A peine était-elle réveillée que Danni s'était précipitée à la fenêtre pour regarder le temps qu'il faisait dehors. Son visage se fendit d'un large sourire en voyant le grand soleil et le ciel sans nuage. Le temps parfait pour aller s'amuser ! Car c'était aujourd'hui qu'était prévue la sortie à la fête foraine ! La jeune Poufsouffle était on ne peut plus excitée à cette idée. Elle n'avait été que très peu de fois à des fêtes foraines mais elle adorait l'ambiance... et les friandises qu'on pouvait y acheter. Cependant, c'était bel et bien la première fois qu'elle allait se rendre à une fête foraine sorcière et Danni se demandait si il y avait une différence ? Est-ce que certaines attractions étaient magiques ? Elle allait bien voir !

Après s'être passé un peu d'eau sur le visage et avoir enfilé un jean et un pull fin, Danni sortit en trombe du dortoir... pour y revenir se coiffer un petit peu et repartir. Elle partit rejoindre ses camarades, écouta les consignes des professeurs pour qu'il n'y ait pas de débordements puis fila avec le groupe vers la fête foraine située non loin du village de Pré-au-Lard. En chemin, elle aperçut Max et se faufila vers lui pour finir le trajet avec lui.

A l'arrivée, elle fut un peu déçue d'apprendre qu'ils seraient divisés en groupes sans avoir la possibilité de choisir l'attraction qu'ils allaient faire ni avec qui. Tous furent appelés pour former les groupes et Danni resta dans les derniers. Elle retrouva cependant le sourire en voyant qu'au moins, Max serait avec elle. L'attraction qu'on leur attribua était les bulles en plastique sur de l'eau. Ce n'était pas l'attraction la plus excitante mais ça pouvait être drôle quand même. Elle aurait préféré le train fantôme ou le palais des glaces mais au moins, elle n'était pas dans un manège à sensations qui l'aurait certainement rendue malade.

Max se présenta pour les personnes qui ne le connaissaient pas. De son côté, il n'y avait que Catherine qu'elle ne connaissait que de vue étant donné qu'elle avait déjà croisé Lucas plusieurs fois.

"Et moi c'est Danni !" enchaîna-t-elle avec le même enthousiasme communicatif que Max.

C’est la première fois que je vais à une fête foraine. J’ai bien essayé, il y a deux ans de cela, de me rendre en douce à une qui s’était installée un peu hors de Londres pendant les vacances d’été, mais le chien des voisins m’a vendue et Lydie m’a récupérée avant que je ne puisse quitter la rue. De toute façon, dans mon empressement, j’avais oublié de prendre de l’argent…

Mais cette fois-ci, j’y vais en toute légalité et ni Lydie ni l’adorable mais très possessif rottweiler des Wersmouth ne pourront m’en empêcher. Bien sûr, je regrette un peu l’œil acéré des professeurs qui veilleront à nous faire marcher dans les clous et respecter le programme, mais je ne compte pas laisser de tels détails gâcher mon plaisir.

Tiens, même être répartis arbitrairement en groupe par les adultes n’altère pas mon enthousiasme d’un iota. Je ne dis jamais non à l’occasion de lier de nouvelles amitiés et je suis certaine que tous les membres de mon groupe sont des gens formidables. Pourquoi ne le seraient-ils pas ?

Je reconnais Daniela, une Poufsouffle d’un an mon aînée, que je ne connais que de nom mais qui a tout pour plaire. Il y a aussi un garçon, plus âgé – peut-être comme Absolem -, que je pense être à Serpentard. Et le dernier membre de notre petit groupe est une bienheureuse surprise. J’offre mon plus lumineux sourire à Max Clewstone, encore plus certaine, de par sa présence, que cette journée va être une absolue réussite.

Suivant les instructions des professeurs, nous nous dirigeons vers un bassin sur lequel flottent de grandes bulles, moi en sautillant impatiemment. J’ai la tête tellement prise par mon excitation que j’oublie même d’entamer la conversation avec mes trois camarades. J’observe un peu rêveusement l’attraction devant nous, la tête penchée sur le côté pour avoir une autre perspective. Il y a une poésie à ces sphères vides simplement posées sur l’eau, comme des bulles de savon fatiguées attendant que leurs couleurs leur reviennent pour repartir à l’assaut des cieux.

Je suis tirée de ma contemplation par la voix de Max qui se présente – m’apprenant par-là que son nom complet est Maximilien – et par Daniela qui suit son exemple – m’apprenant par-là qu’elle a l’habitude d’être surnommée Danni -. Mon enthousiasme enfantin se fond tout naturellement dans le leur alors que, éclairée d’une joie parfaite, je lance à la cantonade :

« Catherine, je suis ravie d’être ici parmi vous aujourd’hui. »

Certes, ravie ne couvre même pas une infime partie de mon effervescence – seul un conditionnement que je me surprends parfois à avoir retenu m’empêche de taper dans mes mains -, mais malheureusement, le vocabulaire est limité là où mes émotions ne le sont pas.

Catherine semblait particulièrement excitée, du moins c'est ce que Danni put comprendre du ton de sa voix lorsqu'elle se présenta. Mais il y avait de quoi. Ce n'était pas tous les jours qu'un parc d'attraction était privatisé pour les élèves de Poudlard ! Ils pouvaient tous laisser derrière eux leurs devoirs et révisions pour la journée et profiter, et surtout s'amuser !

"Nous aussi on est contents que tu sois avec nous, Catherine !" répondit-elle aussitôt.

"C'est la première fois que tu viens dans une fête foraine ?" lui demanda-t-elle, car à la façon dont elle regardait en détail les décors, elle n'était visiblement pas habituée pour être autant émerveillée.

Lucas, de son côté sembla un peu déçu et Danni supposa que sa réaction devait tenir au fait qu'il était soit le seul Serpentard, soit le plus âgé du groupe. Mais peu importait, il devrait bien faire avec ! D'ailleurs, après s'être présenté d'une voix neutre, il n'attendit personne et entra tout seul dans une des bulles. Visiblement, il n'était pas trop du genre à vouloir faire connaissance, tant pis pour lui. Danni se tourna vers Max puis haussa les épaules pour lui signifier que c'était son problème.

Max demanda alors aux deux filles si elles voulaient entrer à deux dans les bulles ou individuellement. Danni réfléchit un moment, regarda Lucas déjà dans sa bulle puis se tourna de nouveau vers ses deux camarades.

"Ça aurait pu être marrant d'être à deux... mais si je vais dans une bulle avec toi, Max, Catherine se retrouvera soit seule, soit avec Lucas... Honnêtement, je crois que ça serait plus équitable qu'on soit chacun dans une bulle. Et puis comme ça, on pourra essayer de se faire tomber les uns les autres, qu'est-ce que vous en pensez ?" demanda-t-elle.

Après concertation et s'être mis d'accord, Danni s'approcha d'une des bulles et se faufila par l'ouverture, visiblement impatiente de commencer.

« C'est la première fois que tu viens dans une fête foraine ? » me demande Daniela en aparté.

Wouah ! Elle est perspicace en plus de dégager une entraînante joie de vivre et d’être une joueuse de Quidditch talentueuse. Je savais bien que ma camarade était formidable !

« Oui ! je m’exclame en réponse. Mère me laisse rarement sortir de la maison, c’est tellement excitant ! »

Notre Serpentard est le seul à ne pas étaler sa bonne humeur. Il se présente laconiquement comme Lucas et va se glisser dans une bulle sans plus nous accorder d’attention. Peut-être a-t-il une rage de dents qui l’empêche de sourire ? Le pauvre… J’ai été victime d’une rage de dents une fois – la faute à la violente rencontre entre ma mâchoire et un mur en béton, dixit le docteur – et ce n’était vraiment pas drôle. Dommage que je ne connaisse pas de sort pour atténuer la douleur…

Loin d’être démonté par l’attitude quelque peu antisociale de Lucas, Max nous propose deux moyens de profiter de l’attraction : deux par deux ou tous ensemble. Je me mordille la lèvre en pesant les pour et les contre. Tous ensemble, c’est toujours mieux mais j’ai aussi la petite part de moi qui a envie de se sentir comme une libellule qui préfèrerait pouvoir prendre tout l’espace et marcher sur l’eau comme dans un poème.

Mais Daniela prend la parole et expose une autre question et un argument auquel je n’avais pas pensé. Si on veut être deux dans une bulle, pour être équitable, il faudrait que je m’impose dans celle de Lucas, et le pauvre et sa rage de dent n’ont peut-être pas envie de la compagnie de quelqu’un qui, même si elle ne prend pas beaucoup de place, ne tient pas en place.

« Et puis comme ça, on pourra essayer de se faire tomber les uns les autres, qu'est-ce que vous en pensez ? conclut ma camarade.

- Partante ! j’approuve en levant mon poing en l’air. Surtout que, selon la difficulté à tenir debout, deux personnes par bulle pourrait résulter en beaucoup de bleus… »

Un coup d’œil au Serpentard déjà sur l’eau m’apprend en effet que l’exercice est plus ardu qu’il en a l’air.

« Et puis la piscine est grande, j’ajoute. Nous avons tous l’espace que nous pouvons souhaiter. »

La question étant réglée, je m’approche du bord du bassin et retire mes chaussures et chaussettes. Malgré le dicton, j’ai opté contre un collant en voyant le grand soleil ce matin. Je me glisse par l’ouverture et pose mes pieds nus sur le plastique transparent. Dessous, entre les petites balles colorées attirées par mon poids, je vois parfaitement la teinte turquoise de l’eau.

L’instant d’après, la bulle avance sans prévenir et je me retrouve à quatre pattes puis, glissant sur une des balles, carrément étalée au fond de ma sphère de plastique. J’éclate de rire et – vite – je vais refermer l’ouverture pour éviter que mon fragile esquif prenne l’eau. Puis, avec moult précautions, je reprends mon équilibre, fait glisser mes mains sur les bords de ma bulle, déplie prudemment les genoux et cherche à placer mes pieds de manière à ne pas avoir à les bouger constamment pour ne pas tomber.

Lorsque j’ai trouvé un minimum de stabilité dans ma petite bulle onirique, je m’accorde un instant pour regarder comment les autres s’en sortent.

Une fois dans sa bulle, Danni entreprit de refermer soigneusement la fermeture afin que le plastique soit convenablement imperméable. Elle fit rouler la boule pour que celle-ci quitte la plateforme du bord de la piscine et arrive à la surface de l'eau. Dès que la bulle se posa sur la surface, le pied de la jeune Poufsouffle dérapa et la jeune fille s'étala de tout son long, non sans éclater de rire. Elle se mit alors à quatre pattes, décidant de procéder par étapes et sans précipitation, puis une fois avoir trouvé son équilibre ainsi, tenta une nouvelle fois de tenir debout. Les bras écartés pour contrebalancer les mouvements de la bulle, elle parvint à se tenir debout. Elle tenta quelques pas, tomba deux ou trois d'affilée mais se releva à chaque fois jusqu'à parvenir à trouver un semblant d'équilibre.

"Ah ah c'est bon, prenez garde, j'arrive !" dit-elle en se mettant à courir dans la bulle pour foncer sur celles de ses camarades.

Elle parvint à bousculer Catherine puis Max, s'amusant de les voir tomber. Mais jouer les auto-tamponneuses avec des bulles aussi instables ne pouvait pas l'épargner non plus et Danni se vautra à son tour au fond de sa bulle avant de pouvoir bousculer Lucas. Finalement cette attraction était vraiment drôle !

Tentant de se redresser une nouvelle fois, une sensation légèrement froide sur sa jambe lui fit baisser les yeux. C'est avec étonnement qu'elle vit le côté de son jean mouillé. De l'eau était rentrée dans sa bulle ?

"Oh non, il doit y avoir un trou dans le plastique !" dit-elle en faisant la moue. Ses paroles ne pouvaient certainement pas être entendues par ses camarades, car sa voix devait être étouffée par la bulle de plastique et les bruits extérieurs leur parvenaient également moins bien.

Pensant être la seule à avoir un souci avec sa bulle, elle ne remarqua pas tout de suite que ses camarades s'enfonçaient également petit à petit. Elle tenta de régler elle-même son problème pour pouvoir continuer à s'amuser. Sortant sa baguette de la poche arrière de son jean, Danni la pointa vers ce qui lui sembla être l'endroit où la bulle prenait l'eau. Elle passa en revue les sorts qu'elle connaissait et elle pensa qu'un petit sort de réparation pourrait faire l'affaire. C'était un sort de première année pas très compliqué mais elle devait se concentrer pour articuler correctement tout en gardant son équilibre.

"Reparo !"

Spoiler:

Visiblement, je ne suis pas la seule à avoir du mal à tenir debout. Je vois tour à tour Max et Daniela tomber avec juste autant de grâce que moi, se maintenir en équilibre avec juste autant de peine et rire avec juste autant d’autodérision. Ma camarade blaireau semble être celle qui se débrouille le mieux puisqu’elle est rapidement en mesure de venir écraser sa bulle contre la mienne.

Le choc m’envoie valser contre les parois de plastique tandis que mon esquif part de tous les côtés. Allongée, un peu tordue, sur le ventre, je ris quand je vois que Danni est dans le même état que moi.

Laborieusement, je me redresse en glissant plus souvent qu’à mon tour sur les balles colorées. Et puis soudain, je m’immobilise. Dans un mouvement ridicule bien sûr : un bras tendu au-dessus de ma tête, un genou enfoncé dans la paroi, mes orteils tout pareillement enfoncés à la même hauteur, mon deuxième bras encore suspendu dans les airs et mon deuxième pied bien solidement ancré à la verticale. La grâce - ou même la fierté que tout ma famille essaie de maintenir - n’a pas vraiment d’importance quand je sens l’eau fraîche lécher la plante de mon pied.

Ce n’est pas tellement l’eau, en fait ; si ma bulle est percée, il suffit que j’en change après tout. C’est plutôt… une fluctuation dans la force. Ou une autre impression romanesque dans la même veine. Comme si le goût de l’air changeait brusquement ou qu’un voile drapé sur mes yeux disparaissait – ou apparaissait -.

Je fronce mes sourcils à les faire se toucher au milieu de mon visage et éparpille les balles colorées pour m’agenouiller confortablement dans la petite mare d’eau qui s’agrandit goutte par goutte. Puis, j’entreprends de chercher de la fuite. Je ne vais pas laisser une bulle percée au bord de la piscine pour que quelqu’un dans le prochain groupe se retrouve dans la même situation que moi… un reparo devrait être à ma portée.

Inconsciemment, je m’arrête un instant pour tâter la rassurante protubérance dans ma jupe, une poche que j’ai cousue moi-même et dans laquelle est rangée ma fidèle baguette de sorbier. Puis je replonge mes mains dans l’eau.

J’ai des doigts très sensibles mais je n’arrive pas à repérer un seul trou dans le plastique. Inspirée par mon impression romanesque de fluctuation dans la force qui commence gentiment à manger les parois de mon estomac, je fais rouler ma bulle de manière à ce que la partie précédemment immergée soit au-dessus de moi et observe attentivement le niveau d’eau. Je fronce mes sourcils plus, si c’est seulement possible.

Ça monte quand même.

Je suis troublée. Est-ce un genre de plastique perméable ? Une blague de la part des professeurs ? Une manière de nous dire ‘ah ! vous croyiez pouvoir échapper à vos révisions ? et bien voilà ce qui arrive aux paresseux’ ?

Je lance un regard à mes camarades. Daniela a sorti sa baguette et lance un sort mais je n’arrive pas à entendre lequel. En tout cas, je ne connais aucun sort d’imperméabilisation.

Je ramène donc prestement ma bulle près du bord, sans même essayer de me lever, et une fois que la sphère a cogné contre la limite solide, je tire sur la fermeture. Qui ne bouge pas. Et peu importe combien je m’escrime dessus, pas moyen d’ouvrir ma petite prison.

Brusquement, j’en viens à regretter de ne pas connaître de meilleurs jurons. ‘Par les dix mille poils de la barbe de Godric Gryffondor’ ne convient surement pas à la situation, je pense avec un demi-sourire.

Spoiler:

Un petit jet d'étincelles blanches était sorti de sa baguette pour atteindre le plastique de sa bulle. Danni ne bougea plus et observa le niveau de l'eau. Il lui semblait bien que l'eau ne rentrait plus, c'était déjà un bon point. Il n'empêche que ce n'était pas agréable d'avoir les pieds dans l'eau. Si sa bulle avait un défaut, il valait mieux retourner au bord pour la changer. La jeune Poufsouffle releva alors la tête et s'aperçut que Max et Catherine s'était déjà rapprochés du bord.

"Uh ?" fit-elle en levant un sourcil perplexe.

Pataugeant dans sa flaque où flottaient les petites boules de couleur, Danni fit rouler sa bulle pour s'approcher du bord. Elle observa alors ses camarades et s'étonna de voir qu'eux aussi avait les pieds dans l'eau.

"Max ? Qu'est-ce que..." commença-t-elle avant de s'arrêter, se rappelant qu'il ne devait certainement pas bien l'entendre.

Catherine était en train d'essayer d'ouvrir la fermeture et semblait peiner à y arriver. Ce fut également le cas de Max qui finit par lancer un sort qu'elle devina être un alohomora car sa fermeture s'ouvrit. Danni regarda par-delà le bassin et fronça les sourcils. Il n'y avait aucun adulte de disponible pour les aider ? Et puis... elle ressentait quelque chose d'étrange dans l'air... comme si l'excitation et la joie du parc d'attraction s'étaient envolées. Elle avait un mauvais pressentiment et n'avait plus tellement envie de rester dans cette bulle.

La jeune Poufsouffle tenta d'ouvrir manuellement sa fermeture mais ne fut presque pas étonnée de constater que, comme Catherine, elle n'y parvenait pas. Se sentant un peu angoissée, Danni pointa de nouveau sa baguette vers le plastique, visant la fermeture afin d’imiter son camarade. Si elle parvenait à sortir, elle irait aider ses camarades.

"Al.. alohomora !" prononça-t-elle la voix peu sûre à cause du stress.

Spoiler:

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Cathy, c’est le moment de réfléchir, je m’intime silencieusement en prenant de grandes inspirations. Ce n’est pas le moment de paniquer, ce n’est pas le moment de faire saigner mes doigts sur cette fermeture moins que coopérative, ce n’est pas le moment de m’indigner qu’il n’y a personne en vue pour se préoccuper de nous et ce n’est surement pas le moment de m’appesantir sur l’eau qui clapote à mes mollets. Non, c’est le moment de vivre une aventure. Et de les rendre fiers de moi, j’ajoute à moi-même pour amplifier ma détermination.

Je sors ma baguette et fouille dans ma mémoire le sortilège adéquat. Je vois qu’à côté de moi, Max, puis Daniela, et même Lucas ont lancé tour à tour une incantation, mais, comme tout à l’heure, ma prison de plastique – pourtant perméable – m’empêche d’entendre lesquelles.

Mes yeux tombent involontairement vers l’eau qui monte et je suis prise d’un spasme de panique. Comme si la lente angoisse qui remonte doucement de mon ventre vers ma gorge en dévorant tout sur son passage n’était pas suffisante. C’était pourtant censé être une journée d’insouciance !

Soudain, j’ai une illumination. Pas une illumination-je-sais-soudainement-ce-qui-se-passe-et-je-vais-tout-résoudre-en-un-tour-de baguette – ce serait trop facile -, mais juste une plus modeste illumination-mais-pourquoi-je-n-y-ai-pas-pensé-plus-tôt. Et je hisse ma bulle sur le bord du bassin dans un savant mouvement de balancier. Voilà qui devrait mettre frein aux ardeurs de l’eau de me noyer et même, espérons, permettre l’évacuation de celle qui est déjà à l’intérieur.

Reste toujours la problématique de sortir, bien sûr, mais au moins, sur le sol ferme, la crainte pressante de la noyade est écartée et je respire normalement sans avoir à y penser. Cet apport d’air calme et régulier permet d’éclaircir un peu mon esprit et je trouve finalement sans mal un sortilège à essayer. Je me rengorge, souris, et brandis ma baguette contre la paroi avec triomphe.

Ce n’est que du plastique après tout, non ? Et bien du plastique ne fait pas le poids face à Catherine Luce Henderson.

« Diffindo. »

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