En cette journée de juin, Adelaide se trouvait à la bibliothèque, carnet ouvert, crayon à la main, à dessiner un portrait de la bibliothécaire. Ce n'était pas dans l'intention de lui donner ou de le montrer à qui que ce soit. Certains composaient des chansons en voyant des gens dans la rue, d'autres en écrivaient des histoires, et bien elle, elle aimait bien prendre des personnes au hasard et les dessiner. Ça la tenait occupé et lui permettait d'exercer une de ses passions. Elle paufina un peu le tout jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'une petite de première année regardait un peu trop souvent son dessin... À chaque deux secondes pour être précise. Elle devait être impressionné, Adelaide ne lui en tenait pas rancoeur, mais s'il y avait quelque chose qu'elle détestait c'était qu'on observe sans cesse l'évolution de son dessin ou qu'on l'observe à la dérober alors qu'elle dessinait. Montrer le résultat final ne la dérangeait pas, mais elle n'aimait pas qu'on la regarde alors qu'elle était en train de le faire. C'était un peu comme quand quelqu'un lisait par-dessus votre épaule. Bref, elle décida mieux de fermer son carnet, ramasser ses affaires et de se lever histoire de faire un petit tour vers les étagères et de ne pas être venu pour rien. Après quelques coups d'oeil son choix se posa sur un bouquin de divination qui expliquait en détails comment interpréter l'avenir grâce à des nuages et un récit d'aventure. Elle adorait ce genre de livre ! Elle alla voir la bibliothécaire pour que le livre soit à son nom avant de quitter.

Une fois dans les couloirs, elle se mit à marcher avec la ferme intention de se rendre au parc. Ses amis devaient s'y trouver et si non, et bien c'était toujours un endroit agréable où passer le temps. Elle pourrait commencer la lecture de ses livres et essayer de traduire les nuages sur place... Alors qu'elle était en pleine réflection sur des hypothèses de comment on devait s'y prendre, elle eut un choc brutal. Elle sentit quelqu'un lui foncer dedans de plein fouet, ce qui lui fit perdre équilibre et tomber à terre. Le garçon s'excusa rapidement avant de se remettre à courir. Et ben, il devait être dans un sacré pétrin... Pour sa part, afin que l'incident soit ni vu ni connu, elle ramassa ses affaires à la va vite, se leva rapidement et épousseta sa robe avant de repartir sans un regard en arrière. Elle avait un peu mal à la jambe à cause de la chute, mais elle n'avait pas envie de s'attarder trop longtemps et d'attirer les regards pour les mauvaises raisons.

C'est alors que Keagan, un garçon dans ses cours, sortit de nul part en lui tendant son carnet. Elle en eut la bouche ouverte. Comment avait-elle pu laisser derrière son carnet ? Son carnet qu'elle trainait partout, qui au fil du temps était devenu un vrai défouloir, une sorte de journal intime ? Elle ne pouvait s'imaginer s'il avait été ramassé par quelqu'un avec de mauvaises intentions ! Le Poufsouffle lui dit que ce qu'elle faisait était superbe et lui demanda si ça faisait longtemps qu'elle dessinait. À vrai dire elle était touchée par son commentaire, même s'il était petit ça signifiait beaucoup pour elle.

« Merci beaucoup. En fait ça fait à peu prêt... » Alors qu'elle reprit son cahier et qu'elle s'apprêtait à donner un nombre d'année, les informations se mirent en place et à monter peu à peu à son cerveau. Ce garçon, qui était presqu'un inconnu, avait feuilleté son carnet ? Il avait tout vu ? Le rouge lui monta aux joues, comment n'avait-elle pas réaliser cet aspect avant ? Elle se serait enfuie en courant si ça avait été le cas... Dedans il y avait des dessins très banals, par exemple le croquis d'un arbre ou bien d'une main, mais certains étaient plus personnels. Par exemple il y avait des portraits de gens qu'elle dessinait à leur insu, des moments de ses journées, des dessins qui reflétait ses sentiments, par exemple ses frères et soeurs sur un piedestral alors qu'elle se trouvait au bas... « Attends, ça veut dire que tu... Tu l'as feuilleté ? » Dit-elle d'une petite voix étranglée. « On ne t'as jamais dit de ne pas fouillé dans les affaires des gens ? » Malgré tout, Adelaide n'était pas une grande provocatrice alors sa dernière phrase ressembla plus à une lamentation qu'à une repproche...

Adelaide marchait tranquillement dans les couloirs avec pour objectif de se rendre au parc lorsqu'un garçon de son année l'arrêta. Au début elle avait été surprise, se demandant pourquoi il lui parlait. Bon, Keagan n'était pas un total inconnu, ils suivaient les même cours depuis quatre ans, mais ils ne s'étaient jamais parlés avant. Il lui tendit alors son carnet de dessin. C'était un de ses biens les plus précieux, c'était le carnet. Elle en avait quelques-uns où elle ne faisait que de simples gribouillis, mais dans celui-ci la grande majorité de ses dessins reflétaient ses sentiments ou des moments importants de sa vie. Au départ, lorsque le garçon lui tendit elle fut incroyablement soulagée de le voir. À vrai dire elle ne s'était même pas rendue compte de l'avoir perdu ! Toutefois, lorsqu'elle réalisa que ça voulait dire que le garçon l'avait feuilleté, elle vira rouge pivoine et eut envie de s'enfuir six pieds sous terre. Elle ne savait pas exactement ce qu'il avait vu, mais elle n'était pas très à l'aise à l'idée qu'il ait regardé dedans. Il semblait être un garçon vraiment bien, mais qu'est-ce qui lui disait qu'elle ne se trompait pas et qu'il n'irait pas ensuite tout raconter à ses amis ? Elle les imaginait déjà dans un coin en train de la pointer du doigt et de rire d'elle... C'est pourquoi elle lui demanda si on ne lui avait jamais appris à ne pas fouiller dans les affaires des gens. Pas franchement sympa, elle le savait, mais elle ne l'avait pas fait pour déclencher une dispute. Le mal était fait de toute façon. Elle avait plutôt dit cela pour faire comprendre au Poufsouffle qu'elle n'appréciait pas.

Bien sûr, il sembla agacé par la suite. Adelaide se sentit alors un peu mal, son but n'avait pas été de se faire un ennemi. S'il y avait quelque chose qu'elle détestait, c'était la confrontation. Keagan continua de parler en disant qu'il aurait très bien pu laisser traîner son carnet et donna un exemple de ce que quelqu'un de mal intentionné aurait pu faire. Ok, il gagnait un point. Elle se mordit l'intérieur des joues, sachant pertinemment qu'il avait raison. Elle avait au moins eu la chance que Keagan n'ait pas été de ce genre et qu'il prenne la peine de lui remettre en main propre. Sa réaction avait peut-être été exagéré, mais elle demeurait très gêné qu'il y ait jeté un coup d'oeil. Le garçon marquait un deuxième point, il devait bien l'ouvrir pour savoir à qui il appartenait. Ouais, pas faux... Mais c'est alors qu'il lui dit quelque chose qui lui fit voir les choses de manière totalement différente. Il lui montra un carnet, sortit de son sac en disant qu'il s'agissait de son propre carnet. Alors il dessinait lui aussi ? Waouh... C'était rare de trouver quelqu'un dans le châteaux qui partageait sa passion. Enfin, plusieurs élèves aimaient dessiner, mais que le Poufsouffle tienne un carnet prouvait que pour lui c'était plus qu'un simple passe-temps. Puis il dit aussi qu'il aimait ce qu'elle faisait... C'était des choses qui faisaient du bien à entendre en général, mais aussi de personnes hors de son cercle d'amis. Ses amis pouvaient lui dire que c'était beau mais en fait lui mentir en plein visage, Keagan aurait simplement pu lui donner son carnet et partir, mais à la place il prenait la peine de lui parler pour lui dire qu'il appréciait son travail... Et elle en retour n'avait pas été très agréable. Sa timidité était encore présente, par contre elle se radoucit considérablement, pouvant constater pour de bon que les intentions du Poufsouffle n'étaient pas mauvaises.

« Je... Désolé. Enfin, je penses que tu peux comprendre ma réaction puisque toi aussi tu en as un. » Elle regarda au sol un petit instant avant de lever le regard, en disant un peu timidement : « Ça me fait plaisir de savoir que tu aimes mes dessins. C'est rassurant aussi, puisque tu t'y connaît dans le domaine... » Elle eut un faible sourire avant d'ajouter, ayant l'impression qu'il fallait qu'elle se justifie : « Je veux dire, à part Nonna, ma grand-mère, je ne connais pas beaucoup de gens qui s'y connaissent en dessin. Ma grand-mère me dit toujours que c'est très bon, mais c'est ma grand-mère justement, alors comment savoir si c'est vrai ou pas ? Enfin, tu dois comprendre... Par exemple tes parents doivent te dire que c'est beau, mais comment en être sûr ? Tout est beau au yeux des parents. » Dit-elle avec un petit rire. Enfin, elle supposait que c'était comme ça avec des parents normaux. Pour tout dire elle avait beaucoup penser à Nonna en parlant de parents. Les siens n'étaient disons pas très présents. Malgré tout, depuis que le garçon avait sorti son carnet une grande curiosité l'envahissait. Elle avait très envie d'y jeter un coup d'œil, pour se donner une idée du style de dessin qu'il fasait, de son niveau, etc. Bon ok, elle comprenait peut-être un peu mieux pourquoi il avait feuilleté le sien, même si ça ne diminuait pas la gêne qui l'envahissait en y pensant.

« Tu as vu quelques-uns de mes dessins... Je... Je pourrais jeter un petit coup d'œil aux tiens ? Mais pas n'importe lesquels hein, juste ceux que tu voudras bien me montrer. »

Elle le dit pour lui faire comprendre que s'il ne voulait pas montrer un dessin trop personnel, ça lui allait quand même parfaitement.

Partager sa passion pour l’art,
c’est ouvrir d’autres portes à notre talent.

Adelaide & Keagan

Je savais l’importance qu’avait un carnet de croquis pour son propriétaire, cela m’avait donc paru normal de chercher à qui il appartenait et de lui rendre, évitant ainsi qu’il ne tombe aux mains d’une mauvaise personne. Cette personne n’était autre qu’Adelaide, que je ne connaissais pas très bien. Enfin, je savais qui elle était bien sûr, nous suivions les mêmes cours depuis quatre ans désormais, mais nous n’avions jamais eu l’occasion de nous parler en dehors des salles de classe.
Je lui avais donc rendu, en profitant pour lui dire qu’elle maîtrisait bien. Je n’avais vu que deux ou trois de ses croquis, cherchant un nom et ne voulant pas entrer dans l’intimité du propriétaire. Cependant, j’avais eu le temps de voir qu’elle avait du talent et que ses dessins m’avaient attirés l’œil. Ouais, j’étais sensible à ça, à tout ce qui ressemblait à des performances, peu importe le domaine. D’ailleurs, c’était bien pour ça que j’aimais dessiner Snow pendant qu’il s’entraînait à diverses acrobaties. J’aimais mettre sur papier ce qui me touchait, ce qui m’impressionnait, ce qui m’intéressait ou ce qui me choquait, du coup mes dessins étaient très personnels, et j’imaginais que c’était le cas pour Adelaide aussi.

La réaction de reproche de la jeune fille me fit reculer d’un pas. Ce n’était pas ce à quoi je m’attendais en lui ramenant son carnet, du coup j’étais partagé entre un certain malaise et un petit agacement. Rapidement, je me défendis, lui expliquant pourquoi j’avais agi de cette façon, après tout le feuilleter me semblait inévitable pour que je retrouve le propriétaire.
Voulant lui montrer ma bonne foi après ma petite précision, je sortis de mon sac mon propre carnet de croquis, lui faisant ainsi comprendre que j’étais sûrement la personne la mieux placée pour comprendre ce qu’elle ressentait.
Elle s’excusa alors et je ne pus qu’acquiescer d’un signe de tête le faire que je puisse comprendre sa réaction. Je ne dis rien alors qu’elle baissait les yeux, les relevant rapidement et me disant qu’elle était tout de même contente que j’aime mes dessins. Sa réaction venait de changer du tout au tout et je devais avouer que je préférais ça. Je n’étais pas adepte des conflits, mais s’il y en avait, ça ne me faisait pas grand-chose, ça faisait partie du quotidien des élèves après tout, nous ne pouvions pas nous entendre avec tout le monde, fort heureusement ! Je continuai de la regarder alors qu’elle tenta de justifier ses propos, ce qui me fit doucement sourire. J’avais comme l’impression qu’elle voulait se donner une excuse à sa réaction. Elle n’en avait pas besoin, ce n’était pas ce que j’attendais, après tout je comprenais, bien que sur le coup sa première réaction m’ait agacée.
Elle avait raison, on ne pouvait savoir si nos parents, ou notre famille, étaient objectifs pour juger nos dessins. Les miens trouvaient ça toujours magnifiques, mais je ne leur en montrais qu’une partie, étant déterminé à ne pas leur faire découvrir les autres qui pourraient les angoisser. D’ailleurs, je ne les montrais à personne, cela en disait bien trop sur moi et sur mes intentions pour l’avenir. Pour ce qui était de mes dessins quotidiens, je pouvais les montrer à mes proches, mais je n’attendais pas pour autant un jugement, n’aimant pas tellement l’hypocrisie des gens. Je souris sincèrement à la fin de sa phrase.

« Ouais, les parents n’sont pas vraiment objectifs avec nous, mais ce sont eux qui nous donnent les meilleurs encouragements. Enfin, je n’aime pas tellement montrer mes dessins à n’importe qui, c’est trop… hum personnel, tu vois c’que j’veux dire. Surtout que la plupart du temps, les gens ne voient que le dessin en lui-même, ils n’arrivent pas à voir ce qu’il y en-dessous. » Je haussai alors les épaules, ajoutant : « Enfin, c’est limite mieux, au moins ils ne cherchent pas à savoir ce que ça cache, et ça me va ! ».

Je sentais depuis quelques minutes qu’elle avait un regard appuyé sur mon carnet. Est-ce que cela l’intriguait ? Est-ce qu’elle se méfiait de mes propos ? Je ne le savais pas mais quelque chose me disait que j’aurai vite ma réponse. Rapidement, la jeune fille reprit la parole :

« Tu as vu quelques-uns de mes dessins... Je... Je pourrais jeter un petit coup d'œil aux tiens ? Mais pas n'importe lesquels hein, juste ceux que tu voudras bien me montrer. »

Regarder mes dessins ? Ma première réaction fut de ramener un peu plus mon carnet vers moi. Un sale réflexe d’un parano qui ne voulait pas qu’on fouille dans ses affaires. En soit, sa justification était logique. J’avais vu ses dessins, il était normal qu’elle voit les miens. Mais comme elle le disait si bien pas n’importe lesquels. J’observais alors autour de nous, remarquant qu’il y avait beaucoup de passage. Je la regardai alors, acquiesçant d’un signe de tête.

« D’accord, mais ça te gêne pas qu’on se mette plutôt dans le recoin là ?! » Lui lançai-je tout en donnant un coup de tête vers le recoin, à quelques pas de nous, ne souhaitant pas que n'importe qui voit. Sans attendre sa réponse, je me dirigeai vers l’endroit et feuilleta mon carnet à la recherche d’un croquis qui n’en disait pas trop sur moi. Une fois qu’elle fut à mes côtés, je lui tendis mon carnet où l’on pouvait voir le château, dessiné depuis les gradins du terrain de Quidditch ; Ce dessin m’avait pris beaucoup de temps, mais il était assez neutre. On pouvait y voir de nombreux détails comme les oiseaux autour de cette masse, les fenêtres sculptées dans les murs, quelques gravures, même minuscules. Bref, c’était un dessin que j’aimais, je ne pouvais le nier, et le montrer à Adelaide, une presqu’inconnue, était quand même un effort pour moi. Etrangement, mon cœur s’emballait un peu, une légère appréhension prenait place, ayant peur qu’elle rembarre mon travail ou qu’elle me mente… ce que je verrai direct. Je levai les yeux vers elle alors que je lui mettais le carnet dans les mains. « Je l’ai fait au début du printemps dernier, des gradins du terrain de Quidditch. » Je l’observais pendant qu’elle regardait mon dessin. Doucement, et d’une voix calme, je lui demandai : « Est-ce que je pourrais en voir un peu plus, de tes croquis ? J’ai pas eu la chance de les voir longtemps… » Lui dis-je avec un petit sourire.

© EKKINOX

 
 

Adelaide était entrée en collision avec un autre élève et voulant s'échapper de cette situation au plus vite, s'était rapidement relevée en ramassant ses affaires au plus vite. C'est pourquoi lorsque Keagan, un garçon de son année, arriva avec son carnet de croquis dans ses mains, elle eut un réel choc. Par merlin, comment avait-elle pu l'oublier ? Et d'abord qui lui avait donné le droit de regarder ? Elle se sentait honteuse, un peu comme si on avait lu son journal intime. Non qu'elle en tienne un, puisqu'en fait son carnet de croquis prenait la position de journal intime. Elle fit savoir son mécontentement au garçon, qui se vexa. Sauf que après réflexion, il avait raison. Il avait été obligé de chercher un nom et donc d'ouvrir son carnet pour pouvoir lui remettre. Le malaise passé, la Serdaigle se détendit un peu et essaya de voir le bon côté des choses. Au moins c'était lui qui l'avait ramassé et pas quelqu'un de mal intentionné. De plus, il dessinait lui aussi, un point qui la rassura énormément. Et puis, il avait dit qu'il aimait ce qu'elle faisait, ce qui lui fit plaisir.

Entendre le Poufsouffle parler d'art piqua sa curiosité et elle ne put s'empêcher de regarder de plus en plus son carnet. Elle avait envie de voir ce qu'il faisait, mais il venait de dire qu'il n'aimait pas montrer ses dessins... Elle lui demanda finalement s'il pouvait lui en montrer quelques-uns qu'il choisirait lui-même. Toutefois, Keagan ramena vers lui son carnet. C'était assez clair comme réponse... Sauf qu'il la surpris ensuite en hochant de la tête. Apparemment il voulait seulement se mettre un peu à l'écart. Elle pouvait comprendre cela, après tout beaucoup d'élèves passaient dans le coin. Elle le suivit donc jusqu'au recoin qu'il avait mentionné, puis il lui tendit son carnet qu'elle prit délicatement dans ses mains. Et puis là, elle fut époustouflée. Ce garçon avait le sens du détail ! Au départ la vue d'ensemble ne montrait que le château, joliment représenté, mais tout de même. Sauf que quand on regardait bien, on pouvait se rendre compte de la minutie qu'il avait fallu pour le réaliser. En effet, le dessin comprenait de minuscules gravures, les fenêtres sculptés, et même le paysage environnant, comme des oiseaux.

« Waouh... » Dit-elle en levant le regard et en lui souriant. « J'ai l'impression d'y être dans ces gradins ! » Elle rebaissa les yeux vers le dessin et ajouta : « Ce qui est le plus frappant ce sont les détails. Je pense d'ailleurs que c'est le plus important. C'est ce qui donne du réalisme à un dessin, ou du moins, l'impression de voir la scène de nos propres yeux. »

Un court moment après, Keagan lui demanda s'il pouvait voir plus de ses croquis, ajoutant qu'il n'en avait pas vu beaucoup... Elle hésita un peu, mais bon, elle choisirait lesquelles lui montrer pas vrai ? Puis il lui avait prouvé pour l'instant que pour ce genre de truc il était digne de confiance. Elle n'était pas prête à lui montrer des dessins plus significatifs, mais un dessin comprenant peu d'émotions, ça pouvait aller. Par contre, quoi lui montrer ? Même si Adelaide adorait dessiner des paysages et un peu tout ce qu'elle voyait, son truc à elle c'était surtout les portraits. Hors, la plupart des portraits qu'elle faisait étaient à l'insu des autres et elle avait peur de la réaction des gens s'ils l'apprenaient. Parce que franchement, savoir qu'une fille de 15 ans vous avait dans son carnet de croquis sans que vous le sachiez, c'était assez bizarre. Du coup elle décida d'être prudente pour commencer et préféra lui montrer un "paysage" elle aussi. Elle choisit un dessin qu'elle avait fait de la salle commune de Serdaigle. Elle en était pas mal fière, il avait été difficile celui-là ! Essayer de reproduire une partie du "dôme" servant de plafond peint d'étoiles ça n'avait pas été facile... Sur le dessin on pouvait voir plusieurs fauteuils, des livres trainés un peu partout et même la sculpture de Rowena Serdaigle sur laquelle elle avait passé particulièrement de temps.

« Tiens, voilà ! C'est la salle commune de Serdaigle. » Dit-elle en lui tendant son carnet, assez nerveuse. Elle avait peur de ce qu'il en penserait. Son dessin à lui était super, elle commençait à douter du sien finalement... « Par contre moi mon truc c'est plutôt les portraits...» Ce n'était pas faux, mais elle disait surtout ça pour se justifier à l'avance, au cas où il trouverait ça complètement pourri. « Je l'ai fait en mai. Tu penses que ça causera problème si tu sais à quoi ressemble notre salle commume ? Enfin non, oublie, je vois pas pourquoi y'aurait un problème. Si c'est le cas ça serait stupide mais de toute façon personne ne le saura. Enfin, tu diras rien hein ? » Fallait dire que quand elle était nerveuse, elle parlait souvent pour finalement ne rien dire...

Spoiler:

Partager sa passion pour l’art,
c’est ouvrir d’autres portes à notre talent.

Adelaide & Keagan

C’était vrai, j’avais tendance à être rapidement sur la défensive lors d’une confrontation. Je me vexais rapidement et je pouvais vite partir au quart de tout, impossible de me contrôler. Mais je savais aussi vite m’apaiser lorsque je voyais que le conflit était inutile. C’était le cas avec Adelaide, nous n’avions aucune raison de nous prendre la tête. Surtout que nous avions la même passion, et c’était assez rare de trouver quelqu’un qui la partageait.
Je comprenais sa réaction, au fond, un carnet de croquis c’était une partie de nous, il en disait bien plus sur nous que notre façon de nous habiller, de nous exprimer ou toute autre chose. Nos émotions et notre intimité se trouvaient dans chacun de nos dessins. Dans certains plus que d’autres, mais pour ma part, je n’aimais pas trop les montrer à des inconnus. A mes amis, ou à des personnes que j’appréciais, pas de problème, mais sinon… j’étais un peu sur mes gardes.

Après la demande de la Serdaigle de lui montrer quelques dessins, j’hésitai un court instant puis je l’entraînai un peu à l’écart afin de lui en montrer un du château, que j’avais fait au printemps dernier. Il était vrai que j’adorais dessiner des détails. Ce que j’adorais aussi, c’était rajouter des choses inexistantes sous mes yeux. Des éléments qui sortaient de mon imagination pour pimenter et valoriser un peu mes croquis. Ca, c’était en quelque sorte ma touche personnelle. Je ne la lâchais pas du regard alors qu’elle observait mon dessin. Je ressentais une sorte d’appréhension. Je n’étais pas contre les critiques, surtout quand elles étaient constructives, mais je devais avouer qu’en premier lieu j’avais du mal à les encaisser. Et là, je craignais qu’elle trouve ça inintéressant ou tout simplement qu’elle me mente juste pour me faire plaisir… encore pire !

Sa réaction me soulagea grandement. Je souris timidement en réponse au sien, me pinçant doucement les lèvres alors qu’elle commentait mon dessin. Je baissai quelques secondes les yeux vers ce dernier avant de les relever vers la jeune fille. « Merci. C’est sympa. » Puis j’ajoutai avec un petit sourire, ayant du mal avec les compliments, avant de reprendre doucement mon carnet. « C’est des critiques qui comptent de la part d’une artiste. »

Peu après, je lui demandai de me montrer, elle aussi, l’un de ses dessins, afin de pouvoir voir ce qu’elle avait sous le crayon. C’était intéressant de voir ce que les autres passionnés de dessin crayonnaient, de regarder leur style… c’était aussi très enrichissant. Après avoir feuilleté son carnet, la Serdaigle me montra un croquis d’une salle. En réalité, je n’avais pas le souvenir d’avoir déjà vu cet endroit, mais étrangement je n’avais pas l’impression qu’il me soit totalement inconnu. Je pris alors le carnet entre mes mains et regarda avec plus d’attention le dessin. C’était superbe, j’adorai les coups de crayons fins qu’elle pouvait donner, les accentuant par des traits plus épais. Très joli. Vraiment, c’était top ! Je levai les yeux vers elle lorsqu’elle expliqua son dessin. Je compris un peu plus pourquoi l’endroit me semblait légèrement familier. La salle commune de Serdaigle. Un lieu que je n’avais jamais vu mais qui avait des caractéristiques du château en lui-même. J’acquiesçai alors d’un signe de tête, continuant de l’écouter tout en reposant mes yeux sur son croquis qui était vraiment sympa. Les portraits ? Tiens, c’était quelque chose que je ne faisais jamais, ça ne devait pas être évident. Je ne fis pas attention à toute la suite de ses paroles, elle avait un débit assez impressionnant et j’étais plutôt concentré sur ce que j’avais sous les yeux. Mais j’avais compris l’essentiel de ses paroles.
Je lui souris alors, pointant son dessin de mon index. « C’est superbe, j’ai l’impression d’y être ! D’ailleurs, votre salle commune est sympa. Tu dessines vraiment bien, j’aime bien ton style. Mais… euh…. » Je lui souris timidement, fuyant quelque peu son regard en demandant : « Tu n’aurais pas un portrait à me montrer ? Si c’est ta spécialité, tu dois vraiment gérer. C’est quelque chose que je n’ai jamais fait… s’il te plait. » Lui dis-je tout en reposant un regard mêlant hésitation et sincérité sur elle. Après tout, j’allais peut-être trop loin en lui demandant de voir un dessin qui était sûrement plus intime pour elle. Si elle refusait, je le comprendrais, mais c’était dommage de ne pas montrer à un passionné de dessin ce que l’on savait faire de mieux, nan ?

© EKKINOX