Pour sûr, la salle commune allait manquer à Archie pendant l'été. Oh, il était toutefois bien satisfait de rentrer chez lui malgré tout, il allait revoir sa petite sœur qu'il n'avait pas vue depuis les dernières vacances, ses parents également et il devait bien avouer que, de temps à autres, il se mettait tout d'un coup à devenir nostalgique et à regretter l'air marin de sa ville natale. Mais, résolument, la pensée de quitter le château pour deux mois lui faisait un léger pincement au cœur. Il n'aurait plus à supporter ses camarades de dortoir, il n'aurait plus un seul cours, il ne verrait peut-être même pas ses amis pendant cette période et plus que tout, c'était particulièrement l'atmosphère de l'école qui allait lui faire un vide. Depuis qu'il était ici, Archie avait pris particulièrement goût à la magie, plus encore qu'avant. A Poudlard, il pouvait s'en servir comme il le souhaitait. Chez lui, c'était nettement plus difficile, d'autant plus que ses parents avaient élu domicile en plein dans la ville la plus moldue qui soit. Alors, en attendant, Archie tentait de profiter au maximum des quelques semaines qui restaient avant de remonter dans le Poudlard Express.
Et pour faire le plein de tout ce qu'il allait regretter, quoi de mieux que d'élire domicile dans la salle commune ? Archie l'aimait beaucoup. Son ambiance familiale, ses hautes fenêtres, son côté rassurant et beaucoup d'autres choses encore n'avaient cessé de l'animer pendant six ans. Vraiment, à la simple pensée de se dire qu'il ne lui restait plus que quelques mois ici avant de s'en aller définitivement avait de le don de lui fendre un peu le cœur. Archie s'était donc installé dans l'un des canapés et avait ouvert un livre fort peu intéressant sur l'histoire des Loups-Garous en Norvège en faisant à moitié semblant de lire. Il en profitait pour jeter des coups d’œil réguliers par dessus son ouvrage sur les élèves qui allaient et venaient afin de trouver quelqu'un à qui taper la causette bien tranquillement. Oh, bien sûr, il connaissait la moitié des élèves de Serdaigle, l'autre de vue, mais tout de même, il n'était pas si proche de la plupart. Il ne restait plus qu'à attendre patiemment que l'un de ses camarades qu'il appréciait se pointe.

Soudain, il repéra sa proie. Adelaide, une élève de quatrième année qui était là. Et seule, de surcroît. Archie ne pouvait pas exactement dire pourquoi il appréciait la jeune fille. Finalement, il ne lui avait pas tant parlé que ça et elle faisait partie de ses connaissances sans pour autant rentrer dans le cercle fermé de ses amis intimes. Il lui disait bonjour quand il la croisait, ils en profitaient pour échanger deux ou trois mots et c'était fini. Seulement, elle était d'une timidité sans pareille, ce qui amusait grandement Archie. Il adorait les gens timides. Il était tellement facile de les gêner avec une simple remarque et de s'amuser à leurs dépens avec leur propre personnalité que la timidité faisait des ces gens, aux yeux d'Archie, des personnes tout à fait formidables. Ils étaient sans le vouloir un spectacle exquis comme on en voyait peu pour qui voulait bien leur accorder un peu d'attention. Et cette fille, Adelaide, constituait un spécimen du genre particulièrement incroyable. Elle manquait de confiance en elle comme il n'était pas permis et se révélait être tout à fait anxieuse régulièrement. De plus, elle possédait un bousouflet magnifique qui pouvait faire craquer Archie en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'Archie avait abordé Adelaide en premier lieu. L'attrait des animaux avait alors encore frappé et le Serdaigle n'avait pas hésité une seule seconde en apercevant l'animal. Pire, même, il s'était depuis quelques temps pris d'affection pour lui, bien à l'inverse de la jeune fille qui tenait Nemo en horreur, ce qui amusait plus encore Archie. Résolument, Adelaide avait le donc de le mettre de bonne humeur. Et puis, au fond, elle était un peu comme lui, ils avaient des caractères relativement similaires sur plusieurs points et cette fille était loin d'être idiote, raison supplémentaire s'il en fallait une pour l'apprécier plus encore.

Alors, sans réfléchir plus longtemps, Archie rangea son livre et s'approcha d'elle doucement, presque sur la pointe des pieds. Tant qu'à faire, s'il pouvait l'effrayer en lui disant bonjour, elle n'en deviendrait que plus amusante encore. Certes, il était plutôt lâche d'attaquer quelqu'un par derrière, mais ici, il ne s'agissait pas d'attaquer, simplement de faire peur, donc la démarche était bien différente. Toutefois, démarche différente ou non, le succès de l'entreprise était bien compromis et il n'aurait pas été surprenant qu'Archie lui fasse tout sauf peur. Mais bon, il fallait tenter le coup. Soudainement, il bondit et l'attrapa par les épaules. « BOUH ! » Archie fit un grand sourire à la jeune femme. Il n'avait pas la moindre idée de si elle était contente ou pas de sa présence, mais il s'en moquait bien. Après tout, son objectif par rapport à Adelaide était de la faire sortir de ses gonds dans tous les sens du terme. L'énerver, la chahuter, l'extérioriser, bref, la faire se lâcher un coup. Pour Archie, il ne servait strictement à rien de jouer les timides. Pire, même, il pensait que la timidité était quelque chose que l'on se construisait tout seul et que personne n'était né en éprouvant la moindre timidité. Etre extraverti, c'était être naturel, en un sens. « Comme ça va miss ? » Un instant, il hésita même à lui demander s'il ne la dérangerait pas. Mais finalement, il s'en moquait parfaitement et s'il la dérangeait, c'était encore mieux. De toute façon, dès qu'il adressait la parole à Adelaide, c'était pour l'embêter. Alors, il s'installa à sa table sans même se soucier de si elle attendait quelqu'un ou pas et nonchalamment, croqua dans une pomme qu'il avait dans son sac.

L'année tirait vers sa fin et ça se faisait sentir au château. Puisque la chaleur commençait à envahir les murs, la majorité des élèves passaient le plus clair de leur temps à l'extérieur... Ou bien enfermé dans la bibliothèque étant proie à de nombreuses révisions. C'est pourquoi les tables y étaient toutes prises, envahie par les 5e et 7e année qui passaient des examens d'une grande importance cette année. Adelaide avait envie d'un endroit un peu moins bruyant que le parc et puisque la bibliothèque était remplie, elle décida de rester dans sa salle commune. Cette salle était magnifique, elle adorait le plafond peint d'étoiles qui faisait rêver et la vue sur les montagnes qui donnaient envie d'y courir. Son boursouflet et elle confortablement installées à une table, elle ouvrit son carnet de croquis et son étui à crayon. Le dessin était une de ses plus grandes passions. Elle aimait pouvoir concrétiser les images qu'elle avait dans sa tête sur du papier. C'était un moyen pour elle de s'exprimer en toute liberté et de pouvoir faire ce qu'elle voulait, ce qui était rare puisque sa mère lui interdissait toujours tout.

C'est ainsi qu'elle se mit à dessiner les montagnes qu'elle appercevait par la fenêtre, n'oubliant aucune courbe et s'imaginant combien ça devait être beau à survoler en balais. Une fois son dessin terminé, elle le regarda, étant plutôt fière d'elle. C'est alors qu'elle remarqua la présence de Archie dans la salle commune. Ce type était une connaissance qu'elle appréciait. Il était très gentil avec elle même si elle n'avait jamais trop compris pourquoi, parfois un peu envahissant mais ça ne la dérangeait pas trop. Sans même s'en rendre compte, c'est lui qu'elle se mit ensuite à dessiner. Le nombre d'élèves au château qu'elle avait déjà dessiner sans qu'ils n'en aillent connaissance était grand, mais ça c'était son petit secret. Elle le faisait simplement par passion pour le dessin, mais aussi parce que dessiner un portrait pouvait en révêler beaucoup plus que ce que l'on s'imaginait sur quelqu'un. Par exemple quand une personne avait le dos un peu trop courbé, Adelaide savait que c'était parce qu'elle avait eu une mauvaise journée. Quand une autre ne pouvait s'empêcher de sourire alors qu'elle était seule, elle se doutait que c'était par amour. Elle ne pouvait s'en empêcher, elle était du genre curieuse et à toujours vouloir tout savoir, le dessin était donc une excellente façon de décoder les gens. Bien sûr, elle n'y arrivait pas avec tout le monde et c'était donc simplement par plaisir qu'elle le faisait quelque fois. Avec le temps elle était devenue une véritable experte pour que les gens ne se rendent pas compte qu'elle les regardait un peu trop souvent en les dessinant. Si jamais ils le découvraient elle en mourrait ! Ses intentions n'étaient pas mauvaises en soi, mais elle ne pouvait s'imaginer si elles étaient mal interpréter... Ils penseraient que c'était une harceleuse ou qu'elle avait le béguin envers ceux qu'elle dessinait. Non, elle n'avait vraiment pas envie que ça arrive !

Ayant pris le temps de mémoriser le visage de Archie correctement, elle se mit à continuer son dessin, à paufiner la courbe de son nez ou alors à essayer de se rappeler quelle forme avait ses yeux. Toutefois lorsqu'elle leva à nouveau la tête, le jeune homme avait disparu. Et c'est alors qu'elle sentit quelqu'un la prendre soudainement par les épaules en criant un "bouh" dans son oreille. La jeune fille sursauta tout en émettant un petit bruit de peur. Lorsqu'elle se retourna pour voir de qui il s'agissait, elle eut une bonne surprise... En voyant qu'il s'agissait de Archie justement, elle ferma aussitôt d'un coup sec son carnet, espérant qu'il n'ait rien vu et se mit à rougir comme une pivoine. Adelaide était quelqu'un de très expressive à défaut d'être timide et en ce moment son visage démontrait certainement une petite panique. "Essaie d'être normale, essaie d'être normale..." pensait-elle. Sa réaction était stupide et elle le savait, elle n'avait quand même pas commis un meurtre, mais elle savait que s'il voyait qu'elle était en train de le dessiner il penserait qu'elle avait des sentiments pour lui, ou bien il la prendrait pour une folle ou encore pour une harceleuse... Un de ses défauts était qu'elle s'imaginait toujours le pire et qu'elle avait très peur de ce que les autres pensaient d'elle, surtout à cause de son manque de confiance. Il lui demanda ensuite comment ça allait en s'installant à la table où elle était. Bon, s'il était pour rester, aussi bien faire diversion...

« B-bien merci ! Toi tu vas comment ? Il était intéressant ton bouquin sur les loups-garous ? »

Elle sentit une fois de plus ses joues s'enflammer. Le garçon saurait qu'elle le regardait puisqu'elle avait parler de son livre et en plus maintenant elle rougissait, il se douterait fortement de quelque chose... Adelaide était excellente pour s'imaginer dix milles scénarios. Le pire était qu'elle n'avait rien à craindre du garçon, elle savait qu'il n'était pas bien méchant, enfin, à part quand il lui faisait peur avec son crapaud... Justement ça lui faisait penser :

« Dit-moi que tu as laissé ton crapaud dans ton dortoir... Mimi et moi on ne le supporte pas très bien tu sais. »

Dit-elle en prenant Mimi, son boursouflet qui était comme la prunelle de ses yeux, dans ses bras. La petite créature avait tout un talent pour calmer la nervosité d'Adelaide !

Mastiquant sa pomme, Archie regardait Adelaide avec un sourire mi-amusé mi-malicieux. Elle avait rougi. Elle rougissait bien souvent, mais plus encore quand on la trouvait en train de faire quelque chose qu'elle considérait spécifiquement comme honteux ou qu'elle n'assumait pas. Or, elle avait fermé son carnet à la vitesse de l'éclair et même si Archie présumait qu'il devait s'agir d'un genre de journal intime, il n'osa pas faire la moindre remarque. Oh, bien sûr, il était curieux du monde et même sans arrière-pensée aucune, il brûlait de savoir ce qu'elle avait bien pu y inscrire. Un instant, il hésita même à lui demander ouvertement de lui faire lire, mais enfin, il savait pertinemment qu'elle n'accepterait jamais. Qui plus est, elle agissait de la manière la plus étrange qui soit, très caractéristique des gens qui avaient quelque chose à cacher. Alors, il s'était mis plus qu'à son aise, s'affalant sur sa chaise et posant ses pieds qu'il avait croisés sur la table qui la séparait de la jeune fille. Après tout, quitte à s'incruster, autant faire les choses proprement.

« B-bien merci ! Toi tu vas comment ? Il était intéressant ton bouquin sur les loups-garous ? » Un bref instant, Archie, qui était en train de croquer à nouveau dans sa pomme, suspendit son geste. Puis, sans avoir même mordu à nouveau dedans, écarta la main de son visage, la bouche toujours entrouverte. Un moment, il se demanda même de quel livre elle pouvait bien parler. Ayant feint une lecture intensive, Archie se rendit compte qu'il n'avait pas intégré quoi que ce soit que ce fichu bouquin pouvait bien raconter, mais là n'était pas le problème. Comment savait-elle qu'il avait lu un livre sur les loups-garous ? A la limite, qu'elle l'ait vu lire un livre, pourquoi pas, mais tout de même, qu'elle sache qu'il avait trait aux loups-garous, difficile à croire. Le fait qu'elle ait une mémoire photographique fabuleuse, Archie voulait bien le croire, mais la plupart du temps, une mémoire si prodigieuse était caractéristique d'un certain autisme et de ce qu'il en savait, Adelaide n'était pas autiste. Elle l'avait donc regardé, suffisamment en tout cas pour savoir de quoi parlait le bouquin. Toutefois, Archie feint à nouveau de n'avoir pas saisi. Il serait clairement plus marrant de la faire marcher un peu. « Passionnant, même si l'auteur a légèrement tendance à faire des phrases à rallonge. Tu sais, typiquement le genre dont tu perds le sens au bout de deux secondes et demi. » A vrai dire, Archie n'en avait pas la moindre idée. L'auteur aurait très bien pu glisser la recette de la tarte aux pommes dans son ouvrage que le jeune homme n'en aurait pas eu connaissance du tout. Sans lui laisser le temps de répondre, Archie plongea une main dans son sac et saisit une autre pomme qu'il lança à sa camarade. « Oh, et pour répondre à ta question initiale, je suis un peu nostalgique, mais ça va. Tu veux une pomme ? Je l'ai volée à la cuisine. » Ça aussi, c'était faux. En fait, il avait volé du chocolat à la cuisine, mais il l'avait déjà mangé, alors à défaut, pour se la raconter malgré tout, il fallait bien faire semblant. Et il en avait profité pour insister quelque peu sur "question initiale", rien que pour s'amuser ; Archie trouvait particulièrement drôle de lui faire entendre, sans lui dire explicitement, qu'il savait qu'elle savait.

« Dis-moi que tu as laissé ton crapaud dans ton dortoir... Mimi et moi on ne le supporte pas très bien tu sais. » Archie se mit à rire doucement et baissa très légèrement la tête, la regardant avec un œil malicieux. Jolie pirouette. Elle essayait de noyer le poisson de la manière la plus adorable qui soit, à savoir avec un boursouflet. Mais elle pouvait bien déployer tous les efforts qu'elle pouvait, c'était mal connaître Archie que de songer qu'une telle tactique pouvait fonctionner sur lui. Bien sûr, elle savait l'attrait qu'il éprouvait pour sa majestueuse créature poilue, mais enfin, il ne s'agissait là ni plus ni moins que d'une esbroufe particulièrement maladroite. Entre Mimi et une cachotterie si intense, le choix était vite fait. La bouche pleine de pomme, Archie s'empressa de répondre, entrant dans le petit jeu d'Adelaide. « T'inquiète, il est tranquillement au chaud en train de piquer du nez, même si les crapauds n'ont pas de nez à proprement parler, mais bon, tu vois où je veux en venir. Il s'agit plutôt de narines pour être parfaitement exact, qui d'ailleurs les servent plus pour l'odorat que pour la respiration, mais ça dépend des espèces. Enfin. » Archie savait parfaitement qu'Adelaide vouait un dégoût sans pareil à Nemo. Il s'agissait d'ailleurs du cas de beaucoup d'élèves, chose incompréhensible s'il en était, mais après tout, Archie ne pouvait pas forcer qui que ce soit à apprécier les crapauds à leur juste valeur. Seulement, le mystère était encore entier. Qu'avait-elle de si compromettant à cacher ?

En fait, Archie adorait se prendre pour Sherlock Holmes et Adelaide constituait pour lui un sujet de prédilection. Pour le moment, il s'agissait de réunir des indices ; elle avait rougi, avait refermé son calepin du plus vite qu'elle avait pu et tachait d'agir comme si de rien n'était. Elle souhaitait donc absolument garder ceci pour elle. C'était sans compter qu'elle ne l'avait pas entendu arriver malgré le manque de discrétion d'Archie. Conséquence ; elle était bien concentrée sur sa tâche. Mais en parallèle, même si elle avait fait preuve d'une concentration évidente, elle l'avait toutefois regardé assez longtemps pour mémoriser le sujet du livre alors qu'ils étaient initialement postés dans des endroits assez éloignés de la salle commune l'un de l'autre. Sur la table, divers accessoires pour... Dessiner. Mais bien sûr, tout faisait sens à présent. Archie connaissait son penchant pour le dessin, même si elle ne montrait pas grand chose à pas grand monde. Si elle savait ce qu'il était en train de lire, elle avait au choix pu dessiner la salle commune, lui-même, ses camarades ou encore la vue de la fenêtre dans la mesure où il avait été assis à côté -mais il écarta bien vite cette piste peu probable. Le visage d'Archie se fendit d'un large sourire. « Bon, trêve de mondanités. J'ai bien aimé la tactique de diversion, mais ma chère, votre teint vous trahit entre autres choses -mais c'est le plus mignon franchement. » D'un coup, il ôta ses pieds de la table et rapprocha sa chaise de celle d'Adelaide, tout sourire. « J'ai plusieurs hypothèses sur le quoi, mais je sais que tu as dessiné. Tu me montres ce que t'as fait ? » Archie avait exprès employé le ton le plus encourageant qu'il avait pu. Et puis de toute façon, elle n'avait pas d'autre choix que de lui montrer ; il ne serait certainement pas le premier à lâcher l'affaire et elle devait très bien le savoir.

La présence d'Archie ne la dérangeait pas habituellement, mais cette fois-ci elle avait espéré qu'il puisse seulement lui faire un petit coucou. Pourtant le garçon n'était pas de cet avis puisqu'il semblait prêt à rester, ayant posé ses deux pieds sur la table. Alors qu'il lui demanda comment elle allait, elle lui répondit que bien, puis fit l'erreur de lui demander comment était son livre sur les loups-garous. C'était un détail qu'elle n'était pas censée savoir si elle n'avait pas observé le garçon... Justement c'était ce qui causait la plus grande partie de sa gêne en ce moment, que Archie vienne lui parler au moment même où elle dessinait un portrait de lui. Elle espérait de tout coeur qu'il n'ait rien vu. Elle adorait dessiner des portraits des gens, mais aimait beaucoup moins cela s'ils s'en rendaient compte. L'aiglon s'était figé dans son croquage de pomme, ce qui ne fit qu'augmenter le malaise de la jeune fille. Comme s'il avait su que quelque chose clochait dans sa phrase... Heureusement il se remit aussitôt à parler du bouquin. Oufff ! Tant mieux pour cette fois-ci ! Et oui, Adelaide avait beau être intelligente et cultivé, elle n'en était pas moins naïve. Pressée de faire diversion, elle écouta attentivement lorsqu'il lui répondit que malheureusement l'auteur faisait des phrase à rallonge. Sans qu'elle n'ait le temps de répondre, Archie plongea la main dans son sac tout en disant qu'il se sentait nostalgique, pour répondre à sa question initiale. Sa question initiale ? Pourquoi il mettait tant d'emphase là-dessus ? Elle n'était même pas sûre de vouloir savoir en fait, d'ailleurs elle n'eut même pas le temps de réfléchir puisque son attention se détourna aussitôt lorsqu'il sortit une pomme de son sac, volée de la cuisine, qu'il lui lança et qu'elle attrapa.

« Attends, tu l'as volé ? » Dit-elle en écarquillant les yeux. « Et tu ne t'es pas fait prendre ni rien ? » Adelaide n'était pas très familiarisé avec la notion d'enfreindre le règlement, alors la moindre petite chose l'impressionnait. En même temps elle était facilement impressionnable et ça, Archie semblait l'avoir bien compris. Son imagination se mit à tourner à vive allure alors qu'elle tenta de s'imaginer à quoi pouvait ressembler la cuisine. Était-elle adaptée aux elfes de maison ? Grande ou petite ? Moderne ou vieille ? Ne voulant pas laisser toute cette curiosité enfouie et se disant que la diversion de départ faissait finalement vraiment effet, elle dit :« D'ailleurs ça ressemble à quoi la cuisine ? Je n'y suis jamais allée. Et en passant pourquoi tu te sens nostalgique ? »

Ça faisait deux questions d'un coup de sujets complètement différent, mais Adelaide se les posait réellement et si ça pouvait aider à faire la conversation, tant mieux ! Toujours un peu nerveuse que Archie se rende compte de quoi que ce soit, elle prit Mimi dans ses bras. C'était à la fois pour faire un autre sujet de conversation, il adorait son boursouflet, et à la fois parce que la petite créature rose blottit dans ses bras l'aidait à calmer ses nerfs. Elle lui demanda si son crapaud était bel et bien ailleurs qu'avec lui parce que sincèrement, elle ne le supportait pas très bien. Et puis tant qu'à y être elle ajouta Mimi à son jeu, pour lui donner une raison supplémentaire de ne pas ammener son crapaud et pour faire diverger la conversation sur son animal domestique. Néanmoins, ce fut un échec pour cette fois-ci. À la place, Archie se mit à l'informer sur la capacité des narines des crapauds. Bien sincèrement, ça ne l'intéressait pas beaucoup, mais elle feigna tout de même d'avoir l'air intéressé. Si ça pouvait changer les idées du garçon, tout lui allait ! Seulement, ses ennuies étaient loin d'en finir là... Alors qu'elle croqua dans sa pomme, elle le vit examiner les alentours avec un mauvais présentiment. Il semblait concentré et à réfléchir, elle avait peur de ce qu'il dirait par la suite.

Ensuite, ce fut le coup de grâce pour Adelaide. En une phrase, Archie avait réussi à la déstabiliser complètement. Elle faillit s'en étouffer avec sa pomme. Il avait donc remarquer qu'elle faisait diversion et savait qu'elle avait quelque chose à cacher, mais encore il avait dit qu'il trouvait ses rougissements mignons. Elle ne savait même pas pourquoi ça la gênait autant. D'ailleurs elle se dit qu'il ne le pensait surement pas, reste que ça la gênait parce que c'était un garçon et qu'il avait 17 ans alors qu'elle en avait 15 et que bon, pas besoin de raisons, ça la gênait, un point c'est tout ! En ce moment, elle était réellement nerveuse. Était-il trop tard pour tenté de nier qu'elle cachait quelque chose ? Non, il n'était jamais trop tard et si ça pouvait repousser le moment où son "enquête" deviendrait plus sérieuse, tant mieux ! Elle feigna alors l'ignorance.

« Quelle tactique ? Je n'ai pas le droit de ne pas aimer les crapauds ?Même la princesse au début de ce conte moldu ne les aime pas... Bon, elle fini par en embrasser un, mais c'est seulemet par pitié si tu veux mon avis. Au moins après le baiser il se transforme en prince ! Quand même, d'après moi elle n'avait plus toute sa tête. Elle devait être née le soir, voilà ! Ben oui, tout le monde sait que ceux qui naissent le soir sont plus cinglés que la normale ! Mais ne t'en fais pas, ça se soigne en faisant trois tour de maison sous la pluie... Ça me fait penser, tu veux des feuilles de menthe ? Ça protège de la malchance, je t'assure ! C'est ma grand-mère, Nonna, qui m'a montré tous ses trucs. Et ça marche ! J'ai des tas d'exemples pour toi si tu veux.

Elle s'enfonçait, elle s'enfonçait très profondément et elle le savait très bien. À ce moment elle aurait voulu pouvoir disparaitre six pieds sous terre ou posséder une cape d'invisibilité. Sous l'effet de la nervosité elle était devenue un vrai moulin à paroles. Elle savait que ça ne ferait qu'empirer les doutes d'Archie et le pire là-dedans était qu'elle était consciente que peut importe ce qu'elle ferait à présent paraitrait louche. Par exemple, elle venait de rougir à nouveau, sachant qu'elle venait de perdre toute crédibiliter. Posant ses deux coudes sur la table elle dit, découragée :

« Pfff, franchement j'ignores où tu vois quelque chose de mignon là-dedans, c'est même plutôt embêtant. Un vrai handicap. »

Bien sûr, elle faisait allusion à ses rougissements. Ça lui enlevait sans cesse toute sa crédibilité et ça lui donnait l'air trop vulnérable à son goût. Comme si sa timidité n'était pas suffisante, elle devait être doté de joues qui se coloraient facilement en plus. Ensuite, Archie sembla prendre au pied de la lettre ce qu'il avait dit au sujet de la "trêve de mondanité"... D'un seul coup il enleva ses pieds de la table et se rapprocha d'elle avec sa chaise. Il lui dit qu'il savait qu'elle avait dessiné. Ce n'était même pas la peine de le nier maintenant, il était sûr de lui et ça paraissait. Toutefois il ne savait toujours pas quoi... Et il voulait qu'elle lui montre ! Alors là pas question, il avait beau avoir un ton tout gentil, elle ne pouvait s'imaginer ce qui arriverait s'il découvrait que ce qu'elle avait dessiné... C'était lui. Et que d'ailleurs elle dessinait régulièrement des personnes du château. Sa nervosité remontant à nouveau, elle décida encore une fois, de gagner du temps. C'était sa seule chance désormais de ne jamais lui montrer le fameux dessin...

« C'est quoi, tu-tu joues les détectives privés maintenant ? »

Dit-elle en essayant d'utiliser un ton assuré, qui avait virer à l'échec. Elle avait essayé d'imiter ses filles qui semblaient sans cesse sûre d'elle, qui dégageaient de l'assurance et se foutaient de tout. Malheureusement, Adelaide ne faisait pas parti de ses filles et n'arrivait pas non plus à imiter leur ton. Pour l'instant au moins, elle pouvait se rassurer en se disant qu'il n'avait que des hypothèses en tête et qu'il ne penserait peut-être pas qu'elle le dessinait lui... Le coup du bouquin sur les loups-garous pouvait simplement venir d'une... Tient, d'une observation de la salle commune ! Sa curiosité prenant le dessus, elle dit :

« D'abord c'est quoi tes hypothèses ? Je suis un peu curieuse de savoir. » Puis une idée lui traversant la tête à toute allure, elle dit aussitôt : « Attends attends... Tu dois me dire tes hypothèses et ensuite celle qui te semble la plus probable et si... Et si tu mets la main sur la bonne réponse et bien je... Je te montrerais un de mes dessins. »

C'était jouer avec le feu et elle le savait, mais elle avait dit un de ses dessins... Pas le dessin. Qu'il ait relevé la ruse ou pas, ça ne changeait rien. Pour le moment du moins, elle ne se sentait pas prête à changer d'avis.