La balle rebondit une fois de plus contre le mur et revint dans sa main. Noel l'avait trouvée dans un couloir, il y avait quelques heures de cela alors qu'il quittait à la hâte son cours d'histoire pour rejoindre la tour de divination. Elle était petite, transparente et une image de carrousel en mouvement était emprisonnée en son centre. Sûrement un souvenir de la fête foraine qu'un gamin avait perdu. Ou abandonné peut-être... Il ne savait pas, il n'y avait pas vraiment réfléchi. Il s'était contenté de la ramasser et de la glisser machinalement dans sa poche de sa robe de sorcier avant de continuer son chemin et de ne plus y penser. Vestige d'un temps passé où tout allait bien. Il aurait tant voulu admettre que c'était toujours le cas... Il passait ses journées à le prétendre, à faire comme si rien ne l'avait atteint vraiment, s'appliquant à montrer un enthousiasme à toute épreuve et à faire ce qu'il pouvait pour remonter le moral des troupes quand il le pouvait. Ce n'était sûrement pas très crédible mais il s'en fichait bien... C'était une triste période à Poudlard. Il était persuadé qu'il fallait aller de l'avant, que la peur ne leur serait d'aucune utilité pour l'instant, qu'il était stupide de s'apitoyer sur leur sort plus longtemps. Il l'avait fait, bien sûr, comme tout le monde, mais tâchait de passer à autre chose. Tant bien que mal...

La balle rebondit une fois de plus contre le mur dans un bruit répétitif et revint dans sa main. Un vent frais lui balaya le visage alors qu'il resserrait maladroitement les pans de son gilet bleu marine en frissonnant. Il s'était réveillé en pleine nuit, en nage et suffoquant dans son lit. Les murs du dortoir se refermaient sur lui et la porte ne s'ouvrait pas, il avait eu beau essayer de la défoncer, elle ne bougeait pas d'un millimètre, refusant de céder sous son poids. L'impression n'avait pas disparu quand il avait ouvert les yeux. Le Gryffondor en était certain, ils bougeaient imperceptiblement, agissant dans l'ombre pour ne pas qu'il prenne la fuite trop vite, pour qu'ils aient le temps de finir ce qui avait été commencé. Il avait voulu réveiller Fred, lui dire qu'il fallait partir au plus vite, qu'ils étaient en danger mais en le voyant dormir si paisiblement, il réalisa que le souci venait sûrement de lui. Il dormait comme si rien ne s'était jamais passé, comme si tout allait bien. Tout allait bien... Il n'en était pas convaincu mais n'avait pas envie d'écouter sa nuit pour... Si peu ? Il s'était levé sans un bruit, avait enfilé un gilet par-dessus son pyjama, s'était glissé dans ses baskets et s'était enfui au plus vite. Il voulait retrouver l'air du dehors et quitter ces murs étouffants. Et dire qu'il avait assuré à Knoxslay qu'ils ne risquaient plus rien... Heureusement que le ridicule ne tuait pas.

La balle rebondit une fois de plus contre le mur dans un bruit répétitif qui résonnait dans l'escalier et revint dans sa main. Le parc lui avait tout d'abord paru une excellente idée mais les portes du hall avaient été fermées pour la nuit et il n'avait pas eu le courage de s'y frotter, craignant qu'elles aussi refusent de lui rendre sa liberté. Sans y faire attention, il s'était dirigé vers la tour d'Astronomie et avait grimpé les marches les unes après les autres, sans s'arrêter, sans réaliser qu'il s'avançait droit vers le point le plus haut de l'école. Entre vertige et claustrophobie, il ne savait plus vraiment quoi choisir. Une fois en haut, il mit un soin tout particulier à garder les yeux rivés vers le sol pour ne pas profiter de la vue qui s'imposait à lui, et s'était laissé glisser le long du mur. Les étoiles étaient de sortie et il ne faisait pas bien froid. Dans d'autres circonstances, tout aurait été parfait. Ou presque... Il aurait donné n'importe quoi pour galérer à ensorceler un morceau de parchemins et l'envoyer réveiller sa meilleure amie pour venir lui tenir compagnie. Elle l'aurait forcé à penser à autre chose, à rire et à plaisanter. Si seulement elle n'était pas partie. Elle était partie, elle aussi... Oh, elle allait bien, il ne lui était rien arrivé... Elle avait juste profité de leur sortie catastrophique pour se faire la malle. A la crainte que rien ne soit plus jamais comme avant s'ajoutait le goût amer de la trahison. Elle l'avait abandonné, sans même lui dire au revoir. Elle s'était contentée de disparaître. Et ce n'était qu'en partant à sa recherche après s'être inquiété de ne la voir nulle part qu'il avait appris qu'elle était partie. Partie... Pour toujours... Parce qu'elle avait trouvé mieux à faire que de rester à ses côtés.

La balle rebondit une fois de plus contre le mur dans un bruit répétitif qui résonnait dans l'escalier, accompagnant des bruits de pas qu'il n'avait pas remarqués, et revint dans sa main. Le blond n'avait jamais tant eu besoin de Rhiannon et pourtant... Il n'avait même pas reçu de lettres afin de savoir comme ça allait. Peut-être s'en fichait-elle... ? Après tout, il était mal placé pour critiquer. Il avait passé ces dernières heures à éviter sa propre sœur, de peur qu'elle comprenne qu'il avait espéré que son petit-ami – dont il était toujours incapable de penser le prénom – finisse par disparaître de leur vie et qu'elle se mette à le détester. L'ignorance valait sûrement mieux. Sûrement... Sans qu'il ne s'en rende compte, les larmes s'étaient mises silencieusement à couler tandis que sa balle revenait à lui. La fatigue, l'angoisse et la colère avaient fini par faire leur travail, épuisant ses nerfs jusqu'à ce qu'ils finissent par lâcher. Elles dévalaient ses joues sans qu'il ne prenne la peine d'écouter leur descente, trop occupé à regarder les restes d'une journée qui aurait dû être merveilleuse taper dans le mur d'en face. Rien n'allait, de toute façon, et toutes les émotions feintes du monde n'y changeaient rien. Il n'était pas suffisamment doué pour se convaincre lui-même qu'il parvenait vraiment à garder la tête hors de l'eau. Pas suffisamment naïf peut-être... Il lança sa balle une nouvelle fois mais la porte s'ouvrit et l'arrêta dans son vol, la faisant lamentablement rouler au pied de celui qu'il l'avait ainsi stoppée. Noel ne trouva même pas le courage de lever la tête pour regarder qui venait le déranger et se contenta de soupirer faiblement.

« Tu veux bien la renvoyer ? S'il te plait...? »

Callie s'arrêta quelques secondes pour boire de l'eau. Cela faisait déjà la deuxième fois qu'elle avait rempli sa bouteille depuis que minuit avait annoncé une nouvelle journée, passer son temps à ce même rituel commençait à être pénible pour la jeune fille. Voilà pourquoi elle détestait être malade, il y avait toujours un tas d'inconvénients, les médicaments en faisant partis, elle n'en prenait jamais. C'est pour cela qu'en hiver, elle n'hésitait pas à sortir les vieux trucs décoloré et trop grand si il le fallait pour ne pas prendre de risque d'attraper froid. Mais cette fois, la météo changeante l'avait feinté en beauté. La préfète de sa maison et amie l'avait bien forcé à aller à l'infirmerie pour prendre une potion mais comme la demoiselle, têtue, n'aimait pas recourir à ce genre de moyen, elle ne se rendait pas quotidiennement là-bas pour prendre son remède, préférant largement la voie naturelle même si c'était largement plus long. Résultat, Callie se retrouvait à errer dans les couloirs du château en agitant le haut de son pyjama pour faire entrer l'air alors qu'elle était encore un peu fiévreuse.

En réalité, son chemin n'était pas totalement hasardeux. Alors qu'elle tournait encore et encore dans son lit depuis une vingtaine de minutes, elle s'était soudainement rappelé de ce que lui avait dit le professeur d'astronomie. Matière qui ne la passionnait pas énormément, pourtant elle avait étrangement bien retenu qu'une nuit des étoiles devait avoir lieu bientôt. L'heure vraiment tardive avait fait dissuadé leur professeur de convier les élèves à regarder l'événement tous ensemble mais puisque la jeune fille était bien réveillée à cette heure-ci, pourquoi ne pas jeter un œil ? Comme la Poufsouffle n'avait rien à perdre à bouger de son dortoir mis à part quelques points pour sa maison, elle avait enfilé ses ballerines puis quitté sa salle commune. Rejoindre la tour d'Astronomie pour obtenir la meilleure vue alors qu'on est au troisième étage n'est pas aisé, surtout avec les préfets qui veillent, plus vigilants que jamais. Un défi à relever pour la jeune fille qui ne se faisait pas de soucis, ce n'était pas la première fois qu'elle sortait après le couvre-feu et ce, sans avoir particulièrement de raison si ce n'est parce qu'elle ne parvenait pas à dormir, tout simplement.

Callie arriva sans encombres, plusieurs fois elle dût s'arrêter et se recroqueviller dans un coin mais elle parvint à arriver jusqu'au bout sans se faire prendre, pour elle qui était un peu dans les vapes, légèrement endormie tout de même – mais pas assez pour faire une nuit paisible – c'était une fierté. Très satisfaite, elle cessa de se méfier dès qu'elle gravit les escaliers, heureusement pour elle que la personne qui l'attendait une fois là-haut ne serait pas en mesure de la sanctionner, sinon cela aurait été une erreur vraiment toute bête, parce qu'elle ne prêta pas attention au bruit récurant qui résonnait légèrement pendant qu'elle montait les marches. Dans un meilleur état, elle n'aurait pas continuer d'avancer sans sourciller, comme si il n'y avait aucun risque. Ce fût donc très surprise qu'elle entendit une voix s'élever dans la salle. Callie prit peur sur le coup, reculant d'un pas ou deux avant de s'intéresser à ce qu'elle fallait ramasser. En réfléchissant bien, ce n'était qu'un service à rendre, pas une sanction, elle n'avait pas à être honteuse d'être pris sur les faits. Alors elle s'exécuta, remarquant au passage l'attraction représentait au cœur de la balle, c'était de très mauvais goût.

« Noel ? » Demanda t-elle étonnée en se rapprochant de son camarade. « Tu es venue voir les étoiles filantes toi aussi ? »

Une question que Callie regretta d'avoir posé, en y regardant de plus près, le Gryffondor n'avait pas bonne mine, c'est fou comme elle n'était pas douée pour intervenir, peu importe la situation. Malgré son foirage, elle resta sur place, après tout elle était venue ici dans un but précis et le jeune homme ne devrait pas lui en faire tout un flan si elle s'installait à côté de lui, non ? Elle en profita en même temps pour poser la balle dans sa main, comme pour mieux faire accepter son interruption. Enfin, elle ne devait pas trop le déranger, il était seul et s'amuser visiblement avec une balle. Quoique, au vu de leur relation houleuse, elle pouvait se méfier, rien n'était jamais sûr, encore moins maintenant, la jeune fille avait entendu dire que le garçon avait vécu l'horreur de la fête foraine. Et c'est parce qu'elle le savait que sa question avait été ridicule, il était facile de savoir la vraie raison de sa venue ici. Elle s'en voulait d'être aussi bête, son but n'avait pas d'enfoncer le couteau dans la plaie ou autre, peut-être qu'elle était en train de gâcher une occasion d'obtenir des nouvelles de lui alors que ces derniers temps, elle trouvait le rouge et or plus difficile d'accès.

« Jan' s'inquiète pour toi. Elle a l'impression que tu l'évites.. Tu lui manques beaucoup, plus que jamais elle a besoin de toi. Comme de Snow d'ailleurs, et je pense pas qu'elle t'en veuille de ne pas avoir supporter Asling. On l'a tous détesté d''accaparer Jan', on a tous voulût qu'il disparaisse de sa vie. Nos pensées ont été silencieuses, je ne suis pas sûre qu'elle le sache, c'est sans doute mieux comme ça. Enfin, ce que je veux dire, c'est qu'elle savait que je ne l'aimais pas et pourtant elle n'a pas renié ma compagnie, pourquoi elle refuserait la tienne, toi qui est une partie intégrante d'elle ? »

De moins en moins de tact, sans compter que la jeune fille n'avait aucune certitude de ce qu'elle avançait. Néanmoins, cette hypothèse lui semblait juste. Elle aussi avait pensé que sa meilleure amie l'a détesterait pendant un temps mais January semblait avoir oublié les rancoeurs de Callie envers le jeune homme, elle avait besoin de soutient et c'est tout ce qui semblait compter. Peut-être que Noel nourrissait les même doutes et ce serait dommage alors qu'il ne risquait rien.

Les bruits de pas qui s'étaient fait entendre dans les escaliers n'avaient pas alerté le Gryffondor, bien trop perturbé pour daigner y faire attention. De toute façon, si c'était les ennuis qui grimpaient droit vers lui, il n'aurait pas pu les éviter. Il n'y avait aucune cachette possible et la sortie était également l'entrée, ça n'aurait même pas servi à quoi que ce soit d'espérer. Lorsque sa balle fut frappée par la porte, son cœur loupa un battement. Il venait de reprendre brusquement contact avec la réalité, délaissant malgré lui le fil de ses pensées. Elle roula. Il la suivit des yeux. Sa balle... Elle l'était un peu désormais. Une paire de chaussures de fille. Génial... En plus au sommet de la tour d'Astronomie en pleine nuit et en pyjama, ce qui était déjà assez ridicule quand on y pensait, il allait passer pour une tapette auprès d'une fille. Merveilleux... La fête foraine. Le départ de Rhiannon. Et maintenant ça... Il n'y avait pas à dire, le hasard était joueur mais lui n'appréciait pas beaucoup ce jeu. Ils avaient tous été touché de près ou de loin par la catastrophe, bien sûr, mais pourquoi est-ce que les emmerdes continuaient à lui tomber sur le coin du nez ? Il n'avait pas assez donné ce maudit après-midi peut-être ? L'une de ses larmes glissa dans son cou et se faufila par le col de son tee-shirt, le faisant frissonner de plus belle.

« Noel ? Tu es venue voir les étoiles filantes toi aussi ? »

S'il avait été possiblement enclin à une quelconque discussion – ce qui était loin d'être certain – son visage se ferma à la simple entente de cette voix. Parmi toutes les filles du château, il avait fallu que ce soit celle-là. Il n'était pas particulièrement croyant, pas du tout même, mais il commençait à se demander s'il n'y avait pas un être supérieur qui voulait lui faire payer les pensées coupables qu'il avait pu avoir depuis cette fichue croisière. Il avait bien conscience d'avoir été un crétin, se le reprochait déjà pas mal sans l'aide de qui conque, on pouvait arrêter de lui en rajouter. Il essuya rageusement ses joues avec sa manche, plus pour se donner contenance qu'autre chose puisque ça ne servit strictement à rien, et releva la tête vers elle. D'ordinaire, il aurait affiché un air un peu hautain, un peu prétentieux mais il avait bien conscience que ses yeux rougis et les zébrures rosâtres que ses pleures avaient laissées sur sa peau claire ne lui permettaient pas vraiment d'être crédible. Il avait envie de la virer, de lui demander avec toute la gentillesse du monde de retourner dans son dortoir et de lui foutre la paix mais la solitude commençait à le peser et plus que jamais, il avait envie de compagnie. Aussi mauvaise soit-elle... Ca aurait toujours pu être pire. Brooks, Torres, McDell, Adway... Ouais, ça aurait toujours pu être pire...

« Miss Casse-Bonbon en personne, si c'est pas génial... » rit-il tristement alors qu'il la regardait s'approcher, non sans jeter un coup d'oeil à la balle qu'elle tenait. « C'est pas à moi, c'était dans le couloir. … Les étoiles filantes ? Ouais, c'est ça, j'suis venu voir les étoiles filantes... »

Pour lui donner envie de rester, c'était sûrement un peu raté mais finalement, elle s'installa à côté de lui et posa son jouet au creux de sa main. Sans attendre, il recommença à la lancer sur le mur devant eux, dans un bruit sourd et répétitif qui avait le mérite de le rassurer. Il ne savait pas ni comment ni pourquoi, et ça n'avait aucune importance, c'était le cas, et c'était l'essentiel. La présence de la rouquine à ses côtés ne le dérangea pas plus que ça. Elle paraissait avoir chaud, il sentait sa chaleur au travers de son gilet. Sûrement d'avoir monté les escaliers jusqu'ici. Lui n'avait pas pris la peine d'y faire attention, mais il avait dû être un peu essoufflé en arrivant. Il avait surtout pensé à ne pas regarder en bas... C'était la première fois depuis la croisière qu'il se retrouvait seul avec elle. Il avait cru qu'elle l'évitait et ne s'en était pas offusqué. Ils s'étaient écrit, vaguement, mais il avait toujours réussi à faire en sorte que ça ne soit même pas cordial. Dans le fond, il s'était senti un peu vexé par sa réaction mais avait feint une indifférence parfaite. Il ne l'avait jamais encadrée cette fille. Machinalement, il leva le regard vers le ciel, à la recherche d'une étoile filante. Il paraissait qu'on devait faire un vœu quand on en voyait une... Est-ce que s'il souhaitait très fort revenir en arrière, ça pourrait arriver ? Non... Il y avait peu de chance. Tant pis... Il demanderait seulement que Knoxslay finisse par se défaire des sinistres impressions qui les accompagnaient sûrement tous depuis l'autre après-midi. Lui, il s'en fichait un peu... C'était chiant, il craignait de finir complètement barge, il devait bien l'avouer, mais ça lui semblait moins important que l'état de la Serdaigle.

« Jan' s'inquiète pour toi. Elle a l'impression que tu l'évites.. Tu lui manques beaucoup, plus que jamais elle a besoin de toi. Comme de Snow d'ailleurs, et je pense pas qu'elle t'en veuille de ne pas avoir supporter Asling. On l'a tous détesté d'accaparer Jan', on a tous voulût qu'il disparaisse de sa vie. Nos pensées ont... »

Il avait écouté ses premiers mots avec une tristesse un peu coupable. Sa sœur lui manquait aussi, encore plus que d'habitude et il avait conscience de l'abandonner au bien mauvais moment, tout comme il se privait de sa présence quand il en avait le plus besoin. C'était de sa faute, il ne le niait même pas... Même en cours, il feignait être occupé quand elle passait pour ne pas avoir à lui parler, et s'asseyait toujours à côté de quelqu'un pour ne pas qu'elle se trouve une place à sa table. Même ça avait été étrange aujourd'hui... Sans Rhiannon et la sœur d'Orion – son prénom ne voulait toujours pas résonné dans son esprit – qu'il avait pris l'habitude d'enquiquiner gentiment... La suite lui glaça le sang et son bras fit un mouvement plus brusque que prévu. La balle rebondit violemment contre la pierre, dans une trajectoire qu'il n'avait pas prévue, et il eut tout juste le temps de la rattraper à quelques centimètres du visage de la Poufsouffle. Ses mains s'étaient remises à trembler, comme le soir où ils étaient rentrés, le soir où ils avaient appris. Qui croyait-elle être pour s'immiscer ainsi dans ses pensées ?! De quel droit cherchait-elle à le rassurer sur des choses qui ne la regardaient en rien ?! Bien sûr qu'il ne l'aimait pas, bien sûr que tout le monde le savait, mais avait-elle ne serait-ce que la moindre idée de ce qu'il se passait entre lui et January ? De ce qu'elle pouvait apprendre sans qu'il n'ait à lui dire ?! Ses prunelles claires étaient assombries par une haine qui ne lui était pas destinée mais qu'elle avait eu le malheur de lui rappeler. Il se détestait plus qu'il n'avait haï le copain de sa sœur, et plus qu'il pouvait bien haïr le plus détestable de ses ennemis. Il s'en voulait, se dégoûtait même mais s'il n'en parlait pas, ce n'était certainement pas pour qu'on vienne lui balancer en pleine tête qu'on savait, qu'on comprenait.

« Ferme-la Mulligan. Arrête de faire comme si tu savais tout, ok ? Tu n'as pas la moindre idée de quoi tu parles alors épargne ta salive, tu veux. »

Il ne lui avait même pas laissé l'occasion de finir son beau discours, il ne voulait rien entendre. La simple utilisation du prénom du disparu lui avait donné la nausée. Sa voix n'avait pas été agressive mais froide, sèche, presque cassante. Il n'avait aucune envie qu'elle joue les psys ou qu'elle s'imagine qu'elle pouvait se mêler de sa vie comme s'ils étaient les meilleurs amis du monde. Et ce n'était pas parce qu'une imbécile de gamine avait le droit de vouloir voir disparaître le garçon dont sa BFF était amoureuse que lui l'avait. Il avait souhaité qu'il disparaisse de sa vie tout en sachant qu'elle en serait malheureuse, il n'avait pensé qu'à lui, qu'à satisfaire une jalousie mal placée sans voir un seul instant le bonheur de sa triplette comme prioritaire. Il n'avait aucune excuse, il était impardonnable. Purement impardonnable. Elle n'avait pas besoin de savoir. Elles n'avaient pas besoin de le savoir... Ca allait être difficile d'éviter January jusqu'à la fin de ses jours de ne plus penser à rien en sa compagnie, mais il était prêt à essayer. Mieux valait qu'elle le déteste pour avoir osé s'éloigner, ce qu'elle aurait fini par faire de toute façon, que pour avoir été un frère indigne. Sa famille avait toujours compté plus que tout, et voilà qu'il n'était même plus capable de vouloir le bonheur des siens... Les larmes qui s'étaient taries un peu recommencèrent leur course, toujours sans le moindre bruit. Il n'avait même plus le courage de sauver les apparences, même face à elle... Quelques secondes s'écoulèrent dans un silence parfait, quelques secondes durant lesquelles il avait vainement tenté de calmer les battements de son cœur qui s'était affolé face à ce début de tirade. Puis il reprit son occupation et se remit à lancer la pauvre balle sur le pauvre mur d'en face.

« Regarde tes étoiles pourries et fiche moi la paix. »

Les relations avec les autres n'avaient jamais été le point fort de Callie. Du moins, pas depuis des souvenirs d'enfance la rendant réticente à se faire des amis. Une mémoire encore un peu douloureuse mais sur laquelle la jeune fille avait su plus ou moins passé au-dessus. Elle n'en était pas plus douée pour autant mais ses efforts se faisaient de plus en plus visible au fil du temps, notamment parce qu'elle essayait de correspondre aux attentes de certaines personnes désireuses de la voir plus sociable, plus entourée, persuadés que la vie de la rouquine serait encore mieux. Avis que la concernée ne partageait pas réellement mais elle persévérait de temps en temps puisque malgré tout, en prenant sur elle même elle avait fait des rencontres sympathiques. La première datait de longues années en arrière et consistait en l'un de ses meilleurs souvenirs mais les plus récentes avaient tout aussi bien une place particulière dans son cœur. Malheureusement, la majorité de ses tentatives restaient des échecs, il y a des personnes qu'il ne la comprendrait visiblement jamais, et vice-versa.

« Miss Casse-Bonbon en personne, si c'est pas génial...  C'est pas à moi, c'était dans le couloir. … Les étoiles filantes ? Ouais, c'est ça, j'suis venu voir les étoiles filantes... »

Sa relation avec le Gryffondor n'était pas des plus fantastiques, merveilleuses et toute rose, néanmoins il lui semblait que dernièrement, les choses s'étaient légèrement arrangées et elle aurait espéré un meilleur accueil de sa part. Certes, elle avait l'air de le déranger mais aux dernières nouvelles, l'endroit ne lui appartenait pas et elle aussi était libre de s'y rendre quand elle le désirait. Le règlement intérieur interdisait en fait de s'y rendre après une certaine heure, ce qui était le cas, mais même en prenant en compte ce détail, tous les deux étaient dans la même situation et qu'il apprécie ou non sa présence, il n'aurait qu'à composer avec. Callie n'était pas du genre à se laisser démonter, à défaut de savoir caresser les gens dans le sens du poil et de se faire pleins d'amis, elle savait tenir tête aux autres quand il lui fallait défendre ses idées. Faut dire aussi que son caractère à plus tendance à encourager la deuxième idée que la première. Surtout quand elle est malade et naturellement de mauvaise humeur, et quand on ajoute à cela son horrible manque de tact, le résultat est explosif. La réponse qui s'en suit est du même genre.

« Ferme-la Mulligan. Arrête de faire comme si tu savais tout, ok ? Tu n'as pas la moindre idée de quoi tu parles alors épargne ta salive, tu veux. »

Bien sûr. Avant de parler, la Poufsouffle avait oublié de se rappeler que Noel la sous-estimer toujours, la prenant pour une parfaite idiote. La vérité c'est qu'il n'était qu'un jaloux, que ses raisons de la détester étaient puériles et que ses minces efforts pour s'en rendre compte s'étaient révélés trop fatiguant pour lui. Mais bien qu'il l'ignore, Callie était autre chose et déjà, elle n'était pas une parfaite petite cruche comme il le sous-entendait si bien. Jamais elle n'avait déclaré avoir la science infuse et savoir tout ce qu'il était possible de connaître dans ce monde, ce qu'elle savait devait correspondre à peu de choses près aux même connaissances que le garçon. Presque, hein, parce que contrairement à lui, la jeune fille ne s'était pas rendue faire la fofolle dans un parc d'attraction et d'ailleurs, c'était une très bonne idée qu'elle avait eu à ce moment-là. Elle savait ce que c'était des chocs et était soulagée de ne pas en avoir rajouter un à sa liste. Même si elle avait vécu comme beaucoup l'annonce des décès dans la grande salle, elle avait été épargné de vivre ces tristes événements.

« Regarde tes étoiles pourries et fiche moi la paix. »

Callie fût surprise d'entendre raisonner une nouvelle fois la voix de son camarade de classe, elle ne s'y attendait pas après la violente réponse à laquelle elle avait eu le droit. Qu'il reprenne aussi calmement pour ce qui ressemblait à s'y méprendre à une invitation à rester était assez surprenant. Au point que la jeune fille oublia la réplique qu'elle s'apprêtait à lui servir, elle n'allait pas passer la manière dont il lui avait parlé. Certes, elle ne savait pas tourner du pot ni bien mettre les formes et avait pu paraître vexante, agressive ou peu importe mais il l'avait couper alors qu'elle était certaine qu'au fond, Noel savait qu'elle avait raison. Mais c'était un garçon, puis il était compliqué et têtu, sans doute que son ego ne voulait pas l'admettre. Tant pis, la Poufsouffle n'était pas du genre à lâcher l'affaire si facilement, peut-être essayerait-elle de mieux formuler sa tirade la prochaine fois mais si elle restait, qu'il ne compte pas sur une ambiance silencieuse et paisible pour avoir tout le loisir de se morfondre comme si c'était la seule solution possible pour lui. Elle avait une meilleure amie à défendre et à aider et c'était pas parce que monsieur Noel faisait son gamin qu'elle allait la laisser tomber.

« Elles ne sont pas pourries. Elles illuminent notre chemin et sont un symbole d'espoir. Elles ont plusieurs significations différentes chez moi mais toutes s'assemblent pour dire que ce sont des esprits libres. Si je ne me réincarne pas en loup, j'aimerais devenir une étoile plus tard. »

Avec ou sans autorisation, la jeune fille serait restée de toute façon parce qu'elle voulait regarder les étoiles et que si l'autre n'était pas content, c'était à lui de partir. Cependant, vu qu'il n'avait pas l'air contre, Callie s'installa tranquillement, optant pour une prise de parole plus calme. C'est vrai qu'au naturel elle ne paraissait pas très aimable, c'était peut-être ce qui avait fait que son camarade avait mal pris son intervention. Si maintenant il fallait qu'elle contrôle son image en fonction des gens qui se trouvaient en face, la rouquine n'était pas sortie de l'auberge. Elle en était consciente et même si ce constat ne l'encourageait pas le moins du monde, son amitié pour January comptait plus. Au pire, elle n'aurait qu'à agir ainsi avec lui, pendant peu de temps, à bien y réfléchir ce n'était pas si insurmontable. Fallait juste qu'elle réfléchisse.

« Je ne sais pas tout certes mais j'ai des yeux, des oreilles aussi, je sais voir quand ma meilleure amie ne va pas bien et réclame ses frères. Comme nous n'avons pas vécu ce que tu as vécu, j'imagine que nous ne sommes pas les meilleures personnes à qui parler. Mais c'est une possibilité à envisager dans les prochains jours quand même. J'envie vraiment cette capacité que vous avez à partager si facilement vos sentiments. C'est une chance dans ces moments là. » Reconnût-elle un peu à contre cœur. « Je m'inquiète. C'est vraiment bizarre de s'inquiéter pour d'autres personnes que maman. J'veux dire, avant j'avais pas vraiment besoin de me faire du soucis pour Jan', elle allait toujours bien. C'est une toute nouvelle chose pour moi, je sais pas trop comment aborder la chose et je m'y prends sûrement pas très bien. »

Cette fois-ci, la jeune fille avait opté pour une toute autre solution, plus douce, qu'elle espérait plus touchante, et qui arriverait peut-être à son bout elle au moins. Malgré son idée de départ, Callie s'était confiée plus qu'elle ne l'avait imaginé. Au lieu de jouer les fortes têtes, pour une fois elle laissait passer son cœur pour faire passer ses véritables émotions et avec un peu de chance elle n'aurait pas parler pour rien. Tout ce qu'elle désirait au fond c'était d'aider son amie, n'était-ce pas un bon geste qui méritait qu'on y prête attention ?

Spoiler:

Il y avait toujours des gens avec qui le courant ne passait pas. Parfois, c'était justifié comme avec Clewstone et McDell, qui n'étaient que des abrutis finis et qui auraient mieux fait d'être envoyés dans la Forêt Interdite le jour de leur répartition plutôt que dans une vraie maison avec des vrais gens... Et parfois ça l'était moins, pour ne pas dire pas du tout, comme avec Brooks qui lui en voulait toujours pour ne pas avoir été ravi d'être à Gryffondor alors qu'il venait de se prendre en pleine tronche qu'il serait séparé pendant sept longues années de January et Snow... Sa relation avec la rouquine faisait partie de cette deuxième catégorie. Ca faisait des années qu'il la détestait publiquement, simplement parce qu'elle avait eu le malheur d'atterrir à Poufsouffle à sa place. Surtout qu'elle n'y était strictement pour rien, il avait bien compris que le Choixpeau ne prenait absolument pas en compte ce qu'on pouvait lui demander – ceux qui disaient le contraire n'étaient que des menteurs débiles – et que de toute façon, elle était passée avant la seule fille des Shiver, ce qui lui ôtait toute responsabilité dans cette histoire. Mais comme il fallait bien en vouloir à quelqu'un et que c'était plus simple que de s'en vouloir à lui et au reste de sa famille, il lui avait semblé presque naturel de voir en elle une coupable potentielle. Tout ça avait été bien inconscient, bien sûr, mais après des années rien n'avaient changé... Il y aurait pu y avoir une petite amélioration durable suite à la soirée sur le bateau pendant les dernières vacances d'été, c'était vrai, mais une compréhension foireuse et des restes de rancune trop présents avaient eu raison de leurs efforts et il l'avait regardée filer, vexé d'être planté comme ça alors qu'il n'avait strictement rien fait pour le mériter pour une fois, et avait décidé que c'était une idiote et qu'il avait été stupide d'essayer de voir plus loin. Néanmoins, il ne regrettait pas le moment qu'ils avaient passé ensemble, c'était un peu étrange d'ailleurs...

« Elles ne sont pas pourries. Elles illuminent notre chemin et sont un symbole d'espoir. Elles ont plusieurs significations différentes chez moi mais toutes s'assemblent pour dire que ce sont des esprits libres. Si je ne me réincarne pas en loup, j'aimerais devenir une étoile plus tard. »

Le Gryffondor l'écouta parler sans un mot. Il ne comprenait pas grand chose à son charabia, simplement qu'elle le reprenait sur sa manière de parler des étoiles. Ouais, écoute, si tu veux... Sa dernière phrase le fit sursauter et lui arracha sans le moindre un petit rire amusé. Il manqua de s'étouffer presque aussitôt parce que c'était compliqué de rire et de pleurer en même temps mais il ne parut pas y prêter la moindre attention. Sa balle tapa une dernière fois dans le mur en face et atterrit dans sa main avant qu'il ne la pose sagement à côté de lui. Le silence reprit ses droits sur leur étrange duo sans qu'il ne cherche vraiment à le briser. Après la manière dont il l'avait accueillie, il ne s'était pas du tout attendu à ce qu'elle choisisse de lui faire la conversation. Qu'elle reste, à la limite, et même s'il ne l'avouerait jamais il en était plutôt rassuré, mais certainement pas qu'elle mette sa fierté de côté pour faire comme s'il n'avait rien dit. Enfin... Il n'allait tout de même pas s'en plaindre. Sa présence était un mal pour un bien, dans le fond. Ca lui évitait de rester tout seul, c'était une bonne chose, et comme de toute façon ça ne pouvait pas être pire entre eux, il n'était pas obligé de faire semblant d'avoir envie de lui raconter sa vie ou de se forcer à le faire pour éviter qu'elle ne parte en boudant. Bon, s'il pouvait éviter de l'envoyer chier dès qu'elle ouvrait la bouche, en revanche, ce serait plutôt pas mal... Son regard clair se posa lentement sur la jeune femme. D'aussi loin qu'il se souvenait, c'était la première fois qu'ils étaient seuls, vraiment seuls. Même quand elle était venue passer quelques jours de vacances chez eux, il s'était toujours appliqué à ne jamais faire en sorte que ça arrive, et là... C'était bizarre. C'en était même pas troublant, comme si c'était naturel qu'elle soit là.

« Parce que tu crois réellement que tu vas te réincarner ? Surtout en étoile quoi... Vise la vie chiante, j'te jure. Tu bouges pas, y'a des boulets qui t'observent depuis une tour foireuse parce qu'ils ont rien d'autres à faire de leur nuit et t'attends de te casser la figure pendant des milliers d'années. Génial... T'es ambitieuse, toi, c'est bien. » la taquina t-il gentiment, s'étant étonnamment radouci. « J'sais que ça arrivera jamais, mais si j'devais me réincarner, ce serait en marmotte. Ca, ce serait une vie classe. »

Il ne savait absolument pas si elle y croyait vraiment ou si c'était juste pour parler, de même qu'il avait conscience de pouvoir la vexer, du coup, sans vraiment s'en inquiéter pour autant. Si elle était susceptible, ce n'était pas de sa faute. Et puis, il fallait être honnête, il avait d'autres problèmes suffisamment problématiques pour ne pas avoir envie de se prendre la tête en plus avec les réactions possiblement désagréables de la meilleure amie de sa sœur. Elle n'avait qu'à aller les lui imposer à elle et d'être une fille normale avec lui, ça arrangerait tout le monde. January l'avait choisie, sa meilleure amie, alors que lui n'avait rien demandé à personne la concernant, alors juste pour ça, c'était normal qu'elle fasse un effort. Enfin, ça l'était pour lui, en tout cas... Sans s'en rendre vraiment compte, Noel avait fini par se calmer. Il fixait tantôt le ciel, dans lequel il ne se passait strictement rien, tantôt Callie chez qui il ne se passait visiblement pas plus de trucs non plus... Il ne fallait pas s'attendre à des miracles, c'était certain. Enfin, elle était là, et elle y restait, il n'allait pas chercher plus les embrouilles aujourd'hui. Pas tant qu'elle ne les cherchait pas d'abord en tout cas...

« Je ne sais pas tout certes mais j'ai des yeux, des oreilles aussi, je sais voir quand ma meilleure amie ne va pas bien et réclame ses frères. Comme nous n'avons pas vécu ce que tu as vécu, j'imagine que nous ne sommes pas les meilleures personnes à qui parler. Mais c'est une possibilité à envisager dans les prochains jours quand même. J'envie vraiment cette capacité que vous avez à partager si facilement vos sentiments. C'est une chance dans ces moments là. »

Il fronça les sourcils et soupira avec exagération pour bien lui faire comprendre que cette conversation ne lui plaisait pas le moins du monde. C'était mieux quand elle parlait de sa vie d'étoile-garou ou un truc dans le genre. Qu'elle reste loin de son existence, loin de ce qu'il s'y passait et tout irait pour le mieux. Il y avait tant de sujets possibles, pourquoi est-ce qu'elle s'acharnait ainsi ?! Il venait de se mettre à chouiner comme une fille devant elle et avait maladroitement reconnu ses torts en l'envoyant sur les roses dès qu'elle les avait abordés, qu'est-ce qu'elle voulait de plus ? Les rôles semblaient étrangement s'inverser... C'était lui, normalement, le chieur du couple, c'était lui qui passait sa vie à la pousser dans ses retranchements, lui qui cherchait à la voir fuir en faisant la tronche, lui qui retournait sans cesse au combat parce qu'il était hors de question de la laisser s'en sortir si facilement... Sauf qu'il n'avait jamais été foncièrement méchant avec elle, qu'il n'avait jamais profité de ses véritables faiblesses pour garder l'avantage. Il se contentait de l'embêter en permanence, juste pour la faire râler. Dans le fond, on pouvait presque dire que c'était amical comme façon de faire. Presque... Là, c'était juste sadique. Elle voyait parfaitement qu'il n'allait pas bien, que l'entendre parler de January le blessait plus qu'autre chose mais elle continuait malgré tout. C'était dégueulasse. Il la laissa tout de même finir sa tirade. La couper n'aurait servi à rien, elle aurait repris la même chose deux minutes plus tard. Il venait d'en avoir la preuve...

« Je m'inquiète. C'est vraiment bizarre de s'inquiéter pour d'autres personnes que maman. J'veux dire, avant j'avais pas vraiment besoin de me faire du soucis pour Jan', elle allait toujours bien. C'est une toute nouvelle chose pour moi, je sais pas trop comment aborder la chose et je m'y prends sûrement pas très bien. »

Il n'avait strictement rien dit, l'avait laissée parler toute seule, comme s'il ne l'entendait pas. Malgré tout, le blond ne pouvait nier l'intérêt qu'elle avait suscité chez lui. C'était trop simple. Il n'y avait qu'à évoquer vaguement un truc qu'il ne connaissait pas pour lui donner bien gentiment envie d'écouter la suite et d'entrer dans la conversation pour en apprendre davantage. C'était injuste. A croire qu'elle le connaissait peut-être mieux qu'il ne l'imaginait. Mieux qu'il ne la connaissait, elle, en tout cas, c'était certain. Il soupira derechef et passa nerveusement les doigts dans ses mèches décolorées, tirant distraitement sur un nœud pour le défaire, avant de relever les yeux vers le ciel. Toujours rien. Elles étaient pas très filantes, ses étoiles. C'était peut-être juste une excuse pourrie pour expliquer sa venue, après tout. Sauf qu'elle n'avait pas idée d'à quel point il pouvait se ficher royalement des raisons qui l'avaient menées jusque là...

« J'ai pas envie d'en parler. Fais-moi un cours d'Astronomie, raconte-moi des trucs guimauves sur Emrick, engueule-moi parce que j'ai toujours agi comme un connard avec toi... Je m'en fiche, fais-toi plaisir. Mais je ne veux pas parler de January, de son crétin de copain ou de cette maudite fête foraine. »

Il n'avait même pas eu le courage de se montrer froid cette fois-ci, seulement las. Il avait eu le malheur d'imaginer qu'elle aurait compris la première fois. Mais non... En même temps, c'était Mulligan, fallait pas trop lui en demander non plus... Les yeux toujours rivés sur les étoiles qui ne se décrochaient pas, il soupira une fois encore. Il n'avait pas été certain que monter jusque-là soit une idée brillante quand il avait quitté son dortoir, ça avait été à peu près la seule qu'il avait eu, mais plus les secondes passaient, plus il le regrettait... C'était dans ces moments-là qu'il regrettait de ne pas encore savoir ce qu'avaient décidé ses parents quant à leur scolarité ici. Après tout, ils avaient parfaitement le droit de vouloir qu'ils rentrent à la maison... Et après chaque cauchemar, il aurait donné n'importe quoi pour pouvoir aller réveiller sa mère et se laisser chouchouter jusqu'à ce qu'il se rendorme. Oh, bien sûr, il ne lui avait pas dit qu'il faisait partie du tas de « pauvres mômes pris pour cible » mais elle ne mettrait sûrement pas longtemps à le remarquer quand elle le verrait. Sa mère avait un don pour lire en lui aussi bien que le pouvaient son frère et sa sœur. C'était bizarre. C'était rassurant, en fait...

« Eh... Pourquoi tu t'inquiètes pour ta maman...? »

Pourquoi les étoiles n'avaient-elles pas décidés de rendre service aux gentils humains patients qui veillent juste pour les voir un autre jour. Même si le sommeil de Callie n'en aurait été pas moins perturbé, elle n'aurait eu aucune raison de filer en douce de sa salle commune. Sans doute se serait-elle contenter d'y rester en s'installant dans un des confortables fauteuils avec en main son carnet à dessin et un crayon à papier. Aucune chance que son talent trouve le moyen de se développer, en revanche la tranquillité de l'activité aurait pu l'aider à retrouver sans problèmes le chemin du sommeil. Là, elle aurait pu profiter d'un repos pleinement mérité et vivement conseillé pour encourager son corps à se débarrasser du virus qui lui parasitait la vie. Mais non, le destin était mesquin, il l'avait attiré dans les couloirs puis dans la salle d'Astronomie où elle avait pu découvrir avec surprise la présence d'un autre de ses camarades de classe. Sur le coup, elle s'était dit qu'elle n'était pas trop malchanceuse mais visiblement, son calcul était assez mauvais au vu du déroulement de leur discussion. Même la présence de McDell aurait été moins pénible, sans doute parce qu'il était moins compliqué de lui rabattre le claquet et de s'acharner dessus. Personne d'important ne lui en voudrait mais avec Noel, c'était différent.

« Parce que tu crois réellement que tu vas te réincarner ? Surtout en étoile quoi... Vise la vie chiante, j'te jure. Tu bouges pas, y'a des boulets qui t'observent depuis une tour foireuse parce qu'ils ont rien d'autres à faire de leur nuit et t'attends de te casser la figure pendant des milliers d'années. Génial... T'es ambitieuse, toi, c'est bien.  J'sais que ça arrivera jamais, mais si j'devais me réincarner, ce serait en marmotte. Ca, ce serait une vie classe. »

Elle rêvait où le Gryffondor venait de les comparer tous les deux à des boulets ? Non, parce qu'il était totalement libre de se dénigrer, dans le fond ce n'était pas son problème et ce n'était pas ça qui allait la chagriner au possible mais si il pouvait éviter de la mettre dans le même panier que lui. Le temps ne leur avait-il pas déjà montrer à plusieurs reprises qu'ils étaient très différents, par tant de choses en plus ? Noël était parfaitement libre de considérer que c'était nul de monter si ou pour s'amuser à faire rebondir une balle inutile contre un mur, seulement l'objectif de Callie en se rendant dans la Tour d'Astronomie n'avait rien de comparable et n'importe qui de censé serait d'accord pour dire que c'était moins débile de venir voir les étoiles. De plus, elle n'avait rien pour se sentir un boulet, si peut-être à cause de son insociabilité mais ça encore, elle y était habitué, avait même accepter sans trop de mal de l'être et ne considérer pas vraiment ce détail de sa personnalité comme un poids. Elle ne pouvait pas plaire à tout le monde mais au moins elle restait elle-même. Non, vraiment, elle n'était pas un boulet.

« Tu peux parler, il y a tellement plus de dynamisme dans la vie d'une marmotte ! » Se moqua la jeune fille. « Elles passent presque la moitié de l'année à dormir et sont ensuite déconnectées du monde. En étoile, moi au moins je pourrais être au courant de tout ce qui m'intéresse. Je veillerais sur les gens qui me sont chers. Je trouve que c'est une bien plus belle réincarnation. »

La vie d'étoile, comparé à sa vie actuelle, Callie admettait que ce serait un changement assez radical auquel il serait sans doute un peu difficile de s'accommoder au début, malgré tout elle continuait de penser que se serait une chouette expérience de vie. Pas forcément très longue puisqu'un jour elle finirait pas se décrocher du ciel pour jouer les étoiles filantes mais peut-être enrichissante. La jeune fille l'imaginait comme une véritable expérience humaine même si à ce moment là, son esprit ne serait plus dans un corps d'humain. C'était ce qui, avec une vie de loup, la tentait bien. Pour plus tard. A l'heure de maintenant, elle était ravie d'avoir une tête, deux bras, deux jambes et un corps, être une jeune fille ne l'ennuyait pas encore, elle comptait rester ce qu'elle était pour un sacré moment encore, histoire de contribuer à la vie des personnes qui lui sont importantes et d'enrichir son parcours avec de folles aventures. Parce qu'un jour, elle vivrait des événements bien plus trépidants que ceux offerts par Poudlard, et moins dangereux aussi. Quelque chose qui ne laisserait pas sous-entendre que quelqu'un veut sa mort le plus vite possible en oeuvrant dans l'ombre et multipliant les coups bas, en tout cas.

« J'ai pas envie d'en parler. Fais-moi un cours d'Astronomie, raconte-moi des trucs guimauves sur Emrick, engueule-moi parce que j'ai toujours agi comme un connard avec toi... Je m'en fiche, fais-toi plaisir. Mais je ne veux pas parler de January, de son crétin de copain ou de cette maudite fête foraine. »

Ce serait tellement plus simple si la Poufsouffle connaissait suffisamment ses notes pour disposer d'un cours à Noel, malheureusement elle n'en était pas encore capable. Elle se contentait de reconnaître certaines constellations, de retenir quelques chiffres en vrac et puis basta, le reste était bien trop compliqué. Peut-être aurait-elle du faire un effort, maintenant elle était forcée de constater qu'elle n'avait rien à raconter sur son couple avec Emrick. Même si elle l'avait pu, elle ne l'aurait pas fait, ce n'était pas la question, c'est juste que n'avoir rien à dire était troublant. Ils ne faisaient pas grand chose, c'était toujours la même chose, une routine ennuyante s'était installée, du genre qui n'existait pas quand leur relation n'allait pas plus loin que des meilleurs amis. Ce n'était pas qu'il n'était pas attentionné, au contraire, mais ils étaient tous les deux trop mous. Au final, January avait raison en lui faisant remarquer et Callie avait eu tord de vouloir lui prouver le contraire en se forçant à faire plus de chose avec son copain. Leurs activités n'étaient pas très compatible et il était trop peureux pour s'ouvrir à de nouvelles expériences, la preuve en était la dernière fois qu'ils étaient montés dans ce même lieu juste tous les deux...

« En fait, je suis nulle en Astronomie. Si je t'engueule, tu finiras par t'énerver aussi et ça finira comme ça a commencer. Et si je te parles d'Emrick, ce sera à peu près pareil. J'ai rien à dire sur tout ça. »

Plutôt mourir que d'avouer à n'importe qui que son couple manque de dynamisme et l'ennuie. Ce serait donner raison à tous ceux qui les ont critiqués au début de l'année, ce serait donner une occasion à des gens qui ne savaient rien de rire juste par pur plaisir. Il en était hors de question. La seule personne à qui elle en parlerait serait sa meilleure amie, et encore, ce serait quand elle aurait le courage d'admettre ses tords et que la situation s'arrangerait. Car en plus de ses hésitations, Callie devait maintenant faire face à la perte du copain de sa meilleure amie. Perte qui dévastait cette dernière, ce n'était vraiment pas le moment de mettre ses problèmes de couple sur le tapis. Pour le moment, elle devait se débrouiller seule, ce qui ne devrait pas être compliqué à long terme, les examens approchaient, elle n'avait qu'à faire un peu comme Emrick, se plongeait dans les révisions au point de donner l'impression qu'il n'y a rien entre eux. En oubliant presque ce détail, la jeune fille n'aurait plus à se soucier de ses sentiments, de ce dont elle devrait parler au garçon et à quelqu'un d'autre pour qu'on l'aide à y voir clair.

« Eh... Pourquoi tu t'inquiètes pour ta maman...? »

Elle dû attendre quelques secondes avant de comprendre qu'elle avait mentionné ce détail tout à l'heure. Ca lui apprendrait à s'emballer, après elle parlait de choses dont elle n'avait pas spécialement envie. Rare sont les personnes au courant du long séjour de sa mère à l'hôpital. Evoquer cette histoire avec Noel ne l'enchantait pas spécialement mais en même temps, pendant ce temps là, il lui tapait pas sur les doigts et se calmait, avec un peu de chance ce serait plus facile d'en tirer quelque chose par la suite. De toute façon, ce n'est pas comme si elle était obligée de raconter toute l'histoire, juste quelques détails, histoire de donner une réponse plus ou moins complète et de satisfaire le jeune homme. Enfin, même si ce n'était que très peu, Callie trouvait étrange l'idée d'en parler à quelqu'un d'autre. Au fil du temps, elle avait sélectionné les gens avec qui en parlait et jusqu'à quel point aller. Le Gryffondor n'avait pas fait parti des personnes avec qui elle avait prévu d'en parler, pas même un peu, le faire avec un enquiquineur qui passe son temps à vous poussez dans vos retranchements, mais quelle idée.

« Elle a passé de longues années à l'hôpital. Je n'ai pas toujours habité chez mon oncle et ma tante. Au départ je vivais avec maman, sauf que suite à sa maladie, elle a dû être internée et je n'avais qu'eux pour s'occuper de moi. J'avais huit ans. Aujourd'hui, elle est encore beaucoup suivie par l'hôpital mais au dernières vacances elle a obtenu l'autorisation d'en sortir pour vivre chez mon oncle et ma tante. D'après ce que j'ai compris, c'est une sorte de test pour voir si elle ne pourra plus tard retrouver son indépendance. »

Callie avait les larmes aux yeux, lutter ne servait à rien dans ces moments-là, elle était si heureuse qu'après tout ce temps, enfin les efforts commencent à payer. Ce serait extraordinaire de ne plus avoir besoin du tout de se rendre à l'hôpital pour aller voir sa maman. Pour l'instant, d'après les lettres qu'elle recevait de tout le monde là-bas, tout semblait se passer pour le mieux maintenant. Ce qui avait tendance à la rassurer et ce n'était pas la seule, Berry aussi. C'était surprenant sans l'être à la fois, sans doute devait-elle voir enfin la libération arrivait, si la maman de Callie pourrait retourner vivre seule et garder sa fille, Berry retrouverait sa place d'enfant unique et gâté par ses parents.

La relation que le jeune homme avait avec la rousse avait toujours été étrange. C'était un jeu du chat et de la souris perpétuel. Il était plus souvent le chat, c'était vrai, mais quand il baissait les armes, c'était elle qui prenait la relève et ça ne s'arrêtait jamais. Il ne la cherchait pas méchamment, il n'était pas tendre avec elle, il l'avouait volontiers, prenait plaisir à la voir râler et fuir, certes, mais il ne lui souhaitait pas le moindre mal. Ca n'avait rien à voir avec Clewstone ou McDell, eux, s'il pouvait les pousser dans les escaliers et les regarder les dévaler avec des souffrances atroces, il signait sans problème. Non, il ne la détestait pas. Il se plaisait à dire à qui voulait l'entendre qu'il ne l'aimait pas, que c'était une idiote, qu'elle était chiante, que c'était elle qui avait ouvert les hostilités et tout ce qui pouvait aller avec encore mais ce n'était peut-être pas si vrai qu'il le prétendait. Il n'était obligé de rien, avec elle. Ni de faire semblant d'être sympa, ni de lui parler s'il ne le voulait pas... Il n'avait pas à supporter sa compagnie quand ça l'ennuyait, ni à faire en sorte de lui faire plaisir simplement parce qu'il le devait... Il ne s'était jamais demandé ce qu'elle en pensait, et il n'était pas certain de se le demander un jour. C'était une routine qui avait fini par s'installer, une gue-guerre sans importance et sans objectif puisque, quoi qu'il arrive, ils ne pourraient jamais changer la maison ni de l'un ni de l'autre. Il ne l'avouerait jamais mais elle faisait finalement partie des points de repère de son univers. Sa présence était habituelle, elle était quasiment dans son champ de vision à chaque cours qu'ils partageaient. Il avait fini par s'y faire. Quand il croisait January, il y avait de fortes chances que Mulligan soit dans les parages. Et puis c'était une relation agréable, enfantine, basée sur rien. S'il poussait un peu plus le raisonnement, ce qu'il ne ferait jamais, il se rendrait compte qu'il n'avait aucune raison, aucune obligation de la garder dans sa vie. Si, demain, il n'avait plus envie de lui adresser la parole, rien ne l'en empêchait, mais ça faisait cinq ans qu'ils se chamaillaient, qu'ils se cherchaient, se trouvaient... Et puis elle avait fini par entrer un peu dans son monde, sans qu'il en cherche à l'en chasser. Bien au contraire...

« Tu peux parler, il y a tellement plus de dynamisme dans la vie d'une marmotte ! Elles passent presque la moitié de l'année à dormir et sont ensuite déconnectées du monde. En étoile, moi au moins je pourrais être au courant de tout ce qui m'intéresse. Je veillerais sur les gens qui me sont chers. Je trouve que c'est une bien plus belle réincarnation. »

Noel lui donna un petit coup de coude en soupirant avec exagération, un air amusé peint sur son visage encore rougi par les larmes qui avaient coulé. Leur conversation était particulièrement ridicule. Débattre sur quelle réincarnation était la meilleure, il ne l'avait encore jamais fait celle-là... Il entendit ses jambes devant lui et s'étira paresseusement, bâillant sans la moindre classe. Chaque jour, il se disait qu'il finirait bien par arriver un moment où il aurait l'élégance de sa frangine ou le charisme de son frère, mais il fallait se rendre à l'évidence, Mère Nature l'avait carrément oublié sur ce point. Et il ne faisait pas beaucoup d'efforts pour que ça change, ça ne devait pas aider. Mais pour eux, ça avait l'air tellement naturel en même temps qu'il trouvait ça injuste d'avoir à galérer pour obtenir ce qu'eux avaient sans problème. N'importe qui à sa place en aurait pensé autant. Un regard vers le ciel. Toujours rien. C'était vrai son truc d'étoiles filantes ? Il commençait à en douter mais n'avait pas envie de le lui faire partager. Il ne voulait pas qu'elle se vexe et qu'elle s'en aille. Demain, sûrement, mais pas ce soir. Ce soir, il l'aimait bien. Ce soir, elle le rassurait. Elle était arrivée au mauvais endroit au mauvais moment mais il n'avait pas eu le moindre mal à s'adapter. Etrangement, sa présence le calmait. Il avait cessé de pleurer comme une gamine et trouvait même le courage de plaisanter bêtement sur des histoires d'étoiles et de marmottes.

« Eh mais dormir c'est la vie, meuf ! » s'offusqua t-il en riant discrètement. « Veiller sur les gens depuis là-haut ? T'as intérêt à avoir une super bonne vue quand même. On doit voir qu'une grosse boule, impossible de distinguer un gens d'un autre gens. Juste des microscopiques riquiqui petits bébés points, et encore j'suis même pas sûr, t'vois. »

Ou comment casser gentiment le délire de Callie. Il l'embêtait, rien de plus. Il ne remettait pas fondamentalement en question les croyances de la jeune femme, il se fichait pas mal qu'elle croit réellement pouvoir se réincarner en étoile, en loup ou en chausson-aux-pommes, ça ne regardait qu'elle. Lui, ce n'était pas trop son truc. Il n'avait aucun mal à imaginer que les traces de thé au fond de sa tasse pouvaient lui donner des indices sur son avenir mais il ne voyait pas comment, quand il serait mort, il pourrait y avoir autre chose derrière. Sauf une vie de fantôme peut-être, mais c'était pas très enthousiasmant comme truc. Il avait eu l'occasion de croiser Mimi plusieurs fois, et elle, c'était pire que tout. Elle lui faisait de la peine... Les autres fantômes, ça allait à peu près. Bon, c'était un peu pourri comme condition, mais ils avaient l'air de le vivre plutôt bien, mais elle... Comment est-ce qu'ils avaient fait pour devenir des fantômes ? Est-ce qu'ils s'en étaient rendu compte tout de suite ? Est-ce que leur vie de mortel leur manquait...? Le blond était sûr que ça finirait par lui manquer, ne serait-ce que de passer sa vie à manger. En fait, les trucs que faisaient son existence – à savoir dormir et manger – n'auraient plus aucun sens. Ce serait horrible. Tout simplement horrible. La voix de la jeune femme le ramena à la réalité, le forçant doucement à abandonner ses questions inutiles.

« En fait, je suis nulle en Astronomie. Si je t'engueule, tu finiras par t'énerver aussi et ça finira comme ça a commencer. Et si je te parles d'Emrick, ce sera à peu près pareil. J'ai rien à dire sur tout ça. »

Noel fronça les sourcils avant de poser un regard curieux sur sa partenaire d'un soir. Elle n'avait rien à dire de son copain ? Alors que ça faisait au moins six mois qu'ils étaient ensemble...? Ce n'était pas logique. Sans forcément avoir des cœurs dans les yeux à la simple évocation de son prénom ou lui lire des poèmes qu'elle aurait écrit en son honneur, elle devait quand même avoir des trucs à raconter ! Il ne pouvait pas rien se passer en six mois. Ne serait-ce que pour s'en plaindre... Ils étaient dans la même classe, dans la même maison, ils avaient pas le choix de se voir. Il ne comprenait pas. Il n'était pas resté très longtemps avec Alexanne, l'an dernier, mais même encore aujourd'hui, si on lui demandait d'y repenser, il trouverait quelques trucs à dire. Pas quinze tonnes mais tout de même. Il se redressa et s'assit en tailleur, face à elle, soudainement bien plus intéressé par leur conversation. Sans trop savoir pourquoi, la manière dont elle avait dit ça lui donnait envie d'en savoir davantage sans avoir envie d'en balancer quoi que ce soit. Il n'avait jamais hésité à faire courir des bruits idiots sur le dos de la rouquine, mais ce soir, c'était différent. Pour l'instant en tout cas... Il n'était pas certain que ses bonnes résolutions tiendraient très longtemps mais ça ne faisait rien.

« Comment ça t'a rien à dire d'Emrick ? Y'a un truc qui va pas ? Ca se passe pas bien entre vous ? Il s'est comporté comme un crétin avec toi...? »

Au fur et à mesure de ses questions, sa voix s'était fait plus inquiète. Il ne voyait pas en Emrick un mauvais gars, ils n'étaient jamais d'accord sur rien mais il était cool quand même. Sauf quand il lui avait fait comprendre que Callie était chasse-gardée alors qu'il n'avait pas eu l'intention une seule seconde de lui tourner autour, juste d'essayer vainement d'enterrer la hache de guerre pour de bon avec l'aide du blaireau, mais il avait eu l'air méfiant et agressif plus qu'autre chose. Il n'avait pas bien compris mais n'avait pas cherché, et ils ne s'étaient plus trop parlé depuis ce moment-là. C'était vers la rentrée, un truc comme ça, ça commençait à remonter. Enfin, il ne lui manquait pas spécialement, fallait être honnête. C'était triste. Enfin... Le regard qu'il posait sur elle se faisait étrangement protecteur, il fallait qu'elle en profite, ce serait pas tous les jours. Il ne savait pas du tout comment interpréter ses paroles et craignait qu'il y ait un véritable problème. Ca ne le regardait absolument pas, c'était certain, mais il ne pouvait pas s'empêcher de vouloir s'assurer que ça allait. Après, si elle n'avait pas envie de s'étendre sur sa vie sentimentale, libre à elle, il ne chercherait sûrement pas de peur qu'elle s'intéresse à la sienne mais au moins qu'elle mette un terme aux craintes étranges que sa réponse avait fait naître.

« Elle a passé de longues années à l'hôpital. Je n'ai pas toujours habité chez mon oncle et ma tante. Au départ je vivais avec maman, sauf que suite à sa maladie, elle a dû être internée et je n'avais qu'eux pour s'occuper de moi. J'avais huit ans. Aujourd'hui, elle est encore beaucoup suivie par l'hôpital mais au dernières vacances elle a obtenu l'autorisation d'en sortir pour vivre chez mon oncle et ma tante. D'après ce que j'ai compris, c'est une sorte de test pour voir si elle ne pourra plus tard retrouver son indépendance. »

Le Gryffondor l'avait écoutée sans un mot avant de poser une main compatissante sur son bras. Ca faisait cinq ans qu'elle faisait partie de sa vie et il ne savait même pas qu'elle vivait chez son oncle. Oh, peut-être qu'il l'avait su mais il s'intéressait si peu à elle qu'il ne l'avait pas retenu. Elle avait toujours été Mulligan, l'enquiquineuse meilleure amie de January, rien de plus. C'était comme si elle n'avait aucune histoire, rien. Et là, se rendre compte que, non seulement, elle en avait une mais, en plus, qu'elle était pas toute rose, c'était troublant. Mal à l'aise, il releva à nouveau les yeux vers le ciel. Toujours rien. Y'avait une heure précise pour son truc ou alors elle comptait attendre toute la nuit dans l'espoir qu'il se passe quelque chose sans en avoir la moindre certitude ? Il ne savait pas... Est-ce qu'il resterait avec elle jusqu'à ce qu'elle redescende ? Il n'en savait rien non plus... Peut-être. Ou pas...? Que viendrait à penser Knoxslay si elle apprenait qu'il avait passé la nuit en haut de la tour d'astronomie avec la dernière fille qu'il avait embrassée ? Non mais... C'était complètement débile ! Qu'est-ce que ça pouvait bien faire, ce qu'elle en pensait ? Elle s'en ficherait très certainement, et quand bien même ça ne serait pas le cas, sa réaction n'avait aucune espèce d'importance. Juste pour ça, il décida de rester avec elle. Il soupira et se radossa au mur. C'était une nuit bizarre...

« J'ai souhaité le malheur de ma sœur. » avoua t-il dans un souffle, comme s'il était normal de se confier à son tour, que c'était donnant-donnant. « 'Fin, pas clairement mais je voulais que son copain disparaisse de sa vie pour de bon sans penser une seule seconde à ce que ça pourrait lui faire, à elle. Qu'une amie puisse se montrer égoïste, c'est une chose mais... C'est January, genre s'il y a une personne à faire passer avant tout dans ma vie, c'est bien elle, même avant moi, tu vois le truc... J'arrive plus à la regarder en face, j'me déteste pour le coup, vraiment. Et je sais qu'elle peut savoir. J'sais même pas si elle te l'a dit mais parfois on sait ce que les autres pensent... T'imagines, toi, si elle apprenait que j'ai espéré tout plein de fois qu'il arrive un truc suffisamment grave pour qu'ils soient séparés pour toujours ? Et qu'il y a des moments où j'y pense et que j'me sens un peu soulagé que ce soit le cas...? »

Il secoua doucement la tête et ramena ses genoux contre son torse, posant son menton dessus en soupirant à nouveau. Sa voix s'efforçait de rester neutre, comme s'il récitait un cours ou lui parlait du menu du soir, alors qu'intérieur, il n'en était rien. Son cœur battait si fort qu'il allait finir par s'enfuir. Il se sentait stupide, conscient d'être le pire enfoiré que le monde ait dû connaître. C'était sa sœur, sa triplette, sa vie, et lui, pauvre abruti, il avait espéré pendant des mois que l'existence qui semblait lui plaire et dans laquelle elle paraissait s'épanouir finisse par s'effondrer pour une histoire de jalousie mal-placée et de possessivité idiote. Même s'il l'aurait aimé, elle ne lui appartenait pas et il avait toujours tendance à réagir comme si c'était le cas. C'était sa sœur avant d'être qui que ce soit d'autre.

« J'ai pas envie de la décevoir. Au pire, là, elle pensera que j'ai juste besoin d'être tout seul. Je vois pas plus Snow dans le fond, il est venu me trouver, l'autre soir, mais je l'ai pas cherché non plus... Elle peut pas m'en vouloir pour ça. Et puis, dans tous les cas, je préfère qu'elle m'en veuille pour m'être éloigné plutôt qu'elle me déteste jusqu'à la fin des temps pour lui avoir souhaité du mal... Voilà, comme ça je t'ai parlé de ma sœur et indirectement de son copain, on peut passer à autre chose. »

Il releva les yeux vers elle, timide, presque craintif. Il n'avait jamais eu peur qu'elle le juge, surtout pas elle, mais là, c'était différent. Elle avait toutes les raisons de le faire, et d'en parler à la seule fille de leur trio. Il ne pouvait que lui faire confiance et c'était pour le moins désagréable. Il n'avait pas l'habitude de lui faire confiance, à elle. Il ne lui disait jamais rien, de toute façon. Ils n'avaient jamais eu de vraies conversations en même temps. Une fois de plus, il regarda le ciel. Il s'attendait à ce qu'il n'y ait rien, comme les fois précédentes mais une trace blanche venait de zébrer le drap noir. Il ouvrit de grands yeux et se mit à espérer très fort que sa sœur s'en remette au plus vite. Tant pis pour Knoxslay, ce serait pour la prochaine étoile. S'ils restaient là toute la nuit, il aurait l'occasion de faire un autre vœu. Enfin, si seulement on avait le droit d'en faire plusieurs. Oh... Y'avait sûrement pas de raison. Et puis au pire, il en ferait que deux, ça lui semblait suffisant. Que January et Knox réussissent à surmonter tout ça lui semblait l'essentiel, du reste, c'était pas très important...

« Tu l'as vue ? Va y en avoir plein d'autres ? Ca dure longtemps comme truc ? On a le droit à combien de vœux, tu crois ? »

Il avait des airs de môme, retrouvant son caractère enthousiaste et enjoué. Ca pouvait être surprenant de le voir passer d'un extrême à l'autre en si peu de temps mais quand on commençait à le connaître, ça n'avait plus rien d'étonnant. D'ici quelques minutes, il recommencerait à broyer du noir, comme si rien ne s'était passé...

« Eh mais dormir c'est la vie, meuf !  Veiller sur les gens depuis là-haut ? T'as intérêt à avoir une super bonne vue quand même. On doit voir qu'une grosse boule, impossible de distinguer un gens d'un autre gens. Juste des microscopiques riquiqui petits bébés points, et encore j'suis même pas sûr, t'vois. »

Vu sous cet angle là... Callie devait admettre qu'il avait raison, mais l'admettre en silence. Hors de question de lui donner un point si facilement, c'était pas comme si il faisait la remarque la plus pertinente au monde, surtout qu'elle aurait pu se faire la réflexion aussi, elle avait juste été aveuglé par les légendes qui circulaient et auxquelles elle croyait à force d'entendre sa mère en parler. En prenant un peu plus de recul, on pouvait aussi dire que les étoiles n'avaient tout simplement pas d'yeux puisque c'était des gros machins qui flottaient dans l'espace et que que jamais en Astronomie la description d'un truc flottant précisait qu'il y avait des yeux. Mais c'est pas grave, les étoiles c'est pas pareil que les humains, c'est normal qu'ils ne puissent pas voir pareil. La jeune fille était persuadée que les étoiles avaient des capacités adaptées, puis même si ce n'était pas un regard à proprement parlé, c'était peut-être un truc comme l'esprit ou une capacité encore inconnue qui permettait aux étoiles de voir et savoir mais les humains ne le savent pas encore parce que être étoile pour ça et quand on le devient, on ne reprend pas la forme d'humain de sitôt.

« Pourquoi tu tiens autant à devenir une marmotte si jamais tu te réincarnes ? »

Une manière comme une autre de contourner le sujet délicat qui fait que Callie a plus tord que le rouge et or. Elle ne voulait absolument pas le lui dire, et en plus de ça, était réellement curieuse de savoir si une autre raison que celle que lui avait fournit Noel en premier lieu, le motivait autant à rêver d'une vie de marmotte. La rouquine n'a rien contre les animaux qu'elle adore presque tous pour ne pas dire l'intégralité qu'elle ne doit pas encore connaître – mais un jour viendra que si – et défend avec la même ferveur. C'est juste que bon, elle avait du mal à voir le Gryffondor dans un corps d'un si petit animal, innocent et adorable, tout ce que lui n'était pas. Elle allait pas le lui dire comme ça parce que l'ambiance commençait légèrement à se détendre, mais en gros voilà comment sa pensée se résumait.

« Comment ça t'a rien à dire d'Emrick ? Y'a un truc qui va pas ? Ca se passe pas bien entre vous ? Il s'est comporté comme un crétin avec toi...? »

Et après c'était elle qui passait pour la chieuse dans l'histoire. D'accord, au départ, ce n'était pas tout à fait faux, surtout qu'elle était revenue une deuxième fois au galop, n'empêche elle avait finit par saisir à moitié le message et se laisser détourner de la conversation sans trop de difficulté. Tandis que lui, il venait carrément se fourrer dans ses histoires amoureuses. En fait, ce n'était pas pire que ce que la jeune femme avait fait mais même en le sachant pertinemment, elle refusait de comprendre parce que c'était plus simple de dire qu'il était le seul chiant dans l'histoire. Alors que pourtant elle avait sa part de responsabilité... Pour sa défense muette, la jeune femme trouvait à penser qu'elle avait agit dans le bien de son camarade, que lui avait forcément besoin de parler après ce qu'il s'était passé alors que pas elle. Il n'y avait aucun intérêt à ce qu'elle lui en parle, certes les deux garçons étaient amis mais dans ce cas, c'était à Emrick de lui parler, pas à elle, même si leurs versions à tous les deux risquaient d'être très différentes.

« Je sais pas si le fait que nous sortons ensemble est réellement changé quelque chose entre nous. On est exactement comme avant ou presque. On fait pas forcément plus de choses ensemble. J'veux dire, avant on été qu'amis, on avait pas besoin de partager autant de choses qu'un couple, non ? Maintenant, j'sais pas, j'ai l'impression qu'on devrait le faire. Je me suis habituée à être avec lui, j'ai appris comment les couples se comportaient et j'ai envie de faire pareil mais nous sommes tellement différents. Avant, on ne s'en rendait pas compte, c'était plus simple de s'en aller faire autre chose quand l'activité de l'un nous déplaisait. Là, on le ressent plus. Je veux pas qu'il change et fasse exactement tout ce que je fais mais je trouve ça dommage qu'il n'y est pas totalement de changement hormis qu'on se colle plus dans des moments où il n'y a pas forcément besoin. »

Les seules choses qui avaient changés entre eux, c'était en autre les bisous ou les câlins, la base qui avait parût si difficile à la jeune femme au début. Parce que non, ils n'étaient pas allés encore plus loin, si Emrick y pensait, il ne lui avait pas encore fait comprendre et ce n'était pas elle qui prendrait l'initiative, surtout pas après avoir entendu vaguement January parler de ses expériences. Elle ne se jugeait pas prête et ne comptait alors pas presser son petit ami si il avait la tête bien ailleurs. Et ce n'était pas ce qui la dérangeait, c'était le manque de changements, ceux qu'elle avait d'abord craint lui manquait maintenant, comme elle avait essayé de le faire comprendre à Noël. Il n'était pas son confident par excellence et au départ, la Poufsouffle n'avait pas eu l'intention de se livrer, peut-être un peu en le voyant intéressé, histoire de répondre quelque chose pour rapidement passer à la suite mais finalement son élan l'avait emporté, comme si il protestait contre le fait que ça fasse un moment que Callie se taise. En même temps, elle se voyait mal déranger sa meilleure amie avec ça et jusqu'à présent, elle n'avait songé à personne pour l'écouter. Encore moins à la personne qui se trouvait en face d'elle en ce moment. Avec un peu de chance, il ne perdrait pas son regard sérieux quand il lui avait demandé ce qui n'allait pas, elle ne supporterait pas qu'il se moque.

« J'ai souhaité le malheur de ma sœur. 'Fin, pas clairement mais je voulais que son copain disparaisse de sa vie pour de bon sans penser une seule seconde à ce que ça pourrait lui faire, à elle. Qu'une amie puisse se montrer égoïste, c'est une chose mais... C'est January, genre s'il y a une personne à faire passer avant tout dans ma vie, c'est bien elle, même avant moi, tu vois le truc... J'arrive plus à la regarder en face, j'me déteste pour le coup, vraiment. Et je sais qu'elle peut savoir. J'sais même pas si elle te l'a dit mais parfois on sait ce que les autres pensent... T'imagines, toi, si elle apprenait que j'ai espéré tout plein de fois qu'il arrive un truc suffisamment grave pour qu'ils soient séparés pour toujours ? Et qu'il y a des moments où j'y pense et que j'me sens un peu soulagé que ce soit le cas...? »

Comme Noel était quelqu'un qui trouvait toujours quelque chose à dire, la jeune femme avait donc supposé qu'il allait répondre quelque chose par la suite même si personnellement, à sa place, elle n'aurait su quoi dire, mais elle n'avait pas pensé une seule seconde qu'il allait lui rendre la pareil en matière de confidence. Et dire que c'était exactement pour cette raison qu'il avait sorti les crocs quelques minutes plus tôt. En fin de compte, la stratégie de Callie avait bien fonctionné mais elle n'en était pas fière, elle avait très vite oublié ce à quoi elle pensait parce que la conversation l'avait prise totalement. Sa sincérité, elle ne l'avait pas joué, pas programmé même si elle y avait pensé quelques secondes auparavant. C'est sans doute pour cela qu'elle était à la fois touchée par les paroles du jeune homme et très étonnée, voir choquée, sans doute. Si on lui avait dit un jour qu'ils se retrouveraient pour se dire des trucs comme ça, elle n'y aurait jamais cru. Ce n'était pas rien ce qu'il venait de lui dire et elle n'allait pas le juger. Pour tout avouer, elle avait aussi espéré que quelque chose de suffisamment grave se produise, mais grave dans le sens où leur couple ne pouvait que se séparer, un choix des deux ou une conséquence après une connerie d'Asling mais pas de là à imaginer ni vouloir une fin aussi tragique pour le Serpentard même si il l'avait longtemps mal considéré. Aux dernières nouvelles, c'était toujours le cas avant sa mort, il faisait juste des efforts pour January. Callie ne devrait même pas être chagriné pour lui, c'était pas un mec bien, elle devrait l'être parce que sa meilleure amie a perdu son copain, non pas parce qu'elle a perdu Asling. Parce que finalement elle ne valait pas beaucoup mieux que Noel.

« J'ai pas envie de la décevoir. Au pire, là, elle pensera que j'ai juste besoin d'être tout seul. Je vois pas plus Snow dans le fond, il est venu me trouver, l'autre soir, mais je l'ai pas cherché non plus... Elle peut pas m'en vouloir pour ça. Et puis, dans tous les cas, je préfère qu'elle m'en veuille pour m'être éloigné plutôt qu'elle me déteste jusqu'à la fin des temps pour lui avoir souhaité du mal... Voilà, comme ça je t'ai parlé de ma sœur et indirectement de son copain, on peut passer à autre chose. »

Le comportement du jeune homme ses derniers jours s'expliquaient en parti. Maintenant, Callie pouvait plus comprendre pourquoi il se murait tout seul dans un coin. C'est vrai qu'en connaissant ses pensées, c'était tout de suite plus facile, et puis ce don super bizarre entre triplets n'arrangeait rien. Encore, sans, à la limite, il y aurait pu y avoir plus de contact, au moins un peu, qu'ils s'isolent pas les uns des autres quoi. C'était triste quand même de les voir ainsi, pas que January mais tous les trois bien que Callie n'était pas trop au courant de ce qu'il en était du troisième triplet, elle le connaissait, s'entendait bien avec lui mais n'en était pas pour autant très proche. N'empêche qu'elle avait bien compris que c'était pas la joie et la jolie unisson à laquelle elle s'était naïvement attendue au tout début. Attente débile de sa part, elle n'en prenait compte que maintenant et se sentait encore plus stupide, sans compter que maintenant elle était décidée à laisser presque tout tomber. Presque, parce qu'il devait y avoir une solution mais pas celle à quoi elle avait d'abord penser et en attendant de la trouver, elle pouvait se contenter du silence. Noël n'avait fait aucune remarque sur ce qui faisait se provoquer une fuite d'eau dans ses yeux.

« Tu l'as vue ? Va y en avoir plein d'autres ? Ca dure longtemps comme truc ? On a le droit à combien de vœux, tu crois ? »

Ce soir, Callie était complètement à la ramasse, elle ne comprit pas de suite de quoi lui parler le rouge et or, c'était sa faute aussi de changer subitement de sujet de conversation, même si elle ne comptait pas continuer là-dessus. Il aurait pu s'y prendre avec plus de délicatesse, c'est tout. La Poufsouffle se débarrassa de son air perdu, ne comprenant pas ce que son interlocuteur racontait puis leva les yeux au ciel. Elle était tellement prise dans leur conversation que regarder le ciel lui avait parût être un objectif lointain, très lointain, comme si ça n'avait été qu'un faux prétexte dans le but de monter ici cette nuit. Alors que non, elle ne savait pas qu'elle allait tomber sur Noël ni qu'ils se diraient tout ce qu'ils avaient commencés à se dire. Mais elle lui était reconnaissante, il aurait pu se contenter de regarder sans lui dire, pour pouvoir se moquer ensuite, parce que honnêtement, partie comme elle était, la jeune femme n'aurait pas pensé à regarder le ciel avant un moment, ce qui aurait été dommage parce que le spectacle débutait enfin.

« J'avais oublié de surveiller. » Avoua t-elle consciente de la bêtise de la chose. « Tu peux faire un vœu pour chaque étoile que tu vois. Mais le temps que t'en formules un, il y en a déjà pleins qui sont tombés. C'est pas une occasion d'en formuler tout plein mais c'est déjà ça. »

Après qu'il lui ait dit ne pas croire en la réincarnation, même si c'était des choses totalement différente, la jeune femme n'aurait pas penser qu'il croyait aux vœux ni même qu'il lui dirait vouloir en faire plusieurs en prenant la voix d'un gamin qui donne l'impression de voir pour la première fois des étoiles filantes de sa vie. C'était peut-être le cas ? Callie n'en savait rien mais si c'était vrai, il devrait en profiter. Et elle aussi, après tout, elle était venue pour ça et avait des vœux qui lui tenait à cœur de confier aux étoiles.

« Pourquoi tu tiens autant à devenir une marmotte si jamais tu te réincarnes ? »

Le nom même de l'animal donnait toutes les réponses du monde quant aux raisons qui pouvaient le pousser à espérer se réincarner – si la réincarnation existait bel et bien – en une marmotte. Marmotte... Peut-être que ce n'était qu'un tas de clichés stupides et infondés, il ne le niait pas, mais ça avait des sonorités rassurantes et fatiguées, quelque chose qui promettait rien qu'en l'évoquant de longues nuits d'un sommeil paisible et reposant. Des mois entiers passés dans les bras de Morphée, rêvassant sans s'en rendre compte de ce que serait la vie une fois l'hiver passé. De toutes façons, l'hiver ne servait à rien et à part garder ses mains dans les poches de ses blousons dans l'espoir éternellement vain de les réchauffer, il ne faisait strictement rien de ces mois-ci, alors autant les passer à ronfler sous sa couverture, bien au chaud et bien à l'abri de tous les prédateurs du monde. Clewstone et MacNeil en tête. Noel posa sur la rouquine un regard désespéré, comme s'il était évident que son quotient intellectuel était à la limite de l'inexistence. Comment pouvait-elle passer à côté de ses motivations alors que sa vie entière, en tant qu'être humain, ressemblait déjà à celle du rongeur ? C'est un rongeur, une marmotte ? Ca a des grandes dents et ça bouffe du bois, alors on dira que oui... Bon, d'accord, les marmottes n'avaient pas de BUSEs à passer ni de traumatisme à surmonter mais ce n'était qu'un détail et il était difficile d'y accorder véritablement de l'importance. Un courant d'air plus fort que les autres vint lui balayer le visage, le faisant frissonner doucement. Il avait son gilet, et il commençait à ne pas avoir très chaud, et elle, elle se contentait du haut de son pyjama et ne paraissait pas remarquer qu'il caillait. Il se souvint de la chaleur qu'il avait ressenti quand elle s'était assise près de lui. Une chaleur réelle, hein, évidemment, quelque chose qui émanait d'elle et qui avait traversé la laine de son vêtement. Rien à voir avec la chaleur étrange et agréable qui le prenait pour cible dès que Knoxslay était dans les parages...

« Imagine... » lui ordonna t-il sur le ton de la confidence alors qu'il s'étirait longuement et se remettait correctement, si tant est qu'on puisse être correctement installé à une si grande hauteur du sol. « Six mois de l'année à dormir non stop, pas de cours, pas de travail, pas de crétins, rien... Juste dodo. Et les six autres mois, rattraper le temps perdu en mangeant et refaire des stocks pour l'hiver prochain. Dormir et manger. Vise la vie de rêve, meuf ! On peut pas espérer mieux, j't'assure. Oh, je comprendrai parfaitement que tu veuilles changer de destinée et j'suis même prêt, dans un élan de générosité te concernant que je ne me connaissais pas, à te faire une place dans mon terrier de marmotte. Ne me remercie pas, ça me fait plaisir. »

Le sourire taquin et amusé qui avait pris place sur son visage ensommeillé ne laissait planer aucun doute sur le sérieux qu'il accordait à la conversation. Il n'aurait jamais imaginé une seule seconde s'amuser réellement en compagnie de Mulligan... A la soirée, durant la croisière, il n'avait pas passé un mauvais moment – sauf quand elle l'avait planté pour des raisons débiles alors qu'il essayait simplement de se montrer prévenant – mais il ne s'était pas non vraiment amusé. C'était une bonne soirée, voilà tout. Ca avait été sympa de danser avec elle, ça avait été cool de voir qu'elle s'intéressait à son univers pour de vrai et pas simplement pour éviter d'avoir à râler, il ne regrettait même pas de l'avoir embrassée mais voilà, ça n'avait pas non plus été la plus grosse rigolade de son existence. Là non plus, en soi, mais le sujet était plus léger, plus plaisant et peut-être que la fatigue et le stress aidaient un peu, mais il se sentait étrangement bien. Ce n'était pas des fous-rires sans fin mais ça faisait des jours et des jours qu'il ne s'était pas laissé aller à plaisanter ainsi sans se forcer de quoi que ce soit. Elle l'avait trouvé en train de pleurer comme une fille, il n'était plus obligé de quoi que ce soit après ça, l'humiliation était déjà telle que ça n'aurait pas pu être pire. Et pourtant... Il l'avait envoyée chier avant de se reprendre et d'accepter qu'elle puisse entrer, pour une fois, dans sa vie alors qu'il avait de toutes façons besoin d'y aller une place à quelqu'un. Ca aurait été mieux avec quelqu'un d'autre, certes... Mais bon, il fallait faire avec les moyens du bord et elle n'était pas si désagréable que ça. Elle ne servait pas à grand chose mais elle était quand un peu chouette. Un peu seulement, hein...

« Je sais pas si le fait que nous sortons ensemble est réellement changé quelque chose entre nous. On est exactement comme avant ou presque. On fait pas forcément plus de choses ensemble. J'veux dire, avant on était qu'amis, on avait pas besoin de partager autant de choses qu'un couple, non ? Maintenant, j'sais pas, j'ai l'impression qu'on devrait le faire. Je me suis habituée à être avec lui, j'ai appris comment les couples se comportaient et j'ai envie de faire pareil mais nous sommes tellement différents. Avant, on ne s'en rendait pas compte, c'était plus simple de s'en aller faire autre chose quand l'activité de l'un nous déplaisait. Là, on le ressent plus. Je veux pas qu'il change et fasse exactement tout ce que je fais mais je trouve ça dommage qu'il n'y est pas totalement de changement hormis qu'on se colle plus dans des moments où il n'y a pas forcément besoin. »

Le Gryffondor fronça légèrement les sourcils, incapable de comprendre réellement de quoi elle parlait. Sa seule histoire n'avait été qu'une amourette de quelques semaines, même pas un mois, et il était bien incapable de se souvenir comment elle avait débuté. Il se souvenait seulement des moments câlins vautrés dans les canapés confortables de la salle commune et de la déception évidente quand il avait fallu se rendre à l'évidence et mettre un terme à cette histoire qui ne les satisfaisait pas vraiment ni l'un ni l'autre. Il n'arrivait pas à se rappeler avoir fait quoi que ce soit de particulier avec Alexanne, rien qui différait de quand ils étaient amis en tout cas et ne visualisait absolument pas ce qu'elle entendait par « partager autant de choses qu'un couple », ça partageait quoi, un couple ? L'image de la Serdaigle s'imposa d'elle-même alors qu'il se demandait bêtement ce qu'elle pouvait bien faire de ses journées et s'il serait obligé de faire la même chose qu'elle s'ils finissaient ensemble un jour, juste parce que c'était « normal » et qu'il fallait qu'ils partagent des trucs. S'ils finissaient ensemble un jour... Etrangement, ça ne sonnait pas si faux que ça, et la perspective que ça puisse arriver pour de vrai n'était pas si désagréable. N'importe quoi mon gars, tu débloques ! C'était la fatigue. Il était tard, il n'avait pas fini sa nuit, c'était rien d'autre. Ouais, rien d'autre... Mais tout de même... Il avait eu envie de l'embrasser, la dernière fois, déjà... C'était pas rien, ça, si ? D'autant plus que ce n'était pas dans ses habitudes d'avoir envie d'embrasser toutes les filles qui passaient dans le coin. Si on ne comptait pas Rhiannon qui s'était amusée pendant longtemps à jouer les petites amies envahissantes et délaissées, elles pouvaient se compter largement sur les doigts d'une main. Ce n'était pas rien...

« C'est un peu contradictoire, non ? Genre tu veux pas qu'il change mais tu trouves dommage qu'il y ait pas de changements... Faut bien que quelqu'un change pour qu'il y ait un changement. 'Fin, j'veux dire, ça se fait pas tout seul. Si...? Bon, ok, j'avoue, j'y connais strictement rien, les filles c'est trop compliqué, mais ça m'enquiquine de voir que tu le vis mal. C'est censé être un truc cool, j'crois. J'peux même pas te faire chier avec ça, c'est triste... Tu vas faire quoi, du coup ? »

A la suite de ses tristes confidences, il s'était attendu à voir dans le regard de Callie une certaine victoire, elle était parvenue finalement, et sans trop qu'il ne s'y oppose d'ailleurs, à apprendre de lui tout ce qu'elle pouvait espérer et peut-être même davantage, il n'en savait rien, mais il n'en fut rien. Elle avait juste l'air paumé. Pas victorieuse, pas pressée d'aller tout balancer à January, rien du tout... Elle avait l'air humaine, en fait. Loin de l'image de crétine voleuse de frangine qu'il s'était imaginé toutes ces années. Dans le fond, il avait sûrement eu besoin d'en parler à quelqu'un, de se confier pour de vrai et plus qu'il ne l'avait fait avec Nikita. Oh, probablement qu'il se serait laissé aller à lui dire aussi clairement le fond de sa pensée s'il n'avait pas appris qu'elle connaissait le défunt et qu'elle l'avait apprécié. Ca la fichait mal et il n'avait aucune envie de la décevoir. Pas elle. Alors qu'avec Mulligan... Elle le détestait au moins autant que lui et ne pouvait que comprendre son ressenti, même s'il était certainement poussé à l'extrême et pas très digne d'un frère protecteur comme il prétendait l'être... Il lui fut néanmoins reconnaissant de ne pas rajouter quoi que ce soit sur le sujet et de le laisser changer de conversation le plus normalement du monde, alors toute la demi-mesure qui le caractérisait. Les étoiles avaient commencé à se décrocher du ciel et il était temps pour eux de regarder ce qu'ils étaient venus chercher. Ou pas d'ailleurs, lui n'avait que fui.

« J'avais oublié de surveiller. Tu peux faire un vœu pour chaque étoile que tu vois. Mais le temps que t'en formules un, il y en a déjà pleins qui sont tombés. C'est pas une occasion d'en formuler tout plein mais c'est déjà ça. »

Le blond leva les yeux au ciel avec une compassion feinte et parut rassuré à l'idée d'avoir plusieurs vœux pour sa soirée. Il étouffa un bâillement et se laissa glisser le long du mur jusqu'à se retrouver sur le dos, fixant le ciel avec un intérêt plus ou moins grand. Il lui fallait une autre étoile, ou peut-être deux, rien de plus, mais s'il pouvait éviter le torticolis, ce serait pas mal... Il fallut attendre de longues minutes pour voir une nouvelle étoile tomber. Il ferma les yeux très fort et se mit à espérer de tout cœur que Knoxslay parviendrait à se défaire des traumatismes qui étaient les leurs depuis qu'ils avaient eu le malheur de foutre les pieds dans cette maudite fête foraine. Oui, voilà, January et Knoxslay, c'était largement suffisant. Snow allait bien, après tout. Et il n'avait pas suffisamment de nouvelles de Kendrick pour savoir ce qu'il en était, même s'il était évident qu'avoir vu un gars mourir sous ses yeux devait être problématique. Ca faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vu... Depuis qu'il l'avait lamentablement planté en pleine grande salle pour aller roucouler auprès de sa belle. Bon, elle ne l'était pas vraiment, et ils ne roucoulaient pas tellement mais c'était visiblement l'image que ça avait renvoyé s'il se souvenait de la lettre de Snow... Noel soupira et se frotta les yeux.

« Tu viens à la maison pendant les vacances ? »

Ce n'était pas une proposition, loin de là, juste une question. Il ne parlait plus à sa sœur en ce moment alors il était difficile de savoir ce qu'elle avait prévu pour l'été. Lui-même ne savait pas ce qu'il allait prévoir tout seul d'ailleurs... Il avait encore un peu de temps, deux mois, quelque chose comme ça... Pour la première fois depuis cinq ans, il n'était même plus vraiment pressé que ce jour arrive...

« Imagine... Six mois de l'année à dormir non stop, pas de cours, pas de travail, pas de crétins, rien... Juste dodo. Et les six autres mois, rattraper le temps perdu en mangeant et refaire des stocks pour l'hiver prochain. Dormir et manger. Vise la vie de rêve, meuf ! On peut pas espérer mieux, j't'assure. Oh, je comprendrai parfaitement que tu veuilles changer de destinée et j'suis même prêt, dans un élan de générosité te concernant que je ne me connaissais pas, à te faire une place dans mon terrier de marmotte. Ne me remercie pas, ça me fait plaisir. »

Cet élan de générosité était... touchant. De la part du rouge et or, c'était surtout particulièrement étonnant et Callie se demandait si il n'y avait pas quelque chose de louche derrière tout ça. Non, elle n'était pas paranoïaque ou trop méfiante, juste prévoyante et avec l'antécédent de leur relation, il y avait de quoi. Mais elle était prête à le croire, il y avait bien eu un moment où elle s'était allée à espérer qu'entre tous les deux, ça pourrait vraiment changer, c'était même plutôt bien parti, du coup ce qu'il proposait n'était pas totalement impossible, certes un peu difficile à imaginer mais ça, c'est autre chose. Là n'était pourtant pas la question, même en écoutant les arguments de Noel qui sortaient du fond du cœur, la Poufsouffle n'était pas convaincue par la réincarnation en marmotte. Justement, plus elle l'écouté, plus elle trouvait que cette vie n'avait rien de plus ennuyant. En étoile, c'était pas vraiment très différent au niveau action mais elle y voyait déjà un peu plus d'utilité même si le mieux quand même ça serait de se réincarner en loup. Comme ça elle pourrait faire entièrement partie de la meute avec qui elle deviendra amie dans quelques années. La possibilité de se faire bouffer ne lui effleurait pas l'esprit, évidemment

« J'ai beau mettre de la bonne volonté, je m'imagine pas du tout en marmotte. Je préfère largement la vie de loup, c'est plus dangereux certes mais c'est justement ce qui la rend si excitante. Et puis vivre pleinement à l'état sauvage c'est génial ! Il n'y a pas mieux pour vivre en harmonie avec la nature. » Défendit-elle son idée avec des étoiles dans les yeux. « Ta générosité à mon égard est gentille, je suis donc prête à faire de même si tu changes d'avis, je parlerais aux loup de ma future meute et je leur dirais d'être compréhensifs à tes débuts en tant que loup. »

Callie était conscience que leur conversation était allée très loin de ce par quoi ils avaient commencé quand elle était entrée dans la tour. Ce n'était pas pour lui déplaire, elle croyait dur comme fer en la réincarnation et espérait retrouver des anciennes connaissances dans cette future vie, persuadée qu'en animal, elle se souviendrait de sa vie d'avant, au moins un minimum. Pas comme les humains quand ils naissent. En tête de liste, elle aimerait retrouver sa maman puis January. Ensuit d'autres camarades avec qui elle a sympathisé au cours de ces cinq dernières années à Poudard. Son père, peut-être aussi, cette idée lui trottait en tête mais pour l'instant, elle n'était pas encore très sûre. Heureusement qu'il lui restait encore pas mal d'années – normalement – pour avoir le temps d'y réfléchir convenablement parce que quand on est une élève de l'école de sorcellerie Poudlard, entre les cours et les coups foireux qui vous tombent sur la gueule et qui plonge le château en état de deuil, on peut pas dire que le climat est le meilleur possible pour prendre de sages décisions.

« C'est un peu contradictoire, non ? Genre tu veux pas qu'il change mais tu trouves dommage qu'il y ait pas de changements... Faut bien que quelqu'un change pour qu'il y ait un changement. 'Fin, j'veux dire, ça se fait pas tout seul. Si...? Bon, ok, j'avoue, j'y connais strictement rien, les filles c'est trop compliqué, mais ça m'enquiquine de voir que tu le vis mal. C'est censé être un truc cool, j'crois. J'peux même pas te faire chier avec ça, c'est triste... Tu vas faire quoi, du coup ? »

Quand on l'écoutait récapituler, ouais ça sonnait contradictoire mais c'est seulement parce que la jaune et noire avait beaucoup de mal à expliquer avec précision ce qu'elle aurait voulût, dans sa tête c'est bien clair mais juste dans sa tête. Pourquoi il voulait savoir après tout ? Là, elle s'embrouillait toute seule et il allait croire que le problème, c'est d'elle qu'il venait alors que la personne indisponible pour l'autre c'était bien Emrick. En plus, les deux garçons étaient potes, c'était sûrement une mauvaise idée de s'être finalement laissée tenter à parler de ça avec lui. Déjà, parce qu'elle montrait qu'elle était pas fichue de faire en sorte que son couple fonctionne alors que ça devrait être plus facile parce qu'il s'agit de son meilleur ami. Et puis parce que le Gryffondor prendra peut-être la défense d'Emrick et que du coup, ils vont encore finir par s'engueuler. Pas une nouvelle fois. Certes, cette fois Callie pourrait clâmer que ce n'est pas elle qui a lancé les hostilités mais même pour égaliser les fautes, elle n'était pas prête à que tout reparte en vrille entre eux, pas ce soir, pas maintenant qu'ils s'étaient plus ou moins posés là calmement. Ils étaient pas en la meilleure compagnie dont ils pouvaient rêver mais ça pouvait être bien quand même si ils y mettaient du leur tous les deux.

« J'sais pas. A voir quand il sera enfin décidé à parler. Là, il est souvent enfermé dans sa chambre. Ou alors à la bibliothèque. Il parle pas beaucoup. Ca me fait de la peine. Avant tout, nous sommes des amis et je voudrais l'aider. Il devrait parler, avec moi ou avec des personnes qui ont été à la fête foraine, je sais pas mais certainement pas resté seul. Enfin, je crois... Je sais pas ce qui est le mieux pour lui en fait. Parce que depuis qu'on est ensemble, se comprendre est plus dur, j'ai l'impression qu'on se pose tous les deux beaucoup plus de questions, parfois inutiles, on cherche peut-être trop compliqué pour se comprendre. J'avoue que je ne suis pas facile, mais je demandais pas grand chose. Qu'on garde nos habitudes tous les deux, parce que j'aime la manière dont je menais ma vie au château avant, mais faire des sorties ensemble. On n'en faisait pas trop avant mais cette année on avait une raison, non ? Je voulais pas qu'il change totalement, juste qu'on adapte légèrement pour pouvoir donner un sens à ce statut de couple qu'on se donne. J'y mets des efforts mais ça ne doit pas venir que d'une seule personne selon moi... »

Et si ça se trouve, tout ce qu'elle racontait là, toutes ses idées, la menait dans le faux depuis le début. Pour une fois qu'elle aurait pu se montrer meilleure que Noel dans un domaine, fallait qu'elle soit aussi nulle que lui en la matière. Pourtant, ce n'était pas faute d'avoir reçu une multitude de conseils de la part de sa meilleure amie qui disposait de beaucoup plus de connaissances sur le sujet qu'elle. C'est pas une question que les filles soient compliqués ou alors que ça soit les garçons, c'est les relations amoureuses dans leur globalité qui sont compliquées. Il y a beaucoup d'interrogations qui entrent en comptent, pour rien en plus, mais du coup ça fout le bordel. Finalement, Callie ne sait même pas quand tout pourra retrouver un court normal entre son copain et elle. Il faudrait déjà qu'elle puisse avoir une réelle conversation avec lui, parce que là, c'est limite si il est pas en train de l'éviter. Elle se pose la question mais n'a aucune preuve. Il peut être triste pour les décédés mais elle aussi elle l'est, c'est blessant si il pense qu'elle ne peut pas comprendre sa tristesse. Ils ont perdu une camarade de classe présente, ça fait mal et ils pourraient en discuter pour aller de l'avant ensemble. C'est ce qui semble être le meilleure à faire mais ils ne semblent pas partager la même opinion là-dessus.

« Tu viens à la maison pendant les vacances ? »

Alors qu'ils s'étaient arrêtés pour regarder les étoiles, parce que c'était un peu la raison pour laquelle la jeune fille était venue, elle fût surprise d'entendre son camarade interrompre le silence. Il aurait pu oublier de formuler le vœu dans sa tête mais non, ce n'était pas un bête oubli de sa part mais bel et bien une question adressée à Callie. Ses yeux abandonnèrent le ciel quelques instants pour scruter le visage du blond. Il était sérieux ou était-il entrain de plaisanter ? Depuis quand s'intéressait-il au fait qu'elle vienne ou non au cirque pour leur rendre une petite visite ? La dernière fois, il avait passé tout son temps à l'éviter et elle, avait fait de même. Parce qu'elle ne voulait pas trop revenir sur ce qu'il s'était passé lors de la croisière. Elle avait préféré attendre. A raison parce que c'est lui qui était revenu vers elle. Enfin... Ca n'expliquait pas d'où venait cet intérêt soudain. C'était presque tentant de demander mais son petit doigt lui disait que ce n'était pas trop une bonne idée, qu'il fallait juste se contenter de répondre et d'en savoir plus, peut-être plus tard.

« Je sais pas. Sûrement, si Jan' m'invite. Je voudrais bien. En plus, je vais être disponible n'importe quand. J'sais pas ce que va organiser l'école pour cet été mais j'vais pas y aller. Je préfère rester à la maison, avec maman, alors du coup je peux m'absenter vraiment n'importe quand. »

Pour l'instant, elle n'avait rien de prévu en particulier, si ce n'est peut-être que de retourner dans le village de son enfance peut-être, c'est une idée qui avait vaguement été évoqué dans l'une des dernières lettres de sa maman quand elles cherchaient toutes les deux de comment elles pourraient profiter de passer leurs premières vacances ensemble depuis longtemps en dehors de l'hôpital.

« J'ai beau mettre de la bonne volonté, je m'imagine pas du tout en marmotte. Je préfère largement la vie de loup, c'est plus dangereux certes mais c'est justement ce qui la rend si excitante. Et puis vivre pleinement à l'état sauvage c'est génial ! Il n'y a pas mieux pour vivre en harmonie avec la nature. Ta générosité à mon égard est gentille, je suis donc prête à faire de même si tu changes d'avis, je parlerai aux loup de ma future meute et je leur dirai d'être compréhensifs à tes débuts en tant que loup. »

Plus dangereux, plus dangereux... Noel n'avait pas vérifié l'information – qui avait besoin de la certitude d'un truc comme ça? – mais il était convaincu qu'il y avait un grand taux de mortalité chez les marmottes parce qu'elles se faisaient bouffer par des prédateurs de marmottes, qui lui étaient encore inconnus à l'heure actuelle. C'était dangereux aussi, comme vie ! Moins trépidant, très certainement, mais pas sans risque. Après, il fallait bien reconnaître que si la vie d'étoile lui paraissait particulièrement barbante, celle de loup avait la classe. Il ne visualisait pas bien en quoi ça consistait, mais le fait de vivre en meute et de se planquer dans les bois en attendant que des gens passent pour leur sauter dessus et les attaquer, c'était vachement cool ! Bon, le côté « j'aime la nature » lui passait un peu au-dessus, il fallait bien l'avouer. Ce n'était pas le genre de garçon à n'en avoir rien à faire mais il était loin d'être actif dans la protection de la planète. Il avait toujours parfaitement compris Rhiannon mais n'avait pas adhéré à son association pour autant. Malheureusement d'ailleurs, parce qu'il aurait au moins des nouvelles, si ça avait été le cas... Il chassa la pensée de cette traîtresse et reposa son regard clair sur la rouquine à ses côtés. Cette discussion n'avait pas le moindre sens mais elle était drôle. Même là, ils parvenaient à se chamailler. Gentiment, bien sûr, mais ça ne les empêchait pas de ne pas être d'accord pour autant. En même temps, le contraire aurait été étonnant...

« Ils seraient très bien mes débuts de loup, eh ! Regarde... » lâcha t-il faussement vexé. « Ahouuuuu ! »

Il afficha un air exagérément satisfait et hocha la tête avec conviction, comme si c'était là tout ce que faisait un loup dans sa vie. Son sérieux ne dura pas bien longtemps et quelques secondes à peine après cette imitation des plus fantastiques, le jeune homme ne put s'empêcher de ricaner bêtement, fier de sa bêtise. Son visage ne portait pas souvent les traces d'une intelligence sans faille mais depuis la fête foraine et les nuits difficiles qui passaient, c'était de plus en plus rare. Il riait d'un rien, trop occupé à se convaincre qu'il allait bien pour chercher à savoir si c'était drôle ou non, faisait des blagues plus vaseuses encore que d'ordinaire sans se rendre réellement compte qu'elles étaient pourries et se satisfaisait d'un humour un peu foireux, en attendant que tout devienne comme avant. La fatigue se faisait souvent trop présente pour qu'il puisse se montrer difficile, de toute façon. Et puis, ça n'était pas non plus comme s'il l'était beaucoup en temps normal. L'atmosphère était lourde ces derniers temps, à Poudlard, ça ne pouvait pas lui faire de mal d'oublier de se prendre la tête après tout. Et Callie semblait partager son avis, à en croire leur extraordinaire conversation. Celle-ci prit toutefois un tournant plus sérieux quand le sujet d'Emrick fut maladroitement abordé...

« J'sais pas. A voir quand il sera enfin décidé à parler. Là, il est souvent enfermé dans sa chambre. Ou alors à la bibliothèque. Il parle pas beaucoup. Ca me fait de la peine. Avant tout, nous sommes des amis et je voudrais l'aider. Il devrait parler, avec moi ou avec des personnes qui ont été à la fête foraine, je sais pas mais certainement pas resté seul. Enfin, je crois... Je sais pas ce qui est le mieux pour lui en fait. Parce que depuis qu'on est ensemble, se comprendre est plus dur, j'ai l'impression qu'on se pose tous les deux beaucoup plus de questions, parfois inutiles, on cherche peut-être trop compliqué pour se comprendre. J'avoue que je ne suis pas facile, mais je demandais pas grand chose. Qu'on garde nos habitudes tous les deux, parce que j'aime la manière dont je menais ma vie au château avant, mais faire des sorties ensemble. On n'en faisait pas trop avant mais cette année on avait une raison, non ? Je voulais pas qu'il change totalement, juste qu'on adapte légèrement pour pouvoir donner un sens à ce statut de couple qu'on se donne. J'y mets des efforts mais ça ne doit pas venir que d'une seule personne selon moi... »

C'était perturbant de l'entendre parler de leur couple ainsi alors que le Poufsouffle avait paru très attaché à elle dans ses lettres, suffisamment du moins pour lui faire comprendre qu'il valait mieux oublier tout de suite les vues qu'il lui croyait avoir sur la jeune femme. Il s'était lamentablement planté, le blond n'avait jamais espéré charmer Mulligan et encore moins sortir avec elle, il avait juste voulu tenter d'enterrer la hache de guerre. Dans tous les cas, le message lui avait semblé très clair. Et voilà que maintenant, il s'en désintéressait totalement... Est-ce que c'était comme ça tout le temps ? Est-ce que si, par le plus grand des hasards et loin de lui l'envie que ça arrive un jour bien sûr, Knoxslay finissait par devenir sa petite amie – un papillon battit des ailes dans son estomac à cette idée – il s'en lasserait au bout de quelques semaines et vaquerait à ses occupations le plus naturellement du monde en faisant comme si elle n'existait pas ? Est-ce que rien n'irait comme c'était le cas entre les deux Poufsouffle ? Peut-être fallait-il voir le bon côté des choses maintenant, ils n'avaient jamais été habitué à la moindre routine, ne s'entendaient pas exceptionnellement bien et n'avaient finalement pas grand chose à perdre à essayer – le papillon se manifesta plus violemment encore – ça ne pouvait sûrement pas se terminer comme ça...

« Mais il est comme ça avec tout le monde ? Genre il s'est pas éloigné que de toi...? » l'interrogea t-il machinalement avant de se rendre compte qu'ils étaient censés être amis, alors il rajouta précipitamment : « On s'évite un peu depuis la rentrée, alors j'visualise pas trop. Ouais, bon, ok, on s'est pas adressé la parole depuis la rentrée. »

Il soupira et finit par se concentrer sur les étoiles. Ca lui faisait étrangement de la peine pour la jeune femme. Il n'y avait jamais réellement réfléchi mais depuis le temps qu'il la voyait dans son champ de vision dès qu'il croisait January, ce qui était relativement souvent surtout au début de leur scolarité, il avait fini par presque la considérer comme un membre de sa famille, genre une cousine incroyablement chiante qu'on aimait éviter quand elle était là mais qu'on viendrait défendre bec et ongles si jamais il le fallait. Ouais, c'était ça... Et là, se rendre compte qu'Emrick était un crétin capable de la blesser, même sans le vouloir, il n'appréciait pas franchement. Lui avait le droit de l'enquiquiner, de tout faire pour qu'elle parte en râlant quand ils se croisaient, parce que c'était comme ça depuis toujours et qu'elle n'attendait rien d'autre, ils ne s'appréciaient pas des masses, le montraient et c'était très bien comme ça, mais il ne cherchait pas à lui faire de mal pour autant. Il était chiant, lourd, il ne savait pas franchement s'arrêter, mais il n'était pas méchant avec elle pour autant. Le Gryffondor se surprit tout seul en entendant sa propre voix demander à Callie si elle comptait squatter chez eux cet été. Oh, bien sûr, ça l'intéressait, ne serait-ce que pour savoir ce qu'avait prévu sa sœur, mais de là à le demander, tout de même... Couché sur le dos, les yeux rivés sur le ciel qui s'étendait au dessus de lui, il n'avait pas pu voir la réaction de sa camarade, mais il y avait fort à parier qu'elle devait être semblable à la sienne.

« Je sais pas. Sûrement, si Jan' m'invite. Je voudrais bien. En plus, je vais être disponible n'importe quand. J'sais pas ce que va organiser l'école pour cet été mais j'vais pas y aller. Je préfère rester à la maison, avec maman, alors du coup je peux m'absenter vraiment n'importe quand. »

Il hocha la tête, silencieux. Ce qu'allait organiser l'école... Il ignorait tout du projet, comme tous les élèves d'ailleurs, mais comptait tout faire pour dissuader le reste de sa fratrie d'y participer. Il avait déjà donné l'an dernier, et même si avec le recul il ne le regrettait pas le moins du monde et que ce stupide voyage serait le moyen de rester avec certitude en contact avec la jolie Serdaigle, il n'avait aucune envie de renoncer à un mois entier au cirque pour aller faire le zouave à l'autre bout du monde en oubliant même de feindre qu'il s'amuse...

« Ce serait cool... Enfin, pour Jan', hein, pas que tu viennes. 'Fin, ce serait pas pas cool que tu viennes, j'veux dire, j'm'en fous. C'est pas clair je crois... »

Il haussa vaguement les épaules, plus pour lui-même qu'autre chose, et bâilla à nouveau, plus longuement et moins élégamment encore que les fois précédentes. La nuit allait être longue...

« Ils seraient très bien mes débuts de loup, eh ! Regarde... Ahouuuuu ! »

Au début, Callie ne sut pas trop si elle devait être vexer de cette piètre tentative ou alors rire parce que c'était une imitation tellement nulle. Bizarrement, entendre le rouge et or se défaire de son sérieux finit de lui faire prendre une décision et elle ria en s'imaginant la scène avec Noel en tant que loup. Certes, c'était mal barré pour convaincre les autres membres de la meute de lui laisser une chance mais ce n'était pas impossible, avec un peu de bonne volonté, la jeune fille était persuadée qu'il y avait du potentiel à tirer de son camarade. En revanche, elle avait un avis mitigé sur le style qu'il adopterait, est-ce qu'il garderait son goût pour les teintures blondes ? Un loup aux poils blonds, ce serait bizarre et au lieu de paraître extraordinaire ou super rare, il risquerait de devenir la rusée des montagnes environnantes. En même temps, faut avouer que si il se roule dans un pot de peinture jaune juste pour faire style, il y a de quoi le trouver ridicule. A moins qu'il ne renaisse avec des poils légèrement plus clairs que ceux des autres, ce sera déjà plus naturel que l'actuelle couleur de ses cheveux. Rien n'était encore signé et le Gryffondor ne paraissait pas sincèrement intéressé par la proposition de Callie, malgré tout, cette dernière ne put s'empêcher de penser que ce serait peut-être pas si mal si ils étaient dans la même meute, avec un peu de chance son caractère serait moins désagréable et plus facile à vivre. Avec cet espoir, elle était même prête à revoir son ordre de priorité dans les réincarnations possible.

« Si je te donne des cours, je pense qu'ils seront indulgents. »

La Poufsouffle se sentait de mieux en mieux, oubliant presque son indélicatesse quand elle était arrivée et qui lui avait valût de se faire envoyer sur les roses, et même qu'elle était encore un peu malade. Les cernes sous ses yeux laissaient entendre qu'elle manquait de sommeil, pourtant elle n'en ressentait rien, parler de quelque chose qu'elle aime l'a rendu plus joyeuse, peut-être la fatigue se traduit-elle par un enthousiasme un peu rapide et pour pas grand chose, mais elle est contente de sa venue à la tour. Les étoiles n'ont pas encore décidés de faire un saut en parapente sans parapente mais l'attente ne lui paraît ni longue, ni désagréable. Sans doute parce qu'il est très rare que quelqu'un s'intéresse à des sujets tels que la réincarnation. Il se peut très largement que depuis le début, Noel la fasse marcher et se moque d'elle mais il le cache si bien qu'elle accorde très peu d'importance à cette éventualité, voir pas du tout parce qu'elle n'y croit tout simplement pas et tant qu'elle n'apprend pas le contraire, elle se contentera de croire que son camarade apprécie tout autant d'un sujet normalement pas si pressé. Il avait pas mal d'arguments à proposer quant à sa possible future vie de marmotte alors pourquoi pas, pourquoi n'y croirait-il pas vraiment ? Le petit sourire qui s'était stabilisé sur ses lèvres depuis quelques minutes s'effaça néanmoins quand ils eurent la mauvaise idée de parler d'autre chose, quitte à choisir la manière d'être interrompue, la jeune femme aurait volontiers choisie la pluie d'étoile.

« Mais il est comme ça avec tout le monde ? Genre il s'est pas éloigné que de toi...?  On s'évite un peu depuis la rentrée, alors j'visualise pas trop. Ouais, bon, ok, on s'est pas adressé la parole depuis la rentrée. »

Parler d'Emrick consistait à un sujet délicat depuis le début de l'année, en fait ça remontait à un peu plus longtemps en fait, mais depuis quelques mois, ce n'était plus pour les même raisons. Le moment de répit que Callie avait eu n'avait eu que très peu duré. Difficile alors pour elle de croire sa meilleure quand elle raconte qu'il n'a rien de plus agréable de savoir que l'on plaît à un garçon et d'être chouchouté par lui. Déjà sortir avec un garçon c'est une prise de tête, ensuite faut savoir que la jeune femme n'a pas pu réellement profiter du fait d'être le sujet de beaucoup d'attentions de son copain. Si ils ont passés beaucoup de temps à apprendre à se comporter en couple normal, et surtout à y prendre goût, au retour des vacances des dernières vacances, il ne lui a pas fait de cadeau pour les fêtes. Alors qu'elle, elle avait pensé à lui. Et c'était une déception parmi d'autre, elle s'était faussement convaincue que ce n'était pas grave avant de reconnaître qu'elle était vraiment déçue de lui. Qu'il ne s'intéresse pas franchement plus que ça à l'amélioration de santé de sa mère n'avait rien arrangé. Disons qu'il n'avait su que répondre à part deux, trois mots sous l'effet de la surprise, ce qui était encore compréhensible mais que durant les mois à venir, il n'est pas demandé si tout se passait bien, avait continué de blesser silencieusement Callie. Bien sûr, la fête foraine qui tourne au vinaigre l'avait achevé...

« Non, tout le monde. Enfin je crois, il à l'air moins présent pour ses proches. Je ne suis pas la seule mise à l'écart alors je sais que je ne suis pas un cas à part, ce qui ne change rien, je pense qu'il devrait s'ouvrir à ses amis ou moi, même si il y a des amitiés qui lui sont inutiles. » Reprocha t-elle inutilement puisque le concerné n'était pas présent. « Pourquoi vous vous êtes éloignés ? »

A tord peut-être, Callie pensait qu'en tant que copine mais avant tout de meilleure amie, c'était vers elle que Emrick aurait du se tourner dans les premiers. Hors, il n'en avait rien fait, au point qu'elle ne sache pas réellement si il discutait des récents événements avec d'autres élèves. Pour sa petite amie, elle était très peu renseignée et c'était très blessant, elle avait fait tant d'efforts pour en arriver là, ce n'était pas à ce à quoi elle s'était imaginée, même dans le pire des cas. La jeune femme avait imaginé que si leur couple tournait au vinaigre, il leur resterait leur grande amitié. On ne tire pas une croix dessus parce qu'on ne peut pas être plus que des amis, non ? Enfin, pour le coup, en ce moment, Emrick et elle n'était ni l'un, ni l'autre, faut dire que déjà ils avaient à moitié abandonner leur amitié en se concentrant sur comment être un couple. Et ce moment, ils étaient en train de tout perdre, la jaune et noire s'inquiétait et commençait à regretter d'avoir accepter de se lancer dans l'aventure, elle ne se sentait pas prête et aurait dû décliner la proposition de son meilleur ami, quitte à lui faire de la peine, il s'en serait sûrement remis, il avait gardé ses sentiments pour lui un bon moment et n'avait été pas malheureux pour autant, alors... Attendre plus longtemps pour découvrir l'amour ou du moins ce qui s'en rapproche n'aurait pas été une punition pour Callie, sans doute avait-elle eu tord de forcer le destin car elle devait attendre plus longtemps ? Sans doute...

« Ce serait cool... Enfin, pour Jan', hein, pas que tu viennes. 'Fin, ce serait pas pas cool que tu viennes, j'veux dire, j'm'en fous. C'est pas clair je crois... »

Non, effectivement, c'était pas clair. Le Gryffondor voulait qu'elle vienne au cirque pendant les vacances, ou alors ça ne le gênerait parce qu'il ne comptait pas passer tout son temps à l'éviter ? Ou alors il était en train de lui faire comprendre que cette soirée était une exception, qu'un tel bon moment ne se reproduirait pas et qu'elle n'était pas la bienvenue au cirque ? Ne se souciait-il que de l'intérêt de January ? La jeune femme était complètement perdue, les phrases courtes étaient les meilleures. Là, il avait dit tellement de contradictions dans une seule que c'était impossible de savoir où il voulait en venir. Callie avait une idée, elle penchait forcément pour la dernière des possibilités mais nourrissait l'espoir d'avoir tord. Pour une fois, elle aimerait bien mais préférait quand même ne pas se faire trop d'espoir. Ni de s'avancer, elle allait demander éclaircissement, parce que si elle répondait à côté de la plaque, elle allait encore en voir de toutes les couleurs.

« Tu as le droit à un deuxième essai ou j'investis dans un décodeur? » Plaisanta t-elle.

Noël avait intérêt à être plus doué pour formuler ses vœux parce que sinon, ils ne se réaliseraient jamais, les étoiles ne comprenant pas, elles ne pouvaient pas faire des miracles. De ce fait, Callie s'appliqua à formuler quelque chose de compréhensible.

« Si je te donne des cours, je pense qu'ils seront indulgents. »

Le regard qu'il lança à la Poufsouffle voulait clairement dire « essaye de faire mieux ». C'était bien beau de se foutre de lui et de se prétendre forcément meilleure mais il demandait à voir. Il n'était probablement pas le loup le plus brillant de la planète – très certainement parce qu'il n'était pas un loup d'ailleurs – mais ça ne signifiait pas forcément qu'il n'y arriverait jamais. Il ne croyait pas le moins du monde en cette histoire de réincarnation, et encore moins en l'idée qu'on puisse choisir la nature d'une future existence, mais il était presque prêt à signer pour renaître en loup juste pour pouvoir lui prouver qu'il n'aurait strictement rien à lui envier. Il ne réalisait pas encore pleinement qu'il devrait passer une longue, très longue, trop longue partie de sa vie avec la rousse, et c'était tant mieux sans quoi jamais il n'aurait accepté de n'avoir ne serait-ce que cette idée. Elle était bien gentille, parfois, mais elle était surtout incroyablement enquiquinante et s'il voulait bien supporter volontiers l'enquiquinisme – si, ça se dit – de Knoxslay, il n'avait aucune envie de le faire avec elle. Il y était déjà obligé depuis cinq ans, c'était inutile de s'en rajouter encore de son plein gré. Ses yeux clairs et fatigués fixaient la jeune femme avec un certain amusement. Elle était chiante, d'accord, mais c'était tout de même la deuxième fois en moins d'un an qu'il réussissait à passer un moment plus qu'agréable en sa compagnie. Certes, elle avait fini par disparaître de la soirée Seafood parce qu'ils s'étaient encore une fois mal compris et peut-être qu'elle finirait par en faire de même aujourd'hui, il n'en savait fichtrement rien, mais cela n'empêchait pas malgré tout que ce soit deux excellents instants.

« Parce que t'as fait loup deuxième langue, toi, peut-être ? »

Il secoua distraitement ses mèches blondes, un sourire idiot accroché aux lèvres. Il l'imaginait sans trop de mal dans une salle déserte du château à faire des « ahou » en tout genre d'une manière étrange et inutile qu'elle aurait trouvé dans un livre jamais emprunté à la bibliothèque et qui devait avoir un titre du genre 101 conseils pour réussir votre réincarnation en loup, cours de diction inclus... Cette idée ridicule lui tira un sourire plus grand encore mais celui-ci finit par s'effacer quand le sujet changea. Noel savait parfaitement que c'était de sa faute, que c'était lui qui avait prononcé en premier le prénom du Poufsouffle mais ça avait été sans envisager un seul instant qu'il pourrait devenir réellement la majeure partie de leur conversation... Il ne l'avouerait jamais, évidemment, mais écouter Callie parler de sa vie le rassurait un peu. Oh, bien sûr, ça le poussait à se poser pas mal de questions en retour, mais il avait presque l'impression de se racheter par rapport à ses piètres et récentes performances de grand frère. Callie n'était pas January, ça allait de soi, mais par extension, ça pouvait presque passer... Avec un peu de chance, il retournerait se coucher avec une culpabilité vaguement allégée. Ca ne serait pas brillant, c'était certain, mais vu le bazar qu'était sa vie depuis cette maudite fête foraine, ce serait forcément bon à prendre.

« Non, tout le monde. Enfin je crois, il à l'air moins présent pour ses proches. Je ne suis pas la seule mise à l'écart alors je sais que je ne suis pas un cas à part, ce qui ne change rien, je pense qu'il devrait s'ouvrir à ses amis ou moi, même si il y a des amitiés qui lui sont inutiles. Pourquoi vous vous êtes éloignés ? »

Le Gryffondor fronça légèrement les sourcils, surpris, en l'entendant évoquer les amitiés inutiles de son camarade. Il n'avait jamais cherché à savoir avec qui il était réellement ami, ça ne l'intéressait pas... Il n'avait jamais eu pour habitude de se fier aux relations qu'entretenaient les gens pour les apprécier ou non, January paraissait amie avec l'autre imbécile d'Adway et Snow était proche de Frowein... En partant de là, c'était idiot de se baser sur ce genre d'informations pour se forger une opinion de ses camarades. Bon, il n'y avait que pour Hawthorne où il avait fait une réelle exception. Il ne savait rien d'elle si ce n'était qu'elle était proche de MacNeil et qu'elle gloussait comme la pire des cruches à ses plaisanteries débiles, ça lui avait largement suffit pour décider qu'il ne pouvait pas l'encadrer, et il avait cru comprendre qu'elle en avait fait de même. C'était surprenant combien d'erreurs de la nature avaient pris place à Poudlard ces dernières années, mine de rien...

« Genre...? T'as des noms ? » lui demanda t-il sans réellement chercher à cacher sa curiosité. « Pour de la merde... Ouais, ok, au point où j'en suis... J'voulais rattraper le coup avec toi, à la rentrée, j'trouvais ça dommage qu'après le moment qu'on avait passé ensemble sur le bateau, on continue à se chercher, alors qu'on était capable de s'entendre un peu bien, tu vois, alors comme c'était ton meilleur pote, et que c'était censé être un peu un ami en même temps, j'lui ai demandé un coup de main. Y'avait pas d'arrière-pensées ni rien, j'te jure, j'veux dire, c'est toi, faut pas déconner non plus ! Mais il m'a envoyé chier, en me disant limite que si tu me voyais comme un crétin c'était sûrement parce que c'était le cas et en me faisant comprendre que t'étais chasse gardée et qu'il valait mieux que je m'approche pas. Du coup, j'ai tout laissé tomber. J'lui ai plus adressé la parole, il a pas essayé non plus, et j'ai continué à te faire chier. Ca partait d'une bonne intention pourtant... »

Il haussa vaguement les épaules en soupirant, comme si tout ça n'était pas vraiment de sa faute alors qu'en fin de compte, rien ne l'avait obligé à réagir comme un gamin capricieux. Il aurait très bien pu se passer de l'aide du jeune homme et faire sa vie sans trop lui demander son avis mais non... Ca aurait été bien trop lui demander de ne pas bouder et de pas faire payer à la pauvre rouquine qui n'avait conscience de rien le refus de leur ami commun. Tout était de la faute d'Emrick, en réalité, rien de plus, lui n'était qu'une victime dans cette histoire. Comme dans 99% des histoires dans lesquelles il avait un rôle d'ailleurs, mais généralement, les gens ne semblaient pas en avoir réellement conscience... La suite de leur discussion perdit absolument toute trace de sens. S'il lui avait demandé ce qu'elle comptait faire pendant les vacances histoire de s'informer de ce qu'avait prévu sa frangine sans avoir à aller lui demander lui-même – ce qui fut un échec total d'ailleurs – il s'enfonça bêtement quand il essaya de s'expliquer par la suite...

« Tu as le droit à un deuxième essai ou j'investis dans un décodeur? »

Le jeune homme ne put s'empêcher de rire, essayant vaguement de « taper » sa camarade pour avoir osé se moquer, mais il renonça rapidement en se rendant compte qu'il était trop loin et qu'il avait bien trop la flemme de bouger pour le faire, ce qui ne l'empêcha pas de rire de plus belle, conscience du ridicule de la situation. Cette soirée était un gros n'importe quoi, mais étrangement, ça ne le dérangeait pas le moins du monde. Il était monté ici pour que son dortoir ne puisse plus le tuer, et voilà qu'il parvenait même à penser à autre chose qu'au désastre qui avait eu lieu au village voisin. Callie ne servait peut-être pas à grand chose en temps normal, mais pour une fois, il était content qu'elle soit là. Réellement content qu'elle soit là... Bien sûr, il était tout simplement hors de question de le lui faire savoir, elle risquerait de se prendre la grosse tête et de lui rappeler jusqu'à la fin des temps qu'il avait eu la faiblesse, une fois, de bien l'aimer.

« Investis, ça t'apprendra à te moquer. … Non mais j'disais juste que, pour Jan', ce serait cool que tu viennes, c'est tout. C'était pas compliqué, sérieux. »

Il tourna la tête dans sa direction avant de lui tirer la langue avec toute la maturité dont il était capable avant de se frotter les yeux comme le gamin épuisé qu'il était...

« Parce que t'as fait loup deuxième langue, toi, peut-être ? »

La jeune femme haussa les sourcils, alors comme ça il osait remettre en question l'une des plus grandes évidences de sa vie ? Certes, elle voulait bien admettre qu'elle n'avait pas étudier la langue des loups à proprement parler mais ce n'était pas de sa faute si aucune école n'avait une assez grande ouverture d'esprit pour leur apprendre ce langage. Mais Callie n'était pas née de la dernière pluie ni une empotée comme il devait arriver au rouge et or de le penser, elle avait lu – plus feuilleter en fait – des bouquins sur les bêtes et avait même regardé des documentaires à la télévision, en entier s'il-vous-plaît, merlin sait que c'est sûr car ils sont tellement longs mais quand on aime, on ne compte pas. La Poufsouffle ne possède pas une excellente mémoire ni la faculté d'avoir la mémoire musicale mais après avoir donné de son temps pour connaître les loups et monter le son de la télé quand ils hurlaient pour faire peur à sa cousine, elle doit bien être capable de reproduire plus ou moins à la perfection un hurlement de loup. Ne s'était pas beaucoup entraîné – elle n'y avait jamais pensé – elle n'en avait pas la certitude mais semblait être convaincue de ses talents. C'était déjà un bon point de gagner parce que Noel n'allait sûrement pas manquer de se moquer, dans tous les cas il le ferait pour ne pas avouer qu'elle est meilleure que lui. C'est bien un ego de mec ça...

« Non mais ça serait le comble si je m'intéressais au loup sans savoir faire un hurlement qui en jette. Tais-toi et écoute ça. » Ordonna la rouquine avant de prendre une grande inspiration. « Awhoooooooooooooooooooou ! » Fit-elle fièrement.

Que le Gryffondor admette ou pas que le talent de la jeune femme était supérieur au sien, ça ne changerait pour rien puisque sa prestation l'avait amplement satisfaite et si il fallait se lancer des fleurs, elle était tout à fait capable de s'en charger elle-même. Le truc, c'était pas d'avoir de l'expérience mais de croire sincèrement à la réussite du hurlement, la preuve ça a marché. Ce soir, Callie venait de faire un grand pas en avant dans sa formation de loup, comme quoi son camarade n'était pas toujours inutile, même sans le faire exprès il pouvait rendre service. Ca devait être sûrement le cas, involontairement, il ne l'aurait pas aider par pur plaisir, faut voir comment il l'avait accueilli. Elle n'était pas toute blanche mais lui n'avait pas fait d'efforts non plus. Ensemble ils formaient sans doute un bon duo de cas désespérés mais la rouquine préférait se dire qu'il y avait quand même un grand gouffre de différence entre eux, ça lui ferait trop de mal de se mettre dans le même panier que Noel, il pourrait ensuite se prendre pour un exemple. Il n'avait pas besoin de croire en des mensonges pour se remettre de ses émotions. Il n'avait pas non plus besoin d'elle mais tant qu'elle ne se comportait pas en rabat-joie, sa présence devait rester potable, non ?

« Genre...? T'as des noms ? Pour de la merde... Ouais, ok, au point où j'en suis... J'voulais rattraper le coup avec toi, à la rentrée, j'trouvais ça dommage qu'après le moment qu'on avait passé ensemble sur le bateau, on continue à se chercher, alors qu'on était capable de s'entendre un peu bien, tu vois, alors comme c'était ton meilleur pote, et que c'était censé être un peu un ami en même temps, j'lui ai demandé un coup de main. Y'avait pas d'arrière-pensées ni rien, j'te jure, j'veux dire, c'est toi, faut pas déconner non plus ! Mais il m'a envoyé chier, en me disant limite que si tu me voyais comme un crétin c'était sûrement parce que c'était le cas et en me faisant comprendre que t'étais chasse gardée et qu'il valait mieux que je m'approche pas. Du coup, j'ai tout laissé tomber. J'lui ai plus adressé la parole, il a pas essayé non plus, et j'ai continué à te faire chier. Ca partait d'une bonne intention pourtant... »

C'était quoi ça d'être aussi curieux de ce qu'elle pouvait bien lui raconter ? Il donnait l'impression d'être une commère prête à tout pour avoir des bonnes histoires à révéler au grand jour. Ce n'était pourtant pas que Callie s'apprêtait à faire, ça n'était rien de plus que son opinion à elle sur les uns et les autres, des avis pas très cachés qui n'étonnerait personne, pas même le rouge et or elle en était certaine. C'est vrai que Noel n'était pas un bon ami à elle mais si il avait pu se prétendre ami avec Emrick à une certaine époque, il devait sans doute connaître l'identité de quelques unes de ses relations et qui parmi celles-ci, ne peuvent pas plaire à la rouquine. Elle ne cache pas ses sentiments, encore moins vers les personnes qu'elle déteste, même sans prêter attention à tous ses sauts d'humeur, avoir conscience de ça ne doit pas être si dur, en cherchant un peu il doit pouvoir trouver. C'était sans compter sur la fatigue ou plutôt la flemme, une bonne excuse. La Poufsouffle aimerait éviter d'avoir à balancer des noms, c'était plus simple de le laisser imaginer, de ne rien dire précisément et de ne pas faire de boulettes officiellement. Si elle critiquait ses potes à lui, ça n'allait pas le faire... Pourtant elle était prête à oser quand même, il y avait bien quelques personnes qui ne devraient pas les mettre en conflit tant leur inutilité est évidente.

« T'es vraiment pas perspicace toi. T'as jamais trouvé que son amitié avec Frowein n'avait rien de logique ? J'arrive toujours pas à savoir si elle le manipule, lui fait du chantage ou quelque chose comme ça... Et puis Underwood, tu crois qu'une amitié comme celle-là le mènera à quelque chose ? Il risque de finir aussi dépressif qu'elle... »

Si Callie ne pouvait pas se les voir en peinture, c'était parce qu'elle les trouvaient inutiles et forcément elle ne voulait que le meilleur pour le jeune homme, ce qui voulait dire qu'elle espérait que tôt ou tard – si possible le plus tôt possible – il prenne conscience de perdre son temps que ce soit avec l'une ou avec l'autre. Bon, c'est vrai que d'autres raisons entraient en jeu, la première étant que Frowein était également avec sa meilleure amie ce qui l'obligeait doublement à ne rien dire ouvertement à son sujet et la deuxième étant que January ne pouvait pas se piffrer Underwood et ce mépris avait tout simplement finit par déteindre sur la rousse. Des raisons plus que moyennes de vouloir protéger Emrick de ses erreurs de la nature mais tant qu'elle ne devait pas faire un compte rendu à quelqu'un de ce qui motivait ses actions, elle se fichait bien du niveau de maturité dont elle faisait preuve dans ses choix. On ne peut pas tout le temps agir le plus parfaitement possible.

« C'est donc en parti à cause de moi que vous vous êtes éloignés ? Enfin, je plaide non-coupable, j'étais au courant de rien mais je suis le sujet de votre discorde ? C'est peut-être que c'est parce qu'il t'as vu m'embrasser à la soirée Seafood et a dû se méprendre. En même temps, si tu avais pas fais l'idiot... »

C'était la première fois que Callie abordait le sujet de son premier baiser avec celui qui lui avait donné. Elle n'avait pas voulût revenir sur cette histoire avec lui, elle s'était juste laisser aller à parler d'une évidence mais elle n'allait pas chercher à continuer plus loin. Peut-être parce qu'après tout ce temps, elle ne savait toujours pas comment considérer ce qui s'était passé à ce moment-là. Ca avait pas été désagréable si on oubliait que c'était l'emmerdeur numéro du château qui le lui avait donné. Elle lui en avait voulût mais pas trop non plus, il s'en était passé des bonnes choses durant la soirée, Noel avait raison, ils avaient pu découvrir que de temps en temps, ils pouvaient réussir à un peu bien s'entendre, ce n'était pas rien... C'était même plutôt une avancée non-négligeable dans leur relation. Bon, c'est vrai que ça n'avait pas duré par la suite mais il y avait eu la preuve que c'était un peu possible de s'entendre.

« Investis, ça t'apprendra à te moquer. … Non mais j'disais juste que, pour Jan', ce serait cool que tu viennes, c'est tout. C'était pas compliqué, sérieux. »

Il était vraiment pas croyable ce garçon, quelques minutes avant il avouait que ce qu'il avait dit n'était pas clair et maintenant ça allait être presque de la faute de la rousse si elle avait eu du mal à comprendre là où il voulait en venir. Si, bien sûr, elle avait compris le sujet global, c'était sa venue au cirque cet été, mais pour le reste, elle avait eu du mal à comprendre, s'était faîte alors une petite idée mais avait souhaité avoir la confirmation du Gryffondor. Il ne répondait pas à toutes ses questions mais elle supposait que sa résumé bien ce qu'il voulait lui dire à la base et elle pouvait bien s'en contenter, c'était quand même rare qu'il admette que la présence de la rousse au côté de January n'était pas plus grosse erreur qu'est jamais faîtes sa sœur. D'ailleurs, ils devaient tous les deux être d'accord pour dire que ça, c'était sans doute Asling mais que maintenant ils ne pourraient plus jamais le dire parce que parler dans le dos d'un mort c'est mal et que ce n'était certainement pas la peine de prendre le risque de faire pleurer January en évoquant le sujet...

« C'est dommage que tu ne puisses pas te ré-écouter, là tu comprendrais que c'était vraiment pas facile de comprendre ce que tu voulais dire. Mais bon, ça va, t'es assez gentil pour éviter de me faire faire des dépenses. Je te remercie, pour la peine je veux bien partager plus ou moins équitablement mon temps entre ta sœur et toi quand je viendrais vous voir. »

Il n'en avait certainement pas envie, ce n'était pas non plus ce qu'elle désirait à tout prix, elle voulait juste l'embêter un peu, dire n'importe quoi parce qu'il était de toute façon vraiment trop tard – ou trop tôt – pour se prendre au sérieux.

« Non mais ça serait le comble si je m'intéressais au loup sans savoir faire un hurlement qui en jette. Tais-toi et écoute ça. Awhoooooooooooooooooooou ! »

L'air fier qu'affichait Callie ne put que le faire rire plus bêtement encore qu'il ne l'avait fait jusque là avant de poser sur elle un regard pas impressionné pour une mornille. D'accord, elle avait fait 'ahou', d'accord, elle semblait satisfaite de ce qu'elle venait de lui montrer mais il fallait qu'elle redescende sur Terre deux secondes, c'était pas brillant du tout, et il y avait fort à parier que tous les loups de la Forêt Interdite – parce qu'il y avait évidemment des meutes entières dans la forêt, c'était bien connu – étaient en train de ricaner devant cette pâle imitation. S'il n'avait pas été particulièrement convaincant, il fallait bien reconnaître que la Poufsouffle ne l'avait pas été davantage et, qu'une fois encore, ils pouvaient se serrer la main et entrer ensemble au club des boulets. Aujourd'hui, ils se ressemblaient tout de même beaucoup, un peu trop d'ailleurs mais heureusement, il était bien trop fatigué pour réussir à le remarquer convenablement. Noel hocha négligemment la tête, comme si tout le désespoir de l'univers venait de s'abattre sur ses épaules après la démonstration des talents de sa camarade et soupira en levant à nouveau les yeux vers le ciel. C'était bien moins oppressant que le haut du baldaquin qui s'étendait au dessus de sa tête quand il était allongé dans son lit. Qu'il avait hâte de l'abandonner pour les vacances, ce maudit lit. De même que son dortoir d'ailleurs... Et que ses colocataires. Même s'il n'était pas pressé de côtoyer à nouveau sa sœur en permanence, il devait bien avouer qu'il comptait les jours qui le séparaient encore de leur chambre commune, et de leurs respirations incroyablement rassurantes emplissant la pièce sans le moindre mal.

« Ouais, t'as fait pareil que moi quoi... Un ahou, c'est un ahou, hein. Désolé de briser tes rêves ma pauvre Callie mais t'as encore du boulot avant qu'ils puissent te comprendre, tes loups. »

En réalité, il n'en savait strictement rien et s'en fichait pas mal. Est-ce qu'un vrai loup était capable de comprendre leur débilité vocale ou non, le mystère restait entier. D'un autre côté, ils étaient capables de comprendre à peu près des gens qui répétaient des phrases qu'ils avaient apprises en phonétique sans avoir la moindre idée du sens qu'avait ce qu'ils racontaient alors, si, par le plus grand des hasards, leur hurlement animalement bancal était phonétiquement correct... Peut-être que tous les loups des environs allaient se ramener dans le château pour voir qui les avait appelés. En d'autres circonstances, il aurait été plutôt content de penser une connerie aussi stupide mais là, la fatigue aidant, il frissonna désagréablement et tendit l'oreille malgré lui pour être certain qu'aucun animal ne grimpait les marches ni que personne ne leur répondait depuis le fin fond de la forêt. L'envie de se lever pour vérifier qu'aucune ombre suspecte traversait le parc le prit pour cible mais il se souvint juste à temps qu'il était à plusieurs dizaines de mètres du sol et que c'était une idée complètement stupide que de regarder en bas maintenant. Il était à plusieurs mètres du sol... Il n'y pensait plus... La rouquine avait réussi à lui faire oublier qu'il s'était retranché en haut de la tour d'Astronomie... Voilà qui était réparé, laissant à son vertige tout le loisir de lui rappeler qu'il existait, lui aussi. Son cœur loupa un battement tandis qu'il couinait lamentablement. C'était décidément bien difficile d'avoir l'air d'un garçon viril et courageux dans cette école...

« T'es vraiment pas perspicace toi. T'as jamais trouvé que son amitié avec Frowein n'avait rien de logique ? J'arrive toujours pas à savoir si elle le manipule, lui fait du chantage ou quelque chose comme ça... Et puis Underwood, tu crois qu'une amitié comme celle-là le mènera à quelque chose ? Il risque de finir aussi dépressif qu'elle... C'est donc en parti à cause de moi que vous vous êtes éloignés ? Enfin, je plaide non-coupable, j'étais au courant de rien mais je suis le sujet de votre discorde ? C'est peut-être que c'est parce qu'il t'as vu m'embrasser à la soirée Seafood et a dû se méprendre. En même temps, si tu avais pas fais l'idiot... »

A sa première question, le jeune homme secoua doucement la tête. Elle avait quoi son amitié avec Frowein ? D'accord, Aniek n'était pas la personne qu'il appréciait le plus au monde même s'il ne la détestait pas pour autant, et il était convaincu qu'un truc ne tournait pas rond chez elle parce qu'il fallait avoir un vrai problème psychologique pour sortir avec Clewstone Senior. Elle n'était peut-être pas la fille la plus clean du monde, mais parmi les Serpentard de leur année, ça n'était pas celle dont il se méfierait le plus. McDell était bien pire que Frowein, c'était incontestable. Pour ce qui était d'Alycia, il n'avait jamais compris l'acharnement de sa sœur à son égard et devait reconnaître qu'il était presque déçu de remarquer que Mulligan ne valait pas beaucoup mieux sur ce coup-là. D'accord, c'était une fille un peu bizarre, elle ne semblait pas appréciée par tant de monde que ça, mais lui, il la trouvait cool cette nana ! Et puis, il lui devait un peu toutes les notes au dessus de la moyenne qu'il avait en potions, c'était pas rien. Il imaginait bien difficilement comment la Serdaigle avait fait pour se mettre des gens à dos, elle était pas foncièrement méchante et se révélait même être une camarade intéressante. Elle était un peu chiante parfois mais il lui semblait que c'était le propre de toute fille qui se respecte, aussi il n'y faisait plus vraiment attention depuis le temps. Ca n'était rien à côté de son interlocutrice ou de Knoxslay. Comment aurait tourné sa soirée si ça avait été elle qui l'avait involontairement rejoint ici ? Aurait-il préféré fuir plutôt que d'avoir l'air aussi bête devant elle ou aurait-il pris le risque de rester juste pour pas qu'elle n'imagine que sa compagnie le dérangeait ?

« Snow est ami avec Aniek, et j'suis pote avec Alycia, et j'ai pas franchement l'impression que ça pose le moindre problème dans notre vie, t'sais. Elles doivent lui apporter un truc. C'est pas toujours évident à voir, j'avoue, ça fait cinq ans que je cherche pour Jan' et toi et j'sais toujours pas, mais c'est pas pour autant qu'elles lui sont totalement inutiles. » expliqua t-il avant de bâiller sans la moindre classe et de se frotter à nouveau les yeux. « Ouais, en gros, c'est ça. J'pense pas avoir perdu grand chose hein. J'veux dire, arrêter de se parler à cause d'une fille qui me plaît même pas, bonjour l'amitié solide... Mais même s'il a vu que j't'avais embrassée ça fait quoi ? Vous étiez pas ensemble et il m'a jamais dit qu'il en pinçait pour toi, j'étais pas censé le deviner, sérieux ! Qu'il se soit imaginé des trucs, ok, pourquoi pas, mais c'était pas une raison pour m'envoyer chier tu vois. J'suis désolé mais il aurait pu me faire comprendre le message autrement, j'suis pas débile, j'aurais saisi pareil. Et puis ça te va bien de dire que j'ai fait l'idiot, hein... Ca a pas eu l'air de te déranger tant que ça, j'te rappelle... T'as pas eu l'air d'avoir envie de m'étriper et tu m'as pas lâché de la soirée. J't'entends déjà dire que c'était la surprise, le choc, blablabla... Mouais, que tu m'aies ni repoussé ni baffé à cause de ça, d'accord, mais que tu te barres en faisant la tronche parce que t'as cru que j'essayais de me débarrasser de toi, meuf, ça tient pas la route. Dans le genre « je voulais vraiment pas », y'a plus crédible. »

Noel soupira et se perdit faussement dans la contemplation du ciel. Les étoiles semblaient avoir arrêté de se laisser tomber dans le vide, comme si leur conversation les avait tellement désespérées qu'elles avaient préféré prendre le large loin d'eux et les pousser à mettre un terme à leur débat ridicule. C'était plausible et, mieux, il comprenait totalement leur geste. Est-ce qu'il regrettait ce baiser stupide ? Non, il n'y avait jamais repensé comme étant une énorme bêtise. C'était pas le truc plus le intelligent de sa vie non plus, certes... Il aurait été bien incapable d'expliquer pourquoi il avait fait ça, il n'était que question de faire parler les andouilles qui les fixaient, rien de plus. Ca n'était pas suffisant et pourtant... De toute façon, c'était un peu tard pour revenir en arrière, ça faisait près d'un an que ce bisou ridicule avait eu lieu, ce n'était plus la peine d'en faire tout un fromage. C'était drôle, d'ailleurs, la facilité avec laquelle ils avaient mis cet événement de côté et qu'ils n'en avaient strictement jamais parlé. Pourtant, ils avaient passé la suite des vacances sous le même toit et jamais, au grand jamais, ils n'avaient abordé le sujet...

« C'est dommage que tu ne puisses pas te ré-écouter, là tu comprendrais que c'était vraiment pas facile de comprendre ce que tu voulais dire. Mais bon, ça va, t'es assez gentil pour éviter de me faire faire des dépenses. Je te remercie, pour la peine je veux bien partager plus ou moins équitablement mon temps entre ta sœur et toi quand je viendrais vous voir. »

En garçon mature qu'il était, il fit semblant de se pendre avec une corde invisible en entendant ce qu'elle comptait faire en guise de remerciement. S'il avait su, il aurait jamais essayé d'être plus clair, ouais ! Elle se serait contentée de galérer pour comprendre ce qui n'était de toute évidence pas compréhensible et ça aurait été très bien comme ça. Après une légère hésitation, certainement due à la flemme qui l'habitait depuis seize ans déjà, le Gryffondor finit par se relever, époussetant machinalement son pyjama. Ses jambes étaient un peu engourdis et son dos était légèrement douloureux. Le vent soufflait toujours un peu, glissant sous son gilet avec tout l'amusement du monde. Peut-être qu'il espérait le faire tomber malade et le forcer à rester enfermé, couché pendant plusieurs jours. Quand bien même ce serait le cas, jamais il ne s'y plierait. Si c'était amusant d'être malade à la maison, parce que sa mère le chouchoutait littéralement jusqu'à ce qu'il soit rétabli, ici c'était beaucoup moins drôle et il préférait aller prendre une potion immonde à l'infirmerie avant de continuer sa vie le plus normalement du monde.

« Ca me donne une bonne excuse pour fuir alors ! Inutile d'épuiser le peu de temps qu'on est capable de passer cordialement ensemble maintenant si tu comptes m'imposer ta présence une partie de l'été, ahah ! Allez, viens. Il commence à faire froid et les étoiles bougent plus... »

Il lui tendit la main pour l'aider à se relever et bâilla une fois encore avant de l'entraîner à sa suite dans l'escalier. Oui, aller se coucher semblait être une bonne idée et, avec un peu de chance, son dortoir le laisserait tranquille jusqu'au lendemain matin...