Cloe souriait beaucoup moins depuis qu’elle avait été prise sur le fait. Elle ne revenait toujours pas qu’elle avait été punie avec Lloyd alors qu’ils n’étaient pas les seuls fautifs de l’histoire. Ils s’étaient bien amusés à se lancer des bombabouses en team de trois contre trois. Les quatre lâches avaient fui pile au moment où ils avaient entendu des pas venir vers leur direction. Sur le coup, le concierge n’avait rien voulu entendre et n’avait pas voulu chercher à savoir qui étaient leurs compagnons. Ce tyran les avait condamné à des travaux forcés, si pénibles et si durs dans cette salle de trophées si froide et si… couronnée d’or et d’argent.

Frottant sans motivation une vieille médaille poussiéreuse, elle se demandait ce que le monde avait contre elle. Lloyd aussi était dans la même galère mais il gardait le sourire : après tout, ils s’étaient bien amusés en effet. Ils n’avaient pas commencé la partie avec douceur et n’avaient éprouvé aucune pitié l’un envers l’autre. En fait, ils s’étaient chacun mis à l’épreuve : la détermination de Cloe face à l’instinct de survie de Lloyd. Ils étaient vraiment les meilleurs amis, dans tous les coups possibles et ce, malgré les circonstances les plus gênantes. On se souvenait encore de les avoir vu s’embrasser jour après jour, durant deux semaines. Ils avaient cru s’aimer et jouaient leur rôle de partenaire à la perfection, pour pouvoir combler l’autre. Mais quand une chose est trop parfaite, elle comporte finalement des failles. Tout était trop beau et factice qu’au final, ils s’étaient rendus compte que tout ceci n’était qu’une mise en scène et qu’en réalité, ils n’avaient ressenti qu’une simple attirance. Cloe avait tourné la page et disait simplement que c’était une erreur de jeunesse et une occasion de tester quelque chose : il n’y avait aucun mal.

Quoi qu’il en soit, les quinze minutes accordées par le concierge avaient vraiment été limites. Il avait vraiment cru que j’aurais le temps de tout faire ? Le temps de descendre les escaliers et regagner ma salle commune m’avait pris cinq minutes. Ensuite, il avait fallu que je presse une fille de sortir d’une des douches et elle m’avait montrée tout son courroux, bien que je m’en fichais éperdument. Finalement, j’avais dû prendre une douche express en cinq minutes avant de rejoindre mon meilleur pote au bagne. Ouais, j’appelais ça un bagne car on devait y rester enfermé pour au moins deux heures. Ce n’était pas que de simple trophées poussiéreux non… Il y avait vraiment des trucs louches qui les salissait, comme si on leur avait jeté des produits de farces et attrapes. A mon avis, le concierge avait tout simplement refusé de plonger ses mains dedans. Enfin quoi qu’il en soit, j’aimais bien ces gants de latex qui recouvraient nos mains et je devais avouer que j’avais bien envie de les garder pour m’en servir pour un prochain méfait. On peut faire n’importe quoi avec de la magie et du latex. Sourire mesquin aux lèvres, je me tournai vers mon acolyte qui semblait vouloir me provoquer gentiment. Si j’en étais là, c’était à cause de lui. Il pouvait vraiment être idiot quand il était avec moi et inversement : il était un des seuls avec qui je me comportais comme une imbécile. Il faisait ressortir mon côté enfantin à tout moment… comme lorsqu’on s’était transformé en gamins, il y a quelques temps.

« - Ah sale saligaud, t’imagines même pas comment c’est trop mon kiffe de nettoyer les trophées ! J’ai toujours voulu faire ça au cours de ma vie, tu te rends compte ? J’ai réalisé mon rêve, bordel de chiotte ! » m’exclamai-je en totale ironie.

Appuyant bien mon éponge un peu noire sur une médaille de bronze, je lui enlevai les dernières mauvaises traces avant de la reposer machinalement à son emplacement d’origine. Observant mon partenaire d’un air de défi, je cherchai un moyen de l’embêter. C’était trop ennuyant de tout laver alors il fallait bien que quelque chose d’autre se produise, non ? Sans le prévenir, je lui jetai mon éponge dans sa tronche. Il avait certes pris une douche mais si j’en étais là, c’était de sa faute.

« - Et toi, l’éboueur, ça roule ? »

Lloyd ? Si vous me demandiez de le décrire, je crois que je serai capable d’en faire huit parchemins complets ! Non, sans blague, c’était le genre de garçon avec qui vous pouviez discuter de tout et de rien jusqu’à pas d’heures, avec qui vous ne risquez pas de vous ennuyer à condition que vous êtes le genre de personnes à aimer s’amuser sans arrêt. En fait, on se complétait plutôt bien sur tous les termes : on aimait les mêmes choses, on se comprenait facilement et on avait nul besoin de rédiger des pavés de lettres pour se pardonner d’une éventuelle dispute. En fait, je n’avais même pas le souvenir de m’être disputée avec lui, tellement il ne se prenait pas la tête et moi non plus. Je croquais la vie à pleines dents et je trouvais que s’emporter avec des personnes qu’on aimait beaucoup, c’était un truc de gamin. On avait seize ans et je voyais encore des garces de ma promo s’embrouiller pour des raisons futiles : l’une avait emprunté le rouge à lèvres de l’autre sans lui demander, l’une sortait avec l’ex de l’autre qui était encore en deuil de sa rupture dernière.

La seule chose qui avait pu rendre leur relation compliquée était leur amour factice mais malgré cela, Cloe ne faisait pas comme si rien ne s’était passé. Il ne fallait pas qu’une gêne s’installe sur ce sujet alors parfois, elle s’amusait à taquiner Lloyd sur cet ancien souvenir. Un jour, elle lui avait fait croire qu’il embrassait très mal rien que pour le frustrer gentiment. Quand il essayait de draguer une fille, elle lui disait simplement de faire gaffe car il était un mauvais séducteur en référence à leur ancien couple. Cependant, elle ne pensait rien de tout cela : il était un garçon admirable. Ce dernier venait de se mouiller le visage par une éponge très peu propre et une expression de dégoût se dessina durant quelques instants sur son visage de jeune homme. Ce n’était pas agréable de recevoir quelque chose de nauséabond sur le nez et d’en être recouvert. La vengeance se lisait, Cloe le savait. Elle le connaissait trop bien pour pouvoir penser qu’il ne la laisserait pas s’en tirer comme cela.

Malheureusement, elle n’avait plus de munitions d’éponges alors elle risquait de se faire avoir. Ils s’étaient tant battus depuis des années sur des jeux stupides comme cela qu’ils connaissaient parfaitement les intentions de l’autre. On aurait dit qu’un mysticisme certain liait leurs esprits et qu’un automatisme leur permettait de communiquer sans parler. Pour preuve, il s’était contentée de la féliciter d’avoir touché sa cible. Sourire narquois aux lèvres, la vipère verrouillait sa proie de son regard prédateur et elle attendit le bon moment pour répliquer. Une nouvelle bataille allait-elle de nouveau s’engager ? Cela s’avérait bien dangereux et il était sûr que cela finirait par leur retomber dessus s’ils faisaient trop de bruit. Mais Cloe n’avait pas l’air de trop se préoccuper de ce qu’il se passerait, tout simplement parce qu’elle se sentait bien auprès du Poufsouffle. Si lui l’accompagnait dans ses punitions, alors elle n’en avait rien à faire. Le règlement n’avait jamais été son point fort.

Tendant la main devant elle et tournant rapidement la tête sur le côté comme pour se protéger le visage, elle sentit le contact froid d’une éponge frapper ses doigts. Une vilaine odeur de moisie vint faire frémir ses narines et elle crut qu’elle allait tuer Lloyd de vouloir saccager sa si jolie douche fraîchement effectuée.

« - Dégage avec ton éponge, sale charclo à tête de capote ! » dit-elle en rigolant.

Elle l’insultait encore et encore comme pour lui signifier que même dans les plaisanteries, elle avait beaucoup d’affection pour lui. Elle laissa le projectile tomber au sol et sans baisser sa main, elle tourna de nouveau sa tête de face pour mieux observer son adversaire. Elle saisit un trophée et menaça Lloyd, bien qu’elle savait pertinemment qu’il s’en balançait totalement les steaks du sort de cette babiole dépassée.

« - Pose ton éponge, trimar, ou le trophée va se casser le derche ! Tu ne voudrais pas que le fantôme de Vladimir Frank vienne te hanter parce que t’as pété la gueule de sa récompense, hein ? » déclara-t-elle sur un ton faussement solennel.

Elle pensait bien que Lloyd n’allait pas se rendre pour un objet aussi moche mais elle s’ennuyait tellement à nettoyer tout cela que finalement, en casser un ne serait pas un mal. Cela permettrait aux prochains punis d’avoir une chose en moins à nettoyer. En vrai, elle rendait un sacré service à la communauté de Poudlard. A quoi bon garder des vieilles récompenses ici ? Bientôt, il n’y aurait plus de place alors autant les caser quelque part au Ministère où des femmes de ménage en prendraient soin. Cloe débattait sur ce sujet, parfois. Il serait tellement bien de passer un coup de neuf sur certaines zones du collège : on était en 2020 quand même, pas en 1990 !

Ce n'était tout de même pas sérieux, cette histoire ? Ce fantôme, c'était du n'importe quoi, Lloyd me jouait sûrement un tour. Je l'observai et cherchai sa baguette du regard mais elle semblait rangée dans sa poche de sorcier. Il n'aurait donc pas pu s'en servir ou alors, il l'avait fait furtivement. Fronçant les sourcils, je le soupçonnai d'avoir lancé un sortilège informulé, bien qu'il n'était pas un sorcier si extraordinaire pour autant. Il était tout de même un bon élève quand il le voulait et je ne doutai pas de ses capacités de duelliste mais faire apparaître un défunt, je restais même sceptique vis à vis des capacités d'un professeur à faire cela. Je ne pouvais pas croire que le fantôme de Vladimir truc puisse être parmi nous, ce n'était pas possible. Enfin, ça l'était mais le fait qu'il vienne nous voir en personne me surprenait plus que cela. On avait vraiment mal choisi notre jour pour faire nos conneries et je sentais que j'allais encore morfler un peu, comme si les bombabouses ne suffisaient pas. Visiblement, c'était toujours en compagnie d'un mec que je rencontrais le plus de choses inédites et spécialement avec Lloyd. Les filles, en général, était plus prudes quant aux infractions du règlement et il faut croire que j'étais une belle exception parmi elles. A la vue de cette chose transparente, je m'étais reculée par réflexe, comme je le faisais à la forêt interdite pour éviter les créatures glauques. Je connaissais trois règles : ne pas approcher l'inconnu qui paraissait louche, ne pas non plus le provoquer du regard et rester calme. Écarquillant les yeux, je ne le quittai pas du regard, craignant un mauvais tour de sa part. Je ne le provoquai pas non plus, lui laissant simplement penser que j'étais en mode "totale incompréhension". Je savais juste que cet homme ne devait pas être plus méchant qu'un loup-garou.. du moins, je l'espérais. On ne laisserait jamais un danger publique rester dans l'enceinte d'une école où des jeunes gens se promenaient tous les jours. Mais d'un autre côté, qu'il soit un ancien professeur ou pas ne changeait rien : la mort pouvait vous rendre aigri ou farceur et Peeves en était la preuve.

D’ailleurs, cela l’impressionnait un peu de le voir surgir ici.. c’était comme s’il n’avait pas quitté ce lieu depuis des lustres. Vivait-il ici ? Et comment cela se fait qu’on avait jamais entendu parler de son fantôme depuis six ans d’études ? C’était un homme assez exigeant, de son époque, qui en faisait baver aux cancres et qui ne montraient de fierté qu’aux génies. Il travaillait au poste de Maître des potions, au même titre que l’ancien Snape, ou Slughorn. C’était à croire que ce poste n’intéressait que les Serpentard mais en même temps, aimer les cachots signifiait avoir vécu un temps dedans. Cloe n’avait pas trop aimé l’ambiance des cachots en première année, car cela était trop renfermé pour elle. Mais au fil du temps, elle avait trouvé un certain charme à ces lieux presque labyrinthiques.

Toujours silencieuse, elle observa la fine silhouette du professeur venir la faire face. Il n’était vraiment pas satisfait de les voir jouer avec ses récompenses, notamment elle. De sa main attaquante, elle tenait toujours le trophée comme une arme et cette disgrâce n’échappa pas au regard inquisiteur de l’homme. Il la foudroyait presque du regard, comme si sa vie était en jeu et si Cloe lui aurait rit au nez en temps normal, son aura glacé put briser son côté tête dure durant quelques secondes. Lloyd devait sûrement profiter du spectacle puisqu’il n’avait jamais vu sa meilleure amie être déstabilisée ainsi. Mais l’effet inverse était également présent : la blondine savait que son partenaire devait tout aussi être perturbé.

Tous les deux semblaient observer le fantôme comme une bête de foire. Cette dernière leur cracha dessus, leur criant qu’ils n’avaient pas le droit de faire n’importe quoi avec ces récompenses. Ses rides se creusaient sous l’expression colérique qu’il affichait et ses cheveux incroyablement blancs étaient le sujet de la minute des yeux océan de l’allemande. Elle le trouvait particulièrement laid mais effrayant. Lloyd n’avait pas tort en affirmant ce qu’il avait dit à son sujet et sincèrement, elle n’avait nulle envie de se faire pendre par le gros orteil et le petit doigt de pied. En fait, ce n’était même pas le fait que la hiérarchie apprendrait ses bêtises qui lui faisaient peur mais plutôt ses châtiments à lui. Argus Rusard, un ancien concierge, faisait énormément de mauvaises surprises à ses élèves d'après ce que sa mère lui avait dit. Il faut croire que Poudlard au vingtième siècle, ce n'était pas de la rigolade alors on regrettait rarement de vivre à l'époque d'aujourd'hui où tout est moins dur qu'antan. On lui avait raconté toutes sortes de punition possibles, allant du Levicorpus simple jusqu’aux lynchages de boules puantes. Oh oui, dans les années cinquante, on en se gênait pas pour humilier les élèves peu gentillets. C’était vraiment peu classe d’en parler et Cloe avait, à cet instant, aucune envie de finir en ballon de baudruche pour ce type mort. Elle était prête à sortir sa baguette pour lancer n’importe quel sort lui venant à l’esprit mais elle se souvint ensuite qu’elle ne pouvait rien contre une énergie comme celle-là. Un fantôme ne craignait absolument rien des sorciers, c’était donc inutile de vouloir se battre.

« Non mais, je voulais pas la casser ou la lancer, je vous jure ! Je déconnais...enfin, on déconnait. » rectifia-t-elle en apercevant le Poufsouffle du coin de l’oeil.

« Bah voyons, c’est ce que tout le monde dit hein ! Vous n’avez que de la mauvaise foi, comme tous les jeunes que j’ai pu croiser au cours de ma vie ! Qu’est-ce qui m’empêcherait de vous pendre tous les deux avec mes deux mains, hein ?!
- Et bien, vous êtes mort alors...
- Balivernes ! Mort ou pas, vous entendrez parler de moi jusqu’à votre mort si l’envie me prend de vous hanter ! »

Suite à sa dernière réplique, j’avais eu envie de rire. C’était tout à fait le genre de fantôme qui croit vous faire peur en vous annonçant qu’il irait vous hanter. D’un côté, rien ne l’empêchait de nous suivre jour et nuit mais je pense qu’un professeur finirait par le chasser pour ne pas qu’il hante ne serait-ce qu’un élève. Alors finalement, cela ne m’effrayait pas vraiment et il pouvait essayer. Rien que pour rigoler, cela me ferait une occasion de tester les vieux rites écrits sur des livres occultes. Oui, je lisais parfois des livres de la bibliothèque mais ce n’était pas de mon plein gré. En réalité, j’ai quelques amis qui sont passionnés par le mysticisme et qui suivent les cours de divination.

Un jour, ils m’avaient proposé d’invoquer un vieux fantôme à Poudlard à partir d’indications écrites dans un vieux manuel de cours daté d’il y a deux siècles et sur le coup, j’avais été partante. Malheureusement, nous n’avions pas réussi à invoquer quoi que ce soit et je suppose que c’était parce que nous n’étions pas assez forts ou entraînés. Il faut dire que moi et la divination, nous n’étions pas super copines et c’est pour cela que je n’avais pas poursuivi la matière. Néanmoins, je me demandais si je parviendrais à faire des trucs avec ce fichu défunt professeur. Cette question me trottait l’esprit et pendant tout ce temmps-là, Lloyd avait répondu à l’enseignant. Toutefois, cela ne m’avait pas très l’air sincère ce qu’il venait de dire et je connaissais trop bien mon meilleur ami pour qu’il puisse s’agir d’un véritable acte de soutien. Non, je percevais ce petit air mesquin qu’il arborait quand il était sur le point de commettre une connerie. Je le sentais mal pour le Vladimir Frank mais je ne dis rien, étant impatiente de le voir à l’oeuvre. Cela risquait d’être drôle, et cela m’exaltait. D’ailleurs, j’avais envie de marcher dans son jeu pour faire rager le défunt. J’avais envie de lui faire croire que j’allais lui rendre l’objet. Je pris une fausse mine désolée, en baissant la tête pour lui faire croire que j’étais désolée.

Doucement, je tendis la main qui tenait le trophée vers l’homme. Ce dernier semblait avoir oublié qu’il ne pouvait pas saisir d’objet dans sa condition et cela me faisait secrètement ricaner. Cela devait être peu facile de s’adapter dans un monde où l’on ne pouvait rien toucher et on devait sûrement perdre la sensation de ce sens. Quel triste sort...

« Je vous rends cette récompense, si vous voulez. On dirait une théière d’ailleurs, ce trophée. Et pourquoi il y a une espèce d’étoile de mer en emblème ? Vous l’avez eu au fond d’un océan ? »

Aussitôt, le fantôme se rapprocha pour la prendre mais je retirais aussitôt ma main et un affreux sourire se dessina sur mes lèvres. Je crois que j’étais un peu masochiste sur les bords et j’ignorais quelles punitions il allait me faire subir. En fait, nous étions déjà en retenue alors foutu pour foutu, on pouvait continuer nos bêtises. Lloyd avait ensuite agi rapidement alors que le sourire de Frank se transforma en une expression presque effrayante. Mon meilleur ami avait pris la récompense de mes mains et l’avait lancée en l’air avant de commencer à courir pour la rattraper. Le fantôme s’énerva plus que tout et poussa un affreux hurlement qui m’obligea à être pliée de rire. C’était tout simplement epic et à côté, il y avait Lloyd qui ne s’empêchait pas non plus de rire aux éclats. Vladimir Frank, le type qui perdait toute crédibilité avec son cri d’horreur. Bordel, je n’en pouvais plus.

« Monsieur, excusez-moi... ahaha... vous avez..ahaha.. indubitablement un cri de phacochère, c’est monstrueux... manque plus que de la morve qui ressort d'une narine et c'est.. aha, parfait.. ahahaha.. Putain, j’en peux plus...je suis morte, ahaha. »

Je me tenais par les côtes et j’avais une réelle envie de me rouler au sol tellement j’étais incapable de m’arrêter de rire. Je ne savais pas qu’un simple cri aussi moche pouvait me rendre aussi folle.

« BANDE DE SOMBRES CRETINS, JE VOUS HANTERAI NUITS ET JOURS ! »

Sa grosse voix avait pris le dessus dans la salle et elle faisait vraiment peur. D’un coup, mon rire s’était un peu éteint et un bruit d’objet cassé se fit entendre. Je baissai mon regard vers le trophée en mille morceaux sur le sol... Je réalisai en compagnie de mon meilleur ami, que tout ceci n’était pas du vrai métal mais tout simplement du toc. Une petite chute comme celle-là ne devrait pas briser un trophée bien solide.

« Lloyd mais t’es trop con, le concierge va te tuer. » dis-je avec un petit sourire en coin.

Toutefois, ce n’était pas le concierge qui me faisait peur... Je m’attendais à une nouvelle vague d’insultes de la part du Frank Vladimir.

« COMMENT AVEZ-VOUS PU OSER DÉTRUIRE MON PLUS BEAU TROPHÉE ?! AAAAH, vous n'êtes que des pourris, des imbéciles, des véracrasses de bas étages, des insectes, de la vermine ! »

Comme pour nous effrayer, il s’était mis à glisser en l’air de plus en plus rapidement pour nous foncer dedans.

Toute cette vague d’insultes leur était dédiée, à eux, les punis. Ils auraient dû se faire tout petits et implorer le pardon de cet ancien professeur mais malheureusement, la génération d’aujourd’hui n’était plus aussi respectueuse qu’antan. Avant, les enfants prenaient peur dès qu’on haussait la voix et ils étiaent prêts à s’agenouiller pour obtenir la clémence de l’adulte. Vladimir Frank semblait penser qu’aujourd’hui, tous se lissaient piétiner par des bons à rien de ce genre, habillés n’importe comment. Il avait observé avec dédain le collier que portait la jeune blonde et qui indiquait : « Go to hell », bijou qu’elle portait pour délirer un peu. Il trouvait cela de très mauvais goût et se demandait comment un décret n’avait pu être installé pour interdire ce genre d’infâmie. De son temps, les choses se passaient d’une bien meilleure façon et pourtant, le vieux oubliait que les temps changeaient. Il fallait savoir évoluer et s’adapter aux nouvelles façons de vivre.

Lui, fantôme, ne l’accepterait jamais et vivrait toujours à la période de son décès. C’était toujours comme ça que cela se passait chez les entités comme lui. Nick-Quasi-Sans-Tête n’avait cessé de complexer sur sa tête à moitié coupée et il parlait toujours des mêmes sujets depuis de longues années. Cloe trouvait cela bien lassant alors pour une fois, si elle pouvait rire un peu en se faisant enguirlander par l’un d’eux, cela ne lui posait pas de problème. En plus, il n’y avait rien de mieux que de se faire gronder en compagnie d’un excellent meilleur ami. Lloyd avait complètement ignoré les dires du fantôme, naviguant dans ses propres pensées alors que Cloe ne laissa pas son sourire s’évader. Elle avait observé Frank avec un air de défi, comme si elle osait prendre la mort comme challenger. La vipère était une fille si déterminée qu’on pouvait croire que rien ne lui faisait peur. C’était un leurre puisqu’elle avait bien une phobie mais elle était tout de même une tête dure, en plus d’être une habituée des méfaits. Une fois que vous avez trahi les règles écrites, vous vous sentez un peu supérieur. Cloe ne pouvait pas dissimuler cet orgueil, tout comme elle ne dissimulait jamais ses qualités. A quoi bon faire preuve de modestie quand vous reconnaissez avoir du talent en quelque chose ? C’était de l’hypocrisie pure et simple. L’hypocrisie, l’allemande détestait cela alors à la question du comment avaient-ils pu détruire son plus beau trophée, elle répondit en haussant les épaules.

« Non Franchement, mr Frank, sans vouloir vous vexer il était vraiment moche ce trophée. On va vous en trouver un mieux, vous allez être très satisfait. » dit-elle avec un faux air solennel.

Lloyd avait ensuite enchaîné à son tour avec des propositions plus salaces, plus provocatrices. Honnêtement, heureusement que personne ne les entendait puisqu’on les considérerait comme des enfants terriblement mal élevés. Mais d’un autre côté, ils étaient assez comiques pour faire rire le moindre professeur vivant passant par-là. L’accès à la salle de bain des Serdaigle était vraiment la plus grosse blague de cette heure et Cloe gloussa de rire, se plaignant presque intérieurement de faire un rire de bécasse.

« Vous croyez vraiment avoir le droit de me parler ainsi ?! Je suis le professeur Frank, vous me devez obéissance et respect ! Je peux accéder à n’importe quelle salle de bain quand je veux, que ça soit bien clair ! Vous deux n’êtes que de sales petits vauriens... tous les mêmes ! »

Cette réponse força la blondine à se mordre l’index pour ne pas s’écrouler de rire. Quel petit pervers, franchement. On pouvait détourner sa réponse et dire qu’il prenait un malin plaisir à visiter très fréquemment les salles de bain des élèves. N’était-ce pas une part d’aveu ? Intéressant et le sourire de Cloe devint beaucoup plus espiègle, comme si elle préparait un coup. Néanmoins, pour le moment, elle avait simplement envie de répondre à cet homme.

« Normal qu’on soit les mêmes, c’est mon meilleur ami ! On aime mélanger des dragées surprises de bertie crochue à la crotte de nez dans le jus de citrouille des gens qu'on aime pas, car ils le méritent. Ensuite, on adore se balancer du dentifrice dans la tronche car c'est marrant et on déteste apprendre des leçons par coeur parce que ça ne sert à rien. »

Peut-être que la miss en avait dit un peu trop. En général, mieux valait ne pas trop dénigrer les cours en présence d’un membre du personnel...

C’est vrai que Lloyd et moi étions très similaires et complémentaires. On se ressemblait beaucoup et on aurait pu être frère et sœur sans jamais se disputer. Quoi que, il m’aurait souvent boudé si je gagnais au Quidditch contre lui mais c’était justement cela qui faisait que je l’aimais beaucoup. Il ne faisait que bouder et peu après, il regagnait son sourire. De même pour moi, je savais prendre du recul après une défaite même si je détestait par-dessus tout la défaite. On était identiques sur ce coup-là et j’avais oublié de le préciser au fantôme de Frank. On jouait pour gagner et le fun était présent mais il pouvait disparaître si l’on perdait. C’était la qualité que l’on possédait pour être à Serpentard : avoir de l’honneur et vouloir gagner par-dessus tout. La maison provocatrice savait se faire respecter mais ce n’était pas un mal, même Merlin était passé par Serpentard sans finir comme une crapule.

Certains avaient trop de préjugés sur les verts mais on ne pouvait pas dire que certaines vipères sauvaient la réputation de la maison. Ils n’étaient pas tous des déchets stupides et médisants, Cloe et Rhiannon en étaient la preuve. Notre blondine n’avait aucun mal à se faire des amis en dehors de leur maison et au contraire, elles appréciaient bien la diversité. Ensuite, il était évident qu’en compétition, il était normal de vouloir achever le blaireau, le lion ou l’aigle mais à part cela, les animaux pouvaient s’allier sans problème en mettant en avant leurs qualités respectives. Cloe et Lloyd se ressemblaient énormément même s’ils appartenaient à un groupe différent et cela ne les empêchait pas de bien se comprendre et de s’adorer. Ils étaient en plus sortis ensemble et quand bien même cela s’était résolu par un échec, ils n’avaient pas été bêtes pour rompre tous leurs liens et ils avaient su passer outre cet épisode étrange.

Cloe ne regretterait cependant pas le goût des lèvres de son ami, c’était certain. C’était une expérience qu’elle n’oublierait pas et si c’était à refaire, elle ne dirait pas non. Le baiser n’était peut-être pas si amoureux mais il leur avait permis d’échanger bien des émotions communes. A cet instant-là, leurs émotions étaient celle de la jovialité et de l’exaltation. Ils aimaient jouer avec les nerfs du fantôme et ils attendaient ses répliques avec impatience. Comme prévu, il n’avait pas apprécié ce qu’avait dit la blonde au sujet des études et il leur conseilla clairement de se concentrer clairement dessus au lieu de faire des sottises ridicules. Un conseil que les deux n’écouteraient évidemment pas, tant ils croquaient leur jeunesse à pleines dents. Les cours, c’était pour ceux qui ne voyaient pas à quel point le temps était précieux et qu’il fallait faire un maximum de souvenirs pour l’avenir.

Lloyd l’avait parfaitement compris et il sortit une magnifique tirade qui fit rire sa meilleure amie, qui n’en pouvait toujours plus. Ils n’avaient pas envie de sombrer dans la vieillesse sans avoir rigolé le plus possible, en effet. Il lui exposa le magnifique cycle de la vie, les pères de famille qui finissent dépasser, aigri et vieux jeu. Cloe n’avait certainement pas envie de faire des blagues peu drôles et c’était bien ce qui l’effrayait dans son avenir mais elle s’était promise d’être une mère très drôle et une grand-mère toute aussi cool, un jour. Les personnes ayant un bon sens de l’humour rendaient le monde tellement meilleur, moins obscur et empli de richesse humaine. Il ne fallait jamais oublier ces bons moments de plaisanteries, bien qu’il faille retrouver son sérieux un jour. Néanmoins, tout le monde ne pense pas forcément de cette manière et c’était le cas du défunt qui était bloqué sur des idées vieilles et fausses.

« La jeunesse n’est qu’un tas de bêtises ! Les jeunes n’ont aucune expérience, et nous devons les guider vers un chemin plus droit ! Le pire des pêchés de ce monde, c’est bien la bêtise et vous en êtes infestés ! Vous m’entendez ?! Infestés ! Maintenant, continuez votre punition bande d’ingrats et n’osez même pas me répondre ou je préviendrai un de vos enseignants ! »

Sa voix sonnait un tonnerre qui aurait traversé le plafond pour les toucher. Il fallait avouer que c’était un peu plus convainquant que toute à l’heure, tout de même. Cloe acquiesça avec sourire et se tourna vers Lloyd pour lancer une réplique très ironique.

« Il marque un point, Lloyd. On est jeunes, cons et inutiles. On doit faire des choses utiles comme nettoyer des trophées, ça aidera la société à mieux se tenir ! Grâce à ça, plus de problème entre les sang-purs et les nés-moldus, on va sauver le monde ! »

Elle étira un sourire espiègle qui n’échappa pas à l’œil sournois de Frank. Il savait qu’elle le prenait pour un idiot et il n’appréciait vraiment pas cela… non, vraiment pas.

Que ce soit à Poudlard ou à sa formation de trois ans pour devenir Auror, Cloe ne comptait pas mettre de côté son petit côté joueur et fouineur. Après tout, il fallait être soi-même alors si elle avait envie de rencontrer un loup des bois, c’était tout à fait libre à elle. Elle serait responsable d’elle-même, bien que le problème soit que justement elle néglige un peu trop les conséquences. Non, elle se voyait continuer un peu ses pitreries, ne serait-ce qu’en première année. Elle ignorait si l’enseignement était sévère là-bas mais elle ferait attention au moindre mouvement laxiste.

Mimant un bâillement pour montrer qu’elle était fatiguée de toute cette cacophonie, elle lâcha un long soupir jusqu’à ce que son meilleur ami n’appuie ses affirmations. Lui aussi ne manquait pas d’audace, en s’adressant ainsi à l’ancien professeur. Il avait eu le cran de lui dire qu’il les dérangeait dans leur punition et même si cela ne lui plaisait, il fallait bien avouer qu’à la base, ils étaient ici pour ranger et laver les trophées. A cause de Frank, ils avaient dû s’interrompre pour se lancer dans une bataille verbale complètement puérile.

Puérile mais vachement drôle à mon goût. Je regrettais un peu que Lloyd soit aussi rapidement lassé de la chose parce que moi, j’étais toujours partante pour humilier ce spectre et de laisser tomber notre tâche. C’était beaucoup plus drôle de parler à ce Frank plutôt que de nettoyer des vieilles récompenses en or, remplies de poussière. En plus, on ne pouvait même pas les voler et les revendre pour se faire un bon petit pactol. Vive l’utilité de ces choses peu esthétiques… Je ne puis néanmoins pas m’empêcher de rire une dernière fois à la réponse de mon ami, laissant voir à quel point je pouvais être une vraie bécasse sur les bords. D’habitude, je détestais entendre les rires de bécasse mais aujourd’hui, j’avais accumulé et je n’étais pas finalement mieux que les autres filles qui riaient pour tout et n’importe quoi. Je me contentai de sourire lorsque notre ami le défunt nous mit en garde à propos d’une éventuelle visite de sa part dans un avenir proche. J’étais impatiente de le revoir, tiens. Je pourrais ainsi lui balancer des répliques cinglantes à tout bout de champ sans craindre quoi que ce soit de lui. Enfin… qu’il ne vienne pas non plus m’empêcher de dormir, la nuit ! Sinon j’appellerai Peeves et je m’efforcerai de le soudoyer d’une manière ou d’une autre pour arriver à mes fins.

Cloe observa une dernière fois la silhouette traverser le sol, en direction des niveaux inférieurs. Il s’agissait sûrement des cachots dans lesquels elle vivait la nuit. Ce n’était pas un lien si désagréable, il fallait simplement apprécier le décor somptueux, sombre et noble qui avait été mis en place depuis des siècles déjà. On disait que c’était d’autant plus confortable que d’être là-bas plutôt que dans les autres salles communes. A la rigueur, celle de Serdaigle pouvait bien se démarquer un peu avec son look assez princier. Cloe n’y avait jamais été mais certains de ses camarades avaient pu lui dessiner l’endroit pour qu’elle s’en fasse une idée.

Après que Frank ne soit parti, elle soupira discrètement. Cachant sa petite pointe de déception, elle alla tremper son chiffon dans le sceau d’eau posé dans un coin de la pièce et alla le rincer un peu pour reprendre son labeur. Lloyd, de son côté, nettoyait les débris du trophée cassé. Il ne restait plus qu’à savoir si le concierge était assez pointilleux pour savoir qu’un des trésors manquaient à l’appel mais dans tous les cas, la Serpentard n’était pas responsable de cet acte donc elle s’en fichait pas mal. Ce serait à son meilleur ami de s’expliquer et sur ce coup-là, ce serait bien fait pour lui ! Cela la fit sourire ironiquement ; elle aimait bien l’embêter, son Lloydinou.


« Ouais, aussi moche que sa tronche. T’as vu les pellicules qu’il avait ? Et son horrible barbe à l’ancienne ? Hideux. »

Elle n’avait pas évoqué sa tenue mais il fallait être aveugle pour ne pas se moquer de son horrible accoutrement, une vieille cape tâchée de terre et un vieux pull qui mélangeait du vert, du rouge et du marron. L’allemande n’était pas une fashionista mais il n’était pas nécessaire d’éplucher les magazines de mode pour qualifier les vêtements du fantôme comme étant totalement laids, peu assortis et dépassés. Bon, cela restait justifiable par la différence d’époque mais tout de même, il devait bien y avoir un moyen pour que les fantômes puissent changer de tenue, non ? Cela devait être lassant que d’être habillés de la même manière.

A ma mort, je jure de porter plusieurs vêtements à la fois pour que je puisse en avoir plusieurs sur moi. C’était en plus assez dingue de se dire que des vêtements puissent devenir transparents. Techniquement, on devrait être tout nu en état de fantôme.

« Tu crois qu’on peut rendre des objets transparents, fantomatiques ? »

Après avoir nettoyé une énième récompense, Cloe s’étira longuement en positionnant les bras en arrière. Elle bailla discrètement et soupira en clignant bien des yeux, comme si elle venait de se réveiller. Cette sanction était tout à fait ennuyante puisqu’elle ne nécessitait pas de grands mouvements ni même un quelconque amusement. La blondinette avait donc brisé le silence pour faire un peu d’ambiance et il sembla que cela fit rire son meilleur ami. Il lui en fallait peu et il possédait beaucoup d’humeur, ce qui tissait facilement leurs liens d’amitié. La belle n’aimait pas les personnes qui réfléchissaient trop ; ils en perdaient le sens simple des choses. Un élève trop intellectuel se serait lancé dans de cruelles explications soporifiques pour tenter de lui montrer qu’on pouvait, ou pas, rendre un objet fantomatique. Diggory quant à lui, lui répondit simplement qu’il ne savait pas mais que tout était presque possible. C’était bref mais elle avait toujours des doutes sur le sujet : cela ne l’avançait pas.

« Oh rien, je voulais savoir si on pouvait faire disparaître un manuel scolaire ou même nous transformer en fantôme pour dix minutes. Ca pourrait être drôle, non ? »

La Serpentard s’imaginait déjà toute translucide, en train de tester les facultés de cette nouvelle forme. Elle traverserait les murs et les autres élèves à volonté, viendrait les embêter et jouer de sales tours à Peeves. Elle se demandait néanmoins si elle pouvait interagir avec les objets mais finalement, elle se dit qu’il y avait une différence entre fantômes et esprits frappeurs. Peeves pouvait réagir avec l’environnement puisqu’il était justement un esprit frappeur. Autrement dit, elle ne pourrait que hanter le sommeil des élèves et se cacher aisément quand ils se réveillaient. L’idée était séduisante. Prise d’une envie de rire, elle fit apparaître une grimace sur son visage, courba le dos et montra ses griffes comme si elle était un loup. Mais en vérité, elle désirait simplement imiter l’agressivité d’un fantôme et elle coursa Lloyd en balançant des « bouuuuuuh ! » à tout bout de champ. Tentée de rire, elle dut néanmoins s’y abstenir pour garder une certaine crédibilité du rôle. Elle n’avait jamais prétendu être une bonne actrice mais elle comptait bien rendre le tout assez crédible pour amuser son meilleur ami. Ce dernier semblait fuir le fantôme qu’elle était et elle ne lui permettait pas de quitter la salle des trophées qu’elle venait de fermer à l’aide d’un Alohomora.

« Tu ne sortiras pas d’ici. » déclara-t-elle sur un ton glacial.

A l’aide de deux derniers coups de baguette, elle rendit le torchon qu’elle avait utilisé totalement propre et assez grand pour recouvrir son joli corps. Sourire espiègle et vicieux sur les lèvres, elle se prit totalement à son propre jeu et continua de courir après, en mode fantôme. Pour prendre de la vitesse, elle semblait croire que prendre appui sur une étagère de trophées allait l’aider mais cela lui permit de prendre une meilleure trajectoire. Cependant, sa brusquerie fit tomber l’un des trophées mais le bruit ne l’alerta pas aussitôt. Intéressée par l’idée d’attraper sa victime et lui coller la honte de sa vie, elle continua de courir dans la petite salle. Lloyd était tout aussi rapide qu’elle et assez doué pour l’esquiver quelques fois. Mais au fur et à mesure, elle parvenait à le rattraper par un mystérieux hasard où il avait été pris en sandwich entre elle et une caisse en bois. Mimant un rire diabolique, la blondine n’abandonna pas mais c’est en étant un peu trop exaltée qu’elle manqua l’obstacle venu lui faire face à un mètre de là. Son pied se prit la récompense tombée au sol. Ce fut trop tard pour l’éviter et aussitôt, elle fit un bel envol digne d’un sportif. On aurait pu mettre la scène au ralenti et voir sa bouche étonnée former un parfait petit « O ». Ses yeux écarquillés montraient à la fois la surprise et l’adrénaline qu’elle ressentait et tout devant, Lloyd semblait seulement réagir au bruit du trophée sous le pied de sa meilleure amie. Cloe ne put contrôler sa chute et son grand élan causé par cette altercation lui permit de rattraper sa cible… Un peu trop même. Le Poufsouffle paraissait à peine s’être retourné qu’elle s’écrasa sur lui, lui tombant sur le ventre. La chute devait être assez douloureuse mais malheureusement, le torchon les recouvrait alors on ne pouvait pas trop voir ce qu’il s’y tramait… demandons à Cloe !

Je venais de faire un super vol plané, n’empêche. Digne d’être raconté à mes amis. Mais devrais-je leur dire la suite ? Je m’étais retrouvé plaquée sur mon meilleur ami dans une position assez bizarre. On s’était fixé des yeux, l’air totalement incompréhensifs et gênés. Enfin, il n’y avait aucune gêne entre nous, d’habitude mais là… cela nous avait un peu trop étonnés. C’est là que je fus prise d’une mystérieuse émotion que je n’avais pas encore ressenti jusque là. J’étais certaine que cela ne venait pas de moi mais elle m’emprisonnait totalement. J’étais certaine qu’à cet instant-là, Avril June ressentait quelque chose de colérique, de rude pour quelque chose ou pour quelqu’un. Bordel, je n’arrivais pas à le combattre, mon être s’enfonçait dans le gouffre de cette petite excitation. Et si Avril refoulait ce sentiment, cela me touchait encore plus et devenait une réelle cacophonie d’émotions pour moi. Je n’étais pas encore assez habituée à séparer mes émotions des siennes alors je n’eus qu’une envie. Avec une force incontrôlable, j’ai fait sauter les boutons du haut de Lloyd et je me suis emparée de ses lèvres dans un geste carrément brutal et fougueux. Les pulsions refoulées de la bibliothécaire étaient devenues miennes et il m’était impossible de m’en sortir à ce moment-là. J'étais en colère contre lui car c'était de sa faute si j'étais tombée au sol. Pour le punir, je voulais le frapper mais d'un côté, je résistais à cette envie alors je me reportais sur des actes plus passionnels pour défouler ma colère. Ma langue cherchait à atteindre la sienne et pourtant, je ne ressentais rien que de l’amitié pour mon petit Lloyd. Mes doigts avaient cherché le contact de son torse pour le griffer... ça me soulageait d'un courroux qui n'avait pas lieu d'être.

RP TERMINÉ.