Louna n’avait gardé de sa mère qu’un collier bon marché et le vague souvenir d’une odeur de figues. Quelquefois elle avait même l’impression d’entendre son rire dans le vent et de voir son visage dans les nuages. Mais malgré toutes ses tentatives pour activer sa mémoire, son père restait son seul parent dont le visage lui apparaissait clairement. Il l’avait élevée, loin de sa génitrice, en montrant tout le désintérêt possible à son égard et en la traitant moins comme sa fille que comme une contrainte. Elle portait son nom mais elle n’était qu’une souillure à ses yeux, fille d’une vulgaire moldue, et qu’il devait se coltiner jusqu’à sa majorité. Très vite il lui apprit à assurer qu’elle était de sang-pur et issue d’un mariage accepté par la loi pour ne pas salir sa réputation. Vous pourriez facilement le désigner comme un tyran, un homme sans cœur, sans valeurs et vous auriez raison. Pendant onze ans il a à peine adressé la parole à sa fille, lui accordant deux discussions de plus d’un quart d’heure pour lui expliquer le monde sorcier et le fonctionnement de Poudlard.

Louna a grandi, en grande partie seule, cherchant vainement l’attention de son père les premiers temps avant de se détacher totalement de lui. Elle se confrontait chaque fois à un mur qui refusait catégoriquement de lui parler de sa mère et qui s’échappait toujours pour aller travailler. Elle a appris à s’en sortir – peut-être pas toujours avec les meilleurs moyens – et a affronté la vie et ses obstacles sans pouvoir demander de conseils à personne. Le transport ? Elle gérait. L’école ? Elle gérait. Les devoirs ? Elle gérait. Elle s’était pratiquement élevée elle-même, laissant sur sa personnalité certaines séquelles, la rendant instable et imprévisible. L’épouse de son père la regardait à peine, blessée de voir tous les jours cette petite fille qui lui rappelait son statut de femme trompée. Malheureusement, elle était contrainte de l’avoir sous les yeux, chez elle, étant femme au foyer. Et quelle plaie cette petite ! Elle ne cessait de sauter partout, de jouer, de faire entendre son rire tonitruant dans toute la maison en se blessant les coudes, les genoux, le front sans pour autant se plaindre. Elle était indigne de se présenter comme une fille de sang-pur et il était impossible de la faire tenir en place devant des invités.

Quant à son demi-frère, Griffin, il était l’être le plus détestable qu’elle connaisse. Apprenant très rapidement qu’elle n’était qu’une bâtarde et lui, l’enfant prodige et aimé, il commença à s’en prendre à elle en l’insultant et en commençant des bagarres. Il avait très vite fait de Louna une personne qui pouvait se montrer brutale et sanguine si on la cherchait trop. Elle a appris aux côtés de cette famille, qui apparemment était la sienne, qu’il ne fallait pas se laisser marcher sur les pieds et petit à petit elle arrivait presque à prendre le dessus sur Griffin, son aîné qui ne s’attendait pas à tant de débrouillardise de la part de sa sœur. Mais elle était évidemment la seule à se faire gronder, ce qu’elle n’appréciait que très peu, sachant qu’elle refusait les ordres et les limites imposées ne connaissant que ses propres règles. D’autre part, ne trouvant pas d’affection chez sa famille, elle dut en chercher chez les autres, chez des enfants de son âge, des petits moldus avec qui elle s’entendait plutôt bien et d’autres avec qui elle apprit à utiliser ses poings (lui valant de nombreuses punitions) et à développer sa répartie.

« Griffin arrête ! » La petite Louna du haut de son mètre, trente centimètres et des poussières lançait à son frère un regard noir de colère alors que ses petits poings serrés traduisaient son désir de le cogner. Alors qu’elle s’était installée dehors pour tranquillement faire ses devoirs et il n’a pas pu s’empêcher de venir l’embêter. Il avait tartiné ses exercices de mathématiques de confiture, accompagnant son geste d’un petit ‘oups’ hypocrite et lui lançait maintenant dessus des chocogrenouilles. Evidemment personne ne prenait la peine de se demander pourquoi la fillette criait, principalement parce que tout le monde s’en fichait. « Tu pleurniches ? Tu vas aller voir ton pôpa ? Attends… » Un sourire mauvais s’étira sur les lèvres de Griffin alors qu’il terminait sa phrase. « … ah ouais tu peux pas, il t’aime pas. Donc tu vas pleurer chez ta maman, hein ? Ah mais, elle, tu la connais même pas, c’est dommage. » Et il recommença à la bombarder de friandises alors que ses paroles venaient de toucher la jeune femme en plein cœur et que le rouge lui monter aux joues. Elle allait lui sauter dessus, littéralement, et lui arracher les cheveux un par un. Mais elle savait qu’il n’attendait que ça : se battre. Il était plus grand, plus fort et n’en ferai qu’une bouchée. Peut-être aimait-il la faire souffrir ? Peut-être appréciait-il d’avoir le dessus autant physiquement que dans la famille ? Néanmoins, contenir sa colère ne semblait pas très bien fonctionner sur Louna et sa magie fit subitement arriver de nulle part un verre qui se fracassa sur la tête son frère. Elle poussa un cri qui se trouvait à mi-chemin entre exaltation et frayeur. Par chance, il ne résulta de cette mésaventure que quelques égratignures sur le beau visage de Griffin qui ne cessait d’assurer qu’il avait été mutilé et de bonnes semaines de punitions pour Louna. Enfin, elle s’était fait crier dessus et on pensait pouvoir l’enfermer dans sa chambre plus d’une demi-heure. Une chance que personne ne s’intéresse vraiment à ses actes et qu’elle ait pu sortir discrètement de sa chambre à sa guise. C’était la deuxième fois que ses pouvoirs s’étaient révélés à ce qu’elle avait compris, la première fois lui avait bien sûr valu de se retrouver dans cette affreuse maison avec ses affreux meubles et ses affreux habitants.

Comment a-t-elle pu donc survivre ? Comment peut-on grandir sans amour de ses parents en restant de bonne humeur et plein d’énergie ? Eh bien on se trouve un meilleur ami assez cool pour vous montrer à quel point la vie vaut la peine d’être vécue. Louna était tombée sur Edward, plus communément appelé Eddy. Un jour qu’elle s’apprêtait à rentrer chez elle après les cours il vint l’aborder. « Pourquoi t’es toujours toute seule ? » Louna vit la mère du petit le regarder du coin de l’œil, protectrice et bienveillante, et une pointe de jalousie lui sera le cœur. Et puis de quoi se mêlait-il ? Il n’avait qu’à s’occuper de ses affaires ! « T’es qui toi d’abord ? Et pi’ on se connaît même pas. T’as pas autre chose à faire ? » Elle lui lança un regard noir avant de s’enfuir. D’accord, ça n’avait pas commencé sur les meilleures bases mais à force de persévérance il avait réussi à la cerner et à en faire son amie. Grâce à lui elle s’était ouverte plus rapidement aux autres et s’était affirmée. Eddy était moldu hyperactif qui s’arrêtait très rarement de parler et il avait redonné à la petite fille la joie de vivre. Il avait toujours des idées loufoques pour s’amuser et embêter les autres et arrivait à la faire sourire à chaque fois qu’elle perdait le moral ou qu’elle boudait. Jamais elle ne s’était autant sentie chez elle qu’avec lui, il était sans conteste son meilleur ami et il lui manqua atrocement un fois qu’elle fut à Poudlard.

Père: Erick Knight. Beau brun de sang-pur, réparti à Serpentard pour son ambition sans limites et son manque de considration pour les autres. Prétentieux, opportuniste, séducteur depuis qu'il a pris conscience de son charme, il ne s'est jamais gêné pour en jouer et il tient aujourd'hui un poste importante au Ministère de la Magie. C'est un homme que vous n’avez sûrement envie de rencontrer car il est sans aucun doute le pire mari et père que ce monde ait abrité. Volage, il a amassé un nombre incalculable de maitresses et allez savoir combien sont tombées enceinte. Peut-être qu’il y a plein de petits Erick qui courent les rues de Londres et il est bien trop imbu de sa personne pour le voir. Il remarque à peine les deux enfants dont il a la garde. Louna n’a jamais connu l’amour paternel, n’a jamais reçu de conseils de sa part et le hait aujourd’hui profondément. Il l’a volontairement éloignée de sa mère et de toute marque d’affection qu’elle aurait pu recevoir. Même si elle accepte de se présenter comme sa fille et comme une sang-pur, elle nourrit depuis plusieurs années un désir de vengeance inassouvi. Arrivée à Poudlard, elle veut absolument le faire tomber en trouvant un élément honteux sur lui et le dévoiler à la presse. Mais au lieu de ça, elle s’est trouvé une sœur.

Mère: Sa mère adoptive, si on peut la désigner comme cela, s’appelle Juliet Knight. Grande blonde aux yeux bleux de sang-pur, sa loyauté lui a valu d'être répartie à Poufsouffle une fois à Poudlard. Elle est très belle mais n’a jamais réussi à assouvir les désir de son mari qui va toujours chercher ailleurs. Alors vous devinez son désespoir en voyant arriver une petite fille qui n'était pas la sienne et en apprenant qu’elle allait être obligée de s’en occuper. Très attentionnée et généreuse avec son fils, elle est froide et distante avec Louna réduisant leurs discussion au strict minimum.

Sa vraie mère, une moldue, se prénommait Isobel et lui a laissé un simple collier bon marché comme souvenir, pas une photo, pas une lettre, rien. Louna fait tout pour en découvrir plus sur cette mystérieuse femme qui ne s’est pas battue pour elle et qui ne l’a pas cherchée mais qui attise pourtant sa curiosité.

Frère(s) et soeur(s): Griffin Knight. Imaginez votre pire cauchemar se matérialiser sous forme humaine, ensuite mixez-le avec le bruit qui vous exaspère le plus et vous tombez inexorablement sur Griffin. Il est méchant, s’en prend aux plus faibles, se moque des autres et surtout de sa demi-sœur, cette bâtarde, même s’il n’ose pas le dire devant les gens. Il ne se gêne pas pour la rabaisser, lui rappelant qu’il est l’enfant préféré. Mais lui aussi est ignoré par Erick, plus occupé par son travail et ses conquêtes. Ayant deux ans de plus que Louna il est aujourd'hui âgé de 17 ans et aussi affreux que ça puisse paraître ils se ressemblent beaucoup : brun aux yeux clairs comme leur père. Ils sont facilement identifiables comme frère et sœur ce qui exaspère les deux Knight.

Les recherches de Louna sur son père ont été assez surprenantes dans la mesure où elles lui ont appris l’existence d’une sœur cachée, une demi-sœur plutôt car elles ont le même père. Chloé Roxen. Elles ont le prénom Teresa en commun, un prénom qui au début apparaissait détestable aux yeux de Louna prenait une nouvelle signification. Et s'il lui permettait de trouver une famille qui l'accepterait enfin ? Elle veut en savoir plus sur Chloé mais ne sait pas comment s’y prendre. Elle se trouve une certaine ressemblance avec cette fille : les cheveux bruns et lisses et le nez, mais ne peut pas aller l’aborder naturellement. Elle est étudiante en première année en littérature à l'université sorcière après avoir été répartie à Serdaigle.

Le monde semblait enfin s’ouvrir à elle et Louna pensait pouvoir enfin trouver sa place auprès de sorciers de son âge. En recevant sa lettre de Poudlard, elle sentait qu’on reconnaissait enfin ses capacités et qu’on lui donnait sa chance de faire ses preuves et de s’éloigner de son père. Elle avait hâte de se détacher de lui et de sa mauvaise humeur quotidienne et elle supportait de moins en moins les regards haineux qu’elle recevait de sa part. Le fautif dans cette histoire c’était lui. Mais pour le départ de sa fille il s’est enfin montré intéressé par elle. Eh oui, il allait enfin pouvoir se débarrasser d’elle ! Il lui fit un rapide résumé de Poudlard, préférant lui donner un bouquin sur l’école plutôt que de devoir supporter une discussion trop longue avec Louna. Il la connaissait à peine à vrai dire, même s’ils vivaient dans la même maison. Malgré cela, il était prêt à faire des efforts avant qu’elle parte. Il l’emmena avec lui pour acheter ce dont elle avait besoin et s’en mordit les doigts. Cette petite était décidément hyperactive. Arrivait-elle à s’arrêter de bouger à un moment ? Elle réussit même à lui faire acheter un boursoufflet à force de lui tirer sur la manche et de sautiller tout autour de lui. Louna s’était promis de faire de cette sortie la meilleure pour elle et la pire pour Erick. Elle jouait l’enfant capricieuse alors qu’elle n’avait pas besoin de lui pour s’en sortir. Mais elle avait gagné l’exaspération de son père et un animal de compagnie adorable.

Quelques jours plus tard, il l’emmena à la gare, trainant nonchalamment le chariot de la petite. « Tu vas retrouver ton frère, hein. Tu es contente ? » Attendez, son père essayait-il de faire la conversation ? Elle lui lança un regard stupéfait, se rendant également compte qu’il ne savait même pas qu’elle et Griffin s’entendaient très mal allant jusqu’à se détester. En plus il venait de lui rappeler qu’aller à Poudlard signifiait également retrouver son demi-frère qui devait préparer une crasse pour marquer l’arrivée de sa sœur chérie. Mais elle était prête à répliquer et avait pour objectif de faire de Poudlard sa nouvelle maison. « Non je l’aime pas. » Son ton était froid et cassant, elle n’avait plus envie de jouer et son père semblait se ficher de sa réponse. Il voulait sûrement faire bonne impression et passer pour un parent attentionné l’espace de quelques instants. Louna prit alors ses affaires et s’éloigna le plus possible rapidement d’Erick, déterminée à se rendre à l’école de magie en s’épargnant sa compagnie. Elle avait bien réussi à le faire pendant onze ans ! Elle se balada dans la gare de King’s Cross un moment avant de reconnaître un petit groupe de sorciers qu’elle suivit. Surprise, elle les vit disparaître après avoir traversé… un poteau. Personne ne semblait l’avoir remarqué autour d’elle alors elle fit de même et commença à courir, le chariot fermement tenu et les yeux fermés. En les rouvrant elle découvrit une locomotive rouge imposante et elle en resta bouche bée. Elle venait de traverser un mur solide ! Elle était tellement excitée qu’elle se mit à sautiller partout, recevant quelques regards amusés de certains parents. Peut-être se demandaient-ils aussi ce qu’elle faisait seule, sans être accompagnée. Mais personne ne posa de questions et elle entra dans le train, choisissant un wagon encore vide qui ne tarda pas à se remplir. Elle engagea la conversation avec quelques élèves pour passer le temps, mangea un peu et lut les informations du livre que son père lui avait donné.

Poudlard ressemblait à un rêve, une utopie qui allait se réaliser. Elle comprenait à peu près le fonctionnent de l’école, les cours, les maisons, le système des points et les rivalités qui y régnaient et se sentait prête à franchir le pas. Elle avait ramé de toutes ses forces, surprenant tous les occupants de sa barque. Et dès que le château commença à se dessiner elle se mit à pousser des ‘oh’ interminables et à faire bouger la barque, manquant de faire chavirer tous ses passagers. Il était magnifique et se dressait majestueusement sur le rocher qu’il dominait. Ses tours étincelaient de mille lueurs, rompant avec l’obscurité de la nuit, et donnant l’impression qu’il s’agissait d’une illusion. Elle avait hâte de devenir une part entière de cet endroit. Elle voulait en faire sa maison, même si Eddy lui manquait terriblement il était temps pour elle de voler de ses propres ailes. Après des minutes qui lui parurent interminables ils pénétrèrent dans le château ne cessant d’admirer les murs, le plafond, les lumières et de s’émerveiller de tout. En entrant dans la Grande Salle elle fut surprise par tant de grandeur et de majesté. Le plafond reflétait le ciel étoilé et des bougies volantes éclairaient la pièce. Quatre immenses tables étaient placées pour accueillir les élèves de chaque maison qui observaient avec curiosité les nouveaux arrivants. Une table encore plus grande était accordée aux professeurs qui leur faisaient face. Le ventre de Louna se serra d’excitation alors que le Choixpeau magique entonnait sa chanson, présentant les caractéristiques de chaque maison. Puis un professeur s’avança et commença appeler chaque élève par ordre alphabétique. Chacun s’avançait, s’installait sur un tabouret et le Choixpeau posé sur sa tête criait le nom de la maison choisie. Louna attendait, à la fois stressée et impatiente de connaitre le verdict. Elle se demandait dans quelle maison elle s’épanouirait le plus, avec quels élèves elle s’entendrait le mieux mais n’arrivait à aucune conclusion valable ce qui redoubla son anxiété et si le Choixpeau n’arrivait même pas à décider pour elle ? « Louna Teresa Knight ! » Elle sursauta en entendant son nom complet et s’avança vers l’estrade d’un pas qu’elle voulait assuré. Son regard croisa celui de Griffin l’espace d’un instant et il lui sembla aussi curieux qu’elle. Elle s’assit en se triturant les doigts et le Choixpeau posé sur sa tête commença à délibérer avant d’annoncer sa maison…