Nathan & January

Les semaines se suivaient et se ressemblaient affreusement pour January qui peinait réellement à profiter de cette nouvelle année. Oh, bien sûr, elle avait repris des couleurs, gagné un peu d’appétit et s’intéressait de nouveau aux rumeurs mais ça n’avait pas la même saveur qu’auparavant et si elle parvenait à donner le change en face de ses camarades de classe, elle ne pouvait pas s’auto voiler la face. Pourtant, il était clair qu’elle ne croulait pas sous la masse de devoirs à faire, en choisissant de ne conserver que trois matières au lieu des cinq ou six que les élèves sélectionnaient habituellement, elle avait fait de son cursus, un moment de détente plus qu’autre chose, d’autant plus qu’elle ne s’était clairement pas focalisée sur les matières qui demandaient le plus de réflexion et de travail, c’était même un euphémisme. Mais ça lui convenait comme ça, January n’avait jamais été une bosseuse et ses aspirations futures n’avaient pas franchement évoluées, elle voulait toujours se marier avec un homme riche, s’élever dans les classes sociales et devenir riche et puissante, sa position lui permettrait d’organiser de grandes réceptions, de s’habiller chez les meilleurs couturiers et de mettre en scène ses apparitions dans la presse people. Ça allait être génial, la jeune femme en était convaincue. Seule ombre au tableau, elle avait imaginé pendant des mois vivre non seulement son rêve de princesse mais le faire avec quelqu’un qu’elle aimait réellement. L’avenir paraissait idyllique et la Poufsouffle avait cru que ça pourrait durer infiniment mais la réalité l’avait rapidement rattrapée et si elle avait choisi de conserver les mêmes ambitions pour le futur, elle avait aussi choisi de mettre de côté tout sentiment potentiel. Désormais, seule son ambition comptait, l’attachement était dérisoire et futile, elle s’était promis de ne plus jamais se laisser aller à une telle faiblesse. Oui mais voilà, malgré toutes ces bonnes résolutions, le passé la rattrapait encore bien trop souvent et venait la frapper de plein fouet, au moment où elle s’y attendait le moins, la plongeant dans une tristesse dont elle avait souvent bien du mal à émerger.

Sauf qu’aujourd’hui n’était pas une de ces journées tristes, et pour cause, en se réveillant ce matin, January avait aperçu un énorme paquet cadeau posé sur son lit. Intriguée, elle s’était empressée de l’ouvrir pour y découvrir un magnifique pull en cachemire qui devait coûter une véritable fortune. La jeune fille n’avait pas du tout compris comment ce paquet était là ni qui lui avait envoyé ce cadeau d’autant que même après vérification, elle n’avait trouvé aucune carte, aucun mot, rien qui pouvait indiquer quoi que ce soit à propos de la personne adorable qui lui avait fait parvenir ce précieux cadeau. Seule une étiquette sur laquelle était inscrit son prénom avait été posée sur le pull à l’intérieur du paquet lui permettant de croire qu’il n’y avait pas eu d’erreur. January eu beau chercher autant qu’elle pouvait, elle fut incapable de trouver qui que ce soit dans son entourage susceptible de lui offrir une telle chose. Déjà, il était certain que la personne en question la connaissait bien, très bien même puisque peu de gens savaient à quel point elle raffolait du cachemire surtout en hiver. Qui plus était, le pull était d’un gris assez clair, très joli et qui pouvait parfaitement être en harmonie avec son uniforme d’écolière. Il était donc certain que c’était un de ses proches qui lui avait fait ce cadeau mais qui ? Noel et Snow ? Impossible qu’ils aient les moyens de payer pour ce cadeau. Callie ? Elles n’étaient pas forcément en bons termes avec la jeune fille depuis quelques temps et celle-ci n’avait probablement pas dans l’idée de se racheter et puis niveau goût vestimentaire, elle n’était pas une flèche. Chloé ? Elles s’étaient rapprochées depuis un moment, la mort d’Asling les avait soudées et elles avaient partagé leur chagrin, mais ce n’était pas une raison pour lui offrir ce genre de choses. Absolem ? Non, il ne l’aimait pas assez pour ça et quand bien même, ça aurait été vraiment bizarre. Nathan ? Ils ne s’étaient pas parlés depuis des mois et January sentait qu’il lui en voulait même si elle ne connaissait pas du tout la raison de son mutisme, impossible donc qu’il cherche à lui faire plaisir.

Au fond, la jeune fille voulait croire que c’était Asling qui lui avait fait ce cadeau. Bien sûr, elle savait que c’était impossible, les morts ne revenaient pas sur terre avec leur carte de crédit pour offrir des cadeaux aux vivants, mais ça lui ressemblait tellement ce genre d’attention qu’elle avait du mal à ne pas voir les choses de cette façon. Mais il ne fallait pas qu’elle se laisse aller à de telles rêveries, raison pour laquelle January avait pris une décision logique, celle de porter son pull aux yeux de tous durant toute la journée, espérant qu’une personne se manifeste et qu’elle puisse enfin la remercier. Certes, il était possible que ça ne soit pas si simple, si on ne lui avait pas laissé de carte, ce n’était probablement pas pour avouer son identité dans la journée, mais ça valait le coup d’essayer. La Poufsouffle passa donc plusieurs heures à se préparer, profitant du fait que même en cette journée elle n’avait qu’une seule heure d’étude des moldus en fin d’après-midi. Jupe d’uniforme, chemise, pull en cachemire, collants assortis et des cheveux tressés vinrent créer sa tenue du jour et l’image que lui renvoya le miroir était parfaite, enfin à ses yeux. La Poufsouffle sortit rapidement de sa salle commune, l’heure était déjà bien avancée et la faim la rattrapait, heureusement, l’heure du déjeuner était proche et elle se rendit directement dans la grande salle pour trouver de quoi grignoter, espérant bien sûr qu’elle ne salirait pas son pull. S’éloignant volontairement des autres élèves, elle se laissa tomber sur un banc et attrapa une assiette pour se servir, s’attendant à déjeuner seule et à retourner immédiatement dans sa salle commune, mais c’était sans compter une interruption qu’elle n’avait pas envisagée. Alors qu’elle allait attaquer son assiette, elle distingua une ombre au-dessus d’elle et ne put s’empêcher de relever la tête pour voir qui venait troubler son repas. « Nathan ?! » Sa surprise était de taille, elle n’imaginait pas que le jeune homme puisse revenir un jour lui parler, tout avait été tellement bizarre entre eux ces derniers temps, elle n’avait pas compris comment il avait pu lui tourner le dos au pire moment et elle n’avait clairement pas digéré son absence. « Tu… Tu veux quelque chose ? » Elle aurait voulu lui envoyer toute sa haine au visage mais elle ne s’était tellement pas attendu à sa présence qu’elle en perdait ses moyens, se contentant de balbutier quelques mots.

Code by Fremione.

Nathan & January

L’arrivée imprévue de Nathan à ses côtés troubla au plus haut point la Poufsouffle. Certes, ils étaient dans la même école et croiser son chemin n’aurait pas dû la surprendre tant que ça mais la jeune fille ne s’imaginait pas un seul instant qu’il puisse avoir envie de venir lui parler. Comme tout le monde, elle avait entendu ses histoires de famille et n’ignorait pas le fait qu’il ait décidé de recommencer à accepter les agissements de ses pairs pour pouvoir de nouveau être le fils de son papa et de sa maman et arrêter de fuir. D’un côté, la Poufsouffle pouvait comprendre ce désir, il devait se sentir tellement mal à l’écart de ses proches qui ne comprenaient pas sa décision, alors avec les derniers événements qui s’étaient déroulés à Poudlard, peut-être s’était-il dit que c’était le moment de laisser les rancœurs de côté parce qu’on ne savait pas ce qui pouvait arriver demain. De l’autre côté, en revanche, elle avait beaucoup de mal avec le nouveau Nathan, certes, elle ne le connaissait pas puisqu’elle n’avait pas eu l’occasion de lui reparler depuis la mort d’Asling, mais elle savait ce qu’étaient les valeurs des Fitzgerald pour en avoir discuté un nombre incalculable de fois avec le Serdaigle et elle était donc bien placée pour savoir qu’elles n’étaient pas du tout en adéquation avec la personnalité du jeune homme. A la rentrée, January avait cru pendant un moment qu’il reviendrait vers elle, qu’il lui parlerait, qu’il tenterait au moins de faire quelque chose pour lui prouver qu’il n’avait pas relégué leur amitié aux oubliettes en un claquement de doigts mais ça n’avait pas été le cas. Au fond, la Poufsouffle n’avait pas vraiment compris ce qu’il s’était passé, ça avait été si soudain. Après la mort d’Asling, il s’était juste volatilisé de sa vie, pas un mot, pas un geste, pas même ne serait-ce qu’une lettre étaient venu lui annoncer qu’il pensait encore un peu à elle. Au début, elle n’y avait pas trop prêté attention, elle se battait avec son chagrin et ne pouvait penser à rien d’autre qu’à la triste nouvelle qu’elle venait d’apprendre. Mais c’était justement à ce moment-là qu’elle aurait pu attendre du soutien de la part de ses amis sans même avoir besoin de le demander. Celui du Serdaigle n’était jamais venu et finalement, par fierté ou parce qu’elle avait déjà trop de souffrance à gérer, January avait préféré faire une croix sur une possible réconciliation, considérant simplement que ce garçon s’était bien moqué d’elle et qu’il ne méritait pas qu’elle pleure pour lui après toutes les larmes qu’elle avait déjà versé. Bien sûr, en arriver-là après toute la complicité et les bons moments qu’ils avaient partagé lui paraissait vraiment très étrange, surtout que la raison de son mutisme était et demeurerait inexplicable aux yeux de January mais elle avançait comme ça, essayant de ne pas trop y repenser en sachant que ça ne lui apporterait rien de bon que de ressasser un passé heureux qui ne l’aidait pas à comprendre le présent qui lui, l’était beaucoup moins.

Forcément, après avoir fait une croix définitive sur la possibilité de revoir un jour le Serdaigle en face d’elle, le fait qu’il vienne la voir d’un seul coup, comme ça ne pouvait que lui créer un choc. Bien sûr, depuis la rentrée, January avait imaginé ce moment des tonnes et des tonnes de fois, mais jamais elle n’avait pensé qu’il se présenterait devant elle avec tant de désinvolture. En fait, pour être tout à fait honnête, en septembre elle avait espéré tous les jours qu’il vienne la voir, en octobre, sa confiance en son ami avait commencé à flancher et elle avait ressenti de la colère envers celui qui lui avait toujours promis son soutien. En novembre, elle avait ressenti du désespoir à l’idée de faire le deuil de cette amitié mais elle avait fait une croix définitive sur la possibilité qu’il vienne la voir un jour. Pourquoi maintenant ? Que voulait-il ? La Poufsouffle avait véritablement hâte de le savoir, elle avait besoin de réponses à toutes les questions qu’elle se posait mais d’un autre côté, elle avait aussi envie de partir en courant et loin pour ne plus avoir à supporter un espoir déçu une nouvelle fois. Ce serait trop douloureux de regarder encore quelqu’un partir… Il y avait eu Asling dans un premier temps, l’élément déclencheur de tous ses malheurs et à sa suite, Noel, Callie et Nathan, les personnes auxquelles elle tenait le plus au monde et dont elle avait tant eu besoin, lui avaient tourné le dos une à une sans lui laisser l’opportunité de comprendre. Alors non, elle ne pouvait pas se lever et partir comme ça, elle avait besoin de savoir. « Tu ne devrais pas rester seule dans ton coin, ce n'est pas toi ça. En passant très joli ton pull, il est nouveau ? » C’était tout ? Il venait juste pour lui dire qu’il avait pitié de sa solitude ? C’était vraiment pitoyable de sa part. Peut-être que si tous ses amis ne lui avaient pas tourné le dos, elle ne serait pas si seule à ce moment précis. January n’était pas sûre de comprendre ce qu’il venait faire, la réconforter ? L’accabler ? L’une comme l’autre de ces propositions lui paraissaient acceptables. Quelques mois auparavant, la Poufsouffle aurait été capable de savoir ce qui se passait dans la tête du jeune homme tant elle le connaissait bien, désormais, elle n’en était plus capable. « Et alors ? Tu es bien placé pour savoir qu’on ne connait jamais quelqu’un aussi bien qu’on le pense. » Rétorqua-t-elle en faisant directement allusion à sa métamorphose, sans prendre de gant, ce n’était pas son genre. « Je n’ai pas besoin d’une baby-sitter. Où étais-tu ces derniers mois ? » Autant entrer directement dans le vif du sujet. Prendre des pincettes n’avait jamais fait partie des qualités de January et elle ne s’embarrassait pas de conventions. Après tout, elle avait besoin de réponses, et il ne s’était pas gêné pour la mettre au pied du mur. A son tour, maintenant. Toutefois, son compliment lui fit chaud au cœur et elle fut bien obligé de s’apaiser un instant. « Je te remercie… C'est vrai qu'il me va bien... Le pull. » Précisa-t-elle en pensant qu’il pourrait trouver bizarre qu’elle revienne là-dessus après l’avoir incendié de cette façon. « Il est neuf oui, enfin je crois… C’est un cadeau. » Elle ne lui apporta aucune précision supplémentaire, elle-même n’en avait pas de toute façon. Cette journée lui paraissait de plus en plus bizarre, d’abord le cadeau et maintenant la présence de Nathan. Etrange. « Tu peux t’assoir, je ne vais pas m’enfuir en courant. » Et la conversation allait être longue, autant qu’ils se tiennent mutuellement compagnie.

Code by Fremione.

Nathan & January

Qu’allait-il dire pour sa défense ? Comment pourrait-il justifier son absence au moment où elle avait été le plus mal en point ? C’était la question que se posait January précisément en cet instant. Jamais elle n’aurait imaginé avoir l’opportunité de mettre le Serdaigle au pied du mur mais c’était le cas à l’heure actuelle et une chose était sûre, elle allait continuer à profiter de cette opportunité au maximum puisqu’elle n’était pas certaine que celle-ci se représente deux fois. Bien sûr, il fallait qu’il joue le jeu, si ce n’était pas le cas la Poufsouffle ne pourrait rien tirer de lui et devrait faire définitivement une croix sur toute tentative d’avoir un jour une explication. Mais on ne se refaisait pas… La jeune fille avait toujours cru en Nathan et elle avait envie de croire en lui une dernière fois en cet instant présent. Après tout, il ne l’avait jamais déçu avant cette fin d’année dernière où il s’était montré juste désastreux en tant qu’ami. January s’était toujours dit que tout le monde avait droit à une seconde chance et puis, elle avait tellement envie de retrouver son Nathan. Elle s’était accommodé à son absence, du mieux qu’elle pouvait en tout cas, mais maintenant qu’il se trouvait en face d’elle, la réalité la frappait de plein fouet. Le Serdaigle lui avait tout simplement affreusement manqué et elle aurait donné n’importe quoi pour retrouver la complicité qu’ils avaient perdu il y a seulement quelques mois. Evidemment, ça allait dépendre de la manière dont il expliquait son absence, elle attendait une justification et ne pouvait faire autrement que le placer sur le banc des accusés. Lui pardonner ? Bien sûr, elle s’en sentait capable sinon elle ne tiendrait pas une conversation avec lui à l’heure actuelle, mais January voulait avant toute chose obtenir des réponses. Jamais elle ne pourrait de nouveau avoir confiance en lui si elle n’était pas capable d’expliquer son geste. Malheureusement, rien ne lui disait qu’il existait réellement une explication à tout cela, peut-être s’était-il juste montré impulsif ? Ou peut-être était-ce une vraie volonté de sa part motivée par rien d’autre que son désir de renouer avec sa famille ? Elle ne le saurait que lorsqu’il aurait daigné s’expliquer.

Mais si January avait attendu impatiemment les explications du jeune homme pendant des longs mois, jamais elle n’avait imaginé que ce qu’il lui révèlerait ressemblerait à ça… Elle l’écouta parler comme dans un lointain brouillard, incapable de réussir à comprendre ce qu’il était en train de lui dire alors qu’il parlait avec des mots simples sur un ton calme et posé. « Ici et là, j'avais des affaires à régler, une équipe à créer, et des cours à réviser. Je pourrais te poser la même question January.» Alors c’était ça ? Il avait eu des petits soucis personnels et n’avait pas envisagé de venir la voir ? Pire que ça, il semblait considérer que ça aurait dû être donnant-donnant et qu’elle aurait aussi pu lui donner de ses nouvelles ? Non mais c’était une blague ?! January s’attendait presque à le voir éclater de rire en lui avouant sa plaisanterie mais il n’en fit rien. Il avait l’air extrêmement sérieux même, trop sérieux. La jeune fille eu soudainement envie de pleurer et serra les poings sur la table pour s’en empêcher, il ne méritait pas ses larmes et ce fut sur un ton glacial qu’elle lui répondit. « Moi ? Oh bah je ne sais pas, peut-être au fond du gouffre parce que mon copain est mort ? » Sa colère était contenue mais au fond January avait envie de hurler, de lui dire qu’elle le haïssait et qu’elle ne comprenait pas comment il pouvait tenir aussi peu à elle au point d’être plus préoccupé par sa foutue équipe de Quidditch que par la souffrance de sa meilleure amie. Vraiment, elle était incapable de le comprendre. « Je suis censée dire quoi là ? Désolée ? Désolée d’avoir été trop malheureuse pour penser à envoyer des lettres à mes amis ? Désolée de ne pas avoir pensé à prendre de tes nouvelles entre deux crises de larmes ? Désolée d’avoir pu penser ne serait-ce qu’une seule fois que mes problèmes étaient plus importants que les tiens ? » Chacun avait ses soucis et elle ne minimisait pas ceux de Nathan, au contraire, elle savait qu’il avait eu une vie difficile et elle avait toujours été là pour lui lorsqu’il avait besoin d’en parler, alors non, elle ne comprenait pas. « C’est la seule fois Nathan… La seule fois où j’aurais vraiment eu besoin de mon ami et tu as choisi de m’abandonner. Alors ne viens pas me dire que tu aurais pu me poser la même question, tu sais très bien ce qu’il se passait dans ma vie et pourquoi je ne donnais pas de nouvelles. Si faire preuve de soutien était au-dessus de tes forces, aies au moins le courage de l’admettre, mais s’il-te-plait n’essaie pas de me reprocher quoi que ce soit, tu n’es pas en bonne position pour ça. » Sa colère toujours contenue, January tentait tant bien que mal d’expliquer ce qu’elle avait sur le cœur, elle restait stoïque et ne bougeait pas, ne souhaitant pas que les regards se retournent sur eux. Ils n’avaient pas choisi le meilleur endroit pour se revoir, mais tant pis, elle ne pouvait plus faire marche arrière à présent.

Parler de son pull était presque un soulagement, elle retrouvait alors un petit quelque chose chez Nathan qui lui montrait qu’au fond, il n’était pas si différent que ça malgré les apparences. Il avait l’air de s’intéresser un peu à elle au moins. Ou peut-être était-ce un effet de son imagination ? Non, ce n’était pas possible, même ses frères étaient incapables de reconnaitre la composition de sa garde-robe alors que lui avait tout de suite demandé si le pull était neuf. Il la connaissait bien, très bien même et était l’une des rares personnes à s’être véritablement intéressé à ses goûts et il le lui prouvait une fois de plus. Alors forcément, devant ses signes de leur complicité passée, January n’avait eu d’autre choix que de se radoucir, l’invitant même à s’assoir en face d’elle, sans trop savoir où cette pseudo trêve allait les mener. « Et bien c'est un chouette cadeau, la personne te connait bien de toute évidence, tu as de la chance d'avoir encore des personnes qui tienne à toi pour t'offrir ce genre de chose. » C’était la raison pour laquelle elle aurait beaucoup aimé savoir qui lui avait offert ce pull, parce qu’il était évident que c’était quelqu’un qui la connaissait vraiment bien et pourtant elle n’était pas capable de mettre un prénom sur ce cadeau alors qu’elle était persuadée qu’il aurait dû lui sauter aux yeux. Des personnes qui tenaient à elle ? January n’avait pas l’impression d’être si entourée que ça car mis-à-part Snow qui restait fidèle quoi qu’il lui en coûte, la jeune fille avait clairement l’impression d’avoir laissé ses amis avec elle, chose assez douloureuse. « Oui, j’ai vraiment de la chance. » Répondit-elle avec un léger sourire. Elle n’était pas prête à avouer à Nathan que tout le monde l’avait abandonnée et à quel point elle se sentait seule, elle voulait encore lui faire croire qu’il y avait des personnes qui étaient à ses côtés et sur lesquelles elle pouvait compter. Peut-être que ça le ferait réagir ? Qu’il se sentirait coupable ? Et bien sûr, elle ne pouvait pas s’empêcher d’enfoncer le clou en lui faisant remarquer implicitement que lui n’était pas resté malgré toutes les belles promesses qu’il avait pu lui faire. Elle prenait des risques, January savait qu’à tout moment il pouvait saturer et prendre la fuite, mais ça en valait la peine.

Code by Fremione.

Nathan & January

January ne s’attendait pas à ce que cette conversation prenne cette tournure. Elle avait déjà été particulièrement surprise qu’elle ait finalement lieu mais se rendre compte que Nathan ne voyait pas du tout les choses de la même façon qu’elle et n’avait manifestement aucune intention de s’excuser la choquait réellement. Ne voyait-il vraiment pas qu’il était en tort ? Il ne semblait pas vouloir le reconnaitre, pire, il parvenait à inverser la tendance et à tenter de la faire culpabiliser pour ce qu’il s’était passé. La Poufsouffle était franchement triste de réaliser à quel point elle s’était trompée sur son ami et à quel point elle ne comptait pas pour lui. Il l’avait lâchée sans raison apparente ou en tout cas il ne lui en avait pas donné et aujourd’hui encore, il semblait refuser de considérer qu’il avait eu tort d’agir de la sorte. Vraiment, elle ne le reconnaissait plus du tout. « Je ne te demande pas d'être désolé. Tu as eu mieux à faire. Mais ne me juge pas trop non plus January, je ne pouvais être présent, comme tu l'as dit, j'ai aussi eu des problèmes, je me suis aussi pris des claques dans la figure. Personnes n'a à être désolé, mais si tu étais venu vers moi, je ne t'aurais jamais repoussé. » Elle avait eu mieux à faire ? Il avait eu aussi des problèmes ? Comment pouvait-il comparer le décès d’un proche à ses propres problèmes ? Il avait peut-être vécu des moments difficiles mais elle avait eu à gérer un véritable drame qui était tombé comme un coup de massue dans sa vie. Alors certes, elle devait se remettre et elle n’avait pas spécialement envie que les gens s’apitoient sur son sort de toute façon, mais que son propre meilleur ami minimise à ce point l’expérience traumatisante qu’elle avait vécu, c’était vraiment dur. « Personne n’a à être désolé ? Je crois que si, enfin j’aurais aimé que tu le sois de m’avoir délaissée de cette façon. » Avoua-t-elle sans le moindre scrupule, consciente que de toute façon, il risquait de l’envoyer chier parce qu’il ne voyait pas du tout les choses de cette façon. « Je ne comprends pas comment tu peux minimiser à ce point ce que j’ai vécu… Je veux dire, tu dis que tu as eu des problèmes et je le comprends mais je n’étais pas en état de les entendre à ce moment-là, et je m’en excuse j’étais même pas capable de m’occuper de moi-même alors des autres… Sauf que tu as perdu ton frère, tu sais ce que ça fait de perdre quelqu’un qu’on aime, tu as déjà fait l’expérience de ce vide immense que l’on ressent et de cette impression que la tristesse ne s’en ira jamais… Toi plus que les autres, tu aurais pu m’apporter ton soutien. Ne va pas me faire croire que tu attendais que je vienne vers toi, si tu avais vraiment voulu être à mes côtés, tu aurais pris cette initiative. » Avait-elle tort ? Peut-être, mais au moins elle disait tout ce qu’elle avait sur le cœur et elle en avait vraiment besoin.

Mais la jeune fille n’était pas au bout de ses peines. Elle croyait avoir entendu le pire de ce que pouvait lui annoncer mais il n’en était rien. « Alors c'est comme ça ? J'ai été absent une fois et tu me reproches de ne jamais avoir été là pour toi ? Excuse-moi January, mais je suis aussi humain d'accord. Alors désolé si te voir au fond du gouffre m'a rendu tellement mal que j'ai préféré m'effacer plutôt que de t'entrainer avec moi dans mes soucis. J'aurais été d'aucune utilité, et je le suis pire aujourd'hui. Mais ne me reproches plus jamais de ne JAMAIS avoir été là pour toi, car jusqu'à preuve du contraire, chaque fois que tu avais un souci, une question ou besoin de parler, j'étais présent et jamais je ne t'ai jugé sur tes choix comparé à d'autre. » C’était comme ça que ça allait se passer désormais ? January ne comprenait pas. Il considérait qu’il avait été absent une fois et que ça n’aurait pas dû être grave ? Mais c’était la fois la plus importante de toute sa vie, celle où elle avait été le plus mal en point, où ça avait été le plus douloureux. Bien sûr que ça avait un impact. « Une fois ?! » Reprit-elle outrée par ses propos. « Mais t’es débile ou quoi ?! Je ne tiens pas des comptes, l’important n’est pas que tu aies été là un certain nombre de fois, l’important c’est que tu ne m’aies pas lâché au milieu du vide à un moment où je n’étais plus capable de voler… Et c’est ce que tu as fait. » Au moins, si elle parlait en métaphores, peut-être comprendrait-il mieux parce que manifestement, elle avait encore une fois beaucoup trop de choses à lui expliquer, pourquoi était-il aussi borné et incapable de reconnaitre ses torts. « Et détrompe-toi, je n’ai jamais dit que tu n’avais jamais été là pour moi. Justement, j’ai toujours pu compter sur toi auparavant, tu étais mon meilleur ami, je pouvais tout te dire, te trouver n’importe où, à n’importe quel moment, tu répondais toujours présent… Et du jour au lendemain tu ignores jusqu’à mon existence. » Certes, elle avait un semblant d’explication, il n’avait pas supporté de la voir mal et elle pouvait le concevoir. Ça devait être difficile de trouver les mots pour réconforter quelqu’un et elle aurait certainement compris s’il le lui avait dit, mais le problème était sa façon de gérer les choses, il n’avait pas du tout assuré. « Je comprends que tu n’aies pas eu envie d’assister à ça… Moi-même je me demande comment j’ai pu tomber aussi bas, j’étais une loque, vraiment. Mais au lieu de m’envoyer une lettre, de me dire que tu n’étais pas capable de faire face, tu as préféré agir comme si je n’existais pas. » Et c’était ça qu’elle ne pouvait vraiment pas accepter, pas sans une explication crédible. Le fait qu’il ait eu des problèmes n’expliquait pas qu’il ait eu besoin de couper tout contact avec elle, en tout cas, pas aux yeux de la jeune fille.

Le sujet de son nouveau pull lui avait paru plus joyeux au départ et elle était contente de pouvoir s’échapper de leurs disputes mais en réalité, January se rendait compte que leurs vieux démons revenaient au galop parce qu’il n’était tout simplement pas possible de passer à autre chose tant qu’ils n’auraient pas géré leur conflit. Et malheureusement, cela semblait difficile voire impossible pour January qui ne supportait pas les justifications actuelles du jeune homme. Elle avait envie de crier, de pleurer, de l’étrangler et de partir en courant. Il n’avait même pas l’air touché par ses paroles, comme si leur amitié n’avait jamais compté à ses yeux. C’était tellement triste de réaliser cela après tant d’années passées ensemble, à s’adorer, à être aussi proches qu’ils pouvaient l’être. Elle avait l’impression de découvrir son vrai visage et ce qu’elle voyait lui déplaisait vraiment. Elle avait toujours encouragé Nathan à être la personne qu’il voulait être en dépit des conventions et parce qu’il avait tellement eu de mal à trouver sa place dans une famille si envahissante et compliquée mais si le nouveau Nathan devait être méchant avec ses amis, elle préférait ne pas en faire partie. « Ce n'est pas parce que je suis plus présent dans ton entourage January, que je suis aveugle. Alors cesse de faire semblant avec moi, tu as toujours denier le fait que je te connaissais plus que tu ne le pense... Je sais que ce que tu as vécu est compliqué, mais tu as fait la même erreur que moi quand j'avais 11 ans, tu devrais garder les gens qui te sont chers près de toi et non te laissais tomber dans une déprime qui ne te ressemble pas. » Il plaisantait là, non ? Bien sûr qu’il la cernait bien, c’était une évidence mais lui dispenser ses précieux conseils quelques mois après la vraie bataille qu’elle avait dû mener quasiment toute seule n’avait aucune idée, surtout pour lui donner un conseil aussi pourri que celui de garder ses amis auprès d’elle. January sentait la colère monter de nouveau en elle, elle avait réussi à la contrôler jusque-là mais s’il continuait à se comporter de cette façon, il y avait de fortes chances pour qu’elle n’y parvienne pas indéfiniment il y allait un peu fort quand même. « C’est une blague, n’est-ce pas ? Qu’est-ce qui te fait croire que tu as le droit de venir me dire comment gérer mon deuil après m’avoir laissée tomber ? Je m’en fous de tes conseils, j’ai dû apprendre à vivre avec toute seule comme une grande parce que mes amis m’ont tourné le dos, toi y compris. » Lui cracha-t-elle méchamment au visage. « Ton conseil c’est que je ne devrais pas m’isoler dans un moment pareil ? Garder mes amis auprès de moi ? Mais à ce que je sache, ce sont mes amis qui m’ont laissé tomber, ce n’est pas moi qui ai choisi de rester seule et de ne pas être épaulée. Tu ne te sens pas concerné ? Parce que si je suis toute seule c’est en partie de ta faute. » Il était fier de la connaitre assez bien pour comprendre qu’elle n’était pas aussi entourée qu’elle voulait bien le faire croire ? Parfait, mais alors dans ce cas, elle n’avait aucun problème pour lui dire clairement sa façon de voir les choses. Il n’allait probablement pas aimer ça.

Code by Fremione.

Nathan & January

Les choses s’envenimaient clairement entre eux. January ne pouvait plus se mentir, le garçon qui était en face d’elle n’était pas du tout son meilleur ami, c’était impossible, elle s’était bel et bien trompé sur toute la ligne. L’idée la rendait clairement malade, elle avait envie de crier, de pleurer, de le massacrer mais elle ne le pouvait pas compte tenu de la foule qui se trouvait autour d’eux. Pourquoi l’avait-il abordé à ce moment précis ? Peut-être justement pour éviter qu’elle se jette sur lui pour exprimer physiquement la douleur qu’elle ressentait face à cette trahison ? Oh bien sûr, ce n’était pas avec sa frêle silhouette qu’elle aurait fait des ravages mais elle aurait au moins pu extérioriser toute cette colère qui s’accumulait en elle et ça lui aurait fait beaucoup de bien. Au lieu de ça, elle était actuellement obligée de supporter un discours qu’elle n’avait jamais cru pouvoir entendre de la bouche de quelqu’un qui avait autant compté pour elle. « Tu ne sais rien January, tu ne connais rien. Et encore je suis là aujourd'hui à venir te parler moi de mon plein grès, tu ne t'es pas reçu un carnet sur la tête toi au moins. Je ne t'ai pas délaissé toi seulement, j'ai été absent pour tout le monde. » Alors c’était comme ça qu’il la percevait finalement ? Comme une gourde ignorante incapable de comprendre ce qu’il lui racontait ? L’image n’était pas flatteuse et la jeune fille se demandait réellement comment ils avaient fait pour en arriver là, mais une chose était sûre, les justifications de Nathan étaient de pires en pires et s’il croyait que c’était comme ça qu’elle allait parvenir à l’excuser, il se mettait le doigt dans l’œil. « Tu sais, pour que je comprenne il suffit de m’expliquer. Si tu as une bonne justification à me donner, c’est peut-être le moment de te lancer parce que jusque-là, à part brasser de l’air, tu ne m’as rien prouvé du tout. » January s’était montrée particulièrement cassante pour le coup, mais elle trouvait le jeune homme exécrable et elle trouvait normal de se mettre à son niveau. Il ne cessait de lui dire qu’elle ne savait pas ce qu’il s’était passé, qu’elle était une ignorante et bien pourquoi ne l’éclairait-il pas alors ? « Le fait que tu aies été absent pour tout le monde ne t’excuse en rien, tout le monde n’est pas moi et j’espérais être un peu plus importante à tes yeux que le reste du monde… Enfin, tu l’étais pour moi avant que je réalise à quel point je m’étais trompé. » C’était une façon détournée de lui dire qu’il n’était plus son ami à ses yeux désormais, c’était sans doute un peu violent et peut-être une conclusion un peu hâtive mais avec la conversation qu’ils étaient en train de vivre, c’était réellement ce que ressentait la Poufsouffle.

January n’était malheureusement pas au bout de ses peines car si Nathan s’était déjà montré extrêmement blessant depuis le début de la conversation, il n’en avait manifestement pas terminé avec elle et la jeune fille avait conscience qu’elle allait devoir faire preuve d’un maximum de sang-froid pour ne pas craquer et pleurer comme un bébé devant l’école toute entière. Depuis le début de la conversation, elle serait ses poings et retenait ses larmes mais la méchanceté gratuite et inattendue de Nathan était difficile à encaisser même pour une fille qui n’avait pas l’habitude de montrer ses sentiments ou même de ressentir quoi que ce soit pour qui que ce soit. « Je ne minimise rien du tout January. Je suis conscient de la souffrance que tu as vécu je te l'ai déjà dit, mais même si c'était une passade vraiment difficile, tu ne peux pas dire que la mort de mon frère est la même chose. Asling était peut être ton premier amour mais jamais ce sera comme mon frère. Alors non, je n'aurais jamais été incapable de te soutenir, et puis vu mon état avec la découverte que j'avais fait, ça aurait été encore plus impossible. Alors ne me fait pas dire ce que je n'ai jamais dit. Je suis désolé si tu as perdu quelqu'un à qui tu tenais, je suis désolé si tu as ressenti cette douleur atroce, je suis désolé si je n'ai pas été là, mais cesse de me reprocher des choses alors que tu ne sais rien et que tu ne t'en es pas préoccupé. Contente, je t'ai dit que j'étais désolé, mais arrête de tout me reprocher, je ne suis pas le seul fautif dans cette histoire. » Une passade ? Il voyait la mort d’Asling comme une simple passade ? Alors voilà la véritable raison de son absence ? Il considérait tout simplement qu’elle n’aurait pas dû être malheureuse parce que la mort de son petit-ami n’en valait pas la peine ? Alors là, pour une surprise, c’était une véritable surprise. Certes, elle pouvait concevoir qu’il n’avait pas été proche du jeune homme et qu’il ne ressentait pas une grande tristesse depuis qu’il était parti, mais de-là à ce qu’il ait aussi peu de considération pour la souffrance des personnes qui elles avaient côtoyé le garçon au quotidien, ça lui paraissait totalement invraisemblable. Elle avait l’habitude de dire qu’elle connaissait Nathan par cœur et jamais elle n’aurait envisagé qu’il puisse se montrer aussi insensible, ça paraissait tellement différent du garçon merveilleux qu’elle croyait avoir comme meilleur ami. Une preuve de plus qu’elle s’était bien trompée sur son compte. « Alors c’est ça en fait ? Tu estimes que perdre mon copain n’est rien comparé à ce que toi tu as pu vivre comme disparition soudaine par le passé ? Que ce n’est pas aussi important ? Qu’il doit y avoir des niveaux de tristesse en fonction des deuils que tu as à vivre ? Mais qu’est-ce que j’ai fait pour mériter que tu te comportes de cette manière avec moi ? Pourquoi est-ce que tu me veux autant de mal maintenant alors que tu as toujours été parfait avant ? » January s’était radoucie soudainement et implorait presque son meilleur ami de lui dire ce qu’il se passait, elle ne comprenait pas et était complètement perdue. Pourquoi était-il comme ça ? Que lui avait-elle fait ? Est-ce qu’elle méritait vraiment tant de haine et de méchanceté venant de quelqu’un pour qui elle avait eu autant de considération ? « Je te l’ai dit, je n’étais pas capable de m’occuper de moi-même, donc non, je ne t’ai pas demandé ce qu’il se passait dans ta vie et j’en suis désolée… Mais si tu continues à parler par énigmes, je ne risque pas de comprendre. » Il avait parlé d’une découverte qui avait été un choc pour lui mais il refusait manifestement de lui expliquer de quoi il s’agissait alors bien sûr, dans ses conditions, la Poufsouffle était bien incapable de saisir qu’est-ce qui pour son meilleur ami avait été important au point qu’il la regarde dépérir à distance sans lui adresser le moindre mot.

En fait, Nathan tenait tout simplement à la replonger dans la dépression dont elle venait tout juste de sortir. Apprendre à vivre sans Asling avait été difficile pour elle et si peu de personnes semblaient le comprendre, c’était comme si à seulement seize ans, il était impossible d’être amoureux, impossible d’éprouver de la tristesse en perdant quelqu’un. January ne comprenait pas comment ses camarades pouvaient éprouver si peu de compassion à son égard. Certes, elle n’était pas la fille la plus adorable du monde, mais de là à se moquer d’elle en cette période vraiment compliqué, vraiment ça lui échappait. Toutefois, ce n’était pas ce qui la choquait le plus, après tout ce n’était que des élèves lambda qui n’avaient pas d’importance à ses yeux mais le fait que ses propres amis se rangent visiblement de leur côté lui faisait vraiment très mal au cœur. Elle ne comprenait pas et Nathan ne l’aidait pas à saisir ce qui pouvait bien se passer dans leurs têtes. « Bordel January, arrête de dire que j'ai agis comme si tu étais inexistante, car c'est faux. Tu as juste fermé les yeux sur le fait que je sois absent physiquement sans jamais chercher plus loin. Alors arrête, car tu ne sais rien. Tu te base que sur ce que tu as envie de voir. » Alors là, c’était définitif, January l’avait complètement perdu… De quoi parlait-il ? Jusqu’à preuve du contraire, ils n’avaient pas la faculté de communiquer par la pensée donc non, il n’avait pas du tout été là pendant cette période difficile, elle s’en serait rendu compte si elle l’avait aperçu tout de même. Ou alors, elle avait passé de longs mois voire des années dans le coma et on avait refusé de le lui dire ? Evidemment, c’était complètement absurde mais ça ne l’était pas plus que les paroles du jeune homme. Alors c’était ça maintenant ce qu’il avait trouvé pour justifier son ignorance ? Lui faire croire qu’il avait toujours été à ses côtés en définitive mais qu’elle avait été trop aveugle pour le voir ? Clairement, January commençait à le trouver pitoyable. Pourquoi n’assumait-il pas tout simplement ce qu’il avait fait ? A savoir l’abandonner complètement au profit de ses problèmes personnels. Des excuses, c’était tout ce qu’elle voulait et grâce à ça ils auraient pu au moins envisager d’aller de l’avant. Nathan était pourtant bien placé pour savoir qu’elle aurait été capable de tout lui pardonner en fermant les yeux rien que parce qu’il était extrêmement important pour elle. Sauf que plus le temps passait et plus elle réalisait que ça allait être de moins en moins possible. Elle était à deux doigts de lui demander de sortir définitivement de sa vie et de ne plus jamais revenir lui parler, cette situation semblait presque préférable plutôt que d’entendre toutes ces paroles blessantes. « Absent physiquement ? Oui, c’est bien ce que je te reproche Nathan… Tu as peut-être pensé à moi pendant ce temps-là mais ça ne change rien au fait que tu t’es comporté comme si je n’existais pas… Je suis censé avoir une révélation là ? Me rendre compte que tu ne m’as jamais laissé tomber ? Désolée mais tout ce que tu m’as dit jusqu’ici ne joue pas en ta faveur, quand est-ce que tu vas assumer ton absence et arrêter d’essayer de me faire croire que tu ne m’as pas oubliée ? » Demanda-t-elle sur un ton un peu plus sec qu’elle n’aurait voulu. Elle avait l’impression qu’il se moquait d’elle et pour January c’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase.

Ce fut encore pire quand il aborda la question de ses proches et de la manière dont elle aurait dû réagir selon lui. January n’appréciait clairement pas qu’il vienne lui donner des conseils maintenant, alors qu’elle s’en sortait justement de mieux en mieux depuis quelques semaines. Elle avait la nette impression qu’il voulait la faire replonger plutôt qu’autre chose en lui donnant de stupides conseils qu’elle ne pouvait pas appliquer et qui, surtout, montrait encore une fois qu’il n’avait pas du tout l’impression d’avoir mal agi avec elle. Alors forcément, January n’avait pas été tendre avec lui après ça et sa réaction ne se fit pas attendre. « Vu comment tu agis maintenant, je comprends pourquoi les autres ont abandonné pendant ton deuil January. Ils ont tous été là pour toi, mais tu les as repoussé peut être sans le vouloir, mais tu as préféré t'enfoncer dans ta déprime plutôt que les laissé t'aider à te relever. Et ne me rejette pas entièrement pas la faute dessus, je n'ai pas non plus une grande place dans ton cœur, je ne suis seulement que ton meilleur ami. Callie à la même place que moi, et Asling avait visiblement bien plus de place que nous deux réunit. Tu me rejette la faute d'avoir été absent ? D'avoir été l'investigateur de ton mal être ? Mais tu étais où toi à Noël quand moi j'avais besoin de quelqu'un pour ne pas me laisser sombrer à cause de mes souvenir ? Ah oui c'est vrai, tu roucoulé avec ton Asling Chéri. Alors remet toi en question January, notre distance ne s'est pas faite après la mort de ton prince charmant, mais bien avant, dès le jour où tu t'es mise avec lui, et que tu n'avais plus de temps pour te préoccuper de notre amitié. » Il comprenait pourquoi tout le monde l’avait abandonné ? Vraiment, il trouvait que c’était elle qui était en tort ? Qu’elle avait repoussé les gens parce qu’elle était trop malheureuse et qu’elle en avait voulu à la terre entière ? Réalisait-il à quel point c’était faux ? Et surtout, qu’en savait-il ? Il n’avait pas été là pour elle et January ne pouvait que se demander comment il pouvait être si sûr de ses paroles alors qu’il n’avait rien vécu de ce dont elle était en train de lui parler. Il se comportait comme un expert sur le sujet et ça exaspérait la jeune fille au plus haut point. « Mais qu’est-ce que tu en sais au juste ? Comment peux-tu être sûr que c’est moi qui ai délaissé mes amis alors que tu n’étais même pas là pour le voir ? » Demanda-t-elle une fois de plus, incapable de comprendre comment il pouvait affirmer ses dires avec autant de certitudes après avoir été absent pendant aussi longtemps. « Est-ce que c’est moi qui t’aies repoussé quand tu es venu me voir ? Si mes souvenirs sont exacts, tu n’as pas essayé de venir me parler, donc ne lance pas des affirmations complètement fausses comme si tu avais la science infuse, tu seras gentil. » Manifestement, avant de balancer tout ça, il n’avait pas parlé avec ses proches. S’il l’avait fait, il aurait su que Callie n’avait pas forcément bien agi avec elle et qu’un de ses frères avait choisi de faire comme si elle n’était plus sa sœur pendant quelques temps. Et non, elle n’avait rien fait pour les repousser. Toutefois, dans les paroles de Nathan ce n’était pas ça qui l’avait le plus choqué mais surtout son ressentiment évident vis-à-vis d’Asling. Jamais elle ne l’avait entendu parler du jeune homme comme ça auparavant et il semblait avoir tellement de haine envers lui. C’était vraiment écœurant. « Ta jalousie est déplacée Nathan. Pourquoi tu le détestes autant ? Pourquoi tu te compares à lui ? Tu sais bien que ça n’a aucun sens… » Les deux garçons avaient une place totalement différente dans sa vie et Nathan ne pouvait absolument pas se comparer à lui, il était resté son meilleur ami et elle lui avait sans doute accordé moins de temps parce qu’elle avait été en couple, mais elle ne l’avait clairement pas délaissé pour autant. « Tu es en train de me reprocher d’être tombée amoureuse ? Tu t’en rends compte ? Je pensais que tu étais heureux pour moi et pas que tu le méprisais à ce point. » Le Serdaigle n’avait aucune raison de se comparer à Asling et de voir qui avait marqué le plus de point, elle ne comprenait pas du tout pourquoi il avait un tel comportement, les rôles de chacun avaient été clairement définis, alors qu’est-ce qu’il lui prenait tout d’un coup ?

Code by Fremione.

Nathan & January

Si January n’avait pas été aussi fière, elle se serait probablement déjà écroulée en pleurant sur la table devant l’ensemble des élèves présents. Mais heureusement pour elle, la jeune fille avait un caractère bien trempé qui l’empêchait de se laisser facilement aller même dans des circonstances vraiment difficiles pour elle. Et puis, il fallait bien le reconnaitre, elle avait déjà trop pleuré ces derniers temps, elle ne voulait plus verser de larmes pour les autres. C’était difficile pourtant, jamais elle n’avait imaginé entendre de telles paroles sortir de la bouche de son meilleur ami, surtout pas en parlant d’elle. Elle l’avait toujours connu particulièrement adorable comme garçon, doux, attachant, attentionné, avec de belles valeurs qu’il défendait contre l’avis de sa propre famille avec laquelle il était fâché depuis tellement de temps. January avait toujours eu énormément de considération pour le Serdaigle qui était impressionnant par son courage et sa personnalité en or qu’il lui démontrait pourtant avec énormément d’humilité. Qu’est-ce qui avait pu se passer durant l’année scolaire précédente pour qu’il choisisse de la mettre de côté de cette manière mais surtout pour se mettre à faire preuve de méchanceté de cette façon ? January espérait qu’il y avait une véritable explication à tout cela, elle avait vraiment besoin d’une explication et elle était persuadée qu’elle ne l’obtiendrait jamais complètement finalement. Elle était triste de voir ce qu’était devenue leur amitié désormais et elle était convaincue qu’elle ne serait plus jamais pareille, ils avaient basé toute leur relation sur une confiance mutuelle en laquelle la Poufsouffle avait énormément cru jusqu’à cette énorme déception. Il y avait de fortes chances pour qu’ils ne s’en relèvent jamais désormais et tous les espoirs que la jeune fille avait mis dans cette conversation s’étaient évanouis petit à petit au fur et à mesure que le Serdaigle contrait ses commentaires par des paroles extrêmement blessantes et déplacées. Peut-être avait-il simplement voulu se défendre mais aux yeux de January, il n’avait fait que s’enfoncer davantage dans une méchanceté qu’elle ne lui connaissait pas. Y aurait-il une limite à ce qu’elle pouvait supporter ? Allait-il la pousser à fuir ? Etait-ce son but d’ailleurs ? La Poufsouffle commençait vraiment à penser que c’était le cas et craignait que son souhait se réalise.

Mais étrangement, alors que January commençait à se dire qu’elle était arrivée au bout de ce qu’elle pouvait supporter, Nathan se radoucit d’un seul coup, comme s’il venait juste d’avoir un déclic qui lui permettait de comprendre sa tristesse actuelle. Bien sûr, elle ne pouvait pas se réjouir trop vite, il était peut-être dans une phase étrange de compréhension qui ne durerait pas, toutefois, elle était heureuse de voir qu’il avait baissé d’un ton et semblait trouver qu’il avait exprimé assez de paroles blessantes pour aujourd’hui. Toutefois, la Poufsouffle n’avait pas eu les explications qu’elle avait attendues pendant tant de temps et elle désespérait de les obtenir à jour. Une chose était sûre et certaine, leur amitié s’était brisée à la mort d’Asling et elle ne pensait pas qu’ils pourraient la retrouver un jour. Comme quoi, le décès du jeune homme avait eu un impact sur elle évidemment mais également sur l’ensemble de son entourage qui avait sans doute souffert de son changement d’attitude et avait dû s’adapter avec plus ou moins de facilité à son comportement. Mais selon January, le Serdaigle s’était vraiment mal comporté avec elle et même si elle aurait pu comprendre qu’il ait des difficultés avec sa façon d’être, elle ne pouvait tout de même pas accepter qu’il ait décidé de se taire et de s’effacer de sa vie. « Détrompe toi... tu es bien plus importante pour moi que n'importe qui. » Ah oui ? Et bien il avait eu une étrange façon de le lui démontrer, la jeune fille était même persuadée que s’il avait voulu lui prouver tout le contraire, il n’aurait pas eu à s’y prendre autrement. Pourquoi si elle était si importante que ça à ses yeux avait-il été aussi absent durant ses moments douloureux ? Ça n’avait pas le moindre sens, elle n’avait pas de tendances masochistes, elle n’aimait pas souffrir par amitié et elle ne pensait clairement pas mériter ce qui lui était arrivé que ce soit avec Asling ou avec Nathan. Elle avait la nette impression de payer le prix fort dans cette histoire, et devoir ouvrir si violemment les yeux sur les personnes en qui elle avait le plus confiance était vraiment difficile. « Je n'ai jamais été bien loin January, j'ai tout suivit, j'étais là sans que tu puisses le voir. » Le chevalier servant de l’ombre en quelques sortes mais ça ne lui paraissait pas du tout crédible pour le coup. S’il avait vraiment voulu être à ses côtés, il aurait pu l’être, January ne lui avait fermé aucune porte. Alors pourquoi lui faire croire qu’elle avait perdu son amitié au lieu de se comporter comme le Nathan qu’il était habituellement ? C’était complètement invraisemblable.

January était brusquement devenue muette. Elle qui avait dépensé tant d’énergie à exprimer sa colère et son incompréhension quelques minutes auparavant se retrouvait incapable de prononcer le moindre mot fasse à une situation qu’elle avait beaucoup de mal à encaisser et à appréhender. Et les choses prirent une nouvelle dimension lorsqu’elle réalisa la jalousie que semblait éprouver Nathan à l’égard de son petit-ami ou ex petit-ami compte tenu des circonstances. En vérité, January n’avait jamais envisagé qu’il puisse y avoir une quelconque rivalité entre eux et pour cause, il avait toujours semblé heureux pour son bonheur, ils étaient amis depuis si longtemps que la Poufsouffle n’avait pas envisagé un seul instant qu’il puisse ne pas être heureux pour elle et se sente délaissé. En soit, il n’avait pas tort, peut-être s’était-elle tellement investie dans leur relation qu’elle avait un peu délaissé ses proches durant ce même temps, et s’il lui en avait parlé elle s’en serait sans doute rendu compte. Mais de là à exprimer une telle haine envers Asling, ça lui paraissait complètement invraisemblable et surtout vraiment déplacé. Toutefois, elle n’imaginait pas un seul instant que ça remarque puisse provoquer une telle réaction chez Nathan et ses paroles eurent l’effet d’une douche froide pour la Poufsouffle qui ne s’attendait clairement pas à ça. « Tu veux savoir pourquoi j'ai été absent ? Tu veux savoir pourquoi je le déteste ? Parce que je ne pouvais pas supporter le fait que tu sois mal Jan' comme je ne pouvais pas supporter de te voir pleurer pour un autre. Je t'en ai voulu quand tu m'as délaissé pour lui quand il était encore là, mais très vite ça s'est estompé, car je ne pouvais pas te détester, ou être en colère contre toi. J'ai tenté d'être présent pour toi depuis sa mort, et je l'ai été, mais tu n'as jamais cherché plus loin January. La vérité, c'est que je suis tombé amoureux de toi, et crois-moi, ce n'est pas facile de voir la fille que tu aimes pleurer pour un autre. » Incapable de prononcer le moindre mot, de faire le moindre geste, la jeune fille regarda son ancien meilleur ami traverser la grande salle en sens inverse et claquer la porte de la Grande Salle derrière lui. Autour d’elle, les murmures des autres élèves lui parvenaient distinctement et elle était certaine que bon nombre d’entre eux n’avaient pas perdu la moindre parle de leur conversation. Mais dans sa tête, un épais brouillard s’était installé et elle ne savait plus vraiment ce qu’elle faisait. Au bout de quelques minutes, tout de même, January se leva, traversa la grande salle et alors qu’elle franchisait la porte à son tour, elle se mit à courir pour rejoindre sa salle commune. Son dortoir était désert lorsqu’elle y parvint et elle put se laisser tomber sur son lit, lâchant d’un seul coup toutes les larmes qui menaçaient de sortir. Pourquoi fallait-il que les choses soient si compliqué ? Pourquoi ce crétin de Nathan lui avait-il fait part des sentiments qu’il éprouvait pour elle ? Finalement, son nouveau pull ne lui avait pas vraiment porté chance.

Code by Fremione.