Les cours avaient bien commencé, en tout cas selon moi, et au fur et à mesure que les jours passaient je me sentais de plus en plus à l’aise à l’école. L’équipe pédagogique était sympa, la directrice compréhensive et les élèves eh bien… C’était des élèves normaux. Plus ou moins attentifs selon les cas, mais généralement plutôt silencieux tout de même. Ca prouvait deux choses : ceux qui souhaitaient étudier était attentif, ceux qui s’en moquaient ne dérangeaient pas le cours et laissaient ainsi leurs petits camarades écouter, ce qui était relativement une bonne chose. Oh bien sûr j’aimerais parvenir à être suffisamment captivante pour faire que tout le monde soit passionné par la matière mais j’ai parfaitement conscience du fait que ce serait une utopie. Dans tout collège normal il y a des bons et des moins bons, dès qui sont là par nécessité et d’autres par plaisir, c’est classique et j’y étais préparée, je ne me faisais pas trop de faux espoirs, du genre ‘j’espère qu’ils vont être cool, des anges, ça serait tellement bien…’ non, il se trouve que je sais être réaliste et c’est justement ce qui fait que jusqu’à présent je suis ravie de mon poste.

J’avais été quelque peu surprise lorsque j’avais reçu une lettre avec une entête de la Gazette du Sorcier. Apparemment ils voulaient que je leur accorde une interview. J’avais bien entendu répondu positivement, à condition que cela se fasse lorsque je n’aurais pas cours, puisque je ne désire mettre aucune de mes classes en retard pour le programme. Qu’il s’agisse des BUSEs ou des ASPICs, et à plus ou moins long terme, chaque cours a son importance et mérite qu’on lui consacre la plus grande attention. Pas question, donc, de faire l’impasse sur telle ou telle créature, simplement par pur intérêt personnel. Un article sur moi … Dans la Gazette en plus, le premier journal sorcier du Royaume Uni, rien que ça. Est-ce que j’étais vraiment à la hauteur ? Est-ce que je serais en mesure de trouver les réponses parfaites aux questions qui me seraient posées ? Rien n’est moins sûr. Pourtant c’était pour moi un honneur, et j’avais conscience du fait que c’est une exceptionnelle occasion d’être mise en avant. Est-ce que cela était pourtant mon genre ? De me mettre en avant ? Et si mon père remarquait l’article, est ce qu’il chercherait à me recontacter ? Non, je ne devais pas me faire de faux espoirs. Il est parti il y a maintenant 22 ans et a pris grand soin de ne pas nous donner de nouvelle, jamais, or il aurait eu nombres d’occasions pour le faire s’il l’avait désiré, il n’y a donc aucune chance pour que un jour j’entende parler de lui à nouveau. C’est triste mais c’est comme ça. Je doute que quoi que je fasse il y ait un jour où je serais suffisamment bien pour lui. Tant pis, je ne lui en veux pas, j’ai appris à vivre avec et ce n’est la faute à personne.

Pour l’occasion je m’étais habillée sobrement mais d’une tenue suffisamment élégante, une veste en cuir, des bottines à talons, un jean noir et un pull en V. Je ne cherchais pas à trop en faire mais je voulais au moins faire bonne impression, surtout si l’article était accompagné d’une photo d’illustration. A cette pensée ma gorge se serra et mon mal de ventre dû au stress reprit de plus belle. Heureusement Minuit était là et il sentit que ça n’allait pas fort. Les chats sentent ce genre de choses et on dit même qu’ils sont capables d’absorber l’énergie négative de quelqu’un quand elle devient trop forte. C’est d’ailleurs pour ça que la compagnie des chats est apaisante et est même conseillée dans certaines thérapies douces. On ne soupçonne jamais le pouvoir des animaux sur notre moral et notre santé mais toujours est-il qu’ils sont bien plus que de simples animaux, ce sont des confidents et des guérisseurs, à leur manière en tout cas.

Lorsqu’il fut 10h tapante je sortis du château, je devais être à Pré-au-Lard pour 10h30 mais qu’importe si j’étais en avance, je préfère largement ça à être en retard. Finalement lorsque j’arrivais au salon de thé je fus soulagée de voir que l’endroit était presque désert. J’adore la compagnie des autres. Toujours. Sauf quand je suis aussi stressée. Parce qu’alors je ne sais plus comment agir avec autant de gentillesse et d’amabilité que je le fais habituellement. C’est pour cette raison que j’avais choisi ce lieux, parce que mise à part à la Saint-Valentin et l’après-midi, il n’y avait pas grand monde ici. Quand j’entrais une douce odeur m’accueillit et me détendis presque instantanément et j’adressais un petit sourire à la gérante, madame Piedodu. Je lui demandais un chocolat viennois puis allais m’installer à une table près de la fenêtre, car j’aimais observer l’extérieur quand je ne savais pas quoi faire, surtout que la vie vue d’un point de vue externe semblait toujours plus intéressante, vous ne trouvez pas ?

Quand la serveuse m’apporta ma commande je la remerciais et ce faisant, je croisais le regard d’une jeune femme brune, ayant des parchemins disposés sur sa table. Serait-ce la journaliste ? Serais-je plus en retard que je ne le pensais ? Pourtant non, il n’était que 10h25, peut être aimait-elle tout simplement être en avance, elle aussi. Devrais-je aller la voir ? Non … Et si ce n’était pas la personne chargée de l’interview j’aurais l’air bien bête tiens.. Non, je vais plutôt attendre ici et si jamais elle vient me voir je serais fixée.

Etre ici, pour une interview à être publiée dans la Gazette me semblait être un immense honneur. J’avais encore du mal à réaliser. Et pourtant par Merlin j’étais proche de l’échéance. Quelques minutes encore et mon stress atteindrait son summum. Le chocolat que j’avais demandé était supposé me détendre et pourtant je doutais que quoi que ce soit puisse me détendre à l’heure qu’il est. C’était mon naturel : Stresser pour un rien parce que je ne me pense jamais à la hauteur. Certains disent que je suis trop parfaite, et de vous à moi c’est ce que j’essaye de laisser paraître mais en réalité il n’en est rien. J’ai mes défauts comme tout le monde, je stress pour un rien, souvent inutilement, et je manque parfois de confiance en moi, même si au contact des animaux c’est un problème résolu. Comme pour me donner du courage j’avais d’ailleurs regardé mon fond d’écran, une photo prise par ma sœur un jour où je m’entraînais à sauter avec Rubby. C’était lorsque nous avions battu notre record personnel, 115 centimètres. Pour certains ce serait peu, mais pour une jument sauvage comme elle et avec une cavalière qui avait tout appris seule comme moi… Je n’avais jamais été aussi fière de moi. Et pourtant nous n’avions pas encore tenté de faire mieux pour la simple et bonne raison qu’elle comme moi préférons sortir en extérieur, ce n’est pas comme si l’Angleterre n’offrait pas de merveilleux chemins de ballade. Il y a toujours moyen de se perdre volontairement en pleine forêt, ou près des côtes, c’est sublime. Parfois nous prenons même le van pour profiter des plus beaux paysages possibles.

C’est d’ailleurs alors que j’étais en train de contempler mon smartphone qu’une jeune femme m’aborda, avant de se présenter. Quand elle me dit qu’elle venait pour l’interview je rangeais mon téléphone et lui serrais la main avant de lui sourire aimablement : « C’est bien moi. Je pouvais voir qu’elle était toute aussi nouvelle que moi à ce genre d’entrevue et je hochais la tête quand elle me demanda si elle pouvait s’installer à ma table. Je vous en prie faites. J’aime avoir ce genre de vue sur la vie lorsque je m’assois dans un restaurant. C’est comme si on voyait le monde de l’extérieur, tout en y prenant part d’une certaine façon, si vous voyez ce que je veux dire. Pardonnez moi j’ai tendance à parler beaucoup. Je riais légèrement de moi avant de replacer une mèche de cheveux derrière mon oreille. J’eus droit à des félicitations de la part de la rédactrice en chef de la Gazette du Sorcier et je souriais en souvenir de cette charmante femme qu’il m’avait été donné de rencontrer alors que j’entrais en première année à Poudlard et qu’elle était déjà en septième. Eh bien vous lui transmettrez mes salutations, c’est une femme charmante. Vraiment quelqu’un de très bien. Ca fait plaisir de savoir que l’on n’est pas obligée des visages familiers. » Je souriais doucement repensant au premier jour où je l’avais rencontrée. Déjà à l’époque je savais qu’elle irait loin, elle était très ambitieuse et déterminée. Je l’admirais à l’époque. Encore maintenant, mais de façon plus raisonnable.

Je commençais à me détendre lorsque l’interview a proprement parlé commença réellement. Je savais à présent que c’était vraiment du sérieux. Ca m’effrayait un peu mais après tout j’avais toujours eu le don de savoir plus ou moins exprimer ce que je ressentais. Il me suffisait de laisser parler mon cœur. Ma bouche ferait le reste. La question de la jeune mais attentive Chloé trottait dans mon esprit lorsque je commençais à lui répondre : « Ce que j’ai ressenti en l’apprenant. Mmh, c’est une très bonne question et la réponse pourrait être plutôt mitigée. A vrai dire ma première réaction a été ‘Alors c’est vrai, mon rêve est enfin réalité ?’ J’avais du mal à réaliser. J’avais rencontré le professeur McGonagall à plusieurs reprises auparavant mais c’est seulement lorsque j’ai reçu le courrier officiel avec le cachet de Poudlard que j’ai compris que c’était bien vrai. C’était à la fois un soulagement et également un énorme coup de pression. Un soulagement car j’étais parvenue à réaliser mon plus grand rêve, mais aussi un énorme coup de stress pour une raison qui me semble évidente. Je suis encore jeune, j’ai finis mes études il y a à peine trois ans je ne pensais pas être embauchée si vite, si je puis dire. Mais ça c’est fait, et je me suis demandé si on ne se trompait pas sur mon compte, si j’allais être à la hauteur, si les choses se passeraient comme je l’espérais. Au final j’ai réussi à surmonter la pression et depuis maintenant deux mois j’enseigne à Poudlard. Ca dépasse toutes mes espérances et c’est chaque jour un honneur de faire classe et de me lever en sachant que je travaille dans ce collège si prestigieux, en tant que professeur, alors que d’illustres figures du monde sorcier en sont diplômées. Ce n’est pas rien, et j’espère ne jamais décevoir mes supérieurs. » Cela faisait une bonne introduction, pas vrai ? Je ne m’étais pas trop mise en avant ? Ni trop rabaissée ? Je ne le saurais jamais et j’allais devoir faire de mon mieux tout le long, il n’y avait que de cette façon que je serais contente de moi…. Aussi difficile cela soit-il, je n’ai jamais su baisser les bras devant une tâche trop difficile.

Pour le moment la jeune femme chargée de l’interview, Chloé d’après ce que j’avais compris, avait l’air très sympathique. Jeune, mais encore une fois la maturité ne dépend pas de l’âge en tout cas c’est ce dont je suis intimement convaincue. Parce qu’après tout si ce n’était pas mon point de vue alors jamais je ne pourrais prétendre être à la hauteur pour le poste qui m’avait été confié à Poudlard. D’ailleurs ce poste m’avait valu l’interview qui se déroulait actuellement. Elle m’avait confié que j’avais choisi une excellente place et je lui avais exposé les raisons de mon choix. Elle m’avait alors expliqué qu’elle voyait parfaitement ce que je voulais dire. « C’est exactement cela. Quant aux rues d’ici, elles sont effectivement charmantes. » Et alors que la jeune mademoiselle Roxen m’avait transmis les félicitations de la rédactrice je lui avais demandé de la remercier de cette intention qui me faisait très plaisir. Elle s’était alors étonnée que je la connaisse et je souriais doucement. « Oui, nous étions à Poudlard ensemble lorsque j’y ai fais mon entrée. J’étais en première, elle en septième. Elle a tout de suite suscité l’admiration en moi. » Elle me confia ensuite qu’elle n’avait jamais vu quelqu’un travailler autant et je hochais la tête. « Je comprends. Elle a toujours été du genre à se tuer à la tâche, et à exiger le meilleur des gens avec lesquels elle travaille. Mais je la comprends. C’est le seul moyen par lequel arriver à un poste avec autant de prestige. »

Par la suite l’interview se poursuivait tout à fait normalement, miss Roxen était très professionnelle et appliquée malgré son jeune âge et c’était très appréciable. Après tout pour quelqu’un comme moi qui était facilement anxieuse et peu sûre d’elle, travailler avec une personne qui était ordonnée était rassurant. Je l’avais donc vu préparer ses questions et avais patienté poliment, en attendant qu’elle puisse prendre de quoi noter. J’étais prête à répondre à ses questions, surtout que je savais que j’avais de quoi répondre, après tout j’avais toujours été une grande bavarde. D’ailleurs c’était à Poudlard le seul reproche que me faisaient mes professeurs. Combien de fois ai-je pu entendre un : Sasha ce n’est parce que tu as d’excellentes notes que ton camarade n’a pas besoin d’étudier, lui. C’était devenu une habitude et pourtant parfois je continuais de parler tout autant. Et dire que je me considérais comme une élève sage. J’écoutais les questions de Chloé et y répondais sans trop de difficulté : « Effectivement, ce fut un grand jour pour moi. Comme diraient certains ‘Le plus beau jour de ma vie’ Je riais doucement puis continuais Certains vous diraient que j’ai toujours été une bonne élève, et le fait est que j’aimais aidé mes camarades à comprendre un cours avec lequel ils avaient des difficultés. J’ai compris plus tard que ce que je désirais faire était enseigner. Ca a été comme une révélation, mais je ne vous cache pas que j’ai eu d’excellents professeurs qui, eux-mêmes, m’ont donné envie d’exercer cette profession. Pour ce qui est de la matière en question, les animaux ont toujours été pour moi une façon de me sentir en communion avec moi-même, avec la nature, je me sens bien en leur présence, quels qu’ils soient. Je bus une gorgée de mon chocolat puis continuais : C’est exact. J’ai tout d’abord étudié la zoologie, avec en spécialité les créatures magiques. Cela a duré trois ans. Puis j’ai passé un master de l’enseignement, en deux ans. A ce moment-là j’étais apte à devenir professeur de soins aux créatures magiques mais en attendant j’ai fais plusieurs voyages dans le monde entier pour vraiment entrer en contact avec les animaux que j’ai pu observer de plus près, comme par exemple les dragons noir des Hébrides, certains troupeau de licornes, ou encore de Sombrals… » Je repensais à ce moment magique, celui où j’avais vraiment vu un Sombral pour la première fois. C’est d’ailleurs la seule chose qui m’avait été à faire le deuil de Natalia, mon ex petite amie, qui était décédée par ma faute dans un accident de voiture où j’étais la conductrice. Ca n’aurait jamais dû arriver, et pourtant avec les Sombrals c’était comme si je pouvais à nouveau avancer et que c’était un signe que jamais je ne pourrais l’oublier, pensant à elle à chaque fois que j’en verrais un.

Avant l’interview à proprement parler nous avions un peu discuté de la rédactrice en chef de la Gazette du Sorcier, et j’en avais d’ailleurs fait l’éloge à mademoiselle Roxen. Le fait est que cette femme-là méritait amplement le respect qu’on lui attribuait, surtout vu les nombres heures qu’elle passe à travailler quotidiennement. D’autant que je la connaisse ça avait toujours été le cas mais peut être ce rythme était-il apparu seulement après qu’elle ait fait son choix de carrière ? Qui sait. Toujours est-il que je ne m’étais même pas étonnée d’apprendre qu’elle avait gagné son poste actuel il y a de ça maintenant deux ans et demi, parce qu’elle le méritait très largement. « Oui, elle a toujours été une source d’inspiration et d’exemple pour moi. Et après tout elle est plus jeune que la moyenne des personnes qui ont occupé son poste avant elle, ce qui veut probablement dire qu’elle doit se battre quotidiennement pour montrer aux gens qui pourraient douter d’elle qu’elle mérite sa place. M’enfin, toujours est-il que c’est une femme charmante. » Je terminais avec un sourire. Sourire qui d’ailleurs se transforma en petit rire un peu incertain quand la jeune miss Roxen m’avait rappelé que pour l’heure nous étions là pour parler de moi. Il est vrai que j’avais tendance à relayer ce détail au second plan, ne souhaitant pas attirer l’attention sur moi, la modestie étant un de mes comportements favoris.


Cependant, contrairement à ce que j’avais craint l’interview se déroulait plutôt pas mal et je lui avais tout d’abord expliqué mon ressenti par rapport à la nouvelle lorsque j’avais appris que j’avais obtenu le poste. Je n’oublierais jamais ce jour-là et je crois que même mes enfants en entendront parler, pour leur apprendre qu’il ne faut jamais abandonné et que jamais un rêve n’est impossible. Certes celui-là était plutôt très réalisable, mais pas à mon âge. Qu’importe toujours est-il que ma formation, menée assidument, m’avait permis d’en arriver là et c’est ce que je lui avais détaillé par la suite. Mon parcours. A présent, à mesure que j’écoutais les questions de la jeune Chloé, elle me demanda si j’avais moi-même des animaux, une question qui fit apparaître un sourire sur mes lèvres. Dis donc c’est la journée des sourires ! « Oui, quotidiennement j’ai un ocicat, Minuit, mais à mon domicile familial j’ai débourré une pure sang anglaise du nom de Rubby, que je monte donc aussi souvent que je le peux. » Pas assez souvent à mon goût néanmoins, pensais-je. Je n’eus cependant pas le temps de m’attarder sur cette pensée puisque j’eus ensuite droit à une question sur mes nombreux voyages. J’avais hoché la tête lorsque Chloé m’avait demandé si j’allais délivré un petit échantillon sur les pays que j’ai visité avant cette année. Je réfléchis donc et en reprenant les créatures que j’avais mentionné plus tôt pour leurs pays respectifs je répondis : « Eh bien j’ai d’abord commencé par le plus près, à savoir l’Ecosse, et plus précisément les îles Hébrides où j’ai eu l’occasion d’observer des « élevages » si l’on peut dire, de dragons originaires de la région. Puis j’ai visité d’autres pays d’Europe : La Grèce, où j’ai vu des Sombrals pour la première fois, puis la Norvège et ses forêts pour observer en immersion un troupeau de licornes, pendant plusieurs mois. C’était une vie très particulière, mais très intéressante. Puis j’ai visité d’autres pays, Alsaka, Cuba, la Bolivie, et le Japon. » Parmi tous ces endroits, c’était probablement les Sombrals qui m’avaient intéressés le plus, et qui m’avaient énormément aidé pour me pardonner à moi-même la mort de Natalia. Et d’ailleurs, c’était ce que je décidais de dévoiler à mademoiselle Roxen si moi-même j’avais un animal favori : « Spontanément je vous dirais que ce sont les Sombrals. On pourrait facilement assimiler ces animaux à des souvenirs tristes et pourtant quand on a vécu une expérience traumatisante … Ils aident. C’est comme si la magie de pouvoir les voir était une bénédiction de la personne qu’on a perdu. De vous à moi, et je vous serais gré de ne pas transmettre ça dans votre article, mais j’ai perdu une amie chère dans un accident de voiture. Je conduisais et … J’ai longtemps pensé que c’était de ma faute si elle était aujourd’hui décédée. Avec les Sombrals j’ai appris à me pardonner. » Je ne savais pas exactement pourquoi je lui avais fait cette confidence et probablement n’en n’aura-t-elle rien à faire, mais j’avais ressenti l’envie de le lui dire. Je décidais cependant d’ajouter une remarque concernant ses précédentes questions : « Quant à la créature que j’ai hâte de faire découvrir aux élèves… Je pencherais peut être pour les dragons. J’ai pensé à un voyage scolaire dans le but de le leur faire découvrir. C’est cependant encore confidentiel et seulement un projet pédagogique. Ou encore les kelpies, souvent considérés par les moldus comme de simples légendes folkloriques. » Oui, comme la plupart des créatures magiques en fait. Bien joué Sasha, ridiculise toi donc un peu tu ne l’avais pas encore fait. Quoi ? Est-il étrange que je me moque de moi-même ? Mais non voyons, cela m’aide au contraire à me rappeler que, contrairement à ce que j’essaye de laisser penser au monde je ne suis pas aussi parfaite que j’aimerais l’être. En gros cela m’aide à garder les pieds sur terre. C’est donc une bonne chose, pas vrai ?

L’interview avait débuté tranquillement après une brève discussion sur la rédactrice en chef de la Gazette du Sorcier qui, si vous voulez mon avis, méritait absolument tous les compliments que nous lui faisions. C’était une femme à la carrure et au succès hors du commun et son histoire devait probablement en inspirer plus d’un. En tout cas je sais que personnellement elle m’avait inspirée moi, dans un autre domaine, certes, mais je l’avais toujours considérée comme un exemple. Et elle m’avait montré que si on s’en donne la peine, les efforts pouvaient être récompensés et on pouvait alors avoir l’occasion de réaliser tout ses rêves. En ce qui me concerne vivre de ma passion était tout ce que j’avais toujours espéré et j’avais été prête à faire quelques sacrifices pour pouvoir en arriver là. Par exemple le fait que j’ai complètement laissé ma vie de famille de côté. Peut être que certains ne l’auraient pas fait. Ils auraient préféré aller doucement et prendre le temps d’avoir une vie stable sur tous les plans. Mais je sais que personnellement fonder ma propre famille n’est pas une de mes priorités et j’ai ainsi préféré placer ma vie professionnelle en premier plan dans la liste de mes objectifs à long terme. Maintenant que cela s’était réalisé j’avais très envie de continuer sur cette lancée et de réussir à maintenir cet équilibre en gardant ce poste à Poudlard aussi longtemps que possible, quel qu’en soit le prix. Cela pouvait être une mauvaise idée mais ça s’était toujours déroulé de cette façon dans mon esprit et je ne suis pas du genre à perdre un objectif de vue, ce qui explique que je sois restée si fidèle à ce plan.

Quand mademoiselle Roxen m’avait demandé si j’avais moi-même des animaux de compagnie je lui avais parlé de mon chat et j’avais évoqué ma jument. J’avais ri un peu quand elle m’avait dit que le mythe n’était pas fondé. « Effectivement, on n’a pas tous les moyens ou la possibilité d’avoir un dragon de compagnie. » Même si j’en connais plus d’un à qui cela ferait envie, c’est tout bonnement du suicide. Après tout un dragon a besoin d’un environnement bien défini et c’est d’ailleurs justement bien pour cette raison qu’il existe des décrets concernant les possessions d’animaux classés comme étant dangereux. Miss Roxen me dit qu’elle adorait les chevaux également et ma curiosité fut plus forte que moi : « Ah oui ? Vous en possédez vous-même ? Chez vos parents peut être ? Vous montez ? » En me rendant compte que j’étais peut être un peu trop curieuse je bus une gorgée de mon chocolat chaud pour me calmer. « Désolée lorsqu’il s’agit de ces animaux-là j’ai tendance à laisser ma curiosité prendre le dessus. » Espérons seulement qu’elle ne me trouve pas à présent trop bizarre, parce que ce ne serait pas l’image la plus distinguée dont je pourrais faire preuve dans une telle interview.

Puis il avait été question des voyages que j’avais fait après avoir terminé mes études. Je lui avais fait une petite liste de mon parcours à l’étranger, n’omettant que des visites mineures et j’avais eu un petit sourire poli quand elle m’avait dit que cela était impressionnant. C’est vrai que j’avais été très chanceuse. Avoir des occasions comme celles dont j’avais pu bénéficier n’était pas donné à tout le monde et c’est pour cette raison qu’à l’époque je faisais tout pour en profiter un maximum, retenant tout ce que j’apprenais de ces créatures fascinantes et surtout, profitant de la moindre occasion pour pouvoir les éterniser sous forme de cliché. Surtout les dragons, résultats, un mur de chez moi en était rempli. C’était magnifique, surtout parce qu’il s’agissait de clichés sorciers, qui pouvaient bouger et faire revivre le souvenir « pour de vrai » ou presque ; C’était magique. Dans tous les sens du terme. Une créature que je regrette ne pas avoir pu photographier puisqu’elle n’apparaît que à certains sorciers était le Sombral, et je m’étais alors étendue sur une partie de mon passé personnel. Je ne savais pas vraiment pourquoi je racontais tout cela à miss Roxen et pourtant, je l’avais fait, terminant en lui demandant de ne pas ajouter cela à l’article, demande à laquelle elle avait agréé. J’avais écouté ses paroles et avais doucement hoché la tête, comprenant qu’un tel point de vue était difficile à saisir. « Effectivement, c’est ce que j’avais craint avant de pouvoir les voir, pour de vrai. Puis c’était arrivé. Et je m’étais sentie comme libérée. Vous avez raison, c’est un peu étrange comme concept, mais … Si jamais vous avez perdu un être cher j’en suis désolée. Mais ce que je peux vous dire, d’après mon expérience personnelle, c’est que c’est un bon moyen d’avancer, et d’être conscient du fait que, d’un côté, son souvenir nous accompagnera toujours, grâce à ces créatures, plus majestueuses qu’on ne pourrait l’imaginer, et ce malgré leur apparence squelettique. » Je restais pensive un instant quand il fut question d’étudier une créature en immersion. A ma connaissance il y en a peut être une oui, maintenant que j’y réfléchis bien oui : « J’estime que j’ai déjà eu beaucoup de chance en pouvant travailler avec celles que j’ai pu étudier jusqu’à présent. Mais s’il y en avait une que je devais étudier pour ma curiosité personnelle ce serait le Selma. Bien trop dangereux pour qu’il soit à n’importe quel programme d’étude et pourtant pas moins fascinant pour autant si vous voulez mon avis. » Bah quoi ? Si certains décident de s’approprier un dragon qu’y a-t-il de mal à s’intéresser à une créature de l’eau comme le Selma ? Après tout niveau menace pour l’Homme les deux se valent largement si vous voulez mon avis…

J’avais ensuite parlé à miss Roxen de mon désir d’organiser un voyage pédagogique avec les septièmes années à la fin de l’année pour étudier les dragons. Ca me semblait être un excellent projet mais j’attendais encore la réponse de la direction qui n’avait toujours pas pris de décision définitive même si cela semblait a priori une bonne idée selon eux, mais peut être complexe à mettre en œuvre. Il me restera à voir si finalement ce projet se réalise. Et d’ailleurs mademoiselle Roxen me dit que les élèves seraient tout aussi impatients d’étudier ces créatures, ce qui me donna un petit sourire. « Ah oui ? Qui ça ? » Je lui avais demandé quand elle m’avait dit qu’il y avait des chances pour qu’elle connaisse quelqu’un d’intéressé pour accompagner lors de cette sortie. Il est vrai que j’aurais éventuellement besoin de collègues pour superviser cette journée. « Pour l’instant ce projet est encore seulement une idée qui me traversait l’esprit mais je ne dis jamais non à un nom de collaborateur éventuel. » Nous continuions à parler des cours et il fut alors question de ma méthode de travail : « Vous savez, je pense qu’arrivé à un âge il est facile de décider si l’on veut être le genre d’élève à participer volontairement au cours, ou bien si l’on préfère être turbulent. Ma méthode est donc de donner envie aux élèves de travailler, sous le signe de la bonne humeur, et disons que je n’utilise la menace des retraits des points ou des punitions qu’en cas extrêmes. Autrement je préfère les motiver en leur donnant une récompense à la clé. Par exemple pour le cours sur les niffleurs avec les quatrièmes années, le premier du classement de l’activité gagnait un lot de friandises comprenant des pâtes à citrouille, des chocogrenouilles, tout un tas de bonnes choses, qui leur donnait envie de travailler. Si je devais changer quelque chose… Je réfléchis un instant Pousser d’avantage les cinquièmes et septièmes années à travailler sur leurs examens ? Je pense que je me sentirais coupable si ils ne réussissaient pas leur épreuve parce que je ne les ai pas d’avantage malmenés. Je riais doucement Pour l’heure personne ne s’est plaint de cette façon de travailler alors je compte bien continuer avec le sourire, après tout c’est une option facultative alors les élèves devraient être heureux de l’étudier, vous ne pensez pas ? »

Quand mademoiselle Roxen me demande si j’ai moi-même des animaux de compagnie je finis par lui retourner la question et lui demande si elle aime les chevaux, et si elle monte. Alors certes dans une interview classique ce n’est pas la journaliste qui doit répondre aux questions de la personne qu’elle interviewe et pourtant, je me retrouvais à penser que nous étions suffisamment jeunes toutes les deux pour que cette entrevue puisse être un peu plus détendue qu’une interview conventionnelle. Après tout qui sait, nous pourrions être amenées à nous revoir, et quelque chose me dit que dans un futur plus ou moins proche nous pourrions même être amies. Ca ne me dérangerait absolument pas, après tout Chloé Roxen est une jeune fille plutôt mature d’après ce que j’ai eu l’occasion de voir jusqu’à présent, et qui a l’air très sympathique. Et d’ailleurs, les réponses qu’elles me donnent me confortent dans l’idée que c’est quelqu’un de bien puisque j’ai tendance à avoir une opinion positive de quelqu’un à partir du moment où je sais que la personne monte à cheval. « Eh bien ! On peut dire que vous en avez de la chance, recevoir un cheval en cadeau, je n’ai jamais vu qui que ce soit qui avait déjà reçu un cadeau de cette envergure. » Je l’écoutais me dire qu’il se trouve chez l’ami en question mais qu’elle ne monte plus. Elle me fait ensuite part de ses inquiétudes. « Oh, vous savez ce sont des animaux très intelligents, et je suis certaine qu’il suffirait d’une seule visite pour que vous puissiez renoué le lien que vous aviez fut un temps. Quant au fait que vous ne soyez pas sûre de savoir encore monter… Il n’y a qu’une seule façon de s’en assurer. » J’avais haussé les épaules. Généralement en équitation il suffisait de quelques heures à cheval pour retrouver tout ses automatismes, c’est presque un jeu d’enfant. « Vous savez, ce n’est probablement pas à moi de vous dire ça mais j’ai l’habitude de travailler avec les animaux alors … Si vous voulez un jour faire une ballade à cheval ce serait avec plaisir. » Je souris et garde ma bonne humeur quand elle me dit qu’elle n’ait pas dérangée par ma curiosité, elle-même du même genre.

Je lui avais ensuite parlé de ma relation vis-à-vis des Sombrals. C’étaient pour moi des créatures fascinantes qui méritaient qu’on s’intéresse à elles. Pourquoi ne pas essayer d’avancer et de faire son deuil en se disant que, grâce à chevaux ailés, les êtres chers perdus seraient toujours avec nous dans un sens. C’est une preuve qu’on ne les oublie pas, et qu’ils seront toujours dans notre cœur, et pouvoir voir ces êtres si particulier en est la preuve vivante, si l’on peut dire. Il suffit de savoir s’y intéresser, et de tenter de les comprendre, pour accepter le fait que même s’ils sont signes de douleur et, en un sens, de mort, ils sont aussi des créatures fascinantes que tout le monde ne peut pas forcément voir. C’est donc une chance de pouvoir les côtoyer quand cela est possible. C’est ce qui m’avait aidée à me remettre de ce choc émotionnel personnellement. Chloé m’expliqua qu’elle avait perdu quelqu’un, dans les événements de la fête foraine de l’an passé. Effectivement la chose avait fait la une et personne n’aurait pu ignorer ce moment tragique pour Poudlard qui avait ainsi perdu plusieurs élèves. Ce qu’elle me dit me donna envie de l’aider. « Vous savez … Si un jour vous désirez tenter de venir apprendre à connaître ces créatures … Je peux éventuellement vous aider. Il y en a un peu partout, notamment dans la forêt de Poudlard. Je sais que ce ne doit pas être facile de penser à ces animaux de cette façon et d’ailleurs, mes condoléances, pour la personne que vous avez perdu ce jour-là, c’est une tragédie que personne ne devrait vivre. Perdre de la vie alors que le but était seulement de s’amuser, c’est affreux… » Ma voix se serrait un peu en pensant à ça car je n’aimerais pas que ça m’arrive et je parvenais un peu trop facilement à imaginer la douleur de mademoiselle Roxen.

Elle m’avait par la suite demandé quelle était ma créature magique favorite et mon second choix avait été le Selma. Elle m’avait demandé de lui confirmer de quoi il s’agissait et j’avais souri : « C’est cela-même. Je vois que vous avez eu un très bon professeur de Soins. C’est un animal qui personnellement me fascine même s’il est bien trop dangereux pour pouvoir être étudié par qui que ce soit étant donné qu’il se nourrit de chaire humaine et qu’il a un caractère féroce mais je ne sais pas, il y a quelque chose dans cette créature que j’admire malgré son côté sanguinaire. » J’avais haussé les épaules. Après tout c’est une créature comme une autre. Peut être qu’elle me plaisait car elle avait un côté dinosaure marins ? Dans les animaux préhistoriques c’est ceux qui sont le plus sous estimés et qui, néanmoins sont le plus fascinants pour moi. Au fond, entre le Selma et un bon vieux Mosasaure il n’y a qu’un pas, non ? Bon, certes le dernier a vécu il y a plusieurs millions d’années mais dans un sens ils sont de lointains cousins et cela est une des choses que je trouve fascinante chez ce serpent de mer.

Enfin je lui mentionnais mon projet spécial fin d’année pour les septièmes années. Projet qui, d’ailleurs, leur permettrait de terminer l’année sur un bilan positif. Enfin je l’espère. Après tout, tout élève choisissant les soins aux créatures magiques ne rêve-t-il pas de pouvoir étudier ces créatures fascinantes un jour ou l’autre ? Je sais que personnellement c’était mon cas quand j’étais au collège Poudlard et je m’étais d’ailleurs empressée d’aller dans les Hébrides à la fin de mes études, afin d’avoir l’occasion d’en observer. Miss Roxen m’avait dit qu’elle connaissait quelqu’un pouvant éventuellement m’aider et je lui avais ainsi demandé de qui il s’agissait, n’étant pas contre un petit coup de main si quelqu’un aurait envie d’accompagner pour ce voyage. « Eh bien écoutez je la contacterais si jamais ce voyage finit par être organisé. Merci de l’information. » Je lui souriais doucement et alors que nous arrivions près de la fin de l’interview, elle me demandait d’où je venais. « J’ai grandi dans les Cornouailles, dans la ville de Launceston. C’était un endroit charmant où j’ai passé toute mon enfance avec mes trois sœurs et ma mère. C’est seulement grâce à un environnement comme celui-ci, où domine la nature et le côté authentique des choses, que j’ai appris à me rapprocher des animaux en tout genre. » Cet endroit évoquait toujours –ou presque- de bons souvenirs pour moi, et je réfléchissais à sa dernière question, un sourire aux lèvres. « Mmh, un souvenir amusant qui m’a marquée … Il y en a tellement que je ne sais pas lequel choisir. » Poudlard était sans hésiter l’endroit parfait pour se faire de bons souvenirs et je finis par en choisir un : Je dirais qu’il s’agit probablement du jour où nous avons réussi à apprendre à vaincre nos peurs grâce aux Epouvantard. Voyez-vous j’ai toujours eu une peur bleue des nuits d’orages. Et soudainement j’ai vu un énorme nuage résonner au dessus de moi. Sauf que bizarrement quand les coups de tonnerre ont été remplacés par des bruits de trompette mouillés tout à fait ridicule j’ai été prise d’un fou rire que je n’oublierais jamais. » Encore aujourd’hui je riais un peu en y pensant. Ca m’avait été à surmonter cette peur. « De manière générale je crois fermement qu’il n’y a pas un endroit où les élèves seraient mieux qu’à Poudlard. Après tout comme Albus Dumbledore l’avait un jour dit : « A Poudlard une aide sera toujours apportée à ceux qui la demandent. Et je pense que cela est une bonne façon de montrer l’esprit de Poudlard, son essence même presque, qui fait que chacun peut y avoir sa place, si tant est qu’il prend la peine de trouver sa place. » D’accord tout ça étaient beaucoup de jolis mots pour ne pas dire grand-chose au final mais je trouvais qu’ils montraient plutôt très bien ma façon de voir les choses et ce que je pense de cette école de magie.