Son réveil n'eut pas besoin de sonner pour voir Bonnie repousser silencieusement ses couvertures jusqu'au pied de son lit avant de finir par se lever, s'étirant doucement toujours sans le moindre bruit. Elle avait pris l'habitude en cinq ans de se faire la plus discrète possible et pour cause Kathleen Clawson, l'une de ses camarades de dortoir, savait lui faire payer chaque minute de sommeil qu'elle lui faisait perdre, aussi elle avait appris à se faire oublier non seulement au sein de sa propre maison mais plus généralement au sein de l'école entière.

Ses colocataires étaient toujours profondément endormies lorsqu'elle quitta la pièce après être passée par la salle de bain. La salle commune, toujours baignée de cette lumière verte qu'elle détestait tant, était morte et silencieuse. Il n'y avait personne de lever, elle se demandait même si quelqu'un d'autre qu'elle dans le château. Elle quitta les quartiers des Serpentard, passant la grande porte qui se referma derrière elle dès qu'elle eut posé le pied de l'autre côté. La rouquine respira un grand coup et sourit légèrement, ravie d'avoir quitté l'antre des vipères et de ne pas avoir à y retourner avant un moment...

Il n'y avait qu'un endroit où elle pourrait se réfugier à une heure aussi matinale, comme à n'importe quelle autre heure de la journée d'ailleurs: la Bibliothèque. Elle ne réfléchit pas un instant de plus sur la destination à adopter et en prit joyeusement le chemin. Se balader ainsi dans le château endormi avait toujours été très appréciable, parfois Oliver venait se joindre à elle avant de rejoindre le Terrain de Quidditch ou plus généralement, il y avait un chat ou deux pour lui tenir compagnie, la suivant gentiment.

Bonnie comprit rapidement en poussant la porte qu'il y avait déjà quelqu'un. Elle ne se laissa pas démonter pour autant et entra. En moins de temps qu'il ne lui en aurait fallu pour le dire, elle réalisa qu'il ne s'agissait en fait que d'Astride, l'une des rares personnes avec qui elle aimait passer du temps dans ce château. Son sourire s'affirma davantage.

"Besoin d'aide ?"

« Besoin d’aide ? »

Astride n’avait pas entendu la porte s’ouvrir et fut surprise d’entendre cette vois près d’elle, elle avait pourtant fait attention mais Bonnie avait un don pour ne faire strictement aucun bruit quand elle pénétrait dans une pièce. En même temps, pour partager un dortoir avec les vipères de serpentard, la timide jeune fille avait dû apprendre à se confondre avec les murs.
Sa surprise lui fit spontanément abaisser sa baguette et quelques livres retombèrent par terre. Son étonnement fit place immédiatement à une joie démesurée, ça faisait longtemps qu’elle ne s’était pas retrouvée avec son amie et elle lui avait manqué, son premier réflexe fut de lui sauter dans les bras. Elle se recula ensuite et contempla le désordre autour d’elle.

« Je t’interdis de rigoler, mais ton aide ne serait pas de refus»

Elle avait dit ça en plaisantant et esquissa un léger sourire en direction de la belle rousse. Elle se sentait toujours bien en sa présence et cette matinée passée avec elle n’allait pas échapper à cette règle.

« Comme tu le vois je suis toujours aussi maladroite…. Comment vas-tu ? Ça fait longtemps que je ne t’ai pas vu par ici c’est étonnant d’ailleurs.»

Cette journée commençait décidément très bien, une matinée à la bibliothèque avec la jolie serpentard valait à ses yeux tout l’or du monde. Elles avaient certainement plein de choses à se raconter.
Tout en écoutant la jeune fille elle entreprit à nouveau de faire un peu de rangement mais dans l’euphorie de ce moment elle avait du mal à se concentrer sur ce qu’elle faisait, heureusement que Bonnie était là pour l’aider.

A peine avait-elle eu le temps de prononcer ces quelques mots que la Poufsouffle refaisait tomber les livres qu'elle essayait tant bien que mal de ranger. Si Bonnie mit cela sur le compte de la surprise, elle ne put s'empêcher de pouffer d'un rire gentiment moqueur avant de se retrouver avec son amie dans les bras. Elle qui n'était pas forcément très démonstrative de ce côté-là ne sut réellement comment réagir et se contenta finalement d'attendre qu'elle s'éloigne d'elle-même. Ce qu'Astride fit assez rapidement. La Serpentard suivit la jeune fille dans ton observation des dégâts. Il fallait reconnaître qu'elle n'y avait pas été de main morte. Comment, seule, elle avait pu mettre un désordre pareil ? La rouquine n'en savait rien mais elle était impressionnée. Encore une chance que Madame Crewe, la bibliothécaire, ne soit pas dans les parages...

« Je t’interdis de rigoler, mais ton aide ne serait pas de refus»

Elle sortit à son tour sa baguette magique et d'un geste elle ferma discrètement la porte de la bibliothèque. Inutile d'être surprises avec un tel foutoir, ça ne pourrait que leur attirer des ennuis; et les ennuis, Bonnie avait toujours préféré les éviter.

"Tu sais bien que je n'oserai pas rire de ton malheur." déclara la jeune fille d'un sérieux extraordinairement convaincant avant de sourire de plus belle.

Elle entreprit enfin de l'aider à remettre chaque livre à sa place. Bien qu'elles se connaissent depuis un moment déjà, elles avaient toujours eu l'habitude de se retrouver dans cet endroit aussi calme que magique. Après tout, c'était là qu'elles s'étaient rencontrées pour la première fois. Ce n'était pas chose rare dans la vie de la rouquine, étant donné le nombre impressionnant d'heures qu'elle passait entre ces étagères, elle avait rencontré la plus grande partie de ses connaissances ici... Astride la ramena doucement à la réalité.

« Comme tu le vois je suis toujours aussi maladroite…. Comment vas-tu ? Ça fait longtemps que je ne t’ai pas vu par ici c’est étonnant d’ailleurs.»

Elle ne put retenir un rire amusé à sa constatation. On ne pouvait pas s'attendre à grand chose d'autre de la part de la Poufsouffle. Peut-être même aurait-elle été choquée si tout avait été en ordre, si rien n'était tombé, si rien n'avait bougé... Heureusement, ce ne fut pas le cas. La Verte et Argent se décida tout de même à répondre à sa question et par la même occasion à rassurer ses interrogations...

"Je vais très bien. J'ai reçu une lettre de mon père il y a peu, pour me prévenir que nous partions en France pour les vacances de Noël. Le club organise une nouvelle reconstitution là-bas et comme je n'y suis pas retournée depuis des années... J'vais me faire couper la tête cette fois-ci, tu te rends compte ?! Depuis le temps que j'attends ça !"

Elle se réalisa un peu tard qu'auprès de n'importe qui d'autre, elle serait passée pour une véritable folle, mais aurpès d'Astride, c'était différent. Elle ne lui avait jamais cassé la passion qui la liait si étroitement avec son géniteur, pas même ses étranges activités qui occupaient la quasi-totalité de ses vacances... C'était plus un secret pour la Poufsouffle, alors c'était inutile d'inventer mille et un mensonges pour excuser son absence de la bibliothèque.

"J'ai profité de l'absence des vipères du dortoir pour m'y poser et potasser un peu le sujet. J'ai commencé le dessin de mes robes et je dois les finir pour la fin de la semaine prochaine... Ici, c'est pas facile de dessiner, il y a toujours quelqu'un pour regarder ce qu'on fait, ce qu'on lit... Tu ne m'en veux pas j'espère ?"

Elle continua son rangement bien sagement, écoutant d'une oreille attentive ce qu'il pouvait se passer dans le couloir. Elle ne savait pas du tout comment elle réagirait si la Bibliothécaire, le Concierge ou n'importe quel professeur venait qu'à entrer dans la pièce... Avec un peu de chance, elle s'inquiétait pour rien, personne ne viendrait les déranger avant qu'elles n'aient fini de tout ranger...

"Et toi alors ?" questionna t-elle enfin. "Raconte moi ce qu'a été ta vie ces derniers temps !"

Lorsque la jolie rousse ferma la porte d’un coup de baguette, Astride eut envie de se taper la tête contre un mur, elle se demandait comment elle avait pu être aussi bête pour ne pas penser à fermer cette fichue porte, mais bon après tout si elle avait eu cette idée elle ne serait pas en train de parler à Bonnie en ce moment même.

"Je vais très bien. J'ai reçu une lettre de mon père il y a peu, pour me prévenir que nous partions en France pour les vacances de Noël. Le club organise une nouvelle reconstitution là-bas et comme je n'y suis pas retournée depuis des années... J'vais me faire couper la tête cette fois-ci, tu te rends compte ?! Depuis le temps que j'attends ça !"

Atride fut étonnée des paroles de la jeune fille. Bien sur cette histoire de reconstitution n’était pas nouvelle et la jeune poufsouffle prenait la passion de son amie très au sérieux mais sa réponse avait quelque chose de légèrement illogique, à moins qu’Astride n’ait rien compris ce qui était tout à fait probable, elle n’avait aucune expérience des reconstitutions et même si les histoires de son amie la passionnait elle restait une novice.

« Mais si on te coupe la tête, ton personnage meurt n’est-ce pas, tu ne vas pas ressusciter ? Mais tu n’auras plus de rôle dans la reconstitution ? Tu changeras de personnage ? »

En regardant son amie de plus près elle trouva que celle-ci avait vraiment l’air heureuse et cela lui faisait vraiment plaisir. Elle savait la vie au château n’était pas toujours agréable pour la jolie rousse et la voir aussi épanouie était pour elle une petite victoire. D’autant plus que son habituel mutisme laissait place à un flot de parole impressionnant. Quand elles s’étaient rencontrées la première fois, la jolie rousse lui avait à peine dit trois mots et c’est seulement lors de leur deuxième « entrevue » que Bonnie avait été plus loquace. Elles avaient en effet abordé le thème de la poésie et Astride avait pu constater avec bonheur qu’elle avait enfin trouvé quelqu’un avec qui partager sa passion littéraire. D’ailleurs la jolie rousse avait repris de plus belle, pour justifier son absence de ces derniers jours :

"J'ai profité de l'absence des vipères du dortoir pour m'y poser et potasser un peu le sujet. J'ai commencé le dessin de mes robes et je dois les finir pour la fin de la semaine prochaine... Ici, ce n’est pas facile de dessiner, il y a toujours quelqu'un pour regarder ce qu'on fait, ce qu'on lit... Tu ne m'en veux pas j'espère ?"

Non bien sûr que non elle ne lui en voulait pas. Tout ce qu’elle lui souhaitait c’était de la voir épanouie et le fait qu’elle ait réussi à l’être en dehors de la bibliothèque lui paraissait inespéré.

« Je ne t’en veux pas du tout je suis ravie que tu sois trop occupée pour venir me voir. »

Cette phrase aurait pu paraitre ironique si la poufsouffle ne l’avait pas prononcé avec une sincérité déconcertante. Elle espérait que la jeune fille n’allait pas se mettre à lui poser des questions sur sa vie, ses derniers jours n’avaient pas été une réussite et elle ne tenait pas à noircir ce beau tableau, mais Bonnie était une jeune fille extrêmement intelligente et observatrice, elle savait qu’elle ne tarderait pas à se rendre compte qu’elle lui cachait quelque chose.

"Et toi alors ? Raconte-moi ce qu'a été ta vie ces derniers temps !"

La jeune fille hésita avant de répondre puis choisit contre toute attente d’éluder l’épisode Tyler. Elle n’avait pas pour habitude de faire des cachoteries à son amie et encore moins quand c’était un sujet douloureux. Bonnie était sa confidente de toujours mais cette fois-ci c’était différente, les paroles de Naïa sur les supposés rendez-vous entre Bonnie et Tyler lui trottait dans la tête et elle ne voulait pas mettre la jeune fille mal à l’aise en la forçant à en parler.

« Tout va bien pour moi, je n’ai pas de retard pour les cours. Je n’ai pas encore détruit la salle commune cette année ce qui est un exploit. Ah et Nathaël m’a invité au bal d’Halloween alors je suis sur mon petit nuage. Tu vas y aller d’ailleurs ? Ça serait vraiment différent sans toi et surtout beaucoup moins bien. Ah et j’hésite à rester au château pour les vacances de Noël, mes parents veulent partir faire du ski en France et je déteste ça.»

Elle avait débité son monologue très rapidement, comme si elle avait peur que les idées se perdent dans sa tête avant qu’elle ait eu le temps de prononcer les bons mots, elle avait tellement de chose à raconter et tellement de questions à poser, les idées se bousculaient dans sa tête. Elle se sentait à cet instant précis comme un gamin devant le sapin de Noël remplit de cadeau.

Bonnie n'était pas du genre bien bavarde cependant, elle connaissait Astride depuis plusieurs années déjà, et au même titre que ses meilleurs amis Oliver et Cassidy, elle parvenait à avoir suffisamment confiance en elle pour entretenir des conversations réelles et présentes tout comme pour aborder plus ou moins intensément sa vie. Si elle ne lui avait jamais vraiment parlé de sa vie avant Poudlard, ces quelques années n'avaient plus grand secret pour la Poufsouffle. Elle avait finalement su l'apprivoiser, non sans mal il était vrai, à force de persévérance.

« Mais si on te coupe la tête, ton personnage meurt n’est-ce pas, tu ne vas pas ressusciter ? Mais tu n’auras plus de rôle dans la reconstitution ? Tu changeras de personnage ? »

Les paroles de la jeune fille surprirent la Verte et Argent, et celle-ci sourit sans la moindre envie moqueuse avant de secouer légèrement la tête. Ce qui était presque toute sa vie n'était pas forcément évident pour tout le monde, elle l'avait bien compris, même ses frangines qui en entendaient parler à longueur de journée quand Bonnie était de retour chez elle ne comprenaient pas toujours tout et finissaient rapidement par abandonner.

"Sur les trois jours de reconstitution, je suis censée mourir à la fin du deuxième. Le troisième, je le passerai dans les coulisses, avec les organisateurs. J'aime bien voir comme se passe l'envers du décor."

Ca aussi faisait partie des habitudes de ses moments là. Elle trouvait presque aussi passionnant de passer du temps de "l'autre côté" à prendre des photos ou à aider les acteurs d'un jour à s'habiller et à réviser leur texte qu'à jouer elle-même. En plusieurs années, elle avait fini par s'incruster doucement à tous les niveaux, sans la moindre trace de sa timidité d'origine...

« Je ne t’en veux pas du tout je suis ravie que tu sois trop occupée pour venir me voir. »

Si la réponse d'Astride à sa question pouvait être mal prise en raison du sens ironique qu'elle lui avait donné, probablement sans le vouloir vraiment, la rouquine ne s'en formalisa pas. Elle savait bien que ce n'était pas méchant et la sincérité de son amie n'était plus à prouver. Si elle lui en avait voulu, elle n'aurait sûrement pas joué les hypocrites comme ça avec elle en lui faisant croire que tout allait pour le mieux dans le petit monde de leur amitié. A défaut de lui répondre, elle lui sourit, ravie.

Lorsqu'elle lui demanda de lui raconter sa vie à son tour, l'hésitation de la jeune femme fut perceptible, ce qui inquiéta la Serpentard. Elle se lança néanmoins dans son récit. Bonnie écouta silencieusement, presque religieusement, fixant le visage de la Poufsouffle comme si elle cherchait à en lire plus qu'elle ne lui en disait...

« Tout va bien pour moi, je n’ai pas de retard pour les cours. Je n’ai pas encore détruit la salle commune cette année ce qui est un exploit. Ah et Nathaël m’a invité au bal d’Halloween alors je suis sur mon petit nuage. Tu vas y aller d’ailleurs ? Ça serait vraiment différent sans toi et surtout beaucoup moins bien. Ah et j’hésite à rester au château pour les vacances de Noël, mes parents veulent partir faire du ski en France et je déteste ça.»

Ah le bal... L'espace d'un instant, elle l'avait oublié mais voilà qu'il revenait, qu'on le lui rappelait de force. Elle était contente pour la brune, contente qu'elle se soit trouvé un cavalier même si elle ne connaissait que de vu le dit-Nathaël. Quant à elle, elle n'avait pas grande envie d'y aller, les bals, la foule, tout ça n'était pas vraiment sa tasse de thé. Et puis il fallait voir le bon côté, la bibliothèque serait vide, la salle commune serait vide, son dortoir serait vide... Ca ressemblait presque à Noël avant l'heure !

"Tu t'es trouvé un cavalier, c'est génial ! Tu sais, moi et les bals... Je ne veux pas ressembler à toutes ses filles, et je ne dis pas ça pour toi, qui courent après un garçon pour qu'il les accompagne et qui passent les semaines suivantes à paniquer parce qu'elles n'ont pas de robe et finissent par oublier leur cours et leur devoirs au profit d'un divertissement futile et dont l'utilité reste à prouver." expliqua t-elle en soupirant d'un air las. "Tu devrais accepter de partir. C'est joli la France, et puis voir autre chose ne peut pas te faire de mal. Tu n'auras qu'à pas aller skier, tu pourras toujours faire des bonhommes de neige à la place."

Elle avait conclu sa phrase par un haussement d'épaules discret. Il y avait tellement de choses à faire en vacances, il y avait toujours des choses à visiter, à apprendre même si ça semblait d'une importance inexistante... D'un dernier sortilège, Bonnie replaca le dernier livre à sa place et regarda le résultat, bien rangé comme s'il n'y avait jamais eu d'accident. Au moins, elles ne se feraient pas envoyer en retenue ou retirer des points maintenant que tout était en ordre. Et puis, c'était tout de même bien plus joli. Elle déverrouilla la porte en soufflant, soulagée.

"Voilà une bonne chose de faite ! Mais tu es sûre que tu m'as tout raconté ? Avant de commencer à parler, t'as semblé préoccupée par quelque chose de plus important qu'une histoire de ski..."

Bonnie savait pertinemment que son amie ne partageait pas ses idées sur le bal. Elle n'était pas certaine qu'il n'y ait rien qu'une seule fille dans ce château qui puisse être d'accord avec elle sur un évènement aussi important qu'un bal... Il suffisait de se balader dans les couloirs entre deux cours pour s'en rendre compte. Il n'y avait pas une seule demoiselle plus intéressée par son contrôle à venir que par le dernier catalogue de Gaichiffon, ou mieux encore, Madame Guippure. L'atmosphère de ce mois d'Octobre était particulièrement effrayante, si bien qu'on peinait à imaginer que certains élèves passaient des examens importants à la fin de leur année...

La Serpentard ne pouvait qu'espérer que ce bal soit un évènement isolé et non le premier d'une longue série. Elle ne savait pas à quoi s'attendre avec leur directrice. On disait qu'en France, à Beaux-Bâtons, il y avait des bals pour la moindre occasion; que ce soit des fêtes traditionnelles comme l'anniversaire de Madame Maxime, leur directrice, ou encore l'anniversaire de la création de l'école... Il fallait croiser les doigts pour que Poudlard ne devienne pas une vague copie de l'école française et que les rassemblements extrascolaires viennent nuire à la réussite des élèves... Il n'y avait malheureusement aucun moyen d'en être sûre...

Astride parut néanmoins rassurée qu'elle reprenne sur ses vacances de Noël au lieu de s'attarder sur tous les désagréments qu'un bal pouvait avoir sur la vie d'une école comme celle-là. Elle en avait vaguement fait le tour et si elle se savait être capable de s'enfoncer dans la discussion en exposant plus de détails, elle n'en voyait pas la moindre utilité. Autant partir sur autre chose puisque elle savait plus que bien que le terrain d'entente ne serait pas au rendez-vous sur cet épineux sujet.

« Je vais y réfléchir, ma famille me manque et passer les fêtes loin d’eux serait vraiment très douloureux pour moi, mais je me connais et au bout de trois jours de montagne je vais tellement m’ennuyer que j’aurais hâte de rentrer. S’il y avait des choses à faire autre que les sports d’hiver je n’aurais pas hésité une seule seconde mais c’est une petite station de ski perdue dans la montagne. »

La rouquine ne comprenait pas vraiment la Poufsouffle sur ce coup-là. Sa famille, son père surtout, était plus importante que toute autre chose au monde alors elle ne se voyait pas refuser des vacances en leur compagnie pour la simple et 'bonne' raison qu'elle risquait de s'ennuyer et que les activités proposées ne lui plaisaient pas... Combien de fois avait-elle dû oublier son chez elle durant ses courtes vacances parce que la famille devait assister à une compétition de patinage à laquelle participait Shirley ? Ça ne lui plaisait absolument pas de rester assise dans des gradins bondés et bruyants en regardant sa soeur et ses concurrentes danser et sauter sur la glace et pourtant elle s'était tut, avait pris un livre et avait sagement attendu que la compétition se termine.

"C'est toi qui vois, mais ce serait dommage de rester là et de le regretter par la suite. Avec les examens à la fin de l'année, je doute que tu ais beaucoup d'autres occasions de les revoir avant les grandes vacances. Tu as encore un peu de temps pour y réfléchir de toute manière."

Après tout, Astride était grande, mais elle n'avait pas envie de la voir triste à son retour sous prétexte qu'elle n'était pas partie et que ses parents lui manquaient atrocement... Suivant son amie, Bonnie tira une chaise non loin de l'étagère et s'y assit sans un bruit. Autant en profiter pour bavarder tant qu'il n'y avait personne, ce ne serait certainement pas après l'arrivée de la bibliothécaire qu'elles pourraient le faire tranquillement. Elle voyait déjà les regards noirs qu'elle leur lancerait, ses 'chut' à répétition avant de les mettre à la porte en hurlante que ce n'était pas un endroit pour raconter sa vie. Ce qui n'était pas forcément faux, il fallait le reconnaître...

« Oh je me suis juste mis Tyler à dos, et comme j’ai cru comprendre que tu l’aimais bien je ne préférerais pas aborder le sujet, mais rassure toi il n’y a rien de grave. »

Elle s'étonna de cette réponse. Elle aimait bien Tyler ? Qui avait été raconté des choses comme ça ? Il passait sa vie à s'incruster à sa table lorsqu'elle était en train de travailler, à lui poser des questions en tout genre, à chercher à attirer sur lui son attention; en bref à gêner toute concentration. Il semblait visiblement y prendre un malin plaisir puisqu'il faisait ça depuis un moment déjà. Si ce n'était plus simplement faire en sorte qu'elle abandonne et quitte la bibliothèque, ça n'en était pas moins embêtant...

"J'aime bien Tyler ? Tyler Rentford ?! Où est-ce que tu as entendu ça ?" interrogea t-elle avec insistance. "Qu'est-ce qui s'est passé ? Je ne savais pas que tu le connaissais."

Elle n'avait jamais cherché à connaitre toutes les fréquentations de son amie mais pensait tout de même qu'elle aurait remarqué les relations qu'elle pouvait entretenir avec les 'Grands' de Serpentard dont faisait partie Tyler. Il n'était pas forcément réputé pour sa sympathie, ce qui rendait étrange qu'elle puisse le connaitre autrement que de vue. Astride fit en sorte de virer le sujet plus loin, l'éloignant de Tyler et de ses histoires. Bonnie laissa faire sans broncher, reprenant là où son amie l'avait décidé.

« Est-ce que tu passes tes vacances, ou au moins une partie de tes vacances avec Oliver ? »

Ah Oliver... Le sujet était tout de même un peu facile... C'était un peu comme parler Quidditch au prof de vol, ou métamorphose avec la directrice... Il n'y avait que peu de chance de tomber à côté. Aucune prise de risque et c'en était presque dommage. Elle se résigna tout de même à lui répondre.

"Non... Je passe mes vacances avec lui uniquement les rares fois où je reste à Poudlard. Il ne part pas non plus cette année... Au moins si tu restes, tu ne seras pas toute seule dans la salle commune des Poufsouffle. Et pour anticiper, je ne verrais pas Cassidy non plus, elle rentre chez elle et comme de toute façon je serais en France..."

"Non... Je passe mes vacances avec lui uniquement les rares fois où je reste à Poudlard. Il ne part pas non plus cette année... Au moins si tu restes, tu ne seras pas toute seule dans la salle commune des Poufsouffle. Et pour anticiper, je ne verrais pas Cassidy non plus, elle rentre chez elle et comme de toute façon je serais en France..."

La jeune fille écouta distraitement ce que son amie lui racontait sur Oliver, non pas que ça ne l’intéressait pas bien au contraire, mais sa révélation quant à la relation qu’elle entretenait avec Tyler remettait tout en question. Non seulement allait pouvoir lui dire tout ce qu’elle avait sur le cœur mais en plus elle serait soutenue et ça lui faisait le plus grand bien, dans toute cette histoire elle s’était retrouvée face contre tous et cet épisode douloureux lui avait fait verser beaucoup de larmes.
Elle était tout de même surprise de ses propos, son opinion sur le jeune homme ne collait pas du tout avec la conversation qui avait eu lieu quelques jour plus tôt aux Trois Balais, les sourires entendus de Naïa étaient encore ancrés dans sa mémoire et elle se sentait un peu perdue à présent.

« Bah c’est Tyler lui-même qui avait l’air de penser que…. Enfin ça n’a aucune importance. »

Et c’était vrai, ce que disait Tyler la jolie brune s’en fichait comme de sa première paire de chaussette et c’était peu dire. Si son amie lui confirmait qu’ils n’étaient pas amis c’était tout ce qui comptait. La poufsouffle pouvait enfin vider son sac, elle n’en avait pas eu l’occasion depuis ce douloureux événement et cette soirée était encore bien accrochée dans ses souvenirs. La culpabilité la rongeait et elle ne savait réellement pas comment s’y prendre pour la faire disparaitre.

« En bref, je me suis retrouvée par hasard aux Trois Balais avec Naïa, Tyler et June, au départ j’étais seulement allé discuter avec Naïa mais les deux autres sont très vite arrivés et la situation s’est envenimée et ils ont voulu s’amuser avec moi et au départ de je suis restée calme, enfin tu me connais ce n’est pas mon genre de chercher la bagarre. Ensuite Matthew est arrivé pour me prêter main forte mais il n’avait d’yeux que pour Naïa dont les amis me descendaient en flèche. »

La poufsouffle s’arrêta un instant pour reprendre son souffle mais aussi pour essayer de contenir ses émotions qui refesaient surface petit à petit. La jeune fille pleurait beaucoup trop elle ne le savait que trop bien et elle se refusait catégoriquement à craquer devant Bonnie. Ce n’était pas la fille la plus démonstrative qu’elle connaissait et elle ne voulait pas l’embarrasser en explosant bêtement devant elle. La serpentard ne saurait certainement pas comment réagir devant ce torrent de larme. Elle inspira avant de reprendre son explication.

« Je me suis pris un whisky sur la tête suivi de prêt pas un aguamenti de la part de Tyler mais c’est quand Naïa et Matt sont allés s’assoir au comptoir que j’ai craqué je me suis retrouvé seule et trempée et sur le coup je n’ai pas réfléchi. J’ai accroché Tyler au plafond par les pieds et j’ai certainement blessé Naïa et Matthew en leur faisant exploser des bouteilles dessus. »

Elle avait dit certainement car elle n’avait pas revu le jeune homme depuis l’incident et bien qu’elle eut essayé à maintes reprises de lui parler elle n’y était pas parvenue pour le moment. Elle lança un regard presque implorant en direction de son amie, elle espérait qu’elle ne la jugerait pas trop durement. Elle allait certainement la trouver stupide, elle-même se trouvait déjà extrêmement immature d’en être arrivé à de telles extrémité mais bon ce qui était fait était fait et elle ne pouvait plus revenir en arrière. Le château allait de tout façon tôt ou tard être au courant de ce qu’il s’était produit et elle préférait le raconter elle-même plutôt que Bonnie ne l’apprenne par une tierce personne.

Si Astride ne parut pas plus attentive que ça durant ses explications concernant Oliver et les vacances, Bonnie n'en tint pas compte. Ce n'était pas très important et elle ne voyait pas l'intérêt de s'arrêter à et de s'offusquer pour si peu. Elle la laissa enchaîner ou plutôt reprendre sur ce qu'elle voulait, s'apprêtant docilement à se montrer intéressée.

« Bah c’est Tyler lui-même qui avait l’air de penser que…. Enfin ça n’a aucune importance. »

Elle ouvrit de grands yeux surpris. Si elle ne remettait pas en cause les paroles de son amie, elle avait du mal à y croire. Tyler l'appréciait donc suffisamment pour parler d'elle à Astride ? Et dire qu'elle avait passé ces derniers mois à penser qu'il l'approchait dans le seul but de lui faire perdre son temps. Comment avait-elle pu être aussi bête ? Presque méchante finalement puisque le pauvre ne feignait peut-être pas l'intérêt qu'il avait pour elle. La Serpentard s'en voulait de s'être trompée à ce point sur son compte. Toute trace d'hostilité à son égard s'était envolée.

"Et dire que je suis toujours méfiante avec lui... Le pauvre..." murmura t-elle sans en avoir réellement consciente.

Elle revoyait toutes ces fois où il s'était installé à sa table alors qu'elle révisait et qu'elle n'avait souhaité qu'une seule chose; s'enfuir, s'éloigner de lui au maximum... Avec un peu de chance, il ne lui en tiendrait pas rigueur et accepterait de continuer à lui tenir compagnie de temps en temps. Elle tâcherait de se montrer un peu plus agréable et de ne pas tenter par tous les moyens de lui faire comprendre que sa présence la dérangeait. La Poufsouffle la tira de ses pensées, la ramenant bien malgré elle a la conversation...

« En bref, je me suis retrouvée par hasard aux Trois Balais avec Naïa, Tyler et June, au départ j’étais seulement allé discuter avec Naïa mais les deux autres sont très vite arrivés et la situation s’est envenimée et ils ont voulu s’amuser avec moi et au départ de je suis restée calme, enfin tu me connais ce n’est pas mon genre de chercher la bagarre. Ensuite Matthew est arrivé pour me prêter main forte mais il n’avait d’yeux que pour Naïa dont les amis me descendaient en flèche. »

La rouquine fit tout son possible pour rester concentrée sur les paroles d'Astride, mais elle décrocha bien vite, repartant dans les souvenirs de ses entrevues avec le jeune homme. En y réfléchissant un peu plus profondément, c'est vrai que les questions qui lui posaient n'étaient pas anodines et il s'intéressait aux réponses qu'elle pouvait lui donner. Il ne se contentait pas de la faire parler pour passer le temps, il cherchait à en savoir davantage sur elle... Et elle, bonne idiote, elle n'avait rien remarqué, elle n'avait pas imaginé un seul instant qu'un garçon comme Tyler pouvait s'intéresser à elle, ils étaient tellement différents que c'était peut-être ce qui l'avait poussé à rechercher sa compagnie... C'était étrange, mais après tout, c'était possible. Le silence retomba sur les deux adolescentes, silence qui indiqua à Bonnie que son amie s'était tut.

"Pas très étonnant..."

Elle avait parlé au hasard, sans vraiment savoir si ça avait un rapport avec les derniers mots prononcés par Astride, elle espérait ne pas être tombée à côté. C'était de toute façon trop tard pour faire marche arrière. La Poufsouffle ne s'aperçut de rien, ou en tout cas elle n'en fit aucune remarque puisqu'elle reprit le plus normalement du monde. Cette fois, la Serpentard se résigna à l'écouter, elle n'aurait pas deux fois la même chance, elle en était presque certaine.

« Je me suis pris un whisky sur la tête suivi de prêt pas un aguamenti de la part de Tyler mais c’est quand Naïa et Matt sont allés s’assoir au comptoir que j’ai craqué je me suis retrouvé seule et trempée et sur le coup je n’ai pas réfléchi. J’ai accroché Tyler au plafond par les pieds et j’ai certainement blessé Naïa et Matthew en leur faisant exploser des bouteilles dessus. »

Bonnie n'en croyait pas ses oreilles. Elle avait toujours pensé que son amie restait loin de toute violence, quelle qu'elle soit. Elle la savait moins peureuse qu'elle pouvait l'être elle-même mais ne l'imaginait pas un seul instant jouer les caïds auprès des Serpentard ! C'était dangereux et puis véritablement immature. La rouquine était choquée d'apprendre que sa confidente avait de telles réactions.

"Mais tu te rends compte que tu aurais pu vraiment leur faire du mal ! Qu'est-ce que tu aurais fait s'ils avaient fini à l'infirmerie, hein ?!"

Elle aurait probablement pu se montrer compatissant, être un soutient présent et solide pour la Poufsouffle. Elle l'aurait pu, si elle n'avait pas eu conscience d'avoir été une véritable peste, sans le vouloir réellement, avec le pauvre Tyler. Si elle ne pouvait pas faire marche arrière, elle pouvait au moins le défendre, c'était la moindre des choses. Surtout qu'Astride était en tort. Ou du moins, qu'elle n'avait pas totalement raison... Les Serpentard n'étaient pas réputés pour être adorable, ceux-là n'échappaient pas à la règle, ce n'était pas une raison pour les attaquer aussi sottement. C'était dans leur manière d'être, rien de plus. Irait-elle s'en prendre aux Serdaigles sous prétexte qu'ils étaient intelligents ? Probablement pas ! Ca n'avait pourtant rien de différent...

D'accord... Ce n'était peut-être pas exactement la même chose, les Serdaigles n'essayaient pas d'humilier tout le château à la moindre occasion. Mais ce n'était qu'un détail. En cinq ans, Bonnie s'était habituée à voir ces débordements partout dans l'enceinte de l'école, elle s'étonnait que ce ne soit pas le cas de son amie et que celle-ci y réagisse encore. Après tout, c'était bien là la seule chose qu'ils désiraient, avoir une victime coriace, qui souhaitait se défendre par tous les moyens... Elle leur avait donné ce qu'ils voulaient, ça ne s'arrêterait probablement pas là...

« Honnêtement si Tyler avait été envoyé à l’infirmerie j’aurais été ravie. »

La rouquine sursauta, fixant la Poufsouffle d'un oeil dubitatif, comme si elle n'était plus très sûre qu'il s'agisse bien de celle qu'elle avait connu jusque là... Elle lui ressemblait fortement physiquement, mais ses paroles lui donnaient l'horrible impression d'avoir été prononcé par quelqu'un d'autre. Quelqu'un de plus froid, de plus méchant... Quelqu'un comme ceux qu'elle blâmait. Peut-être avait-elle plus en commun que ce qu'elle voulait bien voir. La Serpentard se recula un peu plus sur sa chaise, perturbée.

"Comment peux-tu dire ça ?! Finalement, tu ne vaux pas mieux qu'eux !"

Astride ne se laissa pas toucher par les mots de Bonnie et reprit comme si de rien n'était, d'un ton plus doux, plus amical néanmoins. Craignait-elle de la faire fuir ? Possible... Elle l'avait toujours plus ou moins ménagée, il était vrai, alors peut-être continuait-elle encore... Ca n'avait plus grande importance désormais puisqu'elle ne voulait qu'une seule chose, s'éloigner au plus vite. Cependant la politesse inculquée par ses parents la forçait à écouter la fin du discours de la Poufsouffle, espérant peut-être lui donner des raisons de rester mais en vain...

« En revanche, je me fais du souci pour Matthew, je voulais juste lui faire comprendre qu’il m’avait déçu mais il ne m’a pas reparlé depuis l’incident alors je ne sais pas comment les choses se sont déroulés après mon départ, je suis partie sans attendre de voir ou atterrissaient les bouts de verre. »

La rouquine se leva d'un bond, attrapa son sac qu'elle posa d'un geste nerveux et négligé sur son épaule. Elle toisait son amie d'un air déçu, désespéré et un brin hautain. Elle secoua tristement la tête en soupirant et daigna tout de même lui répondre.

"Parce que tu t'attendais vraiment à ce qu'il te saute dans les bras après que tu aies essayé de le tuer ?" cracha t-elle sarcastique. "Apprends à réfléchir un minimum avant d'agir, tu verras, ça t'aidera !"

Bonnie n'était pas connue pour dire ce qu'elle pensait, qu'importe la manière et encore moins aussi méchamment qu'elle avait pu le faire là. Pourtant au fond, elle savait qu'elle n'avait pas vraiment tort. Astride avait beau être son amie, elle n'avait pas le droit de chercher à blesser impunément leurs camarades et de venir s'en vanter par la suite... Peut-être devrait-elle passer par l'infirmerie pour avoir la certitude que personne n'avait rien...? Oh, après tout ça ne la regardait en rien, toute cette histoire, et elle aurait l'occasion de remarquer si quelqu'un manquait ou non dans leur salle commune. Elle lança un dernier regard à la Poufsouffle, remonta son sac et prit le chemin de la sortie. Elle n'avait vraiment plus rien à faire ici...

Bonnie ne mit pas longtemps à remarquer que ses paroles avaient blessé son amie mais loin de s'en émouvoir, ça la conforta dans son idée. Les Serpentard étaient vraiment loin d'être des anges, elle était mieux placé que quiconque pour le savoir et en avoir pleinement conscience mais ni eux ni personne ne méritaient d'être traité comme elle l'avait fait. Qu'on se défende s'était une chose, et bien qu'elle n'était particulièrement pratiquante de cette façon de faire elle la comprenait, mais qu'on attaque aussi violemment et méchamment, elle ne pouvait pas le tolérer. C'était injuste et détestable, presque indigne de son amitié. Si elle ne se liait pas avec les rares vipères qui ne cherchaient pas à lui faire regretter que ses parents soient moldus, ce n'était pas pour rien ! Si elle avait voulu avoir une amie aussi vile que celles-ci, elle n'aurait certainement pas sympathisé avec une Poufsouffle !

Si Astride attendait à se faire réconforter après avoir avouer regretter que le pauvre Tyler n'ait pas fini à l'infirmerie, elle pouvait se mettre le doigt dans l'oeil ! Et dire qu'elle avait toujours eu beaucoup de respect et même d'admiration pour les jaunes et noirs... Eux qui travaillaient sans relâche sans s'en vanter, qui n'avaient aucun préjugé alors qu'eux-même en étaient souvent victimes... Voilà maintenant qu'ils se mettaient à vouloir la souffrance de leur camarade ! C'était tout simplement honteux ! Est-ce que les autres avaient conscience de ce trait du caractère de la jeune fille ou jouait-elle simplement un jeu depuis le début ? La Serpentard n'en savait rien mais elle préférait encore rester dans l'ignorance plutôt que d'apprendre avoir été trompée depuis toujours...

« Je ne comprends pas…. Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?! Que je suis morte de honte ? Que je n’ai jamais rien fait d’aussi stupide de toute ma vie ? Que je le regrette ? Que je me sens coupable ? Eh bien oui, bien sûr que je me sens coupable et responsable, mais il n’y a rien que je puisse faire pour changer cette soirée. »

C'était facile de feindre les remords désormais ! Elle en éprouvait peut-être de très vagues concernant Matthew, simplement parce qu'elle risquait de perdre son soutient, son amitié, voire certainement sa protection, mais ça s'arrêtait bien là. Et on ne pouvait pas appeler ça des regrets, non, tout juste un intérêt qui s'échappait et qu'elle voulait récupérer ! C'était vraiment pathétique... Ça ne ressemblait en rien à la Astride qu'elle avait cru connaitre jusque là. Vraiment en rien... Si c'était les quelques temps qu'elle avait passé loin d'elle et de la bibliothèque qui l'avaient changé ainsi, elle aurait de loin préféré ne jamais y mettre les pieds aujourd'hui et ne jamais rien remarquer.

"Rien ! Il n'y a rien à dire Astride. Je croyais te connaitre mais je me suis visiblement trompée, et en beauté en plus ! Je ne pense sincèrement pas que tu le regrettes réellement, tout juste le minimum pour te donner bonne conscience et j'aurais jamais pensé ça de toi ! C'est minable. Maintenant laisse moi passer."

Elle était lasse de toute cette comédie, de tous ces mots inutiles... A croire qu'elle voulait vraiment lui faire comprendre qu'elle avait changé, lui mettre devant les yeux toutes les erreurs qu'elle avait pu commettre en la croyant son amie... La rouquine ne comprenait pas, elle était totalement dépassée et n'avait plus la moindre envie de rester entre ces murs.

« Je t’en pries….. Reste…. »

Ces mots, le ton jouant sur la supplication achevèrent de la décevoir. C'était un peu tard pour avoir envie de retourner en arrière, pour souhaiter la voir se rasseoir sur la chaise qu'elle avait occupé un peu plus tôt alors qu'on avait mis tout en oeuvre, ou presque, pour lui faire repasser la porte qui se tenait de l'autre côté de la brune.

"Pousse toi !"

Sa voix s'était fait froide et autoritaire, ce qui contrastait violemment avec son caractère habituel, calme et effacé. Il ne lui restait plus qu'à espérer que la Poufsouffle bouge d'elle-même sans avoir à jouer les Serpentard de base comme ça semblait être la mode chez les autres maisons...

"Rien ! Il n'y a rien à dire Astride. Je croyais te connaitre mais je me suis visiblement trompée, et en beauté en plus ! Je ne pense sincèrement pas que tu le regrettes réellement, tout juste le minimum pour te donner bonne conscience et j'aurais jamais pensé ça de toi ! C'est minable. Maintenant laisse-moi passer."

Décidément, Bonnie n’était pas dans son état normal, elle ne lui avait jamais menti et elle n’était pas du tout du genre à exagérer ses émotions pour se faire bien voir. Il était vrai qu’elle ne voulait pas perdre son amie mais elle n’était pas prête pour autant à dire ce que la jeune serpentard voulait entendre surtout si elle ne le pensait pas.
Elle renonça à répondre à ses provocations, manifestement sa confidente ne voudrait rien entendre de ses explications aujourd’hui, elle était beaucoup trop en colère et déçue pour essayer ne serait-ce que comprendre ce qu’Astride avait pu ressentir. La poufsouffle avait un gros pincement au cœur, ce n’était pas vraiment sa semaine, elle avait enchainé dispute sur dispute et pour quelqu’un qui les détestait ce fardeau devenait lourd à porter. Elle fit tout de même une dernière tentative de réconciliation, elle en avait assez de faire les premiers pas mais pour Bonnie elle se devait d’essayer encore une fois.

« Je t’en pries….. Reste…. »

C’était son dernier espoir et elle avait la forte impression d'avoir eu l'air désespérée en prononçant ses mots. Le visage de la serpentard ne trahissait aucune émotion et elle avait une expression qu’elle ne lui connaissait pas. Elle recula d’un pas presque effrayé par son visage. Cette discussion avait pourtant bien commencé, si quelqu’un lui avait dit que cette matinée évoluerait de cette façon elle aurait certainement été prise d’un fou rire incontrôlable. Astride savait pertinemment que la réponse de Bonnie ne serait pas positive, elle ne fut donc pas déstabilisée par les deux mots qui sortirent de sa bouche même si elle eut l’impression de recevoir une multitude de coups de poignard dans le dos.

"Pousses-toi !"

Astride eut un instant d’hésitation elle savait qu’une discussion ne servirait à rien mais elle ne voulait pas la laisser partir sur une note aussi négative. Astride n’était pas rancunière et elle aurait réussi sans aucun problème à effacer de sa mémoire cette conversation si son amie le lui avait demandé, mais elle ne reconnaissait pas son amie et ne savait pas comment elle réagirait si elles devaient se croiser un peu plus tard. L’idée de devoir éviter son amie lui déplaisait plus que tout, en plus elle se doutait bien que si elle ne bougeait pas Bonnie n’allait pas lui jeter un sort pour la faire partir. Après tout c’était ce qu’elle lui reprochait depuis le début de leur conversation, elle ne s’abaisserait donc pas à ça. Astride soupira le choix était difficile et quel que soit sa décision elle était presque sûre de la regretter par la suite. De toute façon elle n’avait pas toute la matinée pour réfléchir et elle préféra….

Code:

1 et 2 : s’effacer pour la laisser sortir.
3 et 4 : sortir elle-même et aller se réfugier dans sa salle commune en pleurant sur son sort.
5 et 6 : rester planté là à dévisager son amie.

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