[HJ : Pour qui veut répondre =) ]

S'immobiliser n' est pas une faculté que l'on assimile dès son plus jeune âge. C'est même l'antithèse de notre apprentissage. On nous apprend à ramper, marcher ou même danser, mais pas à rester immobile. Il semblerait que June n'était pas trop mauvaise à ce jeu-là. D'après ses calculs, cela faisait maintenant 12 minutes qu'elle patientait là. Ce ''là'' étant une plaque de glace devant les toilettes des filles. Grâce à Mimi et à un élève un peu farceur, l'eau habituellement liquide du deuxième étage ressemblait à la surface d'un lac gelé. Et bien évidemment, June avait foncé droit dans le piège/ la farce au choix. Mais comment était-elle arrivée là ?

Pour tout comprendre, il faut remonter un peu plus tôt dans la journée. Ce matin, alors qu'elle s'était levée un peu plus tôt qu'à l'accoutumée, June avait pris la direction des jardins de l'école pour marcher sur l'herbe mouillée. Elle adorait cette sensation. Passant sous un arbre, la jeune fille avait repoussé un branche un peu basse. Par un mauvais coup du sort, un mauvais calcul ou que sais-je encore, elle se l'était prise en pleine tête. Sur la joue pour être précise. Pas une blessure vraiment grave, mais plutôt gênante. La plaie saignait sans discontinuer. Son mouchoir auparavant d'un blanc immaculé prenait des airs de la mer rouge ! Ni une, ni deux, la poufsouffle alla à l'infirmerie. Heureusement pour elle, l'infirmière était à son poste et opérationnelle. Après un sort de guérison très simple, June fut rafistolée en moins de temps qu'il ne faut pour dire l'incantation. June connaissait le sort, il n'y a pas à douter la-dessus, mais faire le même sort sur sa joue à l'aveugle, ah ça non. Pas question ! Elle ne voulait pas rater son coup et ressembler à un troll des montagnes.

Ces interrogations physiques avait tout de même semé le doute dans l'esprit de la jeune fille, et ce fut d'un pas alerte que June descendit d'un étage pour se diriger vers les toilettes de filles et voir le résultat dans un miroir. Et alors qu'elle n'était plus qu'à deux mètres de la porte, la poufsouffle commença à déraper sur le sol. Elle se tortilla tant bien que mal afin de garder l'équilibre. Une fois sa position assurée, entendez par là un pied devant l'autre, le dos courbé légèrement en avant, les bras tendus de chaque coté de son corps, June analysa la situation.
Il était tôt le matin, elle se trouvait au deuxième étage,. Étage surtout fréquenté pour le cours de Runes. Et il faut bien l'avouer, ce n'est pas une option très alléchante. Il faut rajouter à cela que le matin, les toilettes des filles ne sont pas utilisées. Ces demoiselles préfèrent se servir de ceux qui se trouvent de leur salle commune, et qui ne ressemblent pas à une piscine les ¾ du temps.

Enfin toujours est-il que June était en mauvaise posture. Elle avait bien essayé d'attraper sa baguette dans les pans de sa cape, mais lors de sa seule et unique tentative, June avait mis un bout de temps avant de réussir à se stabiliser. On ne pouvait pas dire que sa journée commençait bien. Elle espérait en tout cas qu'une âme charitable passerait par là, et l'aiderait à se sortit de ce pétrin. Et si possible pas dans deux ou trois heures ...

Leonora ne s'était pas levée du bon pied ce matin-là. Il faisait froid et gris, comme d'habitude. Elle n'aimait pas l'hiver. La neige, c'était bien jolie, mais quand il fallait traverser tout le parc pour se rendre jusqu'aux serres, par 0° Celsus, c'était tout de suite moins amusant.

Frigorifiée, elle se hâta de rentrer au château. Malheureusement, elle n'avait pas le temps de passer à son dortoir pour se sécher un peu. Se rappelant soudainement qu'elle était une sorcière, elle chercha dans sa mémoire le sort de séchage. En vain. Pourquoi ne se souvenait-elle jamais des choses utiles ? Elle arrivait à retenir les dates des multiples guerres des gobelins sans problème mais mettait des années à inscrire dans son esprit un pauvre sort.

Elle poussa un long soupir et reprit sa route dans les couloirs parcourus de courants d'airs glacials. Elle tourna à droite en direction des toilettes des filles et manqua de tomber. Elle se rattrapa à temps et maudit Mimi Geignarde. Le couloir était recouvert de verglas. C'était bien sa veine. Leonora Castel n'était pas réputée pour son agilité mais plutôt pour sa maladresse.

Elle aperçut alors une élève, plantée au milieu du couloir. Que faisait-elle là ? Peut-être était-elle aussi coincée dans un équilibre précaire ? Leonora la détailla et vit que c'était une élève de sa maison, un peu plus jeune qu'elle. Bon allez, autant faire sa bonne action du jour. Sa baguette à la main, elle prononça une formule pour décongeler le sol. Sortilège très utile en cette période qu'une amie lui avait montré. Merlin soit loué, son sortilège réussit et le sol retrouva son état normal.

Elle s'avança joyeusement vers sa camarade, toute fière d'elle.

"Et voilà, une bonne chose de faite !"

Cela faisait maintenant près d'une demi-heure, que June patientait sur sa plaque de verglas. Pendant tout ce temps, la demoiselle avait pris le temps de connaître certains muscles jusque là insoupçonnés. A force de contractions, ses membres tremblaient. Si après cette séance de gymnastique improvisée, elle n'obtenait pas un fessier ferme et tonique, elle ne savait pas ce qu'il faudrait faire de plus. Ça devenait déjà une torture après seulement trente minutes d'attente.

June entendit au loin, un bruit de pas. Leur son se rapprochait, elle poussa donc un soupir de soulagement. Quelqu'un venait dans sa direction ! Espérant que ce ne soit pas une Serpentard avide de se moquer de sa situation malheureuse, June croisa les doigts et attendit avec impatience la nouvelle venue. Et agréable surprise, elle reconnut une élève de sa maison, en 6ème ou 7 ème année. Sans doute, du fait d'être son ainée, en deux temps trois mouvements la plaque de verglas repris sa forme initiale en une belle et grosse flaque d'eau !

Le changement brutal de matière faillit la faire tomber en avant. Elle se rattrappa juste à temps pour reprendre une position naturelle. Elle en profita pour dénouer son dos, en nouant ses mains et les étirant vers le haut. Ouh, ça fait vraiment du bien. Elle aurait des courbatures pendant un jour ou deux, mais c'était un moindre mal. S'avançant vers sa compatriote, elle lui sourit et lui exprima toute sa gratitude !

– Merci beaucoup ! Tu ne peux pas savoir à quel point j'attendais ce moment. Rester là, sans bouger est plus difficile qu'on ne croit. Et dire que tu as réussit à faire un sort, alors que tu étais sur la plaque comme moi. Tu es bien plus débrouillarde que moi. Le sortilège ne m'était pas inconnu, mais impossible d'atteindre ma baguette sans tomber.

Après tout, si la poufsouffle ne s'était pas présentée dans l'heure, sans doute que June aurait pris le risque de tomber, sur les fesses, de se mouiller un peu, mais d'avoir ainsi la possibilité d'attrapper sa baguette et de se sortir de se pétrin. Le dénouement était plus sympa comme ça en tout cas.

– Je suis June, 5 ème année. Enchantée.