Pour se gratter il faut des ongles, et pour gratter, une guitare.

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Lucas et Swithin
Pour se gratter il faut des ongles, et pour gratter, une guitare.

La journée avait été mauvaise, c'était certain. On aurait dit que le sort s'était acharné contre Swithin. Dès qu'un problème semblait réglé, hop, un autre avait fait son apparition, comme par... Magie. Si le jeune homme avait su ce qui l'attendait en sortant de son lit, il y a fort à parier qu'il se serait fait passer pour malade pour rester dans ce dernier. Oui, il y avait des journées où tout allait de travers. Ce qui était déprimant, en plus de devoir subir à longueur de temps des choses démoralisantes, c'était que l'année venait à peine de commencer, et elle s'annonçait déjà mal. Bien sûr, il s'agissait seulement d'une mauvaise passe, mais Swithin ne pouvait s'empêcher de penser que le reste de l'année allait finir comme dans le cas présent ; ennuis, coups de gueule et irritation perpétuelle.
Tout avait commencé le matin même. Non, plutôt la veille, en fait ; Swithin s'était disputé avec ses camarades de dortoir, chose qui n'arrivait que très peu -si ce n'était pas pour dire jamais-, à propos d'une raison très futile, si futile qu'il ne savait même plus pourquoi, peut-être à cause d'une fille, ou n'importe quelle raison valable pour des ados de dix-sept ans, mais là n'est pas la question. De plus, ces mêmes camarades, sûrement encore un peu rancuniers de la dispute qui n'avait pas été des moindres de la veille, avaient jugé bon de laisser dormir Swithin encore un peu, juste le temps qu'il lui fallait pour se préparer avant d'aller en cours.
Le garçon s'était donc réveillé du pied gauche, s'était préparé en toute hâte, avait pris une douche en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, avait enfilé son uniforme si rapidement qu'on aurait pu penser qu'il avait dormi avec, et avait foncé dans la Grande Salle pour y tenter d'engloutir quelques chose pour tenir le reste de la journée tout en essayant d'améliorer son piètre état. Ayant plus ou moins rattrapé son retard, Swithin ne s'était pas formalisé sur ce coup. Mais voilà, le sort ne semblait pas décidé à le laisser tranquille ; l'arrivée des hiboux dans la grande salle ne se fit pas passer inaperçue lorsqu'un hibou grand duc lui balança une enveloppe... En plein dans son porridge. Ce même porridge avait éclaboussé partout autour de lui, salissant la table, et tâchant son uniforme qu'il avait réussi à remettre dans un état à peu près normal. Puis, après avoir "réparé les dégâts", Swithin avait lu le contenu de l'enveloppe : Elle était écrite de la main de ses parents et annonçait la mort d'une de ses grands-tantes. Il ne la connaissait pas vraiment, et ce n'était pas tant sa mort qui l'affligea, mais plutôt le fait que les dates de son enterrement tombent pendant les vacances, la semaine où lui et ses parents étaient censés passer une semaine en France.
Ensuite, rien que la vue de son emploi du temps du jour n'avait pas amélioré son état, et l'avait même empiré ; double cours de botanique, et double cours de potion pour vous faire grâce des autres matières. En cours de potion, Swithin se vit gratifié d'un joli D pour un devoir sur lequel il avait passé des heures entières, et la botanique lui apporta un T supplémentaire, puisque de mauvaises manipulations réalisées à la suite avaient totalement détruit la plante qu'il était censé soigner, et avaient réduit en charpie par la même occasion celle de ses voisins.
Le reste de la journée se passa de la même façon : étant passablement irrité, il ne put s'empêcher d'être désagréable sans forcément le vouloir avec n'importe qui lui adressait la parole, n'importe qui respirait un peu trop fort ou n'importe qui faisant la moindre chose de trop.

Cette journée l'avait épuisé, tellement épuisé que, remonté dans la salle commune de Serdaigle, il balança ses affaires sur son lit et ne put ouvrir le moindre livre ou le moindre rouleau de parchemin. Il n'en avait pas envie, non, c'était encore un moyen supplémentaire pour se prendre la tête dans des explications peu claires. Faire ses devoirs, c'était pareil. Il fallait quelque chose qui puisse le détende. Swithin réfléchit ; il aimait lire, mais là, il n'en avait pas envie. Il aimait sa guitare, aussi, mais s'il se mettait à jouer dans le dortoir, il y avait fort à parier qu'il s'attire les foudres de ceux qui souhaitaient avoir la tête au calme. Puis il regarda le parc. Étant quand même en début d'année, il faisait un peu frisquet en soirée, suffisamment pour empêcher quelques élèves de sortir mais pas assez pour se couvrir comme en hiver.
C'était décidé. Swithin empoigna sa guitare et se dirigea rapidement vers le parc, ignorant les regards inquisiteurs de ceux qui n'avaient jamais vu le jeune homme aller jouer dans un endroit tel que le parc. Sorti du Château, il fut surpris par la douceur du temps. Le vent, contrairement à ce qu'il avait pensé, était très doux, et la température ambiante ne devait pas être en dessous de vingt degrés. C'était très agréable, à vrai dire.

Swithin chercha des yeux un endroit du parc un peu isolé afin que personne ne l'entende, mais surtout, afin de ne voir personne. Au bout d'un petit moment à marcher dans le parc, il trouva un emplacement bien isolé du reste, bordé par plusieurs arbres et avec une vue sur le lac. S'asseyant contre le tronc de ce qu'il croyait être un chêne, le garçon étendit ses jambes et gratta quelques cordes de sa guitare. Elle sonnait faux. Après l'avoir accordée rapidement, il pinça à nouveau quelques cordes, déjà timidement, n'aimant pas du tout jouer "en public". Puis, au bout de quelques notes sorties de l'instrument, il prit de l'assurance et joua un peu plus rapidement, et de façon beaucoup moins brouillonne.
Oui, Swithin était formel sur ce point : il n'avait pas besoin de magie pour se détendre, lui. Juste de six cordes.

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Lucas s'était levé d'un bon pied, il pensait que cette journée serait admirable. Des fois, il avait cette impression dès son levé, ce qui ne s'avérait pas toujours juste, mais au moins cela lui donnait une bonne humeur imparable l'espace de quelques temps. Il ne s'était pas levé en retard, sa douche s'était bien passée et il avait même pu prendre quelques minutes pour tenter de coiffer ses cheveux -bien qu'il savait pertinemment que ça ne tiendrait pas la journée, mais il avait eu envie de re tenter-. Et pour montrer qu'aujourd'hui semblait exceptionnel, il ne releva pas quand une première année farceuse avait préparé un coup foireux pour lui faire perdre l'équilibre, lui faire un croche patte, et inutile de préciser qu'il avait réussit, n'est ce pas ? Même pas un regard de haine ou encore une parole déplacée, rien, nada.

"Bien tenté !" avait-il lâché en riant.

Il s'était faufilé vers la grande salle tranquillement, prenant son temps. De plus, il avait une heure de libre, ce matin, chose qui n'était possible que le jeudi, au vu de son planning over-booked dès la première heure. Et pourtant, il n'était qu'en sixième année, ce n'est pas comme si il avait ses aspics. Ni ses B.U.S.E puisqu'elles étaient déjà passées, avec plus ou moins brio. Sauf en astronomie, car il avait beau aimer les constellations et aller à la tour d'Astronomie pour se vider la tête, ça ne voulait pas dire que la matière était de ce fait adorée et écoutée.
Tout ça pour en revenir aux faits, le jeune homme était donc en train de déjeuné, avec sa meilleure amie. Et une fois le petit déjeuné terminé, ils allèrent se promener en discutant de tout et de rien, comme d'habitude. Mais une fois l'heure vue, ils se rendirent compte qu'ils seraient même en retard. Ils étaient en train d'halluciner tout en courant, et c'est essoufflés qu'ils arrivèrent au moment ou le dernier élève était en train de rentrer dans la classe. Poussant un soupir de soulagement, ils s'assirent et écoutèrent le cours tranquillement, tout comme le reste de la matinée. Rien de bien notable à noter durant le reste de la journée, d'ailleurs. Sauf à la fin de la journée, ou il tomba sur son ami le poufsouffle, mais tout ce qu'ils firent c'était se disputer. Et Lucas, énervé, voulu partir se réfugier à la tour d'astronomie, comme il avait l'habitude de le faire à la moindre émotion. Malheureusement, déjà sur la route il trouva qu'il y avait beaucoup de monde à comparé de d'habitude, et ses soupçons se confirmèrent une fois arrivé là haut : Quelqu'un avait du donner rendez-vous à pas mal de ses amis, parce que c'était pas bondé, mais presque. Pestant, il repartit et monta, dans l'idée d'aller dans sa salle commune. Une fois arrivé là bas, il monta dans la chambre des garçons, se posa sur son lit, bras sous la tête, regardant le plafond et étant perdu dans ses pensées. Le seul truc qu'il n'avait pas prévu, visiblement, c'était que ses compagnons de chambre décide de jouer à action ou vérité version sorcier, version beaucoup plus trash. Chose à laquelle il n'avait actuellement pas envie de jouer, de plus. Cherchant vite fait mentalement où est-ce qu'il pourrait aller pour se vider l'esprit, il se leva et marcha, presque errant dans les couloirs du château. Ce n'est qu'une fois arrivé devant la grande porte, dans le hall, qu'il était finalement pas plus mal d'aller prendre l'air. Avec ce temps, il pensait bien qu'il n'y aurait pas trop de monde dehors, si ce n'est les plus téméraires, et donc qu'il y serait tranquille. Une fois sortit, la plus grande surprise fût le temps, il faisait finalement beaucoup plus chaud que ce qu'il aurait pu penser. Tant pis, ni une, ni deux, le blondinet chercha un endroit tranquille. L'endroit qu'il connaissait était plus ou moins caché, et il n'y avait jamais un chat. Se dirigeant vers, il entendit un son de guitare. Soufflant, désespéré, surtout que ça n'avait pas l'air fameux en premier lieu, hésitant même aurait-il dit. Et au moment ou il allait partir, énervé de ne trouver un endroit tranquille, le son se fit plus mélodieux, beaucoup plus agréable, beaucoup plus pro, beaucoup plus reposant. La personne semblait se lâcher, il ne la voyait pas puisqu'elle était accolée au tronc de l'arbre derrière lequel Lucas était. Une fois la chanson finit, il plissa ses yeux. Partir et laisser la personne tranquille puisqu'elle semblait vouloir l'être ? Ou alors aller la féliciter, car lui, un petit amoureux de la musique et des guitares -bien qu'il ne savait en jouer- ? Se grattant la tête, il décida d'aller la voir, avant qu'une nouvelle chanson débute, pour ne pas l'embêter trop longtemps. Un temps, il fut tenter d'aller s'appuyé sur l'arbre, avec une bonne humeur naturelle et de crier "BOUH". Mais il ne connaissait surement pas la personne derrière, et cela aurait pu être mal apprécié. Et si c'était un Serpentard, il se ferait surement bien recevoir aussi, mais il tenta. Avançant doucement et fit une moue timide.

"Tu joues admirablement bien !" lacha t-il tout en marchant toujours, plus émerveillé qu'il n'aurait pu le croire.

Il fût presque surpris de voir un garçon derrière ce tronc, et un Serdaigle qui plus ai. Sa tête lui disait vaguement quelque chose, mais c'était possible de l'avoir croisé dans les couloirs, n'est-ce pas ?

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Swithin ne pensait plus à rien. Il était dans sa bulle, il était dans son monde. Il n'y avait plus rien autour de lui. Plus d'arbres, plus de parc, plus de lac, plus d'élèves... Plus de soucis. Rien que lui, sa guitare, rien que ses doigts qui pinçaient les cordes métalliques, rien que ses mains qui se déplaçaient sur le bois verni, rien que le son peut-être un peu trop triste qui émanait de l'instrument. Rien, en cet instant, n'aurait pu le sortir de l'état de "quasi-transe" dans lequel il s'était plongé, sauf si bien sûr on se mettait à le secouer dans tous les sens, mais, les gens normaux, à moins d'un cas d'extrême urgence ne se mettent pas faire ce genre de chose, alors peu importe. Swithin était juste là, au pied de son arbre, sa guitare dans les mains, et c'était tout. Cela lui faisait oublier jusqu'au plus infime de ses problèmes. Il était bien, tout simplement.
Sûrement TROP bien, puisqu'il avait fallu que le sort, qui n'avait de cesse de s'acharner contre lui depuis ce matin, poursuive le but qu'il s'était fixé, à savoir l'embêter -pour rester poli- jusqu'à ce qu'il se mette au lit, pour s'attaquer à quelqu'un d'autre le jour suivant. Il fallait croire qu'en ce jour, demander un peu de paix était bien extravagant.

Soit. Puisqu'il fallait qu'il affronte la menace, il le ferait. Mais pas maintenant. D'abord il finissait son morceau. Il avait duré somme toute assez longtemps, suffisamment longtemps en tout cas pour que le jeune homme oublie qu'il était dans un parc, et donc que de potentiels êtres humains pouvaient l'entendre, chose qui ne l'effleurait même plus. Il avait l'impression que cela faisait une éternité qu'il jouait, et la vibration des dernières cordes sembla durer infiniment, comme si les notes qui sortaient de la guitare restaient suspendues dans les airs, accrochées aux feuilles des arbres qui bordaient le petit coin tranquille dans lequel il s'était installé. C'était comme si le parc lui-même avait retenu sa respiration, c'était comme si tous les bruits de la nature s'étaient tus pour l'écouter, c'était comme si la nature peinait à retrouver son souffle après la dernière note de musique. C'était beau. C'était presque irréel.
La réalité devait se situer bien en dessous de tout cela, mais c'était de cette façon que Swithin la vivait. Elle était beaucoup plus magique que tout ce qu'on pouvait lui enseigner à Poudlard, et c'était de cette façon là qu'il l'aimait.

Seulement, un voix masculine le tira de sa rêverie, cassa aussi sec la bulle qu'il s'était forgée, rompit le contact avec la féerie du lieu et le ramena à terre aussi vite qu'il avait décollé. Et pour ça, bien sûr, il ne pouvait que lui en vouloir. Pour qui se prenait-il pour l'interrompre dans un tel moment ? De une, couper un musicien dans son exercice était une chose affreusement désagréable, de deux, se voir tirer de ses pensées était également quelque chose de déplaisant et de trois, Swithin n'allait plus se sentir à l'aise ici, et n'allait sûrement pas se remettre à jouer dans un parc de sitôt, aussi peu peuplé soit-il. Bien sûr, le garçon qui le dérangeait n'avait pas dû penser à mal, et n'avait pas dû avoir l'intention de le frustrer mais il en était ainsi. S'il s'était installé dans un coin aussi reculé, il coulait de source qu'il aspirait à être tranquille ! Et, au lieu de ça, on venait le déranger pile au moment où il ne fallait pas. Finalement, Swithin aurait pu se mettre en plein milieu du parc que cela n'aurait fait aucune différence.
A lui tout seul, il avait réussi l'improbable. Il avait réussi à remettre le jeune homme de mauvais poil, alors qu'il commençait juste à se détendre, à apprécier l'atmosphère, à se sentir terriblement bien. Mais non, on venait l'aborder pour on ne sait quelle raison, pour lui dire on ne sait quoi.

- Tu joues admirablement bien !

Ah. Et c'était... Tout ? Briser autant de magie pour ça ? Oui, et alors ? Il aurait très bien pu lui dire après qu'il eut fini, ou même mieux, ne rien lui dire du tout ! Ça lui faisait une belle jambe, franchement. Il allait mieux dormir cette nuit, à n'en pas douter. Maintenant, tout ce qu'il avait réussi à faire, c'était de mettre Swithin mal à l'aise. Quand quelqu'un que vous ne connaissez pas vient vous faire un compliment alors que vous ne jouez que pour vous et pour vous seul, il y a de quoi être intimidé. Mais, visiblement, c'était ce que le garçon qui était venu lui parler n'avait pas dû saisir. Le tact, ça s'appelait. Le garçon semblait en être démuni.
Swithin en profita pour le détailler : Son visage était loin de lui être inconnu. Il fallait dire que Poudlard n'était pas une si grosse école que ça, et, de plus, cela faisait plusieurs années qu'il le croisait. Il devait à vue de nez avoir plus ou moins le même âge que lui, mais Swithin ne put déterminer avec précision son année de scolarité (et, à vrai dire, il n'en avait rien à faire). Tout comme lui, il était blond, mais d'un blond beaucoup plus... Blé. C'est le premier adjectif qui vient en tête au jeune homme. Son visage semblait aussi respirer la joie de vivre, mais, après tout, peut-être s'agissait-il seulement d'une impression.
La logique aurait voulu que le musicien aille envoyer le blond voir ailleurs s'il y était, puisqu'il l'importunait. Mais non, Swithin ne le fit pas. Non qu'il n'eut aucune logique, mais c'était simplement que le garçon venait de lui faire un compliment. Et même s'il était un peu maladroit, le Serdaigle ne pouvait tout de même pas le remballer après ça. Alors, au lieu de l'envoyer paître, il lui dit simplement :

- Merci.

Seulement, son crime ne devait pas rester impuni. Il fallait lui faire comprendre, d'une manière ou d'une autre, qu'il était... Dérangeant. Cela sans pour autant être trop direct ni blessant. Il ajouta donc, avec la même impassibilité avec laquelle il l'avait remercié :

- D'habitude, je ne joue pas en plein air. Juste pour moi.

...Ou comment tenter de lui faire comprendre que sa présence n'était pas forcément appréciée.

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Lucas était pourtant du genre à se poser pas mal de questions avant d'agir, de réfléchir, d'analyser, de voir un peu ce qui se passait plutôt que de foncer dans le lard tel qu'il venait de le faire. Or, là, le tact n'y était pas et il se sentit mal tout de suite après sa phrase. Il n'avait jamais était musicien, ni un fana de musique. Il aimait bien, ça le calmait, il aimait les sonorités d'une guitare, c'était sur, c'était obligatoire, ça, il le savait. Ce qu'il ne savait pas en revanche c'était que déranger quelqu'un dans ce genre de transe pouvait s'avérer plus que mauvais en fin de compte. Enfin, il n'y avait pas pensé directement. Mais en y songeons d'un peu plus près, aimait-il qu'on le dérange quand il était en pleine partie d'échec ? Non. C'était un peu un échappatoire, et cela devait en être de même pour le Serdaigle et sa guitare. Plissant les yeux, le blondinet retint de se taper la tête le temps d'un instant. Il ne savait pas quoi faire, quoi dire. S'excuser ? Cela ne serait-il pas léger, au vu de ce que devait ressentir l'autre blond ?
Vous connaissez un petit peu la sensation de vouloir être une petite souris ? Et bien, c'était sans aucun doute ce que ressentais le Gryffondor en cet instant. Il était dans un monde magique, et il ne pouvait remonter le temps. Ou du moins, il n'avait actuellement pas l'outil pour, car un remonteur de temps, ce n'est pas à tous les coins de rues qu'on en trouve un. Quand LeJeuneHommeSansPrénom le remercia, il tenta un petit sourire. Un sourire gêné, sans doute, mais un sourire. De toute façon, il était rare de voir Lucas autrement qu'avec un sourire coller sur son visage. Sourire désolé, sourire gêné, sourire amusé, sourire conquis, sourire adorable, sourire moqueur, sourire blessé, il y avait de tout, histoire de plaire à tout le monde. C'était rare de le voir désabusé, de le voir perdre ses moyens. Ses sourires, c'était sa carapace. C'était pour ne pas montrer ses sentiments réels, ou du moins les montrer avec modération, les montrer avec contrôle. Il ne comprenait pas pourquoi le blond ne l'avait pas envoyé paitre. Un froncement de sourcil imperceptible avait accompagné sa main dans ses cheveux. L’incompréhension se lisait sur son visage. Peut-être que finalement, il ne l'avait pas embêté ? Peut-être qu'en faite, il allait partir, il avait finit, il n'était pas dedans ? Ou alors était-il trop gentil et avait plus de tact que le Gryffondor ? Cependant, les deux phrases suivantes finirent de le convaincre qu'il ne s'était pas trompé et qu'il avait bel et bien dérangé ce musicien.

"Je m'excuse."

Trois mots. Trois mots qui ne devait pas suffire à réparer sa faute, bien qu'il n'y avait pas mort d'homme. Trois mots qui étaient, malgré tout ce qu'on pourrait croire, sortit sans le vouloir, en automatisme. S'excuser tout le temps était quelque chose qui faisait de lui ce qu'il était, et qui, la plupart du temps, exaspéré à long terme. Mais on ne change pas qui on est, n'est ce pas ?

"Si je puis me permettre..."

Il coupa sa phrase quelque temps, parce que si ça se trouvait, il ne pouvait pas se permettre. Et puis, de toute façon, perdu pour perdu, il pouvait bien tenter deux trois trucs. Ca ne le ferait pas s'excuser, ni pardonner, ni quoi que se soit et finirait même peut-être par agacer le jeune homme et qu'il finirait par mal, mais comme on dit, qui ne tente rien... N'a rien.

"Tu devrais pas te cacher pour jouer... Tu joues tellement bien, ce n'est pas donné à tout le monde."

Il secoua la tête, navré d'enfoncer le clou. Il ne comprenait pas : Normalement, il réfléchissait avant de parler et ne regrettait donc pas, par conséquent ce qu'il pouvait dire. Sauf que là, il regrettait de s'enfoncer encore plus, d'embêter et de même surement agacé le jeune homme accoler contre le tronc d'arbre.

"Enfin je veux dire... Je peux pas t'écouter, si je me manifeste plus ? Derrière, loin, tu ne sauras même pas que j'existe."

Mentalement, il était en train de se flageoler. Comment pouvait-il être si atroce, si... Il n'y avait pas de mots, il n'avait peut-être pas une grande passion, ce qui faisait qu'il ne comprenait peut-être même pas ce que l'autre blondinet pouvait ressentir,, mais ça n'empêchait qu'il pouvait comprendre aisément qu'il était en train de lui pourrir son moment de détente.

"Euh je... En faite, laisse tomber tout ce que je viens de dire. Je crois que je vais plutôt filer..."

Joignant le geste à la parole, après avoir pointé son pouce droit par dessus son épaule, suivait la trajectoire de son regard, il fit une petit moue.

"Je suis désolé. Vraiment."

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