Etant scolarisé à l’école de Sorcellerie Poudlard, il m’était normal d’y faire de va et viens, peu importe l’heure ou le moment de la journée. Notamment en sortant de cours. Mais je faisais tout pour ne pas être seul… De nature très timide, bon nombre d’élèves s’amusaient à me marcher sur les pieds. Même les plus jeunes que moi. Je n’étais pas le modèle concernant la répartie… Mais lorsque j’étais entouré de mes amis, je m’amusais bien souvent à casser du sucre sur leur dos aussi… C’était marrant ça. Surtout avec quelques verres dans le nez et deux ou trois joints dans les poumons. Les délires et fous rires partaient incroyablement vite avec ça. Au quart de tour ! Mais ma cible favorite… Il s‘agissait des Poufsouffles. N’importe lesquels. Je m’en foutais tant que je pouvais m’éclater à les troller, en face ou non. Sûr qu’après, face à face, je ne disais plus rien. Mais bon, vous le connaissez, l’effet de groupe. Après, une fois la confiance en mains, là ça allait mieux. Beaucoup mieux. Il m’arrivait même d’être assez cinglant pour mon interlocuteur ! Il y’a autre chose aussi… La vengeance. C’est un plat qui se mange froid, n’est-ce pas ? Dans mon cas, je mange des surgelés qui sortent tout juste du congélo… J’attends le bon moment… Juste quand ce que m’a fait subir ma victime sort de son esprit… Autant dire que là, mais là, ça cogne bien. Ça fait mal, très mal…

Ce jour-là, je venais de sortir des cours de botanique, accompagné d’un petit groupe de potes. Après cette heure de cours, on avait pour habitude d’aller s’isoler dans un coin paumé, bien avant le couvre-feu. Et bordel qu’est-ce qu’on pouvait s’enfiler ! Combien de fois nous étions rentrés complètement déchirés… Le pire, c’est que personne ne nous avait encore surpris. C’était pas mal ça quand même. Bref, cette fois-ci on y était allés molo, il ne nous restait plus beaucoup de dope et l’alcool était une denrée qui se faisait rare… En enchaînant les soirées, fallait pas s’en étonner. Mais bon, nous avions tout de même de quoi nous mettre bien, et c’était le principal. Comment rire des Poufsouffles sans être un minimum déphasé avec la réalité ? Bon, okay, on le pouvait. Mais c’était toujours mieux ainsi ! Ils peuvent tous vous le dire. Après, nous décidâmes de nous rendre en direction du hall afin de voir qui était présent. Malheureusement, il ne restait plus grand monde. Quelques Serdaigles, des Gryffondors et… Des Poufsouffles ! Ce que nous préférions faire… Nous foutre de leurs gueules. C’était épique par moment, putain ! Pour rien au monde je n’abandonnerai ce petit amusement quotidien.

Cette petite partie de plaisir dura une bonne dizaine de minutes lorsqu’une d’elle tourna vivement la tête en notre direction. Bien entendu, je fus le seul à la voir, les autres lui tournant le dos. Pourquoi est-ce que ce genre de conneries n’arrivait qu’à moi ? Parfois, je me demandais si l’on ne m’avait pas jeté une malédiction alors que j’étais encore dans le berceau… Il fallait tout de même les avertir, afin qu’on la descendre en groupe, comme on savait si bien le faire. En fourbes, en somme. Mais elle sembla leur faire peur, étant donné qu’ils prirent tous les quatre leurs jambes à leur cou en mettant sur tables de pitoyables excuses pour filer à l’anglaise. Qu’est-ce qu’elle avait de spécial pour être si effrayante de leur point de vue ? Personnellement, je ne voyais pas… Et j’étais bien trop éclaté pour espérer pouvoir capter une quelconque subtilité. Retroussant mes manches, je baissai le regard lorsqu’elle arriva auprès de moi. Comment l’aborder ? Je ne savais pas trop. Mais il était hors de question de lui faire mes excuses. Je n’allais pas m’abaisser à ça. Mais un truc était bizarre chez elle… Elle avait toujours le sourire et… Il me semblait que je la connaissais… Yep’, c’était une septième année. Même promo que moi. Mais son nom, je ne m’en rappelais plus. Son prénom, j’avais un semblant d’idée, mais rien de bien sûr. Glissant mon bras droit derrière ma tête et plissant légèrement les yeux pour voir moins flou, je commençai à lui parler faiblement.

« Oh euh… ‘lut Ya… Yashi ? Yasha ? »

La Poufsouffle avait toujours le sourire… C’était flippant. Même quand c’était sûrement pour engueuler quelqu’un… J’avais horreur de ça. Comment on pouvait garder le sourire dans toutes les circonstances ? Sadique ! Quoique je me demandais si des fois il ne valait pas mieux être ainsi plutôt que de perdre toute son assurance face à quelqu’un qu’on ne connaissait pas beaucoup… Et c’était un peu beaucoup mon cas actuellement. Yasha s’était alors approchée de moi et indiqua qu’elle s’appelait bel et bien Yasha. Je ne m’étais donc pas trompé, c’était toujours ça. Mais elle ajouta qu’elle était l’une de ceux que j’avais descendue avec mes potes… Ouais, elle avait bien entendu donc. Faut dire qu’on n’était pas spécialement discrets non plus… Fuck. Mais je sentais qu’elle me fixait… Voulait-elle m’empêcher de baisser la tête ? Probablement, elle voulait sûrement rendre l’humiliation plus importante que si j’avais les yeux rivés vers son sac qu’elle venait juste de poser à ses pieds. Mais je ne pus répliquer directement, elle s’empressa de critiquer ceux qui m’accompagnaient avant. Elle n’avait pas vraiment tort sur le coup… Mais je n’allais pas les descendre, eux qui m’accompagnaient dans bon nombre de situations assez… chiantes. Je relevai légèrement la tête, lorsqu’elle me demanda quel était le problème. Il n’y en avait pas, officiellement. Disons que c’était surtout une histoire d’honneur, si je puis dire. C’était tombé sur sa maison comme ça aurait pu tomber sur les Serdaigles ou encore les Gryffondors.

« Bah… Hum… Ouais, j’sais qu’t’étais dans l’groupe mais… Trust me, z’avaient des trucs à faire, c’pour ça qu’ils sont partis et… Merde. J’sais pas c’qui leur a pris, honnêtement. Pis… Nan, pas d’problème, c’vrai hein. »

J’ai tenté de détendre un peu l’atmosphère avec un jeu de mots qui… volait haut. Vraiment très haut. C’était puissant des fois, m’enfin… L’alcool et le bédo jouaient beaucoup sur mes agissements à ce moment-là aussi. Fallait pas m’en vouloir ! J’étais comme ça. Et alors ? On me prend comme je suis, sinon tant pis hein. Je n’allais pas faire tout un plat parce qu’on ne m’accepte pas comme je suis. Je n’allais vraiment pas changer pour quelqu’un, sauf peut-être par amour. Et encore ! Je n’en avais un peu rien à foutre de ça, à l’époque. Tout ce qui m’intéressait ? Les histoires d’une nuit, histoire de s’éclater et de s’adonner à certains plaisirs quoi. Et bien souvent, l’alcool et la drogue m’aidaient beaucoup… Non pas que ça m’aidait à parler, mais disons qu’en profiter pour les amener avec moi, c’était plus simple, si vous voyez ce que je veux dire.

« Après… On peut p’tête dire qu’c’est une sorte de rivalité ? Nan… ? Parce que bon. Tout l’monde sait qu’nous, les Serpy… On est inégalables, t’vois. Et les Pouffy… Bien souvent en bas du podium. Ça s’voit rien qu’avec les points présents dans les sabliers ! »

Je désignai lesdits sabliers de ma main, présents pas trop trop loin de nous. Ainsi elle aurait enfin la vérité sous les yeux, non ? Enfin bref. Il fallait que je rétorque autre chose aussi, histoire de ne pas me faire rabaisser encore une fois… Et surtout, que je récupère un peu d’assurance. Ça n’allait plus, il ne fallait pas que ça devienne une habitude que je me fasse marcher sur les pieds à la première occasion venue… C’en était vexant à la longue, bien que je m’en foute au final. Mais bon, un peu de fierté quoi ! Que diraient les autres Serpentards s’ils me voyaient comme ça… Ils m’auraient davantage enfoncé et peut-être me boycotteraient-ils… Bien que cela risquait d’être impossible ça. Comment pourraient-ils se fournir en dope et alcool dans ce cas ? Encore des relations à but uniquement profitable. Mais bon, je faisais avec.

La Poufsouffle avait la langue sacrément pendue. Si bien que je ne savais quoi répondre et… Que j’étais dans le faux. J’avais insinué qu’ils avaient beau travailler énormément, leur maison était tout de même la dernière dans le classement au niveau des sabliers. Ce qui était faux, je voulais simplement la rabaisser… Mais avec des arguments erronés, ce n’était pas si évident que ça au final. Elle afficha de nouveau un sourire… Mais qui paraissait amusé. De quoi pouvait-elle bien rire, intérieurement ? Etait-ce à cause de mes camarades qui venaient de fuir ? Ou bien parce que j’avais tenté de les défendre ? En vain, malheureusement. Sur le coup, je n’avais pas trouvé de réelle excuse… Et ce n’était pas si évident. Prétexter qu’ils allaient aller à la bibliothèque pour rendre une recherche en potion ? Non, pas vraiment. Je ne pouvais pas non plus dire qu’ils avaient envie de vomir à cause d’un trop plein d’alcool… Qui sait si elle n’aurait pas été capable de nous dénoncer suite à leur acte très peu courageux ? Dans tous les cas, je n’étais pas dans sa tête… Et cela valait peut-être mieux. Je ne pourrais supporter d’être une telle fouine qu’elle, à toujours fourrer mon nez dans la vie des gens… On critiquait les Blaireaux dans notre coin… On avait bien le droit de s’amuser un peu, non ? Qu’est-ce que cela pouvait lui faire ? Et qu’est-ce qui ne me disait pas qu’elle était une grande hypocrite et qu’elle critiquait les fiers membres de la maison du grand et prestigieux Salazar Serpentard ? Rien du tout !

La jeune jaune tourna à nouveau le regard, en direction des sabliers. Ce que je fis, par simple réflexe. Et là je m’aperçus que les compteurs étaient très distants au niveau des points. Les Poufsouffles avaient une énorme marge d’avance… Ils étaient premiers en réalités. Tandis que nous… Nous n’étions qu’avant-dernier. Il faut dire qu’on avait au moins le mérite d’assumer nos conneries et d’enfreindre le règlement. Bien que ceci ne soit pas spécialement une fierté, je le conçois. Néanmoins, nous étions nous aussi solidaires… Dans la très grande majeure partie des cas. Ce qui venait de m’arriver ne se passait que très rarement. Mais elle, du haut de son caractère hautain, elle ne pouvait pas le savoir ! Elle ne savait pas ce que cela signifiait que d’appartenir à la maison dont le blason est orné de vert et d’argent ! Ah ça non ! Mais ce qu’elle se mit à exprimer juste après était en partie vrai… Tout du moins en se référant aux points des sabliers. Le ton de sa voix était comme son sourire : amusé. C’en était presque stressant, cette manie d’être toujours contente, de toujours sourire… Comme si ses muscles lui faisaient faire un sourire de l’ange depuis qu’elle est née ! J’en plains ses parents, franchement. Elle fit tout un speech quant à ce que j’avais dit avant. Mais, honnêtement, qu’est-ce que j’en avais à faire de son avis ? Il m’importait peu au final. Le plus important était que je défende ma maison, que je lui fasse honneur et un point c’est tout.

« Ouais ‘fin les points… Désolé mais j’vois mal d’ici… Hum. ‘fin t’sais, j’suis pas sûr qu’tu sois la mieux placer pour dire qu’on est les seuls à juger dans vot’ dos… Qui m’dis qu’tu t’amuses pas avec tes p’tites copines à nous descendre comme on l’fait si bien, mais en étant d’autant plus fourbe et vile, hein ? Les rôles s’échangent, t’penses pas ? »

Si seulement elle pouvait un peu se la fermer… Je n’étais pas dans mon état normal, et à force d l’entendre crier comme ça, je commençais à en choper un mal de tête à se la taper contre un mur. Se taper la tête, hein, pas elle. Enfin bref. Elle me pompait l’air, c’était phénoménal. J’aurais peut-être réussi à mieux supporter si l’effet de la défonce perdurait encore, mais, au contraire, il semblait ne pas vouloir continuer d’embrumer mon cerveau et mon esprit. Dommage. Mais bon, fallait faire avec. Mais ça avait une certaine tendance assez désagréable à me rappeler les nombreuses disputes passées avec mes parents… Douloureux souvenirs que voilà. C’est d’ailleurs pour cela que j’avais fini par tomber dans la dépendance au tabac, puis à l’alcool et enfin à la dope. Fort heureusement, je n’étais pas encore accro à toutes les autres drogues dures comme les LSD, l’héroïne ou les cachets comme on pouvait en trouver un peu partout. J’étais au moins sauvé de ça… Pour l’instant. Je ne sais pas si je serais encore en état de vous raconter cela si j’avais eu cette fâcheuse addiction aux seringues ou aux gouttes… Enfin, pourquoi imaginer le pire quand on peut se contenter de ce qui fait notre bien au moment présent, hein ?

Et la voilà repartie sur ses grands cheveux. Elle s’exclama que je ne connaissais pas beaucoup de Poufsouffles… Et elle avait raison, cette sixième année. Enfin, je ne compris pas pourquoi elle me lança tout en se pinçant les lèvres et en hochant la tête de droite à gauche. Elle avait un problème mental ou le lui avait-on lancé un sortilège ? Bien qu’à ma connaissance, aucun ne permettait un tel résultat, si ce n’était l’Impéro… Qui était un sortilège interdit, bien évidemment. Si un malheureux impétueux naïf voulait tenter l’expérience dans l’enceinte du château où autant de monde était réuni… Je ne donnais pas cher de sa peau. La grande brune finit par dire que si je prenais la peine de m’intéresser un minimum à eux, je saurais que ce n’est pas ça qui les caractérise le plus. Vraiment ? Elle était sérieuse là ? Désolé mais quand je vois quelqu’un qui passe presque toutes ses journées devant ses bouquins à potasser ses cours, ouais, pour moi ce ne sont que des bosseurs qui ne feront rien d’autre de leur foutue et misérable vie. Ils écoutent les autres, sont ouverts d’esprits et ne jugent personne. Hmpf… Cette blague ! Tout ça en réussissant et en étant solidaires… Ouais, tout le monde pouvait le dire ça, notamment nous, nobles Serpentards. Eux, des winners ? Encore une sacrée blague de sa part ! Elle était marrante, quand elle le voulait. Mieux que de descendre les autres en permanence… Euuuuuuh… Nan. J’affichai alors à mon tour un graaaaaand sourire, puisque je préparai depuis le début de sa grande tirade de quoi répondre, les éléments s’ajoutant au fur et à mesure que je possédais les infos venant d’elle. Il était maintenant temps de sortir le grand jeu et de ravaler sa timidité, ne serait-ce que sur l’instant. Le jeu n’avait que trop duré.

« Tes arguments sont des arguments de faible, ma pauvre. Les maisons déterminent un minimum de qui t'es et c'pas pour rien qu’les loosers sont à Poufsouffle et que votre animal, c'est le blaireau, aha. J'pas envie de vous connaître plus que ça et si j'ai envie d'être ouvert d'esprit, c'est certainement pas pour me rabaisser à votre insignifiance totale alors tes paroles de gentille sociologue, t’peux t’les garder, je m'en branle royalement, grognasse. Ah et… Oublie pas qu’les grands winners passent par la maison des ambitieux. »

Autant dire qu’entre la Trust et moi, ça fusait. Assez sévèrement quand même. Néanmoins, je faisais mon possible pour trouver des arguments pertinents, et elle… Elle n’était même pas affectée. Comment pouvait-on rester de marbre tout en gardant un tel sourire dans une telle situation ? je ne comprenais pas… Je ne comprenais pas du tout comment était fait son mental, à celle-là. Certes, il y’avait des gens très optimistes et qui aimaient par-dessus tout la joie de vivre… Mais quand même ! Yasha était peut-être de ces personnes, mais il y’avait forcément une limite à tout ça… On ne pouvait pas passer son temps à sourire, surtout en pleine engueulade ou en essayant de sermonner quelqu’un qui vous a fait des coups en douces quoi… Oui, je parle de moi, en effet. Et quand je commençai à m’expliquer par rapport à mon erreur au niveau des points, celle-ci leva les yeux au ciel. Encore une fois. Ça avait le don de me stressait cette manie, bordel ! En tous cas, elle la ramena encore en essayant de me rabaisser. Et ? Qu’est-ce que j’en avais à faire au final ? Je n’avais rien à prouver à personne, moi. Pas comme elle qui faisait des pieds et des mains pour essayer de valoriser les blaireaux de son espèce…

« Et alors ? J’ai p’tête l’air d’un gamin d’dix ans pour TOI, ouais. Mais alors ? Qu’est-ce que j’en ai à branler d’ton avis ? J’ai rien à prouver à personnes, comparé à certains. N’est-ce pas, mademoiselle la conquérante ? Ah ouais, faut que j’t’explique ma manœuvre, faut que j’te dise pourquoi j’dis ça… Semblerait qu’tu comprennes pas pourquoi j’te dise certaines choses… Apprends à réfléchir deux p’tites secondes et après t’auras ta réponse, ok ? »

A ce stade de la conversation, je me demandais pourquoi je ne l’avais pas laissée en plan et pourquoi je n’avais pas rejoint ceux qui étaient avec moi il y’a encore quelques minutes de cela. Pourquoi ? C’était tout bête en fait. Elle m’aurait probablement suivi, folle comme elle en avait l’air. ET ce n’est pas avec elle que j’allais apprendre à mieux connaître ou apprécier les Poufsouffles. Ah ça non. Elle qui disait être ouverte d’esprit, à l’écoute des autres… Elle n’avait pas spécialement l’air de l’être avec moi. Quand on fait une généralité, autant réellement l’appliquer à tout le monde, mais ça… Elle ne semblait pas y avoir réfléchi outre mesure. En tout cas, j’attendais avec impatience qu’elle se ramène encore une fois avec toute une tirade digne d’un nourrisson de six mois. Du charabia ne voulant strictement rien dire, en somme. Je glissai alors la main dans mon dos, discrètement, comme si je me grattais le dos… Ce qui n’était pas complètement faux. Mais j’avais surtout attrapé ma baguette, que je mettais toujours à cet endroit. C’était bien plus pratique pour faire mes coups en douces, je vous le garantis. J’avais déjà ma petite idée de ce que je comptais faire… J’allais lui infliger la honte de sa vie à cette petite garce !

Et voilà qu’elle tentait de violer l’impénétrable avec des paroles en mousses. C’en était épuisant… Je n’avais pas que ça à faire, j’aurais bien aimé aller me reposer quoi… Et c’est d’ailleurs ce que tout le monde faisait. Le hall se vidait peu à peu depuis le début de la discussion, jusqu’à ce que nous ne soyons plus que tous les deux. Eh bah, ça promettait pour la suite des choses… En tout cas, elle vint dire que je n’étais pas ici pour mon intelligence. Et se disait être quelqu’un qui ne jugeait pas ? Faudrait peut-être apprendre à me connaître avant de sortir de telles inepties. Je n’étais pas du genre me vanter ou autre, mais je savais que j’avais un certain intellect et que je n’étais pas le roi des cons. Et en plus elle s’amusait à répéter mes insultes à son encontre… C’est plutôt elle que j’aurais qualifié d’abrutie, mais bon, j’attendis de voir la suite des choses. Elle lâcha un soupire avant de dire que je n’étais pas le roi des insultes. Ok, alors là, j’en avais vraiment trop pris. Depuis quand on se plaignait de ne pas se faire insulter violemment ? Je n’avais jamais vu ça de ma vie… Et genre je ne pouvais pas avoir une discussion sensée avec quelqu’un ? Mais sérieusement… Elle ne me connaissait pas du tout alors pourquoi me juger ? Tout ce que je faisais, moi, c’était descendre les membres d’une maison pour les attributs qu’ils ont, je ne m’intéressais pas plus que ça à leur vie privée, à leurs qualités ou encore à leurs défauts. Ouais, ses arguments étaient faibles, je suis formel. Elle côtoyait plein de membres des différentes maisons… Et ? Franchement, qu’est-ce que cela pouvait bien me faire ? Rien. Encore une fois, strictement RIEN. Moi, dans mon monde ? Best joke ever. Sérieusement quoi… Elle qui disait que je ne jurais que par l’alcool ou le bédo… Mais le ne savait rien de moi, cette connasse ! Croyez-moi, si je le pouvais, si je pouvais faire en sorte de revenir en arrière et de n’être accroc qu’au tabac, tout en ne buvant et fumant du canna qu’en soirée… Bah je le ferais. Malheureusement, ça m’est impossible… C’est carrément impossible.

« Ouais, s’tu veux j’suis pas intelligent. Mais j’sais bien qu’vous avez le blaireau en symbole pour ses qualités. Et parmi celles-ci, qu’est-ce qu’on y retrouve ? La ruse, eh ouais ! Donc viens pas m’dire que tu t’amuses pas à faire ta rusée et à faire c’que moi j’fais avec mes potes pour m’amuser, gaspille pas ta salive pour rien, sérieusement. EN tout cas, pour quelqu’un qui dit n’juger personne, j’trouve que tu t’contredis vachement… Oh, et grognasse c’pas suffisant ? T’du genre maso à kiffer t’faire insulter ou quoi ? Sérieusement, s’tu veux j’peux t’en balancer des plus violentes, c’pas c’qu’il manque dans mon vocabulaire ! Pis si j’t’ennuie, t’m’expliques c’que tu fais encore là, alors qu’tous les autres s’sont barrés, hein ? Aucune logique, franchement. Après, ouais, j’vis dans ma « bulle » s’tu veux, j’vois tout par l’bédo’ et l’alcool, et là encore j’suis défoncé. Mais ça te dérangerait pas t’poser la question l’espace des quelques minutes histoire d’savoir pourquoi j’suis comme ça ? Faudrait apprendre à fouiner plus loin qu’son nez, t’sais. J’l’ai pas spécialement choisi tu vois, mon addiction. Si j’pouvais revenir en arrière à l’époque où juste la clope était ma grande addiction, j’le ferai. Pas d’problèmes ! Alors tu s’ras gentille mais à l’avenir t’éviteras d’me juger quant à mon addiction. »

Je fis alors tourner ma baguette derrière mon dos, en marmonnant le nom du sortilège : lévicorpus. Pas de chance pour elle, les sortilèges faisaient partie d’un de mes domaines de prédilection, et ce sort je le maîtrisais à quatre-vingt-dix pourcent !

Déjà qu’en temps normal je n’aimais pas me prendre la tête, alors là en étant fatigué, défoncé et avec une autre qui ne connaissait rien de moi… Je pétais littéralement les plombs. A un tel point que je ne l’écoutais plus du tout. Elle pouvait me répondre oui, mais je me contenterai simplement d’analyser ses paroles sans y répondre. Tout ce que je voulais, c’était rentrer, me reposer, fumer une petite clope… Ce genre de trucs quoi. J’étais vraiment au bout du rouleau. Encore une fois, elle se remit à lever les yeux au ciel mais… Son sourire avait disparu. C’était déjà ça ! Elle avait enfin arrêté de se la jouer sourire de la range, et ça me rassurait un peu. Néanmoins, dans son regard on pouvait se rendre compte qu’elle était neutre. Aucune émotion n’y filtrait, si ce n’est de la neutralité. Flippante… Espèce de bipolaire qu’elle était. Elle se mit soudainement à souffler… Ah ouais, elle reprenait son calme. J’avais réussi à l’énerver à ce point ? Eh bah, pour quelqu’un qui disait avoir tout le temps le sourire et qui était tout le temps optimiste, on n’aurait pas cru audit moment.

Et enfin elle reprit la parole. J’ai failli attendre. Elle indiqua qu’elle n’avait aucun intérêt à se prendre la tête avec moi. Alors… Pourquoi est-ce qu’elle était venue me casser les testiboules alors que je n’avais rien dit personnellement sur elle ? Tout ce que je faisais, c’était passer un peu de bon temps en déconnant avec mes potes. Et comment on le faisait ? On descendait la MAISON Poufsouffle. Non pas les membres… Elle avait du mal à le comprendre ça. Quoiqu’il en soit, elle avait compris qu’on n’avait pas du tout le même avis ni la même vision des choses. Eh beh, je l’en félicite. Elle croyait vraiment pouvoir me faire changer d’avis vis-à-vis de sa maison ? C’est encore plus fort que de croire au Père Noël à quatre-vingt balais passés, sérieusement. Elle souleva un autre point fort évident : je ne voulais pas apprendre à la connaître. C’est normal après tout, je n’aimais pas les Poufsouffles vis-à-vis des qualités requises pour leur maison. Après, il était probable que je puisse en apprécier quelques-uns… Au cas par cas. Mais elle, c’était impossible. Venir se mêler des affaires ou loisirs des gens sans vergogne… Je n’appréciais pas des masses, m’voyez. Encore que faire des efforts avec elle serait peut-être envisageable… Disons que c’est sa prochaine phrase qui me fit changer d’avis : elle était convaincue qu’il s’agissait là simplement d’une sorte de carapace, ou une connerie du genre. Eeeeet… Disons qu’elle n’avait pas foncièrement tort.

Vint ensuite le moment où je m’expliquais quant à mon état second et le fait que, comme elle le disait si bien, je ne voyais que par le bédo et l’alcool. C’est marrant, elle ne répondit pas suite à ça. L’avait-elle mal pris ou comprenait-elle ? Je ne pense pas. Après tout, elle s’était ensuite retournée en prenant son sac, tandis que je lui lançai le sortilège du lévicorpus, la faisant s’élever dans les airs puis qu’elle soit « pendue » par les chevilles, la tête en bas. Je pus voir à quel point ça l’agaçait et la vis prendre son sac. Elle n’allait quand même pas faire ça… Le problème avec un sortilège informulé, c’est que tout repose sur la concentration. Et si elle me balançait son sac… Ma concentration se briserait et… Elle tomberait sur l’épaule, se la déplaçant (réellement) par la même occasion. Bien sûr, je ne le savais pas à ce moment qu’elle allait lancer son sac. J’en fus d’ailleurs très surpris quand je le pris en pleine figure. Elle tomba alors lourdement au sol. Heureusement pour elle, il n’y avait que moi pour « admirer » la scène. Personne n’allait rire d’elle de ce fait. Elle pouvait me remercier, je n’avais pas lancé le sortilège alors que la salle était encore bondée. J’avais attendu qu’il n’y ait vraiment plus personne… Quoiqu’il en soit, elle me fusilla du regard. Alors même le blaireau pouvait se montrer plus dangereux en étant blessé ? Il fallait que je m’en souvienne si jamais j’étais à nouveau confronté à un autre membre de cette maison.

Elle se remit à parler mais je ne fis pas attention. Je sais que j’étais un connard fini par moment, mais je n’aimais pas blesser mon entourage. Je trouvais ça… mal. Je pouvais être sympa, dans le fond, et je n’avais pas souhaité me disputer avec elle. Il est sûr que je m’étais rapidement emporté, mais il faut dire que je savais que d’autres Serpys pouvaient le voir de loin donc… Autant ne pas perdre la face dans ce genre de conditions. Et après… Disons que ses attaques quant à ma vie personnelle m’avaient vraiment foudroyé. Je ramassai alors mon sac, tandis que mon visage dur et hautain laissait petit à petit place à un faciès angélique : celui du timide que j’étais. Peut-être serait-elle surprise par un tel changement, mais cela m’était égal. Je pris également son sac tout en me dirigeant vers elle. Au dernier moment, je lâchai ce dernier à ses pieds et déposai ma baguette à côté de ce dernier. Je tendis alors mon bras – et ma main – en direction de son côté gauche afin de l’aider à se relever. C’était la moindre des choses après tout. Il ne restait plus qu’à voir si elle allait accepter mon aide ou non… De vous à moi, cela ne m’aurait pas étonné qu’elle refuse totalement mon aide… Faut dire que je l’avais bien pompée et humiliée… Sans compter qu’elle devait avoir les nerfs à cran après tout ce qu’il s’était passé.

« Dé… Désolé… Rien d’cassé j’espère… ? J’veux… J’veux juste t’aider… J’pense pas pouvoir t’infliger quelque chose de plus… Ma baguette est à côté d’ton sac. »

Contrairement à quelques instants plus tôt, ma voix était plus faible, moins rude, moins gutturale, moins brute. J’avais perdu toute mon assurance – ou presque – et ma timidité se retranscrivait à nouveau au sein de mes paroles. Pour lui montrer ma sincérité, j’insistai en approchant un peu plus ma main et en affichant un faible sourire sur mes lèvres, les yeux à demi clos.

Pour une première réelle rencontre, autant dire qu’on avait vraiment faire fort. Mais après, on avait tous deux des raisons de nous être emportés de la sorte, et je pense que Yasha possédait les mêmes que moi, à peu de choses près. C’est-à-dire un grand ras le bol de la journée, probablement de la fatigue et une irrésistible envie de rentrer aux quartiers. Malheureusement, il a fallu que j’adonne à l’une de mes sources de rigolade habituelles : dénigrer les Poufsouffles (notamment la maison en réalité) et se payer de bonnes barres. Néanmoins, elle avait fini par nous entendre. Il faut bien avouer que nous n’étions pas discret et que cette même discrétion nous importait peu, pour être honnête. De plus, elle ne semblait pas être quelqu’un qui appréciait de se prendre la tête ou de se disputer avec quelqu’un. Peut-être n’aimait-elle pas non plus faire la morale ? Qui sait. Pas moi en tout cas. Et il faut dire que j’y étais allé fort aussi en utilisant un sortilège contre elle. Le Lévicorpus, ou celui qui permet de suspendre quelqu’un au-dessus du sol. De là, elle avait décidé de me déconcentrer afin que j’arrête le maléfice. Peut-être aurait-elle dû s’y prendre autrement… Après tout, je ne pouvais la ramener « délicatement » sur le sol en rompant le sort comme ça. Résultat des courses, elle s’était lourdement écrasée au sol et s’était bien blessé à l’épaule.

Je finis par reprendre mes esprits, me calmant tout d’abord. Mon faciès autant et supérieur s’effaça peu à peu pour reprendre ma bouille angélique habituelle. Je préférais largement cette dernière plutôt que celle qui me déformait totalement. Bien que dans cette situation, pour la Trust, il était plus plausible pour que ça soit l’apparition de mon visage « gentil » qui lui donne l’air d’une déformation physionomique. Tout du moins, c’est ce que je pensais. Malheureusement, ma timidité prit le dessus sur ma détermination à vouloir la descendre et c’un ton beaucoup plus doux qui s’installa, supprimant toute trace de brutalité dans ma dernière. Il est sûr que c’était cette dernière qui allait me permettre d parlementer un peu mieux avec la brune. Mais qu’elle ne compte pas sur ça pour tenter de me faire apprécier un peu plus les Blaireaux, ce n’est pas comme ça que j’allais changer. Ah ça non ! Cela faisait un peu plus de six ans que j’avais énormément de mal avec eux, alors ce n’était pas pour changer du jour au lendemain. Déjà que je ne voulais pas, et en plus c’était moralement (ou physiquement) impossible, comprenez-le bien. Bon, cela arriverait peut-être bien un jour ou l’autre, mais ça n’était pas encore dans mes plans. Pourquoi faire des efforts alors qu’en face ils n’en font pas ? C’est la loi du donnant, donnant. C’est tout.

Une fois complètement repris, j’attrapai son sac par la première hanse à proximité et me dirigeai en sa direction. Après tout, il fallait que je me pardonne. Ma réaction n’était pas correcte, malgré le fait que je ne les aimais pas. Même si, je dois l’avouer, Yasha n’avait pas l’air d’être exactement comme les autres. Non pas que j’allais en faire ma meilleure amie, ou que je pourrais ne serait-ce penser ça, mais voilà, je sentais qu’il y’avait quelque chose de différent. Quoiqu’il en soit, j’avais déposé son sac au sol, auprès d’elle, ainsi que ma baguette afin qu’elle ne se sente pas menacée. Cette réaction aurait été tout à fait compréhensible, étant donné que je l’avais humiliée avec une certaine puissance quelques secondes auparavant. Je m’étais ensuite rapproché un peu plus d’elle et lui tendis ma main afin de l’aider à se relever. Avec une épaule – et donc une bonne partie du bras – en moins, ce n’était pas si évident que cela. Et puis, c’était bien la moindre des choses ! Elle me regarda à nouveau et je me rendis compte que son regard semblait complètement perdu, égaré, comme si elle ne comprenait pas la situation. Et cela devait probablement être ça… Enfin elle saisit ma main et sembla murmurer quelque chose. Mais sa voix était si faible que je ne savais pas de quoi il était question. Peut-être un petit merci ? Ce n’était pas impossible, bien que le contraire ne m’aurait pas non plus étonné. Je m’étais comporté comme un vrai connard après tout.

Elle avait fini par rapidement lâcher ma main pour frotter rapidement la poussière qui s’était agrippée à ses vêtements lors de la chute tout en souriant très légèrement. De mon côté, j’en avais profité pour lui redonner son sac et récupérer ma baguette. J’étais rassuré, elle allait bien et n’avait rien de cassé. Pourquoi rassuré ? Non pas que je la portais énormément dans mon cœur, mais sur le coup je pensais que cela allait m’éviter bon nombre de représailles. Soudain, son sourire s’agrandit davantage et elle me demanda si mon but premier n’était pas de la tuer. Non, bien sûr que non. Je n’étais pas encore un meurtrier après. Juste un connard. Un gros connard écervelé quand il s’y mettait. Mais cela n’allait pas plus loin, bien heureusement. Pour vous dire, je n’avais encore jamais lancé le sortilège de l’Endoloris. Pour simple réponse, je fermai les yeux en affichant un pâle sourire muni d’un haussement d’épaules. Je n’allais pas m’éterniser sur le pourquoi du comment je n’avais pas voulu la tuer. Je finis par m’approcher du côté de son épaule endolorie et appliqua l’extrémité de ma baguette sur celle-ci. Elle allait sûrement avoir peur, et je ne lui en voudrais pas. Mais pour éviter une telle réaction, je lui montrai à nouveau une douce expression sur mon visage. Je n’avais aucunement envie de m’attirer les foudres de sa maison alors que je venais de m’excuser. Je pouvais être sacrément con par moment, mais il y’avait tout de même une limite. Là, mon but était simplement de soigner son épaule endommagée à cause de moi. La moindre des choses, encore une fois.

- Hum… Marmonnai-je tandis que je levai sa manche afin d’avoir l’épaule complètement découverte, afin que cela soit plus simple. J’avais toujours fait comme ça après tout. Je… J’vais t’soigner, j’compte pas faire autre chose… T’en fais pas, la rassurai-je tant bien que mal. Episkey ! Incantai-je afin de la soigner.

J’avais déjà utilisé ce sortilège appris en quatrième année un bon nombre de fois, et depuis ce début d’année je ne m’étais trompé que quelque fois. Je partais donc confiant, possédant tous mes moyens. La conviction également était là, la précision aussi (à bout portant ce n’était pas bien dur) et l’envie de bien faire aussi. Il ne manquait plus que le résultat et, honnêtement, il avait intérêt à être là. Sinon j’allais encore me ridiculiser et cela serait lui donner raison. Lui donner raison sur le fait que je ne sois qu’un bon à rien, que je suis nul et tout ce qui s’en suit. Tout ce qu’elle avait pensé de moi, en somme. Ou qu’elle aurait bien pu penser, accessoirement…

Sacrée rencontre avec la Poufsouffle quand même. J’avais pour habitude de délirer avec mes potes sur eux, en les chambrant etc, et comme nous assumions pleinement ce que nous disions, on s’en moquait royalement des autres, normal quoi. Même si c’était bien la première fois qu’une dénigrée venait pour nous faire la morale et tout ce merdier quoi. Evidemment, y’avait fallu que ceux qui étaient avec moi décident de se barrer comme des lâches. Et voilà que j’étais comme un con avec la Trust. Putain de bordel de merde, ça arrivait tout le temps à moi ce genre de conneries. Quoiqu’il en soit, autant dire que ça avait fusé entre elle et moi, et pas qu’un peu. Elle m’avait même poussé jusque dans mes plus profonds retranchements, ce qui fit que je dus en venir aux mains… Ou plutôt à la baguette. ‘fin vous avez compris. J’avais alors lancé un Lévicorpus sur elle, afin qu’elle me foute un peu la paix. Mais bon, cela avait été un peu lâche de ma part, j’en suis conscient. Néanmoins, étant en septième année, elle le connaissait forcément et savait pertinemment comment le contrer. Etant donné que c’est un sortilège informulé, il suffit simplement de déconcentrer la malfaiteur. Et elle le fit en me balançant son sac à la tronche. C’était vraiment bien pensé, honnêtement.

Du coup, elle s’était écrasée brutalement au sol et son épaule avait pris un sacré choc et devait avoir vraiment mal. Je n’avais vraiment pas voulu que tout ceci se passe comme ça, et il faut dire que j’avais une grande part là-dedans. Je m’étais alors excusé auprès d’elle et l’avait même aidée à se relever. Pour finir, je pointai ma baguette sur son épaule pour lancer un sort de soin, afin de guérir son épaule meurtrie. C’était la moindre des choses après tout. Mais ce qui m’étonna vraiment sur le coup, c’était le fait qu’elle riait de la chose. Je ne savais pas comment elle pouvait faire… Tout le temps en train de sourire, tout le temps en train de rigoler… Ok, croquer la vie à pleines dents c’est cool mais… Merde quoi, y’a une limite quand même. C’est comme pour tout. C’est comme si je disais que je pouvais m’enfiler trente-six bouteilles de vodka et trois-cent-cinquante grammes de beuh sans rien avoir. C’est physiquement impossible ! Quoiqu’il en soit, nous étions dans une situation peu convoitée à la base ; elle devait probablement seulement désirer me faire apprécier les blaireaux, tandis que moi je souhaitais juste me rendre dans les dortoirs de Serpentard après une journée bien chargée, tout en faisant un petit arrêt avec la p’tite bande pour cracher un peu de venin sur eux. Rien de bien méchant en soi. Mais bon, comme dit avant, ça avait dérapé et voilà que j’étais devant elle, en train de l’aider à se relever, m’inquiétant un strict minimum pour son épaule meurtrie. Je n’avais pas spécialement envie de me faire gangbang par les Poufsouffles quoi.

J’avais fini par lui redonner son sac et lui présentai mes excuses, tout en rattrapant ma baguette. Non, je n’allais pas jouer au con avec elle. Pas encore. Je voulais seulement faire en sorte qu’il n’y ait pas d’échos dans sa salle commune, histoire d’éviter un minimum les emmerdes, quoi. Oui, si je faisais ça c’était uniquement par simple profit. Un peu comme quand j’offrais de l’alcool et de la dope à une nana en soirée où y’avait genre beaucoup de monde. Si je leur faisais ce petit plaisir, c’était surtout pour les foutre dans mon lit quoi, pas histoire de me montrer réellement sympa. Qu’est-ce qu’elles en avaient à foutre après tout ? On ne se connaissait pas et on ne se croisait probablement pas plus de deux fois dans le mois, donc bon. Autant profiter de l’instant présent. C’était le principal. On était encore jeune aussi, fallait vraiment profiter de notre jeunesse, merde ! Ce n’est pas pour rien si j’ai tendance à faire mon possible pour organiser le maximum de soirées possibles, hein. Et je pense que vous l’aviez compris.

Enfin bref, j’avais réussi à correctement lancer mon Episkey sur mon épaule, apparemment. Elle n’avait pas d’avantage souffert et je n’avais rien ressenti en échange donc bon. Elle ne devait plus trop avoir mal à présent, même si ça je ne pouvais en être sûr. Je ne pouvais encore pas savoir à quel point la douleur éprouvée par les gens était forte ou non, et après tout, je m’en foutais. Le principal était qu’elle change son jugement vis-à-vis de moi histoire que je ne prenne pas trop cher par ses petites camarades, rien de plus. M’enfin, pour finir, elle leva les yeux en ma direction tout en souriant franchement. Du moins, c’est l’impression qu’elle me donnait. Elle finit par me remercier. C’est là que mon faciès changea encore une fois du tout au tout. J’étais beaucoup plus serein, ou du moins calme et effacé. Mais lrosqu’elle m’annonça cela, c’était plutôt une mine complètement surprise qui s’afficha. Me remercier de quoi ? je ne voyais vraiment pas. Puis elle s’expliqua par la suite en me disant que je lui avais vraiment donné une bonne leçon. Ouais, je n’allais pas vraiment y répondre, histoire de ne pas taunt davantage. Pour simple réponse je lui laissai un sourire pâle, caché par ma timidité habituelle. Mais en fait, elle me remerciait de ne pas l’avoir laissée seule ici… Bah… Je pense qu’il valait mieux. Déjà qu’Astride ne me porte pas spécialement dans son cœur – et c’est réciproque ! – alors si en plus elle apprenait ça… Disons que j’aurais été très, très, très mal. Et enfin, elle finit par s’excuser. Moi, ça ne me choqua pas plus que ça, étant donné que je ne la connaissais pas plus que ça. Mais de son côté, cela n’avait pas l’air d’être la même chose… M’enfin, je n’allais pas lui en tenir rigueur. Je jetai alors un rapide coup d’œil à l’horloge face à moi et m’aperçus qu’il fallait que je rentre. L’on m’attendait pour la séance bédo du soir, fallait surtout pas que j’arrive à la bourre !

« Ouais euh… Ouai, ‘scuse-moi aussi. J’pas été simple non plus. M’enfin, on a qu’à dire qu’on est quittes, nan ? Ou presque alors… Dans tous les cas j’dois m’barrer, j’ai un rendez-vous important. Grosse réunion chez les Serpys… See ya ! »