Serrant la lanière de son sac bien plus que nécessaire, Ivy tentait vainement de ne pas succomber au flot quasi irrésistible d’élèves sortant de la salle de classe. Comme à l’accoutumée, lors de la toute dernière heure de la journée ainsi que de la semaine, il ne restait des élèves calmes et patient (ou plutôt éreintés et amorphes) que des bêtes affamées se livrant une bataille sans merci pour se rendre au généreux festin qui les attendait quelques étages plus bas.

Ivy, prévoyante, avait tenté de s’en sortir en laissant passer le plus gros des élèves devant elle avant de s’engouffrer dans le cadran de la porte (merlin si étroit). Cependant, ce que la petite tête d’Ivy Blythe n’avait pas prévu, c’est qu’une autre flopée d’étudiant hagards s’engouffrassent à sa suite. Ainsi, malgré toutes ses précautions, la jeune Blythe se retrouva serré contre son gré entre la première et la deuxième fournée. L’unique et stupide réflexe que la jeune fille trouva à faire fut d’agir à l’opposé de la masse compacte d’étudiants qu’il l’entourait. Au lieu de pousser tout le monde pour se frayer un chemin hors de cet enfer, Ivy rentra la tête dans les épaules, baissa la tête, ferma les yeux serra son sac contre elle et se replia très vaillamment sur elle-même. Le brouhara était assourdissant et la chaleur insupportable.

Abandonnant toute résistance, elle tenta vainement de se protéger des coups qu’elle recevait de toute part. Alors qu’elle allait presque échapper à cet enfer, quelqu’un la poussa particulièrement violent et elle chuta vers l’avant, tenta de se rattraper, se prit lamentablement les pieds dans son sac avant de perdre l’équilibre mais cette fois vers l’arrière. Elle réussit finalement à se stabiliser, non sans heurter plutôt durement la personne qui se trouvait derrière elle.

Ce n’est qu’après un petit moment durant lequel Ivy haletait, toujours recroquevillée sur elle-même, qu’elle finit pas se rendre compte qu’on ne la poussait plus et que le groupe était désormais loin devant elle. C’est en soupirant qu’Ivy épousseta sa robe désormais largement déchirée vers le bas. Même si égratignée, Ivy était tout de même contente de s’en être sortie en un seul morceau. Elle eut une pensée pour la personne qu’elle avait heurté et ne put s’empêcher de s’en vouloir de lui avoir fait du mal, peu importe si elle était responsable ou non.

Elle s’apprêta à avancer à son tour dans le couloir, plus paisiblement, cependant. Mais à sa grande surprise, son pied buta sur quelque. Ivy constata avec étonnement qu’un incroyable cafouillis de parchemins, de livres, de plumes et d’encre fraîche jonchait le sol tout autour d’elle.

Et soudain, elle percuta. Ivy se hâta de se jeter au sol pour rassembler les affaires par terre. Elle tenta tant bien que mal de chasser l’encre des parchemins mais soit ceux si l’avait déjà absorbée, soit elle ne faisait que l’étaler encore plus. Malheureusement pour elle, Ivy savait était bien incapable d’utiliser le sort du Rékurvite. Ses yeux commencèrent à chauffer, plus d’exaspération et de honte que de tristesse.

« - Merlin, j... j... je suis te...terriblem...ment dé...désolée» murmura t-elle à voix basse.

Finalement, elle osa lever les yeux pour contempler la victime de la maladresse. Son coeur manqua un battement et inconsciemment une voix répétait inlassablement dans sa tête : «oh, non, non, non...». Car sur la poitrine de la jeune fille qui la dominait de toute sa hauteur, l’argent métallisé contrastant parfaitement avec le noir de sa robe de sorcier, brillait l’insigne des Serpentards. Les yeux écarquillées, Ivy resta là un long moment, trop choquée pour bouger.