Les vacances étaient commencées depuis un bon moment déjà et le jeune Poufsouffle n’avait aucune envie particulière qu’elles finissent. Être en vacances, c’était une chose, mais être loin de sa famille en était une autre. Honnêtement, il était bien content de ne pas avoir à gérer toutes les crises familiales qui devaient être en train de se produire dans sa petite maison en Irlande. Si les vacances à la ferme avaient pu durer deux mois, il n’aurait pas hésité une seconde à s’inscrire et ne plus faire face à la possibilité de revoir son père. Il ne l’avait pas vu depuis un an environ, lorsqu’il l’avait quitté pour commencer sa cinquième année. Ça faisait un bail qu’il n’avait pas vu son grand frère non plus, mais lui, il avait la chance de le croiser quelques fois à l’école. Bon, les conversations n’étaient pas très grosses et le nombre de sujets exploités dans celles-ci laissaient à désirer, mais c’était déjà mieux que rien. M’enfin, le simple fait de penser qu’il serait obligé d’être avec ses parents pendant un mois, et qu’il n’avait même pas la possibilité de s’enfuir chez quelqu’un d’autre pour les éviter – et l’éviter, au masculin, en particulièrement – lui donnait la nausée.

Normalement, il aurait pu trouver une solution, aurait décidé de disparaître mystérieusement chez Callie, mais il n’avait plus vraiment cette chance maintenant. Emrick secoua la tête, essayant de se changer les idées. Il ne devait pas penser à ça, voyons ! À chaque fois que le visage de la rousse lui traversait l’esprit, il se sentait de plus en plus vulnérable. C’était ce qu’il avait voulu, après tout, non ? Ils avaient décidés sur une base mutuelle que cela ne fonctionnerait plus, que le jeune homme avait du travail à faire de son côté pour qu’une histoire comme celle-ci puisse se produire. Il aurait tellement voulu que quelqu’un le comprenne au moins, que quelqu’un vienne lui donner du support quand les temps avaient été difficiles… Mais bon, maintenant tout ce qu’il avait, c’était des amitiés perdues et une copine en moins, d’autant plus que tout cela ne devait pas l’affecter autant que lui… Oui, elle semblait l’avoir aimé durant ces quelques mois, mais probablement jamais autant que lui.

Essayant de chasser ces pensées, il décida de sortir dehors, et vite. Le vent froid lui frappa en plein visage et malgré le fait qu’il avait un chandail à manches longues et des jeans, il ne pouvait pas faire son dur à cuire en prétendant qu’il n’avait pas froid. Parce que, intérieurement, il était frigorifié. Bon, il faudrait peut-être trouver un endroit plus chaud où il pourrait se vider l’esprit… D’autant plus qu’en regardant vers le ciel, il remarqua que plusieurs nuages gris se faisaient voir, n’annonçant rien de bon. Il regarda au loin, vers un chemin qu’il connaissait bien. Il n’avait pas de corvée aujourd’hui, alors pourquoi pas…? C’était peut-être stupide de se rendre sur son lieu de travail alors qu’il n’en était pas obligé, mais voir les animaux lui ferait le plus grand bien.

Rendu à destination, il se rendit vers un box en particulier, celui de sa vache préférée. C’était peut-être stupide, de s’intéresser autant à un animal, mais il avait vraiment l’impression que cette vache, elle le reconnaissait ! Il la trouvait bien jolie en fait, vraiment différentes des animaux qu’il avait l’habitude de côtoyer à Poudlard. Il resta alors là un long moment, à regarder sa chère amie, alors qu’il entendit un drôle de bruit… Il haussa les sourcils, tournant la tête. Ah, il avait déjà commencé à pleuvoir ? Bon… Espérons que cela ne dure pas trop longtemps, question de pouvoir retourner au dortoir sans être tout trempé. Au moins, il était avec des beaux animaux et lorsqu’il se tannerait de celle-ci, il pourrait aller en voir une autre (ce qui était fortement improbable.)

« Em’… Mais qu’est-ce que tu fais là ?! Rassure-moi, tu es ici parce que toi aussi tu t’es fait surprendre par la pluie ?! » Le jeune homme sursauta si violemment que même la vache en fut surprise. Bon sang, il ne l’avait pas vu arriver ! L’expression sur son visage devait être assez expressive et lorsqu’il reprit ses esprits, il se mit à rire, prenant le temps de prendre son souffle avant de lui répondre « Excuse moi, tu m’as fais peur… Et non, euh, bah tu me connais, j’aime bien les animaux et bah… C’est ma préférée. » Dit-il en pointant la vache du doigt, se sentant tout d’un coup assez stupide de prononcer ces paroles. « Euh, désolé, ça doit sonner vraiment enfantin, mais bon euh… Elle est gentille… » Il rougit à ses dernières paroles, réalisant qu’il aurait peut-être du ne pas en rajouter.

La dernière conversation qu’il avait eu avec Alycia refit surface dans son esprit. Il lui avait promit certaines choses, c’est vrai, mais ce n’était pas vraiment sa faute, dans ce cas particulier… Et il n’allait pas retourner dans son dortoir de sitôt, alors il n’allait pas ignorer Aniek, tout de même ! D’autant plus qu’il avait envie de lui parler, au fond. « Puis, comment ça va, toi ? Ça fait longtemps que je t’ai parler, quand même… Je me rappelle même plus, en fait. »

Il était évident qu’Emrick avait, au départ, eu envie de se rendre dans l’étable lors du peu de temps libre qu’il restait à sa journée. Par contre, il se serait passer de cette pluie qui venait de tomber… En toute honnêteté, il aurait préféré reprendre le chemin du retour bientôt, mais à voir le ciel gris et les nuages qui se faisaient de plus en plus présents, il devait repenser à sa planification… Bon, ce n’était pas grave, au moins il pourrait passer plus de temps avec ses animaux préférés…

Alors qu’il était plongé dans ses pensées, une voix lui demanda ce qu’il faisait ici et il n’aurait pas pu avoir plus peur que ça. Il fit un saut si énorme que la vache avec qui il se trouvait sursauta elle aussi, pauvre elle… Il essaya de reprendre ses esprits en indiquant à Aniek - parce que, au moins, c’était quelqu’un qu’il connaissait - que cette vache était sa préférée, mais essaya rapidement de se reprendre parce que, m’enfin, ce n’était pas très viril, tout ça… Mais bon, tout effort pour essayer de remonter son égo de mâle ont échoué lamentablement. Au moins, il ne s’était pas mis à parler de son amour pour les animaux de la ferme à n’importe qui. Il savait qu’Aniek n’allait pas la juger. D’ailleurs, ça faisait un bail qu’ils ne s’étaient pas parler, ces deux-là. Il y avait du temps à rattraper!

« Je vois ça, tu as l’air d’être son préféré aussi ! » Dit-elle d’un ton amusé. Le jeune Poufsouffle eu de la difficulté à contrôler son sourire à l’écoute de ses paroles. Cela le rendait plus heureux qu’il oserait le mentionner.

« Oh, sérieux ? Tu le penses vraiment ? Je pense pas qu’elle me reconnait et tout, mais bon… Je dois avouer que j’aimerais bien ça. » Il y avait littéralement juste à une personne comme elle à qui il pouvait dire cela. La plupart lui aurait lancer un regard étrange, rempli de jugement et d’incompréhension. Ben quoi, c’était si difficile à croire qu’il aimerait que cette vache l’apprécie ?

Il changea ensuite de sujet de conversation, espérant qu’ils parlent d’autre chose que de son stupide amour pour ces animaux moldus. Il lui demanda donc comment elle allait, parce qu’il était bien vrai qu’ils n’avaient pas eu le temps de se parler beaucoup ces temps-ci. Il avait été débordé, de un, et il fallait dire qu’ils n’avaient pas exactement le même cercle d’amis… Et le jeune homme n’osait pas nécessairement aller parler à Aniek lorsqu’elle se trouvait avec ses amis Serpentard… Question de principe, quoi.

« Il faut dire qu’on n’a pas le même entourage… c’est vrai que ça fait longtemps ! Mais ça va. Il s’est passé pas mal de choses cette année mais j’pense que c’est pour tout le monde pareil. Je n’ai pas trop eu l’occasion de venir te voir, mais j’espère que ça a été la fin de l’année. » Il sourit suite à ces dernières paroles. Ouais, on pouvait dire ça comme ça… Il aurait pu avoir une meilleure année, il fallait le dire. Il ne savait pas s’il avait vraiment envie de parler de tous ses sentiments en ce moment, mais il ne l’avait pas fait depuis le début de l’été, peut-être que ça lui ferait du bien, non ?

« Ouais, on a pas le même entourage, c’est vrai. » Dit-il avec un léger sourire en coin. « Il s’est passé beaucoup de choses cette année, je dois dire que j’ai eu de mal à vivre tout ça… » Il s’arrêta là, se disant qu’il valait mieux ne pas trop en dire pour l’instant. Il pourrait peut-être lui parler de Callie, au moins il savait qu’elle n’allait pas le prendre ou pitier ou quelque chose dans le genre.

« Désolée de ne pas avoir été présente cette année. Je n’ai sûrement pas d’excuse mais j’veux pas favoriser les conflits entre tes proches et les miens. Beaucoup de tes amis m’insupportent, et quand j’veux te parler, c’est pas pour me retrouver avec eux dans les pattes. Mais, sincèrement, excuse-moi si je n’ai pas été une amie exemplaire cette année. » Il rit à ses paroles, c’était complètement ridicule. Elle, la mauvaise amie ? Voyons, c’était plutôt lui qui se faisait dire ce genre de commentaires ces derniers temps. Bah, au moins, ça faisait une personne de moins qui le traitait comme un lâche, ou toute autre insulte autant blessantes les unes que les autres.

« Écoute, je comprend qu’on a des amis qui diffèrent, ça a toujours été comme ça et je prend pas en considération que tu vas venir me voir lorsque je suis avec les miens… Et prend le pas personnel, mais j’irais pas te voir si t’es avec tes potes non plus, tu vois. On m’a dit cette année que j’avais été un ami très, comment dire… absent. » Il lui sourit avant de reprendre son discours, ne sachant pas trop où il s’en allait avec ça. « Tu sais… La mort de Sunny m’a vraiment touché, je me suis renfermé sur moi-même et j’ai négligé beaucoup d’amitiés à cause de ça et tout… Et puis, au moins t’auras plus à te soucier de Callie maintenant puisqu’on est plus ensemble. » Lui dit-il en riant légèrement, tentant de cacher ce qu’il ressentait vraiment à l’intérieur. De toute façon, c’était de l’histoire ancienne, et même s’il aimerait que tout soit comme avant avec sa meilleure amie, ça ne pouvait tout simplement pas l’être. « On va peut-être pouvoir plus se parler à l’école, maintenant. » Il lui donna un petit coup de coude avant de continuer : « T’as hâte d’y retourner ? » Emrick, lui, avait très hâte en fait, s’il pouvait sauter le prochain mois, il le ferait sans hésiter.