Dernier cours de l'année. C'était triste et excitant à la fois. Triste parce que Jo adorait Poudlard. Elle qui aimait apprendre tout ce qui était nouveau, ici elle était servie. Tout était plus que nouveau, des peintures vivantes aux escaliers mouvants, et de l'utilisation d'une baguette, d'une potion et d'un balai, sans compter les friandises et farces et attrapes version sorcier. Il y avait TOUT à découvrir. Autant dire que Poudlard était le paradis sur Terre pour Joanne. Pour autant la jeune griffonne aimait bien les vacances, surtout les vacances de Noël (les cadeaux c'est toujours chouette !). Et puis ses parents lui manquaient un petit peu, il fallait bien l'avouer. Elle n'avait jamais été en internat et c'était donc la première fois qu'elle était séparée d'eux si longtemps. Elle aurait tellement de choses à leur raconter ! Il lui faudrait bien soixante-douze heures sans manger ni dormir pour raconter ces quatre mois passés à Poudlard !

C'est donc sans se départir de son énergie et de sa gaieté habituelle qu'elle arriva dans la salle de classe en sautillant. Après avoir salué le prof, elle prit une place juste derrière Aiden qui était déjà là. Déjà là ? C'était étrange. D'habitude elle devait le tirer dans les couloirs pour qu'il se dépêche. Il avait sûrement hâte d'être en vacances lui aussi. Elle haussa les épaules et sortit ses affaires en vrac sur son bureau avant d'y mettre un peu d'ordre pour ne garder qu'une plume, son encrier et son parchemin. Joanne trouvait ça drôle d'écrire avec une plume. Bon, elle avait encore un petit peu de mal à ne pas faire de tache, c'était quand même moins pratique qu’un stylo bille mais avec un peu d'entraînement, elle arriverait même à avoir une jolie écriture comme dans les films anciens.

Le prof nota le sortilège du jour au tableau et demanda si quelqu'un savait ce qu'il faisait. Aiden tenta une réponse, mais comme à son habitude, c'était une réponse pour rire. Il savait que ce n'était pas la bonne réponse mais il la disait quand même au risque de faire perdre des points à Gryffondor. Jo donna une pichenette derrière le crâne de son camarade pour qu'il se tienne tranquille. Joanne non plus ne connaissait pas la réponse mais elle aimerait bien tenter tout de même. Alors elle leva la main et attendit que le prof lui donne la parole.

"J'aurais été tentée de dire que c'était un sort qui permettait à quelqu'un d'exprimer son avis sur quelque chose mais comme vous parlez de grippe, je me doute que ça ne doit pas être ça. Il y a peut-être une racine latine à prendre en compte dans la formule mais vous comprenez m'sieur... j'ai jamais étudié le latin alors c'est un petit peu compliqué." commença-t-elle en se grattant la tête.

"... la grippe.. la grippe avis.. avis.. aviaire ? LA GRIPPE AVIAIRE ?!" hurla-t-elle en se mettant debout sous le coup de l'émotion d'avoir réussi un rapprochement improbable dans son cerveau qui turbinait à mille tours minute.

Toujours debout, Joanne se calma net et fronça les sourcils.

"C'est un sort qui rend malade les oiseaux ?" demanda-t-elle mi-inquiète, mi-stupéfaite.

Après avoir laborieusement trouvé la bonne réponse après une réflexion intense, Joanne s'était inquiétée du rapport qu'il pouvait y avoir entre la grippe et le sort qu'ils allaient apprendre. Le professeur la rassura tout de suite en indiquant que le sort ne concernait que les oiseaux et pas la grippe et c'était tant mieux. Soulagée, Joanne, qui était restée debout jusque là, reprit place sur son banc et griffonna quelques notes sur son parchemin.

Le professeur Winslow fit alors une démonstration du sortilège et fit apparaître un petit moineau tout mignon qui voleta tout autour de la classe en gazouillant.

"Waaaaaah ! Trop bieeeeen !" s'exclama-t-elle les yeux ronds d'émerveillement.

Une fois l'oiseau retourné sur son perchoir, autrement dit la baguette du prof, ce dernier poursuivit ses explications en disant qu'il ne s'agissait pas de vrais oiseaux et qu'ils disparaissaient au bout d'un moment. Jo griffonna de nouveau quelques notes sur son parchemin avant de reporter son attention vers le prof et l'oiseau. Il expliqua que plus on avait de l'expérience, plus l'oiseau serait réaliste et qu'il ne fallait donc pas s'étonner si les leurs étaient en papier pour débuter.

Joanne était sur le point de lever la main pour demander à quoi servait concrètement ce soir dans la vie de tous les jours mais le prof y répondit avant même qu'elle ait posé la question. c'était assez rare qu'on la devance ! C’était vrai que le bruit de pistolet pouvait distraire un adversaire. Mais la réponse du prof souleva une autre question et Joanne s'empressa de lever la main pour poser sa question (ou plutôt ses questions) dès que le prof lui aurait donné la parole.

"Vous dites que ces oiseaux peuvent servir de messagers mais pourquoi faire ? Au cas où on n'ait pas de hibou sous la main ? Et puis s'ils peuvent disparaître au bout d'un moment, ce n'est pas un peu risqué ? On pourrait perdre notre courrier en cours de route s'il disparaît avant la fin du voyage. A moins qu'on puisse choisir quand il disparait ? Il disparait tout seul ou est-ce qu'il faut une autre formule pour le faire disparaître ? Est-ce que les chats s'aperçoivent que ce n'est pas un vrai oiseau ? Si un chat arrivait à attraper votre oiseau, il pourrait le manger ? Mais s'il disparait à ce moment là il aura mangé du vide ?" demanda-t-elle en reprenant enfin sa respiration.

Le temps de la pratique était arrivé et Joanne tenta de contenir son excitation. devant elle, Aiden sembla bien consciencieux et s'entraîna au geste avant de le lancer enfin avec succès, créant un magnifique oiseau du premier coup.

"Whaaa ! Bravo Aiden, trop beau ton oiseau !" s'exclama-t-elle, fière de son camarade.

Impatiente d'essayer à son tour, Joanne remua sa baguette et prononça la formule d'un ton enjoué.

"AVIS !"

Le prof prit le temps de répondre à ses questions et comme d'habitude, Joanne appréciait ça. Elle devait bien se rendre à l'évidence que les professeurs de Poudlard étaient bien plus réceptifs à ses interrogations que tous les instituteurs non sorciers qu'elle avait eus jusqu'à présent. De plus, le professeur Winslow semblait apprécier ses questions car il faisait remarquer que c'était une bonne remarque. Ainsi, ces oiseaux factices pouvaient remplacer un hibou mais uniquement pour les petits trajets et les petits courriers pas lourds. C'était logique, elle avait du mal à imaginer un petit oiseau de papier transporter un gros colis.

Joanne griffonna sur son parchemin que la disparition de l'oiseau se faisait avec la distance ou par la pensée... ou lorsque ledit oiseau se fait attaquer. Voilà qui complétait ses notes.

Quand l'exercice pratique commença, Aiden débuta et parvint à réaliser un magnifique oiseau qui laissa Joanne émerveillée et le prof visiblement très content. Pressée d'essayer à son tour, Joanne avait prononcé vivement la formule mais au lieu de créer un oiseau, c'est une grosse boulette de papier qui sortit de sa baguette et qui se mit à rebondir sur la tête des élèves avant d'être attrapé par le prof tel un champion de baseball.

"Ben mince alors... c'est nul." dit-elle d'un air déçu. Après le bel oiseau d'Aiden, elle s'était attendue à faire un truc mieux qu'une boulette de papier rebondissante.

Joanne regard sa baguette comme si c'était elle la responsable et examina l'extrémité. Non pourtant sa baguette n'était pas abîmée, elle était même toute neuve. Et il lui semblait bien avoir prononcé la formule correctement. Loin de se laisser démonter et avec les encouragements du professeur, Joanne décida de recommencer. Il était hors de question de rester sur un échec. La première reprit fermement sa baguette en main et se racla la gorge avant de prononcer de nouveau la formule.

"Avis !"