La rentrée n'était qu'un grand plaisir. Il n'y avait que des bonnes nouvelles, Avril ne pouvait qu'avoir le sourire aux lèvres. Alors oui, bien sûr, son premier jour avait été épuisant. Il faut dire que ranger cinq cartons de trente livres chacun n'était pas des plus agréables. La bibliothèque était tout de même immense, aussi, passer d'un rayon à un autre pouvait durer, rien qu'en lui-même, dix bonnes minutes. Mais bon, mis à part ce détail, elle ne pouvait qu'être heureuse. Ses horaires de travail étaient relativement agréables, Alistair était revenu à Poudlard et, surtout, McGonagall avait repris la direction du château. Rien que cette dernière nouvelle était de quoi faire la fête. Avril était fière de la voir arpenter les couloirs, fière de la savoir présente, fière de retrouver les sourires sur les visages des élèves, des professeurs et des fantômes. Cette femme avait tout pour redonner la joie dans le château. Les nés-moldus ne seront plus persécutés, les punitions ne seront plus aussi sévères, la vie au château sera plus agréable.

Elle chantait, ou, du moins, fredonnait. Elle avait toujours aimé chanter. Malheureusement pour elle, le chant n'était pas sa plus grande qualité. Elle ne chantait pas juste, loin de là. Mais bon, lorsqu'elle fredonnait à la bibliothèque, c'était surtout pour elle. Il n'y avait qu'elle qui l'entendait et c'était surtout pour que le temps passe plus rapidement. Rangeant les étagères situées derrière son bureau, Avril tournait le dos au reste de la pièce. Elle avait décidé de mettre de l'ordre dans son étagère, l'endroit où elle plaçait les livres qu'elle mettait de côté pour elle ou pour d'autres personnes, les feuilles de brouillon, les différentes plumes et encres ainsi que les fiches d'emprunts des différents élèves (une fiche par élève, chaque fiche étant rangée par ordre alphabétique par maison). C'est dans ces dernières qu'elle souhaitait faire un tri. Elle devait enlever toutes les fiches des élèves partis de Poudlard à partir de la liste des noms qu'elle venait de recevoir, qu'il s'agisse des anciens septièmes années ou des élèves qui avaient subi des déménagements. Un peu d'ordre dans tout cela ne ferait pas de mal. En plus, elle savait pertinemment qu'elle devrait rajouter de nouvelles fiches, qu'il s'agisse des premières années ou d'élèves qui empruntent pour la première fois. Son étagère était rangée de sorte qu'un côté indiquait les élèves en règles (ayant donc rendu tous les bouquins empruntés) et que l'autre contenait les élèves possédant encore un livre de la bibliothèque. Tous les jours, la jeune cracmole vérifiait les dates limites indiquées sur les fiches. Si certains élèves avaient dépassé cette date, elle leur écrivait une missive leur rappelant qu'ils possédaient un livre qu'ils devaient absolument rendre, histoire que d'autres élèves puissent l'emprunter à leur tour.

Une voix tira Avril de ses rêveries. Un sourire se dessina doucement sur ses lèvres et c'est avec plaisir qu'elle se retourna. Elle n'avait pas vu Rickem depuis la croisière, ce petit gars qu'elle aimait materner. « Je comptais justement en chercher un aujourd'hui ! Donc non, effectivement, là, tout de suite, maintenant, je n'en ai pas. Tu veux quoi cette année ? De nouvelles envies ? » Elle avait pris cette drôle d'habitude de lui trouver un livre à lire. Elle connaissait bien sûr ses envies et savait qu'elle marquait un point à chaque fois qu'elle lui en conseillait un.
Avril fit le tour de son bureau pour se retrouver face au garçon. Elle lui montra doucement du menton une table ronde non loin de là, vide. La jeune fille s'y dirigea pour s'y installer. Elle avait tant de choses à raconter au garçon. Et tant de questions à lui poser ! Elle ne lui avait réellement parlé qu'une fois lors de la croisière. Elle voulait y remédier, surtout qu'elle avait comme une envie d'en apprendre un peu plus sur cette grimace qu'il lui avait offerte lorsqu'elle avait mentionné Callie Mulligan. Elle attendit que le jeune homme s'installe face à elle pour reprendre la parole : « Alors ces fins de vacances, comment ça s'est passé ? »

Une dizaine de fiches d'anciens septièmes années en main, Avril se tourna avec joie vers son Rickem. Il faisait plaisir à voir avec ces traces de bronzages datant certainement de la croisière. Ses yeux malicieux posés sur la jeune fille suffirent à lui donner le sourire. Avril déposa ses fiches dans le trieur réservé aux ancien élèves avant de faire le tour de son bureau pour rejoindre le jaune et noir. Elle s'était attaché au garçon quelques années auparavant, trouvant en lui un petit frère à protéger, un jeune à prendre sous son aile. En soi, il parvenait bien à se débrouiller sans elle mais elle avait toujours aimé garder un oeil sur lui. Elle était naturellement protectrice et maternelle envers les plus jeunes mais Rickem, c'était son chouchou à elle, son Rickem quoi !

L'habitude qu'elle avait prise n'avait cependant pas encore repris. Oh, bien sûr, elle y avait pensé mais n'avait pas encore trouvé le temps de chercher un bon bouquin pour le garçon. De toute façon, ce n'était pas comme s'il allait disparaître le lendemain-même. Elle avait un peu le temps de lui trouver quelque chose de sympa et qui pourrait lui plaire. Elle connaissait très bien les goûts du garçon, elle se débrouillerait pour lui dégoter un bouquin appréciable. Les deux jeunes se dirigèrent naturellement vers une table proche pour s'y installer ensemble. Elle avait besoin de discuter avec son Rickem, elle prendrait donc le temps pour. « Oh mais laisse tomber, les vacances ne sont pas faites pour lire ! Il faut bouger et profiter de son temps pour faire autre chose, pas pour lire. Mais bon, maintenant que les cours ont repris, je t'aurai de toute façon pas lâcher ! Je vais t'en trouver un de bouquin. » Un sourire apparut sur le visage de la jeune fille.

Tout en posant son menton dans sa main gauche, Avril demanda des nouvelles de ces fins de vacances à son ami. La grimace qu'il tira suffit à lui faire comprendre qu'il aurait souhaité mieux. Elle eut un mince sourire aux propos du jaune et noir. Elle savait qu'il manquait d'amour dans sa famille. Il souffrait de l'absence d'amour parental. Elle qui avait des parents aimants et protecteurs avait du mal à comprendre le comportement de ceux de Rickem. Peut-être était-ce également la raison de son propre comportement envers le garçon. « Pourquoi tu avais besoin des conseils de ton frère pendant la croisière ? T'as eu des soucis ? » Avril ne connaissait pas Evan. Elle le connaissait de vue, bien sûr, mais n'avait jamais pris l'occasion de lui parler. Pour autant, à force de parler de lui avec Rickem, elle avait compris que ce dernier admirait son aîné. Il trouvait en lui un père qu'il n'avait pas. Elle savait donc que Rickem avait sorti ces mots en regrettant sincèrement l'absence de son frère. Et puis, quelque part au fond d'elle, la jeune blonde espérait que le garçon n'avait pas eu à faire à des problèmes sans qu'elle en soit au courant. Elle l'aurait plutôt mal vécu de ne pas l'avoir protégé alors, qu'elle, était présente à bord du bateau. A moins que ça n'ait rien à voir du tout.... « Je suis allée voir un match de Quidditch de la Coupe du Royaume-Uni avec Yasha, son frère et Arthur. Et puis deux semaines en Espagne avec Astride et Yash. » Là, c'était pareil. Elle avait tellement parlé d'elle à Rickem que ce dernier ne pouvait ignorer que Yash était sa meilleure amie et qu'Arthur était son frère. Quant à Astride, il ne pouvait pas ne pas la connaître puisqu'elle avait été la préfète de sa maison auparavant. D'ailleurs, les deux filles lui manquaient. La rentrée avait à peine commencé qu'elle ressentait déjà leur absence. C'était dur.

Son rôle de bibliothécaire prenait pleinement ses capacités en présence des élèves. Ils venaient souvent la solliciter, lui demandant des conseils ou des recherches. Elle avait d'ailleurs remarqué qu'ils venaient plus souvent lui poser des questions à elle qu'à la bibliothécaire elle-même. En même temps, il ne fallait pas se leurrer, cette dernière ne dégageait rien de sympathique. La connaissant bien, Avril savait que ce n'était qu'une façade, qu'une apparence. La bibliothécaire avait un coeur sur la main mais avait des difficultés à se montrer aussi communicative et sympathique que ce qu'espèrent les élèves. Et puis, elle n'était plus toute jeune. Avril avait cette chance d'être à peine plus âgée que les lèves. C'était sûrement bien plus facile pour eux de la côtoyer et de l'aborder. Elle était donc toujours à l'écoute des demandes et des envies des jeunes. Après tout, son métier ne demandait qu'à mieux orienter les recherches et à aider les jeunes dans leurs exposés et leurs lectures. Aider Emrick à trouver un bouquin qui lui plairait était donc naturellement dans ses cordes. Elle avait appris à le connaître, appris à reconnaître ses goûts et savait donc quoi chercher. Elle lui sourit, sachant pertinemment que, oui, pour la jaune et noir, il était bien difficile de passer deux mois sans lire. Enfin, même elle était parvenue à réduire ses lectures durant les vacances d'été. Alors c'est sûr qu'elle avait prit six livres avec elle durant la croisière et deux durant ses vacances en Espagne (histoire de ne pas s'ennuyer durant les pauses bronzages) mais elle ne pouvait pas dire qu'elle avait lu autant que d'habitude. « Ca va, je te trouverai un bouquin. Je t'enverrai un mot quand j'aurai trouvé ! »

Ca avait été plus fort qu'elle. Lorsque le garçon avait sous-entendu qu'il s'était retrouvé dans une mauvaise situation et que les conseils de son frère lui avaient manqué, Avril s'était inquiétée. Dans quelle situation s'était-il fourré et pourquoi avait-il eu besoin de ces conseils ? Que s'était-il passé durant la croisière pour qu'il ne soit même pas venu lui en parler à elle. Elle regrettait tellement de ne pas avoir passé plus de temps avec lui durant la croisière... Elle avait profité de Yasha à fond, oui, mais se rendait compte qu'elle en avait presque oublié ses autres amis. La culpabilité prit place dans son coeur et la jeune blonde eut envie de rattraper le coup. Maintenant qu'ils se retrouvaient que tous les deux, face à face, peut-être se confierait-il à elle ? Si seulement elle pouvait faire quoique ce soit pour lui... La tendresse se fit présente dans ses moindres gestes. Elle eut un petit sourire, ses yeux s'adoucirent et elle posa même sa main sur celle du garçon pour lui montrer son soutient. « Tu sais que je suis là, hein ? Si tu as besoin de conseils, tu sais que tu peux me demander ? » Pourtant, lorsqu'elle l'avait vu à bord du bateau et lorsqu'ils avaient passé un petit temps ensemble au bar à jus de fruits, il ne lui avait pas semblé perturbé par quoique ce soit. Il n'y avait eu que ce moment de grimace et de gêne lorsqu'elle avait mentionné... « Callie ? » Un simple mot, un simple prénom. Mais si, effectivement, il avait des soucis la concernant, ça pouvait semblait logique qu'il ait eu d'abord envie de conseils masculins. Pourquoi n'avait-elle pas fait le rapprochement plus tôt ? C'était pourtant évident qu'il avait quelque chose sur le coeur concernant cette fille. Avril ne la connaissait pas tellement, elle avait juste partagé son dortoir sur le paquebot. Mais bon, les problèmes mecs/filles étaient à peu près tous semblables, non ?

La question des vacances avait tout pour faire sourire. Il faut dire qu'Avril ne pouvait garder que de bons souvenirs de cet été. Elle pouvait même dire que c'était le meilleur été de sa vie. Elle n'avait pas tellement passé de temps chez elle, c'est vrai, mais elle s'était amusée comme une folle. Elle avait profité de son temps de vacances pour voyager, profiter de ses amis et se faire plaisir. Autant dire que même les jours de pluie ne lui avaient pas enlevé le sourire. Sans compter qu'avec le groupe, elle était parvenue à sauver McGonagall. Alors bon, ça ne pouvait qu'être super, non ? Et le match avait été majestueux, magnifique, pure ambiance de folie... Elle n'avait pris aucune photo mais n'en avait pas besoin. Elle avait son maillot orange et s'était même acheté une super main de mousse géante au nom des Canons. Ca suffisait amplement pour se remémorer ce moment. Un sourire s'installa donc confortablement sur les lèvres de la demoiselle lorsqu'elle le mentionna. « Non, il n'y avait pas Astride. Astride, on l'a vue avec Yash en Espagne, les deux semaines qui ont suivi. Mais effectivement, le match était super, on a vraiment bien ri. Et pour ce qui est des filles, oui, c'est vrai, elles me manquent. Disons que ça fait vraiment bizarre de ne pas les voir ici, dans les couloirs. Heureusement, je finis tôt le samedi matin donc je peux squatter chez elles les week-end ! Enfin pas avant le troisième week-end, faut que la rentrée se fasse avant que je puisse les rejoindre à Londres. » Oui, parce que c'était donc déjà prévu qu'elle squatte leur appartement à toutes les deux. Enfin toutes les trois puisqu'Annabeth était en colocation avec elles deux. Ca lui permettrait d'ailleurs de faire la connaissance de cette ancienne poufsouffle. Avril ne la connaissait que mal, la trouvant plutôt discrète. Elle n'avait donc jamais eu de conversations avec elle. C'était l'occasion !

L'inquiétude pouvait se lire sur le visage de la jeune fille. Elle était si proche du garçon qui lui semblait normal de s'inquiéter pour lui. D'ailleurs, ce n'était même pas volontaire, c'était juste plus fort qu'elle. Cet instinct maternel, quel plaie ! Ce fut cependant le sourire du jaune et noir qui la rassura. S'il souriait, c'était que, malgré tout, ça allait. Et s'il allait, elle allait. C'était fou comme un rien pouvait lui changer ses propres émotions : il lui disait avoir besoin de conseils, elle s'inquiétait, il souriait, elle était soulagée. Ce garçon avait un sacré pouvoir sur elle ! En même temps, elle connaissait l'histoire d'Emrick. Elle savait combien il pouvait se sentir seul chez lui. Elle savait qu'il admirait son frère mais qu'il n'avait pas réellement connu l'amour d'une mère ou d'un père. Ca avait été tout simplement naturel pour elle de jouer cette mère qu'il n'avait pas eu. Sans doute ferait-elle une merveilleuse mère un jour.
Elle ne voulait pas forcer le garçon à se confier à elle mais, tout de même, souhaitait lui rappeler qu'elle était là. Sans doute avait-il des amis de son âge à qui il pourrait se confier plus facilement, sans doute avait-il besoin d'une écoute masculine. Mais tout de même, elle était là. Juste au cas où. Elle sourit donc lorsqu'il lui répondit par la positive. Oui, elle était là et oui, il le savait. Depuis qu'elle côtoyait les murs de Poudlard, Avril avait appris à écouter les rumeurs qui y circulaient. Elle avait également appris à trier les vraies rumeurs des fausses. Elle avait appris à observer les élèves pour comprendre ce qui se tramait. Elle avait appris à décoder les regards et les visages, à comprendre les sous-entendus. Sans doute était-ce la raison qui la poussa à prononcer le prénom de Callie. Cette grimace de son ami lui avait tiré lorsqu'elle avait mentionné le nom de la jeune fille à bord du NYLtanic suffisait à savoir qu'un problème se tramait entre eux deux. Elle ne fut donc que peu étonnée qu'il acquiesce à sa question non posée : oui, Callie était bien le problème. Pour autant, le blaireau avait l'air de prendre son temps pour en parler. Faisant appel à sa mémoire, Avril chercha cette situation qu'il sous-entendait. Elle était à la soirée. Elle l'avait aperçut, lui avait même fait un signe de la main. Pour autant, elle n'avait pas souvenir de le voir en présence de la jaune et noire. Zut, elle avait tout raté ! La jeune fille mordilla l'intérieur de sa joue avant de poser sa question : « C'est quelque chose qu'il s'est passé entre vous deux ? Ou bien c'est elle qui a fait quelque chose que tu n'as pas apprécié ? » Elle avait beau cherché dans sa tête, elle ne se souvenait même pas avoir vu la jeune fille de la soirée. En même temps, elle était un peu trop occupée avec Yasha, Absolem et la recherche de son beau serveur. Promis, la prochaine fois, elle ferait plus gaffe.

Le sujet des vacances était, pour elle, quelque chose de vraiment plaisant. C'était le premier été qu'elle avait passé à faire autant de choses. Pour sûr qu'elle en gardait un super souvenir. En plus, elle avait copié son journal de bord du bateau pour en avoir une pour elle-même. Oui, l'original finirait dans les mains de Yasha pour ses vingt ans, mais oui, elle voulait garder une copie pour se remémorer, elle aussi, ces vacances sur le bateau. Quant au match de Quidditch, elle avait également gardé des souvenirs. « La prochaine fois, je t'emmène avec moi ! C'est vraiment incroyable, une ambiance de folie ! Rien à voir avec ceux de Poudlard, c'est tellement.... immense ! Donc non, tu ne peux pas mourir sans avoir vu au moins un vrai match dans ta vie. Promis, je t'emmènerai ! » Et bien sûr, elle tiendrait sa promesse. De toute façon, tout moment qu'elle pourrait passer en compagnie du garçon serait génial. Alors oui, au prochain match qu'elle participerait, il fera parti de la fête.
Un sourire se dessina sur les lèvres de la cracmole. « T'inquiètes mon p'tit Rickem, tu vas tellement me voir cette année que tu vas finir par en avoir marre ! » Et pour la voir, il la verrait ! Sachant pertinemment qu'il passerait ses BUSEs en fin d'année, Avril ferait en sorte de l'aider dans ses révisions. Alors oui, elle serait un peu sur son dos, mais c'était pour son bien non ? Bien sûr qu'il pouvait très bien y parvenir seul, sans elle, mais elle avait un peu envie de le coacher, un peu envie de l'aider, de lui expliquer certaines choses qu'elle avait finit par acquérir à force d'aider les différents élèves dans leurs révisions. « Je vais pas te lâcher avec tes BUSEs ! »

Doucement, mais sûrement, la discussion avançait vers ce qui gênait réellement le garçon. Avril savait qu’il n’allait pas bien, qu’il n’était pas dans son assiette et que quelque chose le rongeait. Il avait besoin de parler, elle avait envie de le soutenir, d’être là pour l’aider. Il est vrai que, depuis leur rencontre, elle avait eu cette fibre maternelle le concernant. Pourtant, il n’était pas si jeune que cela et elle-même n’avait que seize ans à l’époque. Mais voilà, certaines personnes avaient cet instinct bien ancré en eux dès leur plus jeune âge. Combien de fois avait-elle joué au papa et à la maman avec son ami imaginaire et ses poupées ? Combien de fois s’était-elle extasiée devant les bébés des amis de ses parents ? C’était bien là, au fond d’elle. Ainsi, alors qu’il n’avait que trois ans d’écart, la jeune était entrée dans la vie du jaune et noir comme une seconde mère pour lui, s’inquiétant toujours pour lui, cherchant à le chouchouter et à lui faire plaisir. Ce n’était pas pour rien qu’elle lui gardait des livres de côté. Ce n’était pas pour rien qu’elle oublie momentanément son travail pour discuter avec lui. Elle voulait prendre le temps d’être là pour ce jeune. C’était son Rickem quoi !

La discussion finit donc par aborder ce sujet qui semblait comme douloureux pour le garçon. La jeune fille le laissa s’expliquer, commençant gentiment à apercevoir le bout de l’histoire. Enfin, elle était tout de même loin de se douter que c’était de la réelle jalousie, pensant plutôt qu’il s’agissait d’un amour à sens unique, un amour que la jeune Callie avait repoussé. C’était mignon, cette petite jalousie. Elle-même se souvenait de la jalousie qu’elle avait eue envers Lisbeth lorsqu’elle avait appris qu’elle sortait avec son ex, Elias. Bon, ok, la vipère n’était pas au courant de cette relation qu’il y avait eu entre le poufsouffle et la cracmole (d’ailleurs, personne, même pas Rickem, n’avait été au courant, mis à part Yasha) mais quand même, elle avait été sacrément jalouse et haineuse envers la verte et argent. Elle pouvait donc facilement comprendre ce qui rongeait le cœur du cinquième année. Sans compter qu’il devait se sentir comme trahit par son ami, un peu comme elle avec Lisbeth. « Non, il n’était pas au courant, mais tu en es tout de même jaloux.Ca se contrôle pas la jalousie, surtout quand il s’agit de la personne que l’on aime. » Oui, elle était compatissante. Il ne fallait pas qu’il s’en veuille, surtout s’il gardait ça pour lui et qu’il n’avait pas explosé devant Noël lui-même. Tant qu’il parvenait à contenir sa jalousie pour lui, alors tout allait. Avril fut légèrement surprise d’entendre que le garçon en avait parlé à la jeune fille. Il avait fait le pas, il s’était exprimé. Elle sourit légèrement. « Et alors, comment a-t-elle réagi ? » Elle ne voulait pas voir son petit protégé souffrir mais sentait que ce labyrinthe ne s’était pas passé exactement comme il l’aurait souhaité. Il n’aurait pas commencé ainsi si la jeune rousse n’avait pas repoussé le jeune.

Le sujet des matches de Quidditch était celui qui parvenait à faire sourire les deux jeunes. La cracmole était étonnée que le garçon n’ait jamais vu un réel match mais se faisait une joie de l’inviter au prochain. Promis, elle lui achèterait un billet ! Il ne pouvait pas passer à côté, surtout lorsque ce sport était une passion. Les matches de Poudlard étaient sympa et bon enfant mais voilà, ils restaient bon enfant. Un match au stade de Londres, à celui de Dublin et d’Edinbourg était quelque chose de bien plus prenant, plus extasiant et plus mémorable. Ce n’était rien comparé aux matches opposants les verts aux bleus ou les jaunes aux rouges. Non, le cinquième année devait en connaître, ne serait-ce qu’un, dans sa vie. La jeune blonde offrit donc un grand sourire suivi d’un clin d’œil au jeune homme. Sa promesse tiendrait, elle lui offrirait une place.

La cinquième année était sans doute la plus compliquée. Bien sûr, les septièmes passaient les ASPICs mais ils avaient déjà connus les BUSEs et savaient donc comment travailler. Les cinquièmes ne connaissaient que les évaluations de fin d’année qui demandaient, tout de même, bien moins de travail que les BUSEs. Les BUSEs demandaient des connaissances depuis la première année, aucune lacune ne pouvait être admise. Avril était, quelque part, bien contente de ne pas être élève à Poudlard. Lorsqu’elle voyait les élèves travailler autant, elle se disait avoir bien de la chance de ne plus avoir à penser à tout cela. Alors, bien sûr, lorsqu’elle reprendrait ses études l’année prochaine, elle devrait se remettre au travail mais, pour le moment, c’était encore un peu bien loin. Enfin, en attendant, elle pouvait toujours jouer le rôle de prof particulier ou plutôt de coach. Ca faisait maintenant deux ans qu’elle jouait ce rôle et le trouvait plutôt plaisant. Elle aimait aider les jeunes dans leurs révisions et aimait mettre les points sur leur lacune et donc sur ce qu’ils devraient travailler un peu plus. Elle serait donc, sans aucun doute, présente pour son chouchou. Le sourire aux lèvres, la cracmole fut même excitée par les ambitions de Rickem. « Oh tu veux te lancer dans les potions ? C’était la matière préférée de mon frère, Arthur ! Il cherche à entrer dans la Police Magique là, mais si tu veux, je peux te mettre en contact avec lui, pour voir un peu les possibilités que t’as avec les potions. Vu qu’il a fait des tonnes de recherches durant sa dernière année à Poudlard, je pense qu’il pourrait vraiment t’aider à t’orienter. Il fait souvent des concours de potions en plus. » Arthur serait parfait dans le rôle du conseiller. Il avait fait tellement de recherches concernant cette matière que la jeune fille était certaine qu’il puisse aider le poufsouffle. Et puis, entre poufsouffles, il ne pouvait y avoir que de la solidarité, non ?

Ca y est, elle était dans son élément. Depuis qu'elle était arrivée à Poudlard, elle avait joué l'amie à l'écoute des malheurs amoureux de bien des gens. Elle aimait bien aider les personnes qui ne savaient plus quoi faire, qui ne savaient plus quoi dire à la personne qu'ils aimaient. Elle aimait bien être là pour les autres. Elle-même avait vécu une histoire un peu bizarre mais ça c'était arrêté là : juste une histoire. Elle n'avait connu aucune autre histoire d'amour. Elle avait eu quelques hommes pour un soir, oui, mais ce n'était pas pareil. En soi, on pourrait donc penser qu'elle était loin d'être la personne la plus à même d'aider pour ce genre d'histoire. Et pourtant, elle avait cet instinct. C'est qu'elle avait toujours rêvé d'une histoire romantique et mignonne comme tout. Elle aimait bien écouter les histoires des autres, c'était un peu sa façon à elle de rêver. Alors, bien sûr, elle était contente que Rickem se confie à elle, surtout sur cette histoire. Elle ne connaissait pas bien Callie et pour le peu qu'elle en avait vu, lors de la croisière, elle n'était pas sûre qu'elle pourrait devenir sa meilleure amie. Mais si le garçon ressentait des choses à son égard, c'est qu'elle devait bien les mériter, non ? Elle ne pouvait pas se permettre de juger la jeune fille sans lui avoir réellement parler. Mais bon, c'était un peu plus fort qu'elle, de se demander si Callie méritait l'amour de Rickem ou non. C'est qu'elle s'inquiétait facilement pour lui, la blonde ! « C'pas parce que tu n'aimes pas l'idée que tu n'étais pas jaloux pour autant, tu sais ? Ca ne se contrôle pas des masses, la jalousie. La colère, ce n'est qu'une forme de ta jalousie. » C'est vrai que c'était dur d'admettre qu'on pouvait être jaloux. Pourtant, c'était bien, là, une preuve de l'amour qu'on portait vers la personne visée. Elle-même avait connu cette tare. Pourtant, elle ne tenait plus à Elias tant que cela. Mais bon, il n'y avait rien à faire : quand on voyait son ex avec une nouvelle fille, la jalousie s'installait immédiatement. « Je comprends que ça ne soit plus pareil. A mon avis, ça ne sera plus jamais pareil tu sais. Mais bon, tu ne peux pas non plus la forcer. Si elle ne partage pas tes sentiments, tu ne peux pas lui en vouloir. Maintenant, il faut que tu te demandes si tu es capable de continuer à être ami avec elle ou non. » Ca pouvait sembler radical, comme ça. Mais elle pouvait très bien imaginer la difficulté de rester ami avec une personne que l'on aime sans pouvoir espérer plus. Ca signifier qu'on devait accepter voir cette personne fréquenter d'autres personnes que soi. Emrick devait bien réfléchir à cette situation. Il avait le droit de penser à lui et de savoir ce qui lui conviendrait le mieux.

Les doutes de la cinquième année commencèrent à percer chez le garçon. Ce n'était pas ce que souhaitait la bibliothécaire qui grimaça donc lorsque le jeune homme fit part de ses inquiétudes. Mais bon, après tout, elle était là pour l'aider et le soutenir. « Ne t'inquiètes pas de trop non plus. Jusqu'ici, tu as toujours bien réussi tes années. Tu devrais peut-être commencer à réviser, doucement. Revoir tout ce que tu as vu ce quatre dernières années et en y ajoutant ce que tu vois cette année. A chaque fois, tu peux revoir tout depuis le début. Comme ça tu n'oublies pas ce que tu as révisé la semaine précédente. S'il y a une matière dans laquelle tu es plus à l'aise qu'une autre, tu peux même la laisser un peu de côté pour te concentrer sur ce qui t'embête le plus. Tu peux même commencer à faire des fiches pour tes cours théoriques. Fais des tableaux et accroche-les au plafond de ton lit. Comme ça, rien qu'en les lisant tous les soirs, tu finiras par les retenir. » C'était des petits trucs qu'elle avait elle-même appris lors de ses études dans l'école de moldu. Et ces fiches qu'elle collait, elle, dans ses toilettes, lui avaient été plus qu'utiles ! Ca semblait être un peu idiot mais lorsqu'on lit toujours la même chose une à deux fois par jour, on finit par le retenir.

Avril était contente d'avoir proposé l'aide de son frère. Elle savait qu'il viendrait volontiers parler au garçon. Surtout que ce dernière était à la "meilleure des maisons" selon l'étudiant. Et puis bon, c'était un très bon ami d'Avril, Arthur ne pourrait jamais lui refuser cette demande ! Elle sourit donc au cinquième année, trouvant même ça plutôt mignon qu'il se sente intimidé par "un grand". « Je lui enverrai une lettre pour lui en parler alors. Et oui, il était à poufsouffle ! Il a deux ans de plus que moi donc effectivement, tu n'as pas dû vraiment le côtoyer. Il était déjà en cinquième année quand tu es entré à Poudlard. Mais ne t'inquiètes pas, il est tout gentil comme tout. Ca lui fera plaisir de te faire part des doutes qu'il a eu lui-même et des possibilités à faire avec les potions. » Elle lui écrirait une lettre dès ce soir. Peut-être même lui en parlerait-elle dimanche, lors de leur repas hebdomadaire à Pré-au-Lard.

La conversation était donc des plus agréables en présence du garçon lorsqu'elle entendit un cri de jeune fille entre des rayons. Inquiète, elle se leva d'un coup et se mit à courir vers le dit-bruit, suivie de près par le jaune et noir. Un attroupement s'était formé autour d'une jeune fille, sans doute en première ou deuxième année. Elle faisait face à une fenêtre ouvert et, près d'elle, se trouvait un serpent debout, près à l'attaquer. Avril déglutit lentement. Il y avait du monde. Trop de monde. Pourquoi tout ce monde, à ce moment-là ? Elle se tourna vers Rickem et lui chuchota : « Tu pourrais essayer de dissoudre l'attroupement ? Ca ne va qu'énerver le serpent un peu plus. Demande à la bibliothécaire de fermer les portes en même temps. Je ne veux personne autour de la gamine et du serpent. S'il te plait. » Elle s'attendait à ce que le garçon revienne près d'elle par la suite mais tant pis. C'était Rickem, après tout. Pendant que le garçon s'occuper de ce qu'elle avait demandé, Avril parla doucement à la jeune fille. « Ne bouge pas et reste calme. Garde tes yeux sur le serpent. »

La discussion concernant Callie était pour la moins super intéressante pour la cracmole. Elle aimais savoir qu'une jolie fille fasse battre le coeur de son Rickem. Elle avait envie qu'il trouve quelqu'un qui le fasse sourire et rire chaque jour, qu'il trouve une demoiselle à prendre dans ses ras à lui déposer des bisous dans le cou, une fille à qui il puisse se confier totalement, mettre une confiance totale et savoir qu'elle sera là pour lui quoiqu'il arrive. Malheureusement, même si Emrick semblait fort amoureux de la jeune poufsouffle, cette dernière ne semblait pas pour autant vouloir partager de bons moments avec lui. Elle se serait manifestée sinon, non ? Au moins aurait-il eu un signe positif de sa part, dans le labyrinthe ou le train. Callie ne semblait pas vouloir revenir sur les sentiments d'Emrick et la cracmole en était désolée pour lui. C'était difficile d'aimer quelqu'un sans retour. Serait-il suffisamment fort pour tenir son amitié avec la jeune rousse ?

La discussion suivante fut plus enjouée mais tout aussi stressante pour le garçon. Il faut dire que les études pouvaient bouffer tout le monde et, bien souvent, les cinquièmes et les septièmes années étaient les plus touchés. Emrick ne dérogeait pas à la règle et en bon cinquième année qui débute son année, commençait doucement à stresser. Bien évidemment, au mois de septembre, ce n'était pas le moment de commencer à stresser. Il avait encore neuf mois devant lui, autant ne pas se bouffer le cerveau dès maintenant. Avril chercha donc à le rassurer en lui donnant deux-trois petits "trucs" qui semblèrent plaire au jaune et noir. Effectivement, avec un travail régulier et continu, le garçon aurait bien moins de difficultés à travailler en fin d'année ses révisions. Elle lui sourit donc, cherchant à le rassurer. « Oui, ça, ce serait une super idée ! Comme ça, en plus, tu serais plus attentif en cours, tu arriverais plus à comprendre ce que le professeur dit. Et comme on dit, plus de la moitié de l'apprentissage se fait pendant le cours lui-même ! » Elle savait que le garçon parviendrait à réussir son année. Jusqu'ici, elle l'avait vu suffisamment bien travailler et réussir pour rater cette année. Oui, la demoiselle était confiante : son petit Rickem finirait en sixième année d'ici l'année prochaine !
La conversation sur l'avenir du jeune homme eut tout autant de sourire que la précédente. Avril enverrait sa lettre rapidement afin de donner l'occasion aux deux garçons de se rencontrer et de parler des différentes possibilités qu'Emrick auraient par la suite. Bien sûr, c'était encore un peu tôt pour le cinquième année mais autant connaître les différents choix dès maintenant pour, par la suite, avoir le temps de se décider. Elle lui fit donc un clin d'oeil avant d'être interrompu par le cri de la jeune fille.

Avril accourut près de la gamine, suivie de près par le jeune homme. Paniquée à l'idée d'avoir un serpent cambré devant son visage, la gamine transpirait et ne bougeait plus. Avril déglutit avant de donner ses instructions au garçon et de s'adresser à la jeune fille. Alors que le garçon s'occupait de vider la bibliothèque, Avril commençait à s'adresser à la jeune fille. Surtout, rester calme et rester prudente. Et surtout, rester vigilent. Au moindre mouvement, le serpent risquait de se jeter sur la jeune fille et de la mordre. Heureusement, la vie sorcière permettait de trouver facilement des antidotes mais si la situation pouvait être évitée, mieux valait s'activer. Emrick était revenu et la gamine commença à laisser couler des larmes. Elle ne s'était pas exprimée, ne bougeait pas mais Avril sentait qu'elle ne tiendrait pas longtemps. Hésitant encore un peu, Avril passa sa langue sur ses lèvres pour les humidifier avec d'inspirer profondément. Elle lança un regard vers son ami avant de déglutir de nouveau. Non, elle n'avait pas réellement le choix. Sans faire un mouvement, elle finit par se lancer et s'adressa directement au serpent. Ce qui sortit de sa bouche n'avait rien d'anglais. Ce qu'Emrick et la gamine pouvaient entendre, ce n'était que des sons sinueux, pleins de S et de CH.
Le serpent se détourna de la jeune fille pour ramper doucement, toujours cambré, vers Avril. Celle-ci continuait son charabia. Le serpent finit, petit à petit, par se baisser, redevenant un simple serpent presque inoffensif. Un nouveau mot en charabia et l'animal disparu dans un trou. Avril sentit alors toute la tension diminuer en elle, enfin tranquille de savoir que tout le monde était sauf. La cracmole se tourna alors vers la gamine et Emrick, silencieux (voire même avec la bouche entrouverte) et immobiles. La jeune fille grimaça. « Et voilà ma grande, tu es toute sauvée. Va retrouver tes amies. » En combien de temps le château en son entièreté serait-il au courant de sa particularité ? Elle ne connaissait pas la gamine, c'était évident qu'elle parlerait. Et Rickem, comment allait-il réagir ?

Ah les jeunes ! Ils faisaient plutôt marrer Avril, d'être aussi stresser pour leurs études. Bon, Avril pouvait toujours en rire, l'année prochaine, elle serait de nouveau dans cette chaîne de stress, surtout que l'université ne demandait pas le même niveau que l'école de Poudlard. Le travail serait bien plus pénible et plus prenant. Enfin, pour le moment, l'université était loin, Avril pouvait encore profiter du non-boulot après ses horaires de travail et ne faire qu'observer les autres travailler. Pour autant, aider ses amis était une chose qu'elle prenait plaisir à faire. C'était donc normal qu'elle se soit proposée pour Emrick et normal qu'elle lui demande de venir la voir dès qu'il aura besoin de ses conseils ou de son aide. En plus, il s'agissait de Rickem, elle ne pouvait rien lui refuser. Elle sourit donc de toutes ses dents lorsque le garçon lui promis de venir l'embêter, même si elle n'avait rien d'une professeur. Les quelques cours particuliers avec Snow étaient loin d'être ceux attendus pour un cinquième année mais la jeune fille avait déjà aidé Emily l'année passée et Astride et Yasha en septième année. On pouvait facilement dire qu'elle était opérationnelle pour aider aux révisions d'un cinquième année. « Mais bien sûr très cher ! Tu le sais bien que je serai toujours là pour mon petit Rickem. En plus, je suis devenue trop forte pour les révisions des cinquièmes années. J'ai aidé deux trois personnes l'an dernier, donc je serai toute parfaite pour mon chouchou ! » Elle lui fit un gentil clin d'oeil suivit d'un sourire bien mérité. Oui, oui, elle le disait haut et fort : Rickem était son chouchou. Et alors, tout le monde avait droit à un chouchou non ?

La suite des événements s'accélèrent avec les cris de la gamine. Bien vite, Avril se retrouva seule avec la jeune fille, Emrick et le serpent. Elle avait hésité mais savait pertinemment que si elle hésitait encore plus longtemps, le serpent risquait d'attaquer à son tour. Il était tout aussi effrayé que la gamine mais contrairement à elle, il utiliserait l'attaque pour se défendre. Elle sentait le reptile stressé, elle l'entendait trahir sa peur. Elle avait hésité, oui, mais avait finalement passé le pas. De toute façon, il fallait le dire, ça se saurait su un jour qu'elle était fourchelang. Quitte à ce que les gens le sachent, autant que ce soit via le secours d'une jeune fille. Lorsque le serpent quitta la salle, presque immédiatement suivi par la gamine, Avril déglutit en se tournant vers son ami. Il avait les yeux écarquillés, il la regardait comme si elle était une OVNI. Youpee... Les phrases qu'il parvint à sortir par la suite trahirent son étonnement. Oui, ben en même temps, comment pouvait-il se douter qu'elle était fourchelang ? Déjà qu'on y pense pas forcément face à un sorcier alors face à une cracmole... Elle lui tendit un maigre sourire avant d'hausser les épaules. « J'en n'ai pas la moindre idée... J'ai toujours été... comme ça. Je veux dire, la première fois que j'ai rencontré un serpent avec qui j'ai discuté, j'avais cinq ans. C'est... hum... naturel. » Ouais, comment expliquer un tel don ? Il faut le dire, ce n'était pas ce qu'Avril préférait chez elle. Déjà qu'elle avait dû travailler sur elle-même avec tous les regards posés sur elle parce qu'elle était cracmole, voilà qu'elle devrait recevoir tous les regards parce qu'elle est, en plus, fourchelang. Youhou... En plus, ce n'était pas le don qu'on pouvait facilement associer aux bisounours. Les fourchelang les plus connus étaient loin d'être des Saints. Alors bien sûr, il y avait Harry Potter mais ce don lui venait de Vous-Savez-Qui. C'était facile, pour les gens, d'associer ce don à la magie noire...

Elle était assistante bibliothécaire et pourtant ce n'était pas le métier qui lui correspondait le plus. Il y avait tant d'autres choses qu'elle aurait pu faire, où elle aurait pu se sentir mieux. Déjà, avoir l'envie de reprendre ses études pour faire psychologue était une meilleure voie. Elle aurait aussi pu être barmaid, après tout, elle s'amusait bien, avec Idiya, à servir les clients. Elle aurait, également, pu prétendre à devenir prof particulier. Pas forcément pour approfondir l'apprentissage des élèves mais plutôt pour les coacher dans leurs révisions. Bizarrement, Avril avait toujours réussi à trouver ce qu'il fallait réviser en premier et la façon de s'y prendre. C'était sans doute pour ça qu'elle était parvenue à aider Yasha, Astride ou Emily dans leurs révisions. Elle avait pris un certain rythme et les idées pullulaient dans son esprit. Oui, elle serait apte à aider Rickem cette année, elle n'en doutait pas. En plus, ça lui plaisait de mettre la main à la patte dans ce genre de situation. Tant qu'elle pouvait aider ses amis, elle n'allait pas refuser son rôle de coach ! « J'ai plutôt aidé les filles l'an dernier, quand elles étaient en septième année. Mais c'est vrai que vous, les blaireaux, vous êtes mes favoris ! » Elle fit un clin d'oeil au garçon avant de laisser un coin de sa lèvre se relever. C'est vrai qu'elle s'était toujours très bien entendu avec les jaunes et noirs. Sans doute que leur sociabilité aidait en ce sens. Les gryffondors étaient trop téméraires pour Avril. Les serdaigles ne pensaient qu'au boulot, s'en était presque triste. Quant aux verts... Non, on ne s'exprimera pas sur l'amour des serpents pour la cracmole. Sans doute aurait-elle été, elle-même, répartie chez les jaunes si elle avait étudié à Poudlard. Avril sourit alors largement à la remarque du blaireau. Oui, il était son favori et il le savait. En même temps, il était difficile pour Avril de le cacher : quand elle aimait quelqu'un, elle ne faisait pas semblant. « Si seulement les gens pouvaient se rendre compte à quel point tu es exceptionnel ! » Sans le dire, bien évidemment, Avril pensait surtout à Callie. C'était bien dommage que la jeune fille ne se rende pas compte de l'homme qui lui faisait face.

La suite s'accéléra pour finalement arriver au moment où Avril faisait face à un Rickem complètement perturbé. Il la regardait avec de grands yeux, tentant difficilement de comprendre ce qu'il venait de se passer. Il s'avança vers elle, balbutiant des questions à tout va, notamment sur la possibilité qu'une cracmole puisse être fourchelang. Et ouais, c'était dur à croire, hein ? Avril se mouilla les lèvres avant de soupirer légèrement. Foutue pour foutue, de toute façon, autant en parler avec son petit chouchou, non ? Elle se rapprocha donc de lui avant de répondre : « Je sais que c'est ... Original. Mes parents étaient tout aussi surpris que toi ! Enfin, ils ont surtout été surpris de comprendre que j'étais une cracmole, vu qu'ils ont su pour mon don avant ma tare. Et j'avoue ne pas avoir fait beaucoup de recherches sur ce don. Je connais juste les personnes les plus connues qui l'ont eu, tu sais, ceux qui trempent tous dans la magie noire... » Et oui, parce qu'après tout, c'était eux qui étaient cités dans les livres d'Histoire. Elle savait que Rickem ne comprendrait toujours pas sa capacité à être fourchelang. Elle-même ne le comprenait pas. Pour autant, il fallait l'avouer, elle n'avait fait de véritables recherches que sur les reptiles eux-mêmes, pas sur le comment du pourquoi. C'était sûrement génétique, tout ça, mais Avril n'avait pas tellement envie d'apprendre qu'elle était la descendante de Salazar ou d'un autre. Autant garder l'ignorance. « Et bien, dans l'école, tu es le deuxième à l'apprendre. Yasha est au courant. Enfin, maintenant, je pense que ce n'est qu'une question de temps avant que tout le monde l'apprenne. » Sans doute que la gamine était déjà en train d'en parler avec ses amis. Arf, si seulement ce fichu serpent avait pu ne jamais apparaître !

C'est vrai qu'Avril se sentait un peu trop exclue de toutes ces maisons, de ces équipes et de ces solidarités entre élève. Elle regrettait, bien trop souvent, d'être cracmole et de devoir s'isoler de la sorte. Bien sûr, elle était entourée de nombreux amis qui l'appréciaient énormément et avec qui elle passait de très bons moments mais ce n'était pas pareil. Elle n'avait pas ce ressenti d'appartenance, n'avait pas besoin de se serrer les coudes avec ses camarades pour gagner des points et faire gagner sa maison, ne passait pas de nombreuses soirées dans sa salle commune à discuter avec les élèves de sa maison autour de la cheminée. Elle n'avait rien de tout ça. C'était dur pour une jeune de dix-huit de se sentir ainsi exclue. Alors oui, bien de nombreuses fois s'était-elle imaginée sa propre répartition. Elle n'avait aucune idée d'où le choixpeau l'aurait envoyé, elle ne savait même pas si elle aurait été la même personne avec des pouvoirs. C'était sa particularité qui l'avait menée ici. Sans doute n'aurait-elle jamais été chez les verts et argents, elle n'était pas suffisamment solitaire et ambitieuse pour cela. Mais peut-être aurait-elle été plus courageuse que ce qu'elle n'était avec des pouvoirs, plus téméraires. Peut-être que les lions lui auraient ouvert leur porte. Travailler à la bibliothèque lui permettait d'accéder à de nombreux livres et lui permettait de s'instruire. Sa curiosité en était d'autant plus satisfaite mais peut-être se serait-elle contenter de ce que les professeurs lui racontaient en cours si elle y participait. Alors non, elle ne pouvait pas savoir exactement dans quelle maison elle se serait retrouvée mais il était vrai qu'elle était très entourée par les jaunes et noirs. « Sans doute. » C'était plus fort qu'elle, de s'imaginer avec des pouvoirs, mais elle n'appréciait pas réellement. Il y avait bien trop de regrets de sa part et ressentait bien trop d'injustice. Pourquoi était-ce tombée sur elle ? C'était tout de même bête de naître dans une famille avec des parents sorciers et de ne pas hérité soi-même de ces dits-pouvoirs. Elle détestait la situation, l'avait toujours détesté et sans doute la détesterait-elle toute sa vie. Cette vie était bien trop mal faite pour qu'elle ne puisse accepter avec un grand sourire sa particularité. Non, c'était juste nul d'être cracmol.

Être cracmole et fourchelang était vraiment un comble. Si Avril avait pu choisir, elle aurait donné son don à n'importe qui en échange de pouvoirs tout à fait normaux. Elle ne pouvait bien sûr pas expliquer ce qui s'était passé en elle. De ce qu'elle savait, elle était bien la seule cracmole à être fourchelang. Du moins n'en connaissait-elle pas d'autres. Elle avait bien sûr demandé à son père s'il pouvait, via le Ministère, trouvé des personnes possédant le même don qu'elle mais, apparemment, le Ministère ne possédait pas de registres reprenant les noms des fourchelanguiers, contrairement aux Animagi. Avril avait donc dû se contenter de posséder ce don, sans forcément en savoir d'avantage dessus. Tout ce qu'elle savait était la composante génétique. Oui, on "attrapait" ce don par ses ancêtres. Très bonne nouvelle puisque les personnes les plus connues possédant un tel donc trempaient dans la magie noire ! Chouette Avril, tu descends directement d'un mage pas fréquentable du tout, t'es contente hein ? « C'est carrément contradictoire et je t'avoue que j'aurai préféré avoir l'inverse... » En plus, ce n'était même pas un don super sympa. Des serpents, Avril n'en croisait pas tous les jours. Ce n'était pas intéressant et loin d'être super important. Quitte à avoir un don, elle aurait préféré être métamorphomage ou être capable de légimens. Bon, après, c'est sûr qu'elle n'avait pas de problèmes le concernant, contrairement à Absolem qui semblait vraiment avoir de grosses difficultés avec le sien.

Le temps était passé plutôt rapidement, tout d'un coup et après un coup d'oeil rapide à sa montre, Emrick s'excusa : il avait un rendez-vous, il ne pouvait rester plus longtemps en compagnie d'Avril. De toute façon, cette dernière avait encore à faire, vingt heures était encore loin devant elle, la bibliothécaire n'apprécierait sans doute pas de la voir glander dès le mois de septembre. Elle fit donc un simple sourire au garçon, tendant sa main pour lui caresser la joue. Elle savait bien qu'il ne fuyait pas cette discussion. Mais, à vrai dire, ça l'arrangeait plutôt qu'il ait autre chose de prévue : le sujet ne la mettait jamais très à l'aise. « Ne t'inquiètes pas, je m'en remettrai bien sans toi. De toute façon, l'année ne fait que commencer, on aura bien le temps de reparler de tout ça plus tard. Ou d'autres choses. Je vais m'occuper des places de Quidditch, je te tiendrai au courant de tout ça. Ne sois pas en retard à ton rendez-vous va. » Avec un dernier sourire, Avril se pencha pour ramasser le livre que la jeune fille avait fait tomber. Il y avait bien du rangement à faire, la journée était encore loin d'être terminée.