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Message(#) Sujet: Imprévu [LIBRE] Imprévu [LIBRE] EmptyDim 16 Oct - 18:54

Hecate s’arrêta, le souffle court ; cela faisait une bonne demi-heure qu’elle était partie à la recherche de Peeves, ce dernier ayant trouvé une bonne distraction en l’objet de la plume de paon de la jeune Serdaigle. Or, cette plaisanterie de mauvais goût était loin de la faire rire, elle avait bien d’autres occupations ô combien plus intéressantes que d’aller et venir dans les couloirs et refusait obstinément de s’en procurer une autre. Alors elle déambulait de salle en salle, prêtant une oreille attentive en quête d’un bruit quelconque qui signalerait la présence de l’esprit frappeur. Elle était lassée de ce petit jeu et désirait retrouver son bien au plus vite, et accessoirement faire regretter à l’auteur de ce geste stupide d’avoir vu le jour.
D’étages en étages, elle progressait à travers le château, mais en vain : aucune trace de Peeves. En temps normal, elle aurait profité de ce temps libre pour poursuivre sa lecture d’« Anthologie des Enchantements au XVIIIème siècle », mais apparemment, il faisait partie de l’ordre des choses qu’elle passe le plus clair de son temps à courir après ses affaires et les vauriens qui lui substituaient. Elle avait cessé de courir et errait aux alentours de l’infirmerie, au troisième étage, désespérée de retrouver un jour sa plume.
Hecate passait alors devant ces vieilles salles de classe abandonnées, et prenait conscience qu’elle avait souvent emprunté ce chemin sans prêter attention à ces lieux inconnus. A ce moment précis, un bruit sourd se fit entendre depuis la pièce voisine ; elle réagit au quart de tour et revint sur ses pas. Bien évidemment. Peeves avait sans aucun doute choisi cet endroit oublié pour pouvoir y dissimuler l’objet volé. Hecate ouvrit alors la porte d’une de ces pièces inutilisées et s’engouffra à l’intérieur.

Cette salle de cours avait été apparemment oubliée, et le concierge s’était visiblement abstenu de la nettoyer depuis des lustres. La poussière et la saleté régnaient en maître et les pupitres étaient ravagés par les mites et par le temps. Elle avait du faire erreur, la pièce était déserte, baignant dans un silence mortuaire. Au fond de la salle, un chaudron retourné sur une pile de vieux ouvrages, périssant sous l’amas de toiles d’araignées qui s’accumulaient et formaient une nappe blanchâtre. Sur les étagères étaient exposées toutes sortes de vanités, crânes de toutes tailles, bocaux remplis d’éléments douteux mêlés à ce qui devait être du formol, bougies de diverses couleurs et un torrent de cire séchée qui prouvait qu’elles avaient déjà été utilisées auparavant. Mais rien de réellement suspect. Et rien qui ne décèle l’éventuelle présence de l’esprit frappeur.

« Peeves, si tu es là, dépêche-toi de sortir. J’en ai assez maintenant. »

Aucune réaction. Apparemment, elle s’était trompée.
Hecate s’apprêtait à faire demi-tour, elle ne trouverait rien ici qui soit assez digne d’intérêt, et elle devait retrouver sa plume au plus vite. Cependant, quelque chose la dérangeait : elle avait la nette impression qu’elle n’était pas seule dans cette pièce ; elle jeta un coup d’œil aux alentours. Tout était immobile, l’absence de vie se faisait particulièrement ressentir et intimidait la jeune sorcière, l’invitant à retourner sur ses pas.
Elle se sentait observée. Par qui ? Il n’y avait âme qui vive, mais cette sensation était omniprésente, celle de deux yeux rivés sur elle, analysant ses moindres faits et gestes. En un éclair, elle avait plongé sa main dans la poche de sa robe et sorti sa baguette, prête à formuler la première incantation qui lui viendrait à l’esprit. Mais sur qui ?
Pour l’instant, il fallait qu’elle redouble de vigilance.

« Hominum Revelio ».

Rien ne se produisit. Le même silence assourdissant, la même angoisse ambiante, les mêmes incertitudes. Et toujours pas la moindre présence humaine, excepté elle-même.
Cela la rendait atrocement nerveuse, elle en avait des sueurs froides. Ne pas savoir était une chose pour le moins déstabilisante, l’ambiance pesante qui régnait dans cette salle n’arrangeait rien et cette attente ne lui inspirait que la crainte la plus profonde. Il fallait qu’elle quitte cet endroit au plus vite. Au même moment, un nouveau bruit sourd, semblable à celui qu’elle avait entendu quelques minutes plus tôt se produisit. Elle se retourna avec stupeur : Cela venait du placard.

"Peeves, je ne joue plus. Arrête ça, ce n’est pas drôle."

En réalité, elle savait bien qu’il ne s’agissait pas de Peeves. Elle n’avait aucune idée de qui ou quelle était cette chose, peu importe, il fallait qu’elle sorte. Mais ses jambes étaient figées. La jeune Serdaigle avait les mains moites et fixait alors le placard, l’air béat. Puis en une fraction de seconde, il s’ouvrit. Ce qui venait d’en sortir n’était pas humain. Oh, non. Hecate n’eut aucune peine à reconnaître le monstre qui habitait cette salle de classe. Son souffle prit un rythme auquel elle ne pouvait s’adapter, elle allait commencer une crise d’angoisse. Elle ne cria pas, elle en était simplement incapable. La frayeur s’était emparée d’elle, et elle restait, là, immobile, le visage livide, devant la créature qui venait d’apparaître : un loup-garou.

Sans se demander ce que faisait un des lycanthropes les plus dangereux au monde dans l’enceinte de l’école, et plus étonnant encore, dans une salle de classe, elle en oublia même de fuir. Ce n’était ni la nuit, encore moins la pleine lune. Mais elle était tellement fascinée par cet hybride à l’apparence mi-humaine, mi-animale qu’elle oublia de le remarquer. Ses membres n’étaient même plus en mesure de la soutenir, ses genoux tremblaient. Elle tenta de reculer. Rien à faire, elle était incapable de faire le moindre mouvement. Plus que de la crainte, c’était une véritable et profonde sensation qui s’était emparée d’elle : la peur, dans son état brut. Elle se souvenait.
Curieusement, la créature avançait, mais ne semblait pas suivre ses pulsions meurtrières. Elle toisait Hecate, qui était plus ou moins livrée à un combat mental pour rester lucide.
Cette dernière avait toujours sa baguette en main, mais redoutait de l’utiliser. L’animal risquait de prendre cette offensive au plus mal. Ses poils se hérissaient et il arborait une expression pour le moins hargneuse, dans toute sa férocité. Mais quelque chose clochait malgré tout.
Au bout de quelques minutes, Hecate trouvait la situation carrément étrange. Le loup était toujours là, à la fixer, mais sans attaquer. Elle fut prise d’un doute, puis prit conscience du ton grotesque de la scène et rit d’elle-même. Elle était tombée dans le panneau, telle une élève de première année. Ridicule. Elle leva le bras et pointa sa baguette vers la créature, effectua le mouvement adéquat puis prononça distinctement :

« Ridikulus. »

A peine avait-elle formulé l’enchantement que l’épouvantard se vit courir aveuglément après sa queue, tel un chiot inoffensif. Hecate inspira profondément. La vision de l’animal avait réveillé en elle tous ces souvenirs qu’elle avait tenté d’enterrer. Il n’avait beau être qu’une imposture, elle restait là, les membres raidis, la bouche encore ouverte. L’état de frayeur qu’elle venait de subir resterait présent encore un bon bout de temps. Elle n’entendit pas la porte de la vieille salle de classe s’ouvrir.
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Message(#) Sujet: Re: Imprévu [LIBRE] Imprévu [LIBRE] EmptyVen 21 Oct - 14:33

Cours, devoirs et dodo. Voilà bien six ans que le Norvégien vivait à ce rythme. Si au début l'émerveillement était de mise face à ce cadre magnifique, à présent qu'il s'était estompé, il laissait un arrière-goût amer . Trop de règles à respecter pour pouvoir profiter pleinement de l'école. C'était pour cela que chaque année Kieran attendait avec impatience les vacances.

Les vacances... Une libération pour lui et même la perspective de ne pas pouvoir se servir de la magie n'était pas si horrible que ça. De toute manière dans un an il ne sera plus un sorcier de premier cycle et il pourra aussi passer son permis de transplanage. Cette perspective le fit sourire, il se voyait déjà à la sortie de Poudlard. C'était sûr qu'il prendrait une année sabbatique, peut être qu'il accompagnera son père ou sa mère sur le terrain comme quand il était petit. Ce système de maître disciple n'était plus à la mode mais il se faisait encore. Un bâillement sonore se fit entendre dans le couloir désert du deuxième étage. Kieran ne s'était toujours pas remit du cours d'Histoire de la Magie. Les cours aurait put être plus intéressant avec simplement un peu de magie, la preuve les sorciers avaient même réussit à faire du jeu d’échec quelque chose de drôle. Rien que d'imaginer la bêtise humaine mise en scène avec quelques figurines, le jeune sorcier eut un hochement de tête dégoûter. A la place ils avaient le droit à des cours soporifique. Le prof devait vraiment le faire exprès, à ce niveau là ce n'était pas un somnifère, mais un concentré de Goutte du Mort-Vivant.

Le jeune homme avait acheté dès sa deuxième année un plume à papote spécialement pour ce cours. Malheureusement incroyable mais vrai, l'effet soporifique du professeur fonctionnait même sur les objets magiques ! Si le Poufsouffle ne la surveillait pas du coin de l’œil toute les dix minutes il se retrouvait avec un cours plein de trou, ce qui n'était pas le mieux pour réviser. Plus étonnant, même en essayant d'apprendre le cours, il était subitement pris d'une grande somnolence. Cela se voyait que le prof avait élevé sa manière d'ennuy...seigner au rang d'art, il suffisait que Kieran l'aperçoive pour se sentir soudainement apathique. Six années de conditionnement, c'était presque de l'hypnose.

Secouant la tête comme pour se réveiller, le Poufsouffle dirigea ses pensées vers un sujet plus... vivifiant. Regardant d'un air surpris le corridor qu'il était en train de traverser, Kieran se demanda brièvement où il pouvait bien se trouver. Il se rappelait vaguement d'être passé sous la tapisserie de Lortius le Gourmet appelé "affectueusement" par ses pairs le Goret. Mais après rien. Il avait erré tel un non-mort pendant une dizaine de minutes. La torpeur qui l'enveloppée semblait s'évanouir peu à peu alors qu'il avançait d'un bon pas. Il sentit quelque chose lui chatouiller les narines, Merlin ce qu'il détestait cette sensation. Un éternuement sortit brusquement. Le Concierge aurait-il décidé de faire grève ? Kieran ne le pensait pas, les sorciers d'Angleterre ne semblaient pas connaître le concept même de grève.
Il devrait peut être penser à une carrière politique... Qui sait quelques lois par ici et une réforme de la Constitution magique par là et dans vingt ans il se retrouvait Ministre de la Magie ?

Le simple fait d'y penser le fit glousser de rire, gloussement qui s'étrangla brusquement quand il entendit une interpellation dans une des salles qui bordait le long et corridor. Le cœur du Poufsouffle faillit manquer un battement, il se morigéna intérieurement. S'il sursautait au moindre bruit maintenant, il finira cardiaque dans moins d'une dizaine d'années.
De nouveau cet appel étouffé, le jeune homme pesta contre les mûrs épais et les portes en chêne du château. Comment voulez-vous écouter aux portes sans sortilèges ?

Marchant d'un pas feutré jusqu'à l'endroit d'où devait venir les appels, il attendit quelques instants se demandant quel porte il devait ouvrir. Le silence devenait presque oppressant pendant que Kieran était dans l'attente d'un indice. Il lui vint subitement à l'esprit qu'il pouvait tout à fait continuer son chemin faisant comme rien ne s'était passé et qu'il n'avait rien entendu. Les trois singes de la sagesse, avec pour l'un les mains sur ses yeux, le deuxième sur ses oreilles et le dernier sur sa bouche lui vint à l'esprit. Ce n'était pas idiot comme devise si on voulait rester loin des problèmes et cette pensée se fit de plus en plus séduisante. Alors qu'il tournait les talons pour reprendre son chemin, l'apprenti sorcier entendit de nouveau un murmure étouffé venant de la porte de droite. Une grimace déforma brièvement son visage juvénile alors qu'il avançait sa main vers la poignée de porte.

*Foutue curiosité et foutue conscience aussi !*

Se préparant mentalement à... et bien à n'importe quoi, il balaya du regard l'étrange salle pour tomber sur une scène à laquelle il ne s'attendait visiblement pas. Ses yeux gris s'ouvrirent comme des soucoupes alors qu'il voyait une jeune femme en face d'un... d'un Loup-Garou par les bijoux de Merlin ! Un Loup-Garou qui semblait apprivoisé vu les jappements de satisfaction qu'il émettait alors qu'il poursuivait sa queue.

« Dæven... »

Notre pauvre Poufsouffle était carrément perdu, il en perdait même son anglais. La seul pensée plus ou moins cohérente qui se dégageait était s'il n'avait pas atterrie dans une dimension parallèle au détour d'un couloir. Bon c'est vrai que c'était peu probable, mais ce n'était pas comme si c'était courant de voir un Loup-Garou dans une école, apprivoisé qui plus est.

Son exclamation ne passa pas inaperçu, vu qu'à ce moment là le Loup-Garou s'arrêta de tourner comme un idiot. Son regard se fixa sur notre blondinet (enfin il était plutôt châtain clair, mais la plupart des gens ne s’embarrasse pas de ce genre de détail) qui resta pendant quelques secondes fasciné par la bête. Avant de se réveiller subitement et de sortir par un réflexe bien ancré sa baguette. Ce fut comme si c'était un signal départ, il eut un son étrange et la silhouette du lycanthrope devint indistinct avant de disparaître complètement dans une zone d'ombre. Alors que l'animal sortait de la l'ombre dans un pas lourd et lent, au lieu de trouver un banal loup-Garou, Kieran avait en face de lui Vargr. Une bête immense, un mélange de loup et d'ours au pelage brun-roux. Sa gueule parsemée de crocs étaient allongée et sa truffe d'un noir d'encre était humide. Ses muscles puissants roulaient sous sa peau alors qu'il avançait sans ce soucier de la fille derrière lui avec ce qui ressemblait à un sourire carnassier en direction du jeune homme.

Tout là-haut, dans la tête blonde de notre Poufsouffle c'était le black out totale. Il avait rencontré une fois une bête de ce genre là dans les montagnes en Norvège et ce n'était absolument pas un bon souvenir, un spectacle horrible même. Mais le spécimen qu'il avait en face de lui n'avait rien à voir avec ce qu'il avait rencontré. C'était une mastodonte avec ses deux mètres de hauteur et ses trois mètres de longueur, son poitrail impressionnant laissé penser qu'il pouvait avaler le poufsouffle plus deux autres comme lui, comme s'il n'était qu'une friandise . A croire que le monstre était tombé tout petit dans une potion de croissance. Le premier réflexe de Kieran fut de fermer la porte et de courir à toute vitesse le plus loin possible de se monstre. Il avait déjà entamé la première partie de son plan quand sa conscience revint à la charge.

*- Tu ne vas tout de même pas laisser ce monstre avec la fille !?-
Mais t'as vu le truc ! Il pourrait m'avaler comme un Skittles ! C'est pas un mauvais plan, j'aurai comme ça du temps pour lui mettre une distance
-Tu ne penses pas ce que tu dis-*


Kieran préféra ne pas se répondre à lui même, et de toute manière sa foutue conscience avait raison, il ne pensait pas du tout ce qu'il venait de dire (mis à part pour la partie concernant les Skittles). Serrant les dents, il ouvrit de nouveau la porte pour se retrouver à un mètre du monstre qui le regardait d'un air gourmand. Un grondement hargneux sortit de la gorge du vargr. C'était tout simplement abominable, il pouvait presque sentir ses os trembler à l'unisson avec le grondement.

* Bien maintenant que je l'ai en face de moi je fais quoi... En deux bouchés et il restera plus de Kiki *

Cette pensée désagréable le força à réfléchir, son cerveau se remit lentement en marche. Quelle saleté de bestiole pouvait passait de Loup-Garou à Vargr. Pas beaucoup c'était sûr. Kieran commençait à sentir la crampe du cerveau venir quand l'illumination éclaira son esprit.
Alors c'était ça ?! Un simple épouventard ! Merlin ce qu'il pouvait être con quand il était surpris, un ricanement auto-railleur se fit soudainement entendre. Un truc de troisième année et il avait faillit partir en courant comme un dératé. Faut dire qu'il s'y attendait pas, il était encore surpris d'avoir peur d'un vargr. Si son père l'apprenait ça serait la honte totale. Un autre rugissement le ramena soudainement à la réalité.

*-On rigole après avoir lancé le sort je te rappelle-
Désolé mais c'était trop drôle...*


Le Norvégien toussota brièvement comme pour reprendre contenance et lança d'une voix assurée le sort adéquate en pensant fortement à un vargr tétraplégique. Kieran savait que ce n'était pas bien de se moquer d'un handicapé mais sur le coup il ne put retenir un sourire sardonique à la vue du spectacle qui s'offrait à lui. Les pattes du vargr ne pouvant le soutenir, celui-ci tomba brutalement sur le côté. La bête poussait des grognements plaintifs alors qu'elle tentait la mission quasi-impossible de se redresser, elle paraissait beaucoup impressionnante comme ça c'était sûr.


Dernière édition par Kieran Froward le Mar 8 Nov - 16:39, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Imprévu [LIBRE] Imprévu [LIBRE] EmptyMar 25 Oct - 20:57

Hecate n’avait pas prévu que quelqu’un d’autre puisse faire son entrée dans la vieille salle à ce moment-là. Quand elle perçut le bruit sourd des pas qui se rapprochaient, elle sursauta. Elle n’avait pas pensé à ça, et elle n’avait nulle part où se cacher. Elle attendit l’ouverture de la porte qu’elle avait laissée entrebâillée, songea tout d’abord au concierge ou à un professeur et formulait mentalement quelques bribes d’excuses qui justifierait sa présence en ces lieux alors qu’elle aurait du retourner dans sa salle commune, avec ou sans sa plume. Puis elle eut un mouvement de recul ; si quelqu’un apercevait le loup-garou ? Il avait beau tourner autour de lui-même à la manière d’un automate, Hecate elle-même oubliait qu’il s’agissait en réalité d’un simple épouvantard.
Tss… et dire qu’elle s’était laissée piéger si piètrement… elle était pourtant en sixième année, par la barbe de Merlin ! Ce n’était pas une novice, elle aurait du pouvoir gérer des situations Ô combien plus dangereuses sans le moindre problème ! Ce qui était certain, c’est que sa fierté en avait pris un coup. A quoi avaient servi ses heures qu’elle avait passé chaque soir à étudier, à accumuler le maximum de connaissances magiques, si parvenir à neutraliser un épouvantard était devenu trop difficile ?

Mais là n’était pas la question, puisqu’à ce moment-là, quelqu’un allait faire son entrée dans la pièce et découvrir le pot aux roses. Elle ne pouvait plus fuir, et de plus l’épouvantard confirmerait sa présence récente. Hecate tressaillit, elle allait certainement faire perdre la moitié des saphirs étincelants qui trônaient dans le gigantesque sablier des Serdaigle.

« Pardonnez-moi, Professeur. Je sais que j’aurais cent fois mieux fait de rester docilement dans mon dortoir, à la place, j’ai préféré courir inutilement après ce maudit esprit frappeur, et seul Merlin sait comment je me suis retrouvée ici. Non, je ne suis pas folle, je voulais seulement récupérer ma plume de Paon ; je l’ai conservée depuis ma première année, voyez-vous. Et allez savoir pourquoi, mais ce loup-garou est sorti de nulle-part. Au lieu de lancer une offensive, je suis restée là je ne sais combien de temps, tétanisée et incapable de quoi que ce soit. Ce qui prouve une fois de plus à quel point j’aurai été efficace en situation réelle ; pitoyable, vous ne trouvez pas ? Mais rassurez-vous, il ne s’agissait en vérité que d’un stupide épouvantard, ce genre de futilité avec lesquels s’échauffent les troisièmes années. Je sais, je passe mes ASPIC l’an prochain, mais une fois de plus, j’ai prouvé mon incapacité. Je peux retourner dans ma salle commune, à présent ? »

Hecate revint amèrement à la réalité, elle pensait trop. Et puis jamais il ne faudrait qu’elle reconnaisse ainsi ses torts, bon sang. Elle avait de l’amour propre, tout de même, et son honneur à défendre. Mais elle allait devoir choisir habilement ses armes, parce que la porte grinçait, laissant place à l’individu qui venait d’en actionnement la vieille poignée ; par chance, ce n’était qu’un élève. Hecate soupira de soulagement, elle était rassurée à présent. Si elle parvenait à faire en sorte que ce dernier se taise sur ce malencontreux incident dont il allait être le témoin, rien ne serait divulgué ; mais pour cela, elle allait devoir négocier et elle n’était pas des meilleures argumentatrices.

Elle analysa rapidement le sorcier auquel elle avait affaire. C’était un garçon assez grand, qui devait être en sixième, peut-être septième année. Les couleurs jaunes et orangées qu’il portait ne laissèrent planer aucun doute quant à la maison à laquelle il appartenait : Poufsouffle. Elle était satisfaite, déjà elle avait évité le Serpentard, c’était un bon début. Moins elle négociait avec les serpents, mieux elle se portait.

Mais le nouveau visiteur commençait à sourciller à la vue de ce loup-garou docile et curieusement inoffensif, victime d’un instinct canin, il devait certainement se demander s’il n’y avait pas défaut de fabrication. La situation aurait pu paraître comique à Hecate en d’autres circonstances, si elle n’avait pas eu ce problème à régler au plus vite, avant que quelqu’un d’autre ne s’aperçoive de sa présence en ses lieux. Le jeune Poufsouffle laissa alors échapper une exclamation aigüe devant la surprise que lui inspira le lycanthrope. Hecate ne pouvait pas lui en vouloir, elle savait pertinemment qu’elle aurait réagi ainsi si elle n’avait pas cette peur bleue des loups-garous.

La Serdaigle était prête à apaiser les inquiétudes de ce garçon qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam en l’éclairant sur la nature de cette créature peu commune. Mais avant qu’elle puisse faire quoi que ce soit, le Poufsouffle avait déjà sorti sa baguette et la pointait vers l’épouvantard. A ce même instant, il y eut une sorte de claquement et Hecate eut peine à suivre les évènements. Mais en quelques secondes, la bête semblable à un chiot inoffensif fit place à monstre gigantesque et menaçant, qu’Hecate avoua ne pas connaître.

Un loup ? Non, plutôt un ours ? A moins que ce ne soit les deux ?! Ce genre d’animal existait donc réellement ? En attendant, il fallait reconnaître qu’il était terrifiant, de par sa taille, puis par son immense gueule munie de crocs qui auraient pu déchiqueter de l’acier. Même en sachant pertinemment qu’il s’agissait d’un épouvantard, elle ne put s’empêcher d’avoir un mouvement de recul. Cet hybride inspirait la plus grande crainte, c’était certain. Et ce n’était pas étonnant que cette « chose » ait effrayé le jeune Poufsouffle au point d’en devenir son épouvantard. Hecate se demanda seulement quand et dans quelles circonstances il avait eu l’occasion de rencontrer un monstre semblable.

Patiente, Hecate attendit la réaction du jeune sorcier et se demanda quand il formulerait l’incantation pour se débarrasser de l’épouvantard, curieuse de voir l’apparence qu’il prendrait une fois neutralisé. Elle rejeta son regard sur la bête : elle était tellement impressionnante qu’il était difficile de penser qu’elle n’était que fiction. Et presque inconcevable de l’imaginer d’une manière comique. Il allait falloir que cet élève redouble de sang froid. Alors elle préféra rester là, en spectatrice, plutôt que d’agir et dévoiler la nature de monstre féroce et sanguinaire, attendant la réaction du Poufsouffle. Serait-il plus rapide qu’elle ne l’avait été ? Aurait-il, lui, le courage d’affronter sa propre peur de front ? Visiblement pas, puisqu’il venait de quitter la pièce précipitamment, et les pas qu’Hecate perçut laissaient entendre qu’il avait fui. C’était compréhensible, certes, mais bon…

« Ciel, qu’il est crédule ! » s’exclama Hecate sans songer qu’elle était tombée dans le panneau elle aussi moins de quelques minutes auparavant.

A croire que les notions de base de Défense Contre les Forces du Mal étaient à revoir pour tous. Et pourquoi n’avait-il pas fait le lien entre le changement d’apparence simultané des deux Monstres ? C’était insensé. Puis soudain, la Serdaigle prit conscience de quelque chose. Là, c’était elle qui était seule. Ca ne faisait pas partie du contrat, ça. Elle était seulement sensée affronter le sien et laisser les autres se charger du leur, bon sang ! Maintenant qu’elle avait rempli sa tâche, elle était employée à se débarrasser de celui des élèves qui avaient jeté l’éponge ?!

Il fallait tout de même avouer que cette « chose » était réellement menaçante, même étant factice ! Et elle était en train d’avancer vers la jeune sorcière avec la ferme intention de la dépecer. Hecate sortit sa baguette, mais son teint virait à l’olive et ses mains retrouvaient leur état de moiteur. Ce n’était pas bon. Elle en oubliait même la formule qui permettait de mettre cette « bestiole » hors d’état de nuire, même si elle l’était déjà. Atroce ironie.

« Saleté… qu’est-ce que je fais maintenant ?! » marmonna-t-elle d’un ton qui laissait clairement entendre qu’elle était peu confiante, même après avoir affronté la dite chose quelques minutes auparavant. Mais qu’est-ce que c’était que cette réaction ? Elle aurait du annihiler cette créature en deux coups de baguette ! Après tout, ce n’était même pas effrayant, c’était… intimidant. Et elle devait se dépêcher, parce que ce Monstre allait passer à l’état de loup-garou en un instant, et elle savait qu’elle perdrait tous ses moyens à ce moment-là.

« Très bien. Ridikul... »

Elle stoppa net. Des bruits de pas en provenance du couloir se faisaient entendre et commençaient à se rapprocher. S’il s’agissait de ce même élève, il était tout à fait légitime qu’elle le laisse se charger de la créature, et rangea donc sa baguette dans la poche de sa robe au moment où la porte s’ouvrit. Comme il eut l’air d’hésiter, la Serdaigle se demanda si elle avait bien fait de rester en spectatrice, mais il paraissait plus assuré, comme s’il avait retrouvé son courage. Et il avait l’air prêt à affronter sa propre peur. Puis Hecate lut dans ses yeux cet éclair de compréhension qui lui fit réaliser cette situation grotesque. Elle ressentit de la compassion à l’égard de ce jeune sorcier, il avait fait la même erreur qu’elle. Lui-même ricanait amèrement de cette plaisanterie sordide. Il toussota, et en deux coups de baguette, la bête était devenue infirme, incapable de se relever. Hecate eut un bref rire moqueur et toisa le garçon ; que devait-elle faire à présent ? Elle pourrait faire croire qu’elle s’était débarrassée du sien avec aisance, en quelques secondes à peine, mais c’était un mauvais plan. Alors elle s’adressa directement au Poufsouffle :

« Où diable as-tu rencontré un truc pareil ? »
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Message(#) Sujet: Re: Imprévu [LIBRE] Imprévu [LIBRE] EmptyMar 8 Nov - 16:38

*En regardant de plus près, ça serait pas mal d’avoir un Vargr pour animal de compagnie…
-T’es sûr ? Tu sais que t’es effrayé par cette chose ?-
Ouais et quel meilleur moyen d’éduqué un bébé Vargr pour exorciser ses peurs que de s’occuper d’un bébé vargr ? Je suis sûr que je ferai un très bon père, je lui apprendrai à chasser et à ce qu’il ne touche pas les humains.
-Si t’es encore en vie oui… De toute manière je ne suis pas sûr que le département de régulation d’animaux magiques et dangereux de Norvège et de l’Angleterre soient d’accords pour l’élevage de ses monstres.-
Lopettes, ils ont un Nimbus coincé dans le…*


Tout à ses pensées le Poufsouffle tournait autour de la bête paralysé, comme pour mieux l’analyser. Après en avoir fait le tour, Kieran s’était approché de la tête de la bête pour mieux l’observer. Son regard absent trahissait le fait qu’il était profondément plongé dans ses pensées et alors que sa main gauche s’approchait pour toucher le museau du vargr, seul un réflexe surhumain lui permit de garder son bras intact alors qu’un claquement de mâchoire se fit entendre. Kieran avait retiré prestement sa main hors de porté des crocs du monstrueux ours-loup. Alors que les battements de son cœur s’apaisaient petit à petit, l’élève à l’écusson de blaireau se redressa en émettant un claquement de langue irrité et murmura clairement ses quelques mots.

« Sale bête ! »

Se tournant enfin vers l’élève qui le fixait du regard, Kieran ne montra aucun signe de honte du fait de sa fuite. Pas qu’il n’en ressentait pas, mais il avait vite réprimé ce sentiment pour ne laisser que la curiosité comme expression sur son visage. C’était Juliet, si ses souvenirs étaient correct, ils avaient assisté à quelques cours ensemble en vingt ans de cours. Enfin c’était l’impression qu’avait Kieran, les cours pouvaient paraitre si long.
Avisant qu’elle aussi observait la bête avec un quelconque intérêt, il attendit patiemment la question que n’allait pas tarder à poser la Serdaigle. Ils étaient presque tous pareil quand ils rencontraient quelque chose de nouveau ou bien quelque chose qu’ils ne comprenaient pas. Et cela ne tarda pas à venir. Se tournant une nouvelle fois vers la bête comme pour mieux fixer son image dans son esprit, Kieran répondit avec un visage inexpressif et une voix laconique.

« Chez moi, dans les montagnes en Kongeriket Norge. »

Son accent qui était en général presque imperceptible c’était fait un peu plus prononcé donnant une intonation rugueuse à ses paroles. Ce qu’il ne disait, ce qu’il ne montrait pas, c’était ce qu’il avait vu. Une chose qu’il n’aurait préféré ne pas voir. Un évènement qui l’avait changé au plus profond de lui-même, lui conférant ainsi une certaine vision du monde.

*Je crois que c’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à parler tout seul. Enfin avec toi…
-Normal tu me diras, peu d’ado on vu une scène pareil. Tu t’attends pas à voir des tripes et des boyaux éparpillé un peu partout dans un campement, quand tu pars faire une randonné. Ou bien un vargr en train de déchiqueter une fillette de cinq ans en guise de dessert après avoir bouffé toute le reste de la famille.-
Pas faux, n’empêche les moldus sont vraiment crédules des fois, ils ont fait passé ça par une attaque d’ours ayant la rage où un truc de ce genre-la. On a de la chance que les mecs de la brigade des Oubliators ont pas fait passé ça pour une attaque extra-terrestre.
-Ah ouais ! N’empêche c’est une chouette idée ça les extra-terrestres. Tu fais d’une pierre deux coups. Soit on te prend pour un dingue, soit il surveille le ciel et les étoiles au lieu d'enquêter bien comme il faut.-*


Il y’avait deux vérités universelles pour Kieran, l’une séparée le monde en deux catégories : les prédateurs et les proies. Noté que l’on pouvait tout aussi bien être prédateur que proie. C’était parfois assez difficile de s’y retrouver, mais en général il y’avait toujours une bête qui en mangeait une autre. La deuxième vérité était que l’être humain était fragile en plus d’être mortel. N’importe quoi pouvait le tué, parfois s’en était affligeant. Heureusement que Kieran n’y pensait pas trop, il mourra quand il mourra, ça ne servait rien de se casser la tête. Surtout ici à Poudlard où tout était potentiellement mortel. Comme les escaliers, enfin surtout les escaliers. Avec eux c’était comme si on se trouvait au bord d’un quai alors qu’un train allait passer sans s’arrêter. Une simple pousser pouvait tuer quelqu’un. Et c’était pareil pour beaucoup de chose. Il est tellement facile de tuer un être humain. Parfois Kieran se disait que Voldemort avec sa haine des moldus était peut être trop con. Il aurait put empoisonner l’enfant, l’étouffer avec un coussin ou bien tout simplement le fracasser par terre vu que c’était fragile un être humain, surtout un être aussi petit. Bon c’était sûr, il ne faut pas avoir peur de se salir les mains, mais avec un peu d’imagination et d'ingéniosité on pouvait tuer de mille et une façon possible.
Non vraiment tuer était si facile, c’était plus tôt donner la vie qui était difficile, rien qu’à voir comment les femmes souffraient dans les accouchements, il n’y avait bien que les mères pour souffrir ainsi pour leurs enfants. C’était admirable, il n’y avait pas d’autre mot. C’était peut être pour ça que les pères ne portait pas l’enfant, il n’y aurait pas eu beaucoup d’humain dans ses cas-là, enfin sensiblement moins.
Et pour ceux qui se sont essayés à donner la vie artificiellement, bien mal leurs en prit. Non, tuer était facile, mourir était facile. Vivre l’était beaucoup moins. Pour connaître la valeur de la vie, il fallait avoir vu la mort. Et Kieran connaissait très bien cette valeur-là. Son père pour l’endurcir lui avait apprit à chasser. La première fois qu’il avait tué de sang-froid un animal plus gros qu’une souris, cela ne lui avait rien fait. Ni quand il l’avait dépecé et cuit à la broche. Non ce fut quand l’animal fut cuit et qu’il prit un morceau de viande que le Poufsouffle eut une sensation étrange et cette sensation se mua en malaise quand il prit la première bouché.

*C’était pas mauvais*

Non ce n’était définitivement pas mauvais bien au contraire, mais son malaise s’accentua jusqu’à la prise de conscience. Il avait tué de ses propres mains et était en train de manger le fruit de son meurtre. C’était une sensation véritablement bizarre. Quand on vous déposez votre steak sur votre table, vous ne pensez pas à l’animal, au bœuf qui était encore bien en vie il y a quelques jours. Non la seul chose que vous pouvez penser était que c’était bon, ou qu’il manquait un peu de sel. C’était la première fois qu’il se voyait en tant que prédateur, en tant que chasseur. Il s’était toujours considéré en dehors de la chaine alimentaire, puis à cause de l’incident du vargr il avait vu les humains comme de la viande fraiche, comme des proies. En fin de compte, tout le monde pouvait être chasseur, ou bien au contraire le chassé. Il fallait juste faire attention de ne jamais être la proie pour avoir une chance de vivre plus longtemps. Quand il arriva à cette pensée, Kieran se sentit tout de suite beaucoup mieux. Il ne s’en était pas rendu compte plus tôt, mais la peur pesait sur ses frêles épaules après les évènements de la Montagne. Il n’était jamais tranquille, toujours à l’affut du moindre mouvement, prêt à prendre ses jambes à son cou au moindre bruit comme un jeune daim en pleine forêt. Mais à présent la peur ne l’étreignait plus, il était certes toujours sur ses gardes, sans pour autant avoir l’air d’un fugitif. Il faisait juste attention à son environnement.

« Et toi, pourquoi le lycanthrope ? »

Kieran n’avait pas dit cela sous le ton de la curiosité, il regardait juste Juliet de manière attentive. Sa voix s’était faite plus lisse et son accent avait disparut remplacé par un autre, plus usuel, celui d’Oxford pour être plus précis. Un accent qu’il s’était approprié à force d’écouter sa mère parler.
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Message(#) Sujet: Re: Imprévu [LIBRE] Imprévu [LIBRE] EmptyDim 20 Nov - 17:45

Hecate regardait la scène, abasourdie. Après l’agitation causée par l’apparition consécutive de deux des créatures les plus dangereuses, il y eut comme un froid jeté dans la salle, aussi elle ressentit un certain malaise. Elle s’aperçut que la présence du dernier monstre avait profondément perturbé le Poufsouffle, ce qui n’était guère étonnant. Et elle imaginait très bien ce qu’il pouvait ressentir à ce moment-là. A quel point affronter sa peur pouvait être difficile, mais surtout les souvenirs douloureux que cette même peur avait pu réveiller. Les circonstances de cette rencontre avaient sûrement été dévastatrices, matériellement comme psychologiquement. Aussi, elle ressentit comme un élan de compassion pour ce nouvel élève qu’elle ne connaissait que de vue. Elle avait sûrement eu des cours en commun avec lui, et elle s’en voulait intérieurement de ne pas lui avoir accordé plus d’attention.

Aussi, quand il avança sa main vers l’Hybride, même paralysé, Hecate frissonna. Etait-il réellement confiant ou finalement inconscient ? Quand elle vit la gueule de l’immonde créature s’ouvrir, elle se retint de crier. Par chance, il avait pu retirer son bras à temps, ce qui soulagea la Serdaigle. Imaginer que ce… cette chose aurait pu l’amputer d’un membre en une fraction de seconde avait quelque chose de légèrement horrifiant. Aussi, même étant à bien cinq mètres au moins de la chimère, elle préféra reculer encore de quelques pas, par précaution. C’était même peut-être plus de la paranoïa qu’autre chose, mais tous ses sens, en alerte, lui hurlaient de se tenir à l’écart de ce qu’elle jugeait comme nuisible. Or, cette créature l’était, c’était évident.

Quand il lui dit quelle en était l’origine, elle n’arriva pas à situer le lieu dans sa tête. Elle songea simplement à un pays nordique, tel que l’Islande ou la Norvège. Même dans les tréfonds de l’inconnu, elle était peu certaine que rencontrer ce genre de créature était très fréquent, aussi elle ne chercha pas à en savoir plus. Elle n’avait pas envie de le forcer à se souvenir d’événements qu’il préférait certainement voir enfouis dans les confins de sa mémoire, mais quelque chose la troublait. Il semblait plongé dans un débat intérieur, comme si son ressenti et ses souvenirs s’affrontaient. Après une telle apparition, c’était tout à fait normal, mais Hecate crut percevoir dans son regard quelque chose de plus profond que la crainte qu’inspirait un monstre des montagnes. Elle reporta toutefois son attention sur la situation : après tout, cela ne la regardait pas. Tout comme elle, il venait de réaliser que ce qu’il avait cru réel n’était qu’illusoire, un épouvantard.

La question sur le loup-garou la prit au dépourvu. Etait-elle obligée de répondre ? De toute manière, si elle mentait, cela ne changerait pas grand chose. Après tout, c’était une simple question de formalité, pas même un quelconque intérêt ou quoi que ce soit. Il était exclu qu’elle raconte cet épisode de sa vie, bien entendu. Enfin, des visions d’une gamine se serait très certainement abstenue de contempler du haut de ses neuf ans, des visions que la bienséance aurait eu du mal à laisser passer… il y avait eu du sang aussi. Beaucoup de sang. Mais Hecate ne pensait pas qu’il s’agissait du sien. Après tout, elle n’avait subi aucun dommage physique, elle, elle s’était contentée d’observer cette atrocité avec des yeux d’enfant. Mais cet événement avait heurté sa conscience et y était resté ancré. La seule et unique opportunité qu’elle avait eu de rencontrer un loup-garou, et elle avait fortement regretté de s’être retrouvée au mauvais endroit, et qui plus était, au mauvais moment.

« Non, rien d’important. Ils me font peur, c’est tout. »

En un sens, c’était vrai. Elle craignait les loups-garous autant qu’elle craignait l’Inconnu. Elle craignait tout ce qui ne lui était pas familier, tout ce qu’elle ne savait pas désigner par un mot ou par une définition précise. Elle craignait l’incertitude, et cette peur s’était accentuée depuis cet événement. Depuis la première fois où elle avait croisé la route d’un de ces lycanthropes les plus meurtriers. Oh non, elle n’avait pas crié. Elle avait tout simplement plaqué ses mains devant sa bouche, et même si elle avait voulu hurler, aucun son n’en serait sorti. Elle n’aurait pas pu, tout simplement. A neuf ans, elle était aussi fragile qu’elle l’était à présent à seize ans, en sixième année et prête à s’acquitter d’un brevet de sorcellerie.

A l’époque, elle n’était qu’une gamine, connaissait à peine un ou deux sortilèges ; et puis certes, elle avait lu « Vie et habitat des animaux fantastiques », mais se retrouver devant une de ces créatures dans la réalité était d’une toute autre dimension. Et si il n’y avait pas eu d’autres adules aptes à utiliser la magie à ce moment-là, sa mère incluse, elle y serait restée ou serait devenue un monstre à son tour. Un monstre… elle frissonna de dégoût. Elle répugnait ce qui lui était étranger, alors devenir elle aussi un de ces animaux sauvages aux pulsions meurtrières… non, il fallait oublier. Elle ne voyait même pas pourquoi elle ressassait ce passé alors qu’il l’avait hanté pendant si longtemps, tapi dans l’ombre, à l’affût de la moindre faille, de la moindre preuve de faiblesse qu’elle dévoilerait. Alors elle avait peur, bien sûr, comment aurait-il pu en être autrement ? C’était une chose de regarder les illustrations d’un livre de sorcellerie, de s’amuser devant l’aspect monstrueux de ces créatures. Mais l’image qui lui était apparue à l’esprit pendant bien des mois était bien réelle, bien vivante, la même créature, qui la regardait à travers toutes les baguettes pointées sur elle. Allez expliquer ça à un élève que vous ne connaissez ni d’Eve ni d’Adam…

« Il serait préférable que tu te gardes de raconter ça. Mieux vaut que personne n’en entende parler. »

Oui, c’était largement préférable, elle ne voulait pas être embarrassée par la curiosité des autres, encore moins subir les questions des autres. Repartir chacun dans sa salle commune et oublier. Tout simplement oublier. Laisser les mauvais souvenirs dans leur antre au risque qu’ils reviennent vous posséder un jour.
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