e ne savais toujours pas quoi penser de la ferme… Peut-être aurais-je pu passer des vacances plus enrichissantes ailleurs, avec des personnes proches, ou alors en compagnie de ma mère ou de Yasha. Je m’en étais rendue compte un peu trop tard et j’étais désormais coincée à la ferme pour un séjour d’une durée d’un mois ! Un mois c’était long, mais mine de rien, le temps avait fini par passer et j’avais trouvé à m’occuper suffisamment pour ne pas penser à la terrible perte que je venais de subir. Asling me manquait plus qu’il n’était possible de l’imaginer, mais j’apprenais encore et toujours à vivre avec. Je n’avais pas le choix. Par chance, je m’étais rendue compte que Nathaniel participait aussi à l’événement et il avait le don (allez savoir d’où il lui venait) de m’aider à me changer les idées sans presque rien faire. Daniela aussi était là et à son égard, j’avais plutôt tendance à me dire que je devais toujours savoir où elle se trouvait (chose impossible) en cas de nouveau drame ou d’attaque. J’étais devenue légèrement parano et l’idée qu’une nouvelle tragédie puisse survenir me trottait dans la tête un peu trop régulièrement. Matt aussi était là, à mon grand plaisir ; il avait été présent, juste après l’événement de Poudlard et n’avait sûrement pas idée des bienfaits de sa présence et de ses mots. Je ne pouvais pas prétendre être seule à la ferme et je tâchais donc de profiter un peu, sans trop me plaindre.
Tout avait néanmoins mal commencé quand je m’étais rendue compte que ma coloc’ de chambrée n’était autre qu’Éléonore. « What ?! On se fout de moi, ou je ne m’y connais pas ! » Avais-je pensé en voyant mon nom juste en dessous de celui de la jeune femme. Franchement, je ne m’étais pas attendue à me retrouver avec elle car malgré l’échange simple et relativement correct que nous avions eu une fois, je ne pouvais m’empêcher de penser que nous n’étions pas spécialement sur la même longueur d’onde. Sans doute « à cause » de Matt, d’ailleurs. La colocation ne se passait pas si mal et j’échangeais peu avec Éléonore, mais je sentais malgré tout que la discussion arriverait, tôt ou tard. Nous partagions, qui plus est, la même activité (les champs) dans laquelle se trouvait également Matt. Je passais très peu de temps dans la chambre, préférant aller me promener et rentrant uniquement à l’heure du couvre-feu, pour aller me coucher. Ce soir là, j’avais vu Éléonore traîner dans la salle commune et c’était donc en toute confiance que j’avais pris le chemin de la chambre juste après avoir récupéré quelque chose à grignoter dans les cuisines. Quand j’arrivais en sifflotant: stupeur ! Éléonore était déjà retournée à la chambre et se tenait sur son lit avec un livre (ou je ne sais quoi encore) à la main. Je me figeais, craignant qu’il ne s’agisse de mon journal dans lequel j’écrivais des millions de choses sur Asling, mais après un moment de panique, je soufflais un bon coup et essayais de rester naturelle en lui disant : « Oh ! Tu m’as fait peur, je pensais être toute seule. » Je me raclais la gorge, consciente de me trouver face à elle pour la première fois véritable, sans excuse valable comme être pressée par le temps ou être attendue ailleurs. « Comment ça va ? t'as l'air angoissée. » Je me mis à rire, c'était de l'humour bien sûr. La jeune femme n'avait sûrement pas manqué de voir mon petit coup de stresse passé et j'en jouais donc pour faire preuve d'autodérision. Je m'approchais de ma garde-robe et fouillais dedans sans trop savoir ce que je cherchais« Tu vas vraiment passer ta soirée à lire, alors qu'il fait beau et chaud ?! »
Cette dernière année à Poudlard avait amené son lot de drames. Quatres élèves étaient morts, dont trois dans le même événement. Sky, cette vipère de Serpentard qui avait osé séduire Cly, mon petit copain de l'époque, était décédée lors d'un entraînement de Quidditch. Plusieurs rumeurs visaient Alexanne, une amie à Gryffondor, qui l'aurait fait tombé de son balai. J'avais beaucoup de difficulté, pour ma part, à croire à cette version. Tout du moins j'étais certaine qu'Alexanne n'aurait jamais voulu tuer qui que ce soit, mais je ne trouvais pas particulièrement intelligent de lui avoir jeté un sort alors que la verte et argent volait à une telle hauteur. La mort de Sky, la première à survenir d'une façon, disons, aussi proche de moi, m'avait ouvert un peu les yeux sur la soudaineté de la mort et le caractère très incertain de la vie. Je n'étais pas proche d'elle, même loin de ça, je la détestait. Mais de la savoir morte, de savoir qu'elle n'existait plus, c'était un concept que j'avais de la misère à assimiler. Puis était survenue la mort de trois autres personnes, dont une amie: Marlow, Sunny et Asling. En ce qui concernait Asling et Sunny, je n'y pensais pas souvent, étant donné que leur décès étaient arrivés en même temps que celui d'une personne chère. Avec la mort de Marlow s'accompagnait un sentiment de gâchis et de regret. Marlow et moi étions de bonnes amies, mais nous nous étions un peu distancées suite à un froid qui s'était créé entre nous lorsque j'avais voulu l'aider à s'améliorer en magie. N'empêche que nos rapports étaient restés courtois et gentil, amical un peu, mais rien d'aussi solide qu'avant. Alors que le décès de Sky m'avait semblé abstrait, celui de Marlow frappait de plein fouet ma réalité. Plus jamais on ne partagerait le même dortoir. Plus jamais je n'entendrais sa voix, son rire, verrait son sourire. Tous les soirs, son lit resterait désespérément vide. Et pas que le sien: celui de Téia et Siobhan aussi. Siobhan avait décidé de ne plus revenir suite au décès de Marlow et je ne pouvais que la comprendre et la supporter dans sa démarche de retrouver le sourire en Afrique. Téia, et bien... peut-être les années me la ramènerait, qu'elle finirait pas guérir complètement un jour. Si on peut guérir de ça.
Bref, malgré les décès, j'avais également connu mon lot de tristesse à la fin de l'année. Tout le monde partait, je me retrouverais seule avec Ceyan l'année prochaine. Matthew m'avait quitté, et moi qui l'aimait toujours avait beaucoup de difficulté à garder une certaine distance. Plus que tout, son habituel sourire envers moi me faisait de la peine, comme si notre séparation ne l'affectait en rien. En fait, je savais que ça ne l'affectait pas, et la vérité revenait me frapper encore et encore: il ne m'aimait pas. Malgré mes efforts pour me remettre de cette séparation, certains coups bas du destin continuait à me faire grincer des dents: le fait qu'on soit tous les deux aux champs, le fait que je partageais la même chambre que Chloé, cette fille pour qui, je le savais, il en pinçait. En fait, j'étais quasiment certaine, ignorant tout de la douleur que Chloé pouvait éprouver face à la mort d'Asling, qu'elle et Matt avait déjà trouver un moment cet été, à l'abri des regards, pour faire ce qu'ils font de mieux. Et à chaque fois que Chloé et moi nous trouvions toutes les deux dans la chambre (ce qui était assez rare), je ne pouvais m'empêcher de me demander si elle portait l'odeur de Matt à ce moment-là, ce qui était tout sauf sain pour me remettre de ma séparation.
Nous n'avions pas nécessairement eu la chance de discuter, et ça me plaisait ainsi, n'ayant pas nécessairement envie de lui parler. Je voulais juste échapper à tout cela, passer à autre chose, arrêter de souffrir, et n'avait aucune envie de parler avec une rivale - bahh oui, que voulez-vous, j'étais incapable de la voir autrement en ce moment. Ce soir-là, j'étais comme d'habitude sur mon lit, en train de lire un roman moldu parlant d'aventures, lorsque la porte s'ouvrit et qu'apparut Chloé. Je la vis se figer de stupeur en me voyant, me faisant arquer un sourcil interrogateur, avant de la voir souffler un coup. « Oh ! Tu m'as fait peur, je pensais être toute seule ». Je ne savais pas trop quoi répondre à cela: ma présence était-elle si dérangeante? Je m'étais pourtant efforcée de me faire le plus discrète possible lorsqu'elle était là, consciente que si sa présence me rendait mal à l'aise, le contraire était tout aussi vrai. « Hmm. » fus tout ce que je trouvai à répondre, reportant mon regard sur mon livre, donnant l'impression d'être particulièrement indifférente, comme si c'était un événement banal. « Comment ça va? T'as l'air angoissée. » Je relevai les yeux vers elle, fronçant cette fois les sourcils, me demandant où elle pouvait bien aller chercher ça (moi et le sarcasme, ça fait deux!). Après tout, je ne pouvais pas avoir l'air plus détendue que je l'étais en ce moment. Je m'en allais répondre un « Ahh? » tout aussi utile que le « Hmm. » précédent lorsqu'elle se mit à rire, alors que je continuais de la regarder avec des points d'interrogation dans les yeux. Cette fille avait l'air un peu dérangée, ou bien je venais de manquer une bonne blague.
« Tu vas vraiment passer ta soirée à lire, alors qu'il fait beau et chaud? » Je déposai mon livre de côté, me rendant compte que Chloé, pour la première fois de l'été, essayait de faire la conversation. Autant essayer de ne pas trop être désagréable. D'un autre côté, j'avais cette très forte envie d'être spontanée, sans censure, de ne pas réfléchir et de lui demander la question qui me démangeait. Mais je regretterais sûrement ce coup de tête plus tard. « Boff... je pense que j'ai eu mon quotas de Soleil pour l'été! J'avais juste envie d'un lit confortable pour lire. » Mini pause. « Toi, tu as des plans ce soir? » Aucune arrière pensée. Quoique...
Spoiler:
Excuse-moi pour le délai, j'étais en vacances! Désolée pour le mini-roman (parce que pour moi c'en est un xD), je m'attendais pas à être autant inspirée mais les mots sortaient tout seuls!
’étais loin d’être le genre de nana à me sentir mal à l’aise ou un peu gênée mais pour le coup, il fallait dire que je ne pouvais pas y faire grand-chose. D’autant plus qu’Éléonore était tout sauf réceptive à ma tentative pour essayer d’être sympa et de lui parler comme le feraient deux personnes qui partagent une chambre. Nan franchement, je me sentais aussi seule que je l’avais été dans la salle commune des Serdaigle. Cela ne me déplaisait pas, j’y étais habituée mais là, pour la toute première fois, j’avais tenté de lancer la conversation et d’être un peu sympa. Comment réagir face une personne qui, je le savais très bien, avec des idées fausses à mon sujet ? Enfin…. fausse en partie. Ce qui était purement vrai, c’était que je n’y étais pour rien dans la rupture et j’étais même très fière que personne ne puisse me reprocher d’être briseuse de couple. Nan, j’avais géré et résisté au beau Matt. Éléonore n’en parlait pas et nos seuls échanges s’étaient arrêtés à la fête à Pré-au-Lard mais je n’étais pas bête et je sentais bien que l’ambiance avait du mal à être totalement naturelle. Je fis mine de continuer à chercher des vêtements, pour m’occuper les mains et aussi pour éviter ce regard qui me laissait presque croire que j’étais une attardée. « Bon et puis de toute façon, il faut de tout pour faire un monde, même des cinglés » pensais-je en souriant toute seule, dans mon petit coin garde-robe. La réponse à ma petite question ne tarda pas à arriver. J’avais cru, l’espace d’un instant, qu’elle ne prendrait même pas la peine d’y répondre, mais elle semblait quand même polie… Grand bien lui fasse. Je haussais les épaules quand elle m’expliqua qu’elle n’avait plus besoin de soleil et qu’elle voulait lire mais sa dernière question me fit hausser les sourcils. Mmh. Je me retournais pour la regarder, décidée à affronter son regard. Peut-être étais-je complètement parano mais je voyais des sous-entendus assez facilement dans ses paroles. Pour toute réponse, je lâchais : « Ouais… je vais me promener près du lac. Y’a que ça à faire, c’est mieux que rien. Peut-être que je finirais avec la même activité que toi… » Ce qui était parfaitement vrai. Je ne trouvais pas d’occupations formidables ici, à la ferme, mais l’espace était suffisant pour me permettre de nourrir ma soif de liberté. En temps normal, j’aurais sûrement répondu une abominable bêtise un peu grivoise, mais avec Éléonore, c’était plus difficile qu’avec les autres, bizarrement.
Je me dirigeais vers la porte, ma veste à la main, prête à la saluer et la laisser à son bouquin mais je m’arrêtais à la dernière minute, dans l’encadrement de la porte. Je ne savais pas quelle force venait de m’habiter, mais j’étais décidée à lui parler. Il était bien trop facile de parler de la pluie et du beau temps. Elle n’avait aucune raison de me haïr, pareil pour moi… Je restais de dos et tournais simplement la tête de côté pour qu’elle puisse entendre ce que j’avais à dire : « Je ne sais pas pourquoi ils nous ont mis ensemble… Le hasard sûrement. Mais sur le coup j’ai plutôt cru à un complot. Tu sais de quoi je veux parler. » J’étais au courant de la rupture et elle le savait. Je me retournais, restant un peu bêtement sur place, mais toujours aussi décidée à parler, et ce même si je récoltais de simples « hmm » ou des « ok ». « Je ne t’ai pas menti quand on s’est parlé à la fête. Je ne t’ai juste pas raconté ce qu’il s’était passé….avant… » J’étais incapable de mentionner le nom de Matt et ce que je racontais pouvait sembler tellement vague et incompréhensible, mais Élé devait se souvenir de ce que nous nous étions dit. Je n’avais rien raconté sur la petite histoire que j’avais eue avec Matt et j’étais toujours d’accord pour dire qu’il était inutile qu’elle soit au courant de quelque chose de passé. « C’était … heum... fini ! » Je haussais les épaules et roulais les yeux, tentant un petit sourire que je voulais le plus naturel possible. « Je voulais te le dire, je n’ai pas l’habitude d’être malhonnête. Bon après c’est sûr que… » Je m’arrêtais en pleine phrase, clairement mal à l’aise dans la conversation que JE venais d’entamer et à laquelle elle n’allait peut-être pas participer. Je parcourais les quelques pas qui me séparaient de mon lit et me laissais tomber dedans, sur le ventre en enfouissant la tête dans l’oreiller pendant quelques secondes. Je la relevais enfin pour dire : « Non enfin laisse tomber. Ne me dis juste pas qu’il n’y a pas de malaise dans cette chambre. Il y en a un, nous sommes d’accord ? » Je posais mon regard sur elle, espérant voir sa réaction et éventuellement une petite réponse.
WILDBIRD
Spoiler:
Vaut mieux ça que le manque d'inspi T'excuse pas pour le roman, j'adooore justement ahah xD
La situation était assez bizarre et inattendue. Je m'attendais, comme quasiment tous les soirs, à m'endormir seule dans la chambre en finissant un chapitre d'un roman moldu. C'était un peu ma routine de l'été, j'étais aux champs le matin, en essayant de rester le plus loin possible de Matt' et Chloé, puis je traînais dans les environs, écrivait à Ceyan, à Taylor, à Siobhan, à mes parents (qui ne s'habituaient décidément pas à recevoir un hibou, étant des moldus). Je me sentais très seule, mais me faisait de nouveaux amis, ou plutôt de nouveaux contacts. La tentation était très forte d'essayer de suivre subtilement Matthew, ou même Chloé, mais alors je me trouvais folle moi-même. J'étais quand même pas dépendante de lui à ce point, j'allais me remettre de cette foutue rupture comme je m'étais remise de celle avec Clydwyn. Il suffisait de laisser le temps agir. Et puis, Matt' n'étant plus en permanence dans mon champ de vision en septembre, ça serait beaucoup plus facile à ce moment-là de tourner la page, non?
Mais voilà que le destin semblait décidé à me jouer un tour: Chloé était rentrée plus tôt que d'habitude dans la chambre et avait semblé totalement surprise de m'y trouver. Le malaise était palpable. Tellement que je pouvais presque entendre le silence qui se faisait très lourd entre chaque parole prononcée. Je ne pouvais pas en vouloir à Chloé, d'être belle et tout. D'autant plus que je savais pertinemment que Matthew ne m'avais pas trompé. Non que j'avais une confiance aveugle en lui, plutôt que s'il m'avait trompé, il n'aurait pas pris la peine de me laisser pour pouvoir s'amuser en toute tranquillité. Non, il serait resté avec moi et aurait continué à faire des galipettes en cachette avec d'autres.
L'aiglonne essayait de toute évidence de faire un semblant de conversation pour meubler le silence. J'essayais d'être polie, d'être agréable à la limite, je ne voulais pas que notre relation s'envenime d'avantage, même que j'aimais bien cette neutralité qui s'était installée, ce non-dit de rester respectueuse l'une envers l'autre sans plus. Voilà que j'avais demandé ce qu'elle faisait de sa soirée, une question habituelle et routinière sur le coup mais qui, une fois franchie de mes lèvres, avait pris un tout autre sens: peut-être allait-elle croire que je voulais essayer de savoir si elle allait passer sa soirée avec Matt? Et moi, est-ce que je voulais le savoir? Ma question la fit se retourner vers moi et je compris en voyant son regard qu'elle avait compris le sous-entendu non-voulu de ma question. Je soutenu son regard également: hors de question de baisser les yeux alors que j'avais absolument rien à me reprocher. « Ouais… je vais me promener près du lac. Y’a que ça à faire, c’est mieux que rien. Peut-être que je finirais avec la même activité que toi… » Se promener près du lac. « Ah, ok ». Encore une fois, l'inspiration me venait aussi facilement qu'un hippogriffe se faisait approcher. Je toussai un peu, passai une main dans mes cheveux, cependant qu'elle aussi semblait chercher une nouvelle occupation à faire. Sa veste à la main, elle sembla penser que la tentative de me parler était vaine et se dirigea vers la porte, alors je lâchai un vague « Salut » et reprit mon livre entre mes mains. Du coin de l'oeil, je la vis s'arrêter au cadre de la porte.
« Je ne sais pas pourquoi ils nous ont mis ensemble… Le hasard sûrement. Mais sur le coup j’ai plutôt cru à un complot. Tu sais de quoi je veux parler. » Elle faisait toujours face à la sortie, la tête légèrement de côté, aussi ne vit-elle pas ma face de totale stupéfaction. Euh... quoi? J'étais totalement déboussolée par sa soudaine envie de faire la conversation sur CE sujet en particulier. Aucunement préparée à répondre à cela. Bon, allez Élé, reprends-toi. « Euh... Bien... J'ai été surprise moi aussi qu'on se retrouve dans la même chambre. J'veux dire... Je ne te connais pas bien, mais euh... » Je ne savais pas trop comment enchaîné, comment lui dire que ça me faisait mal à chaque fois que je la voyais parce que je savais qu'elle obtenait ce qui m'était devenu inaccessible.
Elle se retourna, probablement encouragée par le fait que je lui réponde, et continua: « Je ne t’ai pas menti quand on s’est parlé à la fête. Je ne t’ai juste pas raconté ce qu’il s’était passé….avant… ». Mon air se transforma aussitôt les paroles dites. De quoi parlait-elle? J'étais aucunement au courant qu'il s'était passé de quoi entre eux avant? Je savais juste qu'ils se connaissaient. Matthew m'avait donc caché ça? Le coup s'enfonça dans mon coeur, alors que je commençais à transpirer, envahie par la tristesse et la colère. Cette fois, j'avais baissé les yeux, ne voulant absolument pas pleurer, voulant seulement être seule. « C'était.... heum... fini! » Je l'espère bien, ciboire! Je n'arrivais pas à croire qu'il m'ait caché ça. Qu'il ne m'ait pas dit qu'il avait déjà couché avec elle. Donc il y avait déjà eu une histoire entre les deux. « Je voulais te le dire, je n’ai pas l’habitude d’être malhonnête. Bon après c’est sûr que… » Ce fut les mots de trop. « Non. Écoute, je ne veux plus rien entendre. Tu n'avais pas du tout l'intention de me l'dire, ni toi, ni Matt. D'ailleurs, ça l'aurait été à lui à me le dire, et non à toi. » Je soupirai fortement. « Écoute Chloé, il est libre aujourd'hui, alors tant qu'à être honnête jusqu'au bout... » Je m'arrêtai là. Et puis quoi encore, lui dire « Va donc coucher avec lui ce soir, il attends que ça! » ? Non, c'était juste... non.
Je l'entendis se laisser tomber sur son lit et relevai la tête vers sa direction. « Non enfin laisse tomber. Ne me dis juste pas qu’il n’y a pas de malaise dans cette chambre. Il y en a un, nous sommes d’accord ? » Cette dernière phrase me fit sourire: peut-être parce que c'était la première phrase cohérente qui se disait ce soir dans cette pièce, et la plus véridique. « On est d'accord, oui. » Elle avait fait les premiers pas vers une conversation, c'était à mon tour d'être honnête: « Excuse-moi de pogner les nerfs, c'est juste que... Je l'aime encore et que c'est pas facile de vous voir tous les deux ensemble, tous les jours, et de savoir que vous avez probablement... Tu sais. Pi je peux pas t'en vouloir, t'sé. Ça serait pas toi que ça serait une autre, faut dire qu'il est beau et qu'il a le tour pour... Tu sais. » En fait, probablement qu'il n'y avait pas juste eu Chloé durant l'été, le connaissant, il avait dû rattraper le temps perdu avec pleins de nanas: c'est pas les coins sombres qui manquaient.
Spoiler:
Arrgg, j'm'excuuuuse!! >< Je sais pas ce qui me prends d'écrire autant
’avais lancé la discussion sans savoir où tout cela allait nous mener mais au moins, Éléonore allait pouvoir me dire ce qu’elle pensait et inversement. Il fallait être complètement idiot pour ne pas remarquer que nous n’étions pas vraiment sur la même longueur d’onde et pourtant, nous devions cohabiter pour un mois entier. Même si c’était idiot, la première chose qui me venait malheureusement à l’esprit lorsque je croisais la route d’Élé était : Matthew Riddell. Un comble sachant que je croisais la jeune femme matin, soir et même en plein cœur de mes activités de la journée. J’étais consciente que les choses ne devaient pas être simples pour elle et que je n’étais pas la personne à qui elle allait en parler, mais j’étais bien obligée de la voir et de lui servir un minimum de politesse tous les jours. Ok, j’avais connu un peu plus loquace mais l’un dans l’autre j’étais largement capable de faire la conversation à moi toute seule. J’étais un moulin à parole et ce, quelle que soit la situation. La jeune femme était différente et plutôt renfermée lorsque j’étais dans la chambre. Je n’oubliais pas non plus que sa relation avec Asling n’avait jamais été au top, ce qui m’avait laissé espérer qu’elle ne se mette pas à le dénigrer devant moi au risque de me mettre vraiment en colère. Éléonore restait discrète, tant sur le sujet de mon meilleur ami disparu que sur celui de Matt.
J’avais été prête à partir de la chambre, sentant que je n’avais rien à y faire et qu’elle ne ferait rien pour me parler… Mais un élan soudain m’avait arrêté et je voulais que la situation soit un peu moins délicate et que l’ambiance change. C’était quitte ou double : nous pouvions soit envenimer très facilement la situation ou arranger les choses, mais il fallait bien lancer la discussion plutôt que de rester sur des non-dits. Mes premières paroles n’eurent pas un effet extraordinaire car Élé me confirma qu’elle ne comprenait pas pourquoi nous étions dans la même chambre. Par la suite, j’avais tenté le plus subtilement possible d’aborder le sujet délicat. Sans surprise, je fus interrompue brusquement par la jeune femme mais les paroles étaient encore plus surprenantes que sa réaction. Je n’étais pas énervée ni sur la défensive et je lui répondis, à mi-voix, d’un air qui se voulait un peu d’excuse : « Je croyais que tu le savais… » Je portais mon regard sur l’oreiller que je tournais désormais entre mes doigts. ‘Pas d’énervement Chloé, une discussion calme sera très bien’. « Franchement, je croyais que tu savais ça et de toute façon quelle importance puisque ça a eu lieu avant que vous ne soyez ensemble ? Tu me regardes de travers, ne le nie pas, mais j’ai toujours tout fait pour réprimer… » Nan, décidément, la confidence ce n’est pas pour moi ! J’étais incapable de finir ma phrase et j’enchaînais avec autre chose : « C’est agaçant d’être dans cette situation. On doit être ensemble ici jusqu’à la fin du séjour. On va s’ignorer ou parler des bouquins et du beau temps à chaque fois ? » Malgré ma volonté, je me voyais bien m’énerver quand même parce qu’elle n’était pas spécialement réceptive et simplement centrée sur son malheur et sa tristesse. Mais bon sang, moi aussi j’étais triste… pas pour les mêmes raisons, pas pour la même personne, pas pour le même contexte mais triste quand même. Etre patiente ne faisait donc pas partie de mes caractéristiques, ces derniers temps et sentir ce malaise ne m’aidait pas vraiment…
Éléonore prit une nouvelle fois la parole, je croisais les bras, l’écoutant sans broncher, mais quelques remarques me secouèrent les nerfs immédiatement. Je levais les yeux au ciel, totalement agacée par sa phrase ‘Ça serait pas toi que ça serait une autre’. Quel tact elle avait ! En étant une fille, tout comme moi, elle devait sûrement savoir que ce genre de remarque était horriblement vexante… mais non, elle arrivait quand même à me la mettre en pleine face mais soit, j’étais bien au dessus de ça et je ne relevais même pas à haute voix bien que quand même vexée comme un pou d’avoir entendu ça. Je l’avais laissé finir et je décidais de réagir sur autre chose, aussitôt qu’elle eut fini : « Savoir que vous avez probablement quoi ?! Rien du tout. Je ne fais pas tout ce que je semble avoir l’air de faire. Tu crois qu’on s’échappe dans les champs pour faire…je ne sais quoi ? Peut-être que c’est ce qu’il fait, j’en sais rien… mais moi, je ne fais rien du tout. Désolée de te dire que tu n’es sûrement pas la seule nana à avoir du mal avec la… euh..la polygamie ? » J’avais presque envie de rire à ce que je venais de dire mais je gardais ça pour moi. Et puis d’ailleurs POURQUOI est-ce que je venais de dire ça ?! Roxen il va falloir se secouer les puces et arrêter les conneries. Depuis quand je me préoccupe de ce genre de question ? Peut-être depuis l’horrible phrase ‘Ça serait pas toi que ça serait une autre’ sortie de la bouche d’Élé ? Qui sait !
Je soupirais avant de dire, finalement : « Bon écoute, j’ai toujours trouvé que tu avais de la chance qu’il t’ait choisie. Tu veux me reprocher des choses ? Fais-le ! Mais tu ne peux pas me reprocher des actes… » Je haussais les épaules, fermant la bouche pour voir si elle allait me répondre de nouveau. J'avais encore espoir que notre échange ne se termine pas en engueulade...
L'ambiance tournait au vinaigre. Alors qu'au départ, toutes les deux avions fait un effort pour rester polie, voilà qu'on commençait à s'obstiner. Il faut dire que j'étais pas non plus la meilleure en matière de diplomatie, que j'avais l'habitude d'être assez franche et directe et que je pouvais facilement me laisser contrôler par mes émotions. Surtout lorsqu'elles sont retenues depuis longtemps, et dans le cas de Chloé, ça faisait un méchant bout que je ne disais rien, que je gardais mes distances, que je me retenais de lui demander de façon crue si elle avait couché avec Matt. Il y avait aussi probablement le fait qu'une partie de moi ne souhaitait absolument pas savoir, alors que l'autre partie brûlait de curiosité malsaine. Je savais pourtant que ce n'était vraiment pas bien pour moi, pour ma guérison, de me mettre à me demander ce genre de questions.
Il y avait aussi le fait que je connaissais peu Chloé et que j'aurais eu l'air de la pire des disjonctées si je me mettais à me demander à une inconnue si elle avait baisé un tel. Pourtant, si Matt l'appréciait autant, ce n'était sûrement pas juste parce qu'elle était très belle. Non, je connaissais assez mon ancien amoureux pour savoir que l'Aiglonne devait avoir certaines qualités, comme la joie contagieuse ou l'impulsivité, pour l'apprécier autant. D'ailleurs, j'ignorais tout du lien étroit qu'avait Chloé avec Asling, autrement j'aurais pu avoir, disons, un peu plus de considération envers elle, moins de frustration en tous les cas. Pour moi, dans ma tête de jeune fille en peine d'amour, Chloé représentait seulement l'incarnation même du désir pour Matthew, la tentation ultime, celle qui rappelait à Matthew tout ce qu'il avait à gagner en me laissant.
Bref, toutes ces raisons, ces états d'âmes confus, avaient fait en sorte que je lui avais répondu un peu brusquement. « Je croyais que tu le savais… » fut sa réponse. Je soupirai en essayant de me calmer: je ne pouvais quand même pas lui reprocher de ne pas avoir su que je ne savais pas. D'ailleurs, je pouvais difficilement lui reprocher quoique ce soit, ce qui paradoxalement faisait en sorte que je lui en voulais encore plus, inexplicablement. « Franchement, je croyais que tu savais ça et de toute façon quelle importance puisque ça a eu lieu avant que vous ne soyez ensemble ? » C'était à mon tour de tripoter nerveusement mon livre entre mes mains. D'admettre moi-même que j'étais un peu dans le tort, c'était OK, mais de l'entendre me faire un peu la moral, ça m'énervait royalement. « Tu me regardes de travers, ne le nie pas, mais j’ai toujours tout fait pour réprimer… » ....Oui? Pour réprimer... ? Je savais parfaitement quelle était la fin de la phrase. Et si vraiment elle l'avait retenu, son désir, alors je lui en étais reconnaissante. « C’est agaçant d’être dans cette situation. On doit être ensemble ici jusqu’à la fin du séjour. On va s’ignorer ou parler des bouquins et du beau temps à chaque fois ? » Je croisai mes bras, mal à l'aise, boudant un peu, comme à chaque fois que j'avais l'impression qu'on me parlait comme à un enfant. « J'en sais rien... Peut-être que c'est mieux si on s'ignore. Désolée, l'hypocrisie, c'est pas dans mes cordes et je suis bien incapable de faire assemblant que tout va bien alors que tu reluques mon ex. Et oui, je sais que c'est mon ex, mais dans mon cœur, il est toujours d'actualité, alors j'y peux rien si je me sens comme ça. »
Diplomatie: zéro. Pourtant, j'essayais normalement de faire attention quand je prenais la parole, de pas sortir des trucs blessants, mais quand les émotions se mettent de la partie, ça sort un peu n'importe comment et le filtre « censure » se désactive. Comme maintenant, lorsque je venais de lui dire que ça pourrait bien être elle ou un autre. Ouin, pas fort fort, mais c'était pourtant la vérité et Chloé devait bien s'en rendre compte, elle aussi. « Savoir que vous avez probablement quoi ?! Rien du tout. Je ne fais pas tout ce que je semble avoir l’air de faire. Tu crois qu’on s’échappe dans les champs pour faire…je ne sais quoi ? Peut-être que c’est ce qu’il fait, j’en sais rien… mais moi, je ne fais rien du tout. Désolée de te dire que tu n’es sûrement pas la seule nana à avoir du mal avec la… euh..la polygamie ? » Sa dernière remarque me laissa perplexe: ah ouin? Chloé, aucun mal avec la polygamie? Et même si j'essayais de ne pas trop le laisser paraître, elle venait de me confirmer qu'il ne s'était encore rien passé entre eux, ce qui me rassura. Au moins Matthew n'était pas accouru dès sa liberté retrouvée pour faire des galipettes avec elle. Je boudai encore un peu, mais la culpabilité faisant de plus en plus sa place en moi, et un peu de meilleure humeur suite à cette révélation, je décidai de m'excuser: « Pardon, je pensais que... M'enfin... Tu connais Matthew! Tu sais comment il est, avec les filles belles, et même si j'ignorais qu'il s'était passé de quoi entre vous avant, je savais qu'il n'était pas indifférent à toi. Et la façon dont vous interagissiez... Enfin, j'avais pensé que vous auriez... En tout cas, c'est pas de mes affaires. Et... tantôt, quand j'ai dit... toi ou une autre... j'ai bien vu que t'as pas aimé ça, alors je m'excuse, je voulais pas t'insulter, mais encore une fois, tu sais comment il est... Maintenant qu'il est à nouveau célibataire, il va rattraper le temps perdu avec les belles filles qui ne sont pas indifférentes à son charme. »
Diplomatie: 0,5 ? Arrgg, c'était compliqué d'expliquer correctement sa pensée! Qu'elle aime cela ou non, Matthew relevait les jupes de toutes les belles filles qui lui disaient pas non. « Bon écoute, j’ai toujours trouvé que tu avais de la chance qu’il t’ait choisie. Tu veux me reprocher des choses ? Fais-le ! Mais tu ne peux pas me reprocher des actes… » Une lueur d'étonnement passa entre mes yeux. Vraiment? Elle avait été un peu... jalouse... de moi? Soudainement, la forme que prenait Chloé prenait un autre aspect dans ma tête. Avant que j'aie pu réfléchir, les mots sortis de ma bouche: « L'aimes-tu? »
inalement, j’avais bien fait de ne pas sortir de la chambre en laissant planer le malaise. Tant pis si nous nous disputions, tant pis si Éléonore me détestait mais j’avais le sentiment d’avoir pris la bonne décision en engageant cette conversation. J’étais consciente que la situation ne devait pas être facile pour elle, qu’elle ne me regardait pas forcément mais je ne voulais pas non plus que la jeune femme ait de fausses idées. De même, j’étais déjà lasse de ses regards et de l’ambiance depuis le début des vacances à la ferme (si ‘vacances’ et ‘ferme’ ne sont pas totalement incompatibles). Matt n’aurais sûrement pas apprécié la conversation et pouvait légitimement penser que je n’avais rien à voir dans cette histoire. Et c’était juste mais, premièrement : je ne poserai aucune question à Éléonore, je voulais éclaircir un peu les choses entre nous deux; et deuxièmement : il n'était pas là.
Je m’étais attendue à ce qu’elle s’énerve d’autant plus en m’entendant dire que je ne savais pas qu’elle ignorait la petite histoire. Ou même qu’elle me réponde en hurlant que ça avait bien de l’importance et qu’elle avait mérité de la savoir, mais elle avait gardé le silence. Finalement, nous allions peut-être parvenir à avoir une discussion d’adulte et à la stopper en étant en bon terme (en terme cordial, c’était déjà pas mal). Après ça, chacun prendrait son chemin, moi vers l’Université et elle en dernière année d’études à Poudlard. Matt resterait proche de moi, j’en étais sûre, je comptais essayer de faire en sorte que ça ce passe; c’était ce que je voulais. Pour Éléonore, je n'en avais aucune idée. Je l’imitais en croisant les bras ; non pour le fait de l’imiter mais parce que je voyais là la seule position confortable qui m’occuperait les mains dont je ne savais pas quoi faire. « Mieux que l’hypocrisie, il y a l’honnêteté et la vérité ! Discuter…si tu préfères. Pardon pour ce que je vais dire mais j’ai toujours reluqué ton ex, je suppose que ça ne changera pas… Quant à ta…. heum…ta peine, je suis un peu mal placée pour trouver les mots justes. Si je devais le faire, je te dirais sûrement que des mecs, il y en a plein mais évidemment, ce n’est pas ce que tu mérites d’entendre dans le cas présent. » Je haussais les épaules. J’étais déjà bien trop dans le sentimental à mon goût mais au moins, les non-dits étaient en train de sortir. J’étais vraiment très différente d’Élé, j’avais du mal à comprendre le type d’attachement qu’elle avait envers lui et surtout, je ne voulais pas le comprendre réellement.
Je m’étais ensuite défendue du mieux que je pouvais. Elle m’avait prise pour une garce, celle qui saute sur tout ce qui bouge mais n’avait pas cherché à savoir si c’était réellement le cas. J’aimais m’amuser, je refusais catégoriquement de m’attacher à quiconque mais je ne voulais pas le malheur ni les situations embarrassantes. La mort d’Asling avait eu une influence là-dessus, malgré moi, et j’avais presque l’impression de ne pas être aussi extravertie et prête à tout qu’avant. La gifle que j’avais reçue m’avait remis un peu les pieds sur terre même si je ne voulais pas changer. Il me fallait du temps pour revenir à la normale, pour m’amuser sans culpabiliser. C’est avec une immense surprise que j’entendis les excuses de la jeune femme. Il n’y avait pas de quoi s’excuser, j’étais habituée à ce genre d’idées et en plus, je les assumais parfaitement, en règle générale. Au fond de moi, je savais qu’Éléonore était une fille avec qui je pouvais m’entendre mais les circonstances avaient déterminées les choses. Le plus calmement possible, je lui répondis à mon tour : « Tu ne t’es pas dit que j’aurais pu refuser ? Je suis une fille Élé. Garce, sans-gêne, un peu aguicheuse, légèrement cinglée et tout ce que tu veux, mais une fille quand même. L’idée de sauter sur un mec qui vient de se séparer de quelqu’un te plaît toi ? » Je l’interrogeais du regard mais je répondis à cette questions que je jugeais rhétorique : « Non… moi non plus… ». Je pensais ensuite ‘Par Merlin, qu’elle oublie ce que je dis avant demain matin ou que quelqu’un lui lance un sort d’amnésie !’ La jeune femme avait continué à me parler. Je roulais les yeux de la même manière que la fois précédente quand elle évoqua la phrase vexante qu’elle avait prononcée un peu plus tôt. J’acceptais les excuses, mais je n’oubliais pas cette phrase, ayant l’impression d’être ‘une insignifiante chose parmi tant d’autres’ et je détestais cela. Nan, j’étais unique et il n’était pas question de me mettre dans le même panier que des centaines d’autres nanas, pour n’importe quelle raison. Je décidais de lui dire : « C’est bon c’est rien… je vois ce que tu as voulu dire. J’ai un peu de mal avec l’idée, c’est tout. Je suppose que c’est ce qu’il va faire, en effet. Je ne peux pas le blâmer parce que je ne suis pas un ange non plus. Chacun a ses limites, je suppose. » Un peu agacée, j’ajoutais : « Et puis….. ce n’est pas un animal non plus… » Je ne voulais pas spécialement défendre Matt ni sembler être de son côté, j’étais en dehors, quoiqu’il arrive. Mais j’avais envie de défendre un peu ses façons d’être que je partageais. J’avais toujours revendiqué cette liberté, cette envie de ne pas s’attacher et de vouloir profiter.
La dernière question qu'elle me posa me fit écarquiller les yeux, mais je tâchais de me vite me reprendre. Un peu trop brusquement, je répondis : « Non ! » Je me calmais aussitôt avant de continuer : « Je n’aime personne et ce n’est pas sur le point d’arriver. Tu vois un peu le résultat….. » Je pinçais les lèvres craignant que ma dernière phrase soit incorrecte vis-à-vis d’elle : « enfin …. Je voulais dire que je ne suis pas prête pour tous les aspects annexes d’une vie de couple… » Je grimaçais à cette idée. J’avais réussi à dévier la question de Matt, c’était très bien comme ça. Je n’avais franchement pas envie de devoir dire à Éléonore le véritable fond de ma pensée sur le jeune homme alors que j’étais bien ancrée dans mon rôle de la nana qui s’en tape royalement du sérieux et des histoires de couples. « C’est un mec bien…voilà pourquoi je disais que tu avais de la chance. Il a accepté de sortir avec toi alors que ce n’est pas vraiment son genre. Tu dois avoir des qualités que ‘les autres’ n’ont pas. » La discussion était trop critique et je me levais pour m’approcher tranquillement de la fenêtre de notre chambre. En disant ‘les autres’, je visais encore la remarque passée mais avec un peu plus d’humour, cette fois. L’ambiance était un peu redescendue, j’en avais l’impression et je préférais largement ça à la tension. Si Élé avait des questions, je voulais qu’elle les pose pour y répondre et ne rien cacher. Regardant toujours dehors, j’ajoutais une petite question, en rapport avec la sienne, me demandant si je l’aimais : « Si c’était le cas, tu me haïrais ? Tu dois pourtant bien savoir ce que c’est d’aimer quelqu’un, non ? »
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T'excuse pas pour le roman, j'adooore justement ahah xD 