit ou on ne l'est pas. ❞ - Abygail et Fursy - .

Je n’en revenais toujours pas de l’état du visage de Fursy. Boursoufflé et mal en point, il s’était probablement battu. Je ne le connaissais pas tant que cela, notre amitié étant basée sur l’écriture plus que la jasette générale. Par contre, je savais qu’il avait la réputation d’être un bagarreur, notamment avec un serpentard. Je n’étais pas du genre à écouter les rumeurs et les bruits de couloir. Néanmoins, en le voyant aussi amoché, il était difficile de ne pas les croire. Heureusement, ce n’était pas de mes affaires. Tout ce que je voulais, c’était qu’il aille à l’infirmerie pour pouvoir être soigné. J’étais à jour dans mes devoirs et mes leçons, donc j’avais amplement le temps d’amener Fursy à l’infirmerie et de l’attendre pour que nous puissions ensuite écrire. J’imagine que c’était l’Avantage d’être aussi studieuse que je l’étais. J’avais beaucoup plus de temps libre que ceux qui devaient bucher et bucher pour y arriver. Généralement, je comprenais assez rapidement et donc étudier et faire mes travaux ne me prenaient généralement pas beaucoup de temps. Bref, dès que j’ai remarqué le visage tuméfié de mon ami d’écriture, je lui ai demandé ce qui lui était arrivé et lui ai dit de me suivre à l’infirmerie. Étrangement, alors que c’était lui qui avait le visage comme une pomme de terre en purée, il me tendit à moi un mouchoir en tissu. Après me l’avoir donné, il répondit qu’il allait bien, me demandant pourquoi il ne devrait pas aller. Je le regarda surprise de sa réponse, ne se rendait-il pas compte de l’était de son visage? Dans tous les cas, il continua en disant qu’il m’accompagnerait quand même à l’infirmerie, et me demanda ce qui s’était passé, comment je m’étais fais ca. Sur le coup, je n’ai vraiment pas compris, un mouchoir et maintenant cette question étrange posé d’un ton presque trop protecteur? Au moment où j’allais lui demander ce dont il me parlait, je sentie quelque chose entrer dans ma bouche. Un gout métallique envahit alors mes papilles gustatives. Du sang. Je saignais apparement du nez. Tout s’éclaira d’un coup. Fursy devait avoir vu que je saignais du nez, ce qui expliquait sa question et son mouchoir. J’allais alors lui dire que je ne savais pas du tout ce qui s’était passé pour que je me mette à saigner du nez, mais je me rappelai ensuite que j’étais tombée tout à l’heure. C’était probablement en tombant en plein visage sur le sol que mon nez s’était mis à saigner. - Oh mon dieu, je ne m’était même pas rendue compte que je saignais du nez, merci pour le mouchoir. Je suis tombée tout à l’heure en venant ici, j’imagine que c’est à cause de cela que je saigne. Mais toi, tu t’es battu pour être aussi amoché? Nous nous dirigions vers l’infirmierie en même temps que nous étions en train de discuter. Apparemment, autant lui que moi en avions besoin. J’espérais que mon nez ne soit pas casser et que ce n’était rien de grave pour Fursy non plus. Une fois rendue à l’infirmerie, nous nous sommes assis en attendant que l’infirmière puisse s’occuper de nous.

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La surprise plus que visible d'Abygail le mettait un peu mal à l'aise. Elle n'avait pas fini de le fixer comme ça, non ? Peut-être qu'il était en moins bon état que d'ordinaire, certes, mais il n'était pas non plus aux portes de la mort ! Il allait s'en remettre et il n'y pensait déjà plus. Enfin... Avant qu'elle n'arrive, en tout cas, il n'y avait plus pensé... Et il fallait bien admettre que voir du sang sur le visage de la jeune femme lui avait ôté ses propres blessures de l'esprit. Ca lui semblait d'un coup bien plus préoccupant que tout ce qui pouvait exister au monde. Son cœur s'était légèrement emballé à la simple pensée qu'elle ait pu avoir des ennuis. Il imaginait sans le moindre mal des pauvres abrutis de Serpentard tapis dans un coin, prêts à fondre sur la première personne à leur portée... Et le hasard aux jeux détestables avait fait en sorte que cela tombe sur elle. Bien sûr, il n'avait aucune certitude quant à ce qu'il avançait mais tout lui semblait particulièrement crédible. S'il mettait la main sur ceux qui avaient osé lui faire ça... Fursy ne la connaissait finalement pas tant que ça. Ils n'avaient pas pour habitude de se raconter leur vie ou de se laisser aller à fouiner dans celle de l'autre mais elle lui apparaissait comme une demoiselle douce et fragile, de celle qu'il fallait forcément protéger quand bien même elles n'en avaient pas besoin. Il était de toute façon évident qu'une femelle n'était pas en mesure de se défendre seule et l'état de la jeune femme semblait aller dans ce sens. Abandonnant littéralement ses affaires sur la table de la salle commune, le rouquin lui emboîta le pas en direction de l'infirmerie. Il était clair qu'elle avait besoin d'y aller, il était hors de question de la laisser ainsi. Pourtant, elle non plus, elle n'était pas à l'agonie. Qu'importe. Les couloirs n'étaient pas bien pleins, l'heure du couvre-feu approchait et l'humanité toute entière semblait avoir rejoint ses quartiers. C'était toujours agréable de se balader dans un château désert... Et il ne se gênait pas pour le faire, faisant sa vie au beau milieu de la nuit, souvent pour le simple plaisir d'avoir l'impression que l'école lui appartenait. Et, en fin de compte, il rentrait toujours dans son dortoir en y ayant cru rien qu'un peu.

La blonde prit le mouchoir sans comprendre. C'était quoi le problème, cette fois ? Elle avait l'air un peu à l'ouest, ce soir, ce qui accentua plus encore la crainte qu'il lui soit arrivé malheur. Son regard se fit plus interrogateur. Il voulait savoir. Ca n'était pourtant pas son genre de s'intéresser véritablement aux aventures d'autrui, il était trop bien placé pour savoir à quel point il était parfois nécessaire que la vie privée le reste ! Elle parut finalement réaliser ce qu'il se passait. Enfin ! Ca n'était pas trop tôt ! « Oh mon dieu, je ne m’étais même pas rendu compte que je saignais du nez, merci pour le mouchoir. » Il se contenta de hocher la tête l'air de dire « y'a pas de quoi » avant de détacher les yeux d'elle le temps de descendre quelques marches supplémentaires. D'accord, elle n'avait pas remarqué mais ça ne lui disait pas ce qu'il s'était passé ! C'était ça qui l'intéressait, lui, dans cette histoire. Pas qu'elle soit passée à côté d'une hémorragie – il n'exagérait pas le moins du monde, évidemment. « Je suis tombée tout à l’heure en venant ici, j’imagine que c’est à cause de cela que je saigne. » Un air dubitatif se peignit sur ses traits. Elle était tombée ? Dans le fond, ça n'était pas impossible mais tout de même. La première chose qu'on fait en se relevant c'est vérifier qu'on ait rien, non ? C'était bizarre cette histoire... « Genre... Toute seule...? » Non, il ne la prenait pas pour une idiote mais il n'avait aucune envie que quelqu'un s'amuse à victimiser ses amis sans en être inquiété par la suite. « Mais toi, tu t’es battu pour être aussi amoché ? » Rho, dans sa bouche, on avait limite l'impression qu'il avait fait la guerre. Il n'était pas mourant. Peut-être qu'il allait s'en sortir avec un œil au beurre noir mais ça n'avait jamais tué personne ! Il fallait qu'elle réalise que ça n'était pas le premier et que ça ne serait certainement pas le dernier non plus. « Faut croire. » Elle n'aurait rien de plus.

Passer les portes de l'infirmerie arriva plus tôt qu'il ne l'aurait cru. Ils n'avaient pourtant pas couru... En les voyant entrer, l'infirmière leva les yeux au ciel en soupirant d'un air théâtral. Elle devait sûrement être en train de se dire « encore lui » ou quelque chose du genre. Eh oui ! Encore lui. Qu'elle s'estime heureuse, elle devait faire son quota du mois juste avec un seul élève, si c'était pas merveilleux, ça ! Fursy lui adressa un sourire amusé en haussant les épaules alors qu'elle secouait la tête et leur désignait d'un geste des lits vides où attendre qu'elle ait terminé ce qu'elle était en train de faire. Il se traîna sans entrain et resta poster devant Abygail une fois qu'elle se fut installée. C'est bon, il pouvait rester debout, il fallait pas déconner. « J'crois qu'on peut dire adieu à notre programme pour la soirée... » lâcha-t-il alors qu'il observait avec un désintérêt total leur aînée s'affairer autour de ce qui semblait être une gamine de Poufsouffle. « J'avais totalement réécrit le passage qui clochait la dernière fois, j'suis sûr que t'aurais été fière de moi. » Enfin, elle aurait sûrement tout le loisir d'y jeter un œil un autre jour. Ou pas...