J'étais préfète. Moi ! Je n'arrivais toujours pas à me faire à cette idée étrange et j'avais eu besoin de lire et relire la lettre qui me l'annonçait pour avoir un minimum conscience de la situation. Pour être honnête, je me décrivais comme une nana qui n'a pas confiance en elle, pas spécialement canon, pas charismatique ni même qui se remarque facilement ou qui intéresse les mecs. La seule petite qualité qui pouvait motiver la décision des gérants de Poudlard était celle de ma détermination de changer. Comment pouvaient-ils savoir que j'avais la rage de vaincre à ce point et que j'étais bien décidée à ne jamais laisser la faiblesse me gagner à nouveau ? La responsabilité était énorme et je comptais bien essayer d'être à la hauteur. Il ne m'avait manqué qu'une occasion pour me booster à devenir quelqu'un de bien, quelqu'un à qui les gens ont envie de parler et elle m'était donnée sur un plateau d'argent. Ma mère avait presque pleuré en apprenant la nouvelle, m'affirmant qu'elle était contente et fière et Faust était resté assez vague sur la question, mais qui d'autre mieux que lui pouvait avoir confiance en moi et croire en mes capacités. J'étais quelqu'un de gentil, trop peut-être, mais cela jouait en ma faveur dans le sens où j'étais prête à tout faire pour que les autres élèves soient heureux, que les nouveaux de la maison des jaune et noirs se sentent à leur place et j'avais envie, pour une fois, de briller au niveau de mon travail. L'année commençait en fanfare mais je ne m'en plaignais pas, je luttais juste contre mes angoisses.

En ce soir de la deuxième semaine de cours, j'avais pris quelques heures de libertés pour sortir de la salle commune et prendre le chemin d'une salle où je n'imaginais pas avoir un accès un jour. Absolem était en charge de la courte ronde de fin de journée et j'avais donc du temps pour moi, du temps pour me rendre dans la salle de bain qui n'était réservée qu'à de rares personnes au château : les préfets.
Sans certitudes, j'avais emmené mon sac de cours, préalablement vidé, avec moi pour avoir quelques affaires de rechanges. La salle de bain n'était pas une pièce dans laquelle je me rendais pour y flâner, mais bien pour l'utiliser, avec mon droit de préfète (que j'avais encore du mal à réaliser entièrement).
J'entrais donc, à petits pas, et constatais que la salle était immense et que des milliers (j'exagère peut-être) de robinets se trouvaient autour de grands bassins. Je m'exclamais à voix haute : « Tout ça ?! Juste pour nous ?» Ma voix raisonna dans la salle de bain et je me fis presque peur toute seule. J'agitais ma baguette pour allumer des chandelles supplémentaires à celles qui étaient déjà allumées et avançais encore un peu dans la pièce, déposant mon sac dans un coin avant de m'approcher des robinets. D'une main très peu assurée, je tournais l'un d'entre eux et laissais couler un peu d'eau. Elle était bleue ! Incroyable.... Je n'en revenais pas de ce que je voyais et sans plus attendre, je tournais un second robinet en m'exclamant, cette fois : « Non sérieux, c'est un truc de dingue cet endroit ! ». Moi Arabella Churchill, j'aime tellement l'instant que je parle toute seule, sans craindre la présence éventuelle de quelqu'un au sein même de la salle de bain....

Les préfets n’étant pas si nombreux à Poudlard, je ne m’attendais pas vraiment à y trouver quelqu’un, pile au même moment et à la même heure que moi. Le jeune homme manqua de me faire tomber en avant malgré qu’il n’ait visiblement pas eu comme objectif de me foutre la trouille. Penchée vers les robinets, je me redressais en portant ma main à mon cœur et en souriant quand même, légèrement gênée d’avoir peut-être été vue en train de parler toute seule.
Chris. Je me souvenais de son prénom tout simplement car j’avais prêté attention aux autres préfets de Poudlard. Le simple sujet des préfets avait occupé ma tête depuis le début de la rentrée scolaire. Je restais complètement étonnée, surprise d’avoir été choisie et de représenter les Poufsouffles. Qui choisissait cela d’ailleurs ? Je me posais mille et unes question, me demandant pourquoi Noel alors que Knox semblait dire qu’il n’était pas spécialement fait pour être préfet ? Pourquoi Chris ? Quelles étaient ses qualités pour prétendre au titre ? (Bien que je ne doutais pas qu’il en ait) Et surtout…. pourquoi moi ? Le temps allait sûrement m’aider à me faire à l’idée, mais pour l’heure, j’avais pris le parti de profiter de l’un des avantages que nous avions, nous, nouveaux (et anciens) préfets.
N’étant pas à l’aise, mais ne voulant pas laisser un silence s’installer, je pris la parole à la suite du jeune homme que j’avais vite identifié : « Euh… salut, désolée… » OK Churchill, n’as-tu pas mieux à dire que « EUH SALUT et DÉSOLÉE » ?! J’étais incorrigible, complètement incapable de ne pas me sentir bête, mais j’avais promis de faire des efforts. D’abord à Faust, puis aussi à moi ! Arabella Churchill n’est pas que la 5ème année invisible…: « Tu es Chris, c’est ça ? Je suis Arabella mais….t’embête pas, tout le monde m’appelle Bella, c’est souvent plus simple. » Je lui lançais un petit sourire, ne sachant pas quoi faire de mes mains et je croisais donc les bras, restant sur place comme un piquet inutile.

L’eau coulait toujours dans l’immense baignoire qui commençait tranquillement à se remplir d’eau bleue. J’avais envie d’en profiter, mais d’un autre côté, je me voyais très mal le faire alors qu’un garçon, de septième année, traînait dans les parages. Je ne connaissais absolument pas Chris, mais il ne semblait pas plus gêné que cela d’être là. Finalement, je répondis à sa petite question en étant toujours aussi mal à l’aise : « Et concernant ta question…. disons que j’étais là comme simple observatrice, pour commencer. Je ne m’attendais pas à un truc aussi incroyable…tu es déjà venu ? » Je devais être rouge comme jamais. « Chris n’a rien d’un monstre bon sang Arabella secoue toi les puces !!! » pensais-je. Je repris en lui disant : « Je t’en prie…euh… je vais attendre plus loin que tu aies fini… » Que dire d’autre ? Nan nan nan, je ne pouvais pas me laver avec un garçon quand même ? Certes, il ne devait avoir qu’un an de moins que mon frère, donc pas si impressionnant que ça, mais on ne se refait pas. J’avais une peur bleue de ne pas avoir de conversation et qu’il aille raconter à tout le monde que j’étais nulle (et mauvaise préfète, par la même occasion)…

Que dire à un jeune homme que je ne connaissais pas, qui a quelques années de plus que moi ? Je n’en avais pas la moindre idée, mais je voulais quand même profiter de l’occasion pour discuter, ne serait-ce que quelques minutes. Le sujet des préfets était celui que je convoitais, non seulement car j’y pensais beaucoup, du fait de nos responsabilités, et tout ça m’aidait à avoir un peu plus d’importance que d’habitude. Peut-être que les choses allaient enfin changer pour moi et que j’allais m’affirmer. Faust me soutenait pour ça et même si ça n’était pas toujours le cas pour Knoxslay, j’avais mon frère, le plus important, qui croyait en moi, qui savait que ma détermination ne serait pas vaine.
Chris était particulier. Je ne pouvais expliquer cet avis que j’avais à son égard, mais il devait sûrement avoir une personnalité intéressante, inédite, mais il restait malgré tout discret, dans la vie du château. C’était tout à son honneur, ses amis seulement devaient en savoir plus sur lui et il avait (tout comme moi, apparemment….) mérité l’insigne de préfet pour sa dernière année à Poudlard. Une dernière année qu’il n’oublierait jamais, sans aucun doute.
Ce qui était le plus dur avec lui, mais surtout à l’instant présent, c’était son côté peu bavard. Fort heureusement, je rattrapais largement une conversation vide par de nombreux blabla incessants, mais encore fallait-il que je trouve quoi lui dire et que je cesse immédiatement d’être mal à l’aise.
D’ailleurs, il ne se fit pas priver pour aller directement se préparer. Je me demandais si je devais partir en courant et lui dire que je reviendrais plus tard ? La situation était….bizarre. Chris n’était pas mal à l’aise pour un sous, et il était revenu avant même que je ne prenne ma décision en me donnant trois informations : il n’était jamais venu ici, je pouvais me laver…..avec lui ( ?!) et il était gay ! Wahou, tout ça en une seule phrase et d’un air plutôt détaché alors qu’il n’avait qu’une serviette autour de lui.

Bon, il était cash, honnête, pas pour me déplaire ! Je n’avais pas la moindre idée de son orientation sexuelle et franchement, je m’étonnais de l’entendre m’en parler aussi rapidement : « Oh….euh…. bien ! Cette dernière information ne m’empêchera sûrement pas d’être mal à l’aise….je le suis toujours, et pour rien du tout ! » Je soupirais mais lui adressais un petit sourire en m’approchant de nouveau des robinets alors que j’avais fait quelques pas un peu plus loin. M’amuser avec ça était tellement tentant, je n’avais encore jamais vu un stock aussi important de robinets mystère. « Mmh… je me laverai…. plus tard ! Peut-être qu’il serait bien de mettre un peu de mousse, nan ? » J’avais envie de rire désormais. Il fallait que je parle, que je trouve toutes sortes de bêtises pour faire redescendre la tension. Après tout, pourquoi partir alors que j’avais tout autant le droit d’être ici, dans cette magnifique salle de bain. « Il vaudrait mieux tester ça, on ne sait jamais, si ça cache un piège ! » Je lui lançais un nouveau coup d’œil : « Tu as une couleur préférée ? » Oui, la petite Arabella Churchill est sur le point de faire joujou avec les robinets. « Bon, si je t’ennuie, n’hésite pas à le dire, j’aime juste bien cet endroit exclusif aux préfets ; il faut dire que c’est plaisant d’avoir quelque chose que les autres n’ont pas, nan ? »
Je m’apprêtais à lui poser des questions, si je me rendais compte que ma présence ne le gênais pas, bien entendu. A commencer par son ressenti sur son rôle de préfet, sur l’identité de son petit ami et même si tout allait bien dans le partage des tâches au sein du groupe de préfets des Serdaigle.
Pour ma part, j’étais contente d’avoir Absolem comme binôme.

Chris était allé se préparer plus loin tranquillement avant de revenir et de lui dire qu'il n'était lui aussi encore jamais venu, qu'elle pouvait se laver avec lui si elle le voulait et qu'il était gay et déjà en couple. Il n'avait qu'une serviette autour de lui et être avec elle ne le dérangeait nullement de toute façon. La jeune femme lui répondit, de suite:

« Oh….euh…. bien ! Cette dernière information ne m’empêchera sûrement pas d’être mal à l’aise….je le suis toujours, et pour rien du tout ! »

Bien, bon à savoir, même si ça se voyait sur elle. Elle soupira mais adressa un sourire au jeune homme en marchant un peu plus loin. Elle sembla réfléchir un peu avant de dire:

« Mmh… je me laverai…. plus tard ! Peut-être qu’il serait bien de mettre un peu de mousse, nan ? »

Pas de soucis. Ils s'amuseraient bien ici, dans ce lieu réservé qu'à eux. Faire des bêtises et autre, il adorait ça en plus. Il était extraverti et tout et, en plus de chanter et de danser, il adorait faire des tas de bêtises et faire la fête. Il allait répondre mais elle ajouta de suite:

« Il vaudrait mieux tester ça, on ne sait jamais, si ça cache un piège ! »

Le préfet de Serdaigle se mit à rire tandis qu'elle lui lançait un nouveau coup d’œil et qu'elle disait:

« Tu as une couleur préférée ? »

Il répondit:

-Le bleu, le bleu...

Chris devenait aussi enthousiaste que la préfète des Poufsouffle. Mais ça ne le dérangeait pas, c'était même assez naturel chez lui. La jeune femme ajouta encore:

« Bon, si je t’ennuie, n’hésite pas à le dire, j’aime juste bien cet endroit exclusif aux préfets ; il faut dire que c’est plaisant d’avoir quelque chose que les autres n’ont pas, nan ? »

Mais non, elle ne l'ennuyait pas du tout. Il était même heureux d'être en sa compagnie. Il lui sourit et dit:

-Mais non pas de soucis, c'est génial d'être ici, dans ce lieu qui nous est réservés et de pouvoir y faire joujou tranquille.

Il la regarda s'amuser, heureux de faire les effets possibles dans cette salle. Il se promit alors de revenir les tester seuls, sûrement une nuit, après avoir joué avec Mathieu. En attendant, il espérait en apprendre plus sur Arabella et lui en dire plus sur elle. En plus, elle risquait de lui demander avec qui il était en couple et, comme Darren était dans sa maison, elle risquait de le connaître...

Passer un moment en compagnie de Chris, que je ne connaissais pas encore était très compliqué pour moi. Il ne parlait pas beaucoup, ne me posait aucune question et me forçait donc à faire la conversation, chose que j’avais de grosses difficultés à faire quand j’étais mal à l’aise. La seule chose que j’avais trouvée ? Essayer de faire preuve d’humour, plaisanter ou trouver quelque chose qui puisse nous amuser. Le lieu n’était pas un terrain de jeux, mais les possibilités ne manquaient pas, à commencer par les robinets que je n’avais vus nulle par ailleurs. Les grandes baignoires faisaient envie, il fallait l’avouer et j’étais quasiment certaine que j’allais finir par les tester, que Chris soit là ou non. Même si sa vie personnelle ne me concernait pas, j’étais un petit peu plus à l’aise en sachant qu’il préférait les garçons et qu’il n’y avait donc aucune chance pour qu’il ait envie de me reluquer…. Ouais, autant vous dire que je n’avais jamais réussi à être à l’aise avec les garçons alors dans une salle de bain, je vous laisse imaginer les nuances de rouge pouvant passer sur mon visage ! Quand je posais la question de sa couleur préférée, Chris ne tarda pas à me répondre « bleu ». En riant de bon cœur, je lui répondis : « Ah… j’aurais peut-être pu le deviner toute seule ! Tu es fidèle à ta maison jusqu’au bout. Je pense que le fait que nous soyons préfets augmente encore notre ‘patriotisme’ … tu vois ce que je veux dire… »
J’étais tellement fière d’être préfète que j’étais prête à tout pour que ma maison soit la meilleure ; cela était le cas avant, mais encore plus aujourd’hui.

Connaissant la couleur préférée du jeune homme, je tournais l’un des robinets qui laissa s’échapper de l’eau bleue. Je me tournais ensuite vers ce qui permettait de mettre de la mousse et engageais un mouvement vers le jaune mais je me ravisais, disant à Chris : « Hum, du bleu mélangé au jaune, ça fait du vert, on va éviter, hein !!! » Bien entendu, je faisais référence à la maison des Serpentard. Peut-être que Chris n’avait rien contre eux, moi non plus à vrai dire, mais cette maison restait celle avec laquelle j’avais le plus de mal…. Je riais en lui jetant un coup d’œil avant de tourner le robinet de mousse toujours bleu.
Je m’installais ensuite à l’écart, assise en tailleur non loin du grand bassin avant de reprendre la parole : « Tu t’attendais à avoir ce rôle de préfet ? Moi, je dois bien t’avouer que ça a été la surprise… Je me suis même demandée s’ils ne m’avaient pas prise par défaut… tu crois que c’est possible ? » Je faisais tout pour que la conversation continue et pour ne pas laisser un seul instant de silence qui me laisserait quelque peu mal à l’aise. « Ton petit ami aussi, est préfet ?! » Je n’osais pas clairement lui demander qui il était, j’avais donc essayé d’une manière détournée, lui demandant s’il était préfet pour au moins connaître sa maison et peut-être son prénom. Chris ne me connaissait pas et n’avait pas à me raconter sa vie mais je me voyais bien m’entendre avec lui sans aucun problème…

Chris venait de rejoindre la jeune femme mais il avait du mal avec elle. Il ne savait pas trop quoi dire ou demander. Pourtant, ce n'était pas un garçon vraiment timide: il adorait la fête, ses amis,la mode, la musique, le chant, etc. et était plutôt extraverti. En attendant que la jeune fille lui pose des questions, même pour faire joujou ici, il chercha quoi lui demander sur elle. Après tout, il avait déjà de son côté révélé qu'il était gay et qu'il avait déjà un petit-ami.

Finalement, la préfète des Blaireaux demanda sa couleur préférée et il répondit de suite le bleu, fidèle à sa maison. Il adorait sa maison et ne la renierait pour rien au monde. C'était un peu son deuxième chez lui, loin devant chez Darren, chez Angel ou chez d'autres amis. La jeune femme se mit à rire et répondit:

« Ah… j’aurais peut-être pu le deviner toute seule ! Tu es fidèle à ta maison jusqu’au bout. Je pense que le fait que nous soyons préfets augmente encore notre ‘patriotisme’ … tu vois ce que je veux dire… »

Oui c'était sûrement ça et il voyait un peu ce qu'elle voulait dire. Ne voulant pas la laisser sans réponse, il dit:

-Je vois très bien ce que tu veux dire. Et je crois que c'est effectivement ça.

Arabella avait donc tourné un robinet avec de l'eau bleue. Elle se dirigeait désormais vers ce qui permettait de mettre de la mousse et tentait de l'ouvrir. Mais elle se ravisa et dit au jeune gay:

« Hum, du bleu mélangé au jaune, ça fait du vert, on va éviter, hein !!! »

En effet. Non pas que Chris déteste vraiment les Serpentard. Le frère de son amie proche Lily y était par exemple. Mais bon la plupart des gens de cette maison était ceux avec qui il s'entendait le moins bien. Rien que durant la fête foraine meurtrière de l'année dernière il avait été dans un groupe avec presque que des Serpents et il s'était juré qu'on ne l'y reprendrait plus. Il rit et répondit:

-En effet, je pense qu'on peut éviter.

La jeune fille fila ensuite s'asseoir en tailleur non loin du grand bassin avant de reprendre la parole ainsi:

« Tu t’attendais à avoir ce rôle de préfet ? Moi, je dois bien t’avouer que ça a été la surprise… Je me suis même demandée s’ils ne m’avaient pas prise par défaut… tu crois que c’est possible ? »

Il ne s'y attendait pas vraiment mais il avait accepté le rôle sans soucis. Il sourit et répondit:

-Je ne m'y attendais pas vraiment mais ça ne m'a pas vraiment surpris au final. Quand au fait qu'ils t'aient prise par défaut, je ne pense pas, tu dois avoir des qualités cachées ou insoupçonnées, je ne sais pas trop.

Puis elle enchaîna, ne laissant pas de blanc, ainsi:

« Ton petit ami aussi, est préfet ?! »

Non hélas. Chris, toujours debout, fila s'asseoir non loin d'elle et répondit:

-Eh bien non. Mais il est de Poufsouffle. Son nom est Darren Anderson. Peut-être le connais-tu?

Autant être direct, non?

J’avais énormément de mal à me sentir à l’aise avec les gens, à parler sans rougir, à trouver des sujets de conversation et à ne pas me dire qu’ils allaient vouloir fuir plutôt que me parler. Je n’expliquais pas ça, consciente que Faust était bien différent de moi. Il ne semblait pas avoir souffert des mêmes soucis que moi et je me demandais d’où me venait ce trait de caractère aussi difficile à vivre et à accepter. Aujourd’hui, j’avais pris mon courage pour aller dans un lieu qui nous était réservés, à nous préfets. Je n’avais bien sûr pas anticipé le fait que quelqu’un puisse avoir la même idée que moi…. Surtout un jeune homme d’une autre maison, plus vieux, à qui je n’avais encore jamais parlé. D’une certaine façon, j’y voyais un moyen de rencontrer le jeune homme dans un certain contexte et de lui parler avant que nos devoirs de préfets ne nous obligent à échanger. Là, nous le faisions de notre plein gré.
Sauf que malheureusement, rien ne m’aidait à me sentir réellement à l’aise. Le jeune homme était très sympathique, aucun doute possible, mais il ne me parlait pas vraiment, s’efforçant juste de commenter mes paroles. Il était clair que j’avais tout fait pour être à l’aise, tout fait pour que la conversation s’oriente toute seule et pour qu’il me parle de lui mais je sentais qu’il n’en avait pas envie… Pourquoi ? Parce qu’il ne me trouvait pas intéressante. Cela ne serait pas vraiment étonnant, j’en avais l’habitude et je ne me trouvais pas très intéressante moi-même mais tout de même…. Il pouvait au moins faire semblant.

La salle de bain était sympa, j’avais appris sans surprise que Chris aimait le bleu et je m’étais amusée avec les robinets de la salle de bain. Que faire d’autre pour ne pas me sentir complètement bête ? Peut-être m’asseoir au bord de la baignoire puisque je n’étais pas décidée à m’y baigner réellement. La discussion sur nos rôles de préfets était arrivée et peut-être qu’elle allait enfin nous permettre de nous parler…. Peut-être que nous n’étions tout simplement pas faits pour nous parler… chose qui arrivait. Je pensais d’ailleurs à Knoxslay, à ce moment précis, me disant que j’allais lui demander son avis sur Chris, l’un des préfets de sa maison. Knox me dirait sans langue de bois si j’étais responsable de ce moment de malaise ou non….
Chris m’affirma qu’il ne s’attendait pas à être préfet mais qu’il n’avait pas été surpris. Ah bon ? J’avais du mal à comprendre pourquoi et décidais de ne rien demander et de le laisser s’expliquer tout seul si l’envie lui prenait. Il enchaîna sur l’identité de son petit ami qui était dans la même maison que moi. Après 5 années à l’école, j’avais identifié la plupart des visages, sauf les nouveaux qui arrivaient chaque année, évidemment. Darren, un septième année assez discret, à mon goût, je voyais qui il était sans lui avoir jamais parlé.
« Je vois qui est Darren ! Il est plutôt discret, il faut dire. Le fait que vous soyez tous un peu plus âgés fait que nous n’avons jamais eu l’occasion de discuter ni de partager des cours.. » Je haussais les épaules, ne sachant pas bien ce que je pouvais dire sur Darren. Je me relevais alors, prenant la direction de mon sac que j’avais abandonné dans un coin de la pièce : « Bon, je vais sans doute te laisser te laver. A mon avis, nous sommes amenés à nous recroiser souvent....aux réunions de préfets, par exemple. » Je lui lançais un petit clin d'oeil, quand même contente de l'avoir rencontré mais toujours pas certaine de lui avoir fait une super impression. Tant pis...