La repas venait toujours de se terminer. Les élèves prenaient lentement le chemin de leur salle commune en papotant joyeusement. Malgré le drame de leurs vacances – dont la disparition réelle et inexpliquée d'Elisa, une gamine insupportable qui leur avait tenu malheureusement compagnie tout l'été – et l'arrivée de cet inquiétant directeur, la bonne humeur Poudlardienne n'avait en rien changé... Un groupe de Poufsouffle, dont faisait partie Kyra son amie et camarade de dortoir passa près d'elle et ralentit le pas comme pour lui permettre de les rejoindre mais elle déclina la sympathique invitation d'un mouvement de tête. Elle quitta alors la table, et comme convenu par lettre un peu plus tôt dans la journée, prit machinalement le chemin des étages. Elle  n'en finissait plus de monter les escaliers sous les regards quelque peu étonnés des tableaux et des fantômes qu'elle croisait. Comme elle s'y attendait, à part quelques jeunes Gryffondor égarés qui cherchaient maladroitement leur tanière, il n'y avait pas grand monde dans les couloirs. Les premiers jours étaient souvent calmes, de toute manière. On préférait faire connaissance ou se rapprocher de nouveau après deux mois d'éloignement plutôt que de jouer les troubles-fêtes partout dans le château...

Le septième étage se dessina bien vite, et après être passée sans s'arrêter devant le tableau de l'énorme dame rose qui gardait l'entrée de la salle commune des Gryffons, Sunny posa la main sur la poignée de la porte de la Salle de Duel, le lieu de son rendez-vous. La porte grinça lorsqu'elle l'ouvrit et laissa entrevoir une tache lumineuse sur le sol, que déversaient les bougeoirs et autres lustres qui se tenaient dans le couloir. La Poufsouffle se glissa silencieusement à l'intérieur de la pièce et referma derrière elle. Ses yeux mirent quelques secondes à s'habituer à l'obscurité mais elle put rapidement distinguer l'estrade où les duellistes s'affrontaient, ainsi que les quelques bancs qui faisaient office de gradins pour les spectateurs. Hésitant un instant, elle finit par s'y aventurer prudemment, avançant en tâtonnant pour être bien sûre de ne pas se rétamer bêtement. Lorsqu'elle trouva la place idéale, elle s'y installa et attendit bien sagement. Elle aurait certes pu allumer mais elle risquait d'attirer des visiteurs indésirables et ce n'était vraiment pas le but de l'opération !

A chaque bruit de pas résonnant dans le couloir, la blonde se redressait, tendant l'oreille dans l'espoir de discerner quelque chose... Elle ne parvenait pas à voir l'heure qu'indiquait les aiguilles de sa montre mais puisqu'elle était partie un peu en avance, il y avait fort à parier que la jeune femme n'était pas encore en retard. Rapidement, tout redevint silencieux. Les égarés avaient sûrement retrouvés leur chemin et plus personne ne passait par là. Tant mieux ! Elle allait sûrement paniquer un peu, sur le trajet du retour, lorsqu'il faudrait rejoindre Poufsouffle sans un bruit... Malgré l'apparente arrogance dont elle avait fait preuve dans sa lettre, elle n'était pas du tout rassurée à l'idée d'enfreindre le règlement de la sorte, mais surtout d'entraîner son amie avec elle... Avec un peu de chance, si elle tombait sur un Préfet, ce serait Absolem... Ou bien Seth, il semblait qu'il l'aimait bien... Elle n'eut pas le temps de se pencher davantage sur le sujet que la porte grinça à nouveau, laissant voir la silhouette fine de la jeune femme. Un sourire étira les lèvres de Sunny, tandis qu'elle enjambait le banc pour se rapprocher.

« Molly ? J'suis là, tu me vois ? » demanda t-elle tout en tâtonnant de nouveau en marchant. « J'avais peur qu'il y ait des gens qui viennent s'incruster alors j'ai pas allumé, mais c'est pas très pratique... »

« Sunny! Comment ne pas te voir, tu rayonnes même dans la noirceur. »

Elle en avait de bonnes, elle ! Elle ne rayonnait pas le moins du monde, sans quoi elle ne serait certainement pas en train de galérer comme une cruche pour tenter d'avancer correctement... Là, c'était la grosse galère, elle peinait à mettre un pied devant l'autre sans se ramasser lamentablement... Enfin, ce n'était pas bien méchant, elle avait l'habitude de lui faire tout un tas de compliments de la sorte, et comme à chaque fois, la blonde rit discrètement. Fort heureusement pour elles deux, elles finirent par se retrouver enfin, et ce sans le moindre dégât. Pas de casse, pas de bleu, pas de bosse... La silhouette fine de la jeune femme se dessinait face à elle, elle ne distinguait pas ses traits mais n'avait aucun mal à se les remémorer tant les heures qu'elle avait passé en sa compagnie étaient nombreuses. Il lui était impossible de les compter désormais, trop nombreuses en haut de la tour d'Astronomie où leurs rendez-vous implicites s'étaient accumulés ces derniers mois. Elle ne put s'empêcher de sourire à l'évocation silencieuse de tous ces souvenirs.

« T'as bien de la chance ! Moi, je ne vois rien du tout ! » plaisanta la Poufsouffle une poignée de secondes avant que les doigts de sa camarade se referment sur son bras.

Elle frissonna légèrement mais ne chercha pas à se dégager de l'emprise de la Serdaigle. Ca lui rappelait sans mal les premiers instants de leur étrange voyage d'été, les nombreuses balades qui avaient suivi... C'était de chouettes vacances tout de même, elle était presque un peu déçue d'avoir dû les quitter, un peu troublée aussi par la disparition d'Elisa. Cette gamine était chiante au possible mais elle ne méritait pas de rester coincée là-bas... Qui savait, en plus, ce qu'elle était devenue toute seule ? Et dire que ça aurait pu être n'importe laquelle d'entre elles... Enfin... Ca ne servait sûrement à rien de se torturer l'esprit avec ça, personne n'y était pour rien, et personne n'y pouvait plus rien... Elle ne manquerait sûrement pas à grand monde au château, en tout cas... Elle n'avait pas donné l'impression d'être capable de sympathiser avec qui que ce soit cette pauvre môme. Sunny remonta légèrement son bras, laissant la main de Molly glisser jusqu'à la sienne qu'elle serra doucement, prétextant silencieusement d'avoir à retrouver les bancs sans la perdre... Aussi reprit-elle le chemin des sièges, doucement, précautionneusement... Peut-être exagérait-elle son attention, simplement pour garder la main de son amie dans la sienne, innocemment.  

« Tu as bien fait, je n'ai pas autant d'assurance que toi devant la bonté des préfets... et puis ça ajoute un charme à la soirée. »

Le cœur de la Poufsouffle s'affola à ces derniers mots tandis qu'elle touchait finalement du bout du pied le lourd bois du banc. Elle l'enjamba lentement et finit par s'y laisser tomber sans grande classe, guidant machinalement la Serdaigle pour qu'elle en fasse de même sans se faire mal. Elle avait vraiment été idiote de ne pas choisir un autre endroit, plus discret, plus éclairé aussi... Elles allaient finir par se casser quelque chose avant la fin de la soirée, c'était certain ! Elle soupira et lâcha enfin la main de la brune, après de longues secondes supplémentaires où elle avait feint simplement de pas s'en souvenir. C'était dommage de ne pas avoir pu simplement reprendre leurs bonnes vieilles habitudes, c'est à dire de grimper à la hâte les trop nombreuses marches de la tour d'Astronomie dans l'espoir d'y voir le visage radieux de l'autre attendre sagement tout en haut... Enfin, ce n'était pas de sa faute, ni de celle de la jeune femme s'il y avait un cours justement ce soir...

« Si c'est Absolem ou Hailey, ça devrait aller. Même Seth, je crois qu'il m'aime bien... Enfin c'était un peu étrange dans la calèche à la rentrée, mais c'est ce que j'ai cru comprendre. C'est juste les cinq autres qui poseraient problème... De mon côté en tout cas, tu les connais peut-être toi ? »

''Juste'' les cinq autres, comme si ce n'était rien. Il y avait bien peu de chance de tomber sur quelqu'un de compréhensif mais la princesse ne semblait pas s'en affoler plus que ça. Elle n'était pas une grande habituée des heures de colle mais n'y avait pas échappé en cinq ans, comme tout le monde ou presque de toute façon donc une de plus ou une de moins... Ca ne serait pas dramatique... C'était juste cette histoire de points qui l'inquiétait un peu plus, elle n'avait aucune envie d'en faire perdre à sa maison quelques jours après la rentrée seulement... Chassant sans mal ces préoccupations de son esprit, elle prit le parti de jouer sur le ton taquin de la réponse de son amie. Alors elle voulait l'enquiquiner ? Et bah très bien, elle allait en faire de même.

« Je suis contente de te l'entendre dire ! J'avais peur que tu refuses de rester dans une salle sombre comme ça... On sait jamais, après tout, y'a souvent des viols, des meurtres et tout, dans ces coins-là. »

« Ah! Alors pas de soucis. Cinq sur huit, les chances sont petit de croisé un préfet ennemi »

Bien que peu forte, la voix de Molly lui était tout de même parvenue et avec elle, le ton froid et dérangeant qu'elle avait employé pour lui répondre. Lui en voulait-elle donc à ce point de lui avoir fait prendre des risques inutiles si tôt dans l'année ? C'était possible, mais après tout, elle ne l'avait forcée à rien, si elle était venue ici ce soir-là, c'était parce qu'elle le voulait bien. Aucune baguette sous la gorge, aucun ultimatum, rien du tout qui ait pu la contraindre à agir. Elle était venue de son plein gré, elle avait elle-même pris la décision de braver le règlement pour cette entrevue, sans quoi, rien ne l'avait empêché de lui écrire une nouvelle fois pour lui dire qu'elle préférait la voir un peu plus tard dans la semaine, là où leurs emplois du temps le leur permettraient. Aussi, le regard de la Poufsouffle s'assombrit presque aussitôt. Après, certes, elle aurait pu trouver un autre moment à lui proposer mais était-ce de sa faute si elle avait eu envie de la voir au plus vite et dans un endroit relativement intime ? Déjà qu'elle l'avait totalement oubliée pendant la fin des vacances alors qu'elle avait imaginé qu'elles étaient plus proches qu'elles ne l'avaient jamais été jusque là... Elle n'avait pas pu s'empêcher de se demander si cette proximité n'avait pas lieu d'être que dans sa tête, si elle ne s'était pas fait des films depuis le début, presque si elle n'avait pas rêvé ses vacances... Elle était pourtant certaine d'avoir découvert une nouvelle part de la personnalité de la Serdaigle, de s'être laissé charmer encore plus facilement, en toute amitié bien sûr... Pourtant, dès la rentrée, c'était bien elle qui lui avait envoyé un hibou, comme pour s'excuser silencieusement d'être restée si absente les semaines précédentes... Au fond, elle ne savait plus quoi penser de tout ça. C'était au moment où elle se sentait le plus en confiance que le vent avait tourné, laissant les incompréhensions prendre place...

« Non... Je sais bien... » admit-elle, un peu penaude. « Mais sans quoi, ça repoussait à loin... Et j'avais pas spécialement envie... Mais si tu veux, je passerai devant, comme ça tu n'auras qu'à te cacher si je me fais attraper. »

Elle pouvait difficilement faire mieux. Prendre sur elle tous les risques de leur escapade ne la dérangeait en rien. Au pire, Poufsouffle perdrait quelques points qu'elle ferait de son mieux pour rattraper, au mieux elle écopait d'une heure de colle pendant laquelle elle aurait l'occasion de finir ses devoirs. Rien de dramatique. Oh, bien sûr elle espérait ne rien avoir à vivre de tout ça, mais était-ce seulement la fin du monde que de commencer l'année de la sorte ? Et puis, il lui semblait que sa soirée valait largement ce petit désagrément. Après, Molly ne voyait sûrement pas les choses de la même manière... Elle avait probablement raison de faire passer la réussite de sa maison avant toute sortie, quelle qu'elle soit, peut-être même devrait-elle prendre exemple sur la jeune femme, à l'occasion... Ou pas... Elle sentait le parfum de la brune, flottant dans la salle comme l'aurait fait n'importe quel philtre, elle ne sentait plus que lui. Il n'y avait plus l'odeur piquante de la poussière remuée, ni celle étouffante de la cire utilisée pour nettoyer la piste de duel, pas même celle constante de la pierre froide et ancienne des murs du château. Elle se sentait bien, ainsi enveloppée dans une fragrance aussi douce. Probablement qu'elle serait passée pour une folle si quiconque avait eu accès à ce qui se passait à cet instant précis... Elle se revoyait pédaler tant bien que mal sur le chemin de campagne caillouteux, la Serdaigle accrochée à elle, le vent dans les cheveux, et l'odeur si particulière de sa camarade embaumant plus encore que les quelques fleurs qui coloraient le bord de la route... Et tout c'était arrêté aussi brutalement que tout avait commencé, par un retour à la réalité, par une absence qu'elle n'avait pas souhaitée... Un jour, peut-être, elle trouverait le courage de lui demander clairement ce qu'elle avait pensé de ces jours entiers qu'elles avaient eu le droit de partager, juste pour voir si le trouble s'était également insinué dans son esprit ou bien s'il n'y avait qu'elle à en être victime... C'était très probable, certes, mais elle ne parvenait pas à se faire à l'idée... Elle n'avait pas pu se laisser porter par quelque chose qui n'existait pas. Elle n'était pas idiote. Enfin, elle espérait, en tout cas...

« Ah tu sais, en fait je suis simplement venu pour faire chevalier servant et te protéger de tous ses danger, voyons! Tu connais mon courage de guerrière! Puis la seule qui pourrait me violer ici, c’est toi et tu ne serais pas assez forte. »

Sunny ne put s'empêcher de rire en l'entendant. Ainsi, Molly Auberdeen, la froussarde Molly était prête à la sauver de tous les dangers ? Ses joues s'empourprèrent, habilement cachées par l'obscurité, à cette idée. Elle n'avait aucun mal à s'imaginer jouer les damoiselles en détresse pendant que la Serdaigle braverait vents et marées pour venir la secourir, l'enlevant héroïquement sur un fier destrier, ou plus probablement un balai... Elle n'eut pas le temps de mettre un terme à sa rêverie aussi enfantine que déstabilisante que la jeune femme la poussa gentiment de l'épaule, afin d'appuyer le ton arrogant qu'elle avait employé pour lui répondre. Surprise, la Poufsouffle perdit l'équilibre et se rattrapa au banc en riant. Et voilà qu'elle essayait de la tuer maintenant ! Elle se redressa, faussement outrée et la repoussa à son tour, du bout des doigts, plus par principe qu'autre chose, comme pour lui signifier qu'elle n'avait pas l'intention de se laisser faire.

« Pas assez forte ? » répéta t-elle sur un ton de défi. « T'es sûre... ? »

Elle se rapprocha de la jolie brune dont elle percevait sans mal la silhouette désormais même si ses traits étaient encore indiscernables, et posa arrogamment sa main sur la cuisse de celle-ci. Ce n'était qu'un jeu, bien sûr. Elle l'avait simplement cherché en la prétendant trop faible pour parvenir à ses fins si toutefois ces fins-là lui avaient appartenu. Ce n'était pas son genre de s'enfoncer ainsi dans la provocation, d'aller à l'encontre de la bienséance qu'on lui avait toujours apprise partout mais qui en saurait quoi que ce soit ? Elle était persuadée, ou du moins elle l'espérait très fortement, que Molly ne s'en offusquerait pas. Elle n'attendait pas non plus qu'elle entre dans son jeu, simplement qu'elle prenne la plaisanterie comme elle arrivait et la remette à sa place le plus normalement du monde. Quiconque la connaissait savait qu'elle ne ferait pas de mal à une mouche, alors de là à abuser d'une amie dans une salle déserte, il y avait de la marge... Elle décida d'aller tout de même au bout de ce qu'elle avait commencé et se pencha doucement vers la Serdaigle. L'odeur de son shampoing se faisait plus forte encore et quelques cheveux venaient lui chatouiller le visage. Un sourire absent étira ses lèvres.

« On a qu'à essayer, juste pour voir. »

« Bah en fait… Je m’excuse, J’ai mal compté… Ce serait plus trois sur cinq… contre nous. Car je connais les deux de Serdaigle plutôt bien… »

C'était plutôt rassurant en fin de compte, alors il ne restait qu'Astride et les Serpentard... Si elle ne craignait pas vraiment grand chose vis à vis de sa camarade de maison, même si on la disait juste et tout ce qui allait avec, il y avait peut-être des chances pour qu'en lui faisant des yeux de Chat Potté tout en lui promettant de ne jamais recommencer elle accepte de laisser passer la punition pour cette fois. Rien n'était moins sûr, bien entendu, mais ça ne coûtait rien d'essayer, après tout... Il ne restait donc réellement que le problème des Serpentard... Mais là même toute la meilleure volonté du monde ne faisait pas le poids face à l'impureté supposée de son sang. Qu'ils seraient ravis de lui tomber dessus, ces deux-là, elle n'en doutait même pas. Le sourire mauvais qui s'afficherait sur leurs lèvres en lui promettant les pires cauchemars se dessinait déjà devant ses yeux grands ouverts. Enfin, ça ne servait à rien d'y penser maintenant... Pour l'instant, elles étaient à l'abri. Elles ne faisaient pas suffisamment de bruit pour attirer l'attention sur elles et l'absence de lumière leur permettait une couverture plus grande encore. Elles ne risquaient rien. Et puis, quand bien même quelqu'un s'aventurerait par ici, elles avaient l'avantage non négligeable de s'être habituées à l'obscurité, elles trouveraient le moyen de se cacher avant même que leur tortionnaire n'ait remarqué qu'il n'était pas seul...

« Puis, je n’oserais pas te faire un tel coup alors que je t’ai invité à cette soirée. Je suis lâche, mais pas pour toi. Je me suis simplement laissé emporter… par je ne sais quoi… »

Ses joues se colorèrent de nouveau. Alors elle n'était pas lâche pour elle ? C'était bel et bien ce qu'elle avait cru comprendre lors des vacances. Jamais Molly ne s'était plainte, jamais elle n'avait semblé avoir envie de faire demi-tour... Elle s'était contentée de rester à ses côtés, d'être à la hauteur de la tâche qu'elles entreprenaient. Elle avait découverte une face de la personnalité de son amie qu'elle ignorait jusque là. Non, décidément, elle ne parvenait pas à regretter ses vacances, même si l'une des leurs n'était jamais revenue et qu'elles auraient pu toutes mourir plus d'une fois... Jamais le voyage organisé par l'école aurait pu être plus intéressant. Bien sûr, elle savait que tout ce qui était arrivé n'était pas voulu par McGonagall, la pauvre avait d'ailleurs préféré rendre son tablier plutôt que d'affronter le courroux des parents d'élèves, ce qu'elle comprenait plutôt bien, mais qu'importe, c'était un extraordinaire voyage, et personne de son côté n'aurait pu aller se plaindre à la Directrice puisque personne n'avait eu vent de ce qui s'était passé. Pour ses parents, elle avait juste oublié de ramener des souvenirs... C'était triste mais pas dramatique, le principal étant qu'elle ait pu profiter de ses vacances comme toutes les ados de son âge...

« J'aurais pu trouver mille et un endroits pour cette entrevue, rien ne t'obligeait à accepter. Mais jamais personne ne vient jamais ici, il me semble, alors comme je n'avais pas envie de te partager ce soir... Je suis prête à en assumer seule les conséquences, au moins tu le sais. »

Elle hocha imperceptiblement la tête comme pour appuyer ses paroles et soupira distraitement. C'était tellement plus simple pendant les vacances, il n'y avait jamais rien ni personne pour les surveiller pour faire attention à ce qu'elles faisaient, à l'endroit où elles étaient... Elles menaient leur vie comme elles l'entendaient, et c'était très bien ainsi. Elle se souvenait sans mal de leurs sorties, des rires échangés, des moments où le corps de la Serdaigle se collait au sien pour ne pas tomber de la vieille bicyclette qui leur servait de moyen de transport... Et là, elles étaient contraintes de s'entrapercevoir dans une salle déserte et obscure au beau milieu de la nuit... La suite de leur conversation lui échappa totalement. Les mains sur les cuisses de son amie, elle n'avait aucun mal à sentir le léger malaise de celle-ci. Un sourire ravi étira ses lèvres. Le but était atteint ! Elle ne voulait en aucun cas lui donner envie de fuir, non, loin de là, mais juste s'amuser un peu, la pousser dans ses plus profonds retranchements et voir, par la même occasion, jusqu'où elle-même pouvait tenir la plaisanterie. Même si elles étaient amies, il y avait toujours l'ombre de sentiments plus importants qui planait sur elles sans qu'elle ne parvienne réellement à comprendre ce dont il s'agissait exactement. Elle avait rêvé plusieurs fois qu'elle embrassait la Serdaigle mais elle n'avait jamais pris ça pour argent comptant, se disant simplement que tout le monde faisait des rêves bizarres, et que ça n'avait aucune importance. Après tout, Molly était jolie, elle était capable de le reconnaître, c'était peut-être juste ça qui faisait que. Rien d'autre...

Son cœur s'était accéléré doucement pour battre désormais à tout rompre. Elle discernait mal les traits de son amie mais la pénombre semblait commencer à se dissiper, si bien que tout était de plus en plus visible. Toutes les odeurs qui émanaient de la jeune femme se mêlaient, encore et encore, toujours plus enivrantes, et la laissait flotter au milieu de ce nuage olfactif entêtant. Elles ne bougeaient plus, ni l'une ni l'autre, comme attendant la suite. Sauf qu'elle ne la connaissait pas, la suite. Oh, bien sûr, il y avait des images qui glissaient dans son esprit, imprimant doucement l'envie de voir si tout était aussi naturel que dans ses rêves mais de là à trouver le courage de les mettre en application... La seule chose qu'elle put faire fût de plaisanter de nouveau, désamorçant par la même occasion l'étrange atmosphère qui s'était installée. Enfin, elle ne faisait plus vraiment attention à ce qu'elle disait, ni même aux pensées qui affluaient en un flot incessant, il n'y avait que le visage de la brune à quelques centimètres du sien, que son parfum délicieux qui l'enveloppait toute entière... Le rire de la Serdaigle la ramena à la réalité, plus brutalement qu'elle ne l'aurait souhaité. Sur le coup, elle ne sut trop comment le prendre. Se moquait-elle ou bien se contentait-elle de rire parce qu'elle était amusée ? Elle avait presque l'impression qu'il était aisé pour la jeune femme de lire en elle, de comprendre tout ce qu'elle ressentait, de savoir tout ce à quoi elle pensait... Elle se crispa légèrement, bien malgré elle, consciente que Molly pouvait le ressentir facilement.

« Essaye toujours, mais en plus de n’être pas assez forte, tu perdrais équilibre avant d’attaquer et je serais sûrement apte à fuir aisément. »

Sunny leva les yeux au ciel et se redressa croisant hautainement les bras. Ce n'était pas drôle. Elle avait été presque convaincante, et avait presque réussi à se convaincre que le jeu n'en était pas tellement un et voilà que la chute était rude et l'atterrissage pire encore. Peut-être était-elle finalement plus vexée qu'elle voulait bien le laisser croire. Son rythme cardiaque refusait de ralentir, tandis que l'oxygène commençait lentement à lui manquer. Au beau milieu des rêveries et des douces mais effrayantes pensées qui lui passaient par la tête, sa discussion avec Seth s'imposa avec une force incroyable, l'obligeant à ne se concentrer plus que sur ça, et avant même qu'elle n'ait eu le temps de réfléchir, elle entendit sa propre voix résonner discrètement dans la salle...

« Tu l'aimes bien, Eléonore ? »

« Je ne veux pas te partager non plus.»

Les yeux clairs de la blonde clignèrent plus d'une fois sous l'effet de la surprise tandis que ses lèvres se fendaient discrètement d'un sourire. Elle ne savait plus vraiment quoi penser, elle parvenait à se convaincre qu'elle s'était fait des films pendant toutes les vacances, qu'il n'y avait que dans sa tête que les choses avaient eu ce goût étrange, puis tout de suite après un détail faisait qu'elle revenait sur ses pas, admettant qu'elle n'était peut-être pas folle à ce point, que l'atmosphère bizarre qu'elle avait ressentie avait bel et bien existé, et pire encore, que Molly aussi l'avait bien vue. Là, l'aspect antithétique de ses pensées venait d'atteindre son apogée. Ne venait-elle pas d'admettre à l'instant qu'elle n'avait pas non plus envie de voir qui que ce soit s’immiscer dans leur moment ? Il apparaissait d'ailleurs comme des retrouvailles, comme si ça faisait des mois qu'elles ne s'étaient plus vues alors qu'au fond, cela devait faire quelques semaines à peine. Les semaines les plus longues qu'elle n'aurait jamais imaginé... Sunny ne sut quoi lui répondre, se contentant de retenir tant bien que mal le sourire de plus en plus radieux qui tentait tant bien que mal de s'étendre sur son visage. Elle n'avait aucune raison de se retenir, après tout, puisque l'obscurité la camouflait presque à la perfection, mais on ne savait jamais... Il n'empêche que Molly n'avait pas envie de la partager. Elle n'aurait eu aucun mal à s'enfuir en courant pour aller prévenir le château tout entier. Peut-être qu'elle n'avait dit ça que pour lui faire plaisir, que pour la conforter dans l'intimité qui paraissait s'installer entre elles ? Elle n'en avait aucune preuve, ni de ça ni de son contraire, mais préférait ne pas se laisser aller à le croire possible. Elle avait été sincère, un peu trop peut-être, il était tout naturel que la Serdaigle l'ait été aussi...

Par la suite, la conversation prit un tour plus tendue, dont elle était la seule responsable. Ou presque... Etait-ce de sa faute à elle si on s'amusait à raconter n'importe quoi sur le compte de la brune et qu'on jugeait bon de l'en tenir informée alors qu'elle n'avait rien demandé à personne et qu'elle faisait de son mieux pour ne pas laisser les rumeurs l'atteindre, qu'elles circulent à son propos ou à celui des gens dont elle était proche. La réponse ne venait pas. Elle parut prendre tout son temps, mettre des minutes entières, des heures même, avant de, ne serait-ce que, se former dans l'esprit de la jeune Auberdeen. Et pendant tout ce temps, la Poufsouffle était là, pendue à ses lèvres, attendant fébrilement d'en savoir davantage, sachant pertinemment que la réponse risquait de la décevoir plus qu'elle ne l'aurait jamais cru. Si elle refusait d'admettre quoi que ce soit, elle n'était pas complètement stupide et commençait à entrevoir ce qu'elle éprouvait réellement. Comprendre que la place auprès de la jolie brune était peut-être déjà prise alors qu'elle avait passé les vacances toutes entières et même les mois les précédant à essayer de se rapprocher au mieux de la jeune femme n'était pas ce qu'il y avait de plus agréable, bien au contraire. Elle se sentait presque trahie, comme si Molly lui avait consciemment laissé croire en des choses qui n'arriveraient jamais, simplement parce qu'elle n'en avait, elle, pas la moindre envie. C'était bien parce qu'elle se rendait compte de la situation dans laquelle elle s'était mise qu'elle ne lui répondait pas, non ? Elle cherchait simplement une façon douce et amicale de l'éconduire... Rien de plus...

« Bah… Élé?... Je ne voie pas pourquoi... Je l'aime bien mais pas plus... Elle et moi, on s’est rencontrer avant le voyage et le monde semble avoir créé une histoire qui n’existe pas. »

Avant le voyage ? Une histoire qui n'existait pas ? Ou qui n'existait plus... ? Il y avait généralement un fond de vérité derrière tout commérage, si bien qu'elle peinait à croire que c'était parti de rien. Bien sûr, il était possible que ce soit un geste ou une parole anodine qui ayant été mal interprété ait fini par dériver encore et encore jusqu'à devenir ce qu'elle en savait. Elle n'eut même pas le temps d'ouvrir la bouche pour lui répondre quoi que ce soit, que Molly reprit de plus belle, un peu plus sur la défensive encore...

« Et toi ce préfet qui t’aime bien… Tu lui renvoies les sentiments ? »

Que venait-il faire là-dedans ? Où était donc le rapport entre son histoire avec la Gryffondor et sa rencontre malheureuse avec Seth ? De quel droit venait-elle lui reprocher des choses dont elle ne savait rien, puisqu'il n'y avait rien, alors qu'elle-même ne se l'était pas permise ? Elle s'était contentée de lui demander si elle connaissait la jeune femme dont elle avait entendu parler, elle n'avait pas poussé plus loin l'interrogatoire même si Molly avait tout de suite compris là où elle espérait en venir, mais jamais elle n'aurait osé lui poser ouvertement la question. La princesse se braqua bien malgré elle, toisant avec un air légèrement supérieur la silhouette qui lui faisait face. Elle était encore assez grande pour faire ce que bon lui semblait et si elle avait envie de s'éprendre du préfet en question, qui pouvait s'y opposer ? Elle avait eu, jusqu'ici, l'intelligence de ne se mettre aucune chaîne, de ne se lier à personne, si bien qu'elle était libre de s'amouracher de qui elle souhaitait. Bien que vexée par son attitude, elle n'eut pas le cœur à lui mentir, à lui faire croire qu'il y avait quelque chose avec le Gryffondor...

« Pourquoi le mêler à tout ça ? Mais puisque ça t'intéresse, non, il n'y a pas le moindre sentiment entre lui et moi. Ni sentiment ni rien d'autre d'ailleurs... Pour tout t'avouer, il me fait même un peu peur... »

Alors qu'elle s'attendait à ce que la conversation en reste là, puisque à ses yeux il n'y avait rien à rajouter ni d'un côté ni de l'autre, et qu'elle n'avait de toute manière pas grande envie d'en savoir davantage sur la vie sentimentale de la brune, celle-ci trouva le moyen d'en rajouter une couche supplémentaire, s'enfonçant dans des détails dont elle ignorait tout jusque là, et dont elle aurait préféré garder l'ignorance malgré tout :


« D'ailleurs... Ils ont dit pareil sur nous deux… je croyais que tu aurais entendu, si tu avais entendu de Élé aussi. »

Sunny secoua doucement la tête, sous le choc de la nouvelle. Son cœur s'était mis à battre la chamade une fois encore, tandis que tout se mêlait dans son pauvre esprit embrumé. On avait dit la même chose sur elle deux et personne n'avait trouvé bon le lui faire savoir... Que le monde était cruel. Elle se laissa lourdement tomber sur le banc à côté de son amie. Pourquoi ne lui avait-il fait part que d'un seul morceau de la rumeur ? S'il l'avait entendu, lui, il devait l'avoir entendue dans son intégralité... Elle n'avait que le bout qu'on avait trouvé utile de lui rapporter, et étrangement le seul qui ne la concernait en rien. Au bout de quelques interminables secondes, elle finit par reprendre ses esprits, et secoua la tête avec un peu plus de conviction.

« Je n'ai rien entendu... On m'en a parlé. Et on a visiblement oublié de faire mention de ce détail... Qu'importe. »

Elle décida de voir cette occasion comme une perche à saisir et ne se fit pas prier pour l'attraper des deux mains. Elle se pencha un peu timidement et déposa un baiser furtif sur les lèvres de la Serdaigle. Elle ne risquait pas grand chose, au pire, elle la repousserait...

« Je n'aime pas que des rumeurs totalement infondées courent à mon sujet... Voilà désormais qui n'est plus tout à fait le cas. »

« Éléonore n’avait pas plus de raison à entrer dans cette conversation… mais je suis tout de même contente d’être rassuré. »

Sunny soupira. Ce n'était qu'une question innocente, en rien une attaque personnelle même si elle avait semblé, elle, le vivre de la sorte. Elle n'avait fait que se renseigner, chercher à démêler le vrai du faux sur ce qu'on racontait, rien de plus. Ce qui n'avait rien à voir avec le fait de mettre volontairement Seth dans une conversation qui ne le regardait pas dans le simple but de répondre à l'attaque par l'attaque. Surtout que personne n'avait jamais rien dit sur Seth et elle, tout le monde s'en fichait, personne ne ferait le rapprochement de toute façon. Ils ne se connaissaient pas, s'étaient parlé une fois dans une calèche comme ça arrivait à beaucoup de gens et l'histoire s'arrêtait là. Oh, il était peut-être très gentil, hein, et elle ne l'enverrait pas promener si un jour il venait lui parler, mais loin d'elle l'idée de s'en faire un ami ou quoi que ce soit d'autre de pire. Elle ne fit même pas attention à la fin de la phrase de la Gryffondor, oubliant totalement de s'extasier devant le fait qu'elle puisse se rassurer. La conversation avait pris un tour qui lui déplaisait fortement et elle n'attendait désormais plus qu'une chose : y mettre un terme au plus vite. Et dire qu'elle s'était enthousiasmée à l'idée de passer cette soirée avec Molly... Peut-être avait-elle été trop vite en besogne, et que ce qui était doux et agréable pendant les vacances – probablement parce que c'était justement les vacances – n'aurait plus rien à voir maintenant qu'elles étaient de retour à Poudlard ? Pris dans le tourbillon de la routine, entre les cours et autres devoirs, il n'y aurait certainement plus la même place pour laisser son imagination lui concocter une amourette platonique qui n'existait que dans sa tête. Triste réalité...

« Ce n'est pas de ma faute si les bruits de couloirs sont parvenus jusqu'à moi. Je me renseignais, rien de plus. T'aurais peut-être préféré que je me contente de croire ce qu'on me racontait sans chercher à savoir la vérité ? Si tel est le cas, je peux m'y tenir la prochaine fois. »

Si sa voix n'avait rien d’agressive, elle avait perdu quelque peu sa douceur caractéristique. Elle avait beau beaucoup aimé la jeune femme, elle peinait à supporter ses remarques et son attitude défensive. Elle ne voyait pas ce qu'elle avait fait de mal. D'accord, ce n'était peut-être pas le meilleur moment pour mettre les choses au clair, mais au moins c'était fait, et ça évitait de passer d'autre jour à se demander si c'était vrai ou non. Quoi qu'encore, l'incertitude et l'hésitation de sa voix ne la rassurait pas totalement. Elle connaissait Brooks, c'était un fait, mais de là à savoir ce qui les liait réellement... Peut-être se faisait-elle mener en bateau depuis le début, peut-être qu'elles vivaient à l'abri des regards indiscrets la plus belle histoire de l'Histoire de Poudlard... ? Cette idée avait quelque chose de dérangeant, mais Sunny n'en fit rien. Après tout, elle en avait parfaitement le droit. Qui était-elle pour vouloir lui reprocher de vivre sa vie comme elle l'entendait ? Elle n'était pas grand chose pour elle, une amie avec qui elle n'avait pas grand chose en commun et qu'elle voyait quand elle avait le temps, rien de plus malheureusement. Enfin elle pensait en tout cas qu'on pouvait parler de malheur dans cette histoire, en tout cas de son côté à elle... La suite la dépassa totalement. Oh ! Bien sûr, c'était elle l'investigatrice de tout, mais de là à être logiquement capable d'en avoir totalement conscience... A partir du moment où elle s'était laissée tomber sur le banc à côté de Molly, le reste devint flou. Elle sentit sans mal la sensation étrange des lèvres de la Serdaigle sur les siennes mais n'eut pas plus de réaction que ça, se rasseyant normalement comme si c'était on ne pouvait plus normal. Du côté de Molly, les choses ne parurent pas plus évidentes. Elle ne réagit pas davantage. Ou en tout cas, elle ne le montra pas. En fait, peut-être que tout c'était passé dans sa tête, durant les vacances. Peut-être qu'il n'y avait qu'une simple amitié pour les lier quoi qu'elle ait pu en penser sur l'instant ? Après tout, chercher davantage ne semblait pas les toucher plus que ça, l'une comme l'autre. Quand elle reprit la parole, ce ne fut pas totalement ce à quoi la Poufsouffle s'attendait.

« Sauf que cette rumeurs disait que j’aurais embrassé, par deux fois une fille… »

La blonde haussa prudemment les épaules, ne voyant pas exactement ce à quoi elle voulait en venir. Elle avait bien entendu parler de l'autre bout de la rumeur, elle le savait. Où était donc l'intérêt de lui rappeler qu'elle n'était pas la seule fille qu'elle aurait dû avoir embrassée ? Ca la dépassait totalement mais fort heureusement pour elle, le hasard semblait être en sa faveur et coupa court à leur déstabilisante discussion. Dehors, des pas résonnaient dans le couloir, s'approchant dangereusement de la porte. Sunny se cacha discrètement dans l'ombre du banc, attirant Molly au sol également. Il y avait bien peu de chance que ce soit quelqu'un qui s'intéresse réellement à la salle de duel, mais dans le doute, mieux valait prévenir que guérir...

« Tu es libre de faire ce que tu veux, tu sais ? » chuchota t-elle alors qu'elle gardait le bras de la Serdaigle sous ses doigts.

Les pas se rapprochèrent davantage puis, au bout d'interminables secondes, continuèrent leur chemin l'air de rien. Probablement une ronde, préfets ou professeurs elle n'en savait rien, mais elles n'étaient plus désormais les seules debout dans cette partie du château. Elle se releva, s'étira sans la moindre élégance et enjamba de nouveau le banc pour aller coller son oreille contre la porte. Ca semblait désert dehors. Tant mieux !

« On ne devrait pas trop tarder, faudrait pas prendre le risque d'attendre qu'il repasse pour sortir... »