Je commençais à avancer, direction les poulaillers pour enfin faire quelque chose. ‘Nous sommes là pour les corvées ou pour discuter ?’ Pensais-je en dépassant tous mes camarades de tâche. Ramasser les œufs n’était pas ce qu’il y avait de plus difficile, mais je me voyais déjà m’incruster, un peu plus tard, avec quelqu’un d’autre, pour donner un petit coup de main. L’aide n’était jamais de refus en règle générale. Ma plus grande surprise fut d’entendre la voix de Noel me dire qu’il venait avec moi. Je n’étais pas habituée à sa voix car je n’avais jamais eu l’occasion de le côtoyer énormément même s’il passait plusieurs moments avec Knox. Je lâchais un petit « Si tu veux…. » que personne n’avait dû entendre, sauf moi, et continuais à avancer, sentant sa présence derrière moi. Le jeune homme me posa une question et je me retournais vers lui pour lui répondre :

« Oui, si je ne te les casse pas sur la tête avant. » Je secouais la tête pour excuser ma bêtise et lui faire comprendre qu’il ne devait surtout pas prendre ça au sérieux puis répondis sérieusement cette fois : « Je me dévoue pour les amener aux cuisines si tu veux mais….je te signale quand même qu’une certaine Knoxslay Baxter traîne près des fourneaux, c’est dans ton intérêt de choisir la tâche ingrate. » Je lui lançais un petit regard en coin assorti d’un sourire. Bah quoi ? Je n’avais pas ma langue dans ma poche non plus…sauf quand il y avait trop de monde ; désormais, tout allait mieux maintenant que je m’éloignais de tous ces inconnus. « C’est sympa d’être venu avec moi ! Avec les poules, on ne sera pas obligés de mettre les mains dans la saleté. Puis… je ne sais pas si tu l’as déjà fait, mais ça donne une étrange satisfaction de ramasser des œufs ! » J’espérais juste ne pas lui avoir fait trop pitié…si c’était le cas, j’allais m’en remettre, je m’en remettais toujours ! Quant aux œufs, j’avais fait ça une fois quand j’avais 6 ans (ouais le souvenir de dingue) et je me souvenais encore de l’avidité avec laquelle j’ouvrais le poulailler avec le désir d’y découvrir un petit œuf. En avançant toujours, je demandais à Noel : « Dis…tu étais en train de te disputer avec la future septième, je me trompe ? » S’il ne voulait pas me parler de ça, ce n’était pas grave, mais moi j’avais un réveil soudain après avoir pris la décision de bouger un peu et de ne pas rester plantée dans l’étable à me tourner les pouces. Même sans me connaître, le jeune homme devait savoir que je n’étais pas du genre à insister et à ennuyer le monde, mais plutôt à m’écraser.
Sans même nous en rendre compte, nous étions déjà proches des poulaillers. En bonne amoureuse des animaux en tous genre, je trouvais les poules très mignonnes même si elles n'avaient rien de bien particulier. Je gardais néanmoins cette petite remarque pour moi, n'aspirant pas forcément à passer pour une abrutie de service aux yeux de Noel.

Catalina était fatiguée, faute à la corvée qui l'avait obligé à se lever tôt. Étant en vacances et de surplus depuis qu'Alycia vivait chez elle, elle avait pris l'habitude de se coucher tard et maintenant, même si elle essayait de s'endormir tôt, elle en était incapable. Puis disons-le, se lever tôt et se coucher tôt n'avait jamais été sa force, d'autant plus qu'elle était dans la période de l'adolescence. C'était bien connu, les adolescents n'étaient pas faits pour ces horaires. C'était même prouvé par des experts. Toutefois, en marchant vers l'étable, elle tâcha d'être un brin plus positive. S'occuper des animaux, c'était pas si mal non ? En tout cas, c'était cent fois mieux que de faire le ménage... Puis c'était à l'extérieur, ce qui avait l'avantage de lui faire profiter du beau temps. Elle n'en dirait peut-être pas autant dans quelques semaines lorsqu'elle aurait des coups de soleil, mais pour l'instant elle aimait pouvoir être à l'extérieur et non enfermé. Elle fit le chemin en se demandant quelle tâche en particulier elle devrait effectuer et qui y serait. Elle n'avait pas vérifier la liste, voulant seulement choisir une corvée au plus vite qui ne semblait pas trop mal. Si elles étaient obligatoires, aussi bien qu'elles ne soient pas trop ennuyantes.

En arrivant, un rapide coup d'oeil lui permis de repérer des gens avec qui elle s'entendait bien, notamment Emrick et Lalie. Justement, celle-ci était en compagnie de Noël et de Nathan... Catalina en fut un peu déstabilisée. Elle ne lui avait plus adressé la parole depuis qu'ils s'étaient disputés au bal et à vrai dire, elle y avait beaucoup pensé même si elle ne le montrait pas. Avec du recul elle comprenait un peu plus son point de vu, mais elle tenait toujours autant au sien. Elle passa à deux doigts de l'ignorer pour ne pas avoir à affronter le problème et parce qu'elle ne savait pas vraiment comment agir, mais elle se résigna. Il fallait qu'elle lui prouve qu'il avait tord de penser des trucs pareils et elle savait en plus que la pire chose à faire en ce moment était de l'ignorer. Elle prit donc son courage à deux mains et alla le voir, lui disant ce qu'elle pensait. Il était clair qu'ils devaient discuté, mais laisser tout ça de côté durant la corvée n'était pas une mauvaise idée. Après tout, si le groupe s'entendait bien les heures de travail seraient surement plus amusante. Elle-même n'avait pas trop envie qu'il y ait des problèmes, l'ambiance en deviendrait lourde et désagréable.

À son plus grand soulagement, Nathan approuva ses paroles en disant qu'effectivement, ils auraient à en reparler. Pour l'instant au moins, elle savait que la corvée se déroulerait bien. Un sourire s'étira sur son visage lorsqu'elle sentit ses lèvres sur sa joue et qu'il lui prit la main. Malgré leurs opinions différentes, elle tenait encore beaucoup à lui et aussi stupide que ça puisse paraître, elle avait eu peur que ce ne soit pas son cas. Ils se rapprochèrent du groupe où les tâches commençaient à se répartir. Elle dit donc à Nathan :

« Tu préférerais quoi toi ? Les vaches, les lapins, les moutons ? »

Noel et une fille qu'elle connaissait de vu s'occupaient déjà des poules et les autres bah... Ils discutaient encore. Elle ne leur en voulait pas, mais pour sa part aussi bien se mettre au travail tout de suite. Après tout, la corvée ne se ferait pas toute seule.