Adelaide était revenue chez elle depuis peu et elle en était soulagée. Même si le voyage à la ferme avait eu quelques points positifs, elle était loin d'avoir apprécié à cent pour cent l'expérience. Tout d'abord, l'odeur. Une odeur pestilentielle qui collait à la peau, aux vêtements... Elle avait dû demandé aux domestiques de laver ses vêtements deux fois. Ensuite, il y avait eu les corvées. Si ça n'avait pas dérangé certains, elle, n'avait pas aimé passer la matinée à faire la cuisine pour les autres. C'était inconcevable. Elle le faisait parfois chez elle, mais c'était surtout par plaisir. Jamais par obligation. Sans compter l'inconfort du séjour... Les couvertures lui avaient gratté la peau et elle avait dû partager son dortoir avec de parfaites inconnues. Une d'elles avait même une réputation douteuse au château... L'aiglonne avait donc été polie, sans pour autant vouloir devenir amie avec elle. Elle faisait attention à ce genre de choses, elle aimait bien paraitre. C'est pourquoi lorsqu'elle retrouva sa maison, elle se sentit détendu et heureuse. Après tout, son grand frère lui avait manqué et ce fut un plaisir de pouvoir parler à Nonna en face à face au lieu de le faire par lettre. Puis même si son petit frère courait partout en lui posait beaucoup trop de questions sur son séjour et que sa petite soeur pleurait parce qu'elle ne la prenait pas dans ses bras, elle ne s'ennuyait aucunement de la ferme. On réalisait plus ce qu'on avait lorsqu'on nous l'enlevait. Ce soir-là, alors qu'elle était couchée dans son lit dont les couvertures sentaient la lavande, elle se sentit reconnaissante envers son père de travailler autant et de leur permettre d'avoir une aussi grande et belle maison.

Trois jours s'écoulèrent depuis son retour, où elle reprit le temps perdu avec Nonna, se baigna dans sa piscine et accepta même de jouer aux poupées avec sa soeur. Ce soir-là, sa mère annonça que son frère, donc l'oncle d'Adelaide leur rendrait visite le lendemain. Bien ! La brunette adorait les moments passés avec eux. En dehors de Poudlard, Adelaide était très proche d'Alejandro et elle avait également beaucoup d'affection pour son oncle. Seul petit bémol... La copine de son oncle. En soit elle n'avait rien contre elle, lorsqu'il les avait présenté elle lui avait semblé sympathique et avait été heureuse pour lui, c'était plutôt sa fille le problème... Bon, en soit elle n'avait aucun problème contre elle non plus, mais elle était déçue par la façon dont leur relation avait tourné. Elle s'était imaginée qu'elles seraient des cousines aussi proche qu'Alejandro et elle, mais Anoushka ne semblait pas l'apprécier ni elle, ni sa famille. Au départ ça avait rendu mal à l'aise Adelaide, mais elle s'était vite rendue compte qu'il n'y avait aucune raison de l'être. Après tout, c'était elle qui devait s'adapter à eux et qui n'était pas à sa place, pas Adelaide. Du coup elle avait joué son jeu, en faisant comme si elle n'existait pas.

Comme toujours, sa mère voulait faire bonne impression. Adelaide trouvait ça stupide puisqu'il s'agissait de la famille, mais son petit doigt lui disait que c'était à cause d'Anoushka et sa mère. C'est pourquoi elle revêtit une robe blanche et mis des ballerines, mais se fit une couette basse afin de ne pas avoir l'air trop habillé. Elle avait hâte de voir Alejandro, ça faisait depuis son départ à la ferme qu'elle ne l'avait pas vu. Les invités arrivèrent vers 2h de l'après-midi, c'est avec plaisir qu'elle alla les accueillir. Plaisir qui disparu lorsqu'elle vit qu'Alejandro n'était pas présent... Lorsqu'elle fit la bise à son oncle, elle lui demanda où il était. Celui-ci annonça qu'il était chez un ami. Et bien, ça s'annonçait beaucoup moins amusant que prévu... Même si elle appréciait énormément son oncle, les discussions d'adultes l'ennuyait assez facilement. Elle ne fit qu'un simple sourire à Anoushka en guise de salutation. Les adultes s'installèrent dans le jardin, son petit frère et sa petite soeur jouait ensemble sur le gazon alors qu'elle, assise sur une chaise non loin, dessinait. Elle paufinait le centième dessin qu'elle avait fait de Mimi, son boursouflet, et ignorait Anoushka. Mais ça, c'était avant que sa mère vint lui chuchoter à l'oreille.

« Essaies donc d'aller lui parler au lieu de rester dans ton coin. »
Elle comprit immédiatement de qui elle parlait, se tournant vers Anoushka qui semblait s'ennuyer ferme. Elle ne comprenait pas pourquoi c'était à elle de faire l'effort, elle avait déjà essayé autrefois, ça n'avait pas marché, elle ne voyait pas pourquoi réessayer alors que la Gryffonne ne semblait clairement pas vouloir lui parler. « Elle fait pareille et tu sais bien que c'est elle qui ne veut pas me parler ! » Adelaide n'appréciait que très peu faire des efforts pour des gens qui se fichaient d'elle. Sa mère soupira, elle voulait faire bonne impression à la femme de son frère. Après tout, elle connaissait peut-être des personnes influentes pour la compagnie à son mari... « Au moins tu auras fait ta part ! » Adelaide la regarda, découragée. Elle n'avait aucune envie de faire la conversation, elle avait envie d'être tranquille et de terminer son dessin de Mimi. « Mamannn... » Dit-elle d'une voix plaignarde. « Allé ! »

En soupirant, Adelaide ferma son cahier, se leva de sa chaise et se dirigea vers Anoushka. Elle n'avait pas le choix de toute façon. Elle aurait aimé se ficher de ce que sa mère disait, mais voilà, elle ne s'en fichait pas. Son avis comptait pour elle. À contre coeur, elle s'assit à côté de la Gryffonne.

« Tu as apprécié les vacances à la ferme ? »

Elle l'y avait apperçu quelques fois, en plus elle avait participé à miss et mister summer, du coup elle était certaine de ne pas faire erreur. Sachant que sa mère les observait, elle lui fit même un sourire. Restait juste à voir si elle participerait à la conversation, ce qui serait franchement étonnant.

Spoiler:

Le calvaire de la ferme était enfin terminé. Oh bien entendu Anoushka exagérait un peu en parlant de calvaire, mais elle avait dans l'espoir de faire culpabiliser sa mère pour son abandon. Bien trop égoïste et centrée sur elle, Anoushka ne pensait pas au bonheur et aux envies de sa mère, surtout si cela ne la concernait pas elle directement. Elle aimait sa mère profondément mais ne souhaitait en aucun cas la partager. Depuis toujours, elles n'avaient été que deux et aux yeux de la jeune malgache, il n'y avait aucune raison pour que ça change. Privée d'une image paternelle, elle avait grandi et été élever dans une éducation matriarcale. Cela l'avait toujours amusé de voir les compagnons de sa mère tentait d'inverser la tendance en s'affirmant et en s'immiscent tant bien que mal entre la mère et la fille. En dehors d'Andrew, aucun n'avait réussi le pari et Anoushka était persuadée que ça n'arriverait jamais. A tort visiblement. Rien ne lui prouvait que cette nouvelle relation durerait dans le temps mais ce qui était sûr c'était que ça l'agaçait profondément. Il l'avait déjà une grande partie de l'année, vu qu'elle et Alex n'étaient pas dans leurs pattes, ils auraient au moins pu faire semblant d'être heureux de les revoir et comblaient à l'idée de pouvoir passer deux mois en leur compagnie. Au lieu de ça, ils s'étaient prévu des vacances en Italie, en tête à tête. Bien entendu sa mère s'était défendue en expliquant à sa fille qu'elle n'avait pas été au courant, que c'était une belle surprise mais que ce n'était en rien prévu à la base et qu'elle ne voyait pas où était le problème, ce n'était pas comme si elle l'abandonnait au sein d'une colonie, elle allait quand même passer du temps avec ses amis. Alors certes, il y avait eu Louna, sa meilleure amie, Max et pleins d'autres personnes qu'elle appréciait plus ou moins, mais elle aurait aimé qu'on la prévienne avant ...

En soit, son séjour à la ferme c'était plutôt bien passé. Elle avait pu passer du temps avec sa meilleure amie, ce qui était toujours un plaisir. Elle avait pu passer du temps avec Max également, mieux faire connaissance avec Nathaniel, le meilleur ami à Louna et faire ses preuves lors de la soirée Miss & Mister Summer. En soit ce petit concours n'avait que peu d'importance, mais il avait beaucoup amusé la jeune O'Nyme et lui avait permis de s'affirmer en tant qu'individu et démontrer à tous que malgré son jeune âge, elle en avait dans les tripes. Oui, elle était parfaitement consciente qu'elle concourrait contre des filles plus âgées et alors ? Elles n'avaient pas le monopole de la beauté à ce qu'elle sache. Anoushka se savait élégante, sûre d'elle, suffisamment narcissique pour toujours faire attention à elle. Les corvées lui avaient un peu déplu au départ, mais elle avait réussi à ne pas faire grand chose en s'éloignant du groupe pour faire semblant de travailler. Les autres n'étaient pas dupes mais cela passait totalement au dessus de la jeune fille. Elle n'était pas là pour jouer les elfes de maison, ne foutant déjà rien quand elle était chez elle, elle n'allait quand même pas commencer à travailler durant ses vacances. Son potentiel futur beau-père trouvait déjà cela agaçant qu'Anoushka ne mette jamais la main à la patte, trouvant cela étonnant voir révoltant qu'une jeune fille de son âge ne sache pas cuisiner, repasser et faire le ménage. Mais n'ayant pas sa langue dans sa poche, Anoushka lui avait rétorqué un jour qu'elle n'était pas sa bonne et qu'une femme ne se limitait pas à être l'esclaves des hommes, qu'elle avait de plus grandes ambitions que ça et que s'il n'était pas content, il pouvait aller voir ailleurs. Andrew lui avait légué à sa mort son elfe de maison. Il était un peu vieux, mais très serviable et toujours prêt à faire plaisir sa jeune maîtresse capricieuse. Son potentiel futur beau-père était un peu trop macho à son goût et le courant ne passait pas toujours entre la jeune adolescente et lui. Heureusement le jeune âge d'Anoushka lui permettait d'avoir une excuse toute trouvée pour sa mère qui tentait d'apaiser les tentions en expliquant que sa fille était encore jeune et qu'elle n'avait pas l'habitude d'avoir un homme à la maison.

Quand Alex et elle rentrèrent à la maison, ils purent découvrir un couple heureux, ce qui agaça fortement la jeune O'Nyme. Ils avaient passé un séjour agréable à Venise et avaient regretté d'être rentrés. La jeune fille passa son retour à bouder et cela dura quelques jours. Et puis vint le moment fatidique de devoir rendre visite à la tante d'Alex. Anoushka ne les aimait pas, ils avaient l'air si soudé et si heureux de se voir à chaque fois, cela lui tapait sur le système. Anoushka n'avait que sa mère et ses grands parents maternels comme famille et elle ne les voyait qu'une fois par an, quand ils venaient en Angleterre ou qu'elles allaient à Madagascar, ce qui était peu. Ils lui manquaient souvent et ce n'était pas les nombreuses lettres qu'elle recevait d'eux qui changeait grand chose à leur absence. Elle aurait aimé qu'ils viennent vivre auprès d'elles, mais ils n'étaient visiblement pas prêt à quitter leur île, même si l'envie de passer plus de temps avec leur fille et leur petite-fille les tentait. Ne pas pouvoir assister à tous les moments importants de sa vie ne les enchantaient pas, mais la vie en Angleterre était bien différente de celle de Madagascar et ils étaient trop vieux pour pouvoir s'y habituer.
Alex ne vint pas à ce petite rendez-vous familial, étant chez un ami pour quelques jours. Anoushka tenta de négocier de son côté pour ne pas s'y rendre aussi, mais n'ayant aucune bonne excuse et étant bien trop tard pour tenter de voir avec Louna si elle ne pouvait pas squatter quelques jours chez elle, elle dût se rendre chez les Borowski. Sa mère lui rappela qu'il y avait Adelaide et qu'il serait dommage de la laisser toute seule, surtout avec l'absence d'Alex. Si c'était si dommage que ça, pensa Anoushka, ils n'ont qu'à le prendre au passage pour ne pas laisser sa cousine toute seule ...

Devoir sourire, faire semblant d'être heureuse d'être ici, tout cela fatiguait beaucoup la jeune adolescente mais ayant promis à sa mère d'être bien éduqué et de faire bonne figure, elle tenta du mieux possible de cacher son dégoût de se trouver ici. Tout le monde souriaient et parlaient fort. C'était agaçant. Anoushka se cala sur une chaise et décida d'attendre que le temps passe et dieu qu'il ne passait pas vite. Tout le monde avait l'air d'apprécier sa journée, sauf la jeune O'Nyme. Adelaide dessinait dans son coin ... ou écrivait ... en tout cas elle était devant une feuille et ça avait l'air passionnant. S'ennuyant ferme, Anoushka observa sa mère. Radieuse, la belle Anta avait l'air d'être au paradis. Tout cela était un jeu pour elle, le tout étant de conquérir le coeur de son compagnon pour qu'il la demande en mariage. A l'abri du besoin, elle pouvait se consacrer à ses passions sans avoir besoin de travailler. Elle pensait également à sa fille, qui avait grandement besoin de stabilité. Plus elle grandissait et plus elle devenait difficilement contrôlable. Pourrie gâtée, elle voyait de moins en moins les limites à ne pas franchir, pensant que tout lui était dû. C'était une erreur, mais en même temps, en étant mère célibataire, il n'était pas toujours évident de dire non à son enfant. Anta était moins présente pour elle et Anoushka le vivait mal. Son amour était inconditionnel, mais pas assez démonstratif, ce qui changeait tout. Mais si Anoushka se débarrassait de son potentiel futur beau-père, tout redeviendrait comme avant. Adelaide arriva sur ces entrefaites, s'installa à ses côtés et tout en esquissant un sourire, lui posa une question. C'était quoi son problème à elle ? Elle ne voyait pas qu'elle était occupée à manigancer la rupture de sa mère avec son nouveau compagnon ?

"J'étais au comble du bonheur. Ca puait, il y avait de la boue de partout, on était au milieu de nulle part et en plus on était traité comme des esclaves ... la vie rêvée ..." Commença-t-elle par dire d'un ton sarcastique. Après quelques instants, son regard se posa sur la jeune Borowski. Elle connaissait bien son oncle, elle pourrait être une source d'informations exceptionnelles et ce, sans même s'en rendre compte ... "Et toi tu as aimé ?" C'était bien la première fois qu'elle lui posait volontairement une question. Mais en tant de crise, il fallait bien faire avec les moyens du bord ...