Pouvait-on réellement appeler ça un château ? Certes, Poudlard ressemblait un peu à l'école qu'elle avait toujours connue, mis les différences étaient nettement plus nombreuses que les similitudes, c'était une réelle évidence. Plus Marlow évoluait dans cette époque et plus elle réalisait à quelle point elle était chanceuse de vivre où elle vivait et d'être née là où elle était née. D'un autre côté, elle était sûre que si l'un des nombreux élèves qu'elle avait eu l'occasion de rencontrer se retrouvait en 2019 avec elle, il aurait forcément envie de rentrer chez lui, réaction qu'elle pouvait aisément comprendre car il était particulièrement difficile d'être loin de tout ce qu'on avait toujours connu. Cependant, elle était certaine que n'importe qui serait susceptible de se rendre compte des nombreux avantages offert par son époque, chose qui était totalement impossible ici puisqu'il n'y avait absolument aucun point positif notable. D'abord, les cours dispensés étaient un peu bancals, elle l'avait surtout remarqué lorsqu'elle avait assisté à ce qui aurait dû être un cours de potion, où des élèves de première année n'étaient pas capable de faire la différence entre une marguerite et une jonquille et cherchaient vainement des propriétés magiques chez des plantes qui n'en possédaient aucune. Mais le pire était surtout l'emploi du temps des élèves. La plupart d'entre eux venaient de Pré-au-Lard, même si certains étrangers fortunés pouvant se compter sur les doigts de la main poursuivaient également leur scolarité à Poudlard, mais ce qui la perturbait le plus était de savoir qu'ils loupaient parfois plusieurs cours par jour pour pouvoir venir en aide à leurs parents. Leur éducation n'avait absolument rien de sérieux.

Cela dit, Marlow se sentait tout de même dans son élément parce qu'elle avait presque l'impression d'être douée par rapport aux sorciers qu'elle côtoyait. Ses pouvoirs magiques avaient toujours été très légers voire pratiquement inexistants mais ceux des élèves de Poudlard étaient encore moins développés et elle commençait à trouver agréable de faire partie des « meilleurs ». Forcément, elle voulait toujours rentrer chez elle, mais elle se sentait quand même un peu plus dans son élément qu'au début de leur aventure et ça se ressentait sur son humeur. C'était donc avec le sourire qu'elle arpentait les couloirs quasiment vide à la recherche de sa camarade Gryffondor. Elles s'étaient donné rendez-vous cet après-midi là pour discuter de l'avancée des événements et peut-être encore parcourir le château à la recherche de nouveaux indices mais également d'éléments qui leur auraient échappés et qui pourraient leur servir pour rentrer enfin à la maison. Marlow ne se faisait pas beaucoup d'illusions. Elle savait pertinemment que ce château tout comme le parc et la village avait était parcouru des dizaines et des dizaines de fois et que, s'ils n'avaient rien trouvé avant, ils ne trouveraient sans doute rien maintenant. Seulement, ça lui faisait plaisir de passer un peu de temps avec Éléonore. La Gryffondor avait été un peu déçue de réaliser qu'elle ne connaissait absolument personne dans le petit groupe dans lequel elle avait été envoyée de force, aussi avait-elle été très contente de la retrouver mais l'organisation des autres élèves leur avait un peu empêchées de se retrouver. Désormais, elles allaient pouvoir discuter un peu, tant mieux. Alors qu'elle retrouvait le hall du château, elle aperçut son amie qui l'attendait déjà et elle la rejoignit avec un grand sourire, heureuse de la retrouver.

« Salut, comment vas-tu ? » Entama joyeusement la jeune fille lorsqu'elle arriva à sa hauteur. «  Ça me fait vraiment plaisir de te voir, j'ai l'impression que ça fait une éternité. »

En vérité, Marlow aurait préféré ne pas avoir à rencontrer sa camarade dans de telles conditions mais bel et bien au cours du voyage qu'elles auraient dû faire normalement. Cependant, elle avait conscience que mentionner cette information qui devait être aussi évidente pour l'une que pour l'autre ne servirait qu'à jeter un froid et elle n'avait pas la moindre envie que leur après-midi se passe mal. Elle trouvait sympathique de pouvoir savourer de petits instants d'insouciance dans cette aventure particulièrement angoissante et elle comptait sur celui-ci pour en être un. Ceci dit, Marlow n'était pas aussi mal à l'aise qu'elle avait pu l'être au début alors qu'elle ne savait pas franchement où elle avait atterri et ce qu'elle allait bien devenir si elle ne pouvait pas rentrer chez elle. Désormais, elle avait appris à relativiser, et même si elle voulait toujours retrouver sa maison, sa famille et surtout son école, où elle pourrait commencer sa vraie cinquième année et non pas une scolarité fictive qui l’amènerait de toute façon à devenir paysanne, ça ne servait à rien de pleurer sur son sort, ce n'était pas ça qui l'aiderait à avancer. Elle préférait faire bonne figure et profiter au maximum de ce qu'elle découvrait même si parfois, ce n'était pas une évidence même.

« Alors, dis-moi, comment ça se passe pour toi, ici ? Tu t'intègres ? » Demanda la jeune fille, vivement intéressée par la situation de son amie. « Tu trouves pas que le château est vachement plus petit que le notre ? Ça m'a fait trop bizarre la première fois que je l'ai vu. Et c'était encore pire quand je suis entrée dedans. »

Marlow adressa un sourire encourageant à son amie, alors qu'elle hésitait à lui poser une tonne d'autres questions qui lui venaient spontanément à l'esprit. La rouge et or était une fille timide qui ne parlait pas beaucoup, ou en tout cas, essayait d'esquiver le plus possible les conversations. Mais pour une fois, ça allait plutôt bien, elle se sentait relativement à l'aise avec sa camarade qu'elle connaissait déjà depuis un bon moment.

Quand Éléonore avait décidé de participer au voyage organisé par l'école, elle ne se doutait pas une seule seconde que celui-ci la mènerait dans un voyage dans le temps, tout droit au Moyen-Âge. Était-elle triste de ce revirement de situation? Pas vraiment. Éléonore était une grande voyageuse, depuis sa plus tendre enfance elle voyageait beaucoup avec ses parents, qui eux voyageaient pour leur travail. Elle avait ainsi développé un goût pour l'aventure, la découverte, la débrouillardise... Surtout, elle avait peur qu'un jour, elle n'ait pu rien à découvrir, qu'elle ait tout vu ce qu'il y avait d'intéressant à voir. D'avoir la chance de faire un "voyage" au Moyen-Âge la comblait sur ce point: elle avait maintenant la chance de découvrir une autre époque! Elle avait effectivement l'impression de mieux réagir que les autres au fait qu'ils étaient coincés au Moyen-Âge. Personne dans leur petit groupe n'avait encore trouvé d'explication à ce phénomène, ni pourquoi c'était eux dans tous les élèves de Poudlard faisant le voyage qui s'étaient retrouvé coincés à une autre époque. Et pourquoi cette époque-ci? L'époque la plus redoutable pour les sorciers et sorcières! Non seulement devaient-ils cacher leur don (comme toujours) mais aussi devait-il avoir une attitude tout à fait normale; la moindre étrangeté les ferait accuser d'avoir pactisé avec le diable. Tel était les moeurs de cette époque.

Heureusement, certaines communautés de sorciers semblaient s'être formées. Ainsi, Poudlard existait. Certes, ce n'était pas le Poudlard brillant de tous ses feux qu'elle connaissait, mais c'était une esquisse dans lequel était enseigné la magie à de jeunes sorciers. Elle avait plus ou moins bien réussi à s'intégrer aux autres élèves. En effet, difficile nouer des liens avec des gens qui avait un peu plus d'un millénaire qu'elle. Elle l'avait donc joué subtile, se faisant passer pour une jeune fille timide sans vraiment d'intérêt. Elle savait pourtant qu'ele était loin d'être celle qu'elle prétendait être. Normalement, Éléonore était plutôt une fille joyeuse, extravertie, nullement gênée. Heureusement que Marlow était là pour la faire redevenir celle qu'elle était. En fait, heureusement que son amie avait mystérieusement elle aussi été transportée dans le temps. Elles s'étaient d'ailleurs donné rendez-vous pour passer un peu de temps ensemble, faire le point sur ce qui leur arrivait. Impatiente, Éléonore était arrivé un peu d'avance à l'heure du rendez-vous et l'attendait. Elle la vit arriver avec un grand sourire, auquel elle répondit également.

« Salut, comment vas-tu ? Ça me fait vraiment plaisir de te voir, j'ai l'impression que ça fait une éternité. »

Comment allait-elle? Très bien, en fait! Elle répugnait du fait qu'elle était handicapée au niveau magie: certes, elle avait toujours ses pouvoirs mais ils semblaient diminués dans cette époque.

" Ça va! Moi aussi je suis contente de te voir, c'est de plus en plus difficile que de cacher aux élèves d'ici qui je suis réellement... "

Marlow semblait intéressée par ce qu'elle avait à dire puisqu'elle lui demanda comment ça se passait ici pour elle, si elle s'intègrait.

" J'aimerais bien, mais impossible de trop me rapprocher des autres sans éveiller les soupçons. Tu sais, ils ont beau être des sorciers comme toi et moi mais je crois que de leur révéler que je viens du futur... ou qu'ils viennent du passé... enfin, peu importe, que nous ne sommes pas de la même époque, ça les ébranlerait un peu trop. Il y a tellement de différences entre le monde sorcier de cette époque et celui de notre époque!"

Marlow opina et enchaîna:

« Tu trouves pas que le château est vachement plus petit que le notre ? Ça m'a fait trop bizarre la première fois que je l'ai vu. Et c'était encore pire quand je suis entrée dedans. »

Élé hocha de la tête et resta silencieuse quelques secondes. Le cours d'Histoire de la magie ne l'avait jamais vraiment passionné. Enfin, c'était plus passionnant que des mathématiques ou n'importe quel cours que l'on apprenait dans les écoles moldues, mais l'Histoire de la magie n'était pas aussi passionnante que le cours de potions, ou de sortilèges, ou de Défense contre les forces du mal. Avoir sû qu'elle se retrouverait au Moyen-Âge, elle aurait porté plus d'attention et aurait ainsi pu mieux s'intégrer à ce monde.

" C'est vrai, c'est mini! Enfin, comparé aux autres constructions aux alentours, c'est assez grand mais ça se compare pas à notre Poudlard. Même les cours sont différents! On ne dirait pas vraiment des cours, on dirait plus un... un centre d'expérimentation magique! - et elle mima les guillemets avec ses doigts - Comme si, autant les professeurs que les élèves, ils s'efforçaient tous d'en découvrir le plus possible sur ce qui est magique et sur les possibilités de la magie. "

Tout en parlant, les deux jeunes filles s'étaient mises à marcher dans les couloirs sans vraiment faire attention où elles allaient, concentrées sur leur discussion.

" Ça va! Moi aussi je suis contente de te voir, c'est de plus en plus difficile que de cacher aux élèves d'ici qui je suis réellement... "

Marlow hocha la tête, consciente des difficultés que pouvait rencontrer son amie. Il était assez compliqué d'être soi-même tout en étant obligé de camoufler une grosse partie de son existence et surtout en modifiant sa façon de parler de façon à se faire prendre pour un petit élève médiéval tout à fait correct. Alors forcément, il n'était pas évident de s'y retrouver dans tout ça. Enfin, pour la Gryffondor, ça pouvait encore aller. Marlow était de nature timide, réservée, effacée, elle n'avait jamais aimé attirer l'attention sur elle et trouvait toujours judicieux d'en révéler le moins possible sur elle-même. Ici, elle n'avait donc aucun mal à se fondre dans le décor, se faisant plus passer pour une plante verte que pour une élève de l'école. Tant mieux, elle évitait comme ça la plupart des questions et même s'il lui était arrivé d'entretenir de banales conversations avec d'autres élèves de son dortoir ou de sa classe, ça n'était jamais allé plus loin que la météo et le dernier devoir, sachant qu'elle faisait son maximum pour s'expliquer si une quelconque vache était mentionnée dans la discussion.

" J'aimerais bien, mais impossible de trop me rapprocher des autres sans éveiller les soupçons. Tu sais, ils ont beau être des sorciers comme toi et moi mais je crois que de leur révéler que je viens du futur... ou qu'ils viennent du passé... enfin, peu importe, que nous ne sommes pas de la même époque, ça les ébranlerait un peu trop. Il y a tellement de différences entre le monde sorcier de cette époque et celui de notre époque!"

De toute façon, elle ne pouvait pas décemment envisager de révéler ce lourd secret à qui que ce soit. Certes, ils étaient des sorciers, et donc, par conséquent, ils avaient l'esprit nettement plus ouvert que les autres habitants à l'esprit étroit de l'époque, mais ce n'était pas pour autant qu'ils étaient capables de tout avaler et quitte à condamner certains sorciers au bûcher pour garantir leur sécurité, ils préféreraient sans doute livrer les deux dingues de voyageurs dans le temps plutôt qu'une personne qui était un peu plus proche d'eux. Bon, d'accord, ce raisonnement était un peu tiré par les cheveux, mais Marlow restait persuadée que la bonne solution était de faire profil bas et non pas de s'afficher ouvertement. Rien ne lui disait qu'elle tienne le bon raisonnement, mais ce n'était pas forcément le mauvais non plus, bref, de toute façon, elle ne tenait pas à aller faire une annonce publique avec Éléonore, aussi ferait-elle son possible pour la convaincre son amie de garder le silence pendant quelques jours encore, et peut-être qu'un miracle se produirait leur permettant de rentrer chez eux, enfin. Il fallait garer espoir quoi qu'il puisse se produire.

« Oui, je pense qu'en révéler plus n'est pas franchement conseillé, dans les différentes possibilités envisagées pour ma mort, je ne voyais pas le bûcher, et j'aimerais ne pas avoir à envisager cette possibilité si tu n'y vois pas d'inconvénient. » Avoua-t-elle très sérieusement. « Mais je comprends que ça soit difficile pour toi de t'empêcher de vivre comme tu l'entends. »

Éléonore était son amie depuis un moment maintenant et elle savait que la Gryffondor était presque son opposée, à savoir, une jeune fille pleine de vie, toujours joyeuse et pas spécialement des plus discrète. Ne plus pouvoir faire preuve d'un minimum d'excentrisme voire même d’exubérance devait être assez compliqué pour la pauvre rouge et or et ça faisait des jours et des jours qu'elle était obligée de se forcer à rentrer dans un moule qui n'était visiblement pas à sa taille. En vérité, elle admirait la force de caractère de la jeune fille. Elle lui faisait presque penser à sa meilleure amie qui était un peu dans le même genre, une Serdaigle très vivante, si on pouvait dire ça comme ça. Elle aurait aimé ressembler à Amara et Éléonore pour ne pas avoir peur d'ouvrir la bouche pour dire quelque chose, ne pas ressentir la crainte permanente d'être jugée par les autres ou de voir son secret étalé au grand jour alors qu'elle avait fait tellement d'efforts pour le protéger. Évidemment, c'était de l'ordre de l'utopie, elle doutait de pouvoir être un jour, moins introvertie.

" C'est vrai, c'est mini! Enfin, comparé aux autres constructions aux alentours, c'est assez grand mais ça se compare pas à notre Poudlard. Même les cours sont différents! On ne dirait pas vraiment des cours, on dirait plus un... un centre d'expérimentation magique ! Comme si, autant les professeurs que les élèves, ils s'efforçaient tous d'en découvrir le plus possible sur ce qui est magique et sur les possibilités de la magie. "

Il était vrai que les petites maisonnettes de Pré-au-Lard laissaient sérieusement à désirer. Enfin, elles semblaient plutôt confortable et les élèves de l'école ne semblaient pas s'en plaindre, globalement, mais quand on n'y regardait de plus près, on constatait aisément que la modernité n'était pas flagrante dans le coin, et quand on connaissait le confort dont ils jouissaient habituellement que ce soit dans leur école ou dans leurs familles respectives, il était assez difficile de s'habituer à ce retour en arrière aussi direct. Mais bon, avec le temps, les choses devenaient de plus en plus simple et même si Marlow espérait toujours pouvoir rentrer chez elle, et ce, dans des délais des plus brefs, elle commençait à se plaire dans ce nouvel environnement. Enfin, se plaire était un bien grand mot, il s'agissait plutôt d'une adaptation plus que nécessaire à sa survie. Elle avait déjà perdu le compte des jours, mais si elle était restée sur ses premières impression, il y avait fort à parier qu'elle serait déjà complètement folle d'angoisse à l'heure qu'il était. En tant que grande stressée, elle savait ce que voulait dire une angoisse trop importante et il était primordial qu'elle n'en fasse pas l'expérience.

« C'est pas mal comme nouveaux nom, centre d'expérimentation magique. Parfois, c'est presque frustrant, parce qu'ils disent des choses complètement fausses mais qu'on ne peut pas se permettre de les corriger, ils se demanderaient d'où viennent nos connaissances. Mais bon, pour une fois que je comprends tout ce qui est dit en classe et que je suis capable de gérer à peu près dans tous les exercices, je suis plutôt contente de moi. Je commence à m'y faire, en fait, à cette époque, je crois que j'aime bien. »

Personne, ou en tout cas, aucun élève de son année, n'ignorait son piètre niveau scolaire et l'hésitation de l'école à la faire redoubler en chaque fin d'année. Marlow elle-même se demandait comment elle avait fait pour s'en sortir jusqu'ici sans passer à la trappe, chose qui la désespérait chaque année davantage. Sans aucune prétention, elle n'avait jamais eu l'impression d'être la dernière des imbéciles et ramer autant au niveau scolaire la faisait passer pour la dernière des nulles. Encore heureux, elle n'était pas, pour le moment, la risée de ses camarades, mais elle redoutait de le devenir.

Les deux jeunes filles se baladaient dans les couloirs de Poudlard, heureuses de se retrouver et de discuter des récents événements. Enfin, récent... ça devenait de moins en moins vrai. Depuis combien de jours étaient-ils pris au Moyen-Âge? Éléonore avait arrêté de compter depuis un bout... Elle savait seulement que la menace d'être prise au piège dans cette époque s'agrandissait au fur et à mesure que les jours se succédaient et qu'ils s'acclimataient tous plus ou moins bien aux réalités d'ici. Au moins, ils s'avaient. Ils pouvaient compter les uns sur les autres en cas de problèmes. Élé était bien heureuse de ne pas avoir été prise au piège toute seule, sans quoi cette expérience aurait été beaucoup plus éprouvante. Par exemple, le bonheur qu'elle avait de retrouver son amie dissipait ses nuages d'inquiétudes.

« Je pense qu'en révéler plus n'est pas franchement conseillé, dans les différentes possibilités envisagées pour ma mort, je ne voyais pas le bûcher, et j'aimerais ne pas avoir à envisager cette possibilité si tu n'y vois pas d'inconvénient. » Avoua-t-elle très sérieusement. Malgré son ton sérieux, Élé éclata de rire, ce qui attira quelques regards curieux vers elles. « Mais je comprends que ça soit difficile pour toi de t'empêcher de vivre comme tu l'entends. », continua-t-elle.

C'est vrai, Élé était une jeune fille exubérante la plupart du temps, pas gênée pour le moins du monde. Pour s'éviter des ennuis et aussi pour éviter des ennuis au reste du groupe - ils en avaient tous suffisamment comme ça - la gryffonne devait faire des efforts pour être timide, voir disparaître dans le décor, essayer de ne pas trop attirer l'attention sur elle, ni de se faire des amis. Ça l'aurait pourtant été intéressant de se lier avec des gens de cette époque-là! Apprendre leur façon de vivre et leur décrire le futur... Ça aurait été une façon d'apprendre beaucoup plus divertissante que les cours d'histoire de la magie... Dans ce Poudlard-ci, les cours d'histoires n'existaient pas... c'est vrai, après tout... quelle histoire y aurait-il à raconter??

« C'est pas mal comme nouveaux nom, centre d'expérimentation magique., dit-elle en référence au surnom qu'elle avait donné à l'école. Parfois, c'est presque frustrant, parce qu'ils disent des choses complètement fausses mais qu'on ne peut pas se permettre de les corriger, ils se demanderaient d'où viennent nos connaissances. - Élé hocha la tête vigoureusement, partageant le même sentiment de frustration que son amie. - Mais bon, pour une fois que je comprends tout ce qui est dit en classe et que je suis capable de gérer à peu près dans tous les exercices, je suis plutôt contente de moi. Je commence à m'y faire, en fait, à cette époque, je crois que j'aime bien. »

Éléonore leva les yeux au ciel et sourit, habituée au manque de confiance que son amie avait envers elle-même.

" Si tu avais un peu plus confiance en toi, tout te paraîtrait beaucoup plus facile! Tu as de formidables capacités et tu es intelligente, cesse donc de remettre tes habiletés en question! Mais bon, on en a déjà parlé de ça... Sait-on jamais, peut-être que cette époque pourrait t'aider à retrouver confiance en toi? "

Elles débouchèrent au même moment dans un espèce de hall, similaire à celui de leur époque à elle, qui débouchait à l'air libre. Éléonore s'assit sur un rebord en pierre et s'accota contre une colonne, s'attendant à ce que son amie fasse la même chose en face d'elle.

" Si tu avais un peu plus confiance en toi, tout te paraîtrait beaucoup plus facile! Tu as de formidables capacités et tu es intelligente, cesse donc de remettre tes habiletés en question! Mais bon, on en a déjà parlé de ça... Sait-on jamais, peut-être que cette époque pourrait t'aider à retrouver confiance en toi ? "

Oui, en effet, elles en avaient déjà parlé, mais personne, pas même ses véritables amis, ne semblait comprendre qu'être douée en cours soit totalement impossible pour elle. Elle pouvait essayer de leur expliquer dans toutes les langues, voire même avec le langage des signes, ça ne changerait pas le problème. Mais elle avait beaucoup de chance, elle avait de nombreux amis autour d'elle pour la soutenir. Enfin, nombreux, tout était relatif, elle ne faisait absolument pas partie des élèves populaires de Poudlard et n'y avait jamais aspiré d'ailleurs. Sa timidité avait toujours été un frein à sa vie sociale, mais ça ne lui posait pas plus de problème que ça, tant que personne ne tentait de la pousser à participer à des soirées, des événements ou d'autres choses pour qu'elle rencontre de nouvelles personnes et s'amuse enfin un peu. Sauf que Marlow n'avait pas forcément besoin de ça pour s'amuser, elle n'en avait même pas besoin du tout. Ce qu'il lui fallait surtout, c'était vivre sa vie sans que personne ne vienne l'importuner, elle n'était peut-être pas faite pour ça, voilà tout.

« Peut-être... On y est depuis un moment et on tourne un peu en rond pour le moment. Je ne souhaite qu'une chose, pouvoir rentrer en un seul morceau pour retrouver ma famille avant la fin de l'été. Tel que c'est parti, quelque chose me dit que ça ne va pas être possible. »

Le Moyen-Âge était une époque qui lui plaisait, en fin de compte. Elle avait apprécié le fait de pouvoir se mêler aux autres élèves et de reprendre des bases qu'elle maîtrisait déjà très bien. Marlow n'avait jamais véritablement su ce qu'était d'être une des meilleures élèves de sa classe et même si, là, elle devait faire attention à ne pas se montrer trop brillante, pour ne pas se faire remarquer, et donc s'attirer des ennuis, elle avait réussi pour la première fois de sa vie à se sentir bien dans une salle de cours, sans pression particulière. En temps normal, elle se demandait toujours si elle allait y arriver, si elle allait se faire engueuler. Les professeurs se montraient globalement très gentils avec elle et particulièrement compréhensifs, mais ça ne les empêchait pas de lui faire des remarques sur la façon dont elle s'y prenait pour préparer telle ou telle potion, ou pour jeter un sortilège. Rouge vif et morte de honte, la jeune fille finissait bien souvent par jeter l'éponge, priant simplement pour que la leçon se termine le plus rapidement possible.

« Je ne sais pas si tu es au courant, mais j'ai failli redoubler ma quatrième année. » Avoua-t-elle légèrement honteuse. « Pourtant, ce n'est pas un manque de travail, je t'assure que je me donne à fond pour réussir, mais je n'y arrive pas. »

Il fallait qu'elle se reprenne. Marlow détestait se montrer pessimiste, mais elle ne faisait que ça depuis tout à l'heure et elle commençait à se demander combien de temps Éléonore parviendrait à rester à ses côtés sans avoir envie de la frapper ou alors de tourner les talons pour repartir d'où elle était venue en quatrième vitesse. Non, vraiment, ce genre d'attitude défaitiste ne lui ressemblait pas. Elle avait vécu des moments difficiles dans sa vie au château, mais aussi des moments extraordinaires avec des personnes qui ne l'étaient pas moins. Alors, il n'y avait vraiment pas quoi être si négative et elle regrettait tout ce qu'elle avait pu dire à Éléonore précédemment. Le Calimero, ce n'était pas elle, elle n'avait pas besoin qu'on la porte à bout de bras, qu'on lui dise que tout allait aller comme sur des roulettes et qu'elle n'avait pas à s'inquiéter pour l'avenir. Non, Marlow savait qu'elle était capable de se prendre en main toute seule, qu'elle n'avait besoin de personne pour y arriver. Il fallait juste qu'elle se le prouve et qu'elle le prouve à toutes les personnes qui avaient un jour douté de ses capacités.

« Ta famille ne te manque pas ? »

Changement radical de sujet, voilà qui devrait être un peu plus positif. Marlow aimait parler de sa famille, même si elle faisait attention à ne jamais trop en dire, de peur de révéler son lourd secret. Elle ne voulait pas voir les yeux écarquillés de ses camarades quand ils sauraient véritablement de quoi il s'agissait. Seule Amara, sa meilleure amie, avait le privilège de connaître toute l'histoire et la rouge et or lui faisait entièrement confiance, pour ce qui était d'Eleonore, ce n'était pas une histoire de confiance, elle était son amie, mais elle ne se sentait simplement capable de tout dire pour le moment.

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