Le Parc [Public]

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Des plantes de toute sorte, grimpant aux murs du château ou simplement ornant le sol de leur beauté, des collines, des grands espaces, une cabane, près de la Forêt Interdite, toutes sortes d'animaux inoffensifs gambadant comme ils le désirent, tout un endroit empli de vie, même les jours de pluie, où, si l'on cherche bien, on peut croiser quelques vagabonds. Le Parc. Voilà un endroit bien spécial et bien plus apprécié que ne pourra jamais l'être un endroit comme la bibliothèque, ici, au château. Tous les jours, on peut voir des dizaines et des dizaines disséminés un peu partout sur son herbe verte, se cachant parfois du soleil à l'aide des nombreux arbres plantés ça et là. Le Parc est un endroit bien aimé, car on peut y pratiquer toutes sortes d'activités.

Que vous y soyez venu étudier à l'ombre d'un chêne, discuter avec vos camarades de la pluie et du beau temps ou simplement vous poser quelque part, le Parc vous accueillera comme il se doit, avec toute la chaleur possible . Vous pourrez aussi observer le Lac et peut-être, qui sait, apercevoir le Calmar Géant, qui se trouve être l'hôte de cette eau si sombre, qui peut réserver tant de surprises ...

Faites attention cependant ... partout vous pouvez faire de bonnes rencontres, tout comme de très mauvaises et le Parc ne fait pas exception à la règle. Surveillez quand même vos arrières car le personnel ne peut pas être partout !

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Le Parc.
A ce moment-là, Hecate avait besoin de tranquillité et de solitude.
La salle commune de Serdaigle était bondée et elle partait alors en quête de silence et de nature, qu’elle trouverait certainement dans le parc de l’école.
Sa seule compagnie ? « Anthologie des enchantements au XVIIIe siècle ».
Elle jeta un coup d’œil aux alentours. Elle avait de la chance, peu d’élèves avaient décidé de profiter de cet après-midi pour vagabonder à l’extérieur, elle allait pouvoir s’entraîner à lancer le sortilège de Gèle-Flamme sans la moindre restriction. Elle avait aussi ce devoir de divination qu’elle devait rendre dans une semaine ; ce dernier consistait à entreprendre le récit de ses rêves.
Ironie du sort, Hecate n’avait strictement aucun souvenir des siens, sauf peut-être la certitude qu’ils étaient tourmentés.
La quantité de travail que l’on lui imposait en étude des runes n’était pas négligeable non plus, loin de là.

Lassée, Hecate laissa échapper un soupir de découragement et se laissa tomber dans l’herbe luisante, encore légèrement humide.
Et dire que la prochaine escapade à Pré-au-Lard n’était prévue que dans quelques jours…Elle se serait volontiers rendue à Scibenpenne.
Malheureusement, elle allait devoir faire preuve de patience. Elle traversa la vaste étendue de verdure qui la séparait du lac, puis s’assit sur un lopin de terre recouvert de mousse et de lierre, regardant au loin.
Vivement que la saison de Quidditch reprenne… elle ressentait ce besoin de frapper de toutes ses forces un bon cognard, cela lui permettrait d’évacuer cette pression accumulée depuis des jours, elle était nerveuse en permanence. Et de plus, son Nimbus commençait à prendre la poussière… elle rangea ses ouvrages, elle n’arriverait pas à se concentrer en un après-midi si paisible.

Méticuleusement, elle entreprit de délacer avec soin ses chaussures, retira ses bas et laissa ses pieds s’enfoncer dans l’eau sombre du lac. Le contact avec les galets fut peu agréable et l’eau était gelée, ce qui lui donna envie de les retirer immédiatement ; malgré tout, elle resta immobile, surveillant avec prudence la surface. Même près de la rive, elle n’aurait pas été surprise de voir un Strangulot, rencontre qu’elle préférerait éviter.
Elle leva les yeux vers le ciel, distraite, quelques éclaircies se laissaient entrevoir. C’était bon d’être là. Même si elle trouvait toujours du bon dans la compagnie de ses camarades, cette solitude ne la dérangeait pas, au contraire ; ce contact permanent qu’elle avait avec la nature quand elle se trouvait dans le parc l’apaisait, elle pouvait réfléchir plus posément.
Elle était presque sereine, rêvant dans la petite brise qui se faisait ressentir ; mais cette tranquillité serait de courte durée. Elle voyait déjà de petits groupes d’élèves qui quittaient le château pour eux aussi, profiter de ce grand espace qu’offrait le parc de Poudlard.

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Tyler était seul, ce jour-là. Non pas qu'il ne trouvât pas ses amis, il savait très bien que Greg, June & Naïa étaient quelque part entre la salle commune et les dortoirs des Serpents, et que Damon devait errer dans les couloirs, n'aimant pas trop être apparenté à la maison Rouge & Or. Mais étrangement, le jeune homme ne voulait pas les voir pour le moment. La dernière fois qu'il l'avait fait, il avait croisé Sarah Wotton et avait découvert chez cette fille d'apparence trop superficielle qu'elle ne l'était pas tant que ça. Il s'était aussi ouvert d'une manière qui ne lui était jamais arrivée, sûrement dû au fait qu'elle l'avait surpris en train d'écrire.
Mais aujourd'hui, même s'il avait son carnet dans la poche, au cas où, ce n'était pas ça qu'il était venu faire. Il ne savait pas réellement la raison de sa sortie du château, en vérité. Peut-être juste prendre le soleil & l'air . Non, vraiment, il ne savait pas. Pourtant, il n'était pas le genre de personnes à aimer s'asseoir sous un arbre & attendre que le temps passe, perdre une après-midi à siffloter en lisant un bouquin ... Non, ce n'était pas son truc du tout. Alors pourquoi était-il là ?

Décidant de mettre ses interrogations de côté pour le moment, il se dirigea à pas lents vers le lac. Après tout, c'était là-bas que se trouvait la limite du parc, et frôler les limites des choses, c'était son truc. Le trajet jusque là était toutefois bien long, le parc étant immense, à la hauteur de la magnificence du reste du château. L'endroit était fait d'herbe, de fleurs & d'arbres, nature qui aurait pu rivaliser de beauté avec n'importe quelle merveille du monde. Le jeune homme aimait bien cet endroit. Il n'était pas réputé pour son amour pour la nature, mais il fallait avouer que le spectacle valait le coup, et que se savoir si proche d'un tel endroit pouvait être grisant.

Mais ses pensées s'interrompirent dès qu'il aperçut une silhouette connue, les pieds plongés dans le Lac.

* Maintenant tu recules doucement ... & tu t'en vas. *

Pourtant, Tyler ne bougea pas. Il se rappelait les derniers mots qu'il avait prononcé à l'égard d'Hecate, lors du bal d'Halloween. Les mots qui le dénonçaient comme coupable de ce qu'il s'était passé ensuite. Le jeune homme n'avait pas passé une mauvaise soirée. C'aurait du être suffisant. Mais en invitant la serdaigle au bal, il avait involontairement pris en charge sa soirée à elle, et l'avait gâchée sans une once de culpabilité. Jusqu'à maintenant.

Il s'approcha donc de la rive du Lac, doucement, sans un bruit, puis s'assit à côté d'elle.

" Je t'ai au moins donné une raison valable de me détester dans les règles. C'est peut-être pas plus mal en fin de compte. "

Il n'était pas sans ignorer qu'il l'avait troublée lors du bal, ce genre de choses étant visible à des kilomètres. & maintenant elle devait le considérer comme un monstre. Ce qu'il était sûrement, cela, il ne le nierait pas. Garder un ton neutre et un visage impassible devait sûrement passer pour encore plus horrible. Il ne le savait pas. Mais il attendait la réponse de la brune, si tant est qu'elle en ait une, et qu'elle reste ici pour le la lui donner.

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Hecate ne regarda pas tout de suite, elle s’appliqua d’abord à sortir ses pieds de l’eau pour ensuite constater avec effarement qu’elle connaissait l’élève qui venait de s’approcher de l’endroit où elle était assise, en prenant soin de ne pas perturber ni le calme de la nature, ni le bruissement de l'herbe. Tyler. Les strangulots qu’elle venait de redouter paraissaient bien inoffensifs à côté de ce démon humain. Elle ne l’avait pas vu depuis le carnage dont il avait été le responsable au bal, où du moins auquel il avait contribué. Bien sûr, cela lui avait laissé le temps de remettre de l’ordre dans sa tête et de réfléchir posément, mais elle n’avait pas pris en compte le fait qu’elle doive l’affronter de nouveau. Ce dernier avait l’air d’appréhender à adresser la parole à la Serdaigle, sachant pertinemment qu’elle était sans doute au courant de ce qu’il avait fait sans le moindre scrupule. Hecate, elle, avait été figée de stupeur en découvrant ce dont il avait été capable, alors qu’elle pensait s’être trompée sur son compte. Mais finalement, c’est elle qui avait été trompée… et elle était restée impuissante. Il l’avait accompagnée tout en sachant depuis le début ce qu’il allait faire. Peut-être même qu’elle en aurait subi les frais, elle aussi… et elle, elle était tombée dans ce piège qu’il lui avait tendu. Alors que quelques minutes auparavant, elle était presque certaine d’avoir trouvé en le Serpentard quelqu’un de respectueux, de compréhensif… mais cette image n’avait demeuré dans son esprit que quelques brefs instants. Et cette attirance absurde qu’elle avait ressentie… C’était vraiment le pire. Le pire d’entre tous.

Lorsqu’il s’assit à côté d’elle, un frisson la parcourut. Peut-être une once de crainte, et elle savait désormais qu’il était capable du meilleur, mais surtout du pire. Elle explora la liste du peu de possibilités qui lui étaient offertes : elle pouvait se lever et repartir dans la direction du château, soit l’ignorer et faire comme si elle était seule. Il se lasserait sûrement… mais il y avait aussi de grandes chances qu’il ne démorde pas. Décidément, elle s’en voulait d’avoir pu être stupide au point de songer que ce n’était peut-être pas quelqu’un de mauvais. Au contraire, il avait montré que sa perfidie était sans pareille. Mais quoiqu’il en soit, le comportement qu’il avait adopté au bal était impardonnable, ses camarades de Serdaigle l’avaient pourtant mise en garde… et on lui avait raconté cette histoire qui s’était déroulée lors d’une soirée aux Trois-Balais, à ce qu’on disait, Astride Whitby l’avait suspendu par les pieds. Mais cela méritait-il une vengeance aussi cruelle ? Et puis il avait aussi tenté de mettre Alex dans le même état, alors que lui n’avait strictement rien fait. Qu’allait-il tenter, cette fois-ci ? Sûrement essaierait-il de la tromper à nouveau, profitant de la naïveté de la jeune fille, ou essaierait-il de la faire taire à propos de ce qu’elle savait ? Peu importait, dans tous les cas elle n’était pas rassurée, aussi elle garda sa baguette à proximité, veillant à ce qu’il ne la voie pas. L’arrivée du Serpentard avait définitivement brisé cette onde de sérénité qui l’avait transportée au contact de la nature… puis il mit fin au silence pour s’adresser à elle d’un ton calme. Et il avait raison, maintenant elle avait une bonne raison pour le détester. Elle laissa passer un temps et répondit finalement d’un ton qu’elle voulut le plus passif possible.

« C’est vrai. Mais j’aurai voulu m’être trompée… »

Ce qui était le plus affligeant, dans cette histoire, c’est que finalement il s’était avéré aussi dangereux qu’elle l’avait pressenti. Voire plus, elle n’aurait pas soupçonné qu’il puisse en venir à de telles extrémités. Mais le plus étrange, c’est qu’elle ressenti elle aussi ce magnétisme qu’il produisait, et en avait été victime. Sans quoi, elle n’aurait pas mis les pieds au bal, ce qui prouvait que le petit jeu du Vert et Argent avait été plus fort que la raison même de la Serdaigle. Et elle avait piétiné sa vertu par pure naïveté, alors qu’elle était réputée pour sa sagesse. Qui pouvait parler de sagesse, à présent, étant donné qu’elle avait subi ce sourire enjôleur et n’avait pas su lutter pour défendre ses convictions? Elle avait dansé avec lui et avait constaté à quel point cela était agréable, puis à compter de ce moment-là déposé les armes. C‘était ça, le pire dans cette soirée. Elle l’avait trouvée à son goût alors qu’elle aurait du rester en vigilance constante, au moment où il avait agi, elle n’avait rien pu y faire. Malgré cela, elle se souvenait de ses paroles avant le massacre ; il avait essayé de faire sorte qu’elle n’en subisse pas les dégâts, et curieusement, elle lui était reconnaissante, même si cela n’excusait rien. Après tout, il était possible que ça cela fasse partie de sa stratégie, de l’épargner… Son vice était démesuré. Elle se tourna vers lui et se décida à le dévisager, cette fois, elle le regarderait bien dans les yeux. Même si elle se sentait faillir, elle ne se laisserait pas avoir une tierce fois. Elle ne le détestait plus à présent, non il s’agissait plutôt d’une réticence mêlée de crainte. Est-ce qu’il regrettait ses actes ? Non, certainement pas. Le parc ne paraissait plus aussi tranquille qu’il l’avait été quelques minutes plus tôt, non ; une tempête se préparait.

« Qu’est-ce que tu es venu faire ici, préparer une nouvelle offensive? Il y aura des morts, la prochaine fois? Oh, et n’essaies surtout pas de me faire croire que tu es désolé. »

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Tyler accepta sans broncher l'attitude d'Hecate, qui lui montrait de façon clair et nette que sa présence n'était pas désirée. Comment aurait-il pu en être autrement, d'ailleurs ? Il se félicitait qu'elle ne soit pas partie en courant, c'était déjà un bon début qu'il ne pouvait ignorer. N'importe quelle autre fille se serait enfuie, il le savait. On le fuyait de plus en plus, ces derniers temps, ce qui ne le gênait pas plus que ça. On l'avait toujours fui, ce n'était pas nouveau. Mais si les élèves avaient toujours eu peur de lui, que ce soit consciemment ou inconsciemment, cette fois, c'était pire. Les gens n'osaient même plus le regarder, ce qui le faisait rire parfois, mais qui l'agaçait sincèrement à d'autres moments. Mais il avait toujours voulu oublier son coeur, et il y était arrivé . Etre vu comme quelqu'un d'odieux, ça ne le dérangeait pas et il s'y accommodait très bien, à côté de ça. Pourtant, il n'avait pas vraiment envie qu'Hecate le voit comme ça, ce qui pouvait paraître étonnant. Ce qui était fait était fait et ce serait le dernier à s'en excuser, mais il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il avait tout de même passé une bonne soirée, quand il était à ses côtés. Il jouait, la plupart du temps, mais, sans savoir quand exactement, à un moment, il avait arrêté de jouer. Jusqu'à apercevoir la Poufsouffle à laquelle il en voulait. A partir de là, il avait recommencé à jouer, mais il avait quand même essayé de protéger la Serdaigle. Pourquoi? Il ne le savait pas. Après tout, si elle se prenait un sort par inadvertance, où était le problème ? De toute manière il s'en fichait, il se fichait toujours de tout. Pourquoi pas là maintenant ? Mais non, il n'arrivait pas à s'y résoudre. Peut-être qu'il l'appréciait, au fond. Une grande première, Tyler Rentford apprécier quelqu'un d'autre que son groupe d'amis & les gens dont il avait besoin. & encore, ces derniers n'étaient aussi qu'un jeu, sauf pour ce qui concernait Sarah Wotton.

Et le pire, c'était que durant cette soirée, elle l'avait écoutée. Ca l'avait peut-être sauvée, même si elle s'était retrouvée au plein coeur de l'action quand même. Elle avait protégé un élève de Serdaigle que Tyler ne connaissait même pas & qu'il avait attaqué. L'avantage de la situation pour Tyler a été que la personne touchée par le sort ne fut autre que le Serpentard qu'il méprisait le plus. Un mal pour un bien, comme on dit. & quel bien ! Mais à l'heure actuelle, en repensant à cette soirée, qui finit d'ailleurs en désastre, pour les autres, Tyler ne pensait qu'à une chose : il avait déçu Hecate. Il haussa les épaules face à sa phrase plus ou moins révélatrice.

" L'avantage, c'est que tu t'y attendais sûrement. Je ne suis pas un ange et je ne l'ai jamais été. Tu n'as quand même pas cru que je me tiendrais tranquille ? "

Il n'avait pas pu s'empêcher de prononcer sa dernière phrase avec un petit sourire, comme il avait l'habitude de le faire. Non, il n'aurait pas pu passer une soirée normale. Il avait promis à la Jaune & Noire qu'il se vengerait, il l'avait fait, point final. Même si cela avait du compromettre la soirée de quelqu'un d'autre. D'ailleurs, depuis quand se préoccupait il des autres ? Il avait fait ce qu'il avait à faire, & s'il regrettait de faire peur à la Serdaigle, il ne regrettait pas ses actes, loin de là. Le Rentford plongea ses yeux dans ceux de la jeune fille. N'importe qui d'autre qui aurait eu un minimum de jugeote aurait évité de lui parler sur le ton qu'elle venait d'employer alors qu'ils étaient seuls éloignés de tout. & pourtant voilà une des seules personnes qu'il ne se serait pas permis d'attaquer. Déjà parce qu'attaquer quelqu'un qu'on a voulu protéger quelques jours auparavant était idiot, et deuxièmement parce que se battre maintenant ne lui donnait pas envie.

" Je ne suis pas désolé de ce que j'ai fait. Je suis désolé du fait que je te fasse peur. C'est tout."

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Elle regrettait déjà ses paroles. Maintenant qu’elle avait vu de quoi il était capable, le provoquer n’était certainement pas la meilleure solution. Puis elle avait beau se dissimuler derrière ce masque froid et hautain, il était évident qu’elle le craignait. Y avait-il ne serait-ce qu’un brin d’humanité en lui ? Certes, elle s’y était attendue, mais elle avait tout de même relâché sa garde. Pourquoi ? A ce stade, elle ne pouvait l’expliquer. Avoir cru en ces paroles dépourvues de sincérité s’était révélé stupide. Toute la soirée, elle avait combattu deux paradoxes, deux sentiments contradictoires, et au final, elle n’avait rien pu faire. L’humiliation qu’elle avait subie en retour, elle, était toujours présente, toujours ancrée, vive, comme une blessure entaillée dans le plus profond de sa chair. Et lui, pourquoi était-il venu ? Certainement pas pour le repos de son âme ou pour se repentir de quoi que ce soit. N’avait-il pas assez fait de mal autour de lui ? Sa présence même la tourmentait au plus haut point, elle ne savait toujours pas quelle attitude adopter. Devait-elle suivre l’exemple de ses camarades et éviter son regard quand il faisait son entrée dans une salle ? En attendant, elle était assise à côté de lui, au pied d’un arbre. Ils étaient détachés de tout, comme déconnectés de la réalité. Comme si cet incident au bal n’avait eu aucun impact, aucune importance. Lui et Naïa allaient être sanctionnés, mais elle savait bien qu’au final, peu lui importait, ce n’était pas l’interdiction de vagabonder dans Pré-au-Lard qui allait changer quoi que ce soit. Elle lisait en lui qu’il n’y avait aucun regret, qu’il aurait recommencé, si l’occasion s’était à nouveau présentée. Il y aurait de nouveau du sang, des blessés, de la douleur, de la souffrance, des cris, de larmes, ce serait peut-être même plus grave encore, cette fois-ci. Lui-même affirma qu’il n’était aucunement désolé ; mais désolé de lui avoir fait peur, pourquoi ? Décidément, elle avait de plus en plus de mal à comprendre, à moins qu’il ne s’agisse d’un nouveau jeu. Etait-il réellement mauvais au fond ? Non, elle ne pouvait plus se permettre de se laisser piéger comme elle l’avait été ; il n’était pas sincère, c’était évident. Elle l’avait toujours méprisé les types de son espèce, pourquoi cela aurait-il changé ? Sa crédulité avait déjà joué en sa défaveur, elle ne recommencerait pas. S’il essayait de l’amadouer, ce serait peine perdue. Mais pourtant… elle avait envie d’y croire. Elle refusait obstinément de le montrer ou même de l’admettre, mais cette démarche, même venant de lui, l’obligeait à apaiser sa rancœur. Même si ce n’étaient pas vraiment des excuses, elle ne put s’empêcher d’apprécier, que ce soit sincère ou non. Elle rangea toutefois sa baguette dans la poche de sa robe puis saisit une brindille qu’elle cassa en deux et jeta dans l’eau trouble du lac.

« Etait-il nécessaire d’en arriver là ? Même pour une vengeance personnelle ? »

Elle avait encore de l’espoir, elle était vraiment stupide en somme. Tant bien que mal, elle essayait toujours de se persuader qu’il n’était pas réellement mauvais. C’était peine perdue, elle le savait bien, et elle ne pouvait rien y faire. Après avoir été maintes fois roulée dans la farine, avoir vu la confiance qu’elle accordait aux autres abusée à tort et à travers, non, elle ne pouvait plus rien y faire. Sans le vouloir, c’était elle qui se retrouvait être l’instrument de sombres manigances. Elle était lasse, c’est tout. Elle ne pouvait plus croire en personne, et elle était destinée à être déçue par tout son entourage. C’était navrant, affligeant même, mais c’était ainsi, et elle payait cher le prix de sa crédulité. Comment pouvait-elle seulement le regarder ? Elle venait de le maudire, de se jurer quelques instants plus tôt qu’elle ne se laisserait plus jamais prendre, jamais. Et pourtant, elle était replongée dans ces yeux. Oh, maudits soient-ils ! Le venin faisait son effet à présent, et elle se laissait faire, lâchement, sans effectuer le moindre signe de résistance. Elle s’était engagée dans un combat dans lequel sa défaite était assurée, elle était trop faible, voilà tout. Beaucoup trop faible. Un simple David face à un Goliath titanesque, sauf qu’elle, elle n’avait aucun saint auquel se vouer. Elle interrompit toutefois son débat intérieur pour se recentrer sur cette réalité déconcertante. Le vent avait changé de direction, seul le bruissement discret du feuillage était audible à présent, comblant le silence de cet étrange tableau. Elle eut du mal à retenir la question qui lui brûlait les lèvres, la raison pour laquelle elle avait été épargnée, que cela fasse partie du plan ou non. Après tout, elle n’était qu’une Serdaigle anodine, pratiquement invisible, et il avait montré tout au long de la soirée que peu lui importait qu’un, ou deux, ou trois élèves, quels qu’ils soient subissent les séquelles d’un sort meurtrier, ou presque. Etait-ce de la pitié ? Elle ne voulait pas que l’on ressente de la pitié à son égard, surtout pas.

« Pourquoi, alors… » Murmura-t-elle tout en restant évasive.

Peut-être ne l’entendrait-il pas, ou ne saisirait pas le sens de ses mots. Ses sens en éveil, elle voulait simplement savoir. Tout simplement savoir.

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Tyler soupira. Si cette vengeance était nécessaire ? Bien sûr qu’elle l’était. Comment en aurait-il pu être autrement ? Astride Whitby avait voulu jouer. Elle avait même parié trop gros pour sa propre personne. Elle le savait quand elle avait levé sa baguette alors qu’il avait le dos tourné. Elle avait lancé son sort et il l’avait pris comme un défi. On n’humiliait pas Tyler Rentford sans en subir des conséquences à la hauteur de l’homme qu’on attaquait. Il ne savait pas ce qui avait été le plus plaisant dans cette histoire. Les sorts lancés en eux-mêmes, ou la peur qu’il avait provoquée chez la Poufsouffle et qui l’avait empêché de vivre correctement sa soirée ? En tout cas, voilà bien la seule qu’il ne regrettait pas d’avoir eu et si on lui posait la question, comme Hécate venait de le faire, si cela en valait la peine, il aurait répondu oui. Oui, ça en valait la peine. Pour ce qui s’agissait de Matthew, Tyler se surprenait à penser parfois qu’il préférait cette solution là au fait qu’Alex ait été touché. Il était vrai qu’il n’avait jamais porté Matthew dans son cœur, et la seule chose qui l’avait toujours empêché de s’en prendre à lui était la relation qu’il partageait avec Naïa. Respectant trop cette dernière pour tenter quoi que ce soit, il avait accepté ce fait et ne faisait rien qui puisse blesser ou toucher la blonde. Mais cette fois, le hasard et une mystérieuse personne en avait décidé autrement, et le Serpent avait perdu beaucoup de sang et quelques écailles dans l’affaire, ce qui n’avait gêné Tyler que pour la Rosenberg. Alors, que ça passe pour quelque chose d’horrible ou pas, il ne regrettait pas.

Le jeune homme ne répondit pas à la phrase d’Hécate, pensant qu’elle pourrait aisément traduire son silence par une réponse affirmative. S’il avait agit comme cela, il y avait une raison. Aussi stupide et incompréhensible qu’elle soit, il y avait une raison. Elle devait le comprendre. & si elle n’y arrivait vraiment pas, tant pis.

Il garda le silence, observant ce tableau bien étrange qu’ils formaient tous les deux, assis au pied de l’arbre, discutant calmement d’un sujet beaucoup trop dangereux. Ils étaient perdus loin des autres et Tyler se mit à penser qu’elle était sûrement la seule actuellement qui pourrait rester là sans s’enfuir ou reculer à petits pas. Il fallait dire qu’il n’était pas réellement quelqu’un de confiance, surtout lorsqu’on ne s’appelait pas Greg, June ou Naïa.

La question de la Serdaigle le décontenança, lui faisant reprendre conscience de ce qui l’entourait. Bien entendu, il fallait qu’elle pose cette question, c’était logique. Mais il aurait voulu qu’elle ne soit pas logique, pour une fois, qu’elle oublie ses interrogations, surtout celle-là. Car il n’avait aucune réponse. Sincère ou pas, il l’ignorait. Il se le demandait souvent, alors qu’il affrontait encore ses insomnies, allongé dans son lit, il s’interrogeait. Mais rien ne venait, pas de réponses.

« Je ne sais pas. C’est important ? »

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Pendant quelques minutes, elle resta pensive, presque rêveuse, malgré cette compagnie qu’elle jugeait plus que dangereuse. Tous deux assis sur cet Eden, éloignés de tout… Elle, l’invisible, et lui, le serpent prêt à mordre, après avoir envoyé trois jeunes élèves à l’infirmerie dans un état déplorable. Etait-ce la nature qui la rassérénait ainsi, faisant qu’elle pouvait rester de marbre face à cette présence nocive ? Elle ne savait pas. Et en fin de compte, elle prenait conscience qu’elle ne savait rien. Elle était restée en dehors des événements, avait voulu se montrer vertueuse, et au final, tout lui était retombé dessus. On lui avait prouvé bien des fois que pour son compte, mieux aurait valu être une mauvaise personne, que le vice l’emportait toujours. Et plus le temps passait, plus elle se rendait compte qu’ils vivaient dans un monde différent : d’un côté, eux, Tyler, Naïa, Greg’, et le reste de la bande des vipères ; puis elle, les invisibles qui passaient dans les couloirs sans mot dire et autres victimes de la société, ou du moins, de cette hiérarchie qui s’était instaurée dans l’école. C’était ainsi et elle n’y pouvait rien, elle n’avait pas son mot à dire, dans cette histoire. Après tout, elle n’avait pas fait partie intégrante de cette manigance, n’avait rien comploté, n’avait pas été touchée… en tant qu’élément du décor, elle devait se taire, c’était tout. Elle avait seulement le droit de trouver cette situation absurde. Et le silence qui suivit la question qu’elle avait posé avait toute sa signification : oui, bien entendu. Le fameux « œil pour œil, dent pour dent ». La vengeance qui entraînait la vengeance, et ainsi de suite. Hecate connaissait très bien Astride, et elle savait pertinemment que cette dernière ne se serait jamais permis le lancer le moindre sortilège dans le dos de quiconque sans raison valable. Même si cet emportement lui ressemblait peu, il était évident que les vipères l’avaient poussée à bout. Après tout, c’était bien ce qui insupportait la Serdaigle depuis le départ, chez eux : cet orgueil démesuré, cette prétendue supériorité, cette arrogance vaniteuse… et sans comprendre pourquoi, elle avait pourtant trouvé chez Naïa une personne plutôt sympathique, puis contre toute attente, avait oublié sa haine envers Tyler le temps d’une soirée. A présent, elle regrettait, elle aurait du conserver cette méfiance. Elle en avait pourtant discuté avec Alex… et par ailleurs, ce dernier ne saurait trop que penser de cette étrange scène. Que faisait-elle assise aux côtés de celui qui avait tenté, fort heureusement en vain, de le séparer de ses entrailles ? Par amitié envers lui, elle aurait du s’éloigner du serpent, ou du moins prendre la fuite en le voyant arriver. Pourquoi ne l’avait-elle pas fait ? D’habitude, elle avait réellement du mal à se comprendre elle-même, mais là, c’était le chaos total, ses sueurs froides allaient la reprendre. Que faisait-elle encore ici ? Etait-ce parce qu’elle était faible ? Parce qu’il avait semé le trouble en elle ? Parce qu’elle voulait comprendre ? Les trois à la fois, peut-être ? Trop de questions auxquelles elle n’était pas en mesure de répondre, et une de plus lorsqu’il refusa de l’éclaircir sur celle qu’elle venait de poser évasivement. L’abîme de son esprit devenait de plus en plus incertain. Si c’était important ? Bien sûr que ça l’était. Enfin, elle devait montrer que ce n’était par là qu’un détail anodin et refouler l’attention qu’elle portait à cette réponse. Jamais elle n’admettrait qu’elle puisse y porter un quelconque intérêt.

« Non. Ou plutôt si. Enfin, je ne sais pas. Je ne comprends pas, c’est tout. »

Et c’était vrai, la situation lui échappait. Depuis le début, elle ne contrôlait plus rien, elle était simplement victime des événements. Ou des personnes qu’elle n’arrivait même plus à détester, en fin de compte. Le Serpentard l’intriguait : qu’est-ce qu’il cherchait, finalement ? Avait-il un réel objectif ? Etait-il aussi mauvais qu’il l’avait montré ? Pourquoi agissait-il ainsi ? Elle ne comprenait même pas le sens de ses prétendues excuses, elle ne comprenait pas pourquoi il était en train de discuter avec elle sans même prendre la peine de se défendre, pourquoi il restait impassible, pourquoi même il était venu alors qu'il aurait pu prendre le soin méticuleux de l'éviter, pourquoi elle n'était pas en ce moment-même en train d'agoniser à l'infirmerie avec Astride, Nathaël et Matthew alors qu'elle aurait pu être victime potentielle en côtoyant ainsi le danger... Elle décida d’affronter son regard. Celui de Tyler Rentford, le regard qui la déstabilisait au plus haut point. C’était difficilement soutenable, mais elle devait tenir bon, au moins pour prouver qu’elle ne fuyait pas. Qu’elle ne fuirait plus.

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La Serdaigle avait toujours du mal à mettre de l'ordre dans ses pensées, ça se voyait rien qu'à sa façon de se tenir, un peu réticente mais ne sachant pas vraiment que faire. Il ne pouvait pas lui en vouloir, à sa place, il n'aurait sûrement pas su non plus à quel saint se vouer. Quoique lui ce serait sûrement mis une bonne claque pour avoir osé se laisser tomber comme ça et se décevoir de la sorte. Mais il n'était pas Hécate, et tout ce qu'elle ferait serait fait en son nom, et non en celui du Rentford, ce qui n'était pas plus mal. Ne voulant pas essayer de comprendre l'esprit de la jeune femme, bien trop compliqué pour lui, il se contenta de laisser ses yeux vagabonder à la surface du lac, laissant ses pensées dériver, le temps que la Bleue & Bronze réponde à sa question qui semblait toutefois bien anodine. Leur conversation était finalement comme ce lac. Leur relation en général était finalement comme ce lac. Elle était d'un calme relatif en apparence, comme la surface où l'on n'apercevait pas un seul remous. Oui, ces deux jeunes gens avaient l'air calmes. Vu de l'extérieur, ils discutaient près du lac, tranquilles, amicalement ? Pourquoi pas ? Après tout un oeil extérieur, s'il ne connaissait pas le Rentford - ce qui semblait toutefois peu probable après les évènements - pouvaient se dire qu'ils ressemblaient à deux amis, se parlant comme si de rien n'était. Mais si l'on s'approchait plus en détail, on pouvait voir les nombreuses failles, les nombreux tumultes qui secouaient cette conversation. Elle était emplie de non-dits, de paroles qui ne voulait pas sortir, ni d'un côté ni de l'autre. Il aurait voulu lui dire clairement qu'il ne voulait pas lui faire de mal, lui causer de tort, mais il s'en empêchait. Pourquoi pensait-il ça ? Pourquoi l'avait-il épargnée, elle, alors qu'il aurait été si facile de la détruire, comme il détruisait tout ce qui le touchait, mis à part certains êtres que consciemment ou inconsciemment il jugeait exceptionnels ? Il aurait dû s'en moquer. Après tout, elle n'était rien. Pas vraiment une de celles à qui il aurait pensé parler plus de deux fois dans sa vie, et pourtant, voilà qu'il s'excusait auprès d'elle - à sa façon - de choses qu'il ne regrettait même pas. Quant à elle, elle lui parlait, ce qui était un critère suffisant pour faire comprendre à Tyler qu'elle hésitait à statuer sur son cas. C'est pour cela que lorsqu'elle lui offrit une réponse, il mit un moment à ordonner ses pensées pour sortir des mots de sa propre bouche.

" & bien on est deux à ne pas comprendre. Il y a parfois des choses incompréhensibles. Mieux vaut ne pas essayer de se les expliquer. "

Mais cette phrase était-elle pour elle, ou pour lui ? Parce que lui aussi aurait aimé se comprendre un peu plus. Cette face de lui-même qu'il avait montré à Wotton serait-elle moins ancrée en lui qu'il ne l'aurait cru, pour qu'elle ressorte ainsi, lui faisant perdre tous ses moyens devant une personne comme Hecate ? Bien entendu, la chose était pratiquement invisible pour quiconque ne le connaissait pas parfaitement bien, mais lui le ressentait, et ça le mettait mal à l'aise. Aussi, quand elle voulut le regarder dans les yeux, pour se prouver on ne savait quoi, il fit mine de ne pas l'avoir remarqué & détourna le regard d'une façon qui se voulait la plus naturelle possible. Il manquerait plus qu'elle voit le doute dans ses yeux, le doute sur lui-même qui l'assaillait, et c'en serait fini de sa carapace. Elle était du genre à vouloir tout comprendre, et comprendre Tyler Rentford, ce n'était pas donné à tout le monde. Non pas qu'il ne le veuille pas, mais il ne le pouvait pas. C'est pour cela qu'il ne fallait pas qu'elle essaie. C'avait peut-être été une erreur, finalement, d'être venu la voir. En plus de récolter ses questionnements, il y avait ajouté les siens.

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Consciente que ses chances d’obtenir une réponde à ses trop nombreuses questions, Hecate se demanda s’il n’était pas préférable de renoncer. S’il ne valait pas mieux s’en tenir à ces préjugés, si se comporter comme le faisaient ses camarades ou s’en tenir à ses premières impressions concernant le Serpentard n’était pas plus mal. Surtout puisqu’au final, elle s’étaient avérées véridiques. Mais quant à savoir pourquoi elle avait été déçue alors qu’elle s’y était attendue depuis le début… son manque de discernement lui avait été fatal. Autre chose qui lui échappait chez lui, c’était sa passivité face aux événements, face à cette conversation qui s’aventuraient sur des terrains bien trop dangereux. Pour elle, du moins. Elle imaginait très bien que lorsque l’on portait le nom de Rentford, l’on pouvait tout se permettre. Et notamment de fuir toute situation inconfortable, étant donné qu’il venait de détourner le regard pour elle ne savait quelle raison. Il était loin d’être aisé de lire en ses gestes, et encore plus lorsqu’il s’agissait de lire dans ses pensées. Aussi Hecate ne put que se satisfaire en songeant qu’elle s’était trompée, qu’il n’y avait pas plus qu’une mauvaise personne chez ce Serpent et qu’elle avait eu raison depuis le départ en s’en méfiant. Alors pourquoi est-ce qu’elle restait là, à se dévoiler contre son gré, à discuter comme si de rien était alors qu’elle ne croyait pas un mot de ses prétendues excuses ? Pour lui, tout l’indifférait, c’était donc facile. Mais elle n’était pas aussi solide, elle craignait de faillir à tout moment et il l’avait bien compris. Enfin, elle supposait, avec ce genre d’individu elle ne pouvait qu’émettre des suppositions. Tous deux se masquaient derrière des apparences, des faux-semblants, au lieu de dire ce qu’ils pensaient réellement. Et au final, c’était mieux ainsi, étant donné qu’elle ne ressentait pas la moindre envie de lui confier quoi que ce soit. Il était une des vipères de la pire espèce et elle devait se faire à cette idée. Elle devait bien prendre conscience que son désir de tout élucider, de tout comprendre, risquait de lui porter préjudice ; elle devait se faire à l’idée qu’il était mieux de rester à l’écart de certaines choses au lieu de vouloir en saisir le sens, auquel cas elle s’exposait de violentes représailles comme celles auxquelles elle avait assisté. Représailles auxquelles elle avait eu bien de la chance d’échapper. Mais elle était loin d’être à l’abri de quoi que ce soit, étant donné qu’elle prenait des risques en restant ici. Si elle avait agi comme ses camarades de Serdaigle, elle serait actuellement dans la salle commune en train de médire sur son vice, pas en train de débattre sur des actes abominables. Elle en avait déjà parlé avec Alex et remettre ce sujet sur le plateau était la chose la plus stupide et incompréhensible qu’elle avait pu faire, au lieu de s’être écartée de ce qu’elle jugeait comme nuisible. Quand elle l’entendit dire qu’il y avait certaines choses qu’il ne comprenait pas, elle sourcilla. C’était pourtant lui qui était l’élément déclencheur de tout cela…

Finalement, c’était lui qui avait raison, il valait mieux éviter de comprendre certaines choses, certaines énigmes étaient faites pour rester mystérieuses. Mais sa curiosité trop attisée pour être éteinte, elle put que continuer à tenter d'élucider ces éléments obscurs.

« Pourquoi ces « excuses », dans ce cas ? »

Elle ne savait pas pourquoi elle persistait, au lieu de chercher à oublier cette histoire, elle en remuait le fond, certainement en vain. Peut-être dans l’espoir d’éclaircir ses troubles intérieurs, de comprendre le sens de cette présence qui n’était sûrement pas due à un quelconque sentiment de culpabilité. Peut-être y avait-il un réel objectif derrière tout cela, peut-être le but de cette manigance était qu’elle se laisse piéger une nouvelle fois, sans même qu’elle ne voie le mal arriver… autrement, qu’aurait-il pu en être ? C'était comme chercher une baguette dans le lac noir, impossible d'en distinguer le fond ou de sentir le danger survenir. A présent, elle ne savait plus à quoi s'en tenir. Le fait était que tout cela la dépassait et qu'elle n'était plus capable de maîtriser la situation.

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Tyler savait qu'Hecate se posait des questions. Elle s'en posait toujours et s'il ne la connaissait pas plus que cela, c'était quelque chose qu'il avait remarqué chez elle. C'était peut-être une habitude des Serdaigle, non ? A toujours vouloir tout comprendre, tout savoir, tout analyser. Mais personne ne pouvait l'analyser lui. Personne ne le comprenait, et ça comptait aussi pour lui. Il était quelqu"un de paradoxal. Tellement paradoxal qu'il ne se comprenait pas non plus lui-même. Il ne savait pas pourquoi certaines fois il était d'une certaine façon, et pourquoi d'autres fois il "ressentait". Beaucoup au château parlaient. Tyler Rentford n'avait pas de coeur. Il n'était sûrement même pas humain. C'était faux. Du moins, malheureusement pour lui et pour tout ce qu'il aurait aimé, il était humain, et parfois, son humanité ressortait, chose qui ne lui arrivait pas souvent certes, mais qui lui arrivait quand même. Et ce qu'il supportait encore moins que d'avouer certaines de ses faiblesses, c'était que quelqu'un d'autre en soit témoin. Même si cette personne ne le savait pas, n'en avait pas vraiment conscience. Oui, il avait fait quelque chose que n'importe qui d'autre que lui considérait d'horrible. Oui il aurait dû s'en mordre les doigts, regretter ces actes immondes. Mais pour lui, ç'avait toujours été normal. La vengeance était normale. L'horreur aussi. Il était né comme cela. Il s'était formé comme cela. A quoi servirait-il de regretter l'homme qu'il était devenu, cet homme même qui avait une ambition démesuré et qui était protégé, la plupart du temps, des sentiments que les autres ressentaient ? Alors non, il ne regrettait pas son geste, qui l'aurait mené à regretter ce qu'il était. Il regrettait seulement qu'Hecate y ait été mêlé, sans en comprendre non plus exactement la raison. Et s'il ne pouvait pas se l'expliquer, comment espérait-elle que le Serpent le lui explique ? Il valait peut-être beaucoup mieux pour eux deux qu'elle se contente de le haïr, sans chercher à comprendre ce qui l'avait poussé à la préserver du potentiel danger qu'elle avait couru au bal, sans chercher à comprendre les excuses qu'il lui avait faites quelques minutes auparavant.

La dernière question de l'Aiglonne le fit sortir de ses pensées, et c'est donc brusquement qu'il se leva. Il n'avait aucune explication à lui donner. C'était ridicule d'être allé la voir.

" Je n'en sais rien. J'aurais pas dû venir. Je te laisse à tes pensées, sois sûre que je ne viendrais plus les déranger."

C'est donc sur ses paroles, qu'il tourna les talons. C'était un acte stupide que d'être allée vers elle. En plus de l'avoir perdue encore plus, il s'était perdu lui-même. Voilà quelque chose dont Tyler Rentford n'était pas fier. Mais ce qui était rassurant était qu'ils pourraient peut-être ainsi continuer leur vie normalement. Elle en le détestant plus que de raison. Lui en l'ignorant comme il aurait dû le faire dès le début. Après tout, elle-même s'imaginait faire partie du décor.

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Cette brise agréable, cette fraicheur naturelle, cet air épuré qu’Hecate avait humé en arrivant dans le Parc semblaient soudainement avoir disparu. Comme si la présence du Serpentard avait influé sur la sérénité qu’offrait l’endroit… impossible de déterminer l’ambiance qui y régnait à présent. Une atmosphère de tension mêlée au silence de la nature. Des réponses qui manquaient, encore et toujours. Pourquoi n’arrivait-elle pas à lire en lui ? Au final, ce n’était plus ce qu’il avait fait qui importait. Y avait-il quoi que ce soit en lui qui aurait pu prouver qu’il était différent de l’image qu’il voulait donner ? Elle savait qu’au final, elle n’aurait certainement jamais l’opportunité de le découvrir. Ils appartenaient à deux monde différents, et tenter d’y percer une brèche serait inutile, elle le savait pertinemment. Elle ne pouvait pas lui reprocher de fuir ses questions alors qu’elle-même fuyait sans arrêt la réalité… le fait était qu’il l’avait troublée et qu’elle ne comprenait toujours pas pourquoi. Comprendre… voilà une chose à laquelle elle ferait bien de renoncer. Il n’était visiblement pas disposé à lui donner plus de renseignements qu’elle ne devait en posséder, il valait peut-être qu’elle arrête de vouloir en savoir plus, toujours plus. Alors qu’il se levait, la Serdaigle sentit les mots se bousculer dans sa gorge, quelques bribes informulées qu’elle ne prononcerait pas. Que pouvait-elle y faire de toute manière ? Le retenir ? Ce serait inutile et elle le savait bien. Puis pourquoi le ferait-elle ? Espérait-elle qu'il resterait ? Cela ne lui apporterait rien de toute manière. Une fois qu’il serait parti, chacun d’eux retrouverait leur monde, tel qu’ils l’avaient laissé avant de venir. Elle continuerait de faire comme elle avait fait jusque là, comme ses camarades de Serdaigle le lui avaient conseillé : mépriser les gens de son espèce, et qu’importait si ce n’était qu’un rôle qu’il se donnait. Astride lui dirait certainement qu’elle avait eu tort de pouvoir espérer quoi que ce soit de quelqu’un comme Tyler, elle aurait probablement raison. Un cruel manque de sagesse, un comble lorsque l’on appartenait à la maison de Rowena, restait à espérer que cela n’arrive plus à l’avenir et qu’elle tire un enseignement de ses erreurs. Et lui ? Que deviendrait-il ? Et pourquoi s’en souciait-elle ? Auraient-ils de nouveau l’occasion de se parler ? Certainement pas, songea la Serdaigle. Tandis qu’il s’éloignait, elle se demanda s’il était réellement ce qu’il prétendait être, s’il était réellement ce démon humain que les élèves préféraient éviter, pour leur propre sécurité. Peut-être y avait-il une parcelle d’humanité en lui… mais elle n’aurait pas l’opportunité de découvrir si c’était le cas. Elle regrettait à présent de s’être autant ouverte, d’ordinaire, elle préférait garder sa carapace close, et moins elle laissait entrevoir de faille, mieux c’était ; et en l’occurrence, elle avait cumulé les erreurs, ce qui avait mis ses faiblesses en évidence. Elle avait perdu, et son honneur avait été bien trop entaché pour qu’elle le souille une fois de plus en s’évertuant à comprendre ce qu’elle ne pouvait pas comprendre. Désormais, en même temps qu’il quittait les lieux, il semblait à la Serdaigle que le temps s’était brusquement refroidi. L’air serein du parc s’apparentait maintenant à un vent frais d’hiver et la quiétude qu’offrait la nature avait laissé place à l’obscurité de la nuit qui commençait à tomber. Soupirant, la Serdaigle entreprit de lacer soigneusement ses chaussures et se leva à son tour, afin de gagner la Grande Salle dans laquelle le repas avait déjà du commencer. Elle retrouverait sa table, ses camarades, on lui demanderait ce qu’elle avait fait de son après-midi et elle se contenterait de dire qu’elle l’avait passé dans la bibliothèque, c’était mieux ainsi. Elle éviterait de regarder vers l’assemblée des Serpents et n’aurait plus qu’à oublier et à retourner à ses angoisses habituelles, ce serait tellement plus simple. Après tout, cette conversation ne lui avait rien apporté, mais au moins, elle savait à quoi s’en tenir. Puis il s’était excusé, même si elle ne comprenait pas dans quel but il l’avait fait.

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