Chloé et Danni avaient prévu de se voir depuis la mi-novembre mais il avait été très difficile d’accorder leurs emplois du temps. Entre les révisions d’ASPIC pour Chloé, les entraînements de Quidditch pour elle et les fêtes de fin d’année, elles n’avaient finalement pu prévoir leur sortie qu’en janvier. C’est pourquoi Danni était tellement impatiente. Elles avaient tellement de choses à se raconter, sur les cours, le Tournoi, le match, les garçons, Chleofee… ! Ça devenait vraiment urgent qu’elles se voient car tout ne pouvait pas s’expliquer dans une lettre !

Elle savait que Chloé apaiserait ses doutes, car elle en avait toujours, surtout après sa cuisante défaite au match et son parcours laborieux durant le Tournoi. De son côté, Danni écouterait avec attention tout ce que son amie avait sur le cœur à propos des garçons et du reste ! Elles avaient toujours été comme ça depuis qu’elles étaient toutes petites ! Et ce n’était pas prêt de changer !

Comme à son habitude, Danni s’emmitoufla dans un manteau bien chaud, une écharpe, des moufles et un gros bonnet en laine avec un pompon au bout avant de se mettre en route vers Pré-au-Lard. Son endroit préféré avec le chemin de Traverse ! Toutes ces boutiques, c’était le paradis ! Si jamais elle n’arrivait pas à s’orienter vers un métier lié aux Créatures Magiques, elle tiendrait une boutique ! Ça c’était certain !

Il avait encore neigé et le froid écossais était mordant, pourtant, rien n’entamait le sourire de la jeune Poufsouffle qui avançait vers le village tellement elle était ravie de passer un peu de temps avec son amie. D’ailleurs, elle la vit qui attendait à l’entrée et elle se dirigea vers elle. Elle avait assorti son bonnet et ses gants, ce qui faisait très classe contrairement à elle qui avait tout dépareillé. C’était encore une chose que Lily Potter, en grande fashionista, n’avait pas réussi à lui faire intégrer.

"Moi aussi je suis drôlement contente de te voir !" dit-elle en serrant Chloé contre elle.

Elle s’excusa de ne pas avoir précisé plus l’endroit du rendez-vous mais Danni hocha la tête.

"C’est pas grave, en m’attendant à l’entrée c’était parfait, au moins on ne pouvait pas se louper. C’est vrai que tu ne connais pas trop Pré-au-Lard ! Allez viens, suis-moi, je vais te montrer." dit-elle en commençant à marcher à ses côtés.

"Ici c’est Zonko, une boutique de farces et attrapes mais je préfère celle des Weasley sur le Chemin de Traverse. De toute manière ce qui est vendu ici est interdit dans l’enceinte du château. Là il y a une boutique de vêtements, y’a plein de choix, mais je n’y suis pas encore allée… je suis sûre que Lily m’y emmènera de force un jour où l’autre. Là c’est un salon de thé… j’y suis allée une fois, le thé est très bon mais le décor fait mal aux yeux, y’a du rose partout ! C’est très kitch. Là c’est Honeydukes, le paradis des friandises, ma boutique préférée de toute l’histoire de l’univers, tu penses bien. Ils me connaissent à force, c’est là que je réapprovisionne mon stock de Dragées Surprises." dit-elle avec un grand sourire.

"Par là c’est des rues un peu plus sombres mais ce n’est pas autant mal famé que l’Allée des Embrumes à Londres. D’ailleurs, au bout de la rue là-bas il y a la Licorne Blanche, une Brasserie d’enfer qui vend des pâtisseries, des repas et des boissons froides comme chaudes. Leur chocolat chaud est une tuerie. C’est Madame Lyard qui tient la Licorne, tu sais, la sœur du professeur d’Histoire de la Magie. Elle est super sympa et m’a même offert un petit travail pour le week-end. Je l’aide à faire le service et à préparer des boissons." expliqua-t-elle en continuant de marcher.

"Nous on va s’arrêter là, c’est un pub sympa et leur Bièraubeurre est à tomber !" dit-elle en entrant aux Trois Balais pour s’asseoir à une table avec Chloé.

"Allez ! À toi, raconte moins plein de choses ! Je veux tout savoir !" dit-elle avec enthousiasme tandis qu’un serveur s’approchait d’elles.

"Une bièraubeurre pour moi s’il vous plaît."

Chloé avait semblé être intéressée elle aussi par la boutique Honeydukes. Par contre, elle n'était pas aussi fan des Dragées Surprise qu'elle parce qu'elle était tombée une fois sur une au goût de crotte. Danni avait éclaté de rire. C'était bien pour ça qu'elle aimait ces dragées... par pour le goût de crotte, mais parce qu'elle avait la surprise à chaque dragée et ça la faisait beaucoup rire. Mais beaucoup n'osaient pas en manger parce qu'ils avaient peur de tomber sur des goûts bizarres. Il n'y avait bien que Sunny pour partager sa passion des dragées. Mais Sunny était aussi timbrée qu'elle.

Puis elle lui avait expliqué son petit job chez Madame Lyard à la Licorne Blanche et Chloé l'avait félicitée s'inquiétant de son emploi du temps.

"Oui ça va, je m'en sors à peu près... pas trop mal. Je m'avance dans mes devoirs autant que je peux pour pouvoir aller aux entraînements de Quidditch après les cours et le week-end à Licorne. C'est pas toujours évident mais j'en profite cette année car l'année prochaine, avec les BUSEs, je ne suis pas sûre de m'en sortir aussi bien." avait-t-elle expliqué.

Elle était ensuite entrée avec elle aux Trois Balais où elles s'étaient assises pour commander une bièraubeurre après avoir retiré manteau, bonnet, écharpe et moufles. Impatiente, Danni lui avait alors demandé de tout lui raconter. Chloé lui répondit qu'elle ne savait pas par où commencer puis lui expliqua finalement ses états d'âme avec les garçons qu'elle avait tendance à draguer.

"Oh mais non tu n'es pas nulle Chloé ! Regarde-toi ! Tu es tellement jolie. Tu as raison de t'amuser. Si je ne suis pas ton exemple, ce n'est pas parce que je ne le veux pas... mais c'est que... heu.. je ne sais pas faire. D'un autre côté, je comprends que ça peut parfois te retomber sur le coin de la figure. Mais ça, ce n'est pas si grave que ça si tu y réfléchis bien. Le jour où tu auras trouvé le bon... tu arrêteras de toi même de draguer les autres... alors pour l'instant profite et ne te pose pas trop de questions." dit-elle en payant le serveur qui apportait les boissons.

Danni trempa ses lèvres dans la bièraubeurre, poussa un long soupir de bien-être et reposa son verre, léchant la mousse qui faisait une moustache sous son nez.

"Et puis d'abord... Il n'y a pas forcément besoin de draguer les garçons en vrai pour se faire une réputation... J'ai entendu une rumeur sur moi dans les couloirs... comme quoi Albus et Lucas se seraient battus pour moi lors de la soirée d'Halloween... alors que c'était plutôt pour Chleofee mais bon. Du coup, certains croient que je suis heu... enfin tu comprends... que je cours après les garçons..." dit-elle en se grattant la tête, ne semblant pas si affectée que ça. "... mais moi je sais que c'est faux alors, je m'en fiche." ajouta-t-elle en haussant les épaules.

Les rumeurs qui circulaient allaient tellement vite à Poudlard. Il était presque impossible que Chloé n'ait pas entendu celle qui la concernait. Et la rumeur qu'elle venait d'expliquer comportait une suite dont elle n'avait pas parlé... La rumeur disait qu'elle avait choisi au final ni Albus ni Lucas mais un autre Serpentard, Peter. Et cette partie là n'était pas totalement fausse... Est-ce que Chloé allait lui en parler ? Avait-elle entendu la rumeur ?

"Enfin, quoi qu'il en soit, j'ai maintenant une réputation pas possible et ni le match de Quidditch, ni le Tournoi n'ont aidé à faire remonter ma côte de popularité..." dit-elle en repensant au match contre Gryffondor... le match qui s'était terminé en quelques minutes sans qu'elle n'ait eu le temps de rien faire pour faire ses preuves... et le Tournoi où elle s'était ridiculisée devant tout le monde.

"Au fait, félicitations pour le Tournoi, t'as géré comme une chef, arrivée la première, t'es vraiment trop forte ! J'étais contente pour toi en tout cas !" dit-elle en lui souriant.

"Et pour en revenir aux garçons, s'il y en a un qui te fait du mal, dis-le moi, que j'aille lui casser les dents." conclut-elle avec un naturel déconcertant en reprenant sa bièraubeurre pour boire.

Alors qu'elle avait expliqué son emploi du temps à Chloé, Danni avait remarqué son regard étonné, presque admiratif. Pourtant Danni ne pensait pas faire quelque chose de si spécial que ça... il suffit d'un peu d'organisation et beaucoup de motivation. Et puis les entraînements de Quidditch étaient plus un loisir qu'un travail alors entre les corvées et le plaisir, tout ça était assez bien équilibré au final.

Chloé semblait un peu triste car les garçons ne s'intéressaient qu'à son physique. Elle tenta même de lui faire un petit sourire mais le cœur n'y était pas. Elle comprenait son problème mais elle lui proposa quelque chose.

"Tu sais Chloé, si les garçons ne s'intéressent qu'à ton physique... dis toi que c'est toi qui a l'avantage. A toi de les faire mariner. Et ceux qui te prennent simplement pour une poupée, fais leur miroiter des choses qu'au final tu ne leur donneras pas. Comme ça ils apprendront la frustration." expliqua-t-elle.

"Et puis c'est bien vrai que les garçons sont compliqués... ou en fait non... ils sont juste aveugles et ne distinguent rien de plus que ce que leurs yeux voient." dit-elle en soupirant.

Elle lui avait alors raconté la rumeur qu'elle avait entendue sur elle et Chloé sembla étonnée, ce qui voulait dire qu'elle ne l'avait pas entendue elle-même. Mais elle traita Lucas d'extra-terrestre et ajouta qu'Albus avait été odieux. Elle la supplia de la rassurer sur le fait qu'aucun des deux garçons ne lui plaisait. Danni pencha la tête d'un air gêné et but une gorgée de bièraubeurre avant de répondre.

"Lucas non, pas du tout. Je le trouve très prétentieux et collant. Par contre Albus... Tu sais il n'a pas fait exprès de pousser Lucas sur moi, il voulait juste protéger Chleo. Il n'est pas méchant... je crois qu'il est juste sur la défensive... ça ne doit pas être facile pour lui d'être constamment entouré de gens qui le détestent..." expliqua-t-elle avec une moue un peu triste. Elle comprenait Albus ou du moins, elle comprenait ce qu'il pouvait parfois ressentir.

Chloé lui assura que sa côte de popularité n'avait pas changé à ses yeux et la jeune Poufsouffle la remercia d'un sourire sincère. Elle ajouta qu'elle devait être fière de son parcours au Tournois car tous les autres participants étaient plus âgés qu'elle.

"Mouais... n'empêche que je suis arrivée dernière... je ne sais pas sur quelles peurs tu es tombée mais moi j'ai vu mon père mourir quatre fois de suite... c'était horrible." dit-elle en réprimant un frisson d'horreur.

Revenant sur le sujet des garçons, Chloé lui promit de lui dire si un garçon lui faisait du mal et lui fit promettre qu'elle ferait de même dans le cas inverse. c'est à ce moment là qu'elle lui avoua avoir envoyé une lettre d'amour à Asling.

"Non ! c'est vrai ? Asling c'est le grand de Serpentard qui a dansé sur la table avec Sunny à ta fête c'est bien ça ? Je croyais qu'il était en couple avec une Poufsouffle ? Qu'est-ce qu'il t'a répondu ?" demanda-t-elle, curieuse d'en savoir plus.

Chloé et Danni parlaient ouvertement et sans retenue de leurs petits tracas respectifs. C'était ce qui était bien avec son amie. N'importe quel sujet pouvait être abordé, sans arrière pensée, sans gêne et sans jugement. Danni se disait d'ailleurs qu'à partir de l'année prochaine, Chloé allait cruellement lui manquer...

Quand le sujet du bal d'Halloween vint sur le tapis et que Chloé donna son impression sur Lucas, Danni éclata de rire. Ah ça c'était sûr... Lucas n'était pas très net ! Elle lui demanda alors si Albus lui plaisait et Danni acquiesça avec un petit sourire timide.

"Tu sais... quand j'ai débarqué à Poudlard, je ne savais même pas qu'il y avait eu une guerre... Ma tante m'a tenue éloignée de toute information magique... Quand j'ai vu Albus la première fois, je connaissais pas son nom et encore moins l’histoire de son nom. Mais j'ai vu qu'il n'était pas bien dans sa Maison et que ses camarades étaient sans arrêt après lui... Et puis j'ai compris quand je suis tombée sur ça." dit-elle en fouillant son sac pour en sortir une carte Chocogrenouille qu'elle posa devant Chloé.

"Harry Potter, c'est son père. Au dos de la carte il y a marqué ce qu'il a fait... il a même attrapé le Vif d'Or avec sa bouche, tu te rends compte ? Enfin c'est pas le sujet... Je me suis un peu documentée dans les archives de la Gazette du Sorcier et c'est comme ça que j'ai appris ce qui c'était passé. Mais ça n'a rien changé de ma vision d'Albus, tu comprends ? Non seulement il doit batailler pour exister en tant que... heu que lui-même et pas en tant que "fils de Harry Potter", mais en plus le Choixpeau le colle dans la Maison qu'il ne faut pas..." expliqua-t-elle en faisant la moue. "Ça rendrait n'importe qui un peu à cran, tu ne crois pas ?"

Puis le sujet tourna sur le Tournoi et Danni acquiesça à la surprise de Chloé à qui elle venait d'apprendre les misères qu'elle avait vécues.

"Oui, je suis tombée quatre fois sur la même case. Mon père était là et puis il tombait dans mes bras... c'était horrible. A chaque fois je retournais en case départ et je refaisais le même chiffre... Et non... j'ai eu du mal à réaliser que ce n'était pas réel... j'ai manqué poignarder un élève dans les gradins parce qu'il se moquait de moi... c'est grave Chloé... Je n'aurais pas du accepter de participer à ce Tournoi c'est tout..." dit-elle en grimaçant.

Puis Chloé lui expliqua qu'elle avait vu sa mère sauter par la fenêtre... ce qui n'était guère mieux. Les autres "peurs" n'étaient pas si terrifiantes, tout comme elle qui avait vécu un orage et marché sur sa baguette.

"Ouais... certaines peurs étaient vraiment cruelles..." conclut-elle.

Concernant le sujet Asling, Chloé lui confirma qu'il s'agissait bien du grand Serpentard.

"Ce n'est pas grave, le principal c'est qu'il n'ait pas mal pris la chose et que toi tu sois soulagée de t'être libérée en le lui avouant. Il reste fidèle à sa petite amie, ça doit être quelqu'un de bien. Mais au moins vous avez mis les choses au clair, c'est important... Il ne faut pas cacher des choses à ses amis..." dit-elle d'un air pensif.

"... et en parlant de mensonges... j'aimerais bien que tu m'en dises plus sur Chleofee... ou peu importe comment elle s'appelle..." dit-elle d'un air un peu blessé. Elle n'aurait jamais cru que son amie de Poufsouffle lui mente à ce point sur son identité.

Chloé s'insurgea lorsqu'elle apprit que sa tante l'avait tenue éloignée du monde magique si longtemps. Danni haussa les épaules et répondit après avoir terminé son verre de bièraubeurre.

"Je lui cherche pas des excuses et je cherche encore moins à la défendre, tu sais que je la déteste. Mais à l'époque, elle croyait que j'étais moldue comme mes parents. Alors elle n'allait pas prendre la peine de m'expliquer ce genre de choses. Quoi qu'à y réfléchir... je pense que même si elle avait su que j'étais une sorcière, elle n'aurait quand même pas pris la peine de me tenir au courant..." ajouta-t-elle en se grattant la tête.

"Quand j'ai reçu ma lettre pour Poudlard, c'était déjà une vengeance en soi. Tu aurais du voir sa tête !" expliqua-t-elle hilare. "Et puis t'inquiète pas pour moi, elle ne me fait pas peur et je ne me laisse pas faire. Un jour, j'ai remplacé son parfum par de l'huile de vison... je crois que je n'ai jamais autant ri de ma vie, même si elle m'a punie pendant une semaine après ça. C'était vraiment trop drôle." expliqua-t-elle en éclatant de rire.

Revenant sur Albus, Chloé lui expliqua qu'il devrait être fier d'être dans la maison d'un des proches de son père. Danni acquiesça.

"Je crois qu'il sait qu'il a de quoi être fier. Il n'empêche que ça doit être fatiguant d'être entouré d'abrutis." conclut-elle tandis que son amie lui avoua que la meilleure chose qui pourrait arriver à Albus serait de trouver une fille comme elle, consciente de ses valeurs et sans jugement pour lui. Danni s'empourpra et secoua la tête d'un air dépité.

"Oh tu sais... je crois qu'il ne sait même pas que j'existe et encore moins comment je m'appelle..." dit-elle dans un soupir las. Elle ne se voyait pas non plus faire le premier pas et aller vers lui pour lui faire comprendre qu'il lui plaisait. Elle ne saurait même pas comment s'y prendre ni quoi dire ! Et puis elle aurait trop peur qu'il la rejette. Elle n'était pas aussi jolie que les autres filles.

Après avoir parlé du Tournoi et d'Asling, les deux jeunes filles arrivèrent au sujet concernant Chleofee. Un peu consternée, Danni écouta les explications de son amie. Ainsi elle s'appelait Keleana et avait tenté d'éviter Chloé depuis le début de l'année, certainement parce qu'elle savait qu'elle était venue à Poudlard sous un faux nom... mais pourquoi ? C'était bien là la principale question.

"Je ne comprends pas... pourquoi ? Pourquoi quitter son pays ? Pourquoi changer de nom ? Pourquoi ne pas nous en avoir parlé ? Si elle a fui la France, c'est soit qu'elle a fait quelque chose de mal et elle se cache... soit elle a peur. Mais de quoi ? Pourquoi nous mentir ? Je croyais être son amie, mais elle n'a même pas assez confiance en moi pour m'en parler. Ca me rend triste." dit-elle en baissant les yeux.

La fraîcheur de ce mois de janvier sur mes joues et sur chaque parcelle découverte de mon corps me fait toujours frissonner, tant de froid que de plaisir. Quelle saison envoûtante que l'hiver, tant capable de tout rendre merveilleux et magique avec son simple drap blanc, que lugubre, macabre et mortel. Ce n'est pas ma saison préférée (l'été passant en première position et de loin!) mais c'est tout de même avec plaisir que je me suis habillée en conséquence pour sortir à Pré au Lard. Rien de bien extravagant, juste quelque chose de bien seyant qui me permette d'être à l'aise, au chaud et d'avoir la classe : un pantalon noir, des bottines, un pull bordeaux, un manteau gris et mon écharpe aux couleurs des Serpentards, seule écharpe que j'ai dans mes tiroirs étant donné que je n'avais pas réellement songé à en ramener une dans mon départ précipité de France. J'ai encore un peu de mal à m'habituer à cette couleur et à me dire que je suis chez les verts et argents mais au fond ça ne durera pas longtemps, alors je préfère en profiter autant que possible. J'ai au moins la chance d'être avec des gens que je connais et de ne pas être dans le viseur des autres. Si si, c'est une réelle chance! Je remets en place une dernière boucle et attrape mon sac dans lequel j'ai glissé quelques mornilles avant de me glisser hors de mon dortoir puis hors de la salle commune des Serpentards.

Ce n'est pas la première fois que je vais à Pré au Lard mais je sais que seule je risquerai de me perdre. Du fait, je suis le flot d'élève, discutant joyeusement avec ceux que je connais au passage ou me laissant tout simplement portée par le flux en regardant autour de moi. Ce n'est pas comme si on avait souvent de la neige dans le sud de la France ... Arrivée dans le village, je sais plus ou moins ce que je dois faire. Il me l'a brièvement expliqué. Maintenant c'est à moi de connecter mes deux neurones du sens de l'orientation. Je m'applique donc à suivre ses consignes et finit par tomber sur la pancarte recherchée, après m'être tout de même perdue - c'était la deuxième à gauche et pas la deuxième à droite, pas de ma faute s'il me donne des informations erronées! Sans beaucoup d'hésitations, j'ouvre la porte et m'engouffre dans l'auberge bondée et bruyante. D'expérience je sais que je suis la première arrivée. Keith a toujours du retard quoi qu'il puisse en dire. Balayant rapidement la salle du regard, je remarque une table vide et je m'emploie à slalomer entre les chaises pour y parvenir. Heureusement que je suis fine, sinon j'aurais eu bien du mal à ne pas déranger tout le monde. Enfin assise, je retire mon manteau et mes gants puis secoue mes cheveux pour en faire tomber les flocons qui s'y sont accrochés. Ceci étant fait je redresse la tête et parcoure rapidement la salle du regard ne parvenant cependant pas à m'arrêter sur un visage dans cette marée humaine. Légèrement souriante étant de bonne humeur je jette un regard sur le côté et des yeux braqués sue moi attirent mon attention. Seulement, lorsque je croise ce regard, mon sourire se fane immédiatement et je m'empresse de détourner les yeux. Là, Chloé et Danni ensemble ... Pourquoi est-ce que cela ne me plaît pas trop? Pourquoi faut-il qu'elles se trouvent au même endroit que moi au même moment? Comme si Pré au Lard n'était pas suffisamment grand ... Bon en même temps elles ont le droit de rester ensemble, ce n'est pas à moi de leur interdire mais ... toutes deux ensembles elles en savent trop à mon sujet ... Et si elles l’ébruitaient ? Qu’est-ce qu’elles peuvent bien penser de moi avec les informations qu’elles ont pu accumuler jusqu’à aujourd’hui ?

Perdue dans mes pensées, je n’entends pas tout de suite la voix qui me pose une question mais lorsque je remarque une masse sombre devant moi, je relève subitement les yeux. Ce n’est que la serveuse. « Qu’est-ce que vous prendrez alors ? » me demande-t-elle visiblement agacée. « Un chocolat chaud, s’il vous plait » je commande le plus poliment possible. Elle hoche simplement la tête et repars. Je me concentre du coup sur mes ongles, comme s’ils étaient subitement ultra intéressants. Ai-je raison de me poser encore autant de questions et d’être autant paranoïaque ? Si ça se trouve elle ne parle même pas de moi, je ne suis pas le centre de la terre. Elles se connaissaient bien avant que je ne débarque alors je ne dois évidemment pas être leur sujet de discussion principal. Il faut que j’arrête de me monter des films …

Chloé lui demanda si elle allait encore voir sa tante pendant les vacances, expliquant qu'elle l'aurait bien prise avec elle si elle n'était pas autant habituée à faire des "bêtises". Danni éclata de rire.

"Tu sais, je reste à Poudlard déjà pendant toutes les vacances scolaires de l'année... Si Poudlard ne fermait pas pendant l'été, j'y resterais plutôt que de rentrer à Londres, crois-moi ! Mais je n'ai pas le choix, au moins pendant les vacances d'été. Et puis je n'ai que 14 ans, ce n'est pas comme si je pouvais me prendre un appart ! Et comme tu ne veux pas m'héberger..." dit-elle d'un air faussement vexé avant de rire à nouveau.

"Mais t'inquiète pas, C'est pas non plus invivable... enfin ça l'est un peu moins depuis que je suis rentrée à Poudlard. Elle est juste... hautaine, méprisante et... autoritaire. Si elle me donne des corvées à faire, je les fais et au moins j'ai la paix. Et puis j'aime beaucoup mon oncle, alors ça équilibre un peu les choses." expliqua-t-elle en haussant les épaules.

La conversation ayant ensuite dévié sur les garçons, notamment sur Albus que Chloé ne semblait pas trop apprécier, elle l'orienta vers un autre garçon qu'elle fréquentait, pensant certainement qu'il pourrait remplacer le Serpentard.

"Maximilien ?" demanda-t-elle d'un air étonné.

"Mignon ? Non... enfin si, je veux dire, je ne sais pas en fait... je n'y ai jamais trop prêté attention. Max est mon meilleur ami, Chloé... je ne l'ai jamais considéré autrement. On s'entend très bien, mais c'est tout." dit-elle un peu déstabilisée car elle n'avait jamais imaginé Max comme étant un petit ami potentiel. Mais non... elle ne voyait pas ça envisageable car les seuls sentiments qu'elle éprouvait pour lui étaient une très profonde amitié, rien de plus.

Et la conversation en était alors venue inévitablement sur le sujet Chleofee, qui était à la base le but même de leur tête-à-tête du jour. Chloé n'en savait pas plus qu'elle et émettait des hypothèses pour tenter d'expliquer ce changement d'identité. Chloé expliqua que Chleo avait piqué une crise lorsqu'elle lui avait dit qu'elle allait lui en parler et Danni se renfrogna. Chleo n'avait définitivement pas confiance en elle... c'était mal la connaître. C'était blessant, même. Chloé aussi avait envie que Chleo leur fasse confiance, c'était bien normal.

Au moment même où Chloé demanda "Qu'est-ce qu'on fait ?", le regard de Danni fut attiré par une fille qui entrait dans le pub.

"Quand on parle du loup..." marmonna-t-elle en la suivant des yeux pour la voir s'asseoir à une table non loin.

C'est seulement à ce moment là que Chleo les remarqua à son tour avant de dévier ostensiblement le regard comme si de rien n'était. Danni se retourna vers Chloé, l'air sombre et souffla comme un bœuf.

"Je sais pas toi, mais moi je ne vais pas supporter ça longtemps. Les non-dits, c'est pas mon truc, alors je vais la voir. Viens avec moi, Chloé, faut mettre ça au clair une fois pour toute !" s'exclama-t-elle d'un ton déterminé avant de se lever et de s'approcher de la table de Chleo, tirer une chaise et s'asseoir à ses côtés sans lui demander son avis en la fixant dans les yeux.

"Tu vas faire semblant de ne pas nous voir longtemps ?" demanda-t-elle en guise de préambule. Bon, ce n'était pas très diplomate mais c'était sorti tout seul à force de frustration.

"Écoute Chleo... ou peu importe, chaque fois que je t'ai posé des questions sur la France ou les raisons de ta venue à Poudlard, t'as toujours changé de sujet et je ne n'ai jamais insisté pour ne pas te mettre mal à l'aise. Mais maintenant ça suffit, en plus de nous mentir, tu ne nous fais pas confiance et c'est vraiment... très blessant. S'il y a quelque chose de grave, tu peux te confier à nous. Si moi j'avais un problème, je n'aurais pas hésité à t'en parler !" dit-elle.

Je me force à regarder droit devant moi, à observer les décorations du lieu, les ballets des serveurs qui zigzaguent entre les tables, à fixer tout sauf les deux filles qui cherchent à en savoir plus sur moi. Cela est sans doute perçu comme particulièrement lâche de ma part mais … Qui a dit que j’étais courageuse ? Je préfère fuir les situations compliquées ou dangereuses que de les affronter, et je ne l’ai jamais caché. N’est-ce pas une des raisons pour laquelle je me suis retrouvée à Poufsouffle ? Je ne suis certainement pas une Gryffondor. Je suis une peureuse et ça ne sert à rien de faire semblant.
Autant dire que quand mon regard se pose sur la porte, une petite voix dans ma tête me susurre que je ferais mieux de me lever immédiatement et de partir sans un regard en arrière. Au moins serais-je tranquille et ne risquerais-je pas de me coller dans le pétrin. Mais visiblement je ne réagis pas assez rapidement car j’entends subitement une chaise se tirer à côté de moi, suivie rapidement par une deuxième qui fait cependant moins de bruit. Je me crispe immédiatement et je n’ai pas besoin de m’appeler Madame Irma pour savoir que je vais passer un sale quart d’heure. Reste à savoir qui de Danni ou de Chloé m’en balancera le plus dans les dents. Mais étonnamment, je n’ai pas hâte de le découvrir et je me surprends à espérer que mes amis Serpentards viennent me tirer de là. A quand la communication mentale ? Parce que bien sûr je ne peux pas envoyer un sms SOS discrètement. Les sorciers et leur aversion pour la technologie moldue, je vous jure ! « Tu vas faire semblant de ne pas nous voir longtemps ? » Danni. Ça ne me surprend même pas quand on sait que toute cette affaire la met autant en rogne. Tout ça pour un secret. Mon secret. Pourquoi ne peuvent-elles pas me laisser tranquille ? Si un secret est justement secret c’est bien pour une raison !
Obstinément, je garde les yeux rivés sur la porte d’entrée, comme si mon désintéressement pourrait les exaspérer ou les faire partir, ou encore comme si un sauveur allait apparaître par la seule force de ma pensée. Mais rien de tout cela ne se produit. A la place, Danni continue de parler d’un ton amer et froid. « Écoute Chleo... ou peu importe, chaque fois que je t'ai posé des questions sur la France ou les raisons de ta venue à Poudlard, t'as toujours changé de sujet et je ne n'ai jamais insisté pour ne pas te mettre mal à l'aise. Mais maintenant ça suffit, en plus de nous mentir, tu ne nous fais pas confiance et c'est vraiment... très blessant. » A ces mots, je détourne les yeux pour finalement la fixer. Alors comme ça elle se sent blessée que je ne lui dise pas la vérité ? C’est pour cela qu’elle réagit de la sorte ? Parce qu’elle croit que c’est parce que je ne lui fait pas confiance ? Ou simplement parce que sa curiosité n’est pas satisfaite ? Certainement un peu des deux. Mais il s’avère que ses mots parviennent à me toucher. A m’attendrir mais aussi à m’énerver. « S'il y a quelque chose de grave, tu peux te confier à nous. Si moi j'avais un problème, je n'aurais pas hésité à t'en parler ! » Au cas où je ne l’aurais pas encore remarqué, la demoiselle m’en veut. Mais le ton qu’elle emploie avec moi ne me plait pas du tout. Je sens derrière ses inflexions comme un ordre. Elle me somme de tout lui dire, maintenant, parce qu’elle le veut, pour que je lui montre que je lui fais confiance, pour lui faire plaisir, pour satisfaire sa curiosité. Et c’est ces signaux que je reçois qui m’énervent. Parce que si je me tais depuis si longtemps à ce sujet, si je n’en ai parlé à personne c’est bien pour une raison ! Et pas pour faire rager Daniela Cooper, mais plus parce que ma vie était (et est peut être toujours) en danger. Mais ça elle s’en fout. Enfin elle ne s’en doute certainement pas une seconde mais elle n’a pas cherché à émettre des suppositions quant à la possible raison de mon silence. Non, pour elle c’est simplement parce que je ne lui fait pas confiance. C’est tellement facile !
Intérieurement je bous. D’énervement je me mets même à trembler légèrement et pour cacher cela je suis obligée de serrer les poings (non pas parce que je veux lui en coller une, je ne suis pas violente). Je me fais l’effet d’une cocotte-minute, prêt à siffler –ou à exploser- d’une seconde à l’autre et alors que je m’apprête à répliquer un truc bien salé à Dani, Chloé me coupe l’herbe sous le pied. « Je suppose que tu imaginais laisser ton ‘histoire’ ou ton ‘secret’ derrière toi en arrivant ici… » Ah bah ça, c’est pas rien de le dire ! Je ne m’attendais pas à retrouver des gens de Beauxbâtons ! Ca ne faisait pas partie de mes plans ! J’aurais dû partir à Durmstrang (ou je ne sais pas quoi mais le coin paumé en Bulgarie) j’aurais eu aucune chance de rencontrer qui que ce soit. Qui est assez fou pour aller s’exiler là-bas ? « Tu peux légitimement nous cacher des choses, mais moi, je ne me vois pas cacher des choses à Danni, voilà pourquoi je lui ai dit tout ce que je savais sur toi… Mets-toi à notre place ! Comment agirais-tu si tu savais…. » Elle baisse la voix et se penche vers moi. Cependant je ne l’imite pas, je n’ai pas particulièrement envie de me rapprocher d’elle. Elles me font déjà l’effet de deux folles furieuses qui veulent m’extirper des informations, de plein gré ou de force. J’imagine qu’elles ont déjà envisagé la torture pour me faire parler, alors autant dire que je ne compte pas m’approcher plus. Qui sait ce qu’elles seraient capables de me faire si nos visages n’étaient qu’à quelques millimètres ? Blague à part, cela ne m’empêche pas de parfaitement bien l’entendre. « …si tu savais que l’une d’entre nous avait changé de prénom…de vie… ? » C’est vrai que vu sous cet angle … Je ne sais pas trop. Je ne suis pas vraiment confrontée à cette situation et même si je suis plutôt de nature curieuse, aujourd’hui je respecte les secrets des autres, pour la simple et bonne raison que je veux qu’on respecte le mien. Mais avant, à Beauxbâtons, quand toute cette affaire n’avait pas bouleversé ma vie, je faisais mon possible pour sortir les vers du nez des gens, mais je n’employais jamais la force et je n’haussais jamais le ton. Je faisais cela en douceur et les gens finissaient naturellement par me dire ce qu’ils avaient sur le cœur. Tout en finesse et en délicatesse.

Et maintenant ? Je sais qu’elles veulent une réponse, cela se voit dans leurs yeux qui me fixent durement. Elles veulent le fin mot de l’histoire. Mais suis-je prête à le donner ? A leur donner ? La réponse est évidente : non. D’autant plus que je n’ai nulle envie de parler de ça. Les vacances d’été approchent déjà suffisamment rapidement et j’aurais tout le loisir pour ruminer cela de mon côté, pour voir où tout cela en est. Alors qu’est-ce que je peux bien répondre ? En évitant bien sûr d’exploser, parce que là la cocotte-minute est un peu pleine…
Je peine à prendre une respiration tant je suis tende de toute part et je me mets à siffler « Oui Chloé, c’était le but. Arriver incognito. » Laissant sous-entendre que grâce à elles, c’est gâché. Enervée comme je suis et parlant à une française, je me mets à parler en français, vite, sans m’en rendre compte. « Que tu dises les choses à Danni OK, j’ai compris que cela ne te dérangeais pas de trahir les autres pour ne pas la décevoir. Mais vous n’avez pas à m’obliger à tout vous dire ! » Ce n’est qu’en haussant le ton sur la dernière phrase que je m’aperçois que je viens de débiter tout ça en français, ce qui doit passablement énerver Daniela mais ce n’était même pas fait exprès. Excédée par ma réaction et la situation, je soupire et pose mes doigts sur mes tempes afin de me remettre les idées en place et de brancher mon cerveau en mode anglais. J’essaie par la même occasion de me calmer. Je n’ai pas besoin de crier et d’attirer un peu plus l’attention sur moi. C’est ce moment que choisis la serveuse pour m’apporter mon chocolat chaud. Je la remercie et elle tourne les talons après nous avoir lancé un regard mauvais. Je ne touche pas à ma boisson et reprend la parole froidement. « Oui Danni, c’est quelque chose de grave. Sinon je ne m’escrimerais pas à le cacher de la sorte. Et ce n’est pas en vous en parlant que cela arrangera les choses. A part remuer le couteau dans la plaie pour moi et peut être vous inquiéter, vous ne pourrez rien faire d’autre. Tout comme je ne peux rien faire. Alors je ne veux pas vous faire subir ça, vous avez d’autres choses à penser et d’autres préoccupations. Ce n’est pas une question de confiance ! Je vous fais confiance, vous êtes des filles géniales. Mais si je ne veux pas vous en parler c’est parce que … C’est trop … personnel. » Je me doute qu’elles ne se contenteront pas de cette réponse et pourtant, elle est totalement vraie. Ma voix flanche même légèrement sur ce dernier mot, car il fait ressurgir ce qu’ILS m’ont fait. Comment voulez-vous que j’avoue à une fille de 14 ans que j’ai été harcelée de façon totalement malsaine et presque violée ? Je n’avais déjà pas réussi à en parler avec ma mère , il m’avait fallu des plombs et elle a dû décrypter mes dires entre 2 crises d’angoisses … Je secoue la tête comme pour enlever ces horribles images de ma tête. « J’imagine que cela doit être déroutant de découvrir que le prénom que vous connaissez d’une personne n’est pas réellement le sien, que d’apprendre que toute l’identité qu’elle essaie de s’attribuer n’est pas réelle. Vous vous sentez trahies, vous croyez que je vous ai menti sur toute la ligne, vous ne me voyez pas de la même façon, vous pensez que tout ce qui sort de ma bouche n’est que mensonges et inventions de ma part … Et c’est exactement la raison pour laquelle je ne veux pas parler de mon secret ! Alors vous aussi mettez vous à ma place deux secondes. Je sais pertinemment que quiconque découvrira que Chleofee Eastwood n’est pas mon vrai prénom sera choqué et m’en voudra à mort parce qu’il me considérera comme une traitresse et une menteuse. Et si vous saviez comment cette perspective me bouffe ! Il n’y a qu’à voir ta réaction Danni pour voir que je ne me suis pas trompée ! Alors vous connaissez mon véritable nom, vous en savez déjà trop. » Et je me tais, me concentrant pour retenir un sanglot qui risquerait de me secouer, fixant la tasse de chocolat que j’attrape pour me réchauffer les mains mais que je ne parviens pas à boire car je n’en ai aucune envie.

Une fois installée à côté de Chleo, Chloé s'assit à son tour et prit la parole une fois que Danni eut fini de dire ce qu'elle avait à dire. Chloé prit un peu plus de gants qu'elle mais c'était au final pour arriver à la même conclusion. C'était vrai que Danni y était allée un peu fort... sûrement à cause de la bièraubeurre... ce n'était pas très alcoolisé mais Danni n'était pas très habituée.

Mais Chleo garda les yeux rivés sur la porte d'entrée... ce qui eut le don d'agacer Danni. La jeune Poufsouffle n'était pas du tout du genre à éviter ou contourner les problèmes. Danni était droite, courageuse et fonceuse... peut-être la raison pour laquelle le Choixpeau avait hésité à l'envoyer à Gryffondor. Mais Chleo n'avait pas le même caractère. Finalement, Chleo tourna enfin les yeux vers elle et Danni fut un instant surprise de son regard dans lequel semblait passer beaucoup de choses assez contradictoires. Elle se mit à trembler et Danni comprit qu'elle était en colère.

Ses premiers mots furent pour Chloé, expliquant que son but avait effectivement été d'arriver incognito. Son ton laissait entendre que c'était raté... Danni n'était pas d’accord avec ça. personne n'était au courant à part elles. Mais la suite.... Danni ne la comprit pas car Chleo se mit à parler français. Si Danni ne se mit pas en colère, elle se sentit par contre un peu mise à l'écart, encore une fois blessée, bien qu'elle pensât peut-être que Chleo n'avait pas fait exprès.

Chleo se concentra et poursuivit, en anglais cette fois, pour lui répondre à elle. Elle confirma que sa "situation" était grave et que c'était pour ça qu'elle la cachait à tout le monde. Danni grimaça car elle aurait préféré ne pas avoir raison sur ce point là. Elle expliqua ensuite que ce n'était pas une question de confiance mais qu'elle ne voulait pas en parler car c'était trop personnel. Elle concéda que ça devait être déroutant pour elle d'apprendre qu'elle n'était pas ce qu'elles pensaient qu'elle soit. C'était vrai sur ce point... mais pas sur tout ce qu'elle dit ensuite.

Chleo expliqua que maintenant, Chléo et elle devaient la voir comme une menteuse et une traitresse, qu'elles devaient lui en vouloir à mort. Chleo en vint même à prendre sa réaction à elle, comme une preuve de ce qu'elle avançait. Elle se trompait sur tout la ligne.

"Je vois surtout que finalement, tu ne me connais pas, Chleo." répondit Danni d'une voix un peu éteinte et triste.

"Tu réagis comme si je t'avais demandé de dévoiler ton secret. Est-ce que je t'ai demandé une seule fois de révéler ce que tu nous caches ? Je ne crois pas. C'est toi qui ne comprends rien, Chleo. Tout le monde a des secrets et ce n'est pas ce que je te reproche. Ce que je te reproche, c'est de m'avoir menti alors qu'il aurait suffit que tu me dises que tu fuyais quelque chose en portant un faux nom. Je t'aurais soutenu et jamais je ne t'aurais forcé à parler. Je t'aurais aidé Chleo, c'est ce que font les amis. Mais tu n'as pas eu confiance en moi. Moi j'avais confiance en toi." dit-elle les larmes aux yeux avant de se lever de sa chaise.

Danni s'éloigna de quelques pas en direction de la sortie puis s'arrêta, inspira profondément, fit demi-tour et s'approcha de nouveau de Chleo. Puis contre toute attente, elle se pencha pour déposer un bisou sur le sommet du crâne de la française.

"Tu n'as pas affronter ça toute seule, Chleo... tu n'es pas seule." fit Danni. "Quand tu seras prête, je serai là."

Danni fit un signe de la main à Chloé pour la remercier de cette sortie puis elle s'en alla sans un mot de plus, visiblement chamboulée.