Arctic Fox ◘ [LIBRE]

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Illy avait un temps de pause. Cela lui arrivait rarement ces derniers temps. Elle avait dû préparer des tonnes de cours, pour des élèves qui la plupart n'aimaient pas la métamorphose. Ses cours ennuyaient, elle l'avait bien remarqué, et en était désolée. Elle n'était peut-être pas fait pour enseigner, après tout, qui sait. Elle aurait bien aimé en parler avec son frère, mais Andrew n'était pas là, qui sait où il avait bien pu passer, après tout, il faisait bien ce qu'il voulait de son temps libre, cela ne la regardait absolument pas. Mais à part lui, elle n'avait personne à qui en parler, et cela la faisait rager. Pourtant, elle était bien ici. Comme si elle était encore chez elle, malgré les dix années qui la séparaient du château où elle avait été élève.

Ne sachant pas quoi faire pour enlever les doutes qui envahissaient son esprit, la jeune professeur décida de se diriger vers la forêt interdite. Peu de personnes y vagabondaient, même en plein jour. Ado, elle avait adoré y faire de petites excursions ... son côté rebelle, sûrement. Mais elle avait arrêté lors de sa septième année après avoir fait la rencontre d'un centaure que l'on aurait pu considérer de colérique. Aujourd'hui encore, elle ne savait pas si elle avait échappé à la mort ou si sa "nouvelle rencontre" avait décidé depuis le début de lui ficher "seulement" une peur bleue. En tout cas, cela avait réussi ... Elle ne remettait les pieds dans la forêt seulement que des années plus tard. Et encore, pas sous la forme que tout le monde lui connaissait.

C'est donc avec un soupir que la jeune femme blonde, à l'abri des regards, cachée dans un fourré, laissa la place à un renard blanc au poil soyeux.
Quelle chose étrange que d'être une Animagi ! Elle s'y était entraînée dure pour arriver jusque là, et ne l'avait pas regretté. Quelle sensation grisante que de sentir ses instincts prendre le dessus sur sa raison, même si elle était toujours elle-même. Ses pensées, ses doutes, ses envies, ses peurs étaient atténuées, laissant place à l'animal aux yeux azur.

Doucement, celui-ci s'enfonça dans la forêt. Son pouvoir n'était inconnu pour personne au château, mais elle préférait quand même se transformer en dehors des regards des élèves. On pourrait penser à une sorte de pudeur, ce qui était peut-être le cas. Ou alors, seulement à la pensée de ne pas vouloir que les élèves sachent où elle était et ce qu'elle y faisait. Même si pour le moment, elle n'avait pas vraiment d'idée sur ce qu'elle allait faire.

Pour pallier à son manque d'activité, la Rosenberg commença à courir, esquivant les arbres, les branches et les buissons, pour ne sentir que le vent qui fouettait son museau .

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Scipion referma l'enveloppe. Il s'était dispensé de commencer la lecture de la lettre de ses parents, qu'ils avaient certainement rédigée pour se donner bonne conscience. Il glissa seulement dans la poche celle de sa jeune sœur, écrite maladroitement. Seules celles d'Evangeline étaient à ses yeux assez digne d'intérêt pour qu'il les lise.
Le crépuscule était déjà à son œuvre, il franchissait alors les portes imposantes du château, puis prit la direction du parc de l'école d'un pas lent. La soirée ne promettait rien de distrayant, aucun plan à appliquer, aucune bataille à mener, des plus anodines soient-elles. Peut-être aurait-il pu suivre quelques Poufsouffle de première année suivant le chemin les menant jusqu'à leur salle commune... il serait allé tâter le terrain, et peut-être aurait-il tenté de s'y introduire? Rendre la vie de Sarah Wotton infernale était pour lui comme une seconde passion. Néanmoins, il appréhendait. Dans toute sa paresse, il manquait cruellement de motivation nécessaire pour une telle opération.

Et puis lors des fins d'après-midi comme celle qui se déroulait actuellement, la vigilance était toujours plus élevée. Scipion avança plus loin dans le parc, restant à une bonne distance du lac, puis se retrouva sans qu'il s'en soit rendu compte à quelques mètres seulement de la forêt interdite. Il s'approcha prudemment de l'orée et regarda derrière lui. En sept ans de sa scolarité à Poudlard, nombreuses avaient été ses tentatives de pénétrer dans l'enceinte de ce bois menaçant. Mais elles avaient toujours été vaines, à son grand regret. On racontait toutes sortes d'histoires à ce sujet, comme les vampires ou loups-garous errants, les centaures aux pulsions meurtrières... ce genre de croyances populaires que les élèves aimaient à propager. Qui sait, peut-être que cette soirée d'automne était destinée à une escapade nocturne dans cette forêt qui inspirait la crainte de chacun?

Il avança d'un pas vigilant ; la vaste étendue d'arbres dégageait des vapes brumeuses et une étrange sensation glaciale. Cela ne suffit pas à Scipion pour rebrousser chemin, une fois qu'il s'était fixé un objectif, il était difficile de l'en détourner. Mais il fallait qu'il reste sur ses gardes, il avait vu le Professeur Rosenberg rôder non loin de sa position quelques minutes auparavant. Si son professeur de métamorphose le prenait sur le fait, une retenue serait certainement de rigueur.

Il prit l'initiative de se poster derrière la masure du garde-chasse. De cet angle de vue, ni élève ni professeur ne serait en mesure de le remarquer se faufiler dans le bois obscur. Il attendit néanmoins de voir les petits groupes d'élèves regagner le château, l'attention du personnel se focaliserait alors sur eux et il serait plus libre de ses mouvements. Au moment qu'il jugea le plus opportun, il dut se raviser: les professeurs Peverelle et Fontaine prenaient la direction de la cabane, plongés dans une discussion très engagée. Il décida alors d'appliquer une nouvelle stratégie ; en se postant derrière l'aile Est du château, ses chances d'être vu seraient restreintes.

Les derniers élèves venaient de rentrer. C'était le moment ou jamais. Il s'engouffra dans la forêt, se faufila adroitement entre les buissons qui faisaient office de frontière entre l'enceinte de l'école et la zone prohibée, et commença à courir. Maintenant qu'il avait commencé, il aurait été navrant de se faire prendre. Au fur et à mesure, il s'enfonçait dans les ténèbres de ce bois touffu et ardent. Au loin, le néant, l'obscurité masquée par une brume épaisse. Puis... une forme blanche, presque luisante, à la démarche féline. Scipion crut tout d'abord à une illusion, on aurait dit un loup. Il venait de sortir d'un fourré, et le jeune Gryffondor eut l'impression que l'animal regardait autour de lui, avant de s'élancer dans une course effrénée. Abasourdi par une telle apparition, Scipion marqua un temps et reprit son souffle. Puis il reprît, en quête de la créature, progressant aveuglément entre les branches et les feuilles mortes.

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Illy continuait de courir, courir encore, toujours plus vite. Dieu que cela faisait du bien ! Ses doutes presque disparus, remplacés par cette sensation de liberté, ses pattes frôlant à peine le sol, son corps réagissant de lui-même pour s'adapter à la nature qui lui faisait face. Elle aurait eu forme humaine, elle aurait bien éclaté de rire sur le moment, mais elle se contenta d'émettre une sorte de ronronnement de contentement. Cependant, il se stoppa bien vite, tout comme la course de la jeune femme, qui s'arrêta net, les oreilles relevées, écoutant le silence ...

Silence ? Pas tout à fait. Un bruit lointain était perceptible. Un bruit de ... course. Quelqu'un courrait, comme pour essayer d'attraper quelque chose. Ou de rattraper. La jeune Animagus aurait très bien pu ignorer ce fait, après tout, il était courant que des animaux et autres créatures, magiques ou non, gambadent dans ces bois ... N'y avait-elle pas elle-même rencontré un centaure lors de sa scolarité ? Mais en écoutant mieux ce fameux bruit qui allait en se rapprochant, elle comprit que ce ne pouvait être n'importe quelle créature. Ca n'avait l'allure d'aucun animal qu'elle pouvait connaître... C'était ... humain. Elle en aurait mis sa main à couper. & pas n'importe quelle sorte d'humain : le pas était bien trop souple et bien trop rapide pour appartenir au corps d'un professeur de Poudlard. La jeune femme connaissait ses collègues, et la corpulence et la taille de celui qui courrait était bien trop faible pour leur appartenir.

Alors c'était un élève ? Mais quel élève serait assez inconscient pour faire un tel raffut en plein milieu de la Forêt Interdite ? Quoiqu'en y réfléchissant, c'était ses oreilles de renard arctique qui trouvait les pas de l'élève bruyants, pas vraiment la jeune professeure, qui, elle, n'aurait peut-être rien entendu à part un mouvement de feuilles lointain, qui ne l'aurait pas perturbé plus que cela. Mais ce qui inquiétait maintenant Illy était que si sous son apparence d'animal, elle avait pu entendre la venue du jeune ou de la jeune élève qui arrivait, n'importe quelle créature ayant une ouïe assez développée s'en rendrait compte aussi.

Il fallait donc qu'elle reste sur ses gardes et qu'elle protège l'élève inconscient qui s'était aventuré bien plus loin que les limites qu'il devait normalement ne pas franchir. Mais comment lui en vouloir ? Elle avait été élève aussi et elle savait mieux que personne à quel point le goût du risque était dangereusement agréable. Elle décida donc de ne pas être trop autoritaire avec la personne qui arrivait ... Après tout, si elle ne disait rien, personne ne le saurait et personne n'aurait d'ennui.

* Tu fréquentes trop Naïa Ill' ... Tu commences à réfléchir comme une ancienne Serpentard & non comme une ancienne Gryffondor ... *

A cette pensée, elle faillit rire, avant de se rappeler sous quelle forme elle se trouvait. Secouant le museau pour chasser cette image plutôt drôle, elle se posta contre l'arbre le plus proche, en position assise, sa queue blanche en panache enroulée autour de ses pattes, son regard azur fixé vers le point d'oû arrivait les pas . Patiemment, elle attendit que le jeune homme dont elle percevait maintenant nettement la respiration la remarque.

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Scipion progressait hâtivement entre les branchages effilés et les divers obstacles qu’il rencontrait sur le sentier sinueux. Si, comme il le pensait, il avait de la chance, c’était une licorne qu’il venait d’apercevoir. On lui avait dit que certains spécimens vivaient dans la forêt interdite, et il était peu banal de rencontrer ces créatures au pelage blanc lumineux. S’il parvenait à la rattraper, il pourrait peut-être toucher son crin, peut-être même son unique corne, et se vanter d’avoir rencontré un animal d’une telle rareté.

Il était plus que jamais exposé au danger, mais ne craignait ni les chimères voraces que chacun redoutait, ni l’obscurité dans laquelle il se plongeait toujours plus. Sa curiosité insatisfaite et son désir ardent d’éclairer les mystères qui expliquaient l’interdiction de pénétrer dans ce bois le poussaient à continuer. Et il était trop tard pour rebrousser chemin. Il s’arrêta, le temps d’un instant. Il aimait cette proximité qu’il avait avec la nature à ce moment-là, et la spiritualité qu’elle lui inspirait.

C’était si calme… il ne percevait que le bruit de ses propres pas et le craquement qu’ils produisaient sur les feuilles mortes. Il avait perdu espoir de retrouver la trace de la licorne et déambulait alors dans cette brume épaisse qui empêchait toute visibilité ; il veillait cependant à avancer prudemment, il était facile de trébucher sur une souche ou une racine tordue camouflées par le feuillage abondant. A travers ces massifs de fougères et les brindilles aiguisées qui lui écorchaient les mollets, Scipion peinait à s’éloigner du sentier.

« Lumos. »

Sa baguette en main, il tentait de déceler les éléments du paysage forestier qui apparaissaient peu à peu, se détachant des volutes brumeuses. A cet instant, il perçut l’animal. Il s’était fourvoyé, ce n’était pas une licorne qu’il avait vue dans le bois. Non, on aurait dit un loup… ou plutôt un renard. Un renard polaire au pelage blanc soyeux et luisant malgré l’absence de luminosité et au regard intense. Il était assis, adossé contre un arbre dans toute sa noblesse, comme attendant que quelque chose survienne.

Scipion s’approcha. La déception n’était pas trop grande, le Gryffondor trouvait une certaine majesté à cet animal. Une lueur bienveillante brillait dans ses pupilles. Il s’accroupit et tenta de capter son regard. Le canidé demeura immobile. Ils étaient là, tous deux dans un étrange face à face, les yeux dans les yeux, sans bouger, à quelques mètres l’un de l’autre, se toisant comme pour essayer de se découvrir. Scipion lisait une certaine compréhension dans les yeux de l’animal, comme si ce dernier avait été en mesure de percevoir les pensées du jeune sorcier. Le Gryffondor rangeait alors sa baguette, comme pour prouver à l’animal qu’il ne tenterait rien contre lui et replongea dans ses yeux, retenant sa respiration. Quand il fut certain que le renard comprenait ses intentions, il avança ses doigts vers sa fourrure avec précaution.

« Tu as de la chance, de vivre dans un endroit comme celui-ci. Même si ça ne doit pas être facile tous les jours.»

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Illy attendait toujours que le jeune élève imprudent et inconscient arrive devant elle, ce qui ne tardait pas à arriver, si on en jugeait par la lueur de sa baguette qu’elle commençait à apercevoir au loin. Levant les yeux au ciel – ce qui était assez inhabituel de la part d’un renard polaire – la jeune professeure maudit le manque de jugeote de ses élèves. Il y verrait peut-être mieux, mais au train où allaient les choses dans cette forêt, il ne serait pas le seul. Pendant un moment, la Rosenberg hésita à bouger et à lui sauter dessus par derrière, histoire de lui donner une bonne leçon de frayeur, pour qu’il comprenne qu’au niveau des créatures peuplant cette forêt, il faisait autant de bruit qu’un éléphant et que sa lumière se voyait à des kilomètres, pour des yeux avisés, mais elle ne bougea pas, attendant patiemment de savoir si elle connaissait ce qui se profilait comme étant un jeune homme et si cet imprudent avait un jour participé à un cours de Soins aux Créatures Magiques. Déjà que s’aventurer dans la Forêt ne relevait pas de l’intelligence extrême, si en plus on faisait tout pour signaler sa présence, c’était perdu d’avance.

L’élève fut bientôt visible dans les moindres détails pour la jeune femme, et elle put remarquer qu’elle connaissait effectivement celui qui semblait lui courir après depuis quelques minutes. Scipion Séléné. Bien entendu, elle aurait dû s’en douter. Qui d’autre que lui ou qu’un quelconque serpent pour faire fi des règles imposées et aller chasser divers animaux et créatures dans une forêt plus que dangereuse ? Il était de Gryffondor, ceci expliquait peut-être cela, elle l’ignorait, mais le fait est qu’elle fut soulagée de voir qu’il ne s’agissait pas d’un élève de première, deuxième, ou troisième année, qui savait relativement moins bien se servir d’une baguette magique.

Le jeune homme s’avança doucement vers elle, pour ne pas lui faire peur sans doute, tout en rangeant sa baguette.

• Idiot … Depuis quand on range sa baguette dans un tel environnement ? •

Résistant à l’envie de lever une seconde fois les yeux au ciel, ce qui aurait eu pour effet de faire sûrement assez étrange au Lion, elle attendit de voir ce qu’il faisait, tout en concentrant son ouïe vers les alentours, essayant de percevoir un quelconque bruit de pas, mais à part des frôlements de feuilles qu’elle jugea assez lointain, il n’y avait rien, ce qui la soulagea. Illy voyait bien qu’il comprenait qu’elle n’était pas un renard comme les autres. Après tout, c’était un jeune humain intelligent, il n’y avait pas de raison pour qu’il ne comprenne pas. Mais le geste qu’il amorça comme pour venir caresser sa fourrure lui montra qu’il n’avait pas compris toute l’étendue de cette différence, et qu’il ne connaissait pas les talents d’Animagus de la jeune femme. Ce n’était pas étonnant, peu de gens au château le savait, non pas que ce fut secret, mais c’était quelque chose d’assez difficile à caser dans une conversation, surtout lorsque l’on était professeur d’Etude des Moldus.

Décidant qu’elle avait attendu assez, et qu’ils seraient gênés tous les deux s’il commençait à lui caresser le dos, elle reprit doucement une apparence plus habituelle, sentant ses sentiments humains reprendre le dessus et un sourire se formant au coin de ses lèvres quand elle recroisa le regard du jeune homme, qui devait sûrement être plus qu’étonné de la situation.

« & toi tu as de la chance que ce soit moi qui t’ait trouvé & pas quelque chose d’autre, jeune homme ! »

S’adossant à l’arbre, elle sortit sa baguette de sa poche, une lueur amusée dans les yeux, tandis qu’elle surveillait les alentours, pour ne pas être surprise si un invité décidait de débarquer à l’improviste.

« Besoin d’aventure Monsieur Séléné ? »

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L’effet de surprise fit tomber Scipion à terre. En une fraction de seconde, une métamorphose s’était produite, et il était bien trop ébahi pour réellement comprendre ce qui s’était déroulé sous ses yeux. Sans qu’il ne sache pourquoi ni comment, le renard avait disparu. Et ce qui lui faisait place à présent, c’était… son professeur d’étude des moldus ?! Il croyait être victime d’une illusion, mais si quelqu’un avait pu le pincer à ce moment-là, il se serait rendu compte que la situation était tout à fait réelle.

« Professeur… » Bredouilla-t-il éberlué. « Mais… le renard ! »

Absurde, tout simplement absurde. Comment Illy Rosenberg pouvait-elle se retrouver devant elle à la place du canidé qui l’avait précédé de quelques instants ? C’était insensé. A moins que… non. Un animagus ?! Et si c’était réellement le cas ? Qui était au courant ? Bon sang, il aurait du prendre cette éventualité en compte. Il avait été stupide et allait devoir assumer les conséquences de ses actes. Même si le professeur en question était principalement réputé pour sa compréhension et son indulgence, il savait que ce n’était en aucun cas bon pour lui. Tout d’abord parce qu’il était sorti plusieurs fois avec la sœur adoptive de la jeune femme, et ne l’avait pas particulièrement remise sur le droit chemin, relation que l’enseignante avait du voir d’un œil mauvais. Puis parce qu’il avait une réputation qui le suivait, et même s’il parvenait à tromper bien des professeurs, ses opérations dans le château ne passaient pas inaperçues. En tout cas, pas toutes. De la chance ? ! De la chance d’avoir été découvert par un professeur ? Le teint du Rouge et Or vira à l’écarlate. Se faire prendre sur le fait aussi lamentablement relevait de la pire humiliation qu’il soit. Il allait devoir rentrer au château escorté par un enseignant, sans avoir pu étancher sa soif de découvertes ? Il ne se le permettrait pas. Il avait une bien trop haute estimation de lui-même pour s’abaisser à une chose pareille. Il était venu dans ce bois, avait bravé les interdictions, franchi les obstacles qu’il avait rencontré… et l’idée de devoir abandonner à mi-chemin lui était inconcevable.

« Si je m’attendais à vous trouver ici… » lâcha-t-il nerveusement sur un ton innocent, comme s’il revenait d’une promenade de santé.

Il était furieux contre lui-même, furieux de s’être laissé piéger comme un novice. Il avait cru en une illusion et cette erreur allait lui coûter cher. Sa réputation allait y passer, il aurait tout perdu dans cette histoire. Que pouvait-il faire à présent ? Il aurait pu détourner l’attention de la jeune femme et lui jeter un maléfice d’amnésie, mais malheureusement pour lui, il y avait un monde entre le niveau d’un simple septième année et celui d’un professeur détenant un brevet de sorcellerie. Il fulminait. Il était pris sur le fait, c’était elle qui détenait l’autorité, et par conséquent, le sort sur Gryffondor était entre ses mains. Bon sang ! Il avait réussi à franchir sans encombre l’orée de la forêt, ce n’était pour se laisser cueillir une fois à l’intérieur, c’était stupide. Combien y avait-il de chances, dans toute cette immensité végétale, de croiser par « hasard » son professeur d’étude des moldus, qui par comble de malchance était un animagus ? Etait-elle au moins répertoriée dans la liste ? Avait-il été suivi ? Il avait pourtant veillé à passer inaperçu… il aurait du créer une diversion. Et être assez lucide pour éviter cet animal qui l’avait contre toute attente fasciné. A présent, comment pouvait-il se sortir de cette situation ? Il ne craignait ni les retenues, ni les sermons, ni quoi que ce soit, mais pour son honneur et son trop grand amour-propre. Il pouvait toujours faire croire naïvement qu’il n’avait aucune intention de contourner le règlement ? Il ne serait pas crédible, Rosenberg avait beau être compréhensive, elle n’était pas dupe. Il aurait du penser à emmener Flynn, Tara ou Zora avec lui… cela aurait limité ses chances de se faire prendre. Jouer avec la sensibilité risquait d’être inefficace également, même avec une jeune enseignante qui avait connu les mêmes envies de liberté et d’évasion, il ne voyait pas comment quiconque pouvait s’apitoyer sur son sort. Puis son rôle ne la laisserait pas fermer les yeux, elle avait des obligations après tout. Il réfléchit. Pour le moment, la priorité était de gagner du temps ou de trouver un motif de diversion. Lui laisser quelques secondes d’avance pour trouver une idée salvatrice. La fuite ? Actuellement, c’était impossible. Mais rentrer bredouille à l’école piégé comme un rat était tout aussi exclu. Il fallait trouver une solution dans les délais les plus brefs.

« J’étais venu observer les licornes, on m’a dit qu’il y en avait de plus en plus par ici. » dit-il ingénument, espérant masquer par là ses intentions qui n'étaient pas les plus nobles.

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Illy retint un éclat de rire lorsqu'elle aperçut la tête que fit Scipion lors de sa métamorphose. Voir ses élèves sursauter de surprise, c'était quelque chose qu'elle adorait et qu'elle prenait plaisir à voir, à chaque fois. Ce n'était bien sûr pas la première fois que cela lui arrivait, aussi, elle s'en amusait à tous les coups. & aucun des résidents de ce château n'avait réagi autrement que par un sursaut et un bégaiement. Le renard? Où était passé le renard ? Voilà les seuls et premiers mots qui passaient les lèvres de ses interlocuteurs. C'était une bonne question, toutefois. Où était-il passé ? Voilà quelque chose qu'elle se demandait souvent depuis qu'elle avait acquis ce don. Où disparaissait-il, une fois qu'elle l'avait renvoyé ? En elle, tout au fond, là où se nichait ses instincts les plus animaux ? Ou bien il était elle, tout simplement. C'était une bonne solution, oui. Il était elle, mais pas toujours. Elle n'était pas un renard. Elle était Le renard. & cela faisait toute la différence. Perdue dans ses pensées, elle attendit que le Gryffondor reprenne peu à peu ses esprits, pour qu'elle puisse le sermonner en bonne et due forme, histoire de passer la douloureuse étape qu'elle était forcée d'accomplir, en tant que professeur.

" Il n'y a plus de renard, c'est un des nombreux mystères de la vie, que veux-tu ... Un moment il y a un renard, et l'instant d'après un professeur. "

Le ton du jeune élève vira au rouge, ce qui allait de pair avec son blason, mais qui devait être le fruit d'une intense réflexion. La jeune professeur ne connaissait pas vraiment le Séléné, elle savait juste par ses collègues qu'il fallait s'en méfier et qu'il était du genre retord et assez intelligent pour réussir à lui fausser compagnie s'il en décidait ainsi. Apparemment, il avait été l'un des garçons à avoir semé le trouble lors du bal quelques temps auparavant, en accusant une élève totalement innocente de la culpabilité du crime que la propre soeur d'Illy avait commis. Elle n'en savait pas plus sur lui, mis à part qu'il avait avec Naïa une relation étrange, mais elle n'y avait jamais réellement fait attention. Depuis des années, elle s'étaient implicitement promis de ne pas se mêler de la vie amoureuse de l'autre, ce qui pouvait autant servir à Naïa qu'à Illy, qui avait assez subi le fait que sa petite soeur fasse fuir tous les hommes qui l'approchait.

Se reconcentrant sur l'élève qui avait l'air assez nerveux, ce qui était compréhensible étant donné qu'il s'était fait prendre la main dans le sac, elle prit un air narquois.

" Tiens donc, étonnant ... "

S'ensuivit alors une tentative du jeune homme d'expliquer sa présence dans les bois. Sans comprendre réellement pourquoi, elle n'y croyait pas. Sûrement à cause de ce que ses collègues racontaient sur le jeune homme, qui lui faisait perdre toute confiance en ce qu'il pourrait dire. Le fait aussi qu'il était plus connu pour ses frasques que pour son parcours studieux. Ou un peu des deux. C'est pourquoi, soupirant, elle le fit taire d'un geste de la tête.

" C'est bon te fatigue pas. Allez, le chemin du retour c'est par..."

Un bruit la fit s'arrêter de parler, et elle observa un point derrière le Gryffondor. Un buisson s'était mis à bouger dangereusement, comme s'il était pris de vie. Il devait y avoir quelque chose de l'autre côté, quelque chose qui ne demandait qu'à les rejoindre. En un éclair la jeune femme sortit sa baguette, sommant le jeune homme de faire de même d'un regard, puis se plaça devant lui, baguette en avant.

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Scipion restait sur la défensive ; à la moindre occasion qui se présenterait, il prendrait la fuite, quitte à en subir les séquelles. Il ne perdait rien à essayer et même s’il devait finir le reste de sa vie en retenue, il savait qu’il ne le regretterait pas. Au moins, son honneur serait sauf et il n’aurait pas à subir une humiliation dont il ne se relèverait certainement pas. « Piégé par sa professeur d’étude des moldus après avoir tenté une escapade dans la forêt interdite », voilà qui serait peu plaisant. L’information tournerait dans toute l’école, sa réputation s’effondrerait en un rien de temps et il devrait en affronter les conséquences. Les points de sa maison ? Il s’en moquait atrocement, en sept ans de scolarité, il avait déjà bien vidé le sablier des Rouge & Or sans avoir à le regretter. Il doutait tout autant qu’une retenue puisse avoir un quelconque impact sur lui. Après tout, il était la mauvaise herbe de Gryffondor et se plaisait à cette appellation, étant donné qu’il ne se considérait pas comme appartenant à une quelconque maison. Ce qu’il savait en revanche, c’était que cette prise au piège allait influer sur sa liberté dans l’école, et cela, il ne pouvait le tolérer. A quoi servirait sa scolarité si ce n’était à être employée à ses manigances ? La surveillance se resserrerait autour de lui, limitant chacun de ses actes. Le professeur, laconique, semblait presque s’amuser de la situation. Scipion, à défaut d’être assidu en étude des moldus, détenait assez d’informations sur l’enseignante pour savoir qu’il devait se méfier d’elle. Même en ayant mis les pieds dans son cours pour la dernière fois en… certainement quatrième année, il savait à quel point elle pouvait être intransigeante et qu’elle ne se laisserait pas avoir si facilement. Aussi, il pourrait trouver tout ce qu’il voulait pour se justifier, il savait qu’il y avait peu de chances pour qu’elle le croie. Il se mit à réfléchir à toute vitesse : en suivant le sentier linéaire, il devait par conséquent se trouver vers le côté ouest de la forêt. S’il parvenait à échapper à l’attention du professeur pendant qu’ils faisaient demi-tour, il pourrait s’enfoncer dans le bois dense en quittant le chemin, mais ne garantissait pas de pouvoir retrouver un jour sa route. Et dans le cas où il continuait sans quitter la piste, il serait facilement rattrapé : ses jeunes jambes ne pourraient pas l’aider contre le nerf olfactif du canidé, si Rosenberg décidait de reprendre son apparence animale. Dans leur course, elle avait suffisamment prouvé qu’au niveau de la rapidité, elle le dominait sur tous les tableaux et il ne voulait pas le risque de lui laisser l’opportunité de le faire. Quelle solution choisir, dans ce cas-là ? Alors que les rouages de son cerveau fonctionnaient à plein régime, l’enseignante parut troublée par un bruit provenant des fourrés. Scipion tendit l’oreille, effectivement quelque chose semblait bouger : le froissement des feuilles causé par un vent agité ? Non, c’était plus précis, et il y avait des chances pour que ce soit vivant. Le Gryffondor tressaillit tout en essayant de conserver son sang-froid. Il n’y avait aucune raison de paniquer, le professeur ci-présent détenait un brevet de sorcellerie après tout… toutefois, sur ses conseils, il tira la baguette de sa poche et la pointa vers le bosquet, sans savoir réellement quelle formule il comptait utiliser.

« Professeur, qu’est-ce que c’est ? »

Elle ne semblait pas le savoir plus que lui, mais elle avait pris les devants. L’attention désormais retenue par cet étrange buisson et son plus étrange résident, elle tenait fermement sa baguette tout en toisant ce potentiel danger. La première pensée qui vint à l’esprit de Scipion était que la situation était idéale pour prendre la fuite : ainsi, il gagnerait plusieurs secondes d’avance, profitant de la distraction de l’enseignante, s’évitant par là une cuisante défaite. Mais d’un autre côté, il était intrigué par cette forme qui venait de se distinguer. L’obscurité l’empêchait de discerner correctement, mais l’espace d’un instant, il lui sembla apercevoir une silhouette animale. Et s’ils étaient plusieurs ? Et lui et la jeune femme étaient encerclés ? Qui pourraient les aider s’ils étaient trop nombreux pour que la professeur parvienne à les maîtriser ?

[Décidemment, c’est une habitude de se retrouver dans la panade avec les Rosenberg è_é]

Il abandonna son idée de fuite et décida qu’il sauverait son honneur après avoir sauvé sa peau. L’urgence était ailleurs, dans l’instant présent. Il devait comprendre à qui ou quoi il avait affaire, puis s’assurer que cette chose serait hors d’état de nuire avant de pouvoir songer à autre chose. On disait que cette forêt abritait des loups-garous, des centaures et même des chimères plus dangereuses encore…

« Il vaudrait peut-être mieux faire demi-tour… » se risqua le Gryffondor d’une voix qui trahissait son appréhension à affronter une quelconque créature.

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