on. Je n'avais franchement pas imaginé passer des vacances dans une ferme et cette idée m'avait énervée, en premier lieu. Je n'étais pas super fan des animaux, mais j'avais rapidement changé d'idée en voyant les étendues de terre, le lac et le soleil. Finalement, seuls les animaux bruyants faisaient tâche à ce petit séjour. Les corvées faisaient même partie des moments que je préférais dans la journée et je ne demandais rien de plus que de marcher pendant toute une journée. De toute façon, le voyage pouvait être n'importe où, tant qu'il me permettait de penser le moins possible aux événements cruels qui venaient d'arriver à Poudlard. Les gens semblaient s'en sortir, revivre un peu et s'amuser plus facilement mais le drame était tellement récent... Moi, je n'oubliais rien et encore moins Asling et Sunny qui auraient dû être avec nous en ce moment.

A mon arrivée à la ferme, j'avais cherché à déposer mes affaires tout de suite dans ma chambre, constatant que j'allais devoir partager la chambre avec Éléonore. Fidèle à moi-même, j'avais tout fait pour lui parler de tout sauf de Matt et rester sur une entente cordiale; mais clairement, j'étais un peu mal à l'aise d'être avec elle et il était facile de deviner pourquoi. Le premier soir, je n'avais même pas pris la peine d'aller manger, trop absorbée par un petit bouquin sur la culture magique japonaise. Bravo Adelina Brunel pour m'avoir entraîné là-dedans. J'avais trouvé un coin près de la fenêtre de la chambre, idéal pour avoir un petit peu d'air frais et pour voir le soleil se coucher sur le champs. La petite pierre qu'elle m'avait offerte, et que je portais désormais autour du cou tout le temps, m'intriguait beaucoup et j'avais bon espoir de trouver quelque part les propriétés magiques qu'elle avait ... bon, à mon avis, c'était peine perdue, mais je prenais quand même plaisir à lire tout ça.

La première journée s'était passée tranquillement et je n'avais pas regretté mon inscription à cet événement. Je savais aussi que le reste de mes vacances seraient riches en rencontres, avec des amis, Yasha... Tout cela valait la peine de passer son temps dans les champs, en plein soleil. Le soir de la première journée, j'étais passée vite fait par la salle à manger après m'être changée dans la chambre. Il ne m'avait fallu qu'une seule soirée passée seule dans la chambre pour me décider à passer mes autres soirées ailleurs qu'au deuxième étage. Je passais ensuite par le premier étage, jetant un petit coup d’œil vers les chambres des mecs (ahah, rien de mal hein) puis, je passais la tête par la porte de la salle commune pour voir si j'allais pouvoir m'installer quelque part. Mon regard se posa sur une personne, assise sur une chaise, dos à moi. Il fallait que je sois dingue pour ne pas le reconnaître, tellement j'avais passé de temps en sa compagnie au cours de ces dernières années. A petits pas, je m'approchais alors, lançant un petit sourire à deux trois personnes connues qui se trouvaient déjà dans la salle commune.
Cet endroit était beaucoup plus sympa que les salles communes de Poudlard car toutes les maisons étaient mélangées et nous y avons tous accès. Sans ça, impossible pour moi d'aller embêter un peu Nath', le fameux jeune homme que je reconnaissais sans même avoir vu son visage.
Toujours le plus discrètement possible, j'approchais de lui et pris toutes mes précautions pour glisser mes deux mains sur ses yeux pour garder un peu de suspens. Je pris ensuite la parole, au plus proche de son oreille, ne sachant pas si j'allais parvenir à masquer ma voix pour qu'il ne me reconnaisse pas aussitôt :

« On attend quelqu'un pour une soirée de folie ? La plus belle des fermières peut-être ? La voici la voilà !! Attention les yeux ! » Nathaniel me connaissait assez pour savoir que je ne perdais jamais le nord, que je n'avais pas ma langue dans ma poche et que je ne manquais pas une occasion pour draguer un peu. Le faire avec lui était un peu étrange car nous nous connaissions depuis très longtemps, mais au moins, on pouvait rire et je savais que Nath' était partant pour s'amuser de tout et n'importe quoi. En tombant sur lui ce soir, je m'imaginais bien passer une super soirée, en espérant que les responsables de l'événement ne viennent pas nous chasser un peu trop tôt de la salle commune.
Je laissais mes mains en place, attendant que Nath' réagisse et curieuse de savoir s'il allait savoir que c'était moi.

e réalisais on ne peut mieux l’importance de mes amis, maintenant que j’avais perdu celui qui était le meilleur, depuis toujours. La vie était tellement courte que je ne pouvais me permettre de ne pas en profiter même si bien sûr, ce sentiment de culpabilité ne me quittait pas. Pour l’atténuer un peu, je comptais le nombre de fois où je pensais à Asling, dans la journée, pour me dire que je n’oubliais pas malgré le fait que je vivais encore, que je profitais encore, que je souriais toujours…
L’occasion de profiter d’un ami, que j’avais depuis longtemps, m’était servie sur un plateau et c’était exactement ce que j’avais imaginé pour l’événement de Poudlard. J’étais arrivée près de lui d’une façon un peu spéciale, petite blague de ma part mais je savais que Nathaniel avait l’habitude de cela. Nous avions passé tellement de moments dans le Sud de la France qu’il était presque criminel de se retrouver ensemble, coincés dans une malheureuse ferme isolée de tout, mais je prenais le bon côté des choses, sachant pertinemment que nous trouverions de quoi nous occuper et rire un peu. Ses premières paroles me firent rire d’emblée. Nath’ m’avait reconnue sans aucun problème et n’avait pas hésité à lancer les hostilités (ce que j’adorais !). Je secouais la tête, amusée, avant de lui dire : « Évidemment que je suis moins idiote que toi ! Qu’est-ce que tu crois ? Parce que tu te sens pris au piège ? arf… j’essaie de relativiser et ne pas trop me dire qu’on doit désormais vivre parmi les cochons et les moutons pendant un mois ! » Le jeune homme écarta mes mains délicatement et j’en profitais pour aller m’installer lourdement sur le canapé, à côté de lui. Ma petite phrase pouvait être lourde de sous-entendus et il pouvait facilement croire que je visais les autres élèves en parlant de moutons et de cochons mais ça n’était pas trop le cas….quoique… ahah.

L’ambiance de la salle commune était vraiment bonne et j’étais contente d’être tombée sur Nathaniel. Je ne savais absolument pas qu’il était venu à l’événement de Poudlard et je découvrais donc ce soir une agréable surprise. La solitude me faisait peur, me retrouver avec des crétins et ne pas réussir à retenir mes sautes d’humeur aussi. Savoir que Nath’ était là ôtait pas mal de mes craintes et je savais parfaitement de quoi il était capable, dans n’importe quelles circonstances. Le seul regret était de savoir qu’il serait encore à Poudlard l’année suivante tandis que moi je partais enfin pour l’Université. Pas que Poudlard allait me manquer, loin de là, le souvenir le plus lourd de ma vie se trouvait dans cette école donc j’étais bien contente de la quitter ; mais Nath’ aurait pu être un petit peu plus vieux et ainsi pouvoir venir à l’Université. Rah, ce bébé !

Je haussais les épaules d’un air faussement honteux et lui montrais mes mains vides. « J’ai subi la fouille au corps avant d’arriver et on m’a dépouillé de tout ! » je plissais les yeux avant d’ajouter : « Je suis sûre qu’ils avaient envie de me tripoter, maintenant que j’y pense. » Je lui lançais un petit regard complice avant d’ajouter. « Tu m’as l’air en forme. J’espère que tu n’attendais pas quelqu’un d’autre, mmh ? » Je ne pouvais m’empêcher de sourire…. je m’étais inscrite à ce voyage pour une seule et unique raison : penser à autre chose, me donner de nombreuses occasions de me changer les idées et de m’amuser ! Bien sûr, comme venait de le dire Nath’, j’avais été idiote en ne pensant pas à l’éventualité d’avoir une destination pourrie avec Poudlard mais bon… j’avais appris à aimer l’endroit et je ne gardais que l’originalité de la situation.
Mon regard se porta sur ses mains qui tenaient quelques petits objets. Je fronçais les sourcils avant de lui demander : « Qu’est-ce que c’est que tout ça ? J’ai loupé ton anniversaire ? Naaaan, pas possible, tu es né le 24 avril et nous sommes en juillet » Je lui adressais un sourire qui était cette fois bien exagéré. Je l’interrogeais alors du regard en regardant les objets qu’il tenait à la main, attendant qu’il me dise pourquoi il avait pris tout ça dans la salle commune. « Allez, raconte moi tout, on pensera à la Vodka après, alcoolo ! » Je lui donnais un petit coup de coude amical, ne le quittant pas du regard et ne cessant de lui sourire. Il fallait bien que je lui tire quelques vers du nez, nous n’échangions pas tous les jours et j’étais bien décidée à avoir un maximum de nouvelles de lui avant de commencer un peu à nous éclater.

a relation avec Nath’ avait toujours été simple et claire pour nous deux. Bien que plus jeune que moi, je n’avais jamais considéré le jeune homme comme un gamin et je le pensais même encore plus dynamique et fou que moi, pour entreprendre certaines choses. J’avais tendance à me rapprocher de ce genre de personne instinctivement et avec Nath’, ça s’était fait d’une manière tout à fait naturelle, et logique. Pour dire vrai, je ne savais même plus depuis combien d’années nous nous connaissions, mais j’avais toujours été certaine de le retrouver à chaque vacances, quand mon année à Beauxbâtons se terminait. Cela avait même valu plusieurs petites crises de ma part, destinées à dissuader ma mère de rentrer en Écosse. Nan, la France avait été pour moi une formidable expérience et les vacances restaient dans mes souvenirs préférés, incluant Nathaniel à coup sûr ! Le retrouver ici me faisait un peu penser à nos souvenirs et je pouvais presque en oublier que nous étions à cet endroit précis.
Sa réplique me fit bien rire. Il était vrai que la destination de la ferme était quitte ou double ; j’avais moi-même cru à une blague avant de me faire à l’endroit et de simplement prendre ce qu’on nous donnait. Je n’avais plus énormément d’attaches et j’étais capable de m’accoutumer à n’importe quel endroit, à condition de trouver des raisons de m’amuser un peu : « Et alors ? Des Aurors quoi ! C’est la grande classe. Qu’est-ce qu’il aurait fallu que je dise ? » Je levais les yeux au ciel au riant, pour lui faire comprendre que je n’étais pas trop convaincue, mais que j’assumais quand même d’apprécier l’idée. « Oh allez ! J’ai changé d’avis sur la ferme moi. Je suis sûre qu’on peut s’éclater quand même. Y’a un lac et tout… » Je manquais d’éclater de rire parce que je n’étais pas moi-même ultra enthousiaste à l’idée de lui dire qu’il y avait un lac.

Il fallait définitivement que Nath’ change d’idée sur la ferme et qu’il reparte de là fier d’avoir participé à l’événement. Jusqu’à maintenant, pas de signe d’attaque ou d’embuscade, comme ça avait été le cas à la fête foraine, cela me laissait donc croire que nous pouvions nous amuser sans souci. Pour l’heure, parler en plaisantant comme nous le faisions me plaisait bien. J’avais cerné l’essentiel : Nath’ allait bien et n’était pas content de la destination décidée par Poudlard (par McGo’ ? Qui a choisi la ferme en fait ?!). Le jeune homme me laissa ensuite comprendre qu’il n’attendait personne, mais retourna bien vite la question à mon égard. Héhé, gros malin, il a tout compris ! J’adorais la présence de Nath’ et ce petit moment me le prouvait, une fois encore. Ignorant tout d’abord la question, je lui répondis : « Fred ? Qui c’est ? Tu m’intéresses… Dis-moi que ce n’est pas un petit jeune !!! » Je pris un air faussement suppliant, destiné à le faire rire. Je n’avais pas de souvenir d’un dénommé Fred dans les 7ème années, il devait donc s’agir d’un sixième ou d’un cinquième…
Je ne manquais pas vraiment une occasion de m’intéresser à un mec, mais j’étais un peu plus réticente avec les plus jeunes, à moins qu’il ne fasse pas son âge : « Nan sérieux, je parie que tu as des vues sur plein de nanas et que tu aurais bien aimé que ce soit elles. T’as le droit de le dire, je ne t’en voudrais même pas ». Je m’approchais, m’installant en tailleur sur le canapé avant de reprendre : « avoue à tata Chloé ! » Je souriais sans me forcer et je terminais quand même par répondre à sa question : « Moi… j’étais venue ici pour me trouver un mec, n’importe lequel mais… je t’ai vu là comme un malheureux, il fallait bien que je fasse quelque chose » C’était faux, je n’étais pas du tout là pour trouver un mec mais j’avais juste jeté un œil dans la pièce avant de repérer Nath’. Ma réponse était néanmoins digne de moi et Nath’ savait ma tendance à agir ainsi, ou du moins à prétendre ce genre de choses sans pour autant en faire des tonnes.

Nathaniel continua de me parler, n’oubliant pas de souligner que j’avais manqué son anniversaire, ce qui me fit sourire, je répondis tout de suite à cela avant toute autre chose : « Oh… mais tu ne m’as pas invité, si ?! » Je m’approchais de sa joue pour y déposer un petit bisou : « Désolée. Bon anniversaire. C’est ce soir la soirée de rattrapage ? Je vais te trouver un cadeau, ne t’inquiète pas pour ça. Laisse-moi juste observer mon environnement avant, ça va venir. » Je m’écartais ensuite, croisant les bras sur ma poitrine avant de lui dire : « Bravo !! Que de bonnes nouvelles ! Je crois que l’on doit fêter ton anniversaire….tes BUSES et…mes ASPICs en fait ! » Je lui lançais un grand sourire, fière d’avoir obtenu ce diplôme et de l’idée de fêter toutes ces choses là. « Allez, vas-y donne moi tes notes. Tata Chloé veille au grain et va surveiller la scolarité du p’tit !! » Je me moquais de lui en beauté, même s’il pouvait facilement répliquer en me prenant sur une vieille. J’avais heureusement beaucoup d’auto-dérision et cela ne me posait aucun problème, au contraire. « Hum…tu es sûr de vouloir savoir des choses sur moi ? Elles sont moins intéressantes. Ton histoire de fille m’intéresse plus que tu ne l'imagines. Raconte, je te dirai tout ce que tu veux savoir apr…. »

J’écarquillais les yeux un instant en voyant un élève s’approcher de nous. J’avais tout de suite compris de quoi il s’agissait et je fis mine de rien ensuite, pour ne pas attirer l’attention. J’interrogeais Nath’ du regard en alternant mon regard vers lui et la couverture. Mon sourire était toujours aussi présent. Je voyais clairement que Nath’ avait beaucoup plus de ressources que moi et qu’il pouvait faire pire que tout ce que j’étais capable de faire. La relève était assurée à Poudlard et franchement, j’étais ravie qu’il ait autant de cran.

es soirées comme celles-là, j’en redemandais ! J’avais su que la ferme serait finalement une bonne idée et j’en avais la preuve à l’instant même. La salle commune dans laquelle nous avions pris place était chaleureuse et j’arrivais même à y retrouver un petit air de vacances. Pas de plage ni cocotier, mais j’avais un ami avec qui rigoler et cela valait tout l’or du monde. Voir Nathaniel en face de moi me rendait heureuse, bien qu’un peu mal à l’aise. J’avais l’impression de l’avoir délaissé, de ne pas avoir prêté assez attention à lui, ces derniers temps. La culpabilité était bien présente, mais cette tendance était toute récente chez moi, sûrement dû à l’événement et je préférais ne pas en parler et essayer de me rattraper, par des actes, par des paroles, tout ce que je pouvais.
Parler un peu de nous était l’étape incontournable, qui allait être beaucoup moins régulière l’année suivante, mais j’avais déjà en tête l’idée de le harceler assez souvent avec mes lettres. Pourquoi d’ailleurs ne pas le taquiner en lui disant que, de ce fait, il allait devoir apprendre à lire ?

En entendant le prénom de la jeune femme qui l’intéressait, je perdais mon sourire aussitôt…. mais j’étais assez bonne comédienne pour le faire apparaître de nouveau, quelques secondes après. Pas que je ne voulais pas que Nath’ ait une nana, bien au contraire, mais je ne m’étais pas attendue à entendre le prénom de Chleofee. La rage, la déception, tout était encore bien présent et naturellement, je n’avais pas une seule nouvelle d’elle depuis la ‘dispute’. Savoir que Nathaniel s’intéressait à elle me faisait craindre une montagne de mensonges, de cachotteries … Je ne voulais pas ça pour lui-même si je le savais assez solide et intelligent pour se débrouiller tout seul.
Mais loin de moi l’idée d’être celle qui met en garde ou qui dit le fond de sa pensée négative. Peut-être que je faisais une piètre amie, mais je ne voulais que du positif pour lui et il était hors de question de lui raconter quoique ce soit sur Chleofee. A voir s’il me poserait des questions, mais pour l’heure, je préférais avoir le sourire et lui répondre comme j’avais l’habitude de le faire, avec bonne humeur et humour : « Les petites françaises, tu ne peux pas y résister n’est-ce pas ?! » J’accompagnais mes dires d’un petit sourire malicieux avant de continuer à lui parler : « Bien sûr que je la connais. Tu ne choisis pas les plus moches en plus ! Mais alors c’est tout ? Tu me donnes son prénom et pas plus ? Je l’ai vue traîner à la ferme. Bouge tes fesses, va la voir et tu ne voudras plus jamais quitter ce piège dans lequel nous sommes. »

Connaissant le garçon, je me disais qu’il allait bien finir par se lancer et par avoir ce qu’il voulait. J’étais persuadée que Chleo était une chouette fille en plus d’être jolie. Je ne savais pas vraiment ce que j’étais censée lui dire d’autre à propos d’elle ; le temps allait sûrement lui permettre de la découvrir mais il fallait quand même qu’il se dépêche car le voyage n’allait pas durer mille ans et il y avait très probablement certains vautours près de la belle Chleo.

« Toi, t’es un cas à part, c’est vrai. Mais ne monte pas sur tes grands chevaux, je ne t’ai pas encore dit si c’était positif ou non » Taquinerie, encore et toujours. J’adorais me moquer gentiment de lui et le descendre un peu. Cela lui tendait d’ailleurs plusieurs perches pour en faire de même et je ne demandais que ça. « Pour le fameux, Fred, trop jeune… à moins qu’il ne soit vraiment unique mais alors, il va falloir qu’il apprenne à déplacer des montagnes… On n’apprend pas à faire ça en sixième année, il me semble ». Je roulais les yeux, persuadée que le dénommé Fred avait tout intérêt à ne pas connaître une vieille dévergondée dans mon genre. Nan nan, les sixième avec les sixièmes, cela m’allait parfaitement comme ça.

Nous avions ensuite parlé de son anniversaire, de ses BUSES, de mes ASPICS… Le genre de sujets que nous n’abordions pas assez régulièrement et qui pourtant, nous préoccupait quand même un peu (voire même beaucoup dans certains cas). Évidemment, tout me rappelait Asling : ‘il ne fêtera plus d’anniversaire, il n’aura pas de diplôme ni d’avenir dans le Quidditch’ mais je m’arrangeais toujours pour ne jamais laisser entrevoir cela et rester le plus agréable possible. Personne n’avait à subir mes états d’âme profonds.

« Ah parce que tu envoies des beuglantes pour inviter des gens à fêter ton anniversaire toi ? Quel ange ! Je n’ai rien reçu et je suis ultra-vexée. » Mon sourire prouvait naturellement le contraire, mais j’aimais jouer les boudeuses. « Merci pour mes ASPICs, tu croyais qu’ils me laissaient partir de Poudlard et entrer à l’Université gratuitement ? Je serai dans un cursus de Littérature à la fac ! » Je haussais les épaules, l’air embêté avant d’ajouter, tentant de me retenir de rire « Il n’y avait pas de cursus spécialisé dans le strip tease alors bon, littérature, ça m’a semblé s’en rapprocher le plus ». N’importe quoi. Impossible de me retenir de dire une bêtise, le pauvre Nath’ allait être bien vite fatigué alors que la soirée ne faisait que commencer.

Quoiqu’avec l’alcool, peut-être qu’il allait tenir le choc. Il fallait que nous restions très discrets pour ne pas nous faire attraper et renvoyer illico d’où nous venions. D’un autre côté, j’étais quasiment certaine que nous n’étions pas les seuls à enfreindre un peu les règles, et moi j’étais majeure, j’avais le droit ! (heum…presque).
Personne ne semblait se soucier de nous et je jetais plein de petits coup d’œil à droite et à gauche quand Nath’ dévoila la bouteille de sous les couvertures. Il finit par me la tendre juste après et je répondis d’abord à la première partie de ses paroles, par un simple mot : « Tombeur ! » Puis, je l’imitais, me penchant quand même pour avoir le moins de chance possible d’être vue. Enfin quelque chose de bien mieux que leur jus de fruits à la noix !! Je cachais de nouveau la bouteille sous la couverture, mine de rien, et la fis glisser de son côté. Qu’importe si je retournais à la chambre bourrée ? Éléonore n’était pas bavarde de toute façon, elle ne capterait rien.

« Mmh, moi quoi ? Tu veux que je te donne les prénoms des garçons avec qui je ‘sors’ ? » Je pris un air enfantin avant de lui répondre : « Jm’en rappelle plus… y’en a tellement. Non sérieux, je n’ai jamais été aussi sûre de ne vouloir me rapprocher d’un mec sous aucun prétexte ! Ca fait souffrir, alors fais attention à toi… et prends cet ordre sous tous les sens du terme, tu veux ? » Je lui lançais un petit sourire sincère, glissant ma main discrètement sur le dos de la sienne pour le pincer. Bah quoi ? Je me venge après tout. Quant à mon conseil, je voulais surtout lui faire entendre qu’il devait faire attention émotionnellement, mais aussi physiquement. Personne n’était à l’abri de rien. J’étais trop catégorique et de très mauvais conseil à ce propos. Nath’ ne devait pas m’écouter et profiter de ses histoires,…de Chleofee ou de Catalina. La seule personne avec qui j’avais une proximité démesurée était Asling et tout cela avait brutalement pris fin, me prenant de court : « Bon, si tu veux vraiment savoir… j’essaie de me reconstruire, c’est pas une tâche aussi facile qu’elle en a l’air. Les seules choses que je pense efficaces sont : m’éloigner de la maison, penser à l’Université, profiter des gens qui comptent. Tous les petits tracas caractéristiques de la vie. Je t’avais dit que ça n’était pas aussi intéressant que tes histoires de gonzesses, mais je te promets de te raconter si quelque chose se produit. » Je voulais absolument détendre l’atmosphère et j’ajoutais alors, sur le ton de la plaisanterie et en faisant plusieurs tours avec mon index droit près de ma tempe droite : « Tu piges, gros bêta ?! » L’état de guerre était lancé, mais il devait surtout comprendre qu’il faisait partie des ‘gens qui comptent’ que je venais de mentionner. Qui aime bien châtie bien.

ort heureusement, la petite baisse d’enthousiasme dû à l’entente du prénom de Chleofee était passée inaperçue et c’était l’effet espéré. Je ne voulais pas être obligée de dire à Nath’ que ma dernière entrevue avec Chleo s’était mal terminée, ni devoir lui mentir en lui disant que je ne savais rien d’elle alors qu’elle avait un secret (que je ne connaissais qu’en très grosse partie, soit dit en passant….). Mieux valait que le jeune homme poursuive son chemin sereinement. L’heure n’était pas aux interrogations malsaines mais plutôt au bonheur…. je ne souhaitais que ça. J’avais fait l’expérience des mauvais moments et je ne demandais qu’à ne plus jamais tenter l’expérience. Néanmoins, les dernières paroles de Chleo, bien que je fus aveuglée par la colère, m’avaient confirmé un fait qui était non négligeable pour Nath’ : Chleofee est une fille bien, quel que soit le lourd secret qu’elle cache. N’était-ce pas le plus important, finalement ?
Nathaniel ne m’en disait pas tant que ça sur la façon dont il l’avait connue, ce qu’il avait pensé d’elle, mais naturellement, toute cette histoire n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd et j’étais déjà prête à le cuisiner (le harceler ?) par lettre pour savoir si tout cela évoluait.

« Si tu m’en parles, c’est que tu y as quand même vu quelque chose à jouer ! Et moi, je t’encourages à foncer mais… te fais pas avoir par les nanas hein ! Je suis légèrement féministe, mais assez attachée à notre amitié pour vouloir ton bien ». Moui…. il ne s’agissait pas là de paroles en l’air, mais d’un autre côté, je ne doutais pas un seul instant que Nath’ était fort et capable de se remettre d’éventuels coups durs. Certains aspects de sa personnalité m’échappaient encore, mais rien de plus normal. Je ne pouvais pas le connaître complètement et j’étais d’ailleurs ravie de pouvoir en savoir plus.
Le reste de ses paroles me fit hausser les sourcils, et sourire. Pour rester dans la taquinerie, je lui répondis d’abord : « Sérieux, toi, tu sais faire ça, crétin ?! » Je roulais les yeux pour lui faire comprendre que j’en doutais, mais je n’étais absolument pas sérieuse. Un peu plus sérieusement, j’ajoutais : « Nan, en vrai, tu es un ange. Je n’oublierai pas ces paroles. Je n’ai jamais eu besoin de mec, c’est pas maintenant que ça va commencer. Toi par contre, je te vois bien en petit larbin de la petite française Chleo, tu vas être adorable ! »
Plus que jamais, j’avais besoin de savoir que je n’étais pas seule. Mais ma fierté mal placée m’empêchait de le dire vraiment….Nan, je trouvais ça faible de prétendre avoir besoin des autres pour avancer mais c’était pourtant mon cas. Le penser était une chose, le dire était une autre. La présence de Nath’ me faisait beaucoup de bien ce soir et j’étais d’ores et déjà persuadée de repartir reboostée et prête à avancer encore un peu. Je pouvais compter sur lui, je ne doutais pas sur ce fait et ce petit rappel me faisait du bien. Tout autant que les plaisanteries auxquelles nous nous adonnions, tout en parlant quand même de sujets sérieux. Je ne voyais pas meilleure carapace pour se convaincre que tout va pour le mieux.

Sa remarque sur mon cursus me fit exploser de rire. En me disant ça, il devait d’ailleurs se douter que j’allais entrer dans le jeu pleinement. L’occasion était trop bonne : « J’avais acheté les accessoires ET j’avais déjà travaillé dur pour être la meilleure. Mes cobayes sont ceux qui ont tout gagné dans l’histoire… les chanceux. » Cette connerie me fit penser à Matt, pas qu’il fut mon cobaye de strip tease ! Oula non ! Mais il était mon cobaye pour autre chose et il allait souffrir, le pauvre petit. Cette pensée me fit rire, tout autant que la tête de Nath’ à l’instant présent. Je repris tout de même, un peu plus sérieusement que précédemment : « Nan sérieux, je n’ai pas une tête d’intello mais j’en suis une. Je meurs d’envie de commencer à étudier la littérature, autant les trucs moldus que tout ce qui concerne les sorciers. Je sais que tu n’es qu’en 6ème année, mon p’tit, mais tu as une idée de ce que tu aimerais faire, plus tard ? Je regrette de ne pas m’être penchée plus tôt sur la question…. vive le stresse à la dernière minute ! » Je haussais un sourcil soudainement, me rendant compte de ce que je venais de dire : « Oh nan, laisse tomber....on est en vacances ! »

Les circonstances dramatiques avaient fait passer mon orientation au second plan… D’ailleurs, il m’avait parlé un peu plus sérieusement que d’habitude et je voyais clairement le sous-entendu, même si « fête foraine » n’était pas vraiment entré dans la conversation.
Essayant de prendre un air le plus détaché possible, je lui répondis : « Tout est dans la tête… question de volonté je pense. » Il avait ensuite répondu sans le vouloir à mes précédentes pensées. Devinait-il que je me sentais horriblement seule, vide…. L’absence d’Asling était quelque chose que je n’avais pas envisagée et le temps continuait de courir, sans que je ne puisse y faire quoique ce soit. Combien de fois m’arrivait-il encore de me concentrer, pendant de longues minutes pour essayer de trouver une façon d’effacer cette journée à la fête foraine, ou simplement un petit élément du déroulement des faits ! Rien à faire, tout s’était envolé en l’espace de quelques secondes et j’avais encore du mal à le réaliser parfois. « Je pense que ce cas de figure peut se produire plus souvent qu’on ne le pense… » Je calquais un sourire sur mes lèvres, pour paraître totalement sereine dans cette conversation, mais je ne l’étais pas, loin de là. « Je n’hésiterai pas, promis. Thomas ne va pas me bouffer un doigt ? » Je laissais traîner quand même une petite pointe d’humour avant de poursuivre : « Mais tu sais, ce qui me ferait vraiment plaisir, c’est être sûre que tu feras vraiment attention à toi, dans n’importe quelles circonstances, où que tu sois…. C’est sûrement psychologique et je sais qu’il ne t’arrivera rien, je l’espère… Mais si seulement je pouvais avoir cette certitude, pour tous mes proches, toi y compris, je pense que je respirerai mieux. » Je haussais les épaules, tout cela n’était que vérités. « J’ai une peur bleue qu’il arrive quelque chose à quelqu’un de nouveau… C’est désagréable mais il faut vivre avec, je suppose. » Que lui dire de plus ? J’avais toujours un peu de mal avec ça et surtout quand il était question de sentiments. J’étais tout sauf une sentimentale, mais il fallait bien avouer que j’avais eu le cœur plus que brisé mais le destin en avait décidé ainsi….
Pour toutes ces raisons, je pensais que Nath’ devait profiter, ne pas laisser passer une chance de profiter de Chleo, de ses autres amis et de ses proches. Est-ce que tout le monde avait conscience de cela ? Il avait fallu qu’Asling s’en aille pour que ce soit mon cas…